29 août 2008

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TUNISNEWS

8 ème année, N° 3020 du 29.08.2008

 archives : www.tunisnews.net  


ACAT-France: Cas de M. Bouraoui Makhlouf – Lettre au Ministère de la Justice et des Droits de l’homme ACAT-France: Cas de M. Abdellatif  Bouhjila – Lettre au  Directeur de l’Hôpital LA RABTA CPJ: Tunisia denies passport to formerly imprisoned journalist Comité de soutien aux Habitants du bassin minier de Gafsa: Réunion de solidarité Maghreb Confidentiel: Ben Ali prépare la présidentielle de 2009 Maghreb Confidentiel: Sakher El Materi Webmanagercenter: Facebook indisponible. Google en attente ? Jeune Afrique: L’affaire Tarak Dhiab Mediaterre: Dégradation de l’eau en Tunisie: un coût exorbitant Houcine Ghali: Tunisie –  Des milliers de cadres et universitaires en retraite qui n’ attendent que la mort Gasrini: Religion et Modernité  L’Expression: Le tourisme sous Ben Salah Le Monde: Genève : les esclaves des Kadhafi parlent

AFP: Prison à perpétuité pour deux anciens chefs de la dictature argentine


Action des chrétiens  pour l’abolition de la torture  l’ACAT-France   
 
Monsieur le Directeur de l’Hôpital LA RABTA 1007 Tunis   Fax 00 216 71 570 506   Monsieur le Directeur,

Membre de l’ACAT-France, je suis particulièrement inquièt(e) pour la santé de M. Abdellatif  Bouhjila.   Monsieur  Bouhjila aurait dû bénéficier d’un bilan de santé complet dès sa sortie de prison en novembre 2007, afin de pouvoir se soigner et se remettre physiquement des mauvais traitements subis en prison et des effets des différentes grèves de la faim.   M  Abdellatif  Bouhjila a des difficultés à obtenir des rendez-vous, alors que ceux-ci sont nécessaires étant donné son état de santé. Le dernier en date pour analyses médicales programmé le 24 juin 2008 a été reporté au 07 octobre 2008 soit un recul de plus de 3 mois.   Je vous demande donc de permettre à M. Bouhjila d’obtenir des rendez-vous médicaux en priorité.   Dans cette attente, je vous prie d’agréer, Monsieur le Directeur, mes salutations distinguées.   Copie : Ambassade de Tunisie en France  25 rue Barbet de Jouy 75 007 Paris Fax : 01 45 56 02 64


Action des chrétiens  pour l’abolition de la torture

  l’ACAT-France  

Monsieur  Béchir Tekkari Ministère de la Justice et des Droits de l’homme 57 Bd Bab Benat 1006 Tunis Tunisie Fax : 00 216  71 568 106   Monsieur le Ministre,   Alerté(e) par l’ACAT-France, je suis particulièrement préoccupé(e) par l’état de santé de Bouraoui Makhlouf détenu à la prison de Monastir. Malgré les séances de laser, Il risque de perdre la vue et souffre par ailleurs de douleurs dorsales aiguës depuis qu’il a été torturé lors de sa garde à vue au Ministère de l’Intérieur en 1991. Il n’a pas accès aux journaux et ses conditions de détention sont rendues particulièrement difficiles par l’administration pénitentiaire. Par conséquent, je vous prie instamment :   ·         de garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de Bouraoui Makhlouf; ·         de lui permettre d’avoir accès aux soins dont il a besoin.     Dans cette attente, veuillez croire, Monsieur le Ministre, à l’expression de ma haute considération.     Copie : Ambassade de Tunisie en France  25 rue Barbet de Jouy 75 007 Paris Fax : 01 45 56 02 64


29/08/2008

Tunisia denies passport to formerly imprisoned journalist

 

 
His Excellency Zine al-Abidine Ben Ali President of the Republic of Tunisia c/o His Excellency Ambassador Mohammed Nejib Hachana 1515 Massachusetts Avenue, N.W. Washington, D.C. 20005 Via Facsimile: 202 862 1858 Dear Mr. President, The Committee to Protect Journalists is writing to protest your government’s continuing refusal to grant journalist Slim Boukhdhir a passport. Since 2003, Tunisian authorities have refused Boukhdhir a passport despite repeated requests. The journalist’s lawyer, Mohamed Abbou, told CPJ that so far the authorities have not explained why. The last time Boukhdhir applied for one was in November 2007, he told CPJ. On August 11, his lawyers filed a formal complaint with the Ministry of Interior, requesting an update on his application status. They have not yet received an answer. CPJ believes that Boukhdhir is being denied his passport and is being harassed by Tunisian authorities because of articles he published online that were critical of Tunisian authorities. Boukhdhir, a journalist who writes for several online Arabic Web sites and newspapers, just served nearly a year in Sfax Prison after he was convicted in November 2007 on what were widely seen as fabricated charges of insulting a public employee, violating « public decency, » and refusing to hand over identification to police. He was released on July 21 and, until yesterday, authorities withheld the journalist’s identification card, when an unknown person whom he believes was a security agent threw the card into his home’s window in Sfax, he told CPJ. Boukhdhir also said that since his release he has been under constant police surveillance. He said he believes his phone is being monitored, noting that the line has been cut when he has conducted interviews for regional television stations, he told CPJ, and that whenever he uses his phone security police soon appear nearby. In the past, Boukhdhir has gone on hunger strikes to protest police harassment and the government’s refusal to grant him a passport. Abbou told CPJ that his client submitted an application and the necessary documents to obtain a passport in early November 2007, a few weeks before he was arrested. Authorities had promised that he would be able to obtain a passport, Abbou said. CPJ views this harassment as punishment for Boukhdhir’s critical journalism and as such a flagrant violation of basic press freedom standards. Regrettably, Boukhdhir’s case is not an isolated incident. CPJ has documented numerous cases of journalists who have had their passports denied by the government over the years in retaliation for their criticisms. We call on you to ensure that Slim Boukhdhir receives his passport without further delay and is able to travel freely as is his right, and that authorities cease their harassment. Thank you for your attention to this important matter. We look forward to your reply. Sincerely, Joel Simon Executive Director CC: Mohammed Nejib Hachana, Tunisian ambassador to the United States Robert F. Godec, United States ambassador to Tunisia Alan Goulty, United Kingdom ambassador to Tunisia American Society of Newspaper Editors Amnesty International Article 19 (United Kingdom) Artikel 19 (The Netherlands) Canadian Journalists for Free Expression Freedom of Expression and Democracy Unit, UNESCO Freedom Forum Freedom House Human Rights Watch Index on Censorship International Center for Journalists International Federation of Journalists International PEN International Press Institute The Newspaper Guild The North American Broadcasters Association Overseas Press Club — Mariwan Hama-Saeed Phone:+1 530 798 8378 Email: mariwanh@gmail.com

Comité de soutien aux Habitants du bassin minier de Gafsa

Réunion de solidarité

Paris, le 26 août 2008,     Chers ami-e-s, Nous vous convions à une importante réunion de rentrée portant sur deux points : 1.  La situation dans le bassin minier de Gafsa en Tunisie, où l’on compte maintenant plus de 150 personnes en prison et où les procès qui se profilent sont source d’une immense inquiétude. Les peines prononcées le 14 août contre Madame Zakia DHIFAOUI et ses co-inculpés annoncent la couleur quant aux procès de la rentrée : 8 mois de prison ferme pour madame Dhifaoui et 6 mois pour chacun de ses co-inculpés pour avoir participé à une marche organisée par les femmes à Redeyef en début du mois d’août. Nombre de personnes sont toujours recherchées par la police tunisienne dont la présence est toujours aussi pesante notamment dans la ville de Redeyef.   2. La criminalisation des immigrés de France : à son retour en Tunisie le 1er août, Essghaier Belkhiri, un ressortissant tunisien de Nantes, est arrêté au port de la Goulette et transféré à la prison de Gafsa. Il encourt une peine d’emprisonnement très lourde au regard des accusations retenues contre lui : « financement de bande de malfaiteurs ». Son frère, résident lui aussi à Nantes, a annulé ses vacances en Tunisie pour ne pas être le troisième « arrêté » au sein d’une même famille. La solidarité, exprimée en France envers les populations du bassin minier est ainsi érigée en crime.   Nous ferons le point sur les actions en cours (lettre à Rama Yade, Lettre au Député Jean Marc Ayrault, la proposition d’une campagne « un cartable pour les enfants des prisonniers du bassin minier, etc.), et les mobilisations supplémentaires nécessaires. Le 4 septembre à 18H30 dans les locaux de Solidaires 144 bd de la Villette, Paris 19e, Métro Colonel Fabien ou Jaurès.     Comité de soutien aux Habitants du bassin minier de Gafsa Courriel : bassin.minier@hotmail.fr C/o FTCR, 3 rue de Nantes 75019 Paris

MAGHREB CONFIDENTIEL N° 844 du 28 août 2008 Tunis

Ben Ali prépare la présidentielle de 2009

 
Le président tunisien a profité du renouvellement partiel du Sénat pour y faire nommer d’anciens rivaux devenus des « opposants » comme Mohamed Moada, ex-SG du Mouvement des démocrates socialistes, et Mondher Thabet, SG du Parti social libéral. Parmi les promus figurent aussi des amis tels que Moncef El Materi, père de Sakher El Materi, l’homme d’affaires Aziz Miled, l’avocat Fayçal Triki ou encore Ridha Mellouli qui est en charge du dossier des droits de l’homme. La grande surprise est la nomination de Mohamed Chandoul, membre du bureau exécutif de l’Union générale du travail de Tunisie. La centrale syndicale boycotte le Sénat depuis sa création en 2004. Par contre, Ben Ali tarde à rendre publique la liste du nouveau bureau politique du RCD, dont le 5e congrès s’est tenu fin juillet. MohamedGhariani, ex-ambassadeur de Tunisie à Londres originaire de Kairouan et actuel conseiller politique du chef de l’Etat, est pressenti au secrétariat général du parti en remplacement de Hedi M’Henni.

 
MAGHREB CONFIDENTIEL N° 844 du 28 août 2008 TUNISIE

Sakher El Materi

 
Le gendre du président Ben Ali, très présent dans les affaires (concessions automobiles Audi, Volkswagen, Renault Trucks…), multiplie les secteurs d’intervention. Le fils du colonel Moncef El Materi, proche du général Ali Sarayti, le patron de la sécurité du président, va lancer la nouvelle chaîne de télévision Zitouna. Il opère déjà une radio du même nom.Sakher El Materi a aussi déposé auprès de la Banque centrale une demande d’autorisation pour ouvrir une banque islamique, la première dans le pays. Sakher El Materi, récemment élu membre du comité central du RCD, voit aussi croître son étoile politique. Lors de la visite du colonel Kadhafi en Tunisie ce mois-ci, le « Guide » s’est rendu à une réception donnée chez les El Materi à Hammamet. Et Sakher El Materi est allé à la rencontre du colonel en Libye avant son déplacement…


 

Facebook indisponible. Google en attente ?

Par Mohamed FATEH Facebook est «indisponible». Certains évoquent une «panne technique». Puisqu’il paraît que la fameuse erreur 404 n’apparaît pas chez tous les amateurs tunisiens du plus célèbre des réseaux sociaux. Facebook qui a donné une image chic et branchée des Tunisiens. Facebook, qui a permis de rehausser l’image étincelante et virtuelle de notre pays. Nos jeunes seraient si dynamiques, si connectés, qu’ils envahissent la sphère virtuelle. Certains évoquent des solutions, des ersatz, pour continuer à se brancher contre vents et marées à ce portail si populaire. Et par-là même si décrié. Etonnamment, l’adresse http://fr.www.facebook.com/  fonctionne encore. Tout comme www.www.facebook.com , d’ailleurs. Gageons qu’il s’agit là d’une faille qui sera corrigée dans les plus brefs délais. Mais après tout, on pourrait pour une fois voir le bon côté des choses. Les relations humaines, quand elles se «virtualisent» à ce point, elles perdent de leur chaleur naturelle. Si les Tunisiens ne parlent plus à leurs voisins, s’ils ne se lèvent plus pour les personnes âgées dans les bus bondés, c’est sûrement, en partie, de la faute de Facebook. Il faudrait d’ailleurs peut-être envisager sérieusement à nous ôter «Google» du paysage. C’est qu’après tout, le moteur de recherche qui porte ce nom n’apporte pas que des bienfaits. Les nouvelles générations s’en servent pour tricher. Il suffit de taper n’importe quel mot dans la barre de recherche pour trouver une foule d’informations. Et ces petits malicieux peuvent ainsi à bon compte «copier-coller» sans vergogne le contenu de leurs exposés à l’école. Mauvais, donc, pour l’enseignement et l’éducation nationale. Google permet d’ailleurs aussi aux journalistes de bâcler leur travail, en allant tout droit aux sources d’informations. Or ces informations en question, délivrées par des sources étrangères parfois douteuses et malintentionnées, peuvent desservir la cause de notre économie nationale. Les responsables chargés de veiller sur notre bien-être virtuel devraient donc sérieusement envisager à nous débarrasser de la grotesque calamité «Googlesque». Et honnêtement, depuis qu’il y a des mails, les relations épistolaires ne sont plus ce qu’elles étaient. Mais peut-on encore imaginer les lettres amoureusement cachetées de Madame de Sévigné à l’ère des e-mails ? Le style, l’élégance de la calligraphie, les pleins et les déliés… Que de beauté abandonnée. Les jeunes d’aujourd’hui ne s’expriment plus que par des onomatopées, des abréviations barbares, mélangeant allégrement chiffres et lettres pour de lamentables messages au contenu décevant. Il faudrait donc, peut-être, penser à limiter drastiquement l’usage des e-mails aux seuls professionnels. Mieux : on pourrait ouvrir des bureaux spécialisés où des écrivains assermentés enverront à notre place les missives les plus urgentes. De quoi créer des emplois et résorber le chômage des diplômés d’arabe et de français. Aucune mesure ne doit être épargnée pour rallumer la flamme de l’amour des Belles Lettres. Que l’on sacrifie toute la Toile du net mondial, s’il le faut, si notre sérénité est à ce prix. (Source : «Webmanagercenter.com » (portail électronique – Tunis), le 29 août 2008) Lien : http://www.webmanagercenter.com.tn/management/article.php?xtor=ES-2053&id=46326


 

L’affaire Tarak Dhiab

 
par SAMY GHORBAL-Jeune Afrique Banale altercation entre un automobiliste récalcitrant et les forces de police ou « subtile » tentative d’intimidation ? Légende vivante du football tunisien qui fut notamment Ballon d’or africain en 1977, Tarak Dhiab a été arrêté au volant de sa voiture dans la matinée du 14 juillet, alors qu’il sortait du parc d’entraînement de l’Espérance sportive de Tunis, l’EST, le plus populaire et le plus titré des clubs tunisiens. Conduit au poste parce que l’assurance de son véhicule n’était pas en règle, il a été relâché en fin de journée, puis reconvoqué le lendemain pour « s’expliquer ». Le sportif, connu pour son franc-parler, venait de se faire évincer de la vice-présidence de l’EST, moins de trois mois après son intronisation. Son arrivée au cœur du staff des « Sang et Or », voulue par Hamdi Meddeb, riche capitaine d’industrie, patron de Délice-Danone, avait ravi les supporteurs mais provoqué en haut lieu quelques grincements de dents. Le 6 juillet, il avait défrayé la chronique lors de la remise de la coupe de Tunisie, gagnée par son club aux dépens de l’Étoile du Sahel, en refusant ostensiblement de serrer la main du ministre des Sports, Abdallah Kaabi. « Tarak était persuadé que le ministre avait mis un veto à sa nomination, explique un journaliste bien introduit dans les sphères dirigeantes du football tunisien. Le contentieux remonte à quelques mois. Tarak, qui commentait la rencontre sur la chaîne privée Hannibal TV, avait eu des mots très durs pour les autorités après les débordements qui avaient émaillé un match de troisième division entre El-Fahs et Makthar. Kaabi s’était senti personnellement visé. » Pourtant, cette inimitié récente ne suffit sans doute pas à expliquer complètement la chute de l’idole. Grande gueule et consultant vedette de la chaîne qatarie Al-Jazira, Tarak Dhiab ne compte pas que des amis dans le milieu sportif. Et a eu, dans le passé, plusieurs fois maille à partir avec Slim Chiboub, le gendre du chef de l’État et président de l’Espérance entre 1991 et 2005, qui reste un des hommes forts du football tunisien. Se contentant de reproduire le communiqué du club annonçant le limogeage de l’ancien numéro 10, mais s’abstenant de tout commentaire, les médias – à l’exception de deux ou trois supports (Al Chaâb, Akhbar al-Joumhouria et Al-Tariq el-Jadid) – ont observé un mutisme assez inhabituel sur l’affaire. « On se croirait revenus dix ans en arrière », soupire notre journaliste sportif.
 (Source : « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2482 du 3 au 9 août 2008)


 

Dégradation de l’eau en Tunisie: un coût exorbitant

 
par Rajae CHAFIL Avec une disponibilité de l’eau de 470 m³/capita soit moins de 50% de la moyenne de la région MENA, la Tunisie est déjà un pays soumis à un stress hydrique. Les quantités d’eau limitées sont inégalement réparties à travers le pays et intensément utilisées. Cette situation a posé de sérieux défis tels qu’une dégradation accrue et un risque d’épuisement. Afin d’évaluer les coûts de dégradation des ressources en eau, un rapport a été élaboré avec l’appui de la Banque Mondiale. Le premier chapitre de ce Rapport introduit les principales problématiques de l’eau en Tunisie et les objectifs de l’étude. Le Chapitre 2 présente un aperçu des techniques et méthodes utilisées pour l’évaluation économique. Les Chapitres 3 à 8 évaluent les impacts de la dégradation de l’eau sur les principaux secteurs économiques. Le Chapitre 9 discute l’importance des coûts estimés et présente quelques recommandations. En fait, ce Rapport fait suite à une étude précédente (Sarraf & al., 2004) qui a estimé le coût annuel de dégradation environnementale de l’eau, de l’air, du sol, de la zone côtière et des déchets à 2,1% du PIB en 1999. Dans cette étude, la dégradation de l’eau a compté pour la plus grande part du coût global, soit 0,6% du PIB. Ce rapport vise à fournir une analyse plus étendue du coût de dégradation de l’eau en Tunisie. En particulier, il examine les impacts de la salinité5 de l’eau, de la contamination, de l’hydromorphie, de l’envasement des barrages et de la surexploitation des nappes sur les principaux secteurs économiques. En analysant la dégradation de l’eau dans un pays connaissant un stress hydrique comme la Tunisie, il est important de distinguer entre les coûts liés à la rareté de la ressource, et le coût additionnel dû à l’utilisation6 non optimale de la ressource. Ce rapport focalise seulement sur cette dernière. Bien sûr, ces problèmes sont généralement liés car la dégradation de la qualité exerce une pression additionnelle sur les ressources non dégradées restantes. Il est parfois difficile, sinon impossible, de séparer les problèmes selon la cause. La précision des estimations est souvent conditionnée par plusieurs limitations. Dans certains cas, des contraintes de données ont imposé l’utilisation d’hypothèses et de simplifications ; des hypothèses conservatrices ont été faites dans de tels cas. Dans d’autres cas, des contraintes de données ont été si fortes qu’il n’a pas été possible de faire d’estimation. Par conséquent, toutes les évaluations devraient être considérées comme des ordres de grandeur plutôt que des valeurs précises des dommages. Pour refléter cette incertitude, plusieurs estimations sont présentées comme un intervalle de valeurs plutôt que des chiffres précis. Le rapport s’adresse principalement aux responsables politiques tels que les ministères (Ministère de l’Environnement et de Développement Durable, Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques et l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral) ainsi qu’aux agences nationales de services publics (SONEDE, ONAS) et au public en général. En assignant des valeurs monétaires à la dégradation environnementale, l’étude : – fournit un mécanisme utile de classer les coûts sociaux relatifs des différentes formes de dégradation ; – offre aux responsables politiques un instrument permettant d’intégrer l’environnement dans les décisions de développement économique ; – permet de comparer les dommages dus à la dégradation de l’eau aux autres indicateurs économiques ; – donne au Ministère de l’Environnement un instrument pour discuter l’importance de la protection de l’environnement en termes économiques, dans le même langage utilisé par les Ministères des Finances et de l’Economie. (Source : « Portail Femmes sur mediaterre.com, le 27 août 2008 à 17h34 GMT) Lien : http://www.mediaterre.org/genre/actu,20080827173401.html  

 

 TUNISIE : DES MILLIERS DE CADRES ET UNIVERSITAIRES EN RETRAITE QUI N’ ATTENDENT QUE LA MORT

 
Houcine Ghali, Genève Houcine.Ghali@bluewin.ch  Oui, en Tunisie, il y a des dizaines de milliers de retraités ( instituteurs, professeurs, médecins, ingénieurs, PDG, juges, avocats, pharmaciens, employés dans divers secteurs, spécialistes dans tous les domaines,etc…) qui ont cessé de travailler dès l ‘âge de 60 ans. Ils sont déjà privilégiés puis que dand des pays comme la Suisse la retraîte n’est possible qu’à 67 ans. Mais que font-ils dès lors qu’ils ne sont plus astreints à une présence de huit heurs par jour au travail’ Que font-ils de leur temps libre? Ont-ils pensé un seul instant à consacrer un minimum de temps soit-il au service d’autrui ? Se sont-ils intéressés  au bénévolat ou à l’adhésion dans une association caritative ou humanitaire pour venir en aide à des pauvres gens qui sont dans le besoin et la soif d’apprendre? Malheureusement pas car les retraîtés tunisiens n’ont nullement le sens ni la culture pour penser à faire bénéficier leur connaisasnce,  leur savoir et  leur expérience à leurs compatriotes qui pourtant en sont dans un urgent besoin. Et vous les trouvez ainsi dans les cafés, chez eux ou ailleurs, à longueur de journée, à bavarder, à taper le carton, à disserter sur un match de football, à commenter les faits divers, à se raconter des blagues, à disserter sur la cause palestinienne ou le drame de l’ Irak, à inventer des blagues sur le couple présidentiel, enfin à s’occuper de tout et de rien mais jamais à s’ engager pour des problèmes concrêts qui concernent leur vie quotidienne et le sort de leurs compatriotes démunis. Il est quant même extraordinaire de constater que les retraîtés tunisiens cadres et instruits passent un temps fou à analyser et à trouver des solutions aux problèmes des autres ( Palestine, Irak, Afganistan, Darfour, Liban, Iran, etc.. ) mais sans jamais penser un seul instant à leurs problèmes aussi quotidiens soient-ils. Ils savent pertinamment qu’ils subissent la répression, qu’ils ne jouissent d’aucune démocratie, qu’ils vivent dans des conditions oppressives mais agissent comme si de rien n’ était par peur et par lâcheté. Parler de la Palestine, celà ne gène nullement le pour en place. Mais critiquer les aberrations de leur vie quotidienne, bien sûr celà pourrait amener la foudre des gouvernants et c’est pourquoi les retraîtés intellectuels tunisiens évitent d’aborder ces sujets. Il s’agit donc là d’un comportement conscient de la pratique d’une hypocrisie ambiante qui en dit long sur la bassesse du peuple tunisien. Le médecin retaîté peut consacrer deux heures par jours pour aller rendre visite à des familles pauvres qui n’ont pas les moyens de se rendre chez un praticien privé. Il peut les osculter, leur parler, les conseiller bénévolement. Mais il ne le fait pas et s’en fout même de leur condition. Le professeur ou l’instituteur aurait pu aider des enfants de familles de condition modeste et surtout de parents analphabètes dans leurs devoirs pour qu’ils puissent avancer et réussir dans leurs études. Mais ils ne le font pas. Les dizaines de milliers de retraîtés cadres et intellectuels constituent un capital en déperdition et qui refusent à consacrer un temps aussi minime soit-il pour la solidarité et surtout pour donner un sens à leur fin d’existence. Car, à parir de 60 ans, on est encore capable de s’ investir pour le développement du pays et pour aider ceux qui sont dans le besoin. Mais pour avoir cette prise de conscience, il faut une autre politique dans le pays et une autre mentalité chez les Tunisiens.  

Religion et Modernité

Gasrini La religion, qui n’a cessé autre fois de sculpter le divin dans les formes le plus merveilleusement soignées, la religion qui était autre fois la prometteuse de l’éternité, de l’immuabilité et de la paix inépuisable, devient aujourd’hui la pure connotation de l’aliénation, la religion qui autre fois promit les fidèles la lumière, devient aujourd’hui la connotation de l’obscurantisme. La religion, qui autre fois promit d’un monde meilleur, devient aujourd’hui la connotation de l’arriération et du dogmatisme. Telle est la représentation que l’on se fait de la religion quand celle-ci se bat en retrait contre la modernité qui ne cesse d’envahir des terrains autre fois occupés par le divin. Mais la question qui se pose, est-ce une bataille entre la modernité et la religion ou entre leurs deux représentations respectives ? Autrement dit est-ce une bataille entre Dieu et les hommes ou une bataille entre hommes ? Quand les archéologues ont voulu  voyager dans le passé lointain et quand ils sont arrivés à  pénétrer les grottes les plus isolées, n’ont pas trouvé nos anciens ancêtres en chaire et en sang mais ils ont trouvé ce qu’ils leur indiquent leur représentation du monde. Ils n’ont pas seulement découvert quelques détails sur leur vie quotidienne mais leurs rituels, et ils ont trouvé des indices sur leur culte voire leur Dieu. Depuis la nuit des temps et l’homme se fait forger un lien avec Dieu pour enfin se saisir soi-même et faire capituler la nature qui lui fait tant de souffrance. L’anthropologie nous a d’abord enseigné dans les sociétés dites «primitives » que la conscience de soi et par conséquent de l’autre se passe via la conscience collective de Dieu ou de « l’Esprit Divin». La religion n’était donc guère une affaire privée mais en revanche le fil qui tisse le lien social. Autrement dit, la religion forgeait la paix pas uniquement en terme  individuel intérieur mais également en terme social extérieur. La sociologie nous enseigne que la religion n’est pas un simple culte dénoué de sens, mais c’est l’incorporation par excellence qui garantie à tous ces hommes différents qu’ils ont un « symbole » unique qui leur assure l’objectivité nécessaire à la vie commune. Ça ce qui concerne la religion, mais qu’en est-il avec la modernité ? Est – ce vraiment une connotation simple indiquant le présent sans aucune opposition avec la religion ou bien c’est l’antonyme de celle-ci ? Mais avant de s’engager dans cette direction, il va falloir résoudre un problème qui concerne la définition de la modernité. Peut-on définir le terme modernité en tant qu’il est sans faire appel à un procédé par opposition ? Les philosophes et les spécialistes de la science humaine ont fait couler beaucoup d’encre là-dessus, mais pour finir ils n’ont qu’aggraver la problématique. En définitive, la modernité est un concept hétérogène dans lequel interviennent plusieurs sous concepts, au nombre desquels on trouve le concept chronologique et les concepts de l’attitude. Quant au premier, c’est la démarcation entre l’ancien et le nouveau, entre la période épuisée et la période émergente. Et en ce qui concerne le deuxième concept, la modernité est une idée de progrès qui influence l’action et l’attitude envers le présent. Historiquement, le terme est apparu au cinquième siècle marquant ainsi le passage de l’antiquité vers le christianisme. On entend par là que la vulgarisation du christianisme, devenu la religion officielle de l’empire romain, est un fait conçu comme le générateur de la modernité. Ensuite, le terme a été réutilisé durant la renaissance pour marquer la fin de l’époque médiévale et même le terme ‘temps moderne’ a été utilisé au quinzième siècle lors de la chute de Constantinople. Au dix-septième siècle, la modernité fut conçue à travers la science galiléenne et la philosophie cartésienne. Grosso modo, la modernité se présente comme le culte de la raison en repoussant à l’aide de « ses institutions » toute forme d’irrationalité tout en prétendant l’émancipation de l’homme et la dissipation de l’ignorance, faute de quoi, l’homme se trouverait toujours contraint de se réfugier dans l’irrationnel. Cependant, la modernité se heurte à une question embarrassante quand elle condamne l’irrationnel surtout en le liant à l’ignorance : la modernité n’était pas prise au piège du dogmatisme scientiste et positiviste ? Et cette question engendre une autre : la modernité libère-t-elle l’homme de l’illusion et l’illusion ne fait-elle pas partie de la modernité ? Et en résumé, la modernité n’est-elle pas une croyance comme une autre ? Une majorité écrasante des livres de sciences humaines et sociales font allusion à l’irrationalité quand ils parlent de la religion et du rationalisme quand il parle de la modernité. Certains disent sans se gêner que la religion est la pure superstition et d’autres considèrent la modernité comme la pure prévoyance scientifique. Mais ce qui est le plus frappant est d’opposer  la religion à la science et de donner toujours l’idée que la religion était le pire ennemie de celle-ci, qui,  à son tour représente la fierté de la modernité. Pour démontrer que ce n’est pas le cas, il est indispensable de se focaliser sur une religion spécifique et d’en étudier le rapport avec la science et, par conséquent, avec la modernité. L’islam dans le premier verset du Coran et précisément dans la sourate de l’ADHÉRENCE : « Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’une adhérence. Lis ! Ton Seigneur est Très Noble, qui a enseigné par la plume, a enseigné l’homme ce qu’il ne savait pas », a insisté sur le savoir en sollicitant les fidèles de lire. Et parmi les leçons que Mohammed a donné à ses disciples est l’importance de la science et il a dit dans ce contexte : « sollicitez la science du berceau jusqu’au dernier asile ». En théorie, le Coran a glorifié la science de sorte qu’il mette les savants dans le premier rang d’hommage et de respect. Et en pratique, les nomades qui vivaient dans la péninsule arabe n’avaient presque aucune institution, aucun intérêt pour la science et par conséquent, aucune civilisation. La modernité pour eux commence avec l’islam qui vient de les épanouir, leur ouvre les yeux et leur sert de référence pour ancrer une civilisation dont les sciences, la philosophie, la littérature…etc. sont splendides. Eux qui n’ont jamais entendu parler de la philosophie grecque, l’apprennent, la traduisent pas uniquement en arabe, mais également en latin. De ce fait ce sont eux qui ont  aidé les occidentaux à relire leur histoire et leur philosophie. Et quant à la technique et à l’architecture, leur travail minutieux est toujours visible dans les traces laissées soit à l’orient, soit à l’Andalousie en occident. Bagdad était jadis la capitale du monde, Bagdad connotait la lumière et le progrès. Pour eux la religion est le synonyme de la modernité. Dans l’esprit musulman, la religion et la modernité sont structurellement inséparables dans la mesure où elles ne font qu’un concept. Par là, il ne peut y avoir aucune forme de dualisme. La philosophie arabe ‘du moyen âge’ et même avant ne concevait pas la question de la modernité en fonction d’une dualité entre la science et la religion. L’autorité spirituelle de la mosquée ne pouvait entraver le progrès, car ce dernier entre en harmonie avec toutes les promulgations religieuses de son temps. Mais le moyen âge n’a pas la même connotation pour tout le monde. En effet, s’il indique l’épanouissement et la prospérité pour l’orient musulman, il indique exactement le contraire dans l’occident chrétien. Il faut encore signaler que le rapport entre l’église et la communauté scientifique n’était que conflictuel, ce qui va alimenter à jamais le divorce. La philosophie de la lumière est née à partir de cet esprit du temps diabolisant l’église à jamais voire toute sorte de croyance commune en la divinité. Le monde musulman a été affecté par cette montée de philosophie antireligieuse. Mais la question qui se pose, ces philosophes ont-t-ils vraiment étudié la religion en tant que telle en essayant de discerner le judaïsme authentique de celui en déclin et également le christianisme authentique de celui en déclin. Et ce « en déclin » n’est que le reflet d’une réalité sociologique et politique très complexe… L’église qui s’est emparé d’un pouvoir énorme, a voulu mettre en péril tout ce qui peut entrer en concours avec sa puissance spirituelle et temporelle. Est- ce la faute du christianisme que le pape assoiffé de pouvoir, a relégué les grandes valeurs de cette religion en l’arrière plan tout en produisant de nouvelles idées illusoires condamnant ainsi la science et le progrès. Si notre pape pensait que la science était l’ennemie de son pouvoir, Jésus-Christ avait la certitude que la science était le corollaire de son pouvoir par le simple fait qu’il a défié les médecins et les savants de son époque par la preuve et l’argument. Galilée, qui s’est fait réprimé par l’église, était conçu par cette dernière comme un concurrent mettant la véracité de sa vision du monde en danger. Ceci n’est pas si étrange que ça car l’église savait très bien qu’elle apprivoisait en fonction de la situation politique rien que pour s’affirmer et étendre son domaine. Et en revenant à l’islam, la mosquée n’a jamais eu cette importance institutionnelle qu’avait l’église et cela a pour origine la différence radicale de la conception de la foi. En l’occurrence, l’islam était omniprésent dans la mesure où il réglait la vie économique, sociale, politique et juridique. Dans ce sens, l’islam ne vient pas se greffait violemment dans le système mais il est le système. Par contre, le christianisme tel qu’il était conçu par le pape au moyen âge, n’était qu’une partie greffée dans le système. D’où ce concours qui a permis ‘en premier lieu’ à l’église d’écraser le système et en second lieu au  système de faire sa revanche. En résumé, la guerre était entre des scientifiques et des religieux, mais aucunement entre la science et la religion. Aujourd’hui encore cette dualité persiste et s’est transférée au cours du temps vers le monde musulman, là où le conflit connaît ses formes les plus exaspérées. Un islam autrefois fondateur de civilisation et d’épanouissement, devient aujourd’hui une source d’angoisse et de violence. Est-ce vraiment l’islam ? Car si c’était lui, l’équation deviendrait incompréhensible dans la mesure où il s’autodétruirait, vu que c’est lui la civilisation. L’équation est très complexe, comme elle a déjà toujours été quant au judaïsme et au christianisme. Le politique subventionné par un scientisme dogmatique crée toujours des équations dont la résolution ne fait que décliner l’humanité. Cette humanité qui sculpte soigneusement, merveilleusement et miraculeusement le statut de son divin pour l’écraser et le profaner, impitoyablement, par la suite, pour enfin se substituer à Dieu et devenir le Dieu souffrant, incohérent, voire schizophrène. Une chose est sûre, le nouveau Dieu n’est point éternel, il est épuisable et incapable de se livrer à lui-même. (Source : www.alhiwar.net, (Allemagne), le 28 août 2008) Lien : http://www.alhiwar.net/pages/index.php?pagess=sec&id=9768  
 

 
Témoignage

…Et ceux qui ont travaillé pour Oussama ?

 
A-t-on oublié le travail de M. Dachraoui, (président de la FTN) auprès de la TAS ?
 
Les cérémonies fêtant le sacre olympique de notre champion Oussama Mellouli se suivent (et se ressemblent) avec une constante troublante : l’absence de la Fédération concernée, celle de la Natation, et de son président, mis à l’écart et dans les rangs, simple invité comme tous les (anonymes) présents ! Sans entrer dans des détails peu reluisants pour ceux qui se mettent en avant après les consécrations (une question d’éthique, avant tout, les Tunisiens, en 2008, sont assez intelligents), l’honnêteté intellectuelle (et civile) nous commande de révéler que, lors de la fameuse affaire d’Oussama passée devant le TAS, à Lausanne, le président de la Fédération, M. Abdejelil Dachraoui, a fait un travail de titans pour éviter la lourde (et habituelle) sanction de deux ans qui aurait privé notre champion des JO de Pékin. Et le miracle a eu lieu : le TAS se contente d’une suspension de 18 mois et les JO de Mellouli sont sauvés ! Ce fameux dossier du TAS était « l’espoir » des JO et nous avouons, pour l’Histoire, que le président de la FTN (avec notre modeste aide, très symbolique, s’agissant d’un Tunisien et de notre Tunisie) l’a décortiqué jour et nuit, l’a préparé avec une minutie exemplaire et, pour l’occasion, s’est déplacé deux fois en Suisse à ses propres frais ! Dès lors, ne tirons pas à vue après le succès. Ne travestissons pas l’Histoire et s’il y a eu des erreurs, des négligences ou des abus, sachons, aussi, les partager comme les lauriers… Fathi EL MOULDI (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 29 août 2008)


Le tourisme sous Ben Salah

Si la politique socialiste d’Ahmed Ben Salah dans les secteurs agricole, industriel et commercial est connue, celle qui concerne le tourisme demeure assez méconnue. Et pour cause : c’était un secteur nouveau qui suscitait autant d’appréhensions que d’espoirs. Quelques écrits existent sur cette question.

Pour en savoir un peu plus, nous avons interviewé Ahmed Ben Salah, super ministre sous Bourguiba et initiateur de cette politique, qui a accepté de nous parler des premiers pas de ce secteur, qui s’est trouvé d’emblée confronté à la politique collectiviste. Courtois et affable, n’ayant rien perdu de sa verve ni de son humour, l’ex-haut responsable nous a reçus dans sa modeste villa de Radès. Les cheveux blancs soyeux, il nous a raconté avec force détails le lancement d’un secteur dans lequel il s’était peu investi personnellement, mais auquel il a tout de même accordé une certaine importance.

L’Expression : ‘‘Les Perspectives décennales 1962-1971’’, Bible de la politique socialiste que vous avez menée dans les années 1960, n’avaient pas beaucoup insisté sur le développement du tourisme. Etait-ce une lacune ou ce secteur ne faisait-il pas encore partie de vos préoccupations majeures bien que Bourguiba ait appelé, dès 1958, les rares investisseurs et particulièrement les Jerbiens à s’y intéresser ?

Ahmed Ben Salah : En réalité, je ne me rappelle pas les termes exacts consacrés au secteur touristique dans les ‘‘Perspectives décennales’’, qui sont, du reste, fortement inspirés du programme de l’UGTT, mais je suis sûr d’une chose au moins : nous avions d’autres urgences et préoccupations que le tourisme, un domaine nouveau qui ne représentait pas grand-chose pour nous. N’ayant pas encore fait ses preuves, on ne pouvait pas compter dessus.

Quant aux investisseurs dont Bourguiba sollicitait la participation, ils étaient quasi inexistants. La Tunisie ne comptait que des petits commerçants dont les préoccupations étaient autres. Ce domaine nouveau ne nous interpellait pas réellement. Que dire des commerçants ! 

Mais vous avez fini par saisir l’importance de ce secteur. Vous rappelez-vous comment vous avez été amené à plaider pour son essor et son développement ?

Ce dont je me rappelle parfaitement et avec certitude, c’est ce qui c’était passé à Sousse où j’ai poursuivi mes études secondaires. Dans cette ville, tout comme dans les autres, mise à part la capitale, il n’y avait pas d’hôtels. Mais Bourguiba insistait sur le lancement de cette activité. L’occasion se présenta à la fin des années cinquante qui coïncida avec le départ des soldats français et consécutivement la fermeture du mess des officiers à Boujaâfar. J’ai proposé à Ahmed Noureddine, alors Maire de Sousse, de réaménager le mess des officiers et d’en faire un restaurant avant d’entreprendre le réaménagement de ce qui deviendra l’hôtel Boujaâfar.

Mais vous n’étiez pas encore Secrétaire d’Etat à l’Economie ?

J’étais secrétaire d’Etat à la Santé publique. Ce n’est qu’en 1961 que je suis devenu secrétaire d’Etat à l’Economie Nationale. Cela n’empêchait pas Bourguiba de nous charger parfois de missions qui ne faisaient pas partie de nos prérogatives.

Cela veut-il dire qu’à l’époque, vous vous étiez plus intéressé au secteur touristique depuis ?

Oui. Je peux dire que les choses sérieuses au niveau de ce secteur allaient commencer au début des années soixante. Nous n’avions pas encore découvert le gisement pétrolier d’El-Borma. Cela est très important, car si on avait découvert du pétrole, cela aurait certainement changé le cours des choses.

Une réunion décisive s’était tenue sous la présidence de Bourguiba et en présence des départements concernés dont principalement ceux des travaux publics et de l’habitat. Il y avait également le Gouverneur de la Banque Centrale et moi-même. Les deux principaux protagonistes.

Autant dire les deux antagonistes sachant que vos avis divergeaient sur la question touristique!

Pas vraiment puisque Hédi Nouira était certes très réservé sur ce dossier mais pas opposé. Selon sa thèse, la construction des unités hôtelières allait bouffer 85% des recettes en devises du pays. Et cela était réellement très éprouvant pour la balance des paiements. Au cours de cette réunion, je me suis engagé à renverser cette tendance et à ne recourir aux importations qu’à concurrence de 15%.

À la fin de la réunion Bourguiba avait dit textuellement : «J’ai compris les deux visions. La première est pessimiste et la seconde optimiste. Puisse Dieu vous venir en aide Si Ahmed !». La réunion s’était achevée sur ces paroles. Ce fut le départ dans cette nouvelle voie.

Comment avez-vous pu convaincre les quelques rares investisseurs ?

Cela n’avait pas été facile. À ce niveau, je peux vous raconter cette anecdote. Tahar Fourati est toujours là pour en témoigner. J’étais à l’Hôtel du Parc à Hammamet où je passais mes week-ends en famille chez mon ami Tahar Fourati que je payais d’ailleurs.

Je réfléchissais à la question des incitations à accorder aux investisseurs qui ne semblaient pas convaincus de la rentabilité du secteur. À un certain moment, je me suis tourné vers lui en disant : «Si Tahar, imagine un moment que le secrétaire d’Etat perd la boussole et annonce une exonération d’impôts pour les investisseurs touristiques. Comment ces derniers réagiraient-ils ?». La réponse de ‘‘Si’’ Tahar ne se fit pas attendre: «Ce sera le boom du secteur touristique».

Le lundi d’après, j’annonçais les mesures d’encouragement du secteur touristique dont principalement l’exonération d’impôts et taxes douanières sur les importations. En même temps, un véritable travail était entrepris pour lancer la petite industrie gravitant autour de ce secteur afin, comme je l’avais promis, d’atténuer progressivement les charges sur les importations et soulager la balance commerciale en déficit chronique.

Autrement dit, d’une industrie capitalistique, comme le soutenait l’économiste français De Bernis – sollicité à l’époque par le gouvernement Tunisien, ce dernier avait déconseillé l’option touristique parce que nécessitant de gros investissements qui risqueraient d’être pris sur d’autres secteurs dont l’agriculture notamment –, vous projetiez de faire du tourisme une «industrie industrialisante» ?

Parfaitement. Et à propos de De Bernis, il s’est lourdement trompé. Il l’a reconnu quelques années plus tard. Quant à l’industrie industrialisante, je peux vous affirmer que c’était réellement un succès. Pour preuve : le salon que nous avons organisé au lieu et place de la foire de Tunis, à l’avenue Mohamed V, où nous avons invité tous les industriels, venus se greffer sur le secteur touristique pour exposer leur production. On y a invité des professionnels du tourisme français. Hédi Nouira était présent. Il était agréablement surpris. Le tourisme faisait ses premiers pas rapidement et sûrement.

Le pari, que nous avons engagé, visait à susciter d’autres activités industrielles en rapport avec la construction des hôtels. Et là, c’était un succès.

Mais la Société touristique et hôtelière de Tunisie (SHTT) existait depuis 1959. Quel rôle lui imputiez-vous si tout allait si bien et que les investisseurs affluaient en bon nombre ?

La SHTT faisait partie de toute cette stratégie. Sans elle, on n’aurait peut-être pas pu avancer avec autant de succès. Elle était là pour baliser le chemin et donner l’exemple. Elle était là également pour aider les privés et les soutenir. Et cela beaucoup de professionnels peuvent en témoigner aujourd’hui encore. La SHTT était, dès le départ, appelée à disparaître. Elle a mis du temps mais avait fini par disparaître. Parce que, dès le départ, on savait que l’investissement touristique ne faisait pas partie des prérogatives de l’Etat.

L’expérience de l’hôtel Al-Kabir, à Bizerte *, n’était-elle pas l’illustration d’une tentative socialiste et socialisante ? C’est vous qui avez tout agencé pour tenter cette expérience quasi unique dans les annales du tourisme tunisien…

C’est vrai. On a tenté cette expérience qui, soit dit en passant, a soulevé beaucoup d’enthousiasme, parce que la Tunisie n’avait pas de capitaux d’une part et parce que le Tunisien d’une manière générale n’était pas porté sur les investissements. Le Tunisien est resté, comme du temps des Phéniciens, un commerçant dans l’âme. Et notre rôle était de l’amener à investir. Je crois que nous avons réussi à le convaincre. Je n’ai certes pas les chiffres sous mes yeux, mais si vous prenez la peine de comparer l’offre touristique tunisienne de 1962 à 1969, vous réaliserez l’importance du chemin parcouru dans ce domaine pour l’essor duquel tout était mis en œuvre.

Plus d’une fois, au cours de mes voyages à travers l’Europe, j’ai plaidé la cause du tourisme tunisien. Je me rappelle fort bien d’un voyage que j’avais effectué en Suède. J’ai pu convaincre les Suédois d’envoyer leurs ressortissants passer leurs vacances en Tunisie. Et ils l’ont fait. C’était la première fois que des Suédois se rendaient à Sousse précisément. 

Avez-vous une idée de ce qu’est devenu le projet de l’hôtel Al-Kébir ?

Je ne sais pas ce qu’est devenu ce projet puisque les travaux de construction avaient commencé peu avant mon limogeage.

Je crois qu’il a été scindé en deux unités qui travaillent normalement. Savez-vous que l’idée généralement admise sur cette période précise de l’histoire du tourisme tunisien est que le tourisme était un secteur refuge puisque nombre de promoteurs qui désiraient fuir les autres secteurs touchés par la politique socialiste étaient accueilli à bras ouverts par ce secteur touristique ?

C’est tout simplement grotesque. La Tunisie ne comptait quasiment pas d’investisseurs. Et l’argent manquait beaucoup. Pour preuve, lorsque nous avons décidé de lancer 300 unités coopératives pour la seule région du nord, nous avons sollicité le concours de la Banque Mondiale qui nous accordé un crédit de 18 millions de dollars à l’époque. Et ce n’était nullement du collectivisme comme le prétendaient certains.

Si c’était ainsi, croyez vous que la Banque Mondiale aurait accepté de financer des projets qui vont à l’encontre de ses convictions.

Pour revenir au secteur touristique, il fallait démarrer, tout comme il fallait convaincre les uns et les autres de l’importance de ce secteur pour lequel nous n’avons quasiment rien laissé au hasard. Je le dis et le répète, la Tunisie ne comptait pas d’investisseurs que ce soit pour le tourisme ou pour d’autres secteurs. Comment voulez-vous dans ce cas parler de secteur refuge. C’est insensé.

Comment voyez-vous l’essor actuel de l’activité touristique ?

À voir l’état dans lequel se trouve Hammamet Sud, cela me fait plutôt mal au cœur.

(*) Cette expérience consistait en la construction d’une unité de 1 000 lits sans trop recourir au crédit monétaire. Elle réunissait plusieurs sociétés qui fabriquaient des matériaux et autres équipements dont a besoin un hôtel. Quant aux ouvriers, ils entraient au capital de la société en travaillant et n’étant payé qu’un jour sur deux. Ainsi, El-Fouledh, la Cimenterie de Bizerte et Skanès Meubles, ainsi que plusieurs ouvriers devenaient actionnaires de cette unité.

Propos recueillis par Mohamed Bergaoui

(Source : « L’Expression » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 44 du 22 au 28 août 2008)

Lien :http://www.lexpression.com.tn/details_article.php?ID_art=1014

 


 

http://www.am-vonarxvernon.ch/modx/accueil.html

 

 

En juillet, la police helvétique interpellait un fils du dirigeant libyen, accusé, avec son épouse, de mauvais traitements contre ses domestiques. Loin de faire profil bas, Tripoli fait monter la tension

 

Genève : les esclaves des Kadhafi parlent

 

GENÈVE CORRESPONDANCE   Ils entrent dans la pièce et s’approchent, la silhouette frêle et les traits tirés. Lui, a le regard fixe et intense d’un survivant. Elle, plus animée, laisse souvent passer sur son visage une moue entre sourire et dégoût. Hassan et Mona (leurs prénoms ont été modifiés), un Marocain de 36 ans et une Tunisienne de 35 ans, sont ceux par qui le scandale Hannibal Kadhafi a explosé cet été à Genève, provoquant une grave crise entre la Suisse et la Libye.

Arrivés début juillet avec Hannibal et sa femme Aline, enceinte de plus de huit mois, les deux domestiques ont osé porter plainte contre leurs patrons, alors qu’ils étaient séquestrés et frappés dans les murs d’un palace genevois. Le 15 juillet, au grand dam de Tripoli, le couple Kadhafi est arrêté et inculpé.

Connu pour ses frasques, le quatrième fils de Mouammar Kadhafi, âgé de 32 ans, passe deux nuits en cellule au palais de justice ; sa femme, elle, est placée dans une maternité. Puis ils regagnent la Libye, après avoir, humiliation suprême, versé une caution de 312 500 euros.

Depuis, Hassan et Mona – qui ont accepté, le 22 août, de rencontrer Le Monde – sont hébergés dans une structure médicalisée tenue secrète, sous la protection d’Anne-Marie von Arx, députée du Parlement cantonal genevois et militante des droits des femmes.

Entre-temps, le fait divers sordide est devenu un casse-tête diplomatico-judiciaire mobilisant ministres, diplomates, experts et avocats. Deux délégations suisses se sont rendues à Tripoli. Une délégation libyenne a séjourné à Berne et à Genève du 13 au 16 août, réitérant ses demandes : que la Suisse s’excuse sur la façon dont Hannibal et sa femme ont été interpellés, et que soient trouvées des « modalités » permettant d’aboutir au classement de la procédure pénale ouverte à Genève. La solution la plus acceptable par Berne serait que les domestiques retirent leur plainte.

Mais, à Tripoli, les représailles ont commencé et rendent l’affaire encore plus délicate. Deux citoyens helvétiques, dont un cadre de l’entreprise ABB, ont trouvé refuge à l’ambassade de Suisse, interdits de sortie du territoire libyen après avoir été emprisonnés pendant dix jours et inculpés pour infraction aux dispositions sur le séjour des étrangers.

Surtout, le frère d’Hassan, un Marocain de 24 ans, disparu en Libye le 27 juillet, reste introuvable, alors que la mère du domestique est rentrée au Maroc le 15 août, après avoir passé un mois en prison à Tripoli. Un certificat médical marocain remis aux autorités helvétiques atteste qu’au cours de cette détention, elle a été violentée et a perdu plusieurs dents de devant.

« Je sais de quoi les hommes d’Hannibal sont capables. Tant que les Suisses seront retenus en Libye et que mon frère ne réapparaîtra pas, nous ne céderons rien », explique Hassan. Ces dernières semaines, toute la négociation bute autour de la disparition du frère d’Hassan. Sa libération a d’abord été annoncée simultanément avec celle de sa mère, puis on a dit qu’il se trouvait en Tunisie, enfin, qu’il était retenu au ministère de l’intérieur, en attente d’une expulsion.

Depuis, plus rien. « C’est très inquiétant. Je viens de déposer un dossier pour disparition forcée auprès du Haut-commissariat aux droits de l’homme », témoigne François Membrez, l’avocat d’Hassan et de Mona. « L’hypothèse la plus vraisemblable est qu’il a subi des violences et qu’il n’est pas présentable. On ne peut malheureusement pas exclure qu’il soit mort », avance Anne-Marie von Arx.

S’ils obtiennent des garanties sur la sécurité de la famille d’Hassan et sur le sort des deux citoyens suisses, le Marocain et la Tunisienne sont prêts à retirer leur plainte. « Même si les Kadhafi ne sont pas condamnés, nous resterons toujours les victimes, et eux les violents », estime Mona. Aucune demande d’asile n’a été déposée en Suisse. « Nous faisons toujours confiance à nos pays », ajoute-t-elle.

Engagée en juin sur petite annonce, à Tunis, comme maquilleuse d’Aline Kadhafi, Mona comprend, dès son arrivée à Tripoli, qu’elle est passée dans « un autre monde ». Son passeport et son téléphone sont confisqués. Enfermée dans une pièce à Tripoli, elle attend une semaine avant d’être reçue par sa patronne. Elle côtoie alors des Philippines, des Indonésiennes, des Ethiopiennes, et découvre l’esclavage et le sadisme au quotidien.

A Genève, dans la suite n° 340 de l’Hôtel Président-Wilson, elle endure les coups et les crises de nerfs d’Aline, au vu et au su de plusieurs femmes de chambre, qui finissent par alerter la police. « Etre au service d’Hannibal, c’est vingt-deux heures de travail par jour presque sans manger, des coups de ceinturon à la moindre occasion, des gifles, des insultes et un salaire de misère payé une fois par an », ajoute Hassan, « esclave » pendant cinq ans. D’abord recruté comme serveur dans un grand hôtel de Tripoli, le Marocain s’est peu à peu retrouvé piégé au service du fils Kadhafi, sans papiers, interdit de démissionner sous peine de représailles contre sa famille.

Quand, samedi 12 juillet, vers 16 h 30, deux gendarmes genevois parviennent enfin au troisième étage de l’hôtel – après s’être à deux reprises heurtés aux gardes du corps -, Hassan hésite à les suivre. Son état de victime ne fait pourtant aucun doute. Il a de larges cernes sous les yeux, des traces de coups sur le visage et dans le dos et les stigmates d’une blessure sur le torse. Mona, elle, a une plaie ouverte au coin de l’œil provoquée par un coup de cintre. Son corps est parsemé d’hématomes. « Les gendarmes nous ont dit : « Allez faire vos valises, on s’en va. » C’était comme dans un rêve », raconte la jeune femme.

La justice genevoise se met alors en marche. En rentrant à l’hôtel, les Kadhafi apprennent que leurs domestiques se sont enfuis, mais ils ne bougent pas. Trois jours plus tard, la police les attend à l’hôtel. Une procédure pénale est ouverte. Confrontés à leurs victimes, ils nient tout, mais le dossier est très solide : quatre employées de l’hôtel ont témoigné. Ils sont inculpés pour lésions corporelles simples, menaces et contrainte, et incarcérés deux nuits.

Bagarre, excès de vitesse, port d’arme, ce fils du Guide de la révolution libyen n’en est pas à son premier écart. En France, en 2005, il écope de trois mois avec sursis pour avoir frappé Aline, alors enceinte de leur premier enfant. « Mais il n’avait jamais été retenu quarante-huit heures à la disposition de la justice. Cela a été perçu comme inadmissible à Tripoli », explique un proche du dossier.

Inadmissible pour Mouammar Kadhafi, désormais reçu en Europe, de voir étaler au grand jour les affaires sales de sa famille. D’où la riposte. Mais les menaces de couper le robinet de pétrole ou de retirer les avoirs libyens des banques, trop coûteuses économiquement, ne sont pas mises à exécution. Reste la vengeance simple et brutale. « Œil pour oeil, dent pour dent », avait prévenu Aïcha, la fille chérie du colonel Kadhafi, après l’arrestation de son frère.

 

Agathe Duparc

(Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 28 août 2008)


 

Prison à perpétuité pour deux anciens chefs de la dictature argentine

AFP, le 28 août 2008 à 23h50 BUENOS AIRES – Un tribunal argentin a condamné jeudi à la prison à perpétuité deux généraux en retraite, Antonio Bussi, ex-gouverneur de la province de Tucuman (nord-ouest) pendant la dictature (1976-83), et son second Luciano Menendez, pour le meurtre d’un sénateur argentin.

Antonio Bussi, 82 ans, et Luciano Menendez, 81 ans, ont été condamnés pour enlèvement, tortures et assassinat du sénateur péroniste Guillermo Vargas Aignasse, « disparu » en 1976 au premier jour du coup d’Etat militaire.

Cette sentence a été saluée par des vivats et des applaudissements par une foule rassemblée devant le tribunal, mais certaines personnes présentes ont toutefois protesté avec violence après que le tribunal eut annoncé qu’Antonio Bussi n’irait pas en prison.

L’ancien chef militaire restera en effet assigné à son domicile, comme le prévoit la loi argentine pour les personnes âgées de plus de 70 ans. Menendez a de son côté été condamné le 24 juillet à la prison à vie pour d’autres crimes commis pendant la dictature. Il purge déjà sa peine dans une prison commune et non à son domicile comme le permet cette loi, conformément à la décision du juge qui reste libre de son choix.

Au cours du procès, Antonio Bussi avait justifié, en larmes, la répression pendant la dictature, s’agissant, a-t-il dit, d’une « guerre » contre le marxisme.

Chef du troisième corps d’armée dans la région de Tucuman (nord-ouest), l’ancien militaire avait critiqué « l’omission systématique et délibérée du contexte historique » dans lequel a eu lieu « la lutte contre la subversion ».

Il a expliqué que les militaires ayant participé à cette « guerre » l’avaient fait sur ordre du pouvoir politique, alors démocratique, représenté par la présidente Isabel Peron en 1975.

Antonio Bussi a déclaré que dans la région de Tucuman, où il fut également gouverneur, les militaires argentins étaient engagés dans « une guerre destinée à annihiler l’agression marxiste-léniniste représentée par des groupes de délinquants terroristes organisés ».

« Ces groupes n’étaient pas formés de jeunes idéalistes, mais de traîtres à la patrie », a-t-il assuré, éclatant plusieurs fois en sanglots, au point que l’audience a été interrompue à plusieurs reprises.

Pendant son procès en juillet, Luciano Menendez n’avait lui non plus rien renié de son passé, s’insurgeant même qu’on puisse le juger.

« Nous sommes le premier pays du monde, qui juge ses soldats victorieux qui se sont battus et ont gagné sur l’ordre et en faveur de leurs compatriotes. Il s’agissait d’une guerre pour sauver le pays du communisme », avait-t-il déclaré.

Après le retour à la démocratie en 1983, Antonio Bussi a été poursuivi pour de nombreux cas de crimes commis pendant la dictature avant de bénéficier des lois d’amnistie, finalement annulées par le parlement argentin en 2003.

En 1995, il sera l’un des rares militaires argentins ayant exercé des responsabilités pendant la dictature à être élu démocratiquement, en l’occurrence au poste de gouverneur de la province de Tucuman. Il conservera son poste jusqu’en 1999 avant d’être élu à la Chambre des députés. Mais ses pairs ont empêché qu’il ne siège, estimant que sa participation à des crimes contre l’humanité le discréditait dans l’enceinte du Congrès argentin.

Cela ne l’a pas empêché d’être à nouveau élu en 2003, cette fois maire de la ville de Tucuman, où il n’a toutefois jamais pu remplir son mandat en raison de son arrestation 15 jours avant sa prestation de serment.

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