28 octobre 2011

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TUNISNEWS
11 ème année, N°4138 du 28.10.2011

 


Nadia Omrane: Qui est donc Hechmi Hamdi, qui défie Hamadi Jebali ?

Chabbi Mahrez: LABOURER L’océan

Le Parisien: Tunisie: tractations pour un gouvernement dirigé par un islamiste

Le Post: Comment interpréter le vote des Tunisiens de France pour les islamistes d’Ennahda ?

L’Humanité: Tunisie : Ennahdha s’apprête à gouverner

GNET: Tunisie/Ennahdha : Surtout ne pas gouverner tout de suite !

La Croix: Tunisie : « Il faudra pousser Ennahda à clarifier ses positions »

WMC: Tunisie – Elections: Ennahdha… Des sages ou de grands stratèges?

Kapitalis: Tunisie. La position inconfortable d’Ettakatol

Business News: Hachmi Hamdi : Je serai la plus grande force de l’opposition contre Ennahdha

Le Post: Abdallah Kallel : Les dessous d’un complot politique

JSS News: Israël s’inquiète des résultats des élections tunisiennes

Haaretz: Tunisia’s secular women fret erosion of freedoms with rise of Islamism

Die Wochenzeitung: Der Tag, an dem ­Tunesien gewann

Press Conference Tomorrow Friday 28 October


Ennahdha Party invites you to a press conference to evaluate election results and latest developments. Details are as follows:
Date: Friday 28 October 2011
Time: 11 a.m.
Address:Top Happiness Hall, Les Berges du Lac, 2045 Tunis

 

Qui est donc Hechmi Hamdi, qui défie Hamadi Jebali ?


Hechmi Ben Youssef Ben Ali Hamdi ne rentrera pas au pays sans être rassuré pour sa sécurité et surtout sans un accueil de bienvenue de Hamadi Jebali. Parlant de lui à la troisième personne, sur un ton très solennel et en multipliant les références sacrées, Hechmi Hamdi, patron de la chaîne Al Moustaqilla émettant à partir de Londres et à l’origine des listes Al Aridha (La pétition pour la liberté, la justice et le développement), s’épanche sur une radio privée tunisienne ce jeudi matin.
Il apparaît mortifié par la façon dont, sur les mêmes ondes mardi soir, le Secrétaire général d’Ennahdha refuse de lui rendre le salut. En effet, alors que Hechmi Hamdi l’interpelle par téléphone à partir de Londres, Hamadi Jebali, manifestement dégoûté, reste silencieux et fini par lâcher un « sans commentaires » aux dithyrambes narcissiques de Hechmi Hamdi ouvrant dans le même temps grand ses bras à Ennahdha. Mais Mergua… Dès lors, Hechmi Hamdi se répand partout où il peut glorifier son parcours et se disculper de toute collusion avec Ben Ali.
Et le voilà en train de rappeler ses courriers aux uns et aux autres à travers le monde entier, qui lui seraient témoins de son engagement militant et désintéressé pour de nobles causes politiques et pour sa patrie. Car Hechmi Hamdi écrit autant qu’il parle, toute une littérature épistolaire dont chacun pourrait produire la preuve.
Ne fut-il pas, en 1983-1984, responsable de la chronique Université au journal Le Maghreb, contrôlé par Rchid Khechana (grand journaliste à El Mawkef et Al Jazira) et Mokhtar Trifi (ancien président de la Ligue Tunisienne des droits de l’homme) ? Omar S’habou, patron du Maghreb, et ses journalistes se souviennent certainement de ce grand jeune homme maigre, au visage taillé à la lame de couteau, à l’ombre énigmatique, traînant ses guêtres à l’université, plus activiste de l’UGTE (syndicat estudiantin islamiste dépendant du MTI, Mouvement de la Tendance Islamique devenu Ennahdha) qu’étudiant méritant.
Il disparut ensuite, condamné à 20 ans de prison. Il s’enfuit, on en perd la trace, mais on le retrouve en 2001 patron d’une chaîne de télé, Al Moustaqilla, que les observateurs d’alors disent financée par Ennahdha, et par feu Mohamed Mzali, en tout cas par des subsides islamistes.
L’opposition de gauche anti-islamiste ne fit pourtant pas la fine bouche alors et l’on vit défiler sur le plateau de Al Moustaqilla tous les ténors de l’opposition tunisienne, de feu Mohamed Charfi à Sihem Ben Sedrine (laquelle écopa de quelques jours de prison à la suite d’un coup d’éclat sur cette chaîne), en passant par les Mustapha Ben Jaafar, Mokhtar Trifi et on en oublie, sans parler des hôtes attitrés, chefs du mouvement islamiste. Si l’on a bonne mémoire, c’est sur cette chaîne que Borhane Bsais montre ses premiers talents, que Omar S’habou alors en exil espère y lancer une émission en langue française et que Tahar Belhassine y trouve l’idée de sa chaîne Al Hiwar.
C’est qu’il est vrai, vu le bâillonnement de la presse en territoire tunisien, c’est sur Al Moustaqilla que se déploie le débat politique, que se donne l’information libre et à peu près crédible, et que l’opposition politique toutes tendances confondues déclare la guerre à Ben Ali. Chaque dimanche vers 13 heures, Al Moustaqilla allume la passion dans tous les foyers tunisiens qui suivent cette première musique de la liberté.
Hechmi Hamdi est aux anges. Il a visiblement prospéré, il exhibe ses rondeurs de millionnaire bien nourri loin de l’étudiant malingre que l’on avait croisé et, lui qui avait connu autrefois mépris, rebuffades et persécution, le voila courtisé et craint. Alors le succès lui monte à la tête et fouette sa mégalomanie. Pourquoi ne pas monter plus haut ? Et le revoilà de messages en Risselèt, se prenant pour prophète en son pays.
Il entre en contact avec l’ex-président, fait de la télé people en montrant l’épouse de Ben Ali en maman exemplaire et presque bigote. Il ne dédaigne pas les enveloppes de l’ATCE dont il semble reconnaître qu’elles se seraient chiffrées à quelques 12 millions de dollars, très en deçà de ce qu’auraient reçu d’autres médias arabes ou français, assure-t-il. L’ouverture des dossiers de l’ATCE prendra la juste mesure des choses.
Mais fut-il l’éminence grise de Ben Ali tandis que s’égrènent les dernières heures du régime ? Ce jeudi matin, il rappelle ce dont on avait déjà eu écho il y a plusieurs mois, par Al Moustaqilla et d’autres sources : par ses courriers et ses interventions répétées, il aurait appelé Ben Ali à une ouverture du régime aux abois et à un gouvernement d’union nationale.
Depuis le 14 Janvier c’est silence radio. Les spots de la campagne électorale le rappellent à notre bon souvenir, dans les déclarations de la liste El Aridha dont les promesses mirifiques s’achèvent par : « Hechmi Hamdi président ! ». Personne ne le prend au sérieux et en aucun cas les observatoires des médias ne s’inquiètent de ce que la chaîne fasse campagne de l’étranger, ce qui est interdit par la loi électorale et « brise le silence électoral ».
Le peuple tunisien est-il à ce point malade pour qu’il cède à la promesse de soins de santé gratuits proclamés par la liste El Aridha, pour lui donner ses voix à hauteur d’au moins 15% du score national ? Sans doute, d’autres mécanismes ont-ils joué dans ce succès et pas seulement le régionalisme ou le tribalisme qui porta à 70 ou 80% (Hechmi Hamdi prétend 100%) le score d’El Aridha à Sidi Bouzid, région natale de Hechmi Hamdi : quelle coïncidence !
Mais d’autres observateurs, des courants politiques (PDM), et particulièrement Sihem Ben Sedrine qui accuse en direct sur Express FM mardi soir en prenant Hamadi Jebali à témoin, croient reconnaître derrière ce succès les cellules dormantes du RCD, la si efficace chooba et la main maléfique de Ben Ali.
Il n’y a pas de doutes que le populisme a fonctionné dans ce succès si l’on en croit les aveux de petites gens (femmes de ménages, manutentionnaires, secrétaire médicale) qui dans notre entourage ont voté pour la liste El Aridha en donnant toute leur confiance à Hechmi Hamdi dont ils n’avaient jamais entendu parler.
On peut aussi émettre l’hypothèse que toute la petite clientèle de l’ancien régime qui fit son beurre de trafic et commerce parallèles, toute une faune interlope ait pu rejoindre Al Aridha en espérant les retombées sonnantes et trébuchantes qu’un autre OVNI de la politique, Slim Riahi de l’UPL, ne pourra pas donner tawa tawa !
Mais Hechmi Hamdi est bien au-dessus de tous ceux-là. Il provoque en direct ce matin Hamadi Jebali et réclame son salut, c’est-à-dire presque ses excuses de ne l’avoir pas reconnu dans leur proximité passée ni dans son espérance d’une coopération future. Il semblerait même qu’il menace à mots couverts, fort de l’assistance des quartiers populaires, de Hay Ettadhamen à Jbel Lahmar, et de « tout un peuple debout à ses cotés ».
Qu’on se le tienne pour dit : ceux qui ont l’intention de faire invalider ces listes auprès de la justice savent désormais la réaction qu’ils peuvent déclencher chez des électeurs démunis, frustrés ou revanchards : Echaab yourid…
Hechmi Hamdi vient de jeter la balle également dans le camp d’Ennahdha. En attendant il ne rentrera pas au pays où l’attendrait une procédure en justice qui aurait été ouverte et sur laquelle il ne veut pas épiloguer.
Mais en promettant de se porter candidat aux prochaines élections présidentielles, il poursuit la résistible ascension vers les sommets d’un sous-marin en eau grise.
Nadia Omrane
http://www.alternatives-citoyennes.sgdg.org/2011-10/271011-w.html
www.alternatives-citoyennes.sgdg.org

LABOURER L’océan…

Chabbi Mahrez
Je ne pense pas que cette élection soit un cri de détresse , de désespoir, ou l’expression d’un cri de douleur, il faut arrêter de défoncer des portes ouvertes et de tirer des plans sur la comète, c’est fatiguant, vos frustrations les pleureuses, les tunisiens ne sont pas ignares, analphabètes ou stupides.Si c’était le cas, cela arrangerait bien les règles à calculer de l’indignation sélective et des mauvais perdants, ces élections, elles seraient passées honnêtement sous BOURGUIBA, elles auront donné les mêmes résultats, il faut comprendre une bonne fois pour toute, et arrêter à diaboliser à tout va, que la TUNISIE est profondément arabo-musulmane, historiquement millénaire et cosmopolite , unie dans un socle identitaire identifié par la langue et la religion, c’est comme le nez au milieu du visage, avec des potentialités qui sont à la hauteur dans une situation apaisée et normale, des sociétés les plus avancées.Les idéologies importées que certains veulent imposer, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de la culture , dont l’autre moitié est l’éternel et l’ immuable. Il y a eu une modernité spécifique à notre civilisation , la nôtre est un progrès décisif en cette élection de haute tenue de la conscience de soi, après cette révolution, ces élections, la TUNISIE 2 ET LE MONDE 0, les tunisiens ont choisi une majorité à deux têtes visibles, ENNAHDA et le CPR, parce que nous avons choisi, en tant que tunisiens libres, de penser, de rêver, d’aimer, de bâtir par nous mêmes en méprisant les cénacles , en tunisien arabes et musulmans dans notre projection humaine, et notre cordon civilisateur, nous retrouvons notre humanité dans cette modernité que nous avons jamais quitté sous les tyrans, heureusement d’ailleurs que les tunisiens sous le joug n’avaient jamais renoncé à leur pays, sinon notre TUNISIE serait complétement en décombres, oui nous sommes dans la modernité sans piétiner notre authenticité. Les tunisiens savent se définir par rapport aux autres, ils sont sensibles et solidaires avec les autres peuples, et sont antisionistes et partie prenante du combat des palestiniens, NAHDA n’est pas une opération de communication, ni un parti factice, c’est un parti authentiquement tunisien, comme le CPR, c’est un parti choisi par la majorité des tunisiens, c’est le jeu démocratique, il faut l’accepter en tant que tel, nous l’acceptons d’autant plus au CPR que nous connaissons la valeur et l’éthique de ses membres, ceux des tunisiens qui le diabolisent, je pense, sont des pompiers pyromanes, et qu’ils ont une grille de lecture du vivre ensemble démocratique complétement faussée, dramatiquement rétrograde et dégénérée, elle porte en elle tous les dangers , les vrais, ceux qui menacent la TUNISIE, et le lourd et néfaste héritage de l’endoctrinement et du conditionnement arriérés, aliénés et limités du maffieux BEN ALI et de son système mauve ; la dictature a perdu, tout perdu, et ses sicaires et ses lâches collaborateurs en ces joyeuses élections du 24 octobre 2011 aussi.Les tricheurs qui aboient encore à tord et à travers labourent et laboureront longtemps encore l’océan de leur imbécile détresse, jusqu’à plus soif. Rideau.

Tunisie: tractations pour un gouvernement dirigé par un islamiste


Les tractations pour la mise en place d’un gouvernement d’union nationale souhaité par le parti islamiste Ennahda, donné vainqueur de l’élection de dimanche en Tunisie, se poursuivaient jeudi alors que les résultats définitifs du scrutin se faisaient toujours attendre. Le numéro deux du parti islamiste, Hamadi Jebali, 62 ans, a indiqué qu’il se porterait candidat à la direction du prochain gouvernement et fait part de son intention de composer avec les principales formations de la gauche ayant obtenu de bons résultats à l’élection d’une nouvelle assemblée constituante. Le dirigeant islamiste a notamment cité Ettakatol (gauche) et le Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste). Le chef d’Ettakatol, Mustapha Ben Jaafar, a confirmé l’ouverture de discussions avec les islamistes d’Ennahda. « Elles ont commencé avec tous les partenaires politiques, y compris Ennahda, et se poursuivent en attendant l’annonce des résultats (électoraux) définitifs », a-t-il dit. Toutefois, le nouveau chef du gouvernement ne pourra être désigné que par le prochain président de la république par intérim, qui, lui-même, sera élu par la future assemblée constituante. L’ensemble du processus devrait s’étaler sur plusieurs semaines. Dans une interview à l’agence tunisienne de presse (Tap), M. Jebali a en revanche exclu toute alliance avec « la Pétition populaire pour la justice et le développement » de l’homme d’affaires basé à Londres, Hechmi Haamdi, pourtant créditée de très bons scores. Selon les derniers chiffres fournis mardi soir par la commission électorale (Isie), la « Pétition populaire » se trouvait en troisième position –derrière Ennahda et le CPR, mais devant Ettakatol– après le dépouillement de 14 des 27 circonscriptions du pays. M. Haamdi, dont le discours populiste a pénétré le tissu social tunisien par le biais de sa chaine de télévision « Al-Mustakilla », a fait savoir jeudi sur sa chaîne qu’il considérait comme un « affront » le « rejet total » exprimé par Ennahda d’inclure la « Pétition » dans les tractations en cours. Il a aussi exprimé « la crainte » que son électorat décide de défiler dans les rues de Tunis pour manifester son mécontentement. Selon une source proche de l’Isie, les résultats d’au moins quatre listes de la Pétition de M. Haamdi pourraient être invalidées, des moyens financiers « au delà du dépassement du plafond autorisé » ayant été mis en oeuvre par le richissime hommes d’affaires. Pour dissiper la vive appréhension que suscite sa prochaine accession au pouvoir, Ennahda multiplie les déclarations selon lesquelles la future Constitution, l’une des priorités de la prochaine assemblée issue de l’élection, ne pourra voir le jour « sans un consensus avec les partis et les partenaires qui y sont représentés ». Il n’est pas question, pour le numéro deux d’Ennahda, d' »imposer une Constitution (…) qui abroge certaines libertés comme la liberté de croyance, les libertés individuelles, la situation juridique de la femme et sa place dans la société ». « Il n’est en outre pas question, a-t-il insisté, de faire revenir la femme au foyer comme cherchent à le propager des ennemis » d’Ennahda, ni de remettre en cause les acquis du secteur touristique qui représentait 7% du PIB tunisien en 2010, mais a subi une chute spectaculaire depuis la fin du régime de Ben Ali en janvier dernier. « Est-il raisonnable, a lancé M. Jebali, de paralyser un secteur vital comme le tourisme en interdisant les boissons alcoolisées et le port de maillots de bains ou autres pratiques? Ce sont des libertés individuelles garanties aussi bien pour les étrangers que pour les Tunisiens », a-t-il martelé. De même, selon M. Jebali, Ennahda n’a nullement l’intention de démanteler le système financier en vigueur en Tunisie ni de restreindre les activités des hommes d’affaires ».

Source : « Le Parisien » Le 27-10-2011

Lien :http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/tunisie-tractations-pour-un-gouvernement-dirige-par-un-islamiste-27-10-2011-1688915.php


Comment interpréter le vote des Tunisiens de France pour les islamistes d’Ennahda ?


C’est un coup de bambou sur la tête que les Français ont reçu mardi lorsque a été faite la promulgation des résultats de l’élection de l’Assemblée nationale Constituante tunisienne, le mouvement islamiste Ennadha a emporté quatre des dix sièges réservés aux Tunisiens de France. Pour ce qui est du Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste) de Moncef Marzouki il a obtenu deux sièges, et le parti Ettakatol (gauche) de Mustapha Ben Jaafar à lui aussi obtenu deux sièges. Quant au Pôle démocratique moderniste (gauche) il a obtenu un siège. Rappelons que la plus grande communauté de Tunisiens résidant à l’étranger est en France. Il y a dans notre pays environ 600.000 ressortissants tunisiens. Et ces résidents qui se sont rendus dans les bureaux de vote ont choisi majoritairement un parti religieux c’est -à-dire entre 32 et 35 % des voix. Quelles sont les motivations de ces franco-tunisiens qui les ont poussé à faire ce choix ? Soit ils ont été convaincus par les déclarations de son chef historique Rachid Ghannouchi, qui a même séduit la diplomatie américaine en préconisant pour la Tunisie un régime semblable à la République turque, dont le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan représente les modèles d’une conciliation entre la démocratie et l’islam. Pourtant il faut noter quela Constitution turque précise dans son article 2 que la République de Turquie est un État de droit démocratique, laïque et social, respectueux des droits de l’homme dans un esprit de paix sociale, de solidarité et de justice…. Dans l’article 4, il est précisé que les dispositions de l’article 2 ne peuvent pas être modifiées, ni leur modification ne peut être proposée. Alors que Rachid Ghannouchi déclare que dans la nouvelle Constitution tunisienne il sera mentionné que l’islam sera la religion officielle. Ou bien soit les Tunisiens de France ont été peut-être convaincus que le meilleur moyen de se débarrasser des reliquats du passé, c’est de mettre en place un régime qui n’a eu aucune compromission avec Ben Ali. Ennahda dont son chef spirituel a été expulsé de Tunisie peut représenter, à leur yeux, ce régime, pourtant il n’a pas participé à la révolution qui a chassé le dictateur, contrairement aux autres partis ! Mais Rached Ghannouchi a déjà mis une pierre dans leur chaussure à ces franco-tunisien. Mercredi dans une interview à la radio Express FM, il a regretté que les Tunisiens soient devenus « franco-arabes » dans la pratique du langage, et a insisté sur l’identité arabe du pays. « Nous sommes arabes et notre langue c’est la langue arabe », a-t-il martelé, en ajoutant : « On est devenu franco-arabe, c’est de la pollution linguistique ». Le français est encore largement pratiqué depuis l’indépendance en 1956 surtout dans les milieux éduqués tunisiens. Il est vrai que Rached Ghannouchi parle anglais couramment mais ne maîtrise pas le français ! Par ces paroles il fait référence à un des thèmes de prédilection du Front islamique du salut en Algérie, qui avait court au début des années 90. Mais des militants de partis laïques, déçus du résultat du scrutin, ont dénoncé à Paris l’utilisation des mosquées pour « faire de la propagande » pendant les trois jours du scrutin en France (jeudi, vendredi, samedi). Dans le Nouvel Obs,une observatrice tunisienne déclare être scandalisée par les Tunisiens de France qui ont voté massivement pour Ennahda. « lls bénéficient de tous les avantages de la laïcité ici, en France, et envoient des islamistes au pouvoir en Tunisie, alors même qu’ils n’y vivent pas ! » écrit-elle. L’auteur du livre « Omerta dans la police », Sihem Souid, déclare, dans Le Point, être en tant que femme française d’origine tunisienne, très inquiète de ce vote en faveur d’Ennahda. Pour elle, les islamistes, forts de la légitimité des urnes, vont pouvoir imposer leur mode de vie à ceux qui la refuse, notamment les femmes dont les droits ont été garanties depuis près d’un demi-siècle grâce au Code du statut personnel promulgué par Habib Bourguiba en 1959. Dans cet article elle demande si le burkini va devenir obligatoire sur les plages tunisiennes ! Ce qui serait, à mon avis, la mort du tourisme occidental. C’est une énorme claque que la France a reçu, en découvrant le vote de ses ressortissants tunisiens. Mais peut-être que la dimension d’exil a joué un rôle dans leur choix, une dimension qui fait qu’ils sont plus nationalistes que les Tunisiens de Tunisie. D’ailleurs les immigrés tunisiens en France sont en grande majorité issus de la classe populaire qui est souvent non diplômée. Ils se sont peut-être reconnus dans le discours identitaire, religieux et moral de Ennahda. Tunisiens de France, pouvez-vous m’expliquer votre choix dans cette élection. Est-ce un choix identitaire ? religieux ? Est-ce une réaction à la politique répréhensive de Nicolas Sarkozy vis à vis de la dernière immigration de la jeunesse tunisienne venue par l’Italie ?

Source: “Le Post.fr” Le 27-10-2011

Lien:http://www.lepost.fr/article/2011/10/26/2623154_tunisie-comment-interpreter-le-vote-des-tunisiens-en-france-en-faveur-d-ennahda.html

 


Tunisie : Ennahdha s’apprête à gouverner


 

Par Hassane Zerrouky

Alors que le parti islamiste et deux partis de gauche et de centre gauche seraient d’accord pour former un gouvernement de coalition, les Tunisiens ont le sentiment qu’on leur a volé leur révolution.

Tunis, envoyé spécial. Hier à 17 heures (18 heures heure française), lors d’un point de presse, la Commission électorale n’avait pas encore tous les résultats, notamment ceux concernant le « Grand Tunis » et elle s’est borné à donner quelques résultats partiels, lesquels confirment ce qu’on savait, à savoir la poussée islamiste. Le dépouillement des urnes, le rassemblement de tous les résultats et, surtout, leur vérification pour qu’il n’y ait aucun doute, aucune contestation, a pris plus de temps que ne l’escomptait l’Isie (Commission électorale indépendante).

En attendant la proclamation des résultats du Grand Tunis (un tiers des sièges) qui seront certainement déterminants, le parti islamique, serait en tête dans la plupart des circonscriptions, obtenant entre 30 et 40% des voix, suivis par deux partis démocrates, le Forum pour le travail et les libertés (FDTL, Etakatol) et le CPR de Moncef Marzouki.

Pour les autres formations, notamment le Parti progressiste démocratique (PDP), le Pôle démocratique et moderniste( PDM), le Parti communiste ouvrier tunisien (PCOT), qui a gagné quelques sièges, c’est l’incertitude. Quoi qu’il en soit, Ennahdha, qui ne disposera pas de la majorité absolue, est prêt à former un gouvernement. « Nous sommes prêts à une alliance avec le Congrès pour la république de Moncef Marzouki et Ettakatol de Moustapha Ben Jaafar puisque leurs opinions ne sont pas éloignées des nôtres » a déclaré Ali Larayd, dirigeant du parti islamiste. Au nom du CPR, Moncef Marzouki s’est aussitôt prononcé en faveur d’ « un gouvernement d’union nationale le plus large possible incluant tous les partis ».

Si les grandes manœuvres post électorales ont commencé, à Tunis l’inquiétude a fait place à l’euphorie d’une liberté retrouvée. « Au nom de la démocratie, une révolution laïque a été confisquée » a déclaré le réalisateur Ibrahim Letaïf, l’un des acteurs de la révolution du 14 janvier. Radhia Nasraoui, elle, accuse : « les gens qui ont un passé militant et ont bravé la dictature de l’ancien régime ont été relégués aux oubliettes (…) Depuis le 14 janvier, je n’étais invité à aucun plateau de télé », ciblant au passage Ennahdha, sans le citer nommément d’avoir acheté des voix et d’instrumentaliser la religion.

Hier, à Tunis, plusieurs centaines de jeunes ont manifesté aux cris de « Dégage, dégage » contre la fraude devant le siège de la Commission électorale ciblant en particulier Ennahdha, accusé d’avoir donné des moutons en vue de l’Aïd la fête du sacrifice qui aura lieu dans moins de deux semaines. Les militants d’Ennahdha, discrets jusque-là, commencent à sillonner les artères de la capitale en voitures pour fêter la victoire de leur parti.

Source : « L’humanite » Le 27-10-2011

Lien :http://www.humanite.fr/monde/tunisie%C2%A0-ennahdha-s%E2%80%99apprete-gouverner-482388

 


Tunisie/Ennahdha : Surtout ne pas gouverner tout de suite !


 

Mes chers amis, les urnes ont parlé et le peuple tunisien a choisi Ennahdha de façon majoritaire et consistante à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières. C’est un choix prévisible qui a réjouit ceux qui voient Ennahdha comme le sauveur du pays ; mais c’est aussi un choix qui a semé la déception et l’inquiétude chez ceux qui voient en ce parti une régression et un danger imminents pour les libertés individuelles. Bref, les raison de ce choix sont aussi diversifiée que farfelues qu’il serait quasiment inutile d’analyser. Ce qui retient l’attention aujourd’hui, c’est le changement dans le contenu du discours d’Ennahdha. Juste avant les élections, Ce parti présentait un programme social économique qui allait supposément améliorer le sort des plus pauvres et des chômeurs de cette société et qui allait faire de la justice sociale sa priorité. Soudainement, aujourd’hui, Ennahdha nous dit : « Le peuple nous a choisi d’abord pour former la constituante ». Alors que doit on comprendre de ce changement de ton ? La situation socio-économique de la Tunisie est très peu enviable, le pays est au bord du gouffre avec un taux de chômage de 20% et une croissance nulle. Il ya très peu de politiciens qui voudraient gouverner en ce moment extrêmement difficile où toutes les décisions seront forcément impopulaires. D’ailleurs vous avez remarqué que A.N. Chebbi, le leader « historique » du PDP a déjà affiché ses couleurs en voulant « rester dans l’opposition ». Il n’y a aucun parti et surtout pas Ennahdha qui peut faire quoi que ce soit à cours terme. Les prochaines élections vont probablement être déclenchées dans une année ou deux, celui qui sera au pouvoir s’exposera à toute sorte de critiques sur son incapacité de diriger le pays. Afin d’éviter de partir avec un handicap majeur dans les prochaines élections, Ennahdha joue donc la carte de l’union nationale. S’ils arrivent à pousser des personnalités comme Ben Jaafer ou Marzouki vers des postes clés du gouvernement, ils n’hésiteront pas à le faire, ça leur donnerait un avantage majeur dans les prochaines élections. Il semblerait, par contre, que tous les partis élus ont compris qu’il ya un danger politique imminent pour celui qui portera l’odieux de diriger la Tunisie. Il va y avoir possiblement un consensus sur la formation d’un gouvernement de technocrates qui ne portera pas l’étiquette d’aucun parti politique. Ne vous étonnez pas qu’on demande à BCE de rester pour une année ou deux encore. Le souci majeur d’Ennahda n’est pas de gouverner tout de suite mais d’influencer la prochaine constitution du pays et ils auront beaucoup de problèmes à l’intérieur même du parti entre des dirigeants modérés qui voudraient préserver l’héritage Bourguibiste avec le code du statut personnel et leur aile Salafiste qui veut tout effacer et appliquer la chariaa avec une lecture ultra-rigide et rigoureuse de l’Islam. En tout cas, pour tous ceux qui espéraient comme moi de voir R. Ghannouchi comme président et Samir Dilou comme Premier ministre, histoire de se marrer un peu, on va devoir attendre au moins une année de plus.

Source: “GlobalNet” Le 27-10-2011

Lien: http://www.gnet.tn/sur-le-vif/tunisie/ennahdha-surtout-ne-pas-gouverner-tout-de-suite/id-menu-1006.html

 


Tunisie :« Il faudra pousser Ennahda à clarifier ses positions »


 

ENTRETIEN Mokhtar Trifi, avocat, président d’honneur de la Ligue tunisienne des droits de l’homme

« La Croix » : Pourquoi le parti islamiste Ennahda vainqueur des élections tunisiennes ne brigue-t-il pas le poste de président de la République ?

Mokhtar Trifi : Ennahda commence sciemment les choses à l’envers. L’assemblée constituante élue aurait dû choisir un président chargé de désigner un premier ministre. Or le parti islamiste a annoncé que son numéro deux Hamadi Jebali serait le premier ministre et qu’il cédait aux autres forces politiques prêtes à coopérer avec lui le poste de président.

Ennahda veut instaurer un régime parlementaire et il se comporte déjà comme si celui-ci était en place. Il veut détenir le pouvoir, lequel sera entre les mains du chef de gouvernement, et offre à ses partenaires politiques un poste de président de type quatrième République française, sans réel pouvoir.

Que penser du futur homme fort du pays, Hamadi Jebali ?

Hamadi Jebali a purgé une longue peine de prisonnier politique d’une quinzaine d’années. À la ligue des droits de l’homme nous nous sommes préoccupés de son cas à plusieurs reprises, sa femme nous a souvent alertés sur ses conditions de détentions très dures.

Il est aujourd’hui très certainement l’une des personnalités les plus modérées d’Ennahda. Il donne des gages d’ouverture en matière de libertés, de tourisme. Ce n’est sans doute pas un hasard s’il est en charge de la communication extérieure du parti.

Il se distingue en cela d’autres dirigeants d’Ennahda plus conservateurs comme le leader Rached Ghannouchi ou plus encore Sadok Chourou, l’ancien président qui incarne l’aile droite du mouvement et qui a passé vingt ans en prison.

Se répartissent-ils ainsi sciemment les rôles car dans les prises de parole des dirigeants, il y en a pour tous les goûts ? Personne ne peut répondre à cette vraie question pour l’instant. Il faudra pousser Ennahda à clarifier ses positions et parler d’une seule voix.

Faut-il coopérer avec le parti ou le laisser seul diriger ?

Je suis partagé entre le nécessaire effort de tous pour relever le pays et le souci de ne pas cautionner Ennahda. Et heureux de ne pas avoir à trancher cette délicate question !

De son côté Ennahda veut un gouvernement d’union nationale, peut-être pour trouver un consensus, certainement pour ne pas porter seul l’échec annoncé. Il doit en effet faire face à un problème aigu.

Les Tunisiens l’ont élu plus pour résoudre le problème du chômage et développer le pays, que pour rédiger une constitution. Dans un an Ennahda pourrait payer dans les urnes le fait de n’avoir pu répondre à ces aspirations.

À moins que finalement il ne prolonge la durée de la constituante un ou deux ans de plus, comme le préconise Moncef Marzouki [du parti du congrès pour la République, prêt à collaborer avec Ennahda], pour laisser au gouvernement le temps de mettre en place des politiques.

Source : « La Croix » Le 27-10-2011

Lien :http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Tunisie-Il-faudra-pousser-Ennahda-a-clarifier-ses-positions-_NG_-2011-10-27-728595

 


Tunisie – Elections: Ennahdha… Des sages ou de grands stratèges?


 

Après l’euphorie (très en douce) des sympathisants d’Ennahdha, la déception des autres partis, et la frayeur de voir imposer à la société tunisienne un modèle à l’iranienne, l’entretien donné hier par M. Hammadi Jebali à la TAP a tout balayé pour redonner confiance aux Tunisiens. Concession ou bonne tactique?

Une lapalissade, pour commencer: on ne constitue tout de même pas un parti sans briguer le pouvoir. Cela n’aurait aucun sens dans ce cas. Sauf que deux données, enregistrées successivement mardi et mercredi, ont surpris plus d’un.

La première était l’absence d’un débordement exubérant de joie (légitime au reste) chez les Nahdhaouis après leur victoire, d’abord inattendue, ensuite écrasante: leur euphorie était pour ainsi dire mesurée, équilibrée, avec même une certaine retenue. C’est un peu bizarre. Quelques jours avant le 23 octobre, Rached Ghannouchi menaçait de pousser “ses sujets“ à la rébellion si jamais des fraudes électorales avaient lieu. Il n’y a eu rien de tel. Mieux: c’est eux, les Nahdhaouis, qui ont remporté les premières manches et, manifestement, toutes les autres à travers le pays. D’où vient donc toute cette sagesse et surtout que la majorité des votants pour ce parti n’émanent pas de l’intelligentsia mais bien des couches sociales les plus populaires et démunies? Un confrère a avancé une réponse assez plausible: «Les Nahdhaouis sont effrayés par leur propre succès». Ce serait donc comme un enfant qui aurait remué ciel et terre pour se voir offrir une voiture, et, une fois son vœu exaucé, il n’a pas su quoi en faire.

La deuxième pourrait corroborer cette hypothèse, car c’est très étonnant que M. Hammadi Jebali déclare être candidat (d’Ennahdha) au poste de Premier ministre, cependant que la présidence de la République pourrait revenir à Ben Jaâfar, Marzouki ou Caïd Essebsi. Comment faire confiance à l’un de ces trois hommes mais pas à Rached Ghannouchi? Même si c’est encore tôt, pourquoi tourner le dos d’ores et déjà à la magistrature suprême après y avoir couru derrière pendant au moins vingt ans?

Ne pas heurter les esprits?

Rassurant à plus d’un titre, l’entretien de M. Jebali donné à l’Agence TAP a donc balayé toutes les craintes: aucun changement dans le texte du CSP, oui au travail de la femme, oui à l’égalité homme/femme, pas d’imposition du port du voile, tout faire pour promouvoir davantage le secteur touristique, et plus d’intérêt pour un développement équitable entre les régions. En un mot comme en mille: consolider les acquis. Un tel discours est, à vrai dire, à applaudir. Reste la question centrale, car très têtue celle-là: pourquoi ce désistement du parti Ennahdha juste au moment où sa victoire semble acquise à tous les niveaux? Autrement dit, quelle lecture faire de l’entretien de M. Jebali?Ne pas heurter les esprits? Ne pas brûler les étapes? Aller tout doucement en se montrant souple, progressiste et démocrate? Ou se donner un temps d’apprentissage de la gestion des affaires de l’Etat et du pays? Et si c’était tout ça à la fois!

Tactique politicienne?

Tout le monde sait que les élections présidentielle et législatives ne sont pas pour demain. Demain, tout le temps que prendra le travail sur la nouvelle Constitution (fixé à une année, paraît-il), il y aura un président de la République et un gouvernement encore provisoires –ou de transition.

C’est durant ce laps de temps que tout va se jouer. Il va s’agir en premier lieu de remettre le pays (et en premier lieu son économie) sur pied. Ce sera donc une période-laboratoire où chaque faux pas, chaque test non concluant exclura son auteur de l’arène politique. Le caractère éminemment délicat de la période à venir peut expliquer la prudence du Parti Ennahdha de ne pas reluquer tout de suite du côté de la présidence de la République. Car, en cas d’erreurs ou d’échec du futur gouvernement provisoire, c’est précisément Ennahdha –déjà doté de la majorité des sièges au Parlement et, si c’est le cas, d’un Premier ministre en la personne de M. Jebali– qui reviendra à la charge en tant que “sauveur du pays“.

Politiquement parlant, cette première manche, quoique cruciale mais déjà gagnée, n’intéresse pas outre mesure Ennahdha, mais bel et bien la suivante.

Cette tactique n’est pas, au fond, sans rappeler celle de Bourguiba. En son temps, celui-ci aimait souvent jeter sur la table une carte quelconque pour, en cas de perte, revenir au-devant de la scène en tant qu’éternel sauveur de la nation.

Mais il ne faut pas perdre de vue que Béji Caïd Essebsi était le ‘‘fils’’ de Bourguiba. De telles tactiques, il en a vu par dizaines. Attendons voir ce qu’il va faire.

Source: “wmc” Le 27-10-2011

Lien: http://www.webmanagercenter.com/management/article-112026-opinion-tunisie-elections-ennahdha%85-des-sages-ou-de-grands-strateges

 


Tunisie. La position inconfortable d’Ettakatol


Ettakatol est un parti qui a toujours été constant dans son discours, cette constance a fait de lui le parti qui inspire le plus confiance sur la scène politique tunisienne.

Quel gouvernement post-élection ?

Au fur et à mesure de l’avancement de la campagne électorale, et de par sa lecture de la situation, Ettakatol pensait vraiment qu’aucun camp n’aurait la majorité, d’où l’idée d’un gouvernement d’intérêt national composé de tous les partis présents à l’assemblée nationale constituante. Cette idée fort séduisante plaçait l’intérêt de la nation au-dessus de toute lutte partisane, qui risquait de plonger le pays dans une grave crise politique.

Maintenant que les résultats sont à peu près connus et qu’Ennahdha paraît être le parti dominant de cette élection, nous ne pouvons plus parler d’un gouvernement d’intérêt national, car sous cette appellation, l’équilibre des forces politiques en son sein en est la pierre angulaire. Or, aujourd’hui, et ceci est tout à fait légitime, Ennahdha semble prendre l’initiative de former ce nouveau gouvernement. D’ailleurs, l’un de ses membres, en l’occurrence Hammadi Jebali, a déclaré publiquement son intention de postuler à la présidence de celui-ci.

Y aller ou pas ?

Evidemment, dans une manœuvre purement politicienne, Ennahdha continue de qualifier ce futur gouvernement de gouvernement d’union nationale, étant également dans une période de séduction tant sur le plan local qu’international, le parti islamiste a tout intérêt à avoir au sein de son gouvernement des partis démocrates modernistes qui prônent des valeurs de démocratie de liberté. Mais force est de constater qu’Ettakatol a tout à perdre et rien à gagner s’il devait intégrer ce gouvernement, car en cas d’intégration, Ettakatol serait isolé au sein de la famille démocrate, et il risque d’y participer seul, les autres partis ayant déclaré publiquement leur refus d’intégrer un gouvernement d’union nationale avec Ennahdha. Il risque donc une défection en masse de ses adhérents qui assimileront cette intégration à une alliance.

Or, le parti a crié haut et fort le contraire tout au long de la campagne électorale ; et enfin le bilan de ce gouvernement, s’il s’avère positif, serait mis au crédit d’Ennahdha ; et si c’est le contraire, Ettakatol en endosserait une part de responsabilité.

Source: “Kapitalis” Le 27-10-2011

Lien: http://www.kapitalis.com/afkar/68-tribune/6544-tunisie-la-position-inconfortable-dettakatol.html


Hachmi Hamdi:Je serai la plus grande force de l’opposition contre Ennahdha


 

Dans un monologue de près de deux heures, sur sa chaîne El Mostakella, Hachmi Hamdi a déclaré mercredi 26 octobre 2011 qu’il est fort blessé par la campagne de dénigrement virulente dont il fait l’objet actuellement en Tunisie. Il a qualifié, une bonne dizaine de fois, de loups humains ces hommes politiques et ces médias qui l’attaquent appelant Dieu (une bonne dizaine de fois aussi) à lui rendre justice. Il s’est défendu d’avoir acheté des voix lors des élections et se nie catégoriquement d’avoir été un homme de Ben Ali. Selon lui, il a beaucoup aidé les opposants tunisiens et les droits religieux des Tunisiens. C’est grâce à ses appels et sa télévision que Ben Ali a gracié des prisonniers politiques, par exemple, ou encore lâché du lest par rapport au port du voile. Il n’a pas manqué, dans la foulée, de louer le pouvoir saoudien et certains émirs. Sa brosse à reluire a bien été utilisée et c’est normal puisqu’il bénéficie de leur financement. On remarquera qu’il n’a pas fait de parallèle entre le Royaume et le lieu de résidence de Ben Ali. A propos de la publicité de l’ATCE, Hachmi Hamdi a indiqué qu’il s’agissait de spots publicitaires ordinaires (d’un montant de 300.000 dollars) que l’agence octroie à toutes les chaînes et tous les médias. Et de citer Echourouq, Al Maoukif, Attariq el Jedid, Al Jazeera, CNN, ANN… N’ayant pas de contradicteur sur le plateau, personne n’a donc pu le démentir. Il a lancé une critique très virulente contre Ennahdha et particulièrement contre Hammadi Djebali. La raison ? Il a tendu la main à Ennahdha et le parti islamiste a refusé. Il est surtout remonté contre le SG d’Ennahdha pour l’avoir méprisé (il répètera le terme hogra une bonne dizaine de fois) hier, mardi, sur Express FM et pour avoir refusé de commenter son discours de main tendue sur les ondes de cette radio. Il évoquera aussi le mépris de Ali Laarayedh pour avoir refusé de travailler main dans la main avec Al Aridha dans la Constituante. De fait, il considère que ses listes Al Aridha représentent le véritable contre-poids face à Ennahdha. « Nous espérions la première place dans ces élections, mais tant pis. Vu que personne ne veut s’allier avec nous, et vu que nous occupons la deuxième place, nous serons donc la plus grande force d’opposition face à Ennahdha. » Interrogé s’il envisageait de rentrer au pays, il a répondu « je vous supplie mes compatriotes, je vous supplie, je vous supplie, ne me faites pas de pression par rapport au retour ». D’après ses déclarations, il comptait rentrer en Tunisie le 27 octobre, mais qu’il est hors de question maintenant de fouler l’aéroport Tunis-Carthage dans un pays gouverné par Hammadi Djebali. « Voilà messieurs d’Ennahdha, voilà Monsieur Hammadi Djebali, je vous laisse le pays, je ne vais pas rentrer. Je ne foule pas un aéroport dont le directeur de la sûreté est nommé par Hammadi Djebali.» Il a rappelé que la population de Sidi Bouzid qui a fait la première révolution est prête à en faire une autre. Il a cependant appelé ses troupes à ne pas sortir dans la rue contre Ennahdha et à rester insensibles aux violentes attaques des loups humains. Interrogé s’il avait d’autres choses à dire, il a déclaré qu’il était fatigué maintenant sonnant ainsi la fin de l’émission.

Source: “Business News” Le 26-10-2011

Lien:http://www.businessnews.com.tn/Hachmi-Hamdi–Je-serai-la-plus-grande-force-de-l%C3%82%E2%80%99opposition-contre-Ennahdha,520,27335,1


Abdallah Kallel : Les dessous d’un complot politique


 

Qui nourrit les campagnes de dénigrement qui ciblent Abdallah Kallel en Tunisie ? Qui a décidé réellement l’arrestation d’Abdallah Kallel et pourquoi ? Mohamed Ghannouchi, Kamel Eltaief, Beji Caid Essebsi, Hédi Baccouche, Zouhair Mdhaffer ont-ils joué un rôle ? Si oui, lequel ? Qu’en est-il des déclarations de M. Farhat Rajhi? et les relations de Abdallah Kallel avec Zine El Abidine Ben Ali et Leila Trabelsi ?

 

Abdallah Kallel a décidé de se défendre.

Après la fuite de Ben Ali, Abdallah Kallel a été emprisonné, sujet à une campagne de dénigrement médiatique organisée par des milieux de l’ombre et des journalistes à leur solde (des procès sont en cours).

Neuf mois après, on constate que ces campagnes diffamatoires ont été particulièrement relayées par certains journaux et personnages comme :

– par M. Azouz Nadhir et son journal AlMassa (M. Azzouz est propriétaire aussi du journal Les annonces « Al Ilaan » qui s’est spécialisé sous Ben Ali dans le dénigrement des opposants),

– M. Sahbi Amri, un rédacteur au journal AlMassa,

– Au moins 5 pages facebook anonymes.

Les proches de Abdallah Kallel constatent que M. Azzouz et M. Sahbi Amri soutiennent dans les coulisses qu’ils sont proches de M. Kamel Eltaief et d’autres milieux qui se reconnaîtront.

 

Plusieurs poursuites judiciaires visant Abdallah Kallel ont accompagné ces campagnes dans une absence totale de symétrie et de cohérence :

Abdallah Kallel n’a joué aucun rôle dans la répression et les injustices qui ont touché les Tunisiens ces 10 dernières années, années d’escalade de toutes les dérives, où il n’a occupé que des postes qui n’ont qu’un pouvoir consultatif :

Abdallah Kallel est à l’écart des cercles d’influence et voit Ben Ali une fois par an depuis sa démission en 2001

Il a démissionné en 2001 suite à son refus de la corruption et pratiques du clan Ben Ali, après 3 ans à la maison sous étroite surveillance policière, en 2004 il accepte pour la sécurité de sa famille le poste de président du conseil économique et social puis devient pour des raisons régionalistes, président de la chambre des conseillers.

– Aujourd’hui, il est sous un premier mandat de dépôt (depuis le 12 mars 2011) pour son appartenance au parti dissous RCD,

– Et dans l’invariable système répressif tunisien depuis 1956, il est le seul ministre de l’Intérieur à être sous mandat de dépôt (12 mai 2011) pour une plainte pour torture (de militaires accusés d’un coup d’état islamiste en 1991).

 

Pourquoi arrêter Abdallah KALLEL tout en laissant les hauts responsables du RCD en liberté ?

Pourquoi accabler Abdallah Kallel à l’exlusion de tous les autres ministres de l’Intérieur ?

alors que la confrontation avec les islamistes a commencé après leur succès aux élections législatives d’avril 1989 : Ennahda se voir alors refuser son visa par Ben Ali dans son discour de juin 1989. Le dérapage sécuritaire s’est intensifié dès 1990 selon Amnesty International ?

« Les relations entre le gouvernement tunisien et les islamistes sont restées tendues depuis 1987. Des manifestations et des Émeutes suivies d’arrestations ont eu lieu dans les universités en 1989 et en 1990. C’est en septembre 1990 qu’est intervenue la première vague d’arrestations de sympathisants d’Ennahda. Les interpellations ont eu lieu à la suite d’une série de protestations déclenchées par la mort de TayebFlammasi, un étudiant abattu par la police pendant une manifestation. … C’est toutefois à cette période, entre septembre 1990 et février 1991, que l’Organisation a reçu un nombre croissant d’informations faisant état de la prolongation de la garde à vue au-delà de la durée maximale de dix jours prévue par la loi et de sévices infligés aux détenus. »

Source: ”Le Post.fr” Le 27-10-2011

Lien:http://www.lepost.fr/article/2011/10/27/2623930_tunisie-abdallah-kallel-les-dessous-d-un-complot-politique.html


Israël s’inquiète des résultats des élections tunisiennes


 

La Tunisie célèbre ces jours-ci les résultats de leur Printemps Arabe, après des élections démocratiques et la prise de pouvoir par les Islamistes.Tandis que le parti victorieux ne ménage aucun effort pour faciliter les préoccupations sécuritaires locales, le ministère de la défense d’Israël suit de près les développements politiques dans le pays, qui a conduit au déclenchement du Printemps arabe. Israël est par ailleurs inquiet de l’influence de l’Iran en Tunisie : Téhéran est le premier financier du nouveau parti au pouvoir à Tunis.

«Nous vivons à une époque où le monde en général et le Moyen-Orient en particulier, évolue”, a déclaré ministre de la Défense Ehud Barak lors de la cérémonie de graduation des officiers de Tsahal. “Le printemps arabe sape des régimes tyranniques. Elle est l’expression de la volonté du peuple, mais ouvre également la porte à des éléments radicaux islamistes qui menacent la stabilité de toute la région. “

Selon le ministre de la défense: «Nos mains sont toujours tendues vers la paix, mais nous ne recevons toujours pas de réponses. Heureusement, nos soldats sont forts et biens préparés.”

Le Chef d’état-major, le lieutenant-général Benny Gantz, a également parlé de l’évolution régionale: «Les changements redessinent la gamme des menaces qui pèsent sur Israël, en plus des tentatives faites par des groupes terroristes. Ensemble, cela crée un champ de menaces qu’Israël et Tsahal doivent être prêts à affronter.”

Plus tôt hier, l’ancien chef du Shin Bet, Yuval Diskin parlait aussi du printemps arabe et des élections en Tunisie: “Les Frères Musulmans deviennent un acteur majeur dans le régime tunisien. La question est, où va aller ce pays ? Deviendra t-il extrémiste islamiste ou plus modéré ? C’est difficile à dire. “

De nombreux citoyens laïques du pays craignent que leur mode de vie commence à changer. Depuis le renversement de Ben Ali et sans même les élections plusieurs signes avant-coureur inquiétaient les musulmans… Comme la fermeture des maisons closes, toujours tolérées jusqu’à récemment.

Source: “JSS news” Le 27-10-2011

Lien:http://jssnews.com/2011/10/27/israel-sinquiete-des-resultats-des-elections-tunisiennes/


Tunisia’s secular women fret erosion of freedoms with rise of Islamism


When hundreds of Tunisians drove through the capital sounding their horns and waving scarves this week to celebrate the election victory of an Islamist party, there was little jubilation in the Ennasr neighbosrhood.

With its chic boutiques and upmarket cafes, this suburb is a bastion of a segment of Tunisian society left feeling marginalized and even a little fearful by the election result.

Areas like Ennasr are home to middle-class, urban professional women who for decades have been living a lifestyle that in many ways has more in common with Europe than the Arab world. Now they worry that that is going to change.

In Sunday’s election, Tunisia, birthplace of the « Arab Spring » uprisings, handed the biggest share of the vote to Ennahda, a moderate Islamist party that was banned under decades of autocratic, secularist rule.

« We’re afraid that they’ll limit our freedoms, » said Rym, a 25-year-old medical intern sitting in « Gringo’s », a fast-food outlet in Ennasr.

« They say they won’t but after a while they could introduce changes step by step. Polygamy could come back … They say they want to be like Turkey but it could turn out like Iran. Don’t forget, that was a very open society too. »

This group is not typical of Tunisian society.

The majority of women in this former French colony are less well-off, they are conservative, they wear the hijab or Islamic veil and, unlike women higher up the social scale, they are more comfortable speaking Arabic than French.

But middle class, secularist women matter to Tunisia’s prosperity because their layer of society traditionally provides its lawyers, bankers, marketing executives and creative minds.

Turkish model

Many of them do not trust assurances from Rachid Ghannouchi, Ennahda’s leader. He says he will model his approach on Turkey’s moderate ruling AK Party, will not impose Islamic values on anyone and will respect women’s rights.

Nadia Khemiri, a 39-year-old former public relations executive who is now a housewife, says it is not Ghannouchi that worries her, but the message his win will send to the streets.

A few days before the election, Khemiri was handing out leaflets in support of a rival party with other women activists.

« There were some men who looked at us and said: ‘You keep doing what you’re doing. But it’s not going to last long. Soon you’ll be staying at home’, » Khemiri recalled in an interview on Tuesday.

« We have seen incidents that justified our fears of excesses from certain people, who are now going to feel stronger, and that they can get away with anything. »

She said she had heard conservative men asking women « Why are you smoking? » and « Why are you wearing tight jeans? », and feared such remarks would become more common.

Mouna, a 28-year-old who works in Ennasr’s « Le Continental » bakery, described how a man came into the bakery on Tuesday and told her, « You should stay at home. »

Aggressive secularism

Such attitudes are commonplace in most of the Arab world, and even in large parts of Tunisia.

But for decades before January’s revolution ousted president Zine al-Abidine Ben Ali, women like Khemiri and Mouna were insulated from such things by an aggressively secularist regime.

In the evenings in Tunis, especially in the centre and the upmarket suburbs like Ennasr, La Marsa and Gammarth, groups of young women can be seen sitting at street cafes, smoking.

Alcohol is readily available. Teenage girls ride on the back of motor scooters driven by young men. Many women dress in short skirts or jeans and T-shirts. In those districts, the Islamic head scarf, or hijab, is seen only rarely.

Ennahda’s victory means Tunisia will finally have a leadership who share the values and Muslim identity of the majority of the population.

By no means all professional, middle-class women are against that. One of Ennahda’s most prominent candidates is Suad Abdel-Rahim, a businesswoman who does not wear the hijab.

But many secularist women fear a gradual erosion of things that, taken together, allow them to feel equal and respected.

« It’s men not looking you in the eye; talking to your husband, not you, » said another woman, who did not want to be named. « I have a daughter and I worry about her. »

Khemiri said she was shocked to see separate queues for men and women at polling stations in areas where Ennahda is strong.

« In some working-class districts, when you go to pay the gas or electricity bill, there are men who come with their wives and try to enforce separate queues …I had the freedom to choose to be a housewife after working for a long time and I want to keep that freedom, » she said.

Asked what the future might hold, she said she was torn.

« On one hand I tell myself that the Ennahda people, even if fundamentally they are Islamist… will keep this moderate stance, » she said.

But at other times she thought about the Islamic Revolution in Iran, and about Tunisia’s neighbor Algeria, where Islamists imposed dress codes, sometimes by force, on women in the 1990s.

« The second idea I have, the second feeling, is why would history not repeat itself? Could Tunisia not live through the same events as Iran, or Algeria? »

Source: “Haaretz” Le 27-10-2011

Lien: http://www.haaretz.com/news/middle-east/tunisia-s-secular-women-fret-erosion-of-freedoms-with-rise-of-islamism-1.392167

 

Der Tag, an dem ­Tunesien gewann


Andreas Gross (*)
Am vergangenen Sonntag fanden in Tunesien die ersten freien Wahlen in der Geschichte des Landes statt. Auch wenn die Ergebnisse noch nicht feststehen, ist der ruhige und korrekte Verlauf der Wahlen bereits als Erfolg zu werten.
Drei Stunden ist Ahmed am letzten Sonntag im weiss getünchten Pausenhof der Primarschule von Karthago in der Schlange gestanden – bei 26 Grad im Schatten, ohne ein Fläschchen Wasser, ohne Zeitung, MP3-Player oder ­iPad – und hat einfach ruhig gewartet. In dem dreistöckigen Gebäude mit den schmucken blauen Fenstern und Türen gab es drei Wahllokale. Ab und zu ging der 46-jährige Computerspezialist und Familienvater einen Schritt weiter, ab und zu liess er eine schwangere Frau oder einen alten Mann vor. Um ihn herum warteten in drei Reihen mindestens 400 weitere Tune­sierinnen und Tunesier jeglichen Alters, jeglicher Hautfarbe, mit ganz verschiedenen Lebensumständen, mit oder ohne Kopftuch. Ähnliche Bilder gab es in vielen der 8000 Wahllokale Tu­nesiens. Die Bilder der ersten freien Wahl in der Geschichte des Landes gingen um die Welt.
 
Dann endlich durfte Ahmed durch die Tür treten. Er zeigte der Frau im Wahlbüro seinen Zettel mit einer langen Nummer. Sie suchte diese in der zehn Zentimeter dicken Wählerliste. Ahmed unterschrieb neben seinem Eintrag, bekam einen Bogen mit achtzig Namen von Parteien, Kleinstparteien, freien Listen und­ ihren verschiedenen Symbolen und ver­schwand hinter einem der drei weissen Stimmkabäuschen aus Karton, um sein Kreuz zu setzen. Dann trat Ahmed wieder hervor, faltete den Bogen zweimal und steckte ihn in den roten Schlitz der durchsichtigen Wahlurne. Erhobenen Hauptes, sichtlich mit sich und der Welt zufrieden, blickte er in die Runde und strebte ins Freie. Dort fragte ihn einer der internationalen Beobachter, ob sich die dreistündige Warterei gelohnt habe. Ahmed blickte ihn ungläubig an. Er hatte die Frage verstanden und schüttelte dennoch den Kopf, mit einem verständnisvollen Lächeln im Gesicht. Er sei 46 Jahre alt, antwortete Ahmed: «Ich habe 26 Jahre auf diesen Tag gewartet. Ich habe mich danach gesehnt, frei wählen zu dürfen, wer mich vertreten darf. 26 Jahre! Diese paar Stunden sind nichts gegen die Ewigkeit, in der wir uns nach diesem Moment gesehnt ­haben.»
 
In den dreissiger Jahren begannen die TunesierInnen, die sich schon 1862 als erster afrikanischer Staat eine ordentliche Verfassung gegeben hatten, ihren Befreiungskampf gegen die kolonialen Herrschaften. 1956 hatten sie sich die Unabhängigkeit erkämpft. Doch schon ihr erster Präsident, Habib Bourgiba, erwies sich als Autokrat. Der zweite, Zine al-Abidine Ben Ali, der sich 1987 an die Macht putschte, etablierte 24 Jahre lang eine Diktatur, die die TunesierInnen als eine der grausamsten der Welt bezeichneten. Zur Unterdrückung jeglicher Kritik durch staatliche Repression kam die schamlose Bereicherung des ganzen Ben-Ali-Clans. Das Land siechte dahin. Hunderttausende waren ohne Lohnarbeit, davon bis heute fast 200 000 mit abgeschlossenem Universitätsstudium.
 
 
Die Kaltschnäuzigkeit einer Provinzbürokratin brachte das Fass zum Überlaufen. Am 17. Dezember 2010 hatte ein junger Gemüsehändler, der eigentlich studieren wollte, den Überlebenskampf satt. Mohammed Bouazizi übergoss sich vor dem Stadthaus von Sidi Bouzid, wo ihm ohne Grund die Standbewilligung verweigert worden war, mit Benzin und zündete sich an. Sechzehn Tage später starb er. Danach gingen Hunderttausende auf die Strasse. Im ganzen Land.
 
Es war eine schnelle Revolution. Bereits am 14. Januar 2011 zog der Diktator ab. Am 15. Januar wurde die autoritäre Verfassung von Ben Ali aufgehoben. Drei grosse revolutionäre Gremien wurden geschaffen. Eine provisorische Regierung neu gebildet. Den RevolutionärInnen gelang es, eine revolutionäre Ordnung zu schaffen, illegal, aber legitim. Sie fanden in tagelangen, nächtelangen Debatten auch zu neuen Gesetzen – dem Wahlgesetz beispielsweise, einem Parteiengesetz, das am Wahlsonntag die freie, faire, transparente und unabhängige Wahl zur nationalen verfassunggebenden Versammlung ermöglichte – eine Transparenz und Fairness, von der sogar die am selben Tag wählende Schweiz etwas lernen könnte.
 
Die GewinnerInnen stehen im Detail noch nicht fest. Doch die grössten SiegerInnen dieser ersten freien Wahlen sind alle Tunesier und Tunesierinnen. Erstmals haben sie sich eine politische Institution geschaffen, die ihre Macht legal und legitim ausüben kann. Sie wird innerhalb eines Jahres nicht nur eine neue Verfassung ausarbeiten, sondern bald auch eine neue Regierung und einen neuen Präsidenten wählen. Am 23. Oktober hat das tunesische Volk gezeigt, was mit «Volkssouveränität», «Freiheit» und «Demokratie» gemeint ist. Begriffe, die in der Schweiz für zu viele ihre Substanz verloren haben. Tunesien hat sie neu gelebt und erntet die ersten Früchte. So sagte Ahmed noch im Pausenhof: «Wir werden nie mehr Angst haben müssen vor der eigenen Meinung und davor, diese öffentlich zu diskutieren. So werden wir auch nie mehr zulassen, dass uns jemand unsere Macht wegnimmt und uns unterjocht. Unsere Befreiung ist nicht mehr rückgängig zu machen.»
 
(*) Der SP-Nationalrat und Europa-Parlaments­abgeordnete Andreas Gross ist Vorsitzender der Wahlbeobachtungsmission des Europarats für Tunesien. Er war vom 19. bis zum 25. Oktober zum dritten Mal in diesem Jahr vor Ort.
(Source: Die Wochenzeitung (Hebdomadaire – Suisse), le 27.10.2011)

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