29 janvier 2010

Home – Accueil

 

 

TUNISNEWS

9 ème année, N° 3538 du 29.01.2010

 archives : www.tunisnews.net 

OLPEC: Arrestation arbitraire du journaliste Mouldi Zouabi Comité de soutien aux Militants de l’UGET: Double peine TTU Monde Arabe: Tunisie –  Jeu des chaises musicales Le Monde: Le président de l’Université libre de Tunis critique M. Ben Ali – L’établissement devra fermer Mediapart: Journaux, Université… En Tunisie, on ferme ! AFP: Tunisie: taux de croissance établi à 3,1% en 2009 (officiel) Abdel Wahab Hani: Séparation du Parti et de l’Etat – Remarques à chaud et dans un ordre dispersé… Reuters: Mort de Larbi Belkheir, grand « décideur » de l’ombre en Algérie Reuters: L’Italie envisage comme la France d’interdire la burqa AFP: Ekin Deligöz, députée allemande en lutte contre le port du voile AFP: Egypte: des étudiantes disent porter le niqab pour être respectées


L’Observatoire de la liberté de la presse, d’édition et de création (OLPEC) 

Arrestation arbitraire du journaliste Mouldi Zouabi


 
Tunis le 28 janvier 2010 Le journaliste Mouldi Zouabi, grand reporter à Radio Kalima, a été arbitrairement arrêté ce matin 28 janvier à 10.00 au commissariat de Montplaisir  à Tunis et détenu durant plus de 8 heures, après que la police ait confisqué son matériel (appareil d’enregistrement, appareil photo et téléphone portable). Mouldi Zouabi devait faire une interview avec Mohamed Bouebdelli, directeur de l’Université Libre de Tunis qui vient de subir le retrait arbitraire des autorisations d’exercice pour l’année en cours jusqu’en 2013 par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Arrivé à la hauteur du bâtiment de l’université, il a constaté qu’un impressionnant dispositif de policiers en civil quadrillait l’université. C’est alors qu’il est pris à partie par un homme qui était avec le groupe de policiers ; ce dernier commence par lui demander une cigarette puis le saisit par le collet et l’agresse en prétendant que c’est M. Zouabi qui a pris l’initiative de l’agression. Une voiture de police surgit immédiatement pour l’embarquer et l’emmener avec son agresseur au poste où il est fouillé et délesté de son matériel. Après deux heures, les policiers ne rédigent aucun PV et considèrent l’affaire comme close sans pour autant consentir à le relâcher prétendant que sa qualité de journaliste suppose qu’ils aient un feu vert « d’en haut ». Ce n’est que vers 18.30 qu’il est libéré et son équipement restitué. Pour Mouldi Zouabi, ce montage visait de toute évidence à l’empêcher de réaliser son interview avec M. Bouebdelli qui devait prendre l’avion à 18.00h, mais également « c’est un message clair qui m’est adressé en vue de me dissuader de poursuivre mon travail avec Radio Kalima » a-t-il déclaré. Rappelons que le harcèlement policier de Mouldi Zouabi a connu une intensité particulière ces derniers temps et des menaces lui ont été adressés.   L’Observatoire ·        Condamne ces harcèlements qui ciblent les journalistes et assure M. Zouabi de son entière solidarité. ·        Tient les autorités pour responsables de sa intégrité physique et morale et les appelle à respecter leurs engagements garantissant la liberté de la presse et la protection des journalistes.   Pour l’Observatoire Le président Mohamed Talbi


Comité de soutien aux Militants de l’UGET

www.uget-solidarite.net

Paris le 29/01/2010

Double peine


 

Dans le cadre de la vague de répression engagée contre les étudiants tunisiens syndiqués, un nouveau procès a eu lieu mercredi 27/01/2010 à Mahdiya. L’étudiante Jawaher Chana ainsi que Mohamed Soudani, Aymen Jaabiri, Hassen Samari et Ramzi Slimane ont été déférés devant le tribunal de première instance de la ville de Mahdiya pour entrave à la liberté du travail, menaces, agression et violences contre un fonctionnaire. Les faits remontent à octobre 2007 : l’administration de la faculté des Sciences économiques et de Gestion avait interdit une Assemblé Générale organisée en préparation au congrès de la Centrale syndicale estudiantines. Les autorités refusent toujours de permettre la tenue du congrès et le nombre de victimes ne cesse de s’accroître.

Les quatre étudiants mentionnés ont été, pour les mêmes faits, présentés aux Conseils de disciplines et exclus définitivement des universités tunisiennes. Aux mois de février et mars 2009, 6 étudiants dont Aymen Jaabiri et Mohamed Soudani  ont observé une grève de la faim de 58 jours pour revendiquer leur droit à l’inscription. En vain. La répression contre les étudiants a, à plusieurs reprise, réussi à faire des administrations un relais policier chargé de l’interdiction et de la sanction de l’activité syndicale.

Un nombre considérable de policier a assiégé le Palais de Justice interdisant aux citoyens d’assister au procès. Dans l’espoir de la tenir à huit clos, le juge chargé de l’affaire 7165 n’a cessé de retarder l’audience. Devant la persistance des citoyens venus soutenir les étudiants, l’accès au tribunal a été « accordé » !  L’association tunisienne de Lutte contre la Torture a dénoncé dans communiqué du 28/01/2009 l’atteinte à l’indépendance de la justice que représente le siège du Palais de la Justice. Les avocats de la défense ont insisté sur l’aspect pacifiste et légal du mouvement  d’octobre 2007 et le caractère fomenté des accusations. Le jugement sera rendu le 10 février 2010. 

Le comité de Soutien aux militants de l’UGET dénonce cette nouvelle mascarade. Exclure des étudiants et les faire condamnés par la justice est une double peine injustifiée. La violence policière, l’exclusion disciplinaire et les poursuites judiciaires ne régleront pas les problèmes auxquels sont confrontés les 370 milles étudiants tunisiens.   

 

 Le comité de Soutien aux Militants de l’UGET appelle à de nouvelles actions de solidarité et renforce sa campagne pour : 

 

– La libération de tous les militants emprisonnés.

– L’arrêt de toutes les poursuites judiciaires engagées contre les militants de l’UGET.

– La réintégration dans leurs universités de tous les étudiants exclus.

– La satisfaction des revendications syndicales et pédagogiques des étudiants.

– L’arrêt de toute forme de répression contre l’UGET et lui permettre de tenir son congrès en toute liberté et de fonctionner en toute indépendance.

Signez et faites signer la Pétition en envoyant vos signatures à uget.solidarite@gmail.com ou en cliquant sur ce lien www.jesigne.fr/petitioninternationale


TUNISIE : JEU DE CHAISES MUSICALES


L’annonce à Tunis, le 18 janvier, de la nomination de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Abdalwaheb Abdallah, au poste de ministre conseiller spécial du Président de la République, chargé des Affaires politiques, confirme l’influence de Leïla Trabelsi, l’épouse du Président. Abdallah devient ainsi le nouvel homme fort du pouvoir, dont l’influence est sans doute plus importante que celle du Premier ministre. Quant au remaniement ministériel, attendu depuis l’élection présidentielle d’octobre dernier et finalement intervenu le 14 janvier, il met un terme provisoire aux luttes intestines au sein du pouvoir, dans la perspective de la succession de Ben Ali (dont l’état de santé est notoirement mauvais). Il a pour effet, au moins provisoirement, de calmer la grogne au sein du parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (voir TTU n° 630). Selon des observateurs locaux, le remaniement ministériel devait être annoncé le 7 janvier, la liste des nouveaux ministres étant prête depuis le 5. Mais cette liste a commencé à circuler à Tunis, suite à une fuite émanant du Palais de Carthage, ce qui a vivement irrité le Président Ben Ali, le poussant à différer d’une semaine son annonce officielle. La nomination des ministres des Affaires étrangères, Kamel Morjane, ou de la Défense, Ridha Grira, est une victoire pour le “clan des Sahéliens”. Pour sa part, le retour d’Abdelwaheb Abdallah au Palais de Carthage, où il avait tissé sa toile entre 1990 et 2005, signifie qu’il aura la haute main sur la préparation de “l’après-Ben Ali”. Il pourra, de même, contrôler Kamel Morjane, dont la nomination est bien accueillie par les chancelleries occidentales, notamment à Paris et à Washington. En tout état de cause, le jeu des chaises musicales au sein du pouvoir tunisien n’est pas prêt de se terminer. (Source : TTU Monde Arabe (Lettre hebdomadaire d’informations stratégiques- France), N° 633, le 28 janvier 2010)


Le président de l’Université libre de Tunis critique M. Ben Ali: L’établissement devra fermer


Pour Mohamed Bouebdelli, il s’agit d’une « décision politique, dictée par la haine et la vengeance ». Quatre mois après avoir publié sur Internet un livre critique sur le président Ben Ali, le fondateur et président de l’Université libre de Tunis (ULT) a été sanctionné. Sa création, sa fierté – la plus ancienne des universités privées de Tunisie -, s’est vu notifier la suspension de ses activités par le ministère de l’enseignement supérieur. Née il y a trente-cinq ans, l’ULT, très cotée en Tunisie, forme chaque année 1 500 étudiants en ingénierie, architecture, droit et gestion. Elle n’a désormais plus le droit de prendre de nouvelles inscriptions. Tout juste est-elle autorisée à achever les cursus en cours. Officiellement, l’ULT présente « nombre de carences et irrégularités d’ordre administratif et pédagogique ». Pour Mohamed Bouebdelli, ces reproches ne sont qu' »une mise en scène destinée à (le) sanctionner ». C’est en octobre 2009 que cet ingénieur de formation, qui a passé vingt ans de sa vie en France avant de regagner la Tunisie en 1972, bascule dans l’opposition ouverte au président Ben Ali. Il met en ligne un ouvrage – Le jour où j’ai réalisé que la Tunisie n’est plus un pays démocratique (www.bouebdelli.com) – dans lequel il rappelle les promesses de M. Ben Ali au moment de son arrivée au pouvoir en 1987 et souligne ses reniements. Dans la foulée, l’auteur avance une série de propositions pour faire de la Tunisie un pays démocratique. Au sein de l’opposition, le « ralliement » de Mohamed Bouebdelli en fait grogner quelques-uns. Si l’homme est reconnu pour ses compétences d’éducateur – outre l’université, il a créé un collège et un lycée privés -, on lui reproche d’avoir mis trop de temps avant de se démarquer franchement du pouvoir. D’autres, au contraire, voient en lui un symbole éclatant de l’échec du régime. « Ben Ali décourage même ceux qui sont les mieux intentionnés à son égard, souligne un observateur. Bouebdelli aurait pu être son allié, pas son adversaire ! Mais il a fini, comme tant d’autres, par se lasser du système. » « Le déclic » En réalité, avant même d’entrer en dissidence ouverte, Mohamed Bouebdelli avait déjà des ennuis avec le régime. Tous les cinq ans, un membre du clan au pouvoir (les Ben Ali ou les Trabelsi, du nom de l’épouse du chef de l’Etat) lui réclamait un passe-droit pour l’un ou l’autre de ses protégés. Passe-droit qu’il refusait, affirme-t-il, malgré les sommations et les mesures de rétorsion. La tension montait. En mai 2007, c’est le clash. On lui annonce la fermeture de son lycée, vraisemblablement pour ne pas faire de concurrence à l’école que vient d’ouvrir l’épouse du chef de l’Etat… « Ç’a été le déclic. J’ai compris ce jour-là ce qu’était l’arbitraire », dit-il. M. Bouebdelli reçoit chaque jour des manifestations de sympathie, de parents d’élèves autant que de policiers ou de cadres de l’administration, tous consternés par la sanction qui frappe l’université. « Les gens sont scandalisés, mais ils sont paralysés par la peur. Chacun me dit : « Je suis avec vous, mais j’ai une famille, comprenez-moi » », soupire-t-il. Contactées pas Le Monde, les autorités tunisiennes n’ont pas souhaité réagir. Florence Beaugé (Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 30 janvier 2010)


Journaux, Université… En Tunisie, on ferme !


 ParPierre Puchot

Début 2010 en Tunisie, on ne compte plus le nombre de militants des droits de l’homme et de journalistes à subir le harcèlement des autorités tunisiennes. Ramzi Romdhani, Zyad Fakraoui, Lassaad Jouhri, Zouhaier Makhlou, Radia Nasraoui…Le cas de Taoufik Ben Brik, journaliste et opposant condamné à cinq mois de prison ferme dans une affaire montée de toutes pièces selon ses proches et Reporters sans frontières, n’est que la face émergée de l’iceberg de la répression tunisienne. Dernier exemple en date, la fermeture de l’université libre de Tunis (ULT), la plus ancienne université privée de Tunisie.

Que reproche le président Ben Ali à cet établissement qui perdurait tant bien que mal depuis plus de trente-cinq ans ? Une livre très critique de son président, Mohamed Bouebdelli, sur son règne sans fin, publié il y a quatre mois sur Internet,dernier espace de liberté dans un pays qui a fait fermer tous les journaux d’opposition.   Dramatique, cette décision l’est assurément pour une Tunisie qui n’en finie plus de dégringoler. Car au climat liberticide s’ajoute ici le problème crucial de renouvellement des cadres, dans un pays qui en manque cruellement. Un pays où les statistiques sur le chômage des jeunes n’existent tout simplement pas, et pour cause… Or l’ULT forme chaque année quelque 1 500 étudiants en droit, gestion, architecture… Elle n’est aujourd’hui plus autorisée à prendre de nouvelles inscriptions. Une semaine après l’examen au parlement européen de la situation des droits de l’homme en Tunisie (une première), alors que  tous les observateurs spéculent sur la permanence du pouvoir de Ben Ali, réélu pour un cinquième mandat fin 2009 (Gouverne-t-il encore ? Comment la famille Trabelsi a-t-elle déjà verrouillée sa succession ? Quelle importance donner à la nomination le 18 janvier de l’ancien ministre des affaires étrangères, Abdalwaheb Abdallah, au poste de ministre conseiller spécial du président de la république, chargé des affaires politiques?) la répression, elle, est plus violente que jamais, donnant au régime tunisien un arrière goût de fin de règne pourrissant qui n’a pas son équivalent au Maghreb.  

(Source:  Mediapart.fr le 29 janvier 2010)


Tunisie: taux de croissance établi à 3,1% en 2009 (officiel)


AFP 29.01.10 | 16h57  L’économie tunisienne a enregistré un taux de croissance estimé à 3,1% en 2009 contre une moyenne annuelle de 5% durant les dernières années, a indiqué vendredi la Banque centrale de Tunisie (BCT). « Malgré les répercussions de la crise financière mondiale, notamment au niveau des exportations, l’économie tunisienne a pu réaliser un taux de croissance de 3,1% », a précisé la BCT dans un communiqué. Ce taux a été réalisé « grâce à l’amélioration de la production agricole et la progression des activités de services », deux secteurs ayant contribué à la préservation des équilibres financiers internes et externes du pays. Le taux d’inflation a été contenu à 3,7% contre 5% en 2008 « malgré l’apparition de certaines tensions au cours des derniers mois sur les prix de quelques produits alimentaires », a ajouté la BCT.  

 


Séparation du Parti et de l’Etat
Remarques à chaud et dans un ordre dispersé…

Par : Abdel Wahab Hani  

 « Un parti politique doit être organisé sur des bases et des principes démocratiques. Ses Statuts doivent être conçus en conséquence »  

Article 5, Loi organique n° 88-32 du 3 mai 1988 organisant les Partis politiques,

Journal officiel de la République Tunisienne, 131e année, n° 31, du 20 Ramadhan 1408, 6 mai 1988

 Les questions de séparation entre le Parti et l’Administration, la Parti et le Gouvernement, le Parti et l’Etat, le Parti au pouvoir et le Pouvoir lui même.. reviennent ave force avec la récente Réunion ordinaire des Gouverneurs de la République, le remaniement introduit dans la composition du Bureau politique du parti RCD au pouvoir et le mouvement imminent à la tête de nos missions diplomatiques et consulaires à l’étranger… Retour sur la pierre angulaire des Réformes démocratiques, tant attendues et revendiquées par une très large majorité des tunisiens.

 

Remarque liminaire : Ce papier a été écrit sous l’empire de la réaction à chaud et le désir d’informer et d’analyser.  

Assabah évoque, de nouveau, la Séparation du Parti et de l’Etat : Des remarques qui s’imposent :

 

Dans un papier paru ce matin dans le quotidien arabophone Assabah, le journaliste Soufiane Rajab titre : « La nouvelle composition du Bureau politique du Rassemblement: Affirmation de la séparation du Parti et de l’Etat » (التركيبة الجديدة للديوان السياسي للتجمع : ).

 

Du Bureau politique :

 

Cette affirmation reprend la même qualification donnée, en son temps, par un autre journaliste de la maison, lorsque le Président du Parti RCD décida de réduire de seize à sept les membres de cette instance supérieur du parti au pouvoir, avec le stricte minimum, à savoir les deux vice-Présidents (à l’époque, avant l’amendement statutaire réduisant la vice Présidence à UN seul titulaire), le Secrétaire général, le Trésorier, le Ministre d’Etat représentant la Présidence et le Président de la Chambre des Députés et une Dame,.

 

Mais cette formule serrée n’a pas tenue longtemps. Elle a été revue légèrement à la hausse, peu après le remaniement gouvernemental d’août 2005, pour y introduire des Ministres dits politiques, à savoir l’ex-Ministre des Affaires étrangères, et les actuels Ministre de l’Intérieur et le Ministre-Directeur du Cabinet présidentiel. Le nombre s’élevait donc à 10 membres.  

Le but était, selon les rumeurs qui allaient bon train d’en exclure d’autres personnalités politiques de premier plan d’une visibilité politique d’appartenance au célèbre Haut cénacle du parti. Pour mémoire, l’actuel Ministre des Affaires étrangères venait d’intégrer le gouvernement, après une longue carrière ONUsienne. Les salons des barons de Tunis ressortaient alors cette carence de taille, à l’époque, de ne pas appartenir au Comité central du Parti (du congrès de juillet 2003), seule condition pour être co-opté par son Président à son Bureau politiqu

Au cours du dernier congrès de juillet 2008, l’article 26 a été modifié. Ce fut d’ailleurs l’une des rares principales décisions statutaires, salué à grande pompe en son temps. Désormais le Bureau politique, ne pouvait disposer que de « UN (seul) Vice-Président » et non de « Un ou plusieurs Vice(s)-Président(s) ». Le but étant de trouver une sortie statutaire, qui se voulait respectueuse, mais peu élégante disant-le, pour décider de la retraite de l’ancien Premier-Vice-Président et ancien Premier-Ministre Si Hamed Karoui. Ce dernier avait stigmatisé un Comité central devenant par trop pléthorique. Ce qui n’a pas plu à ses détracteurs au sein du parti qui voulait agrandir la représentativité pour certains, l’assiette du clientélisme pour d’autres.

 

Du rôle du Bureau politique / La nomination des Secrétaires généraux régionaux :

 

Hormis les cas exceptionnels de vacance à Présidence du parti, inscrits à l’article 20 de son Règlement, Le Bureau politique assiste ledit Président dans la gestion des affaires du parti. Ses membres jouent plutôt un rôle d’encadrement politique.

 

Néanmoins, il assume, statutairement le pouvoir de nomination desSecrétaires généraux des Comités de coordination, en vertu de l’article 16 du Règlement.

 

Cette disposition de nomination devrait être remplacé par un processus d’élection démocratique. Mais en attendant, l’article 16 devrait appliqué à la lettre par le parti et respecté lors des annonces desdites nominations. Les médias ont pris la mauvaise habitude d’en attribuer la décision au Président (avec l’amalgame de citer le Chef de l’Etat parfois) et de les présenter comme « un mouvement dans le corps des Secrétaires généraux des Comités de Coordination », ce qui porte l’amalgame à son summum, en présentant ces derniers comme un corps d’Etat.

 

Le Bureau politique fixe en outre, le nombre, les fonctions et les titulaires des postes de Secrétaire généraux adjoints des Comités de coordination

 

Du Comité central :

 

Le Comité central est passé donc de 250 à 350 membres, en plus des membres es-droit, à savoir les membres du Conseil des Combattants et des Grands militants (اعضاء مجلس المقاومين وكبار المناضلين).

 

Le mode de sélection du Comité central n’est pas l’élection, mais un mode mixte d’un cota présidentiel (réservé au Président du Parti) dépassant les 40 pour cent et une sélection par la base du double des sièges pourvu par région, que le Congrès départage en choisissant la moitié de la liste par Comité de Coordination (Lajnat Tansiq) qui sont au nombre de 31 (régions), dont 5 dans la capitale Tunis, 3 à l’étranger (Paris, Rome et Berlin) et une par Wilaya / Gouvernorat. Led ernier Congrès avait introduit une sorte d’élection es-qualité des jeunes et des étudiants du parti, avec un large cota qui leur a été réservé.

 

Le terme « Comité central élu par la Congrès » utilisé par Assabah n’est pas assez précis. Il conviendrait de la remplacer par le terme Comité central issu du Congrès » comme l’indique d’ailleurs l’article 22 du Règlement intérieur : (اللجنة المركزية هي الهيئة المنبثقة عن المؤتمر الوطني).

 

Rappelant à ce stade, que l’article 23 dudit Règlement devrait être remplacé, comme amendé par le Congrès du Défit de l’été 2008, pour rectifier le nombre de 250 à 350 et rajouter la mention de l’appartenance es-qualité de tous les membres du Conseil des Combattants et des Grands militants.

 

De la nécessaire démocratisation du Comité central :

 

La nomination de plus de 40% des membres du CC, par le Président du Parti réduit la légitimité démocratique de cette institution. Si ces nominations peuvent pallier des manques, par exemple dans la représentation des femmes ou des jeunes, leur nombre trop élevé fait entrer en conflit une légitimité de nomination et une autre des urnes et risque de ce fait de bloquer l’institution.

 

Le 2e point qui interpelle l’observateur est la décalage entre les conditions d’éligibilité des « membres élus », à savoir, 6 années d’ancienneté dans une responsabilité au sein du parti ou 8 années d’adhésion, selon les termes de l’article 24, par rapport aux « membres nommés » pour lesquels aucune ancienneté n’est exigée. Le RCD devrait entamer une réflexion sur sujet, pour une meilleur harmonie du « membership » de son CC, organe suprême entre deux Congrès, pouvant être appelé à jouer un rôle décisif dans certaines circonstances.

 

De la nécessaire séparation entre l’appartenance au Comité central et des fonctions exigeants une totale Impartialité ou une Incompatibilité avec la fonction législative:

 

La présence au sein du CC de commis d’Ambassadeurs, de Gouverneurs ou de Présidents d’Institutions nationales devant revêtir le cachet de l’Impartialité. Un Ambassadeur, un Wali/Gouverneur ou un Président d’une autorité nationale se doit de respecter une parfaite impartialité vis-à-vis de la vie partisane. Ces catégories doivent être mis d’office en indisponibilité, le temps de leurs mandats incompatibles avec la fonction de légiférer dans un parti quel qu’il soit.

 

Nous avons à l’esprit à titre d’exemples: le Président du Comité supérieur des droits de l’homme, M. Moncer Rouissi, n° 18, dont la présence au CC amoindrit les chances dudit Comité d’accéder au rang « A » des institutions nationales des droits de l’homme, auprès des Nations Unies… Nous pensons aussi à M. Sadok Chaabane, Président du Conseil économique et sociale, n° 13. Nous pensons au Wali / Gouverneur de l’Ariana Mahmoud Mhiri, n° 102 ;  ainsi qu’à leurs Excellences les Ambassadeurs Habib Haddad, en Autriche, n° 22, Kamel Haj Sassi, en Tchéquie, n° 27, Abdelwahab Jemal, notre brillant Ambassadeur Représentant permanent auprès des Nations Unies à Genève, n° 34.

 

Nous avons détaillé ces questions dans un long papier analytique des carences de la Diplomatie tunisienne du temps de Monsieur d’ancien Ministre Abdallah, la veille du dernier remaniement ministériel, intervenu le 14 janvier.

 

Un 2e élément, relatif à cette question, concerne la nécessaire séparation du pouvoir législatif, y compris dans les partis, du pouvoir de l’argent. En suivant la logique établie par le Code électoral, comme amendé par le Loi organique du 14 juin 2004, les critères d’Inéligibilité pour l’appartenance à l’une des Chambres du Parlement, les Députés ou les Sénateurs, doivent être observées par les partis politiques, ainsi que les critères d’Incompatibilité avec lesdites fonctions.Il y va de la sérénité et de la pérennité des Institutions de la République.

 

Nous pensons aux Présidents et membres des Conseils d’Administration des Institutions financières, faisant appel public à l’Epargne, au Crédit et à la Participation.

 

Amendements votés au Congrès mais non intégrés, publiquement, dans le Règlement !

 

Il est pour le moins troublant que le parti au pouvoir laisse paraître sur son portail Internet http://www.rcd.tn des informations erronées et anciennes, notamment concernant son Règlement intérieur et la composition de ses instances dirigeantes, en ce qui concerne l’article 23 notamment.

 

La même remarque s’impose concernant l’article 26, précisant les fonctions fixes au Bureau politique et qui ont été amendé lors dudit Congrès.

 

Nous profitons de l’occasion pour appeler le nouveau Bureau politique du parti RCD au pouvoir et surtout son Secrétaire général du Parti pour procéder, sans délais audites modifications. Il devrait en outre en informer, sans attendre, le Ministre de l’Intérieur et son nouveau Directeur général des Affaires politiques Monsieur Ali Jelliti, en fonction depuis le 2 avril 2009. 

 

Dans le même ordre d’idée, ce dernier devrait s’assurer de la conformité des termes utilisés dans ledit Règlement, la phrase « 250 membres élus » (250 عضوا منتخبا) de l’article 23 nous semble porteuse de confusion. Elle devrait être amendé par une formule plus proche de la réalité du mode de sélection dudit Comité central.

 

Par ailleurs, le Premier Ministre, de surcroit Vice-Président du parti au pouvoir, devrait s’assurer de la publication desdites modifications au Journal officiel de la République tunisienne, dans les mêmes conditions régissant la primo-autorisation, au sens des articles 8 et 14 de ladite Loi. Rappelant que dans le cadre de sa mission, le Premier Ministre doit s’assurer de la publication des Textes au Journal officiel de la République.Rappelant que ce dernier se compose de plusieurs éditions, dont celle des Annonces légales, où les partis doivent insérer la publication de leurs actes et modifications, commee prévu par la Loi.  

Nécessaire respect de la Loi organisant les Partis politiques :

 

Aussi puissant soit-il, tout parti, aussi gouvernant soit-il, doit se conformer aux Lois de la République, notamment la Loi organisant les Partis politiques, notamment ses articles :

-14 (Modifications des Statuts soumises à l’autorisation du Ministre de l’Intérieur et devant être rendues publiques et publiables au Journal officiel de la République),

-15 (Faire connaître, au Ministère de l’Intérieur, dans un délai de 7 jours, les changements survenus dans sa direction, celle de ses sections ou groupements secondaires),

-16 (Obligation de présenter ses comptes annuels à la Cour des Comptes et capacité à être à tout moment à même de justifier la provenance de ses ressources financières) et

-17 (S’abstenir de lancer des mots d’ordre de nature à prôner ou à encourager la violence en vue de troubler l’ordre public ou d’engendrer la haine entre les citoyens)…  

 

Le Président du Parti n’est pas membre du Bureau politique :

 

Il faut préciser, en outre, à l’adresse du quotidien Assabah et de ses lecteurs que le Président du Parti n’est pas membre de son Bureau politique, mais le Préside, en vertu des pouvoirs attribués par le Règlement intérieur, et notamment son article 18 précisant ses pouvoir(رئيس التجمع هو المسؤول الأول في التجمع يشرف على نشاط جميع تشكيلاته ويوجهسياسته ويرأس اجتماعات الديوان السياسي واللجنة المركزية.) et son article 19 précisant son élection directe par la Congrès (ينتخب رئيس التجمع مباشرة من طرف المؤتمر الوطني.).

 

Du Président du parti et de la Présidence de la République :

 

Les médias ne faisant pas attention à distinguer les activités du Président du Parti de celles du Président de la République, l’amalgame s’installe dans les esprits et induit une énorme confusion. Nos concitoyens ont l’impression que le Parti est une Administration centrale de l’Etat et que le Président de la République y nomme, comme aux fonctions civiles et militaires. Ce qui est de nature à vider le Parti politique qu’est le RCD de toute existence et de toute consistance politique

Cette« présidence présidentielle » du parti présidentiel et le « rituel présidentiel » qui l’accompagne n’ont pas manqué d’appeler les vives protestations de l’opposition, qui dénonce un traitement privilégié du parti au pouvoir, alors que le Chef de l’Etat est le Président de tous les Tunisiens, dès l’annonce des résultats officiels de son élection.

 

Ce qui pose avec acquitté le problème de la nécessaire Impartialité institutionnelle de la fonction du Chef de l’Etat, soulevé par l’opposition, reste pertinent, notamment en ce dernier quinquennat.

 

Tous les acteurs de la vie politique nationale appellent de leurs vœux un Développement politique digne du Développement social et Humain de la Nation, y compris l’actuel Chef de l’Etat lui même, lors de sa prestation de Serment du 12 novembre dernier, devant les deux chambres réunies au Bardo, marquant le début officiel de son 5e et dernier quinquennat.

 

Et l’une des Réformes est d’ailleurs, la séparation entre le Parti et l’Etat, le Parti et le Gouvernement, le Parti et l’Administration..

 

Si cette revendication ne peut se réaliser, de haut-en-bas, dans l’état actuel des choses, notamment au sein d’un parti au pouvoir incapable de fonctionner en dehors du leadership et de la tutelle présidentiels, elle devrait néanmoins être graduellement aisée de bas-en-haut.

 

Du rôle du Secrétaire général du Parti au pouvoir dans la Séparation :

 

La récent discours adressé par le Secrétaire général du parti RCD au pouvoir, adressé aux Gouverneurs de la République, à l’ouverture de leur réunion ordinaire, devrait appeler l’attention de toute la classe politique et de tous nos concitoyens. Le Wali / Gouverneur / Préfet étant le représentant de l’Etat et l’incarnation de sa continuité dans les limites du territoire de son Département.

 

La présence discrétionnaire du SG du parti au pouvoir, seul invité parmi tous les autres parti reconnus de droit, parlementaires et extra-parlementaires, ou reconnus de fait, est une mesure discriminatoire contraire à l’esprit de la séparation du Parti et de l’Etat.

 

Et si cette séparation commençait à cet échelon de la réunion ordinaire des Gouverneurs ?

 

Nos honorables Wallats / Gouverneurs pourraient alors se comporter en toute Impartialité républicaine vis-à-vis de tous les partis représentés dans leurs départements respectifs.

 

Cette Réforme est possible, elle est réalisable, sans délais, aujourd’hui et maintenant. Il suffirait pour cela que le Secrétaire général du parti s’abstienne de se comporter comme un membre du Gouvernement dirigeant un Département ministériel qui s’appelle le parti. Ce fut le cas des jours du parti unique, où le SG du parti au pouvoir siégeait au gouvernement, où il officiait comme Ministre délégué auprès du Premier Ministre.

 

Si le discours officiel sur le Changement veut convaincre, il faut qu’il passe à l’acte et impose cette Réforme de séparation Etat / Parti. Il y va de la crédibilité de ce discours dont nos concitoyens sont inondés jour et nuit, alors que la réalité est autre.

 

Rôle des Ministre de l’Intérieur et des Affaires étrangères dans cette Réforme de la Séparation entre le Parti et l’Etat:

 

Le Ministre de l’Intérieur et son collègue des Affaires étrangères ont un rôle primordial dans le respect de cette séparation, en veillant à la stricte Impartialité républicaine, lors des réunions des Gouverneurs, des Ambassadeurs ou des Consuls de la République, en veillant à ce que ces derniers quittent, sans délai, leurs responsabilités politiques dès leur intégration dans le corps préfectoral, diplomatique ou consulaire et en veillant à ce qu’ils comportent en toute Impartialité vis-à-vis de tous les Secrétaires régionaux des partis politiques, qu’ils soient au pourvoir ou dans l’opposition.  

La stricte conformation aux lois de la République en sortirait grandie. Les Secrétaires généraux des Comités de coordination, à l’intérieur comme à l’étranger, ne se comporteront plus comme des représentants de l’Etat et ne seront plus traités d’une manière privilégié par les Wollat/Gouverneurs, les Mootamads/Délégués, Las Ambassadeurs et les Consuls. Ce qui serait plus conforme à l’Esprit de la loi Républicaine.  

Nous adressons ces remarques amicales aux sages du parti au pouvoir et à sa direction, pour qu’il renforcent la Démocratie interne dans leurs structures, aux sages (dans le sensالحكماء – العقلاء) de l’opposition et de tout bord, pour qu’ils portent cette revendication mère des réformes démocratiques, ainsi qu’aux moins sages de tout bord. Cette Démocratie interne renforcée aura un impact inéluctable dans la démocratisation de la vie politique dans l’ensemble du pays.

 

Est-il permis de rêver…

Sujet à suivre..

Paris, le 28 janvier 2010

 

Aïd / Retornado Bi Idhni Allah, Ahabba Al Mouhibboun Wa Kariha Al Karihoun

Abdel Wahab Hani

 

awhani@yahoo.fr

                   +33 6 17 96 00 37          +33 6 17 96 00 37


Mort de Larbi Belkheir, grand « décideur » de l’ombre en Algérie


AFP, le 29 janvier 2010 à 16h04 ALGER, 29 janvier (Reuters) – Le général en retraite Larbi Belkheir, un des grands « décideurs » de l’ombre durant des décennies en Algérie, est mort jeudi à l’âge de 72 ans. Belkheir fait partie de ces officiers qui formaient le socle du régime algérien depuis l’indépendance, en 1962, et qui ont disparu peu à peu ces dernières années. Ancien combattant de la guerre d’Algérie, Belkheir a été le principal conseiller du président Chadli Benjedid, de 1979 à 1992, puis du président Abdelaziz Bouteflika, de 1999 à 2004. En 1991, lors de l’émergence des islamistes du Front islamique de salut, il était ministre de l’Intérieur. Il a contribué à leur couper la voie du pouvoir en annulant le second tour d’élections législatives pluralistes qu’ils s’apprêtaient à remporter en janvier 1992. Cette initiative, accompagnée de l’éviction de Chadli Benjedid par un Conseil d’Etat coopté par l’armée, allait déclencher une insurrection islamiste armée qui s’est soldée par quelque 200.000 morts. « Durant au moins trois décennies, Belkheir a joué un rôle de premier plan dans la vie politique de l’Algérie, notamment en trouvant des terrains d’entente entre militaires et civils », rappelle l’analyste algérien Mahmoud Belhimer. Ces dernières années, il occupait le poste d’ambassadeur d’Algérie à Rabat mais son influence avait décliné, même si on faisait encore appel occasionnellement à ses talents de médiateur. L’ancien général a succombé à des problèmes respiratoires et devait être enterré ce vendredi aux côtés des grandes figures nationalistes algériennes au « carré des martyrs » du cimetière d’El Alia, à la périphérie est d’Alger. Selon l’écrivain et analyste politique Abed Charef, sa mort porte un coup à la cohésion des « décideurs » de l’armée et des services de sécurité qui passent pour gouverner dans l’ombre le pays.  


L’Italie envisage comme la France d’interdire la burqa


Reuters, le 29 janvier 2010 à 16h23 ROME, 29 janvier (Reuters) -L’Italie pourrait interdire prochainement le port du voile islamique intégral, objet d’un débat en France où les parlementaires envisagent de voter une résolution ou une loi en ce sens. Le gouvernement italien entend suivre la voie prise par la France et donner un nouveau souffle à quatre textes en circulation dans des commissions parlementaires, a déclaré cette semaine la ministre de l’Egalité des chances, Mara Carfagna. « J’adhère complètement à l’initiative française, dont je pense qu’elle va inciter d’autre pays européens, comme l’Italie, a adopter des lois sur cette question », a-t-elle dit. « Il s’agit d’une sacro-sainte lutte pour défendre la dignité et les droits des femmes immigrées », a-t-elle souligné. « Une loi est examinée pour interdire le port de la burqa ou du niqab qui ne sont pas des signes religieux – ce n’est pas nous qui le disons mais les hautes autorités religieuses du monde islamique, comme les imams au Caire ou à Paris. » En Italie, l’idée est notamment soutenue avec force depuis plusieurs mois par la Ligue du Nord, parti d’extrême droite membre de la coalition du gouvernement de Silvio Berlusconi. Quelques figures de l’opposition y sont également favorables. De petites localités du nord du pays ont déjà interdit par décret le port du voile intégral, mais certains textes ont été abrogés plus tard. De récents sondages montrent que les Italiens y sont largement favorables. Comme en France, le débat porte cependant sur la pertinence de légiférer. Certains redoutent les effets non désirés d’un nouveau texte dans la lutte pour l’émancipation de la femme. D’autres font valoir qu’il est déjà interdit d’apparaître visage masqué en public, aux termes de la loi antiterroriste de 1975. REUTERS


Ekin Deligöz, députée allemande en lutte contre le port du voile


AFP, le 29 janvier 2010 à 09h32 Par Yannick PASQUET BERLIN, 29 jan 2010 (AFP) – Une députée allemande d’origine turque poursuit, malgré les menaces de mort, sa croisade pour inciter les musulmanes vivant en Allemagne à retirer leur voile, cependant qu’un vif débat est en cours en France sur le port du voile islamique intégral dans les services publics. « Mon intention, c’était de lancer un appel aux femmes en leur disant de prendre leur destin en main », explique à l’AFP Ekin Deligöz, vice-présidente du groupe parlementaire Les Verts. « Le mouvement féministe est fondé sur ce principe : vous les femmes, vous devez vous élever pour vos droits ! ». Le 15 octobre 2006, dans l’édition dominicale du quotidien le plus lu en Europe, Bild, elle s’adresse aux immigrées vivant en Allemagne, en majorité d’origine turque. « Vivez avec votre temps, soyez vraiment en Allemagne », écrit-elle. « Vous vivez ici, alors retirez votre voile ! Montrez que vous avez les mêmes droits en tant que citoyens et en tant qu’êtres humains que les hommes ! » Moins d’un an après « l’affaire » des caricatures de Mahomet publiées dans un journal danois, l’indignation du monde musulman ne demande qu’à se réveiller. Pluie de courriels injurieux. En Turquie, la presse se déchaîne. « Honte pour l’humanité ! », titre un quotidien. Elle est menacée de mort. La responsable politique, qui fut l’une des premières députées d’origine turque élues en Allemagne, est placée sous protection 24 heures sur 24, comme sa famille. « 90% des courriels que j’ai reçus venaient d’hommes et étaient très offensants », souligne-t-elle. « Les réactions ont été disproportionnées, c’est une bombe qui a explosé à ce moment-là ». Trois ans et demi plus tard, assise dans son bureau fonctionnel du Bundestag, Ekin Deligöz ne désarme pas : « Si c’était à refaire, je le referais ». Mini-jupe et Doc Martins aux pieds, cette femme de 38 ans est elle-même musulmane, issue de la communauté alévie. Cette minorité constitue entre 10% et 25% de la population turque, et les femmes ne sont pas voilées. Arrivée à l’âge de huit ans en Allemagne, Ekin Deligöz a obtenu la nationalité allemande en 1997, un an avant son élection au Bundestag. « Je vois dans le port du voile un symbole politique », explique-t-elle. « C’est le signe d’une domination patriarcale et masculine qui se définit par le fait que les femmes sont soumises ». Plusieurs Allemandes d’origine turque mènent ce combat, souvent au péril de leur vie. L’avocate Seyran Ates, qui vient notamment en aide à des jeunes filles menacées de mariage forcé en Allemagne, a vu ainsi les menaces de mort se multiplier après la publication de son dernier livre « L’islam a besoin d’une révolution sexuelle ». Elle refuse désormais les entretiens, arguant du fait qu’elle s’est retirée de la vie publique. « Nous ne devons plus accepter les justifications religieuses au service de la séparation des sexes et qui désignent la femme comme +l’autre sexe+, le sexe faible, qui a moins de valeur et qui est tentateur », écrivait-elle encore en octobre dans un magazine allemand. Pourtant, admet Ekin Deligöz, retirer son voile ne signifie pas la fin des problèmes pour les femmes. « Le voile, c’est la partie émergée de l’iceberg », affirme celle qui dénonce aussi les violences conjugales ou l’absence totale de libertés pour certaines jeunes filles musulmanes. Elle prône aussi l’interdiction du voile dans le système scolaire, qui n’est pas du ressort du gouvernement fédéral. Plusieurs Etats régionaux, dont trois des plus grands (la Rhénanie du nord-Westphalie, la Bavière et le Bade-Wurtemberg), interdisent le port du voile pour les enseignantes. AFP
 

Egypte: des étudiantes disent porter le niqab pour être respectées


 

 
AFP, le 29 janvier 2010 à 09h30 Par Mona SALEM LE CAIRE, 29 jan 2010 (AFP) – Indifférentes aux efforts du pouvoir et de certaines autorités islamiques pour restreindre l’usage du voile intégral, des étudiantes de l’université du Caire portant le niqab y voient « une obligation religieuse », qui les protège de surcroît du harcèlement. « C’est essentiellement pour éviter les harcèlements dans la rue et dans les transports que je mets un niqab », le voile noir qui ne laisse paraître que les yeux, affirme Marwa Mohamed, 19 ans, qui étudie le droit et veut être avocate. Si les circonstances changeaient, et si elle n’était plus soumise à ce harcèlement, se débarrasserait-elle de son niqab?. La réponse est négative. « Le niqab me procure le respect, les gens me regardent d’un oeil différent », assure-t-elle. Et d’ajouter avec un sourire que l’on devine dans ses yeux bordés de khôl et dans sa voix: « de toutes façons, qu’est-ce qui va changer? Le coût de la vie? Le chômage, ou encore les prix inabordables des logements? ». « Tant que les jeunes n’ont pas les moyens financiers pour se marier, les harcèlements se poursuivront », estime l’étudiante. Le hijab, voile qui couvre la tête et le cou mais laisse apparaître le visage, est généralement décrit par les oulémas musulmans comme un devoir religieux pour les femmes. Ce n’est pas le cas du niqab, que de hautes autorités religieuses égyptiennes ne voient pas comme une obligation. L’imam de la prestigieuse institution sunnite d’Al-Azhar, cheikh Mohammed Sayyed Tantaoui, avait déclenché un vif débat en octobre dernier en déclarant que « le niqab n’est qu’une tradition » qui n’a « pas de lien avec la religion ». Mais ces étudiantes se disent convaincues de se conformer à un précepte intangible et répètent ce qui semble être devenu leur slogan: « Bien sûr, le niqab est une obligation ». « Surtout dans les périodes, comme celle que nous vivons actuellement, où le harcèlement sexuel est devenu courant », s’efforce d’expliquer Aya, une étudiante en littérature arabe de 18 ans, qui porte le niqab depuis trois mois. La justice égyptienne vient de donner gain de cause à ces étudiantes en suspendant les décisions de plusieurs universités -y compris celle dépendant  d’Al-Azhar- interdisant ou restreignant le port du voile lors des examens ou dans les cités universitaires. Le pouvoir ainsi que certains milieux religieux s’inquiètent de voir le niqab refléter la progression d’un islam intégriste d’inspiration salafiste, dans une société déjà très conservatrice. Des raisons d’ordre public sont aussi avancées: risque de fraude sur l’identité de la personne, de tricherie aux examens, problèmes d’identification d’auteurs de vols etc. Certains responsables universitaires avaient même repris l’argument de la protection de la pudeur, en affirmant que des hommes cherchaient à s’introduire dans les résidences des étudiantes en portant un niqab. Mais pour ces jeunes étudiantes, le pouvoir cherche, en voulant restreindre l’usage du niqab, à donner une image irréelle du pays. « Le gouvernement veut interdire le port du voile pour imiter les Américains et les étrangers, pour dire que l’Egypte est un pays moderne et développé comme si du jour au lendemain nous allions devenir les Etats-Unis d’Egypte », lance Fatma Nasser, de la faculté des Lettres. La tenue stricte de Leila Mahmoud, 18 ans, qui fait des études de langue arabe, ne l’empêche pas de rêver d’un avenir professionnel. « Une diplômée portant le niqab peut-elle être acceptée comme journaliste? », demande-t-elle. Et de répondre d’elle-même: « C’est sans doute difficile ». AFP

 

 

Home – Accueil الرئيسية

 

أعداد أخرى مُتاحة

Langue / لغة

Sélectionnez la langue dans laquelle vous souhaitez lire les articles du site.

حدد اللغة التي تريد قراءة المنشورات بها على موقع الويب.