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Alter Info: Un intellectuel tunisien lance un appel pour « l’annulation de la Charia »
RFI: Tunisie : rassemblement contre l’extrémisme religieux
Tunise Numerique: Kamel ElTaïef : « Je ne suis pas un homme de l’ombre ! »
France24: Ahmed Nejib Chebbi en campagne pour séduire les Tunisiens de France
Gnet: Tunisie: Comment dans l’avenir, faire du droit à l’eau une réalité
Tunisie Numerique: La 1ère réunion du Pôle démocratique moderniste attaquée par des islamistes et l’armée intervient
Le Temps: Meeting d’Al Wifek Al Joumhouri à Nabeul Tendance centriste; valeurs progressistes et démocratiques
Tunisie: Ben Ali jugé le 4 juillet pour détention d’armes et de drogue
Un intellectuel tunisien lance un appel pour « l’annulation de la Charia »
Tunisie : rassemblement contre l’extrémisme religieux
La 1ère réunion du Pôle démocratique moderniste attaquée par des islamistes et l’armée intervient
M. Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste de Gauche (PSG), a indiqué qu’un groupe d’individus « appartenant au parti de la libération islamique et au mouvement Ennahda », a tenté, samedi, de faire échouer la première réunion du Pôle démocratique moderniste, tenue au théâtre de plein-air à Kélibia.
M. Kilani, un des membres du Pôle, a déclaré que « des unités de l’armée et de la sécurité nationales sont parvenues à empêcher ces individus à accéder au siège de la réunion. Ces derniers ont organisé une marche dénonçant « les slogans » de liberté et de modernité levés dans la réunion du pôle démocratique moderniste. »
Il a aussi affirmé être victime de « menaces de la part d’un groupe de salafistes visant à avorter la réunion », précisant que ces menaces ont dépassé sa personne pour englober le Pôle en général ».
Il a considéré « cet acte terroriste comme étant un danger pour les citoyens et les forces politiques qui luttent contre la tyrannie ».
Le Pôle démocratique moderniste comprend « le Mouvement Ettajdid », « Le Parti socialiste de Gauche », « Al Wifak Al-Joumhouri », « Le Mouvement de la Citoyenneté et de la Justice », « La Voie du Centre », « Le Parti du Travail Patriote Démocratique », « Le Parti de la Réforme et Développement », « Mouvement des patriotes démocrates », « Le Front populaire unioniste » et « le Parti de l’avant-garde arabe démocratique ».
Notons que le mouvement Ennahda a nié toute relation avec ces actions, et a précisé que ses membres insistent sur le bon déroulement des différents formes de d’activités politique et respectent tous les partis tunisiens.
Source: « Tunisie Numerique » Le 03-07-2011 Lien: http://www.tunisienumerique.com/2011/07/la-1ere-reunion-du-pole-democratique-moderniste-attaquee-par-des-islamistes-et-larmee-intervient/
Ahmed Nejib Chebbi en campagne pour séduire les Tunisiens de France
Ahmed Nejib Chebbi, le dirigeant du Parti démocrate progressiste (PDP), est venu à Paris présenter son programme pour les élections prévues en octobre en Tunisie. Objectif : consolider son influence auprès d’un électorat déterminant. Pari risqué pour le Parti démocrate progressiste (PDP), à l’occasion de la visite à Paris d’Ahmed Nejib Chebbi, vieux routard de la politique tunisienne et fondateur de cette formation politique qui compte bien trouver sa place dans le cadre de la démocratie post-Ben-Ali. En louant ce samedi le Trianon, théâtre cossu du 18e arrondissement de Paris, le PDP a vu grand pour rassembler militants et curieux et faire connaître son programme politique. L’enjeu : mobiliser le vaste électorat des Tunisiens de France (600 000 personnes) pour l’élection des députés de l’Assemblée constituante, le 23 octobre prochain, qui doit définir les contours de la « Deuxième République » tunisienne, après la fuite en Arabie saoudite de l’ancien président Ben Ali le 14 janvier dernier. Au-delà, Chebbi fourbit également ses armes pour l’élection présidentielle, où ce dernier ne cache pas qu’il sera candidat. La campagne pour récolter des voix et des fonds financiers passe donc forcément par l’Hexagone. Et très concrètement, 10 sièges sur les 215 de l’Assemblée constituante, sont réservés à la diaspora tunisienne en France. 600 000 électeurs à la clé Le théâtre est spacieux, assez en tout cas pour que le personnel du PDP s’inquiète du nombre de chaises vides, à l’heure du début du meeting. Mais le parterre se remplit peu à peu, et Chebbi est lui-même en retard, bloqué dans les bouchons. Au total, un peu plus de 200 personnes finissent par s’installer dans les fauteuils de velours rouge. Surtout « des Tunisiens nés au pays, remarque un observateur avisé, « l’élite tunisienne », commente son voisin, « j’ai vu exactement les mêmes visages à un rassemblement des étudiants tunisiens des grandes écoles », complète un troisième. Beaucoup de jeunes, essentiellement des hommes, sont venus apprécier la capacité du PDP à séduire les Tunisiens de France et à assurer une stabilité politique après la révolution du 14 janvier. Le discours d’Ahmed Nejib Chebbi commence d’ailleurs par une manœuvre de séduction à l’endroit de cet électorat qu’il juge crucial : il promet donc que les binationaux pourront jouir des mêmes droits de citoyen et d’électeurs que les Tunisiens, contrairement aux règles qui prévalaient sous le régime de Ben Ali. Chebbi a également promis la création d’un secrétariat d’Etat chargé des Tunisiens de l’étranger. Les 600 000 Tunisiens de France ont de longue date appris à se méfier de l’ambassade de Tunisie à Paris, considérée davantage comme un organe de surveillance policière que comme un lieu de contact privilégié avec leur pays d’origine. Aujourd’hui, ils sont courtisés autant pour la manne financière qu’ils représentent – et à plusieurs reprises, Chebbi a évoqué les 3 milliards de dinars [soit environ 1,5 milliard d’euros, NDLR] que les Tunisiens de l’étranger apportent au pays, insisté sur sa capacité à donner confiance aux hommes d’affaires et aux chefs d’entreprises, et promis que les Tunisiens qui rentreraient au pays pourraient jouir d’un statut spécial…-, qu’en raison de leur rôle de prescripteur politique. Parce qu’ils ont une pratique directe de la démocratie dans l’Hexagone, leur avis est susceptible d’être suivi avec beaucoup d’attention de l’autre côté de la Méditerranée . « On est devenu méfiant » Ahmed Nejib Chebbi jouit d’une notoriété incontestable dans le paysage politique tunisien. Son rôle d’avocat dans des procès pour la liberté d’expression et la liberté de la presse a fait de lui l’une des principales figures du combat pour la démocratie à l’époque du régime de Ben Ali. « Quitte même à défendre des salafistes ! », se félicite le fondateur du PDP durant son discours. Cela fait près de 50 ans que Chebbi est impliqué dans la politique en Tunisie. Après un passage par l’extrême-gauche, il devient, dans les années 1980, chef du Rassemblement socialiste progressiste (RSP), une formation d’opposition reconnue par le régime – ce qui lui a valu de vives critiques de la part des militants démocrates. Dans les années 1990, Chebbi s’est donc attaché à prendre ses distances avec Ben Ali pour, au début des années 2000, pouvoir créer le PDP dont le principal objectif a été de constituer le pilier d’une alternative politique de centre-gauche. « J’ai lu l’une de ses tribunes dans le journal, il y a quelques années, et c’était la première fois que quelqu’un me parlait d’une alternative à Ben Ali, d’une autre Tunisie possible. Je lui dois mon éveil à la politique », se souvient Houssem Miladi, 25 ans, jeune militant au PDP depuis un mois. Mais les grands discours sur la séparation des pouvoirs, « condition de la démocratie », le renforcement du rôle du Parlement, « seul législateur », des forces de sécurité « réconciliées avec le citoyen », le lancement de grands chantiers du BTP pour faire reculer le chômage et booster l’économie ne suffisent pas forcément à convaincre tous les Tunisiens présents au Trianon. « Ce sont de belles promesses, mais on est devenu méfiants », explique une Tunisienne de 50 ans, voilée, qui a souhaité garder l’anonymat. « Il ne faudrait pas qu’on nous refasse le même coup que Ben Ali en 1987, qui avait aussi promis monts et merveilles ! » Ce que cette femme reproche surtout à Chebbi : son acharnement contre le parti politique islamiste Ennahda (« Les islamistes veulent faire de la Tunisie un Etat idéologique, et cela comporte un risque de totalitarisme », a-t-il déclaré, ce samedi. Ecouter le sonore ci-dessus). « Ce n’est pas un programme, d’être contre Ennahda ! Je ne suis pas pour les islamistes, mais à force de voir les politiciens les montrer du doigt, je vais finir par les défendre », explique encore cette femme, rencontrée au Trianon. Plusieurs de ses amies – voilées ou pas -, également présentes au meeting, considèrent elles aussi que le PDP en fait trop, contre le parti islamiste, considéré comme l’un des favoris du scrutin d’octobre. « On a du mal à s’y retrouver » Le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, est lui aussi venu en France, fin avril, pour rencontrer la vaste communauté tunisienne de l’Hexagone. Pour ce faire, ce dernier avait visé plus grand encore : Le Bourget, dans le nord de Paris. Ce meeting a attiré des foules. Et pour cause, ce rendez-vous était organisé en marge du congrès de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Le fondateur du PDP a donc relevé le pari d’organiser le deuxième plus grand rassemblement politique des Tunisiens de France depuis le début de la campagne. Quand d’autres candidats (Ahmed Brahim, le premier secrétaire de l’ex-parti communiste Ettajdid, et Mustafa Ben Jafaar, le secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés) ont dû se sont contenter de salles associatives plus modestes, le parti de Chebbi a tout de même rempli le parterre du Trianon. D’autres chefs de formations politiques doivent encore venir à la rencontre de l’électorat de France. Moncef Marzouki, opposant historique à Ben Ali et chef du Congrès pour la République, est un nom qui revient d’ailleurs souvent dans les conversations, au Trianon. Au-delà, une centaine de partis présenteront des candidats aux élections du 23 octobre, dont le scrutin est à la proportionnelle. Cette profusion n’est pas sans susciter un sentiment de confusion qui se retrouve dans la plupart des discussions de ce samedi, au Trianon : « On a du mal à s’y retrouver ». Source: « France24 » Le 03-07-2011 Lien:http://www.france24.com/fr/20110703-tunisie-operation-seduction-ahmed-nejib-chebbi-tunisiens-paris-pdp-assemblee-constituante-ennahda
Tunisie: Comment dans l’avenir, faire du droit à l’eau une réalité
«En matière de raccordement à l’eau potable et d’assainissement des eaux, la situation de la Tunisie est excellente. Elle est l’un des pays du sud, les plus avancés en matière de raccordement à l’eau. L’OSS cherche à favoriser une coopération Sud/Sud, pour transférer le savoir-faire de la Tunisie vers les pays subsahariens », dit Chedly Fezzani, Secrétaire exécutif de l’Observatoire du Sahara et du Shahel ( OSS), à Gnet. Malgré son climat aride à semi-aride la Tunisie arrive à satisfaire les besoins immédiats en eau potable et ce à près de 90% de sa population. Mais il ne s’agit là qu’à une infrastructure adéquate qui gère au mieux les ressources très modestes en eau, moyennant 29 grands barrages et 9500 puits.
La Tunisie reçoit par an, 36 milliards de mètre cube d’eau de pluie. Ses besoins en eau pour les besoins domestiques, agricoles, industriels et touristiques font que la Tunisie est en déficit continuel de ressources hydrauliques, parce qu’elle n’exploite que 4 503 millions de mètres cube. Il n’en demeure pas moins que la stratégie en matière de gestion des ressources en eau permet de répondre aux besoins actuels sans recours au rationnement. Mais si la Tunisie aspire à devenir un pays développée, ses besoins en eau devraient être de 11,400 milliards de mètre cube, ce qui creuse un déficit de près de 7 milliards de mètre cube par an. Ceci en cas de scénario qui nécessite des besoins en eau semblable à celui d’un citoyen européen.
Même en révisant ses aspirations à la baisse, la Tunisie demeure sérieusement menacée de pénurie d’eau dans les vingt prochaines années. Un problème dont souffrent d’ores et déjà plusieurs pays africains et asiatiques. Dans les pays où la pluviométrie est faible, seul une politique optimale de collecte et d’assainissement des eaux peut améliorer les conditions de vie dans les régions arides.
L’observatoire du Sahara et du Sahel a organisé avec le PNUD de Genève et le ministère français des Affaires étrangères, un séminaire le 28 et 29 juin dernier à Tunis, intitulé : « Quels mécanismes et stratégies à mettre en œuvre pour faire du droit à l’eau une réalité ? »
Plusieurs experts évoluant dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, se sont réunis pour discuter des mécanismes et stratégies à mettre à l’ouvre pour la réalisation de la cible 7C, relative à l’accès à l’eau potable et à l’assainissement et relevant des Objectif Millénaires pour le Développement( OMD). A la fin des travaux des recommandations ont été formulées. Elles seront adressées aux décideurs politiques qui se réuniront, début 2012 à Marseille, à l’occasion du Forum mondial de l’eau.
Cristophe Nuttall, Directeur du bureau des partenariats innovants-PNUD Genève explique à Gnet, le but de ce projet : « Il s’agit de réfléchir comment étendre au niveau mondial un financement innovant, qui consiste à prélever 1% de la facture d’eau dans les pays du Nord, pour financer le raccordement en eau potable dans les pays du Sud ». Une pratique qui a déjà commencé en France, et en Hollande. Le citoyen choisit de se faire prélever 1% supplémentaire sur le total de sa facture d’eau, qui financera le raccordement en eau des régions sinistrées du Sud. Cette coopération Nord/Sud, pourrait devenir à postériori une coopération Sud/Sud. C’est à dire que dans les pays en voie de développement, les villes les plus riches financent le raccordement à l’eau potable des villes les moins riches.
Par ailleurs, la société civile tunisienne s’inquiète de l’avenir hydrique de la Tunisie et s’active pour sensibiliser citoyens et hommes politiques, quant à la nécessité de faire figurer la question de la gestion des eaux, dans le texte de la constituante. Un blog et une page Facebook, appellent les lecteurs à apporter leur contribution, en proposant des solutions et des idées pour la pérennité des ressources hydriques.
Source: « Global Net » Le 03-07-2011
Lien:http://www.gnet.tn/temps-fort/tunisie-comment-dans-l-avenir-faire-du-droit-a-l-eau-une-realite/id-menu-325.html
Kamel ElTaïef : « Je ne suis pas un homme de l’ombre ! »
Kamel ElTaïef : Il faut que justice soit rendue, mais sans rancune, ni vengeance, la Tunisie nouvelle a besoin de tous ses enfants
Comment vous sentez-vous depuis le 14 janvier ?
AIHamdou Lellah,Win Konna WinSbahna ! Eh oui ! Et comment ! En2001, j’ai été jeté en prison pour avoir (juste) traité le régime de Ben Ali de régime mafieux et corrompu. Dix ans après, et c’est court dans la vie d’un peuple, j’ai la chance d’assister à la fuite honteuse du tyran et à l’écroulement de son régime qu’on croyait indestructible.
Des jeunes qui n’avaient pour toute arme, face à la répression impitoyable, que leur courage et leurs idéaux, ont eu raison d’un régime des plus tyranniques. Plusieurs d’entre eux sont morts en martyrs.D’autres amis qui ont lutté pour vivre ce jour sont décédés avant. J’ai une pensée émue particulièrement pour Si Mohamed Chorfi. Si Hichem Gribaa, Si Daly Jazi et tant d’autres… Je suis sûr que là où ils sont, ils sont en paix et heureux pour la Tunisie.
Beaucoup d’autres, militants infatigables des droits de l’Homme, avec à leur tête la Ligue et son Président, qui n’ont jamais plié, de simples militants de partis ou d’associations, hommes et femmes, tous ont connu la torture, la prison ou le bannissement, pour que la Tunisie jouisse aujourd’hui de cette liberté tant rêvée !
Vous voyez pourquoi je me sens bien !
Pourtant d’aucuns trouvent que les choses ne bougent pas !
Vous savez, on ne bascule pas facilement et automatiquement d’un régime totalitaire qui a monopolisé le pouvoir. tous les pouvoirs, exécutif. législatif et judiciaire, et qui a régné d’une main de fer, muselant toutes les voix et tous les espaces de liberté, à un régime démocratique.
Vous voulez parler de la sécurité qui est lente à se rétablir. Au jugement des symboles de la corruption et de la dictature, à la création d’emplois qui reste insuffisante par rapport aux besoins, bref à la réalisation des aspirations du peuple, tout ce pourquoi il s’est révolté. Vous savez, après tant d’années de dictature, de brimades et de refoulement, il est normal qu’il y ait une explosion des libertés, des revendications sociales et économiques et une volonté pour que la liberté d’expression soit totale, sans contrainte, parfois à la limite de la diffamation. Mais les médias et les journalistes sont en train de s’organiser.de se former pour faire face à ce nouveau contexte, respecter l’information, la transmettre en toute objectivité, sans parti pris ni autocensure, c’est ce nouvel équilibre que les médias sont en train de rechercher et les choses s’améliorent à vue d’œil !
Il est tout à fait compréhensible que la société civile cherche à s’organiser et à s’exprimer et qu’il y ait près de cent partis, et plus de 500 nouvelles associations. Rappelez-vous, en Espagne, lors de la transition il y a eu plus de 200 nouveaux partis. Il n’en est resté que 4 ou 5, je crois. C’est ce qui s’est également passé dans les pays de l’Est lors de l’écroulement du mur de Berlin en 1989. Je suis convaincu que les choses se décanteront d’elles-mêmes après les élections, d’ailleurs on commence à voir déjà des rapprochements et même des fusions entre partis.
Je comprends parfaitement, aussi, que des jeunes, diplômés du supérieur après avoir passé dix et parfois quinze ans d’études et se retrouvent sans emploi, à la charge de leurs familles, celles qui se sont sacrifiées pour financer leur scolarité s’impatientent et manifestent vivement leur légitime demande, afin d’attirer l’attention et crier leur désespoir. parfois de manière brutale. Je comprends également que des ouvriers, occupant souvent des emplois pénibles et précaires, se révoltent et crient à l’injustice. Il est normal que des régions marginalisées qui ont été maintenues à l’écart de la croissance pendant des décennies et qui ont payé le prix fort pour cette révolution exigent que leurs conditions de vie s’améliorent et changent rapidement.
Cela dit, on ne peut pas dire que les choses ne bougent pas, l’héritage est lourd, tant sur le plan social, politique qu’économique. Personne ne détient une baguette magique capable d’effacer immédiatement les disparités régionales, créer plus de 700 000 emplois, réaliser des infrastructures de base dans les régions défavorisées, supprimer la corruption, réparer les injustices, mettre en place des institutions crédibles et solides qui assurent la participation du peuple à la décision. Tout cela demandera du temps, de l’effort, de la patience et des moyens financiers importants. Mais rien ne se fera sans l’adhésion et le soutien actif des citoyens. Nous devons reconnaître qu’en peu de temps, le Gouvernement de transition de M. Béji Caïd Essebsi a beaucoup fait pour satisfaire une partie de ces revendications. Il y a déjà des débuts de résultats non négligeables: création des trois grandes commissions (pour réparer les injustices, réformer les institutions politiques et traquer et punir les dépassements et prévarications). Elles se sont attelées au travail et ont déjà de premiers résultats à présenter (feuille de route pour l’élection de l’Assemblée constituante. code électoral. des dossiers transmis à la justice … ). Des allocations aux chômeurs diplômés ont été servies. Des programmes pour lutter contre le chômage et les inégalités régionales ont été élaborés pour offrir des chances égales à tous les citoyens… Je ne défends pas le Gouvernement. mais je suis réaliste. Même si, moi aussi, mon impatience est grande, comme celle de tous les Tunisiens.
Oui mais cinq mois se sont déjà écoulés depuis la révolution. Comment faire évoluer plus rapidement les choses sur les plans politique. social et économique ?
Je pense qu’il est temps qu’un consensus se dégage autour de la nécessité de passer à une autre étape dans la lutte contre les aspects négatifs relevés durant ces cinq mois : les atteintes à la liberté d’ autrui, les blocages des voies de circulation et des usines, la destruction des biens d’équipement qui ont coûté près de 3 milliards de dinars, les grèves sauvages qui ont augmenté de près de 325% et les revendications excessives qui effraient les investisseurs locaux et étrangers et ont déjà entraîné la fermeture de plusieurs usines, l’augmentation du nombre de chômeurs et qui risquent d’entrainer le pays à la faillite.
Je ne veux pas être alarmiste, mais tout le capital sympathie que la révolution tunisienne a gagné et accumulé de par le monde risque de s’étioler si nous tous, simples citoyens, partis, organisations syndicales et associations. Ne prenons pas nos responsabilités pour épauler le gouvernement dans son combat contre tous ces aspects négatifs que j’appellerai les maladies infantiles de la révolution. Les agents des forces de sécurité intérieure, police, Garde nationale et Douanes, ayant retrouvé la confiance en eux et reconquis celle du peuple, sont en train de déployer des efforts miraculeux compte tenu des moyens modestes (surtout après les destructions subies) mis à leur disposition et face à l’ampleur de la tâche pour assurer notre sécurité. Ils sont appuyés par notre vaillante armée, foncièrement républicaine et dont nous devons être fiers car elle reste un cas unique dans tout le monde arabe.
En refusant, d’abord, de réprimer le peuple, puis en s’érigeant en protecteur de sa révolution et en payant le plus lourd tribut dans la défense quotidienne de notre sécurité intérieure et extérieure, notre armée nationale, cette institution républicaine a mérité l’amour, le respect et la reconnaissance du peuple tout entier ! La justice, que beaucoup trouve lente, peut-être à cause des mauvaises habitudes héritées du passé, mais aussi des procédures incontournables, fait son travail en toute sérénité et abnégation et dans la garantie des droits des justiciables, étant donné l’énormité de la tâche, loin de tout esprit de vengeance et de recherche de sensationnel, retrouvant la confiance et le respect du peuple. La sécurité doit être rétablie. C’est une condition nécessaire à toute vie sociale et préalable à toute réforme et investissement (ne dit-on pas que le capital est peureux !). Les forces de sécurité sont là pour nous protéger, sécuriser nos biens dans le respect de la loi, il faut que la réconciliation entre le citoyen et les forces de sécurité soit totale. En effet, la justice sans la force est impuissante. Comme il est vrai également que la force sans la justice n’est que tyrannie. Sur le plan économique, je pense que l’échec du modèle de développement qui a été suivi jusque-là vient du fait qu’il a été incapable de procurer un emploi aux diplômés que le système d’enseignement continue à fournir, de créer les conditions d’un développement harmonieux et équitable de toutes les régions et de redistribuer les richesses créées entre les différentes classes sociales avec plus de justice. La révolution a eu lieu pour qu’il y ait plus de justice dans la répartition des richesses, plus d’équité dans le développement régional et l’égalité des chances devant l’emploi.
Sur le plan politique, quel régime a votre préférence : présidentiel ou parlementaire ?
Tout d’abord, quel que soit le système, ce sont les hommes qui sont chargés de l’appliquer qui le pervertissent ou, au contraire, l’enrichissent. Aussi, je ne crois pas, ou plus, en l’homme providentiel ! Il faut doter le pays d’institutions fortes et pérennes, d’une justice indépendante et au service du citoyen, la même pour tous, riches ou pauvres, d’une presse libre et indépendante et responsable, l’indépendance de la justice et la liberté d’expression doivent figurer dans la Constitution. Je pense qu’après les malheureuses expériences vécues, il y a lieu d’équilibrer les pouvoirs entre le parlement et l’exécutif. Un pouvoir présidentiel est une garantie contre l’instabilité politique étant donné la trop grande segmentation des partis. Mais, d’un autre côté, un Président concentrant les pouvoirs peut conduire à la dictature. Je pense que le modèle semblable au système portugais peut convenir à la Tunisie post-révolution.
A vous écouter, on a l‘impression que vous tracez la feuille de route d‘un parti ! Pensez-vous vous y lancer vraiment ? A moins que ce ne soit la feuille de route d‘un gouvernement de l‘ombre ?
Non je ne suis pas dans l’opposition. Je soutiens le Gouvernement de transition de toutes mes forces ! Quant au gouvernement de l’ombre, si vous voulez dire le shadow cabinet du type anglais, plus sérieusement et franchement, croyez-vous que quelqu’un de la trempe et de l’expérience de Si El Béji a besoin de quelqu’un comme moi pour le conseiller. Ce serait plutôt le contraire qui serait logique ! Mais cette affabulation de l’ombre a germé dans certains esprits bien mal inspirés, pour ne pas dire malintentionnés, qui ont accédé, par je ne sais quel miracle, à des charges auxquelles ils n’étaient pas préparés. Du coup, n’ayant pas supporté qu’on découvre leur incompétence dans l’exercice de leurs nouvelles responsabilités, ils ont eu recours à la théorie du complot : «l’armée et le Premier ministre préparent un mauvais coup », insinuant que les ficelles sont tirées par des gens de l’ombre… Tout cela n’est qu’élucubrations et bêtises ! La révolution ne saurait s’y prêter. Quant à Si El Béji, ce militant de la liberté m’honore de son amitié, et cela remonte aux temps lointains et encore plus, lorsque, tous deux, nous étions dans le collimateur de la police de Ben Ali. C’est moi qui apprends de lui, mais si je peux lui être de la moindre utilité, je n’hésiterai pas à le faire, d’ici. De mon simple statut de citoyen. C’est mon devoir, il le mérite bien et la Tunisie aussi. C’est là, en toute sincérité, le fond de ma pensée et la réalité de mon attitude : je soutiens le Gouvernement et je suis au service de mon pays.
Et la feuille de route pour un parti ?
Vous savez, toute ma vie durant, je n’ai jamais adhéré à aucun parti, ni à aucune organisation et aucun mouvement. Je n’ai ni l’intention d’en créer un ni d’adhérer à aucun autre. Mon seul parti ne peut être que la Tunisie !
Pourquoi vous intéressez-vous alors à la chose publique, avec tant d‘engouement pour la politique ?
Depuis mon jeune âge, j’ai été élevé dans l’amour de la patrie, je n’ai fréquenté que des gens qui étaient plus âgés que moi et plus politisés, d’où mon intérêt, ma passion pour la chose publique ! Je ne suis candidat à rien ! Je ne postule, ni pour moi, ni pour ma famille, à aucun poste, à aucun titre, à aucun privilège.
Je demeure, cependant, toujours disponible pour servir mon pays, rapprocher les points de vue, œuvrer pour la concorde des esprits afin que notre pays avance sans haine, ni vengeance. Je m’y emploie, parce que je suis convaincu qu’on ne construit pas sur la haine. A force d’entretenir les rancunes, elles ne manqueront pas d’exploser, un jour ou l’autre, avec tous les désastres contre lesquels on doit se prémunir. Je suis pour que justice soit rendue. Que ceux qui ont les mains tachées du sang des innocents, que ceux dont la justice établira la culpabilité payent pour leurs crimes. Que les autres qui ont été lâches ou passifs, face à l’injustice et aux dépassements, soient récupérés, comme cela s’est passé en Afrique du Sud. La Tunisie a besoin de tous ses enfants, pour bâtir une nouvelle ère de liberté, de justice, de dignité et de prospérité pour tous.
Quel modèle de développement ?
«Je ne suis pas un spécialiste de l’économie, mais l’étude des expériences récentes nous indique les erreurs à corriger. En effet, la tentative de développement et d’exploitation des ressources locales essayée dans les années soixante louable, par ailleurs, parce qu’elle visait à créer le plus de valeur ajoutée localement- n’a pas eu l’effet d’entraînement espéré. L’industrie n’a pas été industrialisante, l’essaimage n’a pas eu lieu, l’usine de papier de Kasserine ou celle d’El Fouledh de Menzel Bourguiba, etc. n’ont pas, faute d’infrastructures, entraîné le développement des régions intérieures où elles ont été pourtant implantées ! L’autre tentative initiée dans les années soixante-dix, prenant le contrepied de l’expérience précédente, axant le développement sur la petite et moyenne entreprise et encourageant l’initiative privée tunisienne et étrangère, n’a pas particulièrement soutenu le développement régional, puisque les implantations, malgré les encouragements fiscaux et l’octroi des terrains au dinar symbolique, n’ont progressé que de trente kilomètres, en cinquante ans (de Tunis à Jbel Oust ou de Sousse à Jammel !) De ces expériences, il en ressort que l’investisseur, plus que d’encouragements fiscaux, a besoin d’infrastructures efficientes (autoroutes, TIC, voies ferrées… ), d’équipements collectifs de qualité, de bonnes écoles, d’hôpitaux dispensant des soins de bonne qualité, des équipements sportifs et culturels…
Je suis un social libéral. Je crois aux forces du marché pour optimiser les allocations de ressources qui sont de plus en plus rares et chères. Je crois dans l’initiative privée qu’il faut encourager. Comme il me paraît nécessaire de cultiver, à travers le système éducatif. l’esprit entrepreneurial. Nous devons former des créateurs d’emplois et non pas des demandeurs d’emploi. L’Etat doit, cependant, conserver un grand rôle dans la régulation de l’économie. à travers une politique fiscale et sociale à même d’assurer une répartition plus équitable des richesses. Bien sûr, l’Etat conservera également toutes les fonctions régaliennes en matière de sécurité, de santé et d’éducation. Je pense, également, que les secteurs stratégiques tels que le transport (ferroviaire, aérien et maritime), l’énergie et l’eau doivent continuer à relever du secteur public.
L’Etat peut également engager, en l’absence d’initiative privée qu’elle doit susciter par des mesures incitatives appropriées, la réalisation de grands projets structurants qui permettent au tissu des PME/PMI de réduire leur dépendance vis-à-vis de l’importation, d’accroître la valeur ajoutée nationale et de «remonter les filières ».
L’encouragement des PME/PMI est indispensable, à travers des financements adaptés. Les institutions existantes, BTS, BFPME, les sociétés régionales de financement, doivent être réformées pour répondre à ces objectifs de création d’emplois et de décentralisation. La création d’emplois pérennes et durables passe nécessairement par l’investissement qu’il faut attirer, sécuriser et encourager.
L’agriculture est un secteur fondamental dans le développement économique et social du pays. Elle constitue un vecteur important du développement régional. C’est pourquoi elle doit être réorientée afin que la valeur ajoutée se crée dans la région. Ainsi, les programmes de cultures doivent tenir compte des spécificités des cartes agricoles de façon à créer une masse critique favorisant l’implantation d’usines de transformation rentables. La superficie des terres cultivables de notre pays est réduite. Nous n’avons pas de grandes plaines labourables.
Aussi, plutôt que la quantité nous devons viser l’intensification de la production (meilleure exploitation des périmètres irrigués), la qualité et l’accroissement de la valeur ajoutée de nos produits (des produits bio très demandés à l’exportation, de l’huile et du vin, en créant des marques labellisées, et en encourageant l’exportation en bouteille plutôt qu’en vrac). La petite agriculture qui représente près des deux tiers des exploitations agricoles ne doit plus rester marginalisée et traitée comme un problème social mais aidée et intégrée dans le circuit économique. Elle peut être très rentable et contribuer à la réalisation de l’autosuffisance alimentaire.
Le secteur des services (tourisme, transport, finance… ) doit également être réorienté pour une plus grande décentralisation, un tourisme diversifié et non plus presque exclusivement balnéaire et de masse. La qualité de la formation et des services offerts est à renforcer totalement. tout comme le tourisme vert, le tourisme archéologique, etc. Au niveau bancaire et financier, notre retard se creuse vis-à-vis de nos concurrents (le Maroc, le Liban… ).
Une réforme globale et profonde du système bancaire et financier est urgente et gagnerait à être développée à travers des partenariats à l’international. Cette révolution s’est faite contre l’injustice et pour la dignité. Aussi, la caisse de compensation doit-elle être maintenue, mais doit mieux cibler les populations qui en ont le plus besoin. Le développement et la croissance doivent être plus équitablement et durablement partagés entre tous les citoyens».
Et les relations extérieures ?
«Les déterminants dans les relations extérieures sont l’ histoire et la géographie, la Tunisie est arabe et sa religion est l’islam. Cela détermine déjà sa sphère première. La Méditerranée a toujours été un lac de rencontre et non une frontière naturelle comme les océans. C’est pourquoi la Tunisie de par sa position géographique a toujours été une terre de rencontre et de fécondation des différentes civilisations : phénicienne, romaine, byzantine, arabe et ottomane. Elle a été un trait d’union entre l’Occident et l’Orient, entre le Nord et le Sud. La Tunisie a toujours eu un rayonnement qui a toujours été plus grand que sa superficie ! C’est ce rayonnement qu’il faut rétablir parce qu’il a été absent pendant le régime déchu.
Nous sommes liés à la Communauté européenne par un contrat d’association, près de 80% de nos exportations et de nos importations se font avec elle. Il y a lieu de préserver et d’améliorer ce partenariat pour qu’il conduise, pourquoi pas, à la libre circulation des personnes et des biens.
J’ai bon espoir de croire que la révolution qui s’est étendue à d’autres pays arabes va conduire à des relations économiques et politiques réelles, au-delà des motions et slogans brandis à l’occasion des divers sommets de la Ligue arabe et que l’UMA se réveillera de sa léthargie pour dépasser les à peine 3% d’échange.
Il ne faut surtout pas oublier nos relations séculaires avec les Etats-Unis d’Amérique qui remontent à plus de 200 ans et le soutien que ce pays a apporté à l’indépendance de la Tunisie lors de l’évacuation de Bizerte, mais aussi même lors de l’agression contre .Hammam-Chatt (pas de veto contre une motion condamnant Israël et c’était une première en la matière) et à présent, l’appui moral et matériel à la révolution, citée en exemple dans le monde arabe par le président Obama.
Il faut préserver cette amitié et la développer. Il en est de même avec les autres puissances comme la Chine et la Russie qui nous ont souvent aidés. La Tunisie doit demeurer, comme elle l’a toujours été, tout au long de son histoire, hormis la période de l’ancienne dictature, grande par son rayonnement et par sa contribution à la défense de la paix et des causes justes dont, la toute première, l’édification d’un Etat palestinien libre sur tous les territoires occupés avec AI-Qods comme capitale».
Source: « Tunise Numerique » Le 03-07-2011
Lien:http://www.tunisienumerique.com/2011/07/kamel-eltaief-je-ne-suis-pas-un-homme-de-lombre/
Tunisie. La descente aux enfers de Chedly Hammi (2/2)
Par Ridha Kefi
L’ancien responsable des services de renseignement a eu le malheur de croiser Ben Ali au ministère de l’Intérieur. N’ayant pas montré du zèle à servir les desseins du futur président. Il en payera chèrement le prix
En cette année 1990, Ben Ali a fait accuser son ex-secrétaire d’Etat d’avoir trempé dans l’assassinat du leader palestinien Khalil Al-Wazir (dit Abou Jihad), le 16 avril 1988. L’homme est arrêté le jour même de son anniversaire et mis en prison. Les médias sont utilisés pour faire accréditer l’accusation à travers des articles pour le moins expéditifs, visiblement soufflés par les services et, pour cette même raison, non signés. ‘‘Réalités’’ mène l’«enquête» C’est ainsi que ‘‘Réalités’’ (n° 215, du 7 septembre 1990), annonce: «Mohamed Ali Ganzoui hérite des attributions de M. Mohamed Ali Mahjoubi [surnom de Chedly Hammi]». La mise à mort a commencé et la meute est disposée en ordre de bataille. Quelques semaines plus tard, le même magazine (‘‘Réalités’’, n° 216, 28 septembre 1990) rapporte du nouveau, puisé à une source limpide. «Démis de ses fonctions à la suite de la tuerie entre [des factions] palestiniennes qui a eu lieu à El Menzah VI, l’arrestation de M. Chedly Hammi pourrait connaître des rebondissements suite à son intelligence avec des puissances étrangères.» Pour enfoncer le clou, le magazine ajoute: «Jamais, depuis l’indépendance, un responsable politique d’un si haut niveau n’a servi comme ‘‘informateur’’ d’un gouvernement étranger» (sic!). Le journal, pressé de dresser des potences, ajoute des détails aussi graves que scabreux sans prendre le soin de les vérifier: l’accusé aurait fait la connaissance d’une certaine Raoudha alias Leïla. Cette femme possède une maison à la Soukra et un salon de coiffure dans un grand hôtel de la capitale, «qui lui sert probablement de couverture pour s’adonner à la collecte des informations et à leur vente à une puissance étrangère», écrit le journal. «Certains prétendent qu’elle est en relation avec le Mossad. L’enquête fournira à ce sujet les informations vraies», souligne le journal. ‘‘Réalités’’ ajoute, avec la même veine accusatrice, mais toujours dans l’imprécision caractéristique de la désinformation: «C’est en 1984 que Raoudha a fait la connaissance de Chedly Hammi et c’est à partir de ce moment qu’un trafic d’influence a vu le jour. L’enquête s’oriente vers une probable filière israélienne d’autant plus que des faits troublants ont eu lieu lors de l’assassinat d’Abou Jihad dont la maison était située à quelques mètres de celle de Chedly Hammi. Le soir de l’assassinat du leader palestinien, il n’y avait pas de véhicule de police qui ne quittait jamais les lieux. On avait donné l’ordre à ces policiers de participer à une rafle dans le village de Sidi Bou Saïd. Qui avait programmé et donné l’ordre de cette rafle afin de laisser la maison d’Abou Jihad sans surveillance? D’autres bruits laissent entendre que des besoins d’argent auraient incité M. Mohamed Ali Mahjoubi à collaborer avec une autre puissance et qu’il aurait un compte bancaire en Europe. Aux dernières nouvelles, Raoudha [alias Leïla Laâbidi] aurait avoué être en cheville avec le Mossad, le service secret israélien, alors que l’interrogatoire de l’ex-secrétaire d’Etat se poursuit» (fin de l’extrait). L’ignoble traître devenu soudain un irréprochable patriote Le 5 octobre, le même magazine (n°217) fait marche-arrière: «Le démenti opposé par les autorités officielles au sujet de la connivence entre M. Mohamed Larbi Mahjoubi (Chedly Hammi) et les services israéliens de renseignements a atténué la tension que cette affaire a suscité auprès de l’opinion publique», lit-on dans une note non signé. Le journaliste, opportunément anonyme, ajoute: «M. Mahjoubi, dont les amis et les collègues louent l’irréprochable patriotisme – ces prescriptions que nous retenons contre lui ne touchent pas à cet aspect de sa personnalité, mais ont trait à sa gestion –, est actuellement détenu à la prison civile de Tunis». Si ce n’est pas ses liens avec le Mossad, que reproche-t-on donc à Chedly Hammi, devenu soudain un «irréprochable patriote»? Deux semaines plus tard, le même magazine (‘‘Réalités’’ n° 217, du 11 octobre 1990) change complètement de cap. Citant «une source autorisée au ministère de l’Intérieur», il ne se gêne pas de démentir «l’existence d’une quelconque ‘‘filière israélienne’’ ou implication dans l’assassinat d’Abou Jihad, à la base de l’ouverture de l’enquête judiciaire relative à l’ex-secrétaire d’Etat à la Sûreté nationale, M. Mohamed Ali Mahjoubi». Le magazine ne s’encombre pas d’expliquer d’où (et de qui?) il tient ces informations ultras confidentielles et, surtout, ultra-fausses qu’il avait publiées une semaine auparavant. Mais passons… Cette question, ‘‘Réalités’’ (n°221, 19 octobre 1990) ne la pose même pas en annonçant le procès et la condamnation de Hammi, «jugé le 13 octobre par le Tribunal militaire et condamné à 4 ans de prison», écrit le journaliste, toujours anonyme. Qui ajoute: «L’autre accusée, la citoyenne libyenne du nom de Leïla, a été elle aussi condamnée à la même peine.» Mme Khadija Hammi qui avait intenté un procès contre ‘‘Réalités’’, a réussi à faire condamner le bimensuel par un tribunal à une amende de 500 dinars. «L’histoire était montée de toutes pièces. La prénommée Raoudha El Mejri alias Leïla était de mère tunisienne et de père libyen», raconte Khadija. Qui ajoute: «La jeune femme, qui avait eu deux enfants d’un cousin de Kadhafi, Mohamed Kadhef Eddam, était un agent des services tunisiens. Elle a rendu de nombreux services à la Tunisie, en aidant notamment à la découverte de caches d’armes à l’intérieur de l’ambassade de Libye en Tunisie. Et c’est à Chedly Hammi, son officier traitant, qu’elle livrait ses informations. Au lieu de la remercier pour les services qu’elle a rendus à la Tunisie, les sbires de Ben Ali l’ont torturée et condamnée, ainsi que mon mari à quatre ans de prison.» Le successeur de Hammi, Mohamed Ali Ganzoui, va faire le siège des services français. Il lui faut à tout prix que ces derniers lui fabriquent des preuves de la coopération de son prédécesseur avec Israël. Dans ses fameux carnets, le général Philippe Rondot, conseiller spécial des ministres de la Défense successifs figurent effectivement à cette époque des rendez-vous avec Ganzoui. «Je ne peux rien faire pour lui, confiait Rondot à l’un de ses contacts tunisiens. Cette histoire d’espionnage pour les Israéliens est totalement infondée.» Deux ans plus tard, Chedly Hammi sort de prison. Ben Ali le fait venir au Palais de Carthage. «Je suis désolé, lui dit-il, on m’avait induit en erreur.» Il dira exactement la même chose au soir du 13 janvier 2011. Cette fois, les carottes étaient cuites. Il s’enfuira le lendemain en Arabie saoudite. Chedly Hammi, décédé un an auparavant, n’a malheureusement pas vécu assez longtemps pour assister à la chute du dictateur. Source: « Kapitalis » Le 03-07-2011 Lien: http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/4669-tunisie-la-descente-aux-enfers-de-chedly-hammi-22-.html
Meeting d’Al Wifek Al Joumhouri à Nabeul Tendance centriste; valeurs progressistes et démocratiques
– Créer 150 mille postes d’emploi sur une période de 18 mois
-Instaurer «Dar Al Idara» sur le modèle de guichet unique pour rapprocher l’administration du citoyen
Par Kamel BOUAOUINA
Dans une ambiance festive et conviviale, la section d’Al Wifak El Joumhouri de Nabeul a organisé un meeting en présence de ses militants et de ses sympathisants. Hafedh Lousseif coordinateur de Nabeul a affirmé la nature centriste du parti et les valeurs progressistes et démocratique que défend le parti.
Mustapha Saheb-Ettaba, secrétaire général du parti Al Wifek Al Jamhouri devait par la suite présenter, les grandes lignes du programme de son parti qui est le fruit d’une fusion entre le parti El-Wifak et le parti républicain.
Mustapha Saheb Ettaba a mis en exergue la conjoncture délicate que traverse le pays dans le processus d’instauration de la démocratie et de la justice sociale. « Une lourde responsabilité appartient désormais à nous tous : réussir cette révolution qui a enthousiasmé le monde et qui a remis en cause l’ordtre établi, dit-il, avant toute chose, ce qui nous fera réussir, c’est le sérieux et le travail. Nous sommes un nouveau parti et sans ces valeurs, rien ne pourra se construire et la liberté acquise se transformera très vite en gabegie.
Sans ces valeurs, la liberté et la dignité resteront une illusion. » Le secrétaire général d’Al Wifek Al Joumhouri a précisé que son parti refuse l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques. «La religion limite les libertés et est contraire à l’idéologie progressiste et moderniste de notre parti qui se veut à caractère civil et qui milite pour la préservation des objectifs de la révolution.
Notre parti vise à instaurer une république démocratique pluraliste qui fonctionne selon le principe de la séparation entre la religion et la politique et qui respecte la dignité des citoyens. La constituante est en danger. C’est pourquoi nous devrons tous nous mobiliser et participer activement à la réussite de cette transition démocratique. Nous ne devrons pas rester figurants. Notre arme de combat c’est d’aller voter le 23 octobre car selon le dernier sondage 70% des Tunisiens n’ont pas encore adhéré aux partis. Cette indifférence risque de freiner ce processus démocratique. C’est pourquoi notre parti appelle chaque Tunisien à bouger et à s’impliquer de près dans la vie politique du pays. Chacun devra choisir son projet de société » Zied Chaieb membre du bureau politique a expliqué que le programme d’Al Wifak Al Joumhouri composé de 14 points, est un plan de sauvetage qui s’étale sur 24 mois accorde la priorité à la sécurité, à l’emploi, au développement régional et aux revendications sociales, a précisé le président du parti lors d’un meeting organisé à Tunis.« Notre programme économique permettra de créer 150 mille postes d’emploi sur une période de 18 mois.
Nous sommes pour une redistribution plus équitable des richesses. Le droit à l’éducation publique obligatoire et gratuite pour tous les Tunisiens, c’est notre objectif et là nous appelons à l’élaboration d’un nouveau pacte éducatif pour un enseignement de qualité » M Fakhri Belkhiria membre du bureau politique du parti estime qu’il faut aussi garantir l’indépendance stricte de la justice ainsi que la liberté d’expression des médias. « Il faudra mettre en place un pouvoir régi
onal avec des parlements démocratiquement élus disposant d’un budget propre et rapprocher l’administration de tous les Tunisiens et particulièrement des ruraux. D’où cette idée de « Dar Al Idara » sur le modèle de guichet unique qui permet aux citoyens, dans un seul lieu, de faire l’essentiel de leurs tâches administratives » A propos du pôle démocratique moderniste, M Saheb-Ettaba a précisé que le pôle qui comprend aujourd’hui plusieurs partis et associations se nourrit de ses convictions et de son attachement aux principes de liberté, d’égalité et de justice sociales estimant que le lancement dans la bataille électorale regroupés dans une coalition ne peut que consolider notre poids dans le nouveau paysage politique du pays»
Source: « Le Temps » Le 03-07-2011 Lien: http://www.letemps.com.tn/article-57281.html