Tunisie/troubles: les demandeurs
d’emploi tunisiens bienvenus en Libye (Kadhafi)
D’après AFP 29/12/2010 à 10:42:56
Tunisie: le PDP réclame la démission des
ministres de l’Intérieur et de la Communication
Tunisie: départ du ministre de la Communication après des troubles sociaux
Tunisie: le ministre de la Communication limogé
Tunisie : appel au calme du président Ben Ali
Tunisie: Ben Ali dénonce les « extrémistes »
Depuis plusieurs jours, la Tunisie est secouée par des troubles sociaux. Mardi soir, le président Zine El Abidine Ben Ali a dénoncé les agissements d’une « minorité d’extrémistes« . Ce sont deux suicides qui ont mis le feu aux poudres dans un pays d’ordinaire relativement calme.
Le premier s’est immolé par le feu, le second s’est électrocuté. Mohammed Bouazizi, un jeune vendeur ambulant de fruits et légumes, voulait dénoncer la confiscation de sa marchandise par les autorités. Il a survécu à sa tentative de suicide mais, grièvement brûlé, il demeure dans un état critique depuis le 17 décembre. Houcine Néji, chômeur et jeune lui aussi, s’est tué le 22 décembre en montant sur un pylône électrique. Il semble qu’il voulait dénoncer le chômage et le manque de perspectives pour les jeunes Tunisiens. Ces deux drames, qui se sont produits dans la région de Sidi Bouzid, dans le centre du pays, ont engendré une vague de manifestations qui s’est étendue à de nombreuses villes.
Ne pas faire fuir investisseurs et touristes
Vendredi dernier, à Menzel Bouzayane, commune proche de Sidi Bouzid, un manifestant a même été tué par la police, aggravant encore les tensions. Dimanche, un troisième jeune chômeur s’est suicidé. Même si le gouvernement nie que la situation sociale soit seule à l’origine des actes désespérés, l’ampleur des manifestations, qui ont atteint la capitale Tunis lundi, a contraint le président Zine El Abidine Ben Ali à réagir.
Le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 23 ans,s’est montré ferme dans une allocution, mardi soir. « Qu’une minorité d’extrémistes et d’agitateurs à la solde d’autrui et contre les intérêts de leur pays ait recours à la violence et aux troubles dans la rue comme moyen d’expression est inacceptable, quelles que soient leurs formes, dans un Etat de droit », a-t-il déclaré. « C’est un aspect négatif qui donne une image déformée de notre pays et entrave l’afflux des investisseurs et des touristes, ce qui se répercute sur les créations d’emploi, alors que nous en avons besoin pour réduire le chômage », a poursuivi le président.
Mais Ben Ali semble également avoir compris qu’il ne pouvait pas totalement nier la colère de la rue. Avant son intervention télévisée, le président tunisien a ainsi rendu visite à Mohammed Bouazizi au service réanimation de l’hôpital de Ben Arous, près de Tunis,rapporte le quotidien La Presse de Tunisie. Mardi soir, il a aussi déclaré comprendre « le sentiment de tout chômeur, en particulier lorsque sa quête d’un emploi se prolonge, que ses conditions sociales sont difficiles et que sa structure psychologique est fragile, ce qui peut le conduire à recourir à des solutions désespérées pour attirer l’attention sur sa situation ». Des investissements pour l’emploi ont également été annoncés. Pas sûr que cela suffise à calmer l’opposition. Le Parti démocrate progressiste, par exemple,réclame des investigations sur les violences policières durant la crise et dénonce « un black-out de l’information » à Sidi Bouzid.
Mercredi 29 Décembre 2010
(Source: « le Journal du Dimanche » le 29 decembre 20109
HALTE A LA REPRESSION EN TUNISIE RASSEMBLEMENT DE PROTESTATION DEVANT LA FONTAINE AUX INNOCENTS,
métro « Les Halles / Chatelet.
JEUDI 30 décembre à 18h.
Soyons nombreux et nombreuses.
Le vendredi 17 décembre 2010 a démarré un mouvement de protestation à Sidi Bouzid dont le déclenchement fut un évènement grave : un jeune chômeur qui a eu recours pour faire vivre sa famille à la vente ambulante de fruits et légumes s’est vu interdire cette activité par les autorités et s’est immolé par le feu.
Par cet acte de désespoir, il voulait signifier qu’il ne restait aucun espoir pour vivre dans la Tunisie des « miracles » économiques, dont le résultat est un chômage endémique qui touche aujourd’hui en particulier la jeunesse, sans épargner aucunement les titulaires d’un diplôme supérieur.
A partir de ce moment, ce sont d’importantes manifestations de jeunes chômeurs, de précaires et de travailleurs qui sont descenduEs dans la rue. De nombreuses villes des alentours de Sidi Bouzid ont rejoint le mouvement dans un premier temps, puis des villes du nord au sud du pays jusque la capitale, Tunis, ont donné à ce mouvement un caractère de ras-le-bol généralisé contre le chômage, la cherté de la vie, la corruption, l’injustice des politiques sociales et économiques qui se sont étendue à toutes les régions de la Tunisie. Les slogans les plus répandus y mettent en cause directement la légitimité du pouvoir et de l’administration.
Le régime tunisien dans une attitude caractérisée par l’autisme a refusé d’entendre ces cris de désespoir. Sa seule réponse à ce mouvement pacifique dans un premier temps a été l’utilisation des forces de répression. Il en est résulté la mort par balles d’un jeune de 18 ans, et de nombreux blessés.
Le président Ben Ali s’est adressé à la population, ce mardi 28 décembre, reconnaissant pour la première fois la gravité de la crise et des souffrances qui frappent les couches les plus larges de la population. La manière inédite qu’il a choisi pour répondre aux évènement montre clairement que l’ampleur du mouvement ébranle sérieusement le pouvoir. Pourtant, aucune mesure concrète et crédible n’y est annoncée, et –surtout– le Président y formule des mises en garde claires contre les « manipulateurs », les « mercenaires » et les « media étrangers » qui seraient à l’origine des troubles. L’élément le plus concret de son discours est une menace inquiétante et à peine voilée aux journalistes et à la presse indépendante, aux associatifs, syndicalistes et militants politiques autonomes engagées dans le soutien à la population.Les arrestations se sont ensuite multipliées. A l’issue d’un sit-in des avocats à Tunis, maîtres Raouf El Ayadi et Choukri Belaïd ont été arrêtés, dans la soirée du mardi 28 décembre avant d’être libérés ce mercredi matin. Ammar Amroussia, porte parole du PCOT et correspondant du site albadil.org, a été arrêté ce matin à Gafsa pour ses publications et ses déclarations dès le début de ce mouvement de colère des déshérités ; ainsi qu’Attia Athmouni, porte parole du comité de soutien de sidi bouzid et membre du pdp et le journaliste Mouldi Zouabi.Les autorités tunisiennes n’ont pas hésité comme à l’accoutumée à fermer les derniers espaces de liberté de la presse en empêchant la distribution des seuls journaux indépendant : El Tarik el Jadid et El Mawkef et en menant une campagne de dénigrement contre la chaine d’El Jazira qui a couvert les évènements et organisé des débats contradictoires incluant un ministre en exercice. Ce mouvement contestataire est soutenu par de nombreux tunisiennes et tunisiens, par les partis politiques indépendants du pouvoir par les associations démocratiques; les avocats ont organisé des rassemblements de soutien dans plusieurs villes.
Nous soutenons ce mouvement populaire contestataire et autonome auquel la jeunesse participe en très grand nombre.
Ø Nous dénonçons cette attitude qui ne répond pas à la dégradation sans précédent des conditions de vie dans le pays bien loin des « miracles » tant vantés par les officines de la propagande du régime.
Ø Nous appelons à la libération de tous les emprisonnés de ce mouvement et de ceux qui l’ont précédé
Ø Nous appelons à une réelle prise en compte de la précarité qui touche des pans entiers de la société.
Ø Nous réclamons que les responsables de la répression soient traduits en justice.
Ø Nous demandons aux autorités exécutives françaises et européennes de prendre position et de s’exprimer publiquement et promptement sur la répression en cours en Tunisie et de recevoir une délégation du collectif. Leur silence vaudrait complicité voire approbation et chacun saurait s’en souvenir.
Ø Nous réclamons comme ce fut scandé dans les manifestations : « du travail pour tous », « une répartition des richesses entre tous et toutes », « l’arrêt de la corruption et du népotisme ».
Solidarité totale avec les populations en lutte pour la satisfaction de leurs revendications.
Premiers signataires :
AC ! – ACHR – ACORT – AFASPA – AMF – ASDHOM – ATF- ATF Paris – ATMF – ATTAC – CEDETIM – CISA – CNT – Comité National de Soutien au Mouvement du Bassin minier – Courant Nationaliste Progressiste – CORELSO – CPR – CRLDHT – Etoile Nord Africaine – Europe Ecologie Les Verts – FASE (Fédération pour une alternative Sociale et Ecologique) – FDLT (Forum démocratique pour la liberté et le Travail) – FTCR – Les Alternatifs – LUTTE OUVRIERE -Manifeste des Libertés – Mouvement Nahdha – Mouvement Tajdid France – MRAP – NO-VOX – NPA – PCF – PCOF – PCOT – PDP – PG – SOLIDAIRES – Solidarité Tunisienne – UTIT – Voie Démocratique Maroc – Voix Libre
Collectif de Solidarité avec les Luttes des Habitants de Sidi Bouzid
C/o FTCR- 5 Rue de Nantes 75019 Paris – tel 00 33 1 40 34 18 15 – ftcr@ftrcr.eu
C.R.L.D.H. Tunisie
اللجنة من أجل احترام الحريات وحقوق الإنسان في تونس
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
Membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme
21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS – Tel/Fax : 00.33.(0)1.43.72.97.34
crldht@gmail.com / www.crldht.org
TUNISIE : SIDI BOUZID
L’ÉLARGISSEMENT DE LA RÉSISTANCE À L’OPPRESSION
Douze jours après le début des mouvements pacifiques
de protestation sociale, M. Ben Ali campe sur ses positions et menace
la « minorité d’extrémistes et d’agitateurs à la solde de l’étranger ;
qui œuvrent contre les intérêts de leur pays … et qui donnent une image déformée de la Tunisie »
Plusieurs nouvelles arrestations dont celles de Me Atiya Athmouni et Ammar Amroussia
Les domiciles de plusieurs militants, défenseurs et journalistes sont encerclés par la police.
Cela fait maintenant près de deux semaines que les habitants de SIDI BOUZID se « battent », mains nus, dans la rue pour le droit au travail, à la dignité, à l’égalité du développement et au droit inaliénable à une répartition équitable des richesses du pays.
Contrairement à ce qui s’est passé il y a quelques mois à Ben Guerdane, ou il y a deux ans à Gafsa-Redeyef, beaucoup d’autres villes tunisiennes (Gabès, Sfax, Kasserine, Bizerte, Sousse, Tunis Mednine, Gafsa etc.) ont courageusement exprimé, dans la rue, leur solidarité avec la population de Sidi Bouzid, non sans reprendre à leur compte les principaux mots d’ordre scandés par leurs concitoyens :
« Le travail est un droit, bande de voleurs » ;
« À bas le parti du Destour, à bas les bourreaux du peuple » ;
« Travail, Liberté, Justice sociale » ;
« Non, Non aux « Trabelsi », pilleurs des deniers publics », etc.
Face à ces revendications légitimes, les autorités, fidèles à leur réflexe sécuritaire pavlovien, n’ont pas hésité à tirer à balles réelles sur les manifestants, faisant un mort parmi eux, en la personne de Mohamed AMÂRI, lequel décès vient, hélas, s’ajouter à l’immolation par le feu de Mohamed BOUAZIZI et le suicide par électrocution du jeune Houcine FALAH NAJI.
C’est ainsi que le pouvoir tunisien « accueille » les doléances des déshérités et autres sans-culottes des temps modernes en Tunisie, démontrant son incapacité à faire face aux problèmes structurels (chômage massif notamment le chômage des jeunes diplômés, pauvreté galopante, enrichissement frauduleux des familles régnantes, corruption, etc.) qui gangrènent le pays depuis des dizaines d’années. Le discours donné ce soir à la télévision nationale par M. Ben Ali qui reprend l’antienne éculée, mille fois ressassée de la minorité de comploteurs de l’étranger qui menacent les intérêts économiques de la Tunisie illustre l’autisme officiel face à des revendications légitimes.
La multiplication des arrestations, l’imposition d’un siège militaire à la ville de SIDI BOUZID, le pillage des étals des commerçants par les forces du « désordre », la violation flagrante de la liberté de la presse en empêchant les seuls journaux réellement indépendant : El mawkef et Ettarik El Jadid, en intimidant les journalistes de Radio Kalima et en organisant une campagne contre la chaine El Jazira, ajoutée à la désinformation orchestrée par les médias officiels et semi-officiels qui , ainsi que l’indifférence et le mépris qu’on a pu entendre dans la bouche des ministres et des députés du régime, l’arrestation de Atiya Elathmouni porte parole de comité soutien à Sidi Bouzid et du militant politique Amar Amroussia à Gafsa sont autant des preuves irréfutables d’un « divorce » désormais consommé entre peuple de Tunisie et ceux qui le gouverne, et qui ne se maintiennent au pouvoir que par la violence illégitime, les procès fabriqués, le mensonge et l’intoxication…
En présence de ces deux Tunisie : celle qui crie sa misère et qui revendique haut et fort la dignité et la liberté, et celle qui réprime, assassine, torture, et érige la corruption et l’oppression en système de gouvernement nauséabond, le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), se range presque instinctivement aux côtés des déshérités et des combattants pour la liberté et la dignité, et leur exprime non plus seulement sa solidarité, mais son entière et inconditionnelle adhésion !
Le CRDLHT,
Exige le respect du droit au travail pour tous les tunisiens, surtout pour tous les jeunes
et soutient la lutte des chômeurs diplômés
Ø Exige la libération sans délai de toutes les personnes arrêtées,
Ø Souscrit à la demande de la LTDH exigeant la mise en place d’une commission d’enquête indépendante et impartiale en vue de faire toute la lumière sur les événements,
Ø Exige le respect, par les autorités, des libertés d’informer et de manifester pacifiquement.
Le CRLDHT
Paris le 28/12/2010
Collectif de la Communauté Tunisienne en Europe :
Vive le droit à manifester pacifiquement ! Manifester n’est pas un crime ! Réprimer les manifestations est un crime et une violation du droit du peuple à exprimer pacifiquement ses sentiments et ses opinions!
Que retenir à l’heure où les maifestations continuent à se propager comme un traînée de poudre à travers tout le pays? Le peuple, et les citoyens, sont en passe de conquérir au prix du sang un droit fondamental : celui de manifester pacifiquement malgré les forces répressives, et leur usage criminel du feu contre des citoyens innocents. Le droit à manifester est un droit naturel exercé de fait dans la plupart des pays du monde, y compris dans des pays réputés distatoriaux. Il n’y a guère qu’en Chine ou dans quelques autres dictatures, pour ne pas tolérer le droit à manifester, et à la réprimer dans le sang. Il n’y a guère que dans la Tunisie du changement et des droits de l’homme de Ben Ali où il est strictement interdit de manifester pacifiquement sous peine de se faire tirer dessus par l’arme à feu. Les jeunes sont sortis pour dire leur droit à la vie, à la dignité et la première des dignités est de manifester pacifiquement pour le dire. Ce droit est en passe de devenir un fait réel, conquis de haute lutte, malgré et grâce au sang qui coule, au terrorisme policier, aux violations des domiciles, aux arrestations, aux tortures routinières… Faisons de ce droit à manifester pacifiquement le point de ralliement pour fédérer les militants en dehors de toutes opinions, tendances ou susceptiblités. Faisons de ce droit notre mot d’ordre surtout pour notre peuple, pour ces jeunes, pour les assurer de notre soutien, de notre accompagnement de leur intifada pour le droit à la vie et le droit à la dignité. Le droit à manifester pacifiquement est notre mot d’ordre légitime, indispensable et incontournable si l’on veut desserer l’étau de la dictature sur notre peuple. C’est pourquoi nous nous adressons aux partenaires de la Tunisie et aux instances des Nations-Unies pour qu’elles assument leurs responsabilités quant aux crimes qui sont en train d’être commis par les forces sécuritaires, policières et militaires contre le peuple tunisien. Nous leur demandons d’exiger le respect du droit à manifester pacifiquement en Tunisie, un droit élémentaire pour un Etat civilisé, un droit reconnu et appliqué dans presque tous les pays du monde, sauf dans le pays du miracle économique qui pousse le peuple au suicide et l’explosion. Vive le droit à manifester pacifiquement! Vive la lutte pacifique du peuple tunisien pour son droit à la vie ! A bas la repression criminelle du régime maffieux de Carthage ! Signé : le Collectif de la Communauté Tunisienne en Europe, CCTE, Paris, le 29 décembre 2010
Communiqué du Collectif de la Communauté Tunisienne en Europe :
Le CCTE vient d’apprendre que l’avocat Me Rabeh Kraïfi, membre du bureau du PDP vient d’être victime d’une agression sauvage perpétrée par la police à Jendouba près (ou dans?) les locaux de l’UGTT. Me Kraïfi a été atteint à la tête et au corps, ce qui a nécessité son transfert à l’hôpital. Il a été agresssé une première fois lors d’un rassemblement organisé par les avocats de la région. Le CCTE exprime sa solidarité avec Me Kraïfi, et tous les valeureux militants en ces heures historiques. Lutte jusqu’à la victoire! Paris, le 29/12/2010 Contact de Me Kraïfi : Tel. Mobile : +21697474061.
TUNISIE – Mouvement de Sidi Bouzid : interpellation de deux journalistes
Le correspondant de Radio Kalima à Jendouba, Mouldi Zouabi, a été arrêté vers 10h45 (heure locale) devant le Palais de justice de Jenouba (150 km à l’ouest de Tunis). Sihem Bensedrine, directrice de Radio Kalima, a déclaré à Reporters sans frontières : « Mouldi a pu m’appeler quand il était au commissariat. Il criait ‘Ils m’ont frappé, ils m’ont arraché mes lunettes’. Et depuis, plus rien ». Le journaliste était venu couvrir le rassemblement organisé par les avocats de Jendouba, devant le Palais de justice de la ville. Ce rassemblement s’inscrivait dans le cadre du vaste mouvement de contestation sociale qui agite la Tunisie depuis le 18 décembre dernier. Au moins trois avocats, Me Rebah Kheraifi, Me Hedi Mena’i, Me Saïd Mechichi, ont été agressés par des policiers dans l’enceinte même du tribunal. D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières, le Palais de justice est toujours encerclé par les forces de l’ordre. Personne ne peut ni entrer ni sortir. Ammar Amroussia, correspondant du journal El-Badil, a quant à lui été violemment arrêté à Gafsa (400km au sud de la capitale) par des policiers en civil, vers 9h30 ce 29 décembre, alors qu’il s’occupait de la boutique de Afef Bennaceur, femme du journaliste Fahem Boukadous, incarcéré depuis le 15 juillet dernier. La veille, il avait pris la parole au cours d’un rassemblement. Ammar Amroussia, militant politique, a perdu son travail d’instituteur en 1997. Il collabore au journal interdit El Badil (Alternative) proche du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (illégal). Le 28 décembre, à Tunis, deux avocats, Me Abdelraouf Ayadi et Me Shoukri Bel’Eid, ont été interpellés au cours du rassemblement organisé par des membres du barreau de Tunis. Ils ont été libérés le 29 au matin. Reporters sans frontières réitère sa condamnation du black-out de l’information sur Sidi Bouzid, dans le centre-ouest de la Tunisie, qui connaît de graves troubles sociaux depuis le 17 décembre 2010, empêchant l’accès de la ville aux journalistes étrangers et tunisiens, n’hésitant pas à recourir à l’usage de la violence (lire :http://fr.rsf.org/tunisie-black-out-organise-de-l-28-12-2010,39168.html)
TUN 002 / 2812 / OBS
Tunisie – 28 décembre 2010
L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante enTunisie.
Description de la situation :
L’Observatoire a été informé de l’enlèvement dont ont été victimes les avocat Me Abderraouf Ayadi, responsable juridique du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT), et Me Chokri Belaïd ainsi que des violences commises à l’encontre du secrétaire général de cette même organisation, M. Abdelkader Ben Khemis.
Selon les informations reçues, le 28 décembre 2010, vers 17 h, Me Abderraouf Ayadi a été brutalisé et enlevé devant son domicile. Alors qu’il se trouvait chez lui, six hommes en civil ont frappé à sa porte, prétextant un accident de circulation. Ils se sont ensuite rendu sur les lieux de « l’accident », et Me Ayadi a alors été frappé puis forcé à rentrer dans un véhicule par plusieurs individus. Ses deux jeunes fils, témoins de la scène, ont été violemment repoussés et aspergés de gaz lacrymogène alors qu’ils tentaient d’appeler à l’aide.
D’autre part, Me Chokri Belaïd a été arrêté dans la rue par des individus en civil alors qu’il rentrait chez lui.
Nous n’avons reçu aucune nouvelle des deux avocats depuis leur enlèvement.
Un peu plus tôt dans la journée, Me Ayadi et Me Belaïd avaient pris la parole dans le cadre d’une manifestation d’avocats, organisée devant le palais de justice de Tunis, en lien aux mouvements sociaux en cours dans le pays. Les avocats demandaient à ce que lumière soit faite sur les incidents qui ont entachés lesdits mouvements, au cours desquels plusieurs personnes ont trouvé la mort.
Par ailleurs, lors d’une manifestation au Kef, M. Abdelkader Ben Khemis, secrétaire général du CNLT, aurait été frappé par des policiers en civil.
L’Observatoire condamne fermement l’enlèvement de Me Ayadi et Me Belaïd, et considère que cela constitue une violation du droit d’expression et du droit à manifester, et appelle à ce qu’il soit relâché immédiatement. Ces événements sont préoccupants en ce qu’ils s’inscrivent dans un contexte de harcèlement systématique à l’encontre des voix critiques.
L’Observatoire demande aux autorités tunisiennes de :
· Prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires pour localiser Me Abderraouf Ayadi et Me Chokri Belaïd et garantir leur libération immédiate;
· Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de Me Abderraouf Ayadi et Me Chokri Belaïd;
· Se conformer aux points 1 et 2 de l’article 12 de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, selon lesquels « Chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de participer à des activités pacifiques pour lutter contre les violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales » et que « l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration »;
· Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie.
Adresses :
· M. Zine el-Abidine Ben Ali, Président de la République, Palais de Carthage, 2016 Carthage, Tunisie, Fax : +216 71 744 721 ou +216 71 731 009
· M. Mohamed Ghannouchi, Premier Ministre, Secrétariat Général du Gouvernement, Rue de la Kasbah, 1008 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 562 378
· M. Rafik Belhaj Kacem, Ministère de l’Intérieur et du Développement local, Avenue Habib Bourguiba, 1001 Tunis, Tunisie, Fax : ++ 216 71 340 888 ; Email :mint@ministeres.tn
· M. Kamel Morjane, Ministère de la Défense Nationale, Avenue Bab Mnara, La Kasbah, 1008 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 561 804
· M. Bechir Tekkari, Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, 57, Boulevard Bab Benat, 1006 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 568 106 ; Email : mju@ministeres.tn
· Ambassadeur de la Tunisie devant les Nations Unies à Genève, Mission permanente de la Tunisie auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, 58 Rue Moillebeau, Case postale 272, 1211 Genève 19, Suisse, Fax : +41 22 734 06 63 ; Email :mission.tunisia@ties.itu.int
· Ambassade de la Tunisie à Bruxelles, 278 avenue de Tervueren, 1150 Woluwe-Saint-Pierre, Belgique, Fax : + 32 2 771 94 33 ;
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Paris-Genève, le 28 décembre 2010
Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.
L’Observatoire, programme de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible.
L’Observatoire a été lauréat 1998 du Prix des Droits de l’Homme de la République Française.
Pour contacter l’Observatoire, appeler La Ligne d’Urgence :
· E-mail : Appeals@fidh-omct.org
· Tel et fax OMCT : + 41 22 809 49 39 / 41 22 809 49 29
· Tel et fax FIDH : 33 1 43 55 90 19 / 33 1 43 55 98 39
Un jeune du gouvernorat de Gafsa s’entaille la main et menace de se suicider
Assabilonline, Tunis A Sened dans le gouvernorat de Gafsa, le jeune Majid Ben Brahim s’est entaillé la main gauche avec un couteau au terme de sa rencontre avec des responsables au siège de la délégation. Il leur avait demandé du travail puisque le président de la République avait fait des promesses en ce sens, mais il n’a pas été entendu. Il a dû être conduit à l’hôpital où sa blessure a été refermée par quinze points de suture. A l’hôpital le jeune chomeur a continué de prévenir les médecins qu’il se suiciderait si on ne lui donnait pas d’emploi. De notre correspondant en Tunisie, Zouhaïer Makhlouf (traduction ni revue ni corrigée par l’auteur de la version en arabe, LT)
Comment un homme qui s’est immolé par le feu a déclenché une révolte en Tunisie
Un incident relativement mineur est devenu le catalyseur d’une vague de protestations qui pourraient provoquer la fin de la présidence de Zine El Abidine Ben Ali
: la révolte est en train de changer de nature
« La révolte citoyenne des jeunes chômeurs de luxe en Tunisie a ce mérite de froisser une image d’Epinal que «vend» le régime de Ben Ali »
La façade du régime autocratique de Ben Ali est en train de fissurer gravement. Alors que lors des émeutes de Gafsa de 2008, la dictature avait réussi à établir un cordon sanitaire avec le reste du pays, cette fois c’est impossible : Des manifestations de soutien aux habitants de Sidi Bouzid ont eu lieu ces derniers jours dans plusieurs villes dont la capitale, Sfax, Bizerte et Kairouan. Selon un journaliste du quotidien algérien El Watan « la révolte citoyenne des jeunes chômeurs de luxe en Tunisie a ce mérite de froisser une image. Une image clinquante d’un pays politiquement stable, économiquement prospère et socialement paisible, déclinée comme une belle carte de visite. C’est l’image d’Epinal que «vend» le régime de Ben Ali d’une Tunisie surfaite, à l’ombre de Sidi Bouzid, Gafsa et toutes ces localités de l’arrière-pays situées à mille lieues du faste de Hammamet, Sousse et Djerba. L’Algérie, elle, dispose d’une riche «expérience» à mettre à la disposition de nos voisins. Aux jeunes Maghrébins révoltés, leurs homologues algériens peuvent offrir tous les modes opératoires d’une émeute. Aux régimes marocain et tunisien, les services de sécurité algériens pourraient mettre à leur disposition un florilège de dispositifs répressifs. Pour cause, l’émeute sociale en Algérie est tellement chronique qu’elle fait partie de la vie nationale de tous les jours. Nos voisins tunisiens, eux, découvrent qu’ils ne peuvent indéfiniment tromper leur jeunesse par des slogans creux et des promesses sans lendemain ».
Le chômage des jeunes diplômés de l’université constitue un fléau :son taux atteindrait le double du taux de chômage global, estimé officiellement à 14%.
Le chômage, la cherté de la vie et le sentiment d’être laissés pour compte dans des régions défavorisées sont à l’origine de cette flambée de mécontentement. « Le taux de chômage élevé des diplômés universitaires, la hausse des prix des matières premières et le recours au secteur agricole seulement sont à l’origine des troubles », a estimé le président de la section régionale de la Ligue des droits de l’Homme, Raouf Nsiri. Le chômage des jeunes diplômés de l’université constitue un fléau en Tunisie contre lequel le gouvernement a été mis en garde par les institutions internationales dont le FMI. Son taux atteindrait le double du taux de chômage global, estimé officiellement à 14%. »La défaillance du modèle de développement, qui a provoqué une inégalité entre les régions, a débouché sur le fait que 90% de projets sont localisés dans les régions côtières et 10% dans les régions intérieures », affirme l’opposant Rachid Khéchana. Selon lui, cette « disparité s’est accentuée avec l’arrivée sur le marché de travail de plusieurs milliers de diplômés originaires de ces régions enclavées ».
Même Ben Ali ne peut cacher son « inquiétude », tout en dénonçant une « instrumentalisation politique »
Même Ben Ali ne peut cacher son « inquiétude », tout en dénonçant une « instrumentalisation politique » : Il cherche en minimiser l’ampleur en en faisant un « incident isolé » dont le point de départ serait « un cas social dont nous comprenons les circonstances et les facteurs psychologiques » ! Mais hier il a dû limoger le Ministre de la communication. Selon Selim Ben Hassen qui a créé le « mouvement citoyen » Byrsa il y a un an, les manifestations révèlent un malaise beaucoup plus profond. Jour après jour, les slogans scandés par les manifestants évoluent : « Depuis vendredi, ils ont pris une teneur politique : ils demandent plus de liberté d’expression, moins de corruption, alors qu’avant il s’agissait juste de dénoncer le haut taux de chômage. » D’autres bannières appellent le Président, au pouvoir depuis novembre 1987, à ne pas se représenter en 2014, alors qu’il en a l’intention ».
A partir d’une révolte sur le chômage, les mots d’ordre ont changé : « Libertés, libertés, pas de présidence à vie » et « Pas de succession ni de prorogation, nous sommes tous des Sidi-Bouzi » et en Arabe : لا توريث و لا تمديد كلّنا سيدي بوزيد
Pour lui la jeunesse tunisienne commence à vouloir défendre son droit à participer à la vie publique : « Je veux leur rappeler que c’est au peuple et seulement à lui de prendre son destin en main, dit-il le site de son mouvement. Qu’il est inutile d’attendre qu’un homme providentiel vienne les sauver de cette débâcle, que c’est un mythe et qu’il n’y a rien de pire qu’un peuple qui a attendu qu’on le sauve et qui ne s’est pas sauvé lui même. Mais ce que je peux dire aussi avec force, c’est qu’une autre Tunisie est possible et qu’elle est à portée de main, que cette Tunisie ne se construit pas avec des soupirs d’exaspération ou avec des complaintes, mais avec des actes concrets. Elle se construit quand chaque citoyen prend conscience qu’il doit s’investir dans la lutte, et y consacrer de son temps et de son argent. Quand cela sera compris, l’horizon sera plus clair, parce que malgré tout ce qu’on dit, aucune force ne peut résister à un peuple déterminé à reconquérir sa souveraineté. » Or, c’est ce qui se passe. A partir d’une révolte sur le chômage, les mots d’ordre ont changé :
« Libertés, libertés, pas de présidence à vie »
et «
Pas de succession ni de prorogation, nous sommes tous des Sidi-Bouzi »
et en Arabe :
لا توريث و لا تمديد كلّنا سيدي بوزيد
(Source: Nouvelobs.com le 29 decembre 2010)
Les émeutes se poursuivent en Tunisie La population en a ras-le-bol du régime Ben Ali
De l’UMA à l’«UME»
le 29.12.10 | 03h00 La révolte citoyenne des jeunes chômeurs de luxe en Tunisie a ce mérite de froisser une image. Une image clinquante d’un pays politiquement stable, économiquement prospère et socialement paisible, déclinée comme une belle carte de visite. C’est l’image d’Epinal que «vend» le régime de Ben Ali d’une Tunisie surfaite, à l’ombre de Sidi Bouzid, Gafsa et toutes ces localités de l’arrière-pays situées à mille lieues du faste de Hammamet, Sousse et Djerba. L’enfer d’un décor que des centaines de jeunes éructent depuis une semaine, pour signifier au gouvernement que «Tounes El Khadra» qu’il chante n’est pas visible dans la région ocreuse du Sud désertique. Qu’un jeune diplômé en arrive à s’immoler par le feu, désespéré de pouvoir trouver un boulot, est signe d’un profond malaise que les résidences cossues, les voitures rutilantes et le train de vie de la jet-set tunisoise ne peuvent cacher. Jadis insoupçonnable dans un pays pacifié par une main de fer dans un gant de velours, le recours à l’émeute confirme une tendance à la protestation de rue qui brave l’interdit officiel. Sidi Bouzid 2010 rappelle Gafsa en 2008. La peur semble avoir changé de camp. Et ce qui se passe en ce moment en Tunisie a été vérifié également à Sidi Ifni et dans d’autres localités isolées au Maroc. L’Algérie, elle, dispose d’une riche «expérience» à mettre à la disposition de nos voisins. Aux jeunes Maghrébins révoltés, leurs homologues algériens peuvent offrir tous les modes opératoires d’une émeute. Aux régimes marocain et tunisien, les services de sécurité algériens pourraient mettre à leur disposition un florilège de dispositifs répressifs. Pour cause, l’émeute sociale en Algérie est tellement chronique qu’elle fait partie de la vie nationale de tous les jours. Nos voisins tunisiens, eux, découvrent qu’ils ne peuvent indéfiniment tromper leur jeunesse par des slogans creux et des promesses sans lendemain. Un jeune désœuvré, qu’il soit algérien, marocain ou tunisien, est une bombe à retardement qui peut exploser à tout moment à la figure des gouvernants. Les événements de Sidi Bouzid en sont la meilleure preuve. Et c’est un terrible boomerang pour ces régimes chez qui la politique de la carotte et du bâton tient lieu de stratégie, voire de «bonne gouvernance». C’est manifestement dans le seul domaine du traitement des poussées d’adrénaline que les régimes des pays maghrébins sont d’accord. A défaut de concrétiser l’Arlésienne union maghrébine (UMA) en termes de prospérité et de développement, les autorités de ces pays sont en passe de donner naissance à une union maghrébine de l’émeute (UME). Loin du Sahara occidental et des révélations de WikiLeaks, la mal vie et le mal être des jeunes en Algérie, au Maroc et en Tunisie a un seul nom : incurie des régimes.
En Tunisie : « On ira très loin pour défendre nos droits »
Parti de la région de Sidi Bouzid contre le chômage, le mouvement des étudiants gagne Tunis pour exprimer un ras-le-bol plus large.
Mohamed Bouazizi s’est immolé[1], Houcine Neji s’est jeté sur un pylône électrique et Lotsi Guadri a plongé dans un puits. En l’espace de dix jours, ces trois jeunes Tunisiens ont tenté de se donner la mort, épuisés par leur difficulté à vivre dans un pays où les débouchés professionnels se font rares. Depuis le 17 décembre, les Tunisiens sont nombreux à descendre dans la rue pour manifester leur désarroi face au chômage qui les touche de plein fouet. Engagé par les jeunes diplômés de la région centrale de Sidi Bouzid[2], le mouvement a gagné Tunis le 25 décembre, où la répression policières’est également intensifiée[3]. (Voir une vidéo publiée sur Facebook)
Joint par téléphone mardi, un militant du mouvement d’oppositionByrsa[4], présent à Tunis, a affirmé que des personnes ont été arrêtées dans différents quartiers de la capitale. Des commerces ont été saccagés. A Sidi Bouzid, un civil a été tué par balle le 24 décembre après que la police a ouvert le feu.
Les manifestations sont très tendues, comme ici à Feriana, ville située près de la Libye. (Voir la vidéo)
« Les étudiants n’ont aucun débouché professionnel »
Professeur de civilisation américaine et sociologue à l’université de Caen, Taoufik Djelabi n’est pas surpris par la mobilisation croissante de la population. Cet enseignant tunisien, qui retourne chaque année dans son pays en tant que professeur invité, estime :
« C’était complétement prévisible. Les étudiants ont conscience qu’ils n’ont aucun débouché professionnel en Tunisie.
A chaque fois que je rentre en France, je reçois une multitude de demandes d’inscription de troisième cycle. »
En Tunisie, être diplômé n’est pas synonyme d’ascension sociale. Selon une étude réalisée par Carnegie Moyen Orient[5], les jeunes diplômés sont plus affectés par le chômage que la moyenne des Tunisiens : alors qu’il concerne 13,3% de la population, 21,1% des jeunes ayant obtenu une qualification sont sans emploi. Une situation que Taoufik Djebali s’explique facilement :
« Avant l’arrivé au pouvoir de Zine el-Abidine Ben Ali[6] en 1987, le nombre de diplômés était très limité. Le Président a réformé le système universitaire : il est maintenant très facile d’obtenir un diplôme. »
Selon lui, la démocratisation n’est pas une mauvaise idée, mais rien n’a été fait pour garantir à ces étudiants un emploi à la fin de leurs études. Résultat : alors que la Tunisie est saluée pour son développement économique[7], les jeunes sont très touchés par le chômage. Pour Meziane – le prénom a été modifié –, étudiant à l’université Manouba de Tunis, ce malaise n’est pas nouveau :
« Déjà en 2009, il est souvent arrivé que des étudiants protestent dans la faculté contre le manque de perspectives professionnelles. »
« Plus de liberté d’expression, moins de corruption »
Selim Ben Hassen a créé le « mouvement citoyen » Byrsa il y a un an. Ses membres participent aux manifestations. Pour lui, la tension n’est pas prête de redescendre :
« Les étudiants sont encore en vacances, mais lundi ils reprennent les cours. Je pense que les universités peuvent se soulever. »
Selon le chef de ce mouvement, les manifestations révèlent un malaise beaucoup plus profond. Jour après jour, les slogans scandés par les manifestants évoluent :
« Depuis vendredi, ils ont pris une teneur politique : ils demandent plus de liberté d’expression, moins de corruption, alors qu’avant il s’agissait juste de dénoncer le haut taux de chômage. »
D’autres bannières appellent le Président à ne pas se représenter en 2014, alors qu’il en a l’intention. Interrogé par Rue89, Yanis – le prénom a été modifié –, étudiant à la faculté de droit de Tunis, confirme :
« Je manifeste parce qu’il y a une injustice : on n’a pas de quoi manger pendant que d’autres ont une vie de luxe. Ces gens-là [au pouvoir] nous obligent à nous taire et mettent en prison ceux qui veulent contester leur pouvoir.
Quand Ben Ali est venu en 1987, il a dit qu’il voulait mettre fin à la présidence à vie… Ça fait vingt-trois ans qu’il est là et il veut continuer. Cette fois, on ne se taira pas. On ira très loin pour défendre nos droits. »
Depuis sa première victoire en 1987, Ben Ali a modifié la Constitution à plusieurs reprises, de manière à se maintenir à la tête du pays. En 1998, il a fait passer un amendement autorisant les candidats à effectuer un troisième mandat. En 2002, un autre leur permet de briguer un mandat jusqu’à l’âge de 75 ans. Le Président prépare déjà sa réélection pour 2014[8].
« Les richesses du pays, monopolisées par la famille de Ben Ali »
Jour après jour, la composition des cortèges est à présent plus diversifiée. Taoufik Djebali informe quedes avocats ont manifesté à Tunis et à Sidi Bouzid[9] pour soutenir les chômeurs. Premier problème selon le professeur : les fortes disparités économiques entre les différentes régions du pays, qui auraient pu être évitées :
« Depuis l’indépendance, les régions littorales ont reçu beaucoup plus d’investissements que celles de l’intérieur du pays.
Pour développer le tourisme, mais également car les deux présidents tunisiens, Bourguiba et Ben Ali, viennent de Monastir et de Sousse, en bord de mer. Ces régions ont été largement plus aidées que les autres. »
Selim Ben Hassen est plus direct :
« Les richesses du pays sont monopolisées par la famille du Président. Si vous souhaitez ouvrir la moindre petite boutique, il faut arroser d’argent le pouvoir pour qu’il vous laisse tranquille. Les Tunisiens en ont ras-le-bol. »
Le beau-frère du Ben Ali, Sakhr Materi[10], cristallise les frustrations des Tunisiens : propriétaire de la banque islamique Zitouna et de plusieurs concessions automobiles, il a également racheté le groupe de presse Dar Essabah, qui publie les deux principaux journaux du pays. En 2010, il a aussi acquis l’opérateur téléphonique Tunisiana.
Bientôt « le chaos » faute d’encadrement ?
Mais selon Taoufik Djebali, ces manifestations ne menacent pas le régime, installé au pouvoir depuis trop longtemps pour faire des concessions. Le Président est sorti de son silence le 28 décembre pour s’exprimer publiquement à ce sujet[11], entourant ses déclarations d’une grande mise en scène, se rendant au chevet du jeune supplicié de Sidi Bouzid et recevant la mère de ce dernier. Si Ben Ali assure que tout sera fait pour juguler le chômage, il n’est pas indulgent pour autant avec les manifestants. Il promet que « la loi sera appliquée durement » contre cette « minorité d’extrémistes et d’agitateurs à la solde d’autrui et contre les intérêts de leur pays [ayant] recours à la violence et aux troubles dans la rue comme moyen d’expression. » Taoufik Djebali redoute le durcissement de la mobilisation :
« Cela risque d’être le chaos car le mouvement n’est encadré par personne vu qu’il n’existe aucune véritable opposition politique en Tunisie. »
Le professeur a peur que cette contestation, qui arrive en plein vide politique, ne soit récupérée par les fondamentalistes. Al Jazeera a en effet diffusé le 28 décembre la réaction de Rached El Ghannouchi, chef historique du mouvement islamiste tunisien réfugié à Londres.
Illustration : la région de Sidi Bouzid, ici en rouge sur une carte de Tunisie (Wikimedia Commons[12]).
Les Tunisiens crient leur colère
Laura-Julie Perreault La Presse |
Lorsque les autorités lui ont confisqué les fruits et légumes qu’il vendait dans la rue pour nourrir sa famille, Mohamed Bouazizi a fait l’acte de protestation ultime. Le Tunisien de 26 ans s’est aspergé d’essence et s’est immolé devant le bureau de la préfecture de sa ville, Sidi Bouzid. Son acte de désespoir a fait naître un mouvement de protestation qui secoue la Tunisie.
Depuis la tentative de suicide à laquelle a survécu le jeune homme malgré de graves brûlures, les manifestations se multiplient dans le pays d’Afrique du Nord, beaucoup plus connu pour ses plages et son mode de vie à l’occidentale que pour les épisodes de mobilisation de sa population.
L’immolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre a été immédiatement suivie de premières manifestations à Sidi Bouzid, ville qui se trouve à quelque 250 km de la capitale.
Cinq jours plus tard, un autre jeune homme, Hsine El Fehli, est monté dans un pylône électrique et s’est suicidé en s’électrocutant. Depuis, les manifestations se succèdent jour après jour dans le centre du pays, où se trouve Sidi Bouzid, et ont atteint lundi la capitale. Aujourd’hui, d’autres manifestations sont planifiées en Tunisie, mais aussi à Paris, à Amman, en Jordanie et à Montréal, devant le consulat de Tunisie.
Ceux qui prennent part à la contestation dénoncent tout particulièrement le taux de chômage élevé qui afflige les diplômés universitaires tunisiens et dont Mohamed Bouazizi et Hsine El Fehli sont devenus les emblèmes. Alors que le taux de chômage est d’environ 14% pour l’ensemble de la population tunisienne, il atteindrait le double pour les diplômés universitaires, une situation qui inquiète depuis un certain temps le Fonds monétaire international.
«L’économie tunisienne ne croît pas assez rapidement pour absorber les nouveaux diplômés. Et c’est lié aux choix que fait le gouvernement», a dénoncé hier Jamel Jani, militant des droits de la personne au Maghreb et membre de la section canadienne du Parti démocrate socialiste tunisien, joint à Ottawa.
Les manifestants de Sidi Bouzid critiquent aussi les politiques de développement du gouvernement tunisien, lesquelles, estiment-ils, ont avantagé les grandes villes côtières au détriment des villes du centre, laissées pour compte. Au cours des derniers jours, le ministre tunisien du Développement a annoncé que de nouveaux investissements de 15 millions de dinars (10,3 millions de dollars canadiens) seraient consentis à la région qui est à l’origine des troubles et dont l’économie est centrée sur l’élevage du bétail et le commerce informel.
Un manifestant tué
Toutes les manifestations de la dernière semaine ne se sont pas déroulées sans heurts. À Tunis, des journalistes occidentaux qui ont assisté à la manifestation de lundi ont rapporté que la police a empêché les protestataires de défiler dans l’une des principales artères de la capitale. La police tunisienne a aussi fait état d’un mort parmi les manifestants et de deux blessés parmi les policiers au cours d’échauffourées qui ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi.
Hier, le président de la Tunisie, Zine el-Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, a prononcé un discours au cours duquel il a tenté de calmer le jeu. «J’ai suivi avec inquiétude et préoccupation les événements survenus au cours des derniers jours à Sidi Bouzid. Le point de départ de ces événements est un cas social dont nous comprenons les circonstances et les facteurs psychologiques et dont les conséquences sont regrettables», a déclaré le président sur les ondes de la télévision nationale, TV7.
Le chef d’État a cependant estimé que les événements ont pris une ampleur «exagérée» et a accusé son opposition «d’instrumentaliser» la situation à des fins politiques. Il a aussi critiqué les médias étrangers qui couvrent les événements et, selon lui, «diffusent des allégations mensongères sans vérification et se fondent sur la dramatisation (…) et la diffamation médiatique hostile à la Tunisie». La chaîne de nouvelles Al-Jazeera est particulièrement visée par les critiques du président.
D’Ottawa, Jamel Jani critique plutôt les médias tunisiens. «Les médias nationaux ont mis cinq jours avant de commencer à diffuser des informations sur les événements de Sidi Bouzid. C’est un État policier sans liberté d’expression», martèle l’opposant politique.
Hier, on pouvait trouver de nombreuses critiques du gouvernement et du président Ben Ali sur les réseaux sociaux, dont Facebook et Twitter, qui sont alimentés tout autant par des Tunisiens à l’intérieur du pays que par la diaspora. «Ce que dit Ben Ali à la jeunesse tunisienne dans son discours de langue de bois est de brûler en silence afin de ne pas faire peur aux touristes et aux investisseurs étrangers», pouvait-on lire juste après la fin du discours du président.
Avec l’AFP. AP, L’Express et Al-Jazeera
(Source: Cyberpresse – Canada Publié le 29 décembre 2010 à 07h41 | Mis à jour à 07h41 )
Tunisie : la révolte de la jeunesse
Par Europe1.fr avec agences Publié le 29 décembre 2010 à 07h09 Mis à jour le 29 décembre 2010 à 08h09 Le malaise social s’exprime à travers de violentes manifestations, provoquées par un fait divers. La Tunisie est depuis le 19 décembre le théâtre de violents affrontements entre manifestants, souvent jeunes, et forces de l’ordre. Le mécontentement se concentre dans le centre-ouest du pays, dans la région de Sidi Bouzid, après qu’un jeune ait tenté de mettre fin à ses jours. Le malaise social d’une bonne partie de la jeunesse s’exprime depuis la tentative de suicide d’un jeune diplômé de l’université, vendeur sans permis de fruits et légumes qui s’était fait confisquer sa marchandise par la police municipale. Désespéré, le jeune homme s’était aspergé d’essence pour s’immoler par feu. Il a survécu mais se trouve dans un état critique.
Special from Tunisia: Al-Jazeera accused of exaggerating popular unrest
«Les jeunes se sentent marginalisés»
Par Propos recueillis par Angélique Mounier-Kuhn Depuis une dizaine de jours, la Tunisie est secouée par des mouvements de contestation sociale, réprimés par les forces de l’ordre. Le point sur la situation avec Khadidja Cherif, présidente de l’association des femmes démocrates de Tunisie, une organisation affiliée à la FIDH Les troubles sociaux qui secouent depuis une dizaine de jours la région de Sidi Bouzid, à 265 km au sud de Tunis, la capitale, menacent-ils de faire tache d’huile? Lundi et mardi, plusieurs manifestations ont été réprimées par les forces de l’ordre dans la capitale et dans d’autres villes du pays, à Sfax, Bizerte et Kairouan. Tout a commencé le 17 décembre dernier, lorsque Mohammed Bouzizi, un vendeur ambulant de fruits et de légumes de la municipalité de Sidi Bouzid, a tenté de se suicider après avoir eu sa marchandise confisquée faute de disposer des autorisations nécessaires. Le jeune homme de 26 ans, diplômé de l’université, est le seul soutien de sa famille. Face à la lenteur de l’administration, il avait décidé de se mettre au travail avant même d’obtenir l’agrément. Il est devenu le symbole de l’accablement dans lequel est plongée la jeunesse étudiante tunisienne par manque de perspectives professionnelles. D’après la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), deux personnes sont mortes au cours des mouvements de contestation qui ont suivi ce geste désespéré, dont l’une, un autre jeune diplômé, a été tuée par balles par la police le 24 décembre dernier dans la localité de Menzel Bouzaiene. Le point sur la situation avec Khadija Cherif, présidente de l’association des femmes démocrates de Tunisie, une organisation affiliée à la FIDH.
Le domicile de Zouhaïer Makhlouf est encerclé par la police
BEN ALI A LA TELEVISION: 10 MINUTES DE BONHEUR
« Si on fait le point, qu’est ce qu’il y a eu de tellement amusant qui vaille la peine d’être retenu, cette année ? D’abord, que ce soit bien clair entre nous : je vous préviens tout de suite qu’on a gagné ». > par Taoufik Ben Brik, journaliste et opposant tunisien.
Pouchkine. Tunis city, 2004… et une décennie. Bon, alors, si on fait le point, qu’est ce qu’il y a eu de tellement amusant qui vaille la peine d’être retenu, cette année ? D’abord, que ce soit bien clair entre nous : je vous préviens tout de suite qu’on a gagné. Ben Brik est président. Raïs. Puisqu’on est à se remémorer, avouons que j’étais l’unique candidat à ma propre succession. Les faux culs qui rêvent de me voler mon palais, ma maison, ont été gommés des bulletins. Souvenez-vous, c’est à deux semaines près avant le grand soir, que Moncef Marzouki, alias Docteur Mabuse, a été exilé à l’île de la Galite. Mustapha Ben Jaafar, le gentilhomme tiède, est sorti… sans revenir. Bil Faqhi, il s’est éclipsé. Nejib Chebbi, ce « cerveau » d’une trempe rarissime, depuis l’autre été, croupit dans le pavillon F de l’hôpital des dingues, Errazi. Sihem Bensedrine qui se faisait appeler « madame propre » est dans de beaux draps. Mohamed Mouada, le marchand de sable, est mort de mort naturelle. Allah Akbar. Faut pas me prendre pour un con, hein ! En tout cas, dans cette affaire, on aura fait des progrès en liquidation des stocks. Pas de quartier pour les mabouls. … Vous ne savez pas quoi ? Je n’avais pas l’intention de me présenter. Vous ne me croyez pas. Vous trouvez ça louche. Eh ben ! C’était comme ça. Vous vous rendez compte ? C’est triste, non ! A l’époque, j’en donnais une version très impersonnelle. Ça ne donnait rien. Alors je me suis dit que seule la vérité peut venir à bout de ces saligauds qui essaient de faire croire le contraire. Il y a deux ans et deux nuits, comme si vous étiez avec moi, j’ai rêvé que ma femme, Azza Bint Hamda Zarrad, prenait le pouvoir. Ça frise le bizutage. J’en ai repissé au lit. Le palais de Carthage est devenu un salon de manucure. Ma belle mère m’a renvoyé au bled et mes beaux frères chaussent mes savates. Oh ! Non, Azza, ça c’est trop ! Beurk ! Moi, avec mes fringues, je ne cause pas la langue de bois, je sors le bâton. Pour marquer le coup, j’ai annoncé que je suis partant ! Partant pour un quatrième mandat. Quat’doigt, c’est chouïa ! Ben Brik à vie, ça c’est du Bokassa. Mais pour ça, il faut se lever le matin pour faire ses besoins et ne plus manger de haricots. Tunis city, 2004…et une décennie. Qu’est-ce qu’il y a eu ? Hein ? Qu’est-ce qu’il y a eu ? Si ça se trouve, c’est les plombs qui ont sauté. Et après on me reproche de voir tout en noir. C’est à peine si le brouhaha s’apaise un peu, le temps pour les clients du bar Ali Wraq de saisir au vol le score définitif des élections. Le journal télévisé de 20 heures, jeudi 25 octobre, vient de commencer. Quand apparaît mon copain, le ministre de l’intérieur, les visages se renfrognent. Le Régent de la Dakhilia distille le suspense : Ben Brik. C’est moi. Le président sortant a été réélu avec 99, 100% des voix. – Je le sais, connard. T’as pas besoin de le crier. Je suis ton voisin… De l’Harissa pour ta chakchouka ? Tiens ! Et ne me le rends pas. « Eh ! Tu nous l’as déjà servie cette chanson ! », s’esclaffe un soûlard devant une jungle de canette de bières vertes. En 1989, 1994 et 1999, les trois glorieuses, on a dit que j’ai frisé les scores records du voleur de Bagdad et du lion de Damas. Non, ma belle ! 99, 100% C’est ma marque déposée. J’ai le brevet. Et, je tiens à mon bac moins trois. Tunis city, 2004… et une décennie. Alors ? ça mène à quoi tout ce désordre ? On descend dans la rue, on fout le bordel, et puis ? Hein ? On obtient que dalle ! Alors pourquoi vous ne rentrez pas chez maman ? Qui m’a dit que « seuls les cons ne déçoivent jamais » ? Circulez, il n’y a rien à casser. Seul celui qui l’a vécu sait ce que signifie Tunis city, 2004… ,et une decennie. C’est Ezzaurbaâ ! Et quelle tornade ! ça a commencé par une pluie fine, puis soudain, l’averse. Le vent se mit à me poursuivre et le ciel sombre tomba dans les ténèbres. Ça ressemble à une fête quand subitement il y a une panne de lumière. Ça sent l’haleine des vieillards. En un mot, jeudi 25 octobre est un jour beautiful. Grand et terrible fut ce jeudi noir. The wind, le vent en rafale me traque : au nord, les Hijoujs, les Mijoujs, les Hockchs et les Bouzguilifs marchent sur Carthage, laquelle, menacée à l’est par les Boujadia, Lagaar et les Khobistes, les fanatiques du pain, est déjà envahie de l’ouest par Jamaât El Gala et les KJB, les Keffois, les Jendoubis et les Bejaois, les apaches du far west tunisien, peuple du second pays, un pays pas vrai, qui roule au crachat, sans flous. Arrivant des quartiers des rats, Hay Ettadhamoun, Hay Naguez, El Kabaria, Mellassine, Somrane, Jebel Lahmar, Bouselsla, 5-décembre, Sayda El Manoubia et Kirch El Ghaba, le ventre de la forêt, les Hitistes – ceux qui s’adossent au mur – s’y bousculent comme emportés par la tempête, tandis que des casernes affluent brigade d’organisation populaire, unité d’intervention rapide, gendarmerie nationale, brigade canine. Carthage grossissait, s’enflait, débordait comme un oued impatient. Un serpent à mille têtes a envahi le palais en scandant : « pauvres et miséreux, mais orgueilleux ! » C’étaient comme des zoulous. De dix heures du matin à dix heures du soir, Tunis city s’est beyrouthisée. Mutuelleville, Notre Dame, El Manar. El Menzah, Carnoy, Bel Air, Sidi Bou Saïd, Gamrth, Ellac, La Soukva, Les Beverly Hills du pays ont été chambardés. Pas une enseigne, pas un panneau n’a échappé aux casseurs. Ils ont abattu les lampadaires, brisé les vitres, dressé des barricades, incendiés des véhicules, brûlé des pneus. Sept jour et une nuit, le palais était resté vacant. Le second pays s’est livré à une véritable « danse du scalp » et animé une grande fête tragique au nom d’une vie que même les chiennes n’en veulent pas. Ejjdid ya rabeh ! Au delà ? L’entrée en scène des Ourouchs de l’intérieur, les tribus de l’Atlas : Ouled Al Moughira, les Frachichs, les Mejers, les H’mamas, les M’thaliths, les Mrazigs, les Zlass, Ouled Ayar, Ouled Boughalem, Les Z’ghalmas, et Ouled Guilen. A la tête de la chevauchée fantastique de ces cosaques, Ali Ben Gdhahem, un revenant. Ce fantôme du Jebel Boulahnèche est mort en 1864. Il a marché sur Tunis et menacé le pouvoir beylical. 2004… Il ressuscite la gabegie. Les rhapsodes présageaient : La gloire s’écroule et hurle : La vérité, c’est la queue d’un reptile mutilé. O toi, seau du puits épris d’eau Retrouve la noria et fais ton compte à rebours La couleur des nègres est dans le tunnel Et le bras de flammes s’étend sur la banquise Pour cueillir sur le monticule d’El Moutarabaâ, Le seigneur La lumière de mes yeux. Et le chœur reprend l’hymne : Cheval de feu Voleur de l’élan des crinières A l’étoile sur le front Laisses-moi emprunter ma fermeté sous tes sabots Avant de s’abandonner au fléchissement. Tunis city, 2004… et une décennie. Bilan. On tire de partout, la foule se transforme brutalement en stand de fête foraine. Qui a tiré ? Sur qui ? Sur quoi ? Pourquoi ? J’en ai donné l’ordre. Désolé, vous avez encore une bonne trotte à me supporter. Y a des lois contre le pillage, non ! Si je laisse faire, y aura des mouches vertes qui se poseront sur moi pour me sucer. Cette bande de dégueulasse me foutront même du miel sur la fatcha pour attirer les guêpes. J’ai vu des pierres passer. J’ai deviné que les chabab les ont lancé. Je ne doute que mes kids vont les recevoir. J’entends les balles crépiter, je devine que ma garde les a tirées, je ne doute pas que des mômes risquent de les recevoir, mais jamais je ne me mets à la place de celui qui vise ou de celui qui est exposé à devenir un cadavre exquis. Elles traversent le champ, se plantent dans le thorax d’un nigaud, ou dans le dos d’un fou furieux. Je suis le témoin hébété d’un désastre commencé sans moi et que je ne parviendrai jamais à arrêter. Tunis city, 2004… et une decennie C’est ma faute. Par quoi commencer ? Je ne suis pas fier de moi, voilà tout. Même ici. Je ne sais pas pourquoi j’ai toujours cru que l’univers s’arrête là-bas, juste à Bab Jedid, la porte neuve, qui ferme ma ville. Me diriez-vous qu’après les remparts, la ville n’est pas encore finie et non loin il y a encore des portes et des portails, j’éclaterai de rire. J’ai toujours cru que le pays est à l’abri du vent et de la pluie. Des maisonnettes modestes mais chaleureuses, avec leur canoun et les draps qui sentent, Dieu sait pourquoi, le méchoui et la Tabouna. Et pour garder tout cela, mes pays se sont engagés à fermer le clapet. Dans ces années guignes, les jours passent comme des flèches et je n’ai pas vu dans le sirocco, qui déshabille la terre et effarouche la volaille, arriver Rih Essid, le vent du sud. Tunis city, d’avant 2004…, et une decennie. Une escale sans drame. L’Après… Le long d’un chemin escarpé, des touffes d’alfa sont blanches de givres. On monte. La flore change. Tout à coup, sur les hauts rochers, une insolente odeur de romarin épanoui. Puis, au détour, comme une envolée céleste en plein cœur de l’automne, la globulaire, pensionnaire exclusive des rocailles, prépare sa précoce floraison. Parfois, une blessure profonde entaille la chevelure végétale. Là haut, vers les pics de calcaire brun, une éclaircie laisse entrevoir des champs étroits arrêtes par un bois. Le feu est passé par là. Le cobra prend du ventre en automne et le lynx blessé devient dangereux dans son repaire. Grrr… A la 25ème heure, ça grenouille au palais. Crise à tous les niveaux, eau et gaz à tous les étages. Au salon ovale Hannibal, les livides en rang d’oignons jouent aux quilles à qui enfiler la peau d’âne ? Il me faut un coquin, un prête-nom, un Judas. Fossoyeur, je sens, je sens, je sens un déterré qui pue. Tous, mes Dracula, mes vampires, mes Frankenstein, mes Dark Vadors, mes anthropophages, mes fauves, les loups-garous, ont désigné le mutant aux doigts palmés. C’est le chef de l’estilamet, les renseignements généraux, l’œil de Carthage, le rhinocéros. Ma batte s’abat. Sang pour sang. Il était l’anguille de Carthage, mon mirador, ma météo, celui qui guette les railleurs qui ricanent et me rapporte les pitreries des pantins, celui qui met toujours les pendules à ma bonne heure et ça fait couic. Il voulait venir me chanter Frère Jacques Ding Dung Dong. Il était au petit coin quand les lutins des jardins ont pris mon pyjama. Frère Jacques, ne vois-tu rien venir ? Gaston, mon petit frère, ne m’en veut pas, la gaffe, ce n’est pas moi. Fais dodo mon petit frère, t’auras pas de gâteau. Vlan. On passe au point suivant, même si ça ne suit pas. Le directeur général des services spéciaux, le directeur de la sûreté intérieure et extérieure, le commandant de la garde présidentielle, le chef suprême des armées, le commandant de la base aérienne de Sidi Ahmed, le commandant de la marine et le commandant de terre de Rémada. Ces généraux « cinq étoiles », des Patton, façon de parler, veulent sauver ma dernière couille qui rétrécit, du moins ce qu’il en reste. Les couillons veulent se barrer avec moi. Une suffit pour saillir la chienlit. Qu’est-ce qu’ils ont dans leur caboche ? Une évacuation sur un balai, comme les sorcières, via Mauritania. Rien que ça ? Tant qu’à faire, pourquoi pas le Zaïre de Mandela. Ould Dada, ou je ne sais qui, m’a badigeonné une aile de son palais de Nouakchott pour que mon automne de patriarche ne soit pas monotone. Cherchons une autre planque messieurs : Carthage, je m’y plairais, c’est juste à côté. J’y suis, j’y reste et je ne fais pas l’andouille. Pigé ? Et magnez-vous le train ! La partie est serrée, Raïs. Ta sécurité est dans la soupape, et il n’y a plus de soupape. Attendez, attendez, j’entends quoi là, c’est à moi que vous parlez , mais je ne me rappelle pas que J’ha, ce plaisantin, m’ait envoyé une missive me dire « Fous le camp, tout le monde est au courant » Dans le sauve qui peut, parmi les crabes, un homme sort du panier. Un sac à bric à brac, une merdouille mais parfois il t’en sort une étincelle. C’est comme ces footballeurs toujours sur le banc qui te claquent, dans les prolongations, un but à la main. Et l’arbitre ne voit rien. Ce canasson qui est à la traîne, risque, on ne sait jamais, une sortie : Sidi, mon seigneur, l’arbitre siffle deux fois. Le sage Nafzaoui dit : « Si on te bouscule et que tu tombes, dis que tu glisses ». La glissade, ici, c’est croire et faire croire que d’ailleurs surgira un pire plus pire, un pire au carré, un pire à la puissance X, que tout péril en cache un autre plus ventru. Dans les eaux troubles, il y a toujours un plus vorace que les piranhas. Et dans la jungle, le cobra se nourrit de lézards et le boa de cobra. Lâche le chaos qui avale le chaos qui rabat le caquet au chaos qui règne. MCHET FIHOUM WA FIL HACHACHA HCHICHWA RICH WA FTARICH. Ping Pong. Les anciens disent: « Pour vous, je ne suis plus maintenant le héros tel que je voulais paraître auparavant mais simplement un individu dégoûtant, un chenapan. Eh bien soit ! Je suis très content que vous m’ayez compris. Il est immonde pour vous d’écouter mes minables gémissements ? Eh bien, que ce soit immonde ; je vais vous faire sur-le-champ une roulade encore plus immonde… » Sonnons le glas nucléaire, provoquons un after day, le jour d’après. Faisons leur croire que Mars attaque. Décrétons le désordre pour rétablir mon ordre. Promettons-leur la vie sous terre à l’abri des rayons malins. Et que ça saute ! Yahou ! Le deuxième vendredi après le jeudi noir, le muezzin appelle à la prière de l’aube. « La prière est préférable au sommeil ». Le peuple ronfle : « On te croit sur parole, prie pour nous et prend notre part de paradis. Nous on roupille ». A l’instant même, le G-40, l’élite des Moukhabarb, des tigres noirs , des ninjas et de tous les Ali Baba lancent l’opération Alif Lam Mim 2004, plus connue sous le nom Zlak Fi Bit Saboune, glissade dans la buanderie. Phase 1, la centrale électrique de la Goulette et la poudrière de Den Den sautent. Les sirènes de détresse s’arment et s’alarment. Les déflagrations ébranlent Tunis city et son édifice. Toutes les persiennes du pays, d’un seul mouvement chorégraphié battent et se rabattent : Rabbi, Dieu, qu’est-ce qui arrive ? Azelzel la terre qui déjante ? Un B52 qui largue ses œufs ? Un fou de Dieu ou un texan furieux ? Mon Dieu, c’est terrible, la tempête, la grande tempête. Phase 2. A Six heures après que Cheik Abdelbasset abdessamad a récité le verset de la Kiama, le jour du jugement dernier, je prononce à la radio le discours final : « Au nom du Dieu clément et miséricordieux, citoyens, citoyennes, patientez et faites patienter, Dieu est avec les patients. Résignez-vous et faites résigner, Dieu est avec les résignés. Des missiles nucléaires ont frappé le pays. Le pays est entré dans une nuit polaire. Une pluie jaune et des pierres incandescentes tombent du ciel. Un vent sar sar, lacère la peau des hommes et scalpe la terre. Citoyens, citoyennes, pour préserver de la disparition la chechia, la jebba, les beldis, les parigots de Tunis city, les tunisois de bonne famille, et Chedli Zouiten, un aristocrate fauché à la bouche en cul de poule, nous avons décidé pour vous la vie sous la terre. Des abris provisoires sont à votre disposition. Les galeries des mines de Djerissa, et des mines de phosphate de Redeyef, Moulares, de Mellaoui et de Kalaa Khasba. Déjà, d’autres sites sont en cours d’aménagement : Jebel Halouf, Jebel Ressas, Sidi Amor, à la Khanga et au Houdh. Je vous promets, grâce au fond de solidarité 26-26, votre tirelire généreusement garnie par vos dons, que vous souperez dans les restos de mon cœur qui resteront ouverts, sauf les mardis, ramadan ou pas, et jeudis noirs inclus. J’éponge l’ardoise et qu’on en parle plus. Citoyens, citoyennes, les instructions sont parties aux services des chemins de fer, des transports urbains, inter urbains, et ruraux. Tout le parc roulant est réquisitionné pour assurer votre acheminement gratis, aux frais de la marquise, jusqu’aux sites classés. Quant à moi, je resterai à la surface avec des volontaires triés sur le tas des patriotes pour garder le foyer et faire rouler le guignard du casino. Je porterai un scaphandre anti-particule, anti-rayon, anti-gaz, anti-liquide, anti-solide. Dieu est grand, le président aussi est grand. » En un tonnerre, un torrent humain se déverse dans la gare de Barcelone, la gare routière de Bab Aliwoua, la station de taxis et de minibus de Bab Saadoun. L’avenue Mohamed V, l’avenue de la Liberté, l’avenue de Carthage, et l’avenue de la République mènent ce convoi de damnés aux quais du départ. C’est le galop du zébu pour étancher sa soif dans la mare du canard. C’est la migration à ne pas rater. Une prière adressée à personne qui se perd dans un nord qui n’indique rien. Quintet. En trois jours et quatre nuits, Tunis City, ses banlieues, et tout autours, bourgs, villes et villages, sont balayés. Les gens avaient abandonné dans leur ruée, une radio qui donne la météo, une machine à laver qui n’arrête pas d’essorer, une théière qui invente le verbe bouiller. Tunis City est libéré. Sans occupant. Vaste. La métropolis du Fritz Lang que je devient. Les grabataires ont été piqués. Il faut éradiquer la rage. Un jour et tout juste une nuit plus tard, je vogue, le gouvernail est sous l’oreiller, les reins des mousses sont brisés. Des larmes emplissent mes yeux et je crie : « Je suis Dieu Râ, le Dieu soleil ». L’immortalité au bout du compte. Ce n’est pas rien. Pas mal, pas mal du tout. Ce n’était pas donné. Quel bol ! Bravo, bravo mon frère, tope-là. C’est nous les meilleurs, les champ’s. Yé Yé Yé… Un mois et un jour après le jeudi noir, l’oseille est à sec. L’opération m’a coûté la peau des fesses. Je pense sérieusement à importer de la main d’œuvre, des travailleurs de la terre du haut Nil, du Congo et des îles Comores pour les faire trimer dans les oliveraies du Sahel et les vergers d’agrumes du Cap Bon, les palmeraies de Chott Jierid et les champs de céréales de Frigia. Un siècle et un an durant, les sous-terre attendent leur couffin hebdomadaire. La première génération, la deuxième et les suivantes n’ont pas idée qu’il y a des gens qui marchent juste au dessus. Et dans leurs prières, ils me confondent avec Dieu le père. Un siècle et un an plus tard, des vétérans ont choppé le mal du pays d’en haut. Comme des immigrés qui rêvent de mourir au milieu des souvenirs. Se souvenir pour tenir. Comme revient le papillon à la lumière qui le brûle Comme revient le fellah à la terre qui le fait braire Comme revient le marin à la mer qui le perd Je te viendrai en paix et troublé Toi et mon cœur auront eu raison de moi Pam… Pam En l’an 2105, une poignée de barbus gonflés montent à la surface en éclaireur. Le bleu océan, le vert du hachish, la couleur pourpre, le soleil, le soleil… et moi. Ils sont irradiés. De l’eau fraîche, des tomates, du lait, du blé, et du sel. Je nage sans âge, le Times à l’envers. Les fedayins reviennent d’où ils viennent et crient : « La terre s’est habillée en catin ». Ils la répudient. Ils disent qu’elle se refuse et se donne sans pudeur au Saigneur. « Nous sommes trahis ». Mais dans les galeries, l’écho n’a pas eu lieu. Comme des chiens ils se sont accoutumés à manger du son froid dans la main des gardiens. A l’entrée des bouches, ils ont inscrit la devise de la vie : « Te fais pas de bile, les grains te tomberont tout cuit dans le bec ». Notre conte est entrée dans la forêt et l’année prochaine nous aurons une bonne moisson. Bonne nuit les petits. Taoufik Ben Brik (Source: Nouvelobs le 29 decembre 2010) Lien: http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/opinion/20101229.OBS5406/tribune-tunis-brule.html
Non à la manipulation Mr El Ghannouchi
Hatem Krichen Les évènements de Sidi Bouzid ne sont secret pour personne et montrent l’étendu d’un problème bien connu en Tunisie, et partout dans le monde, tous pays confondus, celui du chômage. Ce qui est regrettable dans l’histoire c’est la tournure politique que prend l’affaire et la dimension ennuyeuse que génère ces manifestations. Comment peut-on crier victoire face à la souffrance de nos compatriotes ? Quelle est le but exact de Mr Rached El Ghannouchi qui lève sa voix pour lancer des diffamations et rumeurs à ce moment précis. Que veut-il au juste ? et surtout qu’est ce qu’il propose au vrai problème ? Son discours irréaliste et faible de proposition ne pourra nullement convaincre nos compatriotes. Ce style de propos est d’une époque révoquée où les gens pouvaient encore croire à un discours de compassion. Le but est clair : essayer de tirer profit de la situation. Je fais partie de ceux qui pensent que la politisation d’une affaire aussi sérieuse ne peut aboutir à aucune issue constructive. Au contraire, elle ne fera qu’accentuer la détresse des gens et approfondir le sentiment d’inégalité. La vraie solution passe forcément par un retour au calme indispensable pour remédier à un problème aussi sérieux. Les autres commentaires, pronostics, fantasmes et fictions ne feront qu’un effet de manipulation et polémique dont les effets ne peuvent être que néfastes. Le discours du président Zine El Abidine Ben Ali est clair, un grand travail sera fait dans l’axe de l’amélioration face a ces problèmes. Connaissant le personnage, il fera ce qu’il a promis et nous lui faisons confiance pour trouver une issue à la situation. Alors disons non à la manipulation, non à la politisation et encore non à la polémique dans cette affaire. Restons un peuple uni pour être plus fort.
Les propos de cheikh Ghannouchi – une invitation a la (fitna)
je suis un étudiant a paris depuis des dizaines d’année je n ‘ai pas d’opinions politique mais ce qui m’incite a écrire ces mots ce sont les propos de cheikh Ghannouchi qui sont une invitation a la (fitna) en Tunisie en disant qu’il porte son soutient aux habitants de sidi bouzid et aux peuple tunisien. Il dis que le régime tunisien a encourager bouazizi a essayer de se suicider mais il a oublier le porte parole de l’islam en Tunisie -selon lui- qu’il a donner les ordre en 1991 a brûler un citoyen tunisien jusqu’à la mort. il annonce que le peuple tunisiens meurent de faim et c’ est a cause du régime tunisien mais il a oublier que les bien qu’il chaykhouna a Londres suffise pour améliorer la vie a Sidi Bouzid, kasserine et gafsa, mais au lieu de proposer des solutions il encourage le peuple a commettre des actes de violence, et selon mon opinion personnel c’est la voix des corbeaux Walid Bouazizi
Proteste |
Tunesien steht auf |
Ausgelöst durch den Selbstmord zweier junger Männer begannen Mitte Dezember in Tunesien Proteste nie da gewesenen Ausmaßes gegen das autoritäre Regime des Präsidenten Zine el-Abidine ben Ali – Grund genug für die Weltöffentlichkeit, mal wieder elegant wegzuschauen. |
Geschrieben von:Nadia Shehadeh |
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Nein zum Elend und Nein zur Arbeitslosigkeit! – das waren die letzten Worte des arbeitslosen Jungakademikers Mohamed Bouzizi aus Sidi Bouzid, bevor er sich Mitte Dezember mit Benzin übergoss, sich selbst anzündete und an seinen schweren Verletzungen starb. Polizeibeamte hatten kurz zuvor seinen Wagen und die darin befindlichen Lebensmittel beschlagnahmt und damit die bescheidenen Pläne Bouzizis, als Gemüsehändler die Familie durchzubringen, torpediert. Ein Selbstmord, geboren aus Verzweiflung und Protest, jedoch verbunden mit einem berufsbiographischen Misskontext, der stellvertretend Massen junger Tunesier betrifft: Endstation Arbeitslosigkeit. Vor allem junge Akademiker trifft es – knapp 30 Prozent von ihnen landen direkt nach der Universität im Erwerbslosenstatus. Und der Tropfen, den Bouzizi mit seinem Suizid in den brodelnden Kessel warf, brachte anscheinend das Fass zum Überlaufen: Es folgten Proteste, zunächst in Bouzizis Heimatort Sidi Bouzid, dann nach und nach in weiteren Städten Tunesiens und auch in der Hauptstadt Tunis. Zudem ein weiterer Selbstmord: Ein junger Mann kletterte einen Strommast hoch und verkündete einen an Bouzizi angelehnten Protestruf nach Abschaffung von Armut und Elend, bevor er seine Hand an die Stromleitung legte. Seitdem sind mehrere tausend Tunesier auf den Straßen gewesen, um zu protestieren – das mag mancher Seele unseres Landstrichs, nach deren Gusto eine extraordinär anmutende Protest-Veranstaltung erst im fünfstelligen Bereich die Bezeichnung „Massenkundgebung“ verdient, lächerlich klein vorkommen, ist jedoch eine Courage-Sensation für Tunesien und die arabische Welt insgesamt. Und es wird spannend werden, wenn am 3. Januar die tunesische Universitätspause vorbei sein wird und sich gegebenenfalls die Studenten zum Protest organisieren werden. Die paradiesische Diktatur Tunesien, hm, was war das noch mal für ein Land? Ach ja, dieses Urlaubsparadies, wo man quasi für lau einen exquisiten Urlaub abfeiern kann – inklusive feiner und bezahlbarer Lektionen in Cocktailogie und der hohen Wahrscheinlichkeit, mehr als hundertmal am Tag zum Zielobjekt des berühmten arabischen Servicelächelns zu werden. Zudem ein hervorragender Wirtschaftspartner für Deutschland: Tourismus, Textilindustrie, Automobilzulieferer und so weiter und sofort. Das ganze garniert mit dem politischen Anführer ben Ali, der an einem ideologiefreien Vakuum fürs Land bastelte, indem er den Islamisten seit jeher und rigoros das politische Mitspielen verbot und auf arabisch-nationalistische Tendenzen verzichtete. Dafür kann man dann natürlich auch die Kehrseite der Medaille im vollen Glanz bewundern: Mit der Zerschlagung islamistischer Tendenzen ging nämlich parallel die Zerschlagung von Demokratieansätzen und Zivilgesellschaft einher, begleitet von anderen unschönen Randphänomenen: Presse- und Meinungsunfreiheit, Gefängnisse voller politischer Gefangener, Berufsverbote für Regimegegner, das Fehlen einer pluralistischen Gesellschaft – Probleme, die in allen arabischen Ländern mehr oder weniger ausgeprägt existieren, aber gerade im Falle Tunesiens durch die grellbunte Maske des Fortschritts und der „Aufklärung“ verschleiert wurden. Vor allem die scheinbare wirtschaftliche Progressivität Tunesiens scheint passgenau dem westlichen Evolutionsideal der Produktivität zu entsprechen – trotz der Dreifaltigkeit Billiglohn, Arbeitslosigkeit und hoher Kreditvergabe, um trotz allem der Bevölkerung Konsum irgendwie möglich zu machen. „Stabilität statt Freiheit“: Ein Verlustgeschäft Obschon längst klar, dass Tunesien nie etwas anderes gewesen ist als ein Polizeistaat, ließ man ben Ali – selbstredend immer begleitet vom westlichen Applaus oder dezentem Wegschauen – nahezu kritiklos schalten und walten. Er ist mittlerweile zum fünften Mal sein eigener Nachfolger, und falls er mal nicht mehr sein sollte, stehen schon einige Anwärter aus seiner Blutsreihe Spalier, um den warm gesessenen Stuhl des Herrschers einzunehmen. Gegenstimmen mussten sich also schon immer vermehrt und einsam im eigenen Land sammeln – nahezu ohne Unterstützung des Auslands. Tunesien, so fasste einst der wichtigste tunesische Intellektuelle Mohamed Talbi in „Penseur Libre en Islam“ zusammen, sei „eine äußerst stupide Diktatur“. Und er warnte schon vor knapp einem Jahr den Westen davor, den Blick vom politischen Unheil Tunesiens abzuwenden: « Ben Ali ist schlimmer als Gott, denn Gott kennt immerhin Erbarmen. Das Touristenparadies Tunesien ist eine Diktatur. Das freie Wort ist verboten. Wer schweigt, macht sich schuldig. Schreiben Sie den deutschen und europäischen Politikern ins Stammbuch:‘Mit eurem Schweigen unterstützt ihr die Diktatur.’ » Deutschland schweigt auf jeden Fall immer noch – auch angesichts der unverhältnismäßigen Gewalt, mit der gegen die Protestler angegangen wird. Grund genug, mal den einen oder anderen Satz in einigen Büchern zu hinterlassen. Und derweil formiert sich der Protest, der in Tunesien bisher noch relativ unorganisiert ist, weiter. Es sind vor allem die jungen Menschen und das akademische Proletariat, das sich auf der Straße tummelt. Und das nachdem ben Ali im August lustigerweise das offizielle „Jahr der Jugend“ ausrief. Nun hat er auf jeden Fall schon Mal den ersten Monat der Jugend hinter sich – und so wie es aussieht, werden auch noch ein paar weitere Wochen oder gar Monate folgen. |
Quelle:http://www.philibuster.de/themen/alte-welt/proteste-tunesien-steht-auf.html
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Tunesische Demonstranten wurden getötet – Verantwortlichen droht harte Strafe
29.12.10 09:15 Uhr
Da es in Tunesien aufgrund der enormen Arbeitslosigkeit zu radikalen Ausschreitungen der Demonstranten kam, kündigte das tunesische Staatsoberhaupt Zine El Abidine Ben Ali nun scharfe Strafmaßnahmen für die Initiatoren der Demo an. Zudem rief er zur Ruhe auf. Seinen Worten nach soll das tunesische Recht deshalb gegen « eineMinderheit von Extremisten », welche zu « Gewalt und Chaos » angestachelt hätte, eingesetzt werden. Dies äußerte das Staatsoberhaupt Tunesiens gestern im TV. Zudem hat er weitere Arbeitsbeschaffungsmaßnahmen zugesagt. In der tunesischen Landesregion « Sidi Bouzid » gibt es mittlerweile seit über eineinhalb Wochen Demonstrationen aufgrund der hohen Arbeitslosigkeit. Bei dieser Demo sind zwei Teilnehmer bereits zu Tode gekommen. Einer der Demo-Teilnehmer wurde dort von einem oder mehreren Polizisten erschossen.
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Massenproteste in Tunesien
29. Dezember 2010
Nach Massenprotesten gegen die hohe Arbeitslosigkeit in Tunesien hat Machthaber Zine el Abidine Ben Ali eine strenge Bestrafung der Verantwortlichen angekündigt und zur Ruhe aufgerufen.
Das Recht werde gegen « eine Minderheit von Extremisten » zum Einsatz kommen, die zu « Gewalt und Chaos » anstachelten, sagte der seit 23 Jahren autoritär regierende Staatschef.
Zugleich sagte Ben Ali weitere Maßnahmen zu, um die Schaffung von Arbeitsplätzen voranzutreiben. Die Region Sidi Bouzid ist seit zehn Tagen Schauplatz von Protesten gegen das Regime. Zwei Demonstranten wurden dabei getötet, einer von ihnen starb durch Schüsse der Polizei. Auch in der Hauptstadt Tunis kam es zu Demonstrationen. « Verteilt den Wohlstand des Landes! », war auf Transparenten der Demonstranten zu lesen. Die Polizei ging mit Schlagstöcken gegen die Menge vor. Am Freitag hatten Sicherheitskräfte bei einer Protestkundgebung in der Stadt Menzel Bouzayane das Feuer auf Demonstranten eröffnet.
Menschenrechtsorganisationen haben Zensur und Polizeigewalt gegen Journalisten in Tunesien angeprangert. Das autoritäre Regime habe eine völlige Nachrichtensperre über Sidi Bouzid verhängt, in dem es seit Mitte Dezember soziale Unruhen gebe, berichtete die internationale Organisation für die Verteidigung der Pressefreiheit « Reporter ohne Grenzen » am Dienstag. Die tunesischen Behörden hatten nach der umstrittenen Wiederwahl Ben Alis 2009 eine Reihe von regimekritischen Journalisten und Studenten verhaftet.
Quelle:http://www.vienna.at/massenproteste-in-tunesien/apa-1143350555
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Tunesien: Scharfe Strafen nach Massenprotesten
Nach Massenprotesten gegen die hohe Arbeitslosigkeit in dem nordafrikanischen Land hat der tunesische Machthaber Zine el Abidine Ben Ali eine strenge Bestrafung der Verantwortlichen angekündigt und zur Ruhe aufgerufen.
Das Recht werde gegen „eine Minderheit von Extremisten“ zum Einsatz kommen, die zu „Gewalt und Chaos“ anstachelten, sagte der seit 23 Jahren autoritär regierende Staatschef Dienstagabend im staatlichen Fernsehen. Zugleich sagte er weitere Maßnahmen zu, um die Schaffung von Arbeitsplätzen voranzutreiben.
Zwei Demonstranten getötet
Die Region Sidi Bouzid ist seit zehn Tagen Schauplatz von Protesten gegen das Regime. Zwei Demonstranten wurden dabei getötet, einer von ihnen starb durch Schüsse der Polizei. Auch in der Hauptstadt Tunis kam es zu Demonstrationen.
„Verteilt den Wohlstand des Landes!“ war auf Transparenten der Demonstranten zu lesen. Die Polizei ging mit Schlagstöcken gegen die Menge vor. Am Freitag hatten Sicherheitskräfte bei einer Protestkundgebung in der Stadt Menzel Bouzayane das Feuer auf Demonstranten eröffnet.
Kritik an Zensur und Polizeigewalt
Menschenrechtsorganisationen haben Zensur und Polizeigewalt gegen Journalisten in Tunesien angeprangert. Das autoritäre Regime habe eine völlige Nachrichtensperre über Sidi Bouzid verhängt, in dem es seit Mitte Dezember soziale Unruhen gebe, berichtete die internationale Organisation für die Verteidigung der Pressefreiheit „Reporter ohne Grenzen“ (RSF). Die tunesischen Behörden hatten nach der umstrittenen Wiederwahl Ben Alis 2009 eine Reihe von regimekritischen Journalisten und Studenten verhaftet.
Publiziert am 29.12.2010
Quelle:http://news.orf.at/stories/2033462/
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Soziale Proteste in Tunesien
Das Wohlstandsgefälle treibt auch die loyalistischen Gewerkschaften auf die Strasse
Am Montag haben in Tunis loyalistische Gewerkschaften Kundgebungen gegen die Arbeitslosigkeit veranstaltet, die von der Polizei niedergeknüppelt wurden. Der seltene Protest von Stützen des Regimes weist auf soziale Probleme in der Provinz hin.
Victor Kocher, Limassol
Rund 1000 Personen haben am Montag in der tunesischen Hauptstadt Tunis gegen die Arbeitslosigkeit und die ungerechte Verteilung des Reichtums demonstriert. Die Polizei war mit grossem Aufgebot aufmarschiert und verhinderte mit Schlagstöcken einen Protestmarsch auf einer Hauptstrasse. Demonstranten warfen mit Steinen und Flaschen. Unter den Slogans auf den Plakaten waren «Nein der Machtarroganz», «Stopp dem Wohlstandsgefälle» und «Freiheit ist ein Ehrenmal der Nation». In den letzten Tagen erlebten auch die Städte Bizerte, Sfax, Sousse und Nabeul ähnliche Kundgebungen.
Missstände
Die Initiative war von den Gewerkschaften der Lehrer, der Post und der Ärzte im öffentlichen Dienst ausgegangen. Zuvor hatten Studenten und Bürgerrechtskämpfer demonstriert. Strassenproteste an sich sind in Tunesien mit grossen Risiken für die Teilnehmer verbunden, weil die Sicherheitskräfte nahezu uneingeschränkte Vollmachten für die Repression haben. Nach den Menschenrechtsberichten des amerikanischen Aussenministeriums sind Berichte über Folter und Misshandlungen, insbesondere von politischen Häftlingen, häufig. Wenn nun sogar die zugelassenen Gewerkschaften demonstrieren, deren Chefs vom Staat kontrolliert werden, so deutet dies auf nicht mehr zu ignorierende Missstände hin.
Mangel an Arbeitsplätzen
Der Funken, der das Feuer der Proteste entzündete, war am 19. Dezember die versuchte Selbstverbrennung eines arbeitslosen Universitätsabgängers im Provinzort Sidi Bouzid, dem die Polizei den Früchte- und Gemüsestand wegen fehlender Bewilligung konfisziert hatte. Fünf Tage später brachte sich dort ein zweiter junger Mann aus Verzweiflung durch einen Stromschlag um. Daraufhin brachen Proteste in der ganzen Umgebung im Zentrum des Landes aus. Und am Freitag versuchten aufgebrachte Demonstranten in Sidi Bouzid einen Gendarmerieposten zu erstürmen; die Beamten eröffneten das Feuer und erschossen einen Jugendlichen. Der Minister für regionale Entwicklung besuchte überstürzt die Region und verkündete ein Investitionsprogramm für das Zentrum und den Süden des Landes im Umfang von rund fünf Milliarden Dollar.
Die Ursache für die soziale Unrast lässt sich an den offiziellen Wirtschaftszahlen schwerlich ablesen. Sie belegen seit Jahren unverändert einen relativ hohen Wohlstand und eine kaufkräftige Mittelklasse. Eine auffällige Schicht neuer Unternehmer und Nutzniesser stellt in Tunis grossen Reichtum unverhohlen zur Schau. Die Arbeitslosigkeit beträgt etwas über 14 Prozent. Doch der Mangel an Arbeitsplätzen trifft in viel höherem Mass die Jugendlichen, und ganz besonders die Hochschulabgänger in der Provinz.
Während der Staat in den Städten an der Nordküste mit grossen Investitionen in die Infrastruktur die Wirtschaft ankurbelt, fehlte bisher ein vergleichbares Engagement im Zentrum und im Süden; etwa 90 Prozent der Projekte dienten dem Norden. Eine Studie der Weltbank belegt, dass im Hinterland über 70 Prozent der Personen mit einer höheren technischen Berufsausbildung arbeitslos sind.
Der Dachverband der tunesischen Gewerkschaften fand, dass in Sidi Bouzid nur 34,4 Prozent der Bevölkerung eine Primarschulbildung haben, der Rest sind Analphabeten. In der Südwestregion beträgt die Armutsquote nach offiziellen Zahlen 12,8 Prozent, während der nationale Durchschnitt bei 3,8 Prozent liegt.
Ben Ali kündigt harte Strafen an
Nach den gewaltsamen Protesten gegen die hohe Arbeitslosigkeit hat der tunesische Präsident Zine El Abidine Ben Ali harte Strafen für die Verantwortlichen angekündigt und zur Ruhe aufgerufen. Das Recht werde gegen «eine Minderheit von Extremisten» zum Einsatz kommen, die zu «Gewalt und Chaos» anstachelten, sagte der Staatschef am Dienstag im Fernsehen. Zugleich sagte er weitere Massnahmen zu, um die Schaffung von Arbeitsplätzen voranzutreiben.
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Neue Zürcher Zeitung, 29. Dezember 2010 http://www.nzz.ch/nachrichten/politik/international/soziale_proteste_in_tunesien_1.8924110.html ———————————– ——————————— —————————————–
Tunesien: Proteststurm gegen Arbeitslosigkeit
Dienstag, 28. Dezember 2010, 3:46 Uhr
Bis zu 1000 Menschen sind in Tunesien für die Schaffung von mehr Arbeitsplätzen auf die Strasse gegangen. «Verteilt den Wohlstand des Landes» war auf Transparenten der Demonstranten in der Hauptstadt Tunis zu lesen. Die Polizei ging zeitweise mit Schlagstöcken gegen die Menge vor.
Bei der Protestkundgebung gegen die hohe Arbeitslosigkeit am vergangenen Freitag hatten Polizisten das Feuer auf randalierende Demonstranten eröffnet. Dabei wurde nach Angaben des Innenministeriums ein Mensch getötet und zwei weitere verletzt. Auch mehrere Sicherheitskräfte erlitten bei den Auseinandersetzungen in der Stadt Menzel Bouzayane teils schwere Verletzungen. Die Demonstranten setzten Polizeiwagen und Büros der Regierungspartei sowie von Sicherheitsdiensten in Brand. Hohe Arbeitslosenquote bei Jugendlichen Die Polizei habe zunächst Warnschüsse in die Luft abgegeben und schliesslich in Selbstverteidigung auf die Menge gefeuert, hatte das Innenministerium erklärt. Zwei der verletzten Sicherheitskräfte lagen demnach im Koma. Bei dem Getöteten handele es sich um einen 18-Jährigen, der in die Brust getroffen wurde. Zehn Demonstranten seien verletzt worden. Einem Gewerkschaftsführer zufolge hatten sich am Freitag etwa 2000 Menschen in Menzel Bouzayane versammelt, um gegen die hohe Arbeitslosenquote vor allem unter Jugendlichen dort zu demonstrieren. Die Stadt wurde abgeriegelt, mehrere Menschen wurden festgenommen und Häuser von Demonstranten durchsucht. (agenturen/halp)
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Dienstag, 28. Dezember 2010
Soziale Proteste in Tunesien
Es ist ein Flächenbrand. Seit Tagen gehen in verschiedenen tunesischen Städten meist junge Menschen auf die Straße. Sie fordern « Arbeit und ein menschenwürdiges Leben ». Die Polizei greift hart ein. Menschenrechtsorganisationen berichten von mindestens zwei Tote, Dutzende, zum Teil schwer Verletzte, unzählige Verhaftungen und Folter. Die Protestwelle nahm ihren Ausgang von Menzel Bouzayane, einem 19.000-Einwohner-Ort in der Provinz Sidi Bouzid im Zentrum des Landes. Am 17. Dezember beschlagnahmte die örtliche Polizei den Wagen und die Ware des fliegenden Händlers Mohamed Bouazizi. Der 26-jährige, arbeitslose Hochschulabgänger versuchte mit dem Gemüsehandel seine Familie zu ernähren. Die Region von Sidi Bouzid ist eine Landwirtschaftsregion. Die Jugendarbeitslosigkeit ist hier extrem hoch. Verzweifelt verlangte Bouazizi die Herausgabe seiner Habseligkeiten. Die Behörden weigerten sich. Bouazizi übergoss sich mit Benzin und zündete sich an. Dabei schrie er immer wieder « Schluss mit der Armut! Schluss mit der Arbeitslosigkeit! » Der Schlachtruf einer Bewegung war geboren. Während Bouazizi mit schweren Brandverletzungen in ein Krankenhaus in der Hauptstadt Tunis überführt wurde, kam es in seinem Heimatort zu einem spontanen und friedlichen Sit In. Die Polizei löste die Versammlung gewaltsam auf. Nachdem es am 22. Dezember zu einem zweiten Selbstmord eines arbeitslosen Hochschulabgängers kam, reißen die Proteste nicht mehr ab. Ein ebenfalls jugendlicher Arbeitsloser bestieg unweit von Sidi Bouzid einen Hochspannungsmast. Auch er schrie gegen Armut und Arbeitslosigkeit bevor er an ein Kabel fasste. Den Höhepunkt der Proteste bildete eine Demonstration am vergangenen Freitag in Menzel Bouzayane. Mehrere Tausend Menschen zogen durch die Straßen. Die Polizei umstellte den Ort und griff den Protestzug mit Tränengas an. Die Demonstranten antworteten mit Steinen. Als die Polizisten das Feuer mit Schusswaffen eröffneten, eskalierte die Situation. Das Ergebnis: mindestens ein Toter Jungendlicher, zehn zum Teil schwer verletze Demonstranten, sowie zwei schwer verletzte Polizisten. Im Laufe der Auseinandersetzungen ging eine Lokomotive, drei Polizeifahrzeuge und die örtliche Polizeiwache in Flammen auf. Die Staatsgewalt habe « in legitimer Selbstverteidigung » gehandelt, erklärte das Innenministerium des seit 1987 regierenden, autoritären Präsident Zine el-Abidine Ben Ali. Laut dem oppositionellen Radiosender Kalima haben die Proteste mittlerweile auf mindestens ein halbes Dutzend weitere Städte übergegriffen. Auch hier setzt die Polizei auf Gewalt. Mindestens ein weiterer Toter sei zu bedauern. Die Beamten führten derweilen zusammen mit Milizen der Regierungspartei RCD Razzien auf der Suche nach Demonstranten durch. Die Verhafteten würden schwer gefoltert. Die legale, oppositionelle Demkratisch Fortschrittliche Partei (PDP) verurteilte in einen Kommunique den Polizeieinsatz und erklärte sich solidarisch mit « einer Jugend für die Leben und Tod das gleiche sind ». Selbst der Vorstand der eher systemtreuen, tunesische Gewerkschaft UGTT spricht sich gegen « den Einsatz der Sicherheitskräfte gegen spontane Ereignisse » aus und fordert « einen ernsthaften und konstruktiven Dialog ». Falls sich die Nachrichten bestätigen sollten, nach denen sich am Montag ein weiterer junger Arbeitslose in Sidi Bouzid das Leben nahm, in dem er in einen Brunnen sprang, dürften die Proteste auch in den nächsten Tagen weitergehen.
Quelle:http://mimpresion.blogspot.com/2010/12/soziale-proteste-in-tunesien.html
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Toter bei Protesten gegen Arbeitslosigkeit unter Jugendlichen in Tunesien
Am Freitag wurden im tunesischen Menzel Bouzaiene Proteste von Polizeikräften unter Waffengebrauch zerschlagen. Zuvor hätten Teile der Demonstranten Angaben eines Polizeisprechers zu Folge die Beamten mit Molotow-Cocktails beworfen. Versuche, die Menge mit Warnschüssen auseinanderzutreiben, seien gescheitert, sodass die Polizei in Notwehr gehandelt habe. LautBBC kam dabei ein 18-jähriger ums Leben, einige Polizisten erlitten Verbrennungen. Die Protestwelle hatte sich unter der Woche erhoben, nachdem der im Zusammenhang mit einer polizeilichen Kontrolle erfolgte Selbstmord eines Studenten offenkundig wurde.
Offenbar konnte der 25-jährige dabei nicht die notwendigen Lizenzen für seinen Nebenjob nachweisen, dem er auf Grund der belastenden finanziellen Situation gezwungenermaßen nachging. Die Demonstrationen stehen nunmehr im Zeichen des Protests gegen die hohe Arbeitslosigkeit unter Jugendlichen.
26. Dez. 2010 Quelle: http://www.eufrika.org/wordpress/2010/12/toter-bei-protesten-gegen-arbeitslosigkeit-unter-jugendlichen-in-tunesien/
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Schüsse auf randalierende Demonstranten in Tunesien
Samstag, 25.12.2010 | 16:09 Uhr Bei einer Protestkundgebung gegen die hohe Arbeitslosigkeit haben Polizisten in Tunesien das Feuer auf randalierende Demonstranten eröffnet. Dabei wurde nach Angaben des Innenministeriums ein Mensch getötet und zwei weitere verletzt. Auch mehrere Sicherheitskräfte erlitten bei den Auseinandersetzungen in der Stadt Menzel Bouzayane teils schwere Verletzungen. Tunis (dapd).
Die Demonstranten setzten am Freitag Polizeiwagen und Büros der Regierungspartei sowie von Sicherheitsdiensten in Brand. Die Polizei habe zunächst Warnschüsse in die Luft abgegeben und schließlich in Selbstverteidigung auf die Menge gefeuert, erklärte das Innenministerium am Samstag. Zwei der verletzten Sicherheitskräfte liegen demnach im Koma.
Bei dem Getöteten handelt es sich nach Angaben von Gewerkschaftsführer Mohamed Fadhel um einen 18-Jährigen, der in die Brust getroffen wurde. Zehn Demonstranten seien verletzt worden. Fadhel zufolge versammelten sich etwa 2.000 Menschen in Menzel Bouzayane, um gegen die hohe Arbeitslosenquote vor allem unter Jugendlichen dort zu demonstrieren. Die Stadt wurde abgeriegelt, mehrere Menschen wurden festgenommen und Häuser von Demonstranten durchsucht.
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