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TUNISNEWS
8 ème année, N° 2620 du 26.07.2007
International Campaign for Human Rights in Tunisia: Appeal (3)To Save the Life of Abdelkarim Harouni and Put an End to the Slow-Death Policy LTDH: Communiqué
C.R.L.D.H. Tunisie: Maître Mohamed ABBOU est enfin libre ! F.T .C.R: Mohamed Abbou est libre Hend Harouni: Ce qui s’est passé aujourd’hui, Lundi 23 juillet 2007 Yahyaoui Mokhtar: Appel à Solidarité Abdel Wahab Hani: Le philosophe Ajmi Lourmi rentre à la maison après 16 années de prison Un dissident tunisien libéré – RSF dit merci à Sarkozy Kalima :Quatre Tunisiens prisonniers de l’armée éthiopienne Kalima :HRW et Reprieve en mission en Tunisie pour les prisonniers de Guantanamo Reuters: Tunisie – Libération de vingt détenus islamistes Reuters: Un bateau d’immigrants retrouvé au large de la Sicile Associated Press: Une quarantaine de clandestins interceptés par les garde-côtes tunisiens, selon la presse AFP:Tunisie: création d’une TV satellitaire, Ben Ali prône l’audace de la presse Lyès Ben Chédli: Annonce de decès ATS: Tunisie: décès d’une figure emblématique du règne de Bourguiba AFP: Tunisie: décès de Saïda Sassi, figure emblématique du règne de Bourguiba Attariq Aljadid : La Tunisie souffre, elle a besoin de nous, nous pouvons être utiles Attariq Aljadid : Un congrès pas comme les autres Réalités: La société civile et la montée des extrêmes AFP:Turquie: le 2ème parti d’opposition participera à la présidentielle Reuters:L’élection de Gül à la présidence turque est désormais possible Reuters:L’AKP semble prêt à un nouveau bras de fer avec l’armée AFP: Bonjour veaux, vaches, cochons: la Norvège invente la prison champêtre
Le numéro 29 de Mouwatinoun est en ligne
sur www.fdtl.org
Vous pouvez visualiser la totalité de son contenu en cliquant sur ce lien : http://www.fdtl.org/IMG/pdf/mouwatinoun_29.pdf
Le webmaster du FDTL (www.fdtl.org)
International Campaign for Human Rights in Tunisia
icfhrt@yahoo.com Tel: (0044) 02083813270 -7903274826 Appeal (3) To Save the Life of Abdelkarim Harouni and Put an End to the Slow-Death Policy
Tens of political prisoners from among the leadership and membership of an-Nahdha Movement have died in Tunisian prisons since the early nineties to this day. In 1997, on this day (25 July), which coincides with the anniversary of the Declaration of the Republic, political prisoner Ridha Khemiri died in Jendouba civil prison after an open hunger strike in protest at the policy of revenge he was subjected to by the authorities, as he was put back in prison after having served eight years there, just one day after being released, and for the same charges of which he was accused the first time. Today, ten years after that tragedy, death threatens engineer Abdelkarim Harouni, former Secretary-General of the Tunisian General Union of Students, who is continuing the hunger strike he started on the 9th of July at the Mornagiyya prison in protest at the same continuous punitive policy adopted by the authorities against political prisoners, which has led to the deaths of tens of prisoners of conscience. We, the International Campaign for Human Rights in Tunisia: – Demand an immediate end to this policy of harassment and persecution against political prisoners, and the fulfilment of the legitimate demands for treatment and health care of prisoner Abdelkarim Harouni, and the respect of prison regulations and human rights international agreements. – Hold the authorities completely responsible for the policy of slow-death adopted against political prisoners, and for the consequences of the deteriorating health condition of prisoner Abdelkarim Harouni. – Renew our appeal to all supporters of freedom and human rights activists around the world, to national and international human rights organisations, and students groups around the world, to act urgently to bring the tragedy of deaths in Tunisian prisons to an end, to save the life of prisoner Abdelkarim Harouni before it is too late, and to end the suffering of all political prisoners through their release and the declaration of a general amnesty. The International Campaign for Human Rights in Tunisia Ali Ben Arfa London 25 July 2007
La Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme Tunis, le 26 juillet 2007 COMMUNIQUE (traduit de l’arabe)
A l’occasion du cinquantenaire de le proclamation de la République, Maître Mohamed Abbou, l’avocat et défenseur des droits de l’homme, a été libéré. Il était incarcéré depuis le 1er mars 2005 et avait écopé de trois ans et six mois de prison ferme pour ses idées, lors d’un procès dépourvu des moidres garanties d’un procès équitable. A la même occasion, ont été libérés aussi vingt et un (21) prisonniers condamnés au début des années 90 au chef d’assuation d’appertenance au mouvement Ennahdha. Le Comité directeur de la Ligue adresse ses félicitations à Maître Abbou et à sa famille, ainsi qu’à toutes les personnes élargies et leurs familles, pour le recouveement de leur liberté. Et tout en rendant un hommage appuyé à cette décicion, le Comité directeur renouvelle sa revendication de libération de tous les prisonniers politiques et la promulgation d’une Loi d’Amnisitie générale, pour que tous ceux qui ont été condamnés pour leurs idées puissent recouvrir leurs droits et pour tourner la page des procès politiques, qui s’est caractérisée par l’absence des garanties minimales. Dans l’attente de la libération de tous les prisonniers d’opinion et les prisonniers politiques, le Comité directeur appelle au respect des règles minima dans le traitement des prisonniers et l’observation des obligations légales consacrant leurs droits. Dans ce sens, le Comité directeur attire l’attention, surtout, sur la situation du prisonnier politique Abdelakarim Harouni, qui observe une grève de la faim depuis le 7 juillet, pour protester contre les provocations dont il fait l’objet de la part de la direction de la prison et le non respect de cette dernière de ses propres engagements d’améliorer sa condition de détention. Ces provocations ont touché sa soeur Hind qui a été privée de la visite mardi dernier. Le comité directeur appelle à la levée de toutes les restrictions imposées à Harouni et de lui garantir tous ses droits, comme celui de permettre à sa famille de le visiter sans restrictions, dans l’attente de sa libération. Pour le Comité directeur Mokhtar Trifi Président de la Ligue (traduction instantanée, non officielle, seule la version originale en arabe fait foi, A W Hani)
C.R.L.D.H. Tunisie Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme 21 ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34 contact@crldht.org / www.crldht.org
Maître Mohamed ABBOU est enfin libre !
Le CRLDHT se félicite pour la libération de Maître Mohamed ABBOU, avocat et défenseur opiniâtre des droits humains, mardi 24 juillet 2007, à la veille du 50ème anniversaire de la République, après avoir passé 29 mois sous les verrous. Arrêté depuis le 1er mars 2005 et transféré à la prison du Kef, Mohammed ABBOU avait été condamné le 29 avril 2005 à trois ans et demi de prison ferme pour avoir usé de son droit à l’expression en publiant un article sur la situation carcérale en Tunisie et en comparant les tortures infligées à des prisonniers politiques en Tunisie aux exactions de soldats américains à Abou Ghraib. Le CRLDHT partage le bonheur de la famille ABBOU, et notamment celui de son épouse et de ses trois enfants Nour, Kheïri et Jamel qui ont vécu un cauchemar permanent tout le long de ces 29 mois et rend à cette occasion un hommage particulier à Mme Samia ABBOU, une femme de grand courage et grande générosité qui force le respect et l’admiration. Le CRLDHT partage cette belle victoire avec toutes ces femmes et tous ces hommes qui se sont mobilisés partout, en Tunisie et ailleurs pour dénoncer l’arbitraire et exiger sa libération. Le CRLDHT se réjouit également pour la libération d’un nombre des prisonniers politiques qui viennent de bénéficier d’une libération conditionnelle et appelle au rétablissement de Maître ABBOU et de tous les libérés dans leurs droits civiques et politiques, un pas nécessaire pour rendre finalement justice à touts ces victimes. CRLDHT Le : 25/07/2007
La Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives
MOHAMED ABBOU EST LIBRE
La Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (F.T.C.R.) se réjouit de la libération de l’avocat tunisien Mohamed Abou qui avait été injustement condamné en 2005 à trois années et demi de prison pour avoir osé publié une simple critique des prisons tunisiennes où croupissent encore des prisonniers politiques et d’opinion. Elle félicite son épouse Samia qui s’était fortement impliquée dans la campagne pour la libération de Mohamed Abou. La F.T.C.R. se félicite aussi de la libération de certains prisonniers politique, mais rappelle aussi qu’il en reste encore. La F.T.C.R. reste convaincu que la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion est une question fondamentale pour l’avenir de la Tunisie et qu’il y a lieu de renforcer les campagnes de solidarité et de dénonciation des pratiques moyenâgeuses du pouvoir tunisien qui ne supporte aucune contestations et aucune critiques. La FTCR rappelle aux responsables français et européen qu’il est illusoire de penser pouvoir bâtir de nouvelles politiques méditerranéennes, voir une nouvelle union, en fermant les yeux sur les atteintes aux droits de l’homme par les régimes autoritaires comme c’est le cas actuellement en Tunisie. Le bureau fédéral de la F.T .C.R. Paris le 26 juillet 2007
Les mercenarismes de la dictature Tunisienne ont procédé aujourd’hui à une attaque contre ce Blog ( http://tunisiawatch.rsfblog.org ), Une opération criminelle qui à fini par détruire complètement les quelques 650 articles de son contenu ainsi qu’une quantité équivalente de documents, photos et rapports concernant les luttes démocratiques pour la liberté, la justice et le libre expression en Tunisie. Mon blog personnel http://yahyaoui.rsfblog.org à subi le même sort en même temps
Ce blog d’information sur la Tunisie qui a été mis en ligne grâce à RSF en geste de solidarité après la destruction de mon blog précédent http://yahyaoui.blogspot.com , il y a sept mois à pu s’affirmer en cette courte duré comme une source d’information indépendante sur la Tunisie par le flux de lecteurs qui le consulte quotidiennement du monde entier. Face à cette audience interne et internationale la dictature à procédé à sa censure il y a moins de deux mois. Une censure qui à privé beaucoup de tunisiens d’une source indépendante d’information mais dont la majorité ont pu le surmonté comme l’attestait le nombre des lecteur anonyme qui occupe la troisième position dans les statistiques de ses lecteurs.
Face à la déroute du système d’information officiel et le détournement massif observé depuis quelques temps des journaux, radios et télévisions officiels qui sont devenu synonyme de désinformation, propagande et manipulation une attaque en règle à été observée depuis quelques semaines visant tous les sites et blogs dissidents ou opposé à l’information truqué que la dictature veut imposer. Après l’échec de la stratégie de la censure la dictature a commencé à procédé depuis quelque temps par l’infiltration des sites visées et la destruction pure et simple de leur contenu. Cela c’est répété deux fois en moins d’un mois pour le site PDP info et pour plusieurs autre sites qui l’ont signalé ces dernière journées.
Aujourd’hui que la Tunisie commémore un demi siècle de dictature sous couvert d’une proclamation de République qui n’a jamais existé et alors que la dernière dépêche concernant le dernier discours de son président « prône l’audace de la presse et ordonne la création d’une nouvelle TV » beaucoup sont encore assez naïf pour croire que la dictature cherche à procéder à plus d’ouverture alors qu’elle ne fiait que s’enfoncer davantage dans sa fuite en avant avec l’illusion de restaurer la crédibilité perdue de sa parole et de son information.
Les temps ont changé, la dictature par ces procédés ne fait que montrer qu’elle est en train de se battre en retrait. L’opinion publique nationale autant qu’internationale, sont en train de se rendre compte de sa triste réalité. Il suffit de constater à l’image des commémoration de ce triste cinquantenaire d’une république volé qu’il n’a été retenue et évoqué dans la rue comme par les médias internationaux que par le relâchement de quelques prisonniers politiques et d’opinion sous les pressions internes et les interventions internationaux.
J’appelle et j’implore tous les tunisiens à croire que cette sombre ère va bien tôt finir, à se solidariser et à travailler tous dans la même voie de la liberté en faisant éclater toutes les vérités que cette dictature tient à cacher pour dissimiler la face hideuse de sa véritable nature. J’appelle aussi tous nos amis nombreux dans le monde entier de ne pas se réjouir démesurément de la libération de Mohamed Abbou car en plus des centaines de tunisien innocents encore en prison ou exilés des millier ne sont qu’en sursis aux portes des prisons.
Yahyaoui Mokhtar
Traduction de la lettre de Hend Harouni
Ce qui s’est passé aujourd’hui, Lundi 23 juillet 2007
Nous sommes allés ce matin rendre visite à mon frère bien aimé Abdelkarim, nous, c’est à dire son père Amor, ma sœur Karima et mes deux frères Maher et Elyess Après l’ouverture des portes de la prison devant la file des visiteurs à neuf heures, et au terme de l’attente de notre tour pour entrer dans la salle d’attente, l’agent chargé des cartes de visiteurs et des cartes d’identité nationale nous autorisant à passer, s’est mis à passer en revue les noms sur nos cartes et a demandé où était Hend. Mon frère, qui avait remis les cartes, a été autorisé à entrer ; je me suis alors présentée mais il m’a ordonné de rester où j’étais et m’a montré l’extérieur de la prison. Je lui ai demandé pourquoi je devais rester là. Il n’a pas répondu et j’ai alors compris qu’il s’agissait d’un ordre qui était tombé et que la vie de mon frère Abdelkarim était en danger d’autant plus qu’il nous avait dit de ne pas apporter de couffin aujourd’hui à la visite et nous avait avertis que si le 23, le jour de la visite, on nous disait qu’il refusait la visite, il ne faudrait en aucun cas les croire, car jamais il ne refuserait la visite de sa famille et que la raison cachée en serait soit que sa santé soit menacée, soit qu’on lui ait interdit la visite, soit les deux, et qu’il faudrait alerter le monde qu’il était perdu. J’ai alors appelé mon frère pour qu’il revienne, ce qu’il a fait. Les agents se sont mis à parler à voix basse entre eux et nous avons tous attendu sur place. A ce moment-là, le directeur adjoint de la prison, Imed, est arrivé, accompagné d’un autre responsable portant le grade d’officier, et d’une personne de l’administration pénitentiaire en costume civil. Et le nombre d’agents a augmenté sans compter les agents des « avant-gardes ». Ils se sont mis devant la porte en face de nous, nous ont fixés du regard, et notamment moi, jusqu’à ce que toute la file des visiteurs soit rentrée et que nul n’entende ce qui allait se passer ou se dire. Alors, un autre agent chargé des cartes et des familles a dit : « famille Harouni, qui va entrer ? » Je lui ai répondu que nous allions tous lui rendre visite. Il m’a dit « non, pas Hend », je lui ai demandé pourquoi. Il m’a dit qu’il y avait des instructions. Je lui ai demandé de qui elles émanaient. Evidemment, il n’a pas répondu et il ne me restait plus qu’à me retourner vers ma famille et à leur dire : « partons ». Ce fut aussi la décision prise par mon père, mes frères et ma sœur car m’interdire la visite revient à leur interdire à tous la visite et à priver mon frère de ce droit En 17 ans, aucun agent ou responsable ne m’a ainsi empêchée de rendre visite à mon frère Abdelkarim . D’habitude, ils mentent et nous disent qu’il refuse la visite et comme nous savons la vérité, nous ne les croyons pas. J’attire aussi votre attention sur la gravité de la situation d’autant que notre frère nous en avait avertis. Je vous assure que mon frère est toujours en grève de la faim, c’est ce que nous a confirmé une personne qui a rendu visite à l’un des frères emprisonnés avec mon frère, le docteur Ahmed Labiadh. La situation est devenue critique pour la vie de mon frère Abdelkarim et je vous supplie tous de redoubler d’efforts, de faire pression sur ce régime pour qu’il laisse mon frère. Nous faisons porter au régime l’entière responsabilité de ce qu’ils lui intentent. Mon frère ne reviendra pas en arrière. Il nous a dit à de nombreuses reprises-la première fois au cimetière lors des obsèques de notre mère, Allah la protège, le 17 août 2006,- qu’il n’avait pas de haine, car la haine annihile le droit, mais qu’il ne transigerait pas sur ses droits à vivre libre dans un pays libre au sein d’un peuple libre, dût-il en mourir en prison. Il faut maintenant sauver la vie de mon frère Abdelkarim, que nous ne connaissons que comme le défenseur de la vie et de la dignité des autres. Nous demandons à vivre dignement, surtout en ces jours de fête de la République, qui est la fête de tous les Tunisiens et des Tunisiennes. Mille salutations et remerciements à tous ceux qui se tiendront à nos côtés, De Hend Harouni, sœur d’Abdelkarim Harouni, et de Amor Harouni, ainsi que de mes frères et de ma sœur. Hend Harouni (traduction ni revue ni corrigée par l’auteure de la version en arabe, LT)
Le philosophe Ajmi Lourmi rentre à la maison après 16 années de prison
par Abdel Wahab Hani
Le jeune philosophe Ajmi Lourimi est enfin libre, après plus de seize années passées dans les geôles tunisiennes dans des conditions indignes de la République qui fête son cinquantenaire, dont 13 ans en quasi-isolement et interdiction totale des livres et écrits. Il bénéficie ainsi d’une mesure de grâce présidentielle qui a commué sa peine à perpétuité, prononcé lors des procès iniques devant les tribunaux militaires incompétents et non constitutionnelles, l’été 1992. Peu après sa libération, intervenue ce matin, Ajmi a été entouré par les siens et ses nombreux proches et voisins, dans sa ville natale de Chatt Myriem, dans l’arrière pays soussois. La joie débordait de cette petite maison modeste des Lourimi où le philosophe peut enfin caresser les livres dont il à tant admiré après en avoir été injustement et cruellement privé si longtemps. Ses geôliers avait inventé plus d’un moyen ciblé pour le détruire et surtout détruire ses capacités intellectuelles. Outre l’isolement cellulaire intégral et les affres de la torture et des traitements dégradants et inhumains, Ajmi a été totalement privé de livres, pendant la quasi durée de son incarcération, à l’exception de quelques écrits au compte goutte et sous contrôle qui ont commencé à être autorisés depuis la petite ouverture il y a 3 ans, après la compagne internationale contre l’isolement cellulaire dans les prisons tunisiennes. Et lorsque les experts en psychologie carcérale ont découvert une légère amélioration de l’état du philosophe en isolement, les plus zélés d’entre eux eurent l’idée de le contraindre à vivre au milieu d’individus violents et indélicats, pour ‘mieux’ le torturer psychologiquement. Dans le registre de la privation, le philosophe Ajmi Lourimi a vécu d’autres injustices. La plus célèbre fut la décision criminelle de Hammadi Jaballah, personnage odieux qui décidait de détruire le parcours de ses étudiants qui ne partageaient pas ses idées ultra laïcardes. Ajmi et nombre de ses compatriotes s’exilèrent alors à Rabat au royaume du Maroc frère pour continuer leurs études et contourner l’obstacle Jaballah, qui détenait les deux certificats obligatoires de 2e cycle en Philosophie et en Épistémologie, aujourd’hui convertit dans l’intellectualisme élitiste à deux sous. Dans cette vie marocaine, le philosophe Lourimi a laissé une impression qui honore la Tunisie entière, il a imprimé ses traces avec des écrits de valeur dans Anoual, une revue dirigée par des intellectuels de la gauche démocratique locale. Mais son oeuvre fut un mémoire remarquable sur le philosophe allemand contemporain Jürgen Habermas, dont il devient le premier traducteur en langue arabe et le spécialiste, malgré cette longue incarcération. Le philosophe marocain Mohamed Sabila , son maître à la Faculté des Sciences Humanies de Rabat aime à se rappeler son brillant étudiant de tous les temps et ne cesse de demander de ses nouvelles et quelle chair de philosophie il dirigeait. A la Faculté des sciences humaines du 9 avril de Tunis, où il a repris ses études de doctorat, le jeune philosophe joue les passeurs entre les différentes familles politiques et spirituelles que compte la richesse du campus de Tunis d’alors. Marxistes de toutes tendances et obédiences, nationalistes arabes de toutes les lectures et islamistes de tous les courants, ainsi que destouriens étaient ses amis et devenaient ses interlocuteurs en cas de crise. Professeurs, étudiants et employés avaient de lui une haute image. Il aimait à marcher dans ce campus tout en partageant réflexions, impressions et lectures avec ses amis l’espace d’une marche dans la cour arborée de sa faculté avec ses amis. Beaucoup de crises et de tensions ont trouvé leur dénouement heureux dans ses marches philosophiques. Passionné de journalisme, le philos ope collabore là où des portes s’étaient ouvertes devant son parcours. Le Maghreb, mais surtout Al-Fajr de l’honorable Hammadi Jebali lui offre une tribune où il fut remarqué comme un éditorialiste redoutable et un brillant analyste politique. Des interviews encore mémorables du vieux « leader Ahmed Ben Saleh ». Une analyse critique, profonde et encore d’actualité sur « la crise de l’intellectuel arabe face à la guerre du golfe », la première. Une couverture de l’actualité universitaire et du conflit entre un « syndicat étudiant porté sur l’avenir et un ministre qui a le coeur sur l’histoire, celle de la gauche », la chomage et « une jeunesse sans perspectives », une analyse des « jeux iraniens et syriens dans le golfe », les « enjeux redessinés par l’Intifadha », la première s’entend, une analyse détaillé du « discours de la haine portée par la montée de la xénophobie en France » en marge des municipales de 1990″… Et des chroniques, d’une incroyable lucidité et d’une étonnante simplicité la rendant accessible aux érudits comme au grand public, et qui de plus sont toujours et encore d’actualité, tel cet éloge à la liberté: « Le printemps de Pékin », où on pouvait lire, si la mémoire ne trahit pas l’auteur de ses lignes: « Les prophéties se sont révélées fausse et la révolution est venue d’Orient, ce qui a porté des générations d’intellectuels à fermer les yeux sur les exactions et les dérapages des régimes post-révolutionnaires du tiers-monde, qui étaient une sorte de révolution par procuration, où l’occident se voyait réaliser ses propres prophéties mais sur une autre terre que la sienne. La printemps de Pékin est venu bouleverser cette vie par procuration. Par leur mouvement, les étudiants de la place Tien-An-Mien ont placé la liberté au coeur de leur revendication. Comment ce mouvement peut-il durer face aux tanks de l’armée, combattus par des fleurs portées par les bras nus des étudiants.. » Entre le Philosophe et la Liberté, une longue histoire. C’est à lui et une poignée de ses camarades que revient l’imposition du slogan, non sans grande difficultés d’ailleurs: « Nous voulons la Liberté à l’intérieur de l’Université comme dans le pays ». Le philosophe paya très cher son attachement à sa Liberté d’un homme libre et digne. L’exil académique, le prison dans les années 80 et surtout 16 longues années de privation de liberté dans des conditions qu’il qualifia, philosophe, ce matin de « très difficile, mais Al Hamdou Lillah, louanges à Allah » Avant de nous quitter au téléphone, celui qui fut un compagnon de route, mais aussi un des amis les plus valeureux de la glorieuse UGTE (Union générale tunisienne des étudiants) dont je fut le vice Secrétaire général, insista sur son rêve de pouvoir poursuivre son doctorat de Philosophie et de reprendre son activité intellectuelle et sa participation active dans la vie des idées. Son maître Jürgen Habermas avait tenu, il y a quelques années, à lui dédicacer un de ses livres en adressant des souhaits de Liberté et le plein épanouissement dans son aventure philosophique. Avec son incarcération, la Tunisie a perdu 16 précieuses années de production philosophique. Les Jaballah et eutres officiers du Saint office ont sclérosé la Philosophie et l’ont emprisonné dans une démarche de serviteurs zélés de la dérive liberticide du régime. Aucun de ses « éminents » professeurs ne s’est mobilisé publiquement pour le sauver du trou du ras, si ce n’est un signe d’approbation par le philosophe Fathi Triki, lorsque son nom et son calvaire furent évoqués lors des premières rencontres internationales de philosophie, tenues au siège de l’UNESCO à Paris. Où encore récemment, par le réformateur musulman H’mida Ennaifer lors d’un colloque international organisé, toujours à Paris. Si ce n’était le rôle assumé par le jeune philosophe Néjib Baccouchi, ancien co-détenu de Ajmi et son condisciple, tout deux sont spécialistes de Habermas, ou encore l’acharnement du journaliste exilé Tahar Labidi qui eut toujours la présence d’esprit de rappeler le calvaire de son confrère, ainsi qu’une remarquable tribune publié par Omar S’Habou, fondateur et directeur du glorieux Le Maghreb. Ces actes de dévouement et d’Humanisme sont à mettre en valeur face à la stratégie de récupération politicienne et idéologique qui anime une partie, certes margianle dans le cours de l’histoire, de notre élite. Un numéro 2 du mouvement Ennahdha m’avait, récemment, crié à la figure, l’air moqueur: « Nous voulons qu’il reste en prison… » !!! Mais la solidarité et l’Humanisme ne connaissent pas de frontières. C’est ainsi certains philosophes qui ne le connaissent mais pas ont multiplié les contacts pour attirer l’attention sur son calvaire. Au premier rang desquels le philosophe et germaniste Jean-François Poirier. Ainsi que la philosophe Claudine Roméo, qui brava l’interdit, à l’instar d’un Jacques Derrida qui se rendit à Prague et en Palestine en pleine répression, pour apporter soutien et réconfort à ses pairs contre la répression et la barbarie. . Claudine Roméo s’est rendu en Tunisie où elle a pu se rendre clandestinement ches les Lourimi à Chatt Myriem, en compagnie de la valeureuse avocate du philosophe, l’honorable Saïda Akrémi, aujourd’hui trésorier du Barreau. En ce jour de fête de la République, le militant ne peut que se réjouir de la libération du philosophe, mais cette joie ne peut s’accomplir que si les autres prisonniers politiques rentrent enfin à la maison. En premier rang desquels Karim Harouni, ancien SG de l’UGTE et Sadok Chourou, universitaire et président légitime du parti d’opposition Ennahdha, ainsi que tous ceux qui se sont privés, injustement, de leur liberté. Mais, en ce jour de fête de la République, le militant exige que soit ouverte les portes de l’enseignement et de la réintégration socio-professionnelle des anciens prisonniers politiques. Le régime de l’actuel chef de l’Etat prend aujourd’hui une bonne décision, mais ne doit pas s’arrêter à une logique de goutte-à-goutte. Le prix humain de cette souffrance est trop élevée et il faut qu’elle s’arrête sans délai. Quant à nous autres opposants, nous nous devons de soutenir activement les enfants de la République qui ont pays un lourd tribu de la Liberté. Nous devons les aider dans leur parcours de réinsertion sociale, professionnelle et politique et leur inéluctable réhabilitation dans la société. Dans ce sens, nous pouvons aider notre cher philosophe, les nations n’en produisent pas un tous les jours. Qu’on l’appelle au téléphone, qu’on lui rende visite avec des fleurs et surtout des livres, des livres et des livres. Il aime à lire Jügen Habermas et ses écrits sur la « Justice politique », Paul Ricoeur et ses travaux sur la mémoire, Jacques Derrida et sa « notion du pardon », il se passionne pour les classiques de la philosophie musulmane et occidentale, Ibn Rochd et Platon, il admire le réformateur communiste italien Antonio Gramci et ses « Lettres de prison ».. Dans l’espoir de lire le philosophe des années carcérales et le prophète de la Liberté.. Vive la République, vive la Tunisie Libre et Souveraine avec des citoyens Libres et Egaux Paris, le 25 juillet 2007 Abdel Wahab Hani awhani@yahoo.fr +33 6 17 96 00 37
Un dissident tunisien libéré – RSF dit merci à Sarkozy
Par Pierre Haski (*) Après plus de deux ans de prison, le dissident tunisien Mohamed Abbou a été grâcié mardi par le président tunisien Ben Ali. Et, selon Reporters sans frontières (RSF), il faut remercier … Nicolas Sarkozy! Avocat et défenseur des droits de l’homme agé de 41 ans, Mohamed Abbou, avait été brutalement arrêté en mars 2005, à la veille du Sommet mondial sur la société de l’information, qui avait eu l’idée saugrenue de se réunir à Tunis. Membre du Conseil national des Libertés en Tunisie (CNLT), Mohamed Abbou avait été condamné à trois ans et demi de prison pour avoir comparé, sur le site internet Tunisnews, le traitement des prisonniers du régime Ben Ali avec le sort des détenus de la prison d’Abou Ghraib en Irak. Libéré mardi après-midi, il a retrouvé sa famille qui avait eu énormément de mal à le voir pendant sa détention. Mohamed Abbou a donc été libéré par anticipation par le président Ben Ali, à la veille de la fête nationale tunisienne. Pour la journaliste Sihem Bensedrine, du Conseil national des libertés (CNLT, mouvement interdit), la libération de Mohamed Abbou est « un grand bonheur et une belle victoire pour tous les défenseurs des droits de l’homme qui se sont mobilisés pour lui en Tunisie et à l’étranger ». Mais le président tunisien aurait surtout cédé aux pressions de ses « amis », dont l’incontournable Nicolas Sarkozy, si l’on en croit RSF. Sur son site, l’ONG française de défense de la liberté de la presse, déclare : « Nous remercions tous ceux qui sont intervenus en sa faveur, dont le chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, qui a évoqué le cas de Mohammed Abbou avec ses interlocuteurs, lors de son récent voyage en Tunisie ». Au cours de ce voyage, le président français avait été accompagné de Rama Yade, la Secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, qui avait été critiquée en France pour n’avoir rencontré que des officiels tunisiens et pas la société civile qui évolue difficilement dans le cadre de ce régime répressif. C’était sans doute le prix à payer pour obtenir la libération de Mohamed Abbou, l’un des prisonniers politiques les plus en vue en Tunisie. Après les infirmières bulgares remises lundi à Cécilia Sarkozy, un dissident tunisien libéré mardi à la demande de Nicolas Sarkozy: le Palais de l’Elysée commence à ressembler à une annexe d’Amnesty International. Plus sérieusement, ces libérations en série sont assurément devenues une arme efficace pour le Président, diplomatiquement, mais plus sûrement aussi en politique intérieure. (*) Biographie né le 8 avril 1953 à Tunis (Tunisie) Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ), Paris, 1974. Journaliste à l’Agence France-Presse à partir de 1974. 1976-1980 : correspondant de l’Agence France-Presse en Afrique du Sud. 1981: journaliste à Libération, chargé de la rubrique Afrique. 1988-1993 : journaliste à Libération, chargé de la rubrique diplomatique. 1993-1995: correspondant de Libération à Jérusalem. 1995-2000 : chef du service international et rédacteur en chef adjoint de Libération. 2000-2005 : correspondant de Libération à Pékin. 2006-février 2007 : directeur adjoint de la rédaction, Libération. 2007 : cofondateur de Rue.89.com, premier site d’information générale 100% internet en France. Publications: L’Afrique blanche, histoire et enjeux de l’apartheid, Le Seuil, 1987. Israël, Ed Milan, 1997. David Gryn (Ben Gourion), Ed. Autrement, 1998. Le Journal de Ma Yan, Ed. Ramsay, 2002. (également publié dans 19 langues) Ma Yan et ses sœurs, Ed. Ramsay, 2004. Le Sang de la Chine, Ed. Grasset, 2005. Prix International des médias (Genève) 2005, Prix Joseph Kessel 2006. Cinq ans en Chine, Ed. Les Arènes, 2006. Blogs : Mon Journal de Chine (2005-2006) Cinq ans en Chine (2006-2007) (Source : le site « Rue89 » (France), le 25 juillet 2007 à 18h06) Lien : http://rue89.com/2007/07/25/un-dissident-tunisien-libere-rsf-dit-merci-a-sarkozy
Quatre Tunisiens prisonniers de l’armée éthiopienne
Sihem Bensedrine Quatre Tunisiens ont été retrouvés prisonniers de l’armée éthiopienne à Adis Abeba suite à l’invasion de l’armée éthiopienne en Somalie en janvier 2007 où ils se trouvaient. Il s’agit de Omar Chelendi, Ayoub Sfaxi, Adnane Najah et Inès Chine. Lors d’une tentative d’évasion vers le Kenya d’un groupe de combattants Arabes de différentes nationalités, ils ont été victimes d’une embuscade où l’un d’eux, Omar Chelendi (l’un des internautes de Zarzis libéré en février 2006) a trouvé la mort au début du mois de février 2007. Sa famille tente d’obtenir au moins un certificat de décès. Des humanitaires sont actuellement en train de négocier leur rapatriement.
(Source : « Kalima » (Mensuel électronique – Tunis), N° 55 – juillet 2007)
HRW et Reprieve en mission en Tunisie pour les prisonniers de Guantanamo
Sihem Bensedrine L’ONG américaine Human Rights Watch (HRW) et la britannique Repreive ont décidé d’envoyer des missions d’investigation à la fin de ce mois de juillet pour s’enquérir du sort des prisonniers tunisiens renvoyés de Guantanamo Bay. Il s’agit de Abdallah Ben Amor et Lotfi Lagha extradés vers la Tunisie le 17 juin dernier. Leur enquête vise à s’assurer que ces prisonniers n’ont pas subi de mauvais traitements. Leurs avocats affirment qu’ils ont été torturés et les autorités tunisiennes ont démenti cette information. Ils cherchent également à prévenir, autant que faire se peut le renvoi des 10 prisonniers restants et sur lesquels ne pèse aucune charge, selon l’armée américaine. Le dossier de GTMO est celui qui préoccupe le plus l’opinion publique américaine et l’administration cherche à éviter de nouveaux scandales à ce sujet. (Source : « Kalima » (Mensuel électronique – Tunis), N° 55 – juillet 2007)
Tunisie – Libération de vingt détenus islamistes
Reuters, le 25 juillet 2007 à 18h52
TUNIS, 25 juillet (Reuters) – Les autorités tunisiennes ont libéré 20 détenus islamistes dans le cadre d’une amnistie marquant le 50e anniversaire de la naissance de la République de Tunisie, ont annoncé mercredi des militants pour la défense des droits de l’homme. Parmi ces vingt personnes, figurent Ali Zouagi, Ahmed Labied et Riza Saïdi, d’anciens dirigeants du parti islamiste interdit Nahda, l’une des principales formations d’opposition. Condamnés à perpétuité, les trois hommes ont passé environ 17 ans en prison. « Nous espérons que cela (la grâce) sera suivi par d’autres mesures », a déclaré par téléphone Ali Laraïz, qui s’exprime au nom de la Nahda. D’après les associations de défense des droits de l’homme, quelque 270 personnes seraient toujours détenues en Tunisie en raison de leurs opinions religieuses ou politiques. La plupart seraient membres du parti islamiste.
Un bateau d’immigrants retrouvé au large de la Sicile
Reuters, le 25 juillet 2007 à 18h43
ROME, 25 juillet (Reuters) – La garde-côte italienne a secouru mercredi au large de la Sicile un bateau transportant plus de 40 immigrants, mais a perdu la trace d’une deuxième embarcation, qui avait également appelé à l’aide. Les recherches avaient commencé mercredi, après deux appels de détresse lancés par les bateaux, selon lesquels huit morts au total se trouvaient à bord. Le bateau secouru était parvenu à donner sa position grâce au système GPS de son téléphone satellite. Les secours y ont découvert 42 personnes, mais aucun cadavre. Les immigrants, qui avaient d’abord fait état de cinq morts à bord, ont déclaré que deux d’entre eux avaient péri durant le voyage et avaient été jetés par-dessus bord. Selon un porte-parole de la garde-côte, il est déjà arrivé que des immigrants fassent état de morts fictifs à bord pour hâter l’arrivée des secours. Parallèlement, le contact était perdu avec une deuxième embarcation. Une première communication avec ce bateau avait fait état de 46 passagers, plus trois morts. Les contacts ont été rendus difficiles, les immigrants, partis de Libye un jour plus tôt, ne parlant qu’arabe. « Nous n’avons pas pu les contacter à nouveau. Ils ne nous appellent plus. Nous continuons à les appeler, mais ils ne répondent pas. Nous avons demandé l’aide de l’opérateur du téléphone pour les localiser », a déclaré un porte-parole de la garde-côte. Les secours ont essayé, en vain, d’expliquer aux passagers grâce à un interprète comment utiliser le GPS du téléphone, afin de déterminer leur position. Plus de 500 immigrants illégaux venant d’Afrique ont atteint dimanche et lundi l’île italienne de Lampedusa, entre la Sicile et la Tunisie. Dimanche, deux candidats à l’émigration ont péri dans une collision entre leur bateau et un navire de pêche à 80 milles (environ 150 km) au large des côtes libyennes. L’équipage du bateau italien a recueilli les deux corps et a secouru 23 autres migrants. Le 18 juillet, quatre personnes avaient trouvé la mort dans le naufrage de deux bateaux au large de Lampedusa.
Une quarantaine de clandestins interceptés par les garde-côtes tunisiens, selon la presse
Associated Press, le 25 juillet 2007 à 18h41 TUNIS (AP) — Les garde-côtes tunisiens ont intercepté 38 candidats à l’immigration illégale vers l’Europe au large du port de Sfax, à 270km au sud de Tunis, selon l’édition de mercredi du quotidien « Assabah ». Les autorités locales n’ont pu être jointes pour vérifier l’information. Les migrants, partis à bord d’un canot pneumatique d’un port du sud du pays, ont été interpellés dans les eaux territoriales tunisiennes alors qu’ils se dirigeaient vers l’île italienne de Lampedusa, proche du littoral tunisien. Parmi eux figuraient 28 Tunisiens et 10 ressortissants étrangers dont les nationalités ne sont pas précisées. Selon la législation en vigueur, ces derniers doivent être reconduits vers leurs pays d’origine, tandis que les ressortissants autochtones feront l’objet de poursuites judiciaires. La presse tunisienne fait régulièrement état de la multiplication des tentatives d’immigration illégale favorisées par les conditions climatiques estivales. Ces dernières semaines, plusieurs interventions des unités de surveillance des côtes ont permis de secourir des embarcations de clandestins à la dérive dans les eaux internationales, dont bon nombre venues de Libye. Certaines tentatives tournent parfois au drame. Ainsi, fin juin dernier, les unités de la marine tunisienne ont repêché les cadavres de 20 migrants clandestins subsahariens au large de la ville de Ben Guerdane, proche de la frontière libyenne. En raison de sa proximité des îles du sud de l’Italie, le littoral tunisien long de 1.300km sert souvent de point de départ ou de transit aux candidats à l’immigration clandestine vers « l’Eldorado européen ». Il s’agit pour la plupart des ressortissants d’Afrique subsaharienne. Associated Press
Tunisie – Libération de vingt détenus islamistes
Reuters, le 25 juillet 2007 à 18h52 TUNIS, 25 juillet (Reuters) – Les autorités tunisiennes ont libéré 20 détenus islamistes dans le cadre d’une amnistie marquant le 50e anniversaire de la naissance de la République de Tunisie, ont annoncé mercredi des militants pour la défense des droits de l’homme. Parmi ces vingt personnes, figurent Ali Zouagi, Ahmed Labied et Riza Saïdi, d’anciens dirigeants du parti islamiste interdit Nahda, l’une des principales formations d’opposition. Condamnés à perpétuité, les trois hommes ont passé environ 17 ans en prison. « Nous espérons que cela (la grâce) sera suivi par d’autres mesures », a déclaré par téléphone Ali Laraïz, qui s’exprime au nom de la Nahda. D’après les associations de défense des droits de l’homme, quelque 270 personnes seraient toujours détenues en Tunisie en raison de leurs opinions religieuses ou politiques. La plupart seraient membres du parti islamiste. REUTERS
AFP, le 25 juillet 2007 à 17h20
Tunisie: création d’une TV satellitaire, Ben Ali prône l’audace de la presse
TUNIS, 25 juil 2007 (AFP) – Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a ordonné mercredi la création d’une nouvelle chaîne de télévision satellitaire et préconisé plus d’audace dans la presse, objet de critiques en Tunisie et à l’étranger. Le chef de l’Etat a par ailleurs écarté l’idée d’une nouvelle Constitution pour la « deuxième république », lancée en juillet par une coalition de l’opposition radicale. « Nous nous devons de renforcer le secteur de l’information publique », a-t-il déclaré dans un discours à l’occasion du 50e anniversaire de la proclamation de République, le 25 juillet 1957. M. Ben Ali a indiqué qu’une deuxième chaîne satellitaire publique avec « une programmation moderne » prendrait la place de « Canal-21 », une station hertzienne à diffusion limitée. Il a aussi ordonné la généralisation de la télévision numérique pour un taux de couverture de 90% du pays avant fin 2009. Face aux critiques récurrentes de l’opposition sur l’indigence et le manque de liberté de la presse, le président a souhaité plus d’audace de la part des médias, exigeant « un surcroît d’effort pour assurer la promotion du secteur de l’information, de manière à ce qu’il prenne davantage d’initiative et de marge… ». Mardi, le président Ben Ali avait fait libérer l’avocat dissident Mohamed Abbou, condamné en 2005, suite notamment à la publication d’un article critique sur internet. Il avait aussi accordé la grâce à plusieurs détenus du parti islamiste Ennahda (renaissance – interdit), dont des dirigeants condamnés à perpétuité en 1991. AFP
Mesdames, Messieurs, J’ai le regret de vous annoncer le décès de ma tante Madame Saïda née Bouzguarrou épouse Hassan Sassi, nièce de feu le Président Habib Bourguiba 1er Président de La République Tunisienne qu’elle a adulé et servi tout au long de son existence. Madame Saïda Sassi militante pour l’indépendance de La Tunisie, s’est éteinte à son domicile à Carthage à l’âge de 86 ans ce 25 juillet 2007 aux alentours de 13h. Ce jour était pour elle très important puisque à cette date La République Tunisienne s’était proclamée. La page de l’histoire Bourguibienne est définitivement tournée. Meilleures Salutations. (Source: mail reçu de M. Lyès Ben Chédli, le 25 juillet 2007)
Tunisie: décès de Saïda Sassi, figure emblématique du règne de Bourguiba
AFP, le 25 juillet 2007 à 19h18 TUNIS, 25 juil 2007 (AFP) – Saïda Sassi, personnalité´emblématique du régime de l’ancien président tunisien Habib Bourguiba, est décédée mercredi à l’âge de 86 ans des suites de la maladie d’Alzheimer, a annoncé à l’AFP sa fille, Leïla. Saïda Sassi, nièce de Bourguiba née en 1921, comme lui à Monastir, à 160 km au sud de Tunis, est décédée à son domicile à Carthage, au nord de Tunis, et sera inhumée jeudi au cimetière Jellaz à Tunis, selon sa famille. Connue pour son militantisme féministe et un redoutable pouvoir politique, elle avait été la première présidente de l’Union nationale des femmes (UNFT) après l’indépendance en 1956, avant de créer le « Vestiaire tunisien », oeuvrant à l’insertion des femmes dans la vie active. Saida Sassi avait été emprisonnée auparavant pour avoir conduit une manifestation contre le régime du protectorat français (1881-1956). Surnommée la « confidente », elle s’était installée au palais présidentiel de Carthage, où elle assura jusqu’en 1960 le rôle de « Première Dame », après le départ de Mathilde Lorrain, la première épouse française de Bourguiba. On lui prêtait alors la réputation de faire et de défaire les gouvernements de Bourguiba, divorcé de sa seconde épouse, Wassila, et affaibli par la maladie vers la fin de son règne. Habib Bourguiba, qui a dirigé la Tunisie durant plus de trente ans jusqu’à sa destitution par l’actuel président Zine El Abidine Ben Ali, est décédé en avril 2000 et inhumé dans le mausolée qu’il avait fait construire pour sa famille à Monastir. AFP
Tunisie: décès d’une figure emblématique du règne de Bourguiba
Saïda Sassi, personnalité emblématique du régime de l’ancien président tunisien Habib Bourguiba, est décédée mercredi des suites de la maladie d’Alzheimer, a annoncé sa fille, Leïla. Elle avait 86 ans. Saïda Sassi, nièce de Habib Bourguiba née en 1921, comme lui à Monastir, à 160 km au sud de Tunis, est décédée à son domicile à Carthage, au nord de Tunis, et sera inhumée jeudi au cimetière Jellaz à Tunis, selon sa famille. Connue pour son militantisme féministe et un redoutable pouvoir politique, elle avait été la première présidente de l’Union nationale des femmes (UNFT) après l’indépendance en 1956, avant de créer le « Vestiaire tunisien », oeuvrant à l’insertion des femmes dans la vie active. Saida Sassi avait été emprisonnée auparavant pour avoir conduit une manifestation contre le régime du protectorat français (1881-1956). Surnommée la « confidente », elle s’était installée au palais présidentiel de Carthage, où elle assura jusqu’en 1960 le rôle de « Première Dame », après le départ de Mathilde Lorrain, la première épouse française de Habib Bourguiba. Il lui était alors prêté la réputation de faire et de défaire les gouvernements de Habib Bourguiba, divorcé de sa seconde épouse, Wassila, et affaibli par la maladie vers la fin de son règne. Habib Bourguiba, qui a dirigé la Tunisie durant plus de trente ans jusqu’à sa destitution par l’actuel président Zine El Abidine Ben Ali, est décédé en avril 2000 et inhumé dans le mausolée qu’il avait fait construire pour sa famille à Monastir. (ats / 26 juillet 2007 03:15)
La Tunisie souffre, elle a besoin de nous, nous pouvons être utiles
Mahmoud Ben Romdhane Sans ressorts, la Tunisie souffre. Les familles des classes moyennes et pauvres sont en train de perdre leurs repères, hantées par le spectre du chômage et de la prolétarisation de leurs enfants pourtant diplômés de l’enseignement supérieur ; les fonctionnaires et les salariés et cadres du secteur public n’ont plus goût au travail car ils voient bien que l’effort à l’ouvrage n’est pas celui que l’on récompense et que l’initiative n’est pas la chose que l’on apprécie ; les salariés du secteur privé se sentent –et sont- de plus en plus fragilisés, leurs lendemains sont de plus en plus incertains. Dans les domaines économiques et sociaux clés – l’emploi, l’investissement, l’éducation, la santé, la pauvreté -, la Commission du Programme du Congrès de la refondation de Tajdid qualifie la situation prévalant aujourd’hui de particulièrement préoccupante. En matière d’éducation, les évaluations internationales les plus sérieuses et les plus diverses nous renvoient à la figure cette réalité que nous n’imaginions pas : dans tous les tests effectués, que ce soit pour les élèves de la 4e année, de la 8e année ou pour les élèves âgés de 15 ans, que ce soit pour les mathématiques, les sciences ou la compréhension de l’écrit, nous figurons presque systématiquement en dernière place parmi une soixantaine de pays développés ou à revenu intermédiaire. La même évaluation de notre enseignement supérieur n’a pas été faite, mais si elle devait l’être, il nous faudrait prendre notre courage à deux mains avant d’en lire les résultats. Le chômage frappe de plus en plus sévèrement les titulaires de diplômes supérieurs et plus gravement les filles que les garçons. Quant à ceux parmi ces diplômés qui ont trouvé un emploi, une forte proportion d’entre eux est occupée à des emplois subalternes, mal, voire très mal rémunérés. L’éducation, première et permanente revendication des Tunisien(ne)s depuis un siècle et demi, valeur sacrée, est en perdition et, avec elle, le socle sur lequel a reposé ce pays : le diplôme, comme reconnaissance d’un labeur et d’un savoir, le diplôme comme voie royale de la promotion sociale. Il faut de plus en plus appartenir aux familles à fort capital social pour espérer aujourd’hui faire valoir son diplôme et accéder à l’emploi et au salaire censés lui correspondre. Ce changement est une rupture de notre contrat social ; nous n’avons pas encore mesuré ses conséquences sociales, culturelles et politiques. Il ouvre de nouvelles et profondes lignes de fracture. En matière de santé, un système à deux vitesses est maintenant bien établi à un double niveau : à un premier niveau, des pauvres et des classes moyennes n’ayant droit qu’à un secteur public de plus en plus engorgé, de moins en moins accessible; des catégories aisées et des riches seuls capables d’accéder aux soins de qualité d’un secteur privé en expansion fulgurante ; à un second niveau, un littoral relativement bien équipé, des régions intérieures souffrant d’un déficit parfois dramatique. La pauvreté extrême, quant à elle, après avoir été efficacement combattue jusqu’au milieu des années quatre-vingt, est persistante : depuis une vingtaine d’années, d’une enquête à une autre, ses chiffres sont tantôt à la légère baisse, tantôt à la hausse. Les résultats de la dernière enquête sur le budget des ménages ne sont pas encore publiés alors qu’ils auraient dû l’être depuis un an ; la raison en est que, de nouveau, le nombre de pauvres est en hausse depuis l’an 2000. Quant à l’investissement, il est en régression : pour la première fois de son histoire depuis l’indépendance, en dehors de la grave crise des années quatre-vingt, la Tunisie est confrontée, durant quatre, voire cinq années consécutives, à une baisse du taux et même du niveau absolu de l’investissement. Le chômage, enfin, est persistant à un haut niveau : un demi-million de chômeurs, soit un taux au-dessus de 14 pour cent, sans compter 300 000 employés dans les chantiers publics payés une moitié de smig. Et il n’est pas envisagé que la situation s’améliore dans le futur prévisible : à l’horizon 2011, selon des hypothèses fortement optimistes, le XI Plan 2007-2011 prévoit la baisse de ce taux de 14,3 à 13,4 pour cent. Si la Tunisie souffre à ce point aujourd’hui, ce n’est point par insuffisance de moyens : des ressources non négligeables sont consacrées aux secteurs sociaux ; des subventions et des incitations financières et fiscales généreuses sont accordées en faveur de l’investissement et de la création d’emploi. Si la Tunisie souffre, c’est, pour utiliser un terme générique aujourd’hui très en vogue, par insuffisance de « gouvernance ». Comme le souligne la Banque mondiale « une absence de transparence et de prévisibilité », une « absence d’une structure gouvernementale encourageant l’équilibre des pouvoirs et la responsabilisation ». En termes plus clairs, une confusion des pouvoirs et leur concentration, une administration sous forte influence RCD ; de plus en plus objet de pressions émanant de personnages très influents ; un enrichissement sans cause sans précédent se déroulant sous nos yeux. Et l’administration est de plus en plus impotente, soumise à un processus de plus en plus descendant, démunie de capacité d’initiative, incapable de tracer des perspectives pour le pays. La conséquence inévitable en est un sentiment d’injustice et d’exclusion, le désintérêt général, le sens de l’inutilité. L’érosion de l’efficacité d’ensemble au plan économique comme au plan social est le produit de ce système de pouvoirs et de la démotivation générale qui en découle. Cet ordre ne changera pas de lui-même ; il ne disparaîtra pas, miné par ses propres contradictions. Au contraire : livré à lui-même, il enfoncera la Tunisie dans des abîmes sans fin. C’est pourquoi il faut un redressement ; c’est pourquoi la Tunisie a besoin de nous. Parce qu’à cet ordre, il faut opposer des forces contraires ; les forces de l’éveil. L’espoir et, avec lui, le désir d’action, peuvent renaître. Jusqu’à ce jour, la Tunisie a manqué d’une offre politique sérieuse et crédible, inscrite dans la durée, soucieuse d’efficacité, consciente des acquis de notre pays, mais engagée dans une opposition résolue et déterminée à défendre les valeurs démocratiques et modernistes. Aujourd’hui, nous sommes à la veille de la réalisation de ce projet : le Congrès de la refondation de Tajdid auquel participent, dans l’unité et dans l’égalité, militants de ce parti et indépendants actifs dans la société civile tunisienne conscients que le salut de notre pays exige désormais l’engagement dans l’action politique organisée ; ce Congrès donc, entend être l’inauguration de cette page nouvelle. A l’opinion publique, nous présenterons une offre politique claire : notre Plateforme, qui marque notre identité ; notre Programme politique, économique, social et culturel qui comporte notre analyse concernant les principaux problèmes qui se posent aux Tunisiennes et aux Tunisiens et les principaux maux dont souffre notre pays ainsi que les voies et les moyens de les affronter -notre alternative- et nous présenterons le nouveau modèle d’organisation que nous voulons construire afin de donner la possibilité à tous ceux qui veulent être utiles, à tous ceux qui veulent agir pour le progrès de notre pays d’apporter leur pierre à l’édifice. La transition démocratique de la Tunisie ; la sortie des Tunisiennes et des Tunisiens de l’état de sujets passifs, présentés comme des admirateurs reconnaissants à leur maître est possible. L’offre politique qui en permet la mise en œuvre est en mouvement. Notre action peut prendre un sens. Nous pouvons devenir utiles. (Source : « Attariq Aljadid », (Mensuel – Tunis), N°62 – juillet 2007) Lien: http://fr.blog.360.yahoo.com
Un congrès pas comme les autres
Mohamed HARMEL Face au congrès d’Ettajdid… qui a surgi, sur la scène politique, comme un phénomène hors norme dans le ciel apparemment serein des partis, les observateurs sont surpris et même intrigués Habitués aux cycles répétitifs et figés des congrès ils ont tendance à utiliser les grilles de lecture traditionnelles, qui réduisent les congrès, aux changements souvent formels, au niveau de la direction et surtout à l’émergence d’un nouveau secrétaire général Ces aspects qui peuvent être évidemment importants, leur cachent l’essence même du congrès d’Ettajdid et la nouveauté radicale qu’il représente pour le présent et le futur de l’opposition démocratique et progressiste. Peut-être même qu’une partie des protagonistes de ce processus ne saisissent pas totalement le sens des enjeux de ce congrès historique et se laissent obnubiler par des questions secondaires ou de personnes Le congrès d’Ettajdid, c’est d’abord le frémissement unitaire qu’il suscite Des militants progressistes, longtemps désunis dans une rivalité factice, alimentée par une « idéologisation » à outrance, et des querelles de chapelle ont pris conscience, sous le choc des mutations et des expériences, de la nécessité de rompre avec une situation absurde et sans issue La décision d’Ettajdid de tenir un congrès ouvert, a permis un déblocage et des rencontres fructueuses Les premières discussions, impensables il y a quelques années, ont abouti à la mise en oeuvre d’une feuille de route et une convergence entre Ettajdid et des indépendants…. ce qui relève presque du miracle. Il s’en est suivi une véritable « révolution », dans le rôle des uns et des autres Ettajdid, réputé jaloux de ses prérogatives et de sa prééminence, est apparu comme un autre Ettajdid, à l’écoute des autres dans un esprit égalitaire, tandis que les indépendants, réputés réfractaires, à toute organisation partisane, ont commencé à prendre « goût » au militantisme de parti, d’un parti qui ne serait plus un cadre fermé Cette nouvelle réalité en formation a fait voler en éclat les anciens préjugés. Et s’il en reste des traces, le processus unitaire les fera disparaîtr progressivement Dans le cadre de la préparation du congrès, les anciennes frontières, souvent artificielles s’estompent, sans effacer la diversité des sensibilités et même les divergences. Les différentes commissions de réflexion et d’élaboration des projets de textes et des décision ont été un véritable laboratoire et un cadre démocratique ouvert, où chacun a pu s’exprimer librement. Mais il serait naïf de croire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le tableau n’est pas toujours idyllique et unitaire… parce qu’il faut réussir une synthèse unitaire difficilement réalisable pour une vision nouvelle, qui doit éviter de reproduire les formes et les solutions usées qui ont été expérimentées ailleurs et ont fait la preuve de leur inefficacité La nouveauté radicale du congrès doit trouver son expression claire et sans équivoque, dans toutes les décisions du congrès, qui seront autant de message adressés à l’opinion, pour lui montrer que notre projet a été conçu pour elle, pour les jeunes pour le pays. Certains peuvent interpréter cet effort comme «une ruse» pour se rapprocher du pouvoir !!? Foutaises ridicules et irresponsables Notre projet s’inscrit dans une tentative historique, pour donner à l’opposition, toutes ses chances en surmontant la fracture qui s’est approfondie entre l’opposition démocratique, dans sa diversité et l’opinion, jeunesse comprise dont la sympathie ne s’est pas encore transformée en soutien réel et en participation effective à nos luttes pour construire ce fameux pôle et ce contre- pouvoir, d’une opposition démocratique performante et dynamique, autant de thèmes repris, à droite et à gauche, et qui risquaient de rester des slogans et « des vœux pieux » et la rhétorique d’une opposition impuissante Nous voulons dépasser les anciennes conceptions d’un parti, fait pour les militants et les initiés pour un parti fait pour les gens et dont les militants sont au service de l’opinion, de ses aspirations, de ses possibilités de ses revendications sociales et politiques dans une symbiose nouvelle, où le rapport militants / opinion est inversé au profit de l’opinion, des jeunes et des travailleurs Un parti, pour les initiés, pour satisfaire des ambitieux soucieux de préserver leurs «repères» idéologiques et politiques, et leurs préjugés, n’est plus viable Nous voulons initier un mouvement « de masse », un mouvement populaire d’opposition démocratique. Une opposition avec le peuple pour imposer et réaliser les changements démocratiques devenus une nécessité vitale pour le pays, pour préparer l’alternance Toutes les sensibilités sont à l’œuvre et ont droit de cité, mais le parti, dans ses orientations fondamentales ne saurait se réduire à l’une ou à l’autre de ses sensibilités, réelles ou artificielles Dans le même esprit, l’organisation du parti doit être moderne, ouverte et renoncer à toute forme de « verrouillage » d’un parti «labyrinthe», les nouvelles générations ne peuvent être « séduites » par les anciennes formes de l’engagement et du militantisme des anciennes générations et leurs méthodes, fussent- elles drapées de radicalisme D’où l’importance du texte refondateur et de tous les projets de textes, pour mettre en marche un parti rénové, une ligne claire et forger les instruments théoriques, politiques et d’organisation, qui manquent à une opposition démocratique, qui n’a pas encore trouvé sa voie Parti moderne, qui s’appuie sur un riche héritage d’idées et un patrimoine historique, que nous allons rénover par un travail critique de réélaboration dans tous les domaines y compris le domaine culturel Le parti refondé s’attachera à analyser les caractéristiques de la nouvelle étape historique, des forces sociales et politiques capables de promouvoir le changement Enfin, la direction qui sortira de ce congrès, sera le reflet de tout ce processus. Elle sera unitaire marquée par la présence des nouvelles générations Messieurs les observateurs un vent d’espoir va souffler sur le pays… il soufflera encore plus fort après le congrès. (Source : « Attariq Aljadid », (Mensuel – Tunis), N°62 – juillet 2007) Lien: http://fr.blog.360.yahoo.com
La société civile et la montée des extrêmes
Taieb ZAHAR Les dernières élections du Conseil de l’Ordre des Avocats et de la section de Tunis, qui ont consacré la victoire de Béchir Essid, qui revient au Bâtonnat, et celle d’Abderrazak Kilani, élu président de la section de la Capitale, ont polarisé d’attention de la classe politique et de la société civile et suscité des réactions et des analyses dont les considérations politiques et idéologiques n’étaient pas absentes. Cet intérêt est légitime. Pour plusieurs raisons. D’abord, la nature du secteur, qui occupe dans notre pays un statut particulier consacré par l’Histoire —une grande partie des dirigeants du mouvement de libération nationale appartenaient au barreau— et le rôle déterminant joué par les avocats dans la vie politique et la société civile. Le secteur reflète la diversité de la société tunisienne sur les plans idéologique, politique et culturel et si, pendant des années, le clivage se faisait entre la gauche et les partisans du pouvoir auxquels s’ajoutaient des individualités de tendance nationaliste arabe, issues pour la plupart de l’enseignement zeitounien, on assiste depuis près d’une décennie à un éclatement de ces repères et à l’apparition d’autres écoles de pensée, essentiellement islamistes et appartenant à un radicalisme nationaliste qui a trouvé son expression dans l’alignement sur la cause de la résistance irakienne et palestinienne —d’ailleurs, il convient de souligner que les frontières entre ces deux tendances sont tellement floues que l’on arrive difficilement à distinguer l’une de l’autre. Cet intérêt est également légitime en raison du nombre des candidats, des diversités de leur appartenance, de la campagne qui a trop duré et qui a drainé les thèmes les plus contradictoires, mais rarement ceux en rapport avec les préoccupations professionnelles des avocats. Avant la date fatidique de l’élection, des alliances se sont faites et défaites au gré des intérêts, des calculs, des humeurs et des affinités souvent contradictoires, puis la situation s’est décantée au second tour pour mettre face à face Charfeddine Dhrif, présenté comme le candidat modéré proche du RCD, et Béchir Essid, candidat de l’opposition radicale, appuyé par les avocats nationalistes arabes, leurs alliés de la mouvance islamiste et de nombreux indécis, mécontents ou voulant tout simplement s’inscrire dans ce qu’ils percevaient déjà comme le camp des vainqueurs. Concernant l’élection de la section de Tunis, on a assisté, avec évidemment des nuances et des rapports de forces différents, à un scénario proche de celui de l’élection du bâtonnier. Les résultats des deux élections, qui ont éclipsé celles des autres sections de Sousse et de Sfax, ont été diversement commentés et analysés. A ce propos quelques remarques nous semblent devoir être faites. Nous tenons à affirmer que nous défendons le droit de Béchir Essid ou d’Abderrazak Kilani, comme celui de tout citoyen, à avoir les idées qu’il veut et à adhérer à l’idéologie qu’il entend, même si nous ne la partageons pas, et c’est aussi notre droit. La première remarque est relative à l’idéologie et aux choix politiques dont se prévalent le bâtonnier et le président de la section de Tunis. Ils sont connus et appartiennent à une mouvance qui, même si elle a fait de grands progrès au sein de l’opinion publique par l’effet de la conjoncture dans le Monde arabe et des campagnes entretenues par certains médias, ne nous semble pas la mieux indiquée pour établir des rapports de dialogue et de confiance avec le pouvoir, sans lesquels les revendications professionnelles des avocats ne seront pas satisfaites dans le cadre de la concertation et ce seront les décisions unilatérales des autorités qui auront cours. Ce qui n’est évidemment pas la voie ni l’approche idéales. En votant pour Essid et Kilani, les avocats étaient-ils conscients de l’enjeu et des risques ? Si oui, la conclusion qui s’impose est que le courant qu’ils représentent est majoritaire et qu’il faudrait composer avec lui. Si le vote a été l’expression d’une position de contestation et de protestation ou le résultat d’une mauvaise gestion de l’élection par les autres courants, une analyse doit être faite, objective et loin des considérations partisanes. Dans les deux cas, il est un fait qui s’impose de lui même : les résultats des élections n’ont été contestés par personne et ceux qui les ont remportées seront les représentants de la profession, donc le partenaire légitime des pouvoirs publics. La position du gouvernement suscite des interrogations ; pour certains, elle s’inscrirait dans le sens du refus des contacts avec les nouveaux élus. Cette hypothèse nous semble à la fois très peu probable et contre-productive. Elle est improbable car on imagine mal qu’un régime qui a toujours prôné le dialogue et le pratique dans divers domaines politiques et sociaux, le refuserait quand il s’agit des avocats. Elle est également contre-productive dans la mesure où, si elle était choisie, elle aboutirait exactement aux effets contraires, conforterait les éléments les plus radicaux et engagerait la profession dans une situation de crises et de tensions permanentes qui porteront préjudice à la bonne marche de la justice et à l’image de notre pays. Enfin dernière remarque, elle concerne le lien des résultats des élections avec l’état de l’opinion publique. S’il s’avérait que cette tendance n’est pas limitée aux avocats ou à certaines formations syndicales, mais qu’elle est l’expression d’une réalité de la situation de l’opinion publique qui se trouve parfois engagée dans le choix de candidats radicaux, il faudrait alors analyser les raisons de l’émergence d’un tel phénomène et y remédier par des mesures adaptées et conformes aux valeurs du modèle politique, social et culturel qui fait le consensus des citoyens. Il s’agit là de la responsabilité des pouvoirs publics mais aussi de la classe politique, des élites et de la société civile. En voulant être présent massivement dans tous les espaces qui revenaient naturellement à la société civile, le parti au pouvoir a laissé peu d’espace au courant modéré —mais résolument indépendant— qui jouait le rôle de tampon entre le pouvoir et les courants radicaux. La marginalisation de la société civile met aujourd’hui naturellement face à face en cas d’élections corporatives ou syndicales les candidats du pouvoir ou proches de lui aux candidats de l’opposition radicale. Situation étonnante car elle ne reflète pas la réalité politique de notre pays. Il s’agit d’en tirer en toute sérénité les leçons . (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1125 du 19 juillet 2007)
Turquie: le 2ème parti d’opposition participera à la présidentielle
AFP, le 26 juillet 2007 à 11h09
ANKARA, 26 juil 2007 (AFP) – Le deuxième parti d’opposition turc, le MHP, a annoncé jeudi qu’il participerait à l’élection présidentielle au Parlement, ouvrant ainsi la voie à l’élection d’un candidat de l’AKP, le parti au pouvoir grand vainqueur des législatives de dimanche dernier. Devlet Bahçeli, dont le Parti de l’action nationaliste (MHP, nationaliste) a obtenu 71 sièges à l’Assemblée où il n’avait jusqu’alors aucun élu, a indiqué dans un entretien au quotidien Milliyet que son parti ne boycotterait pas le vote pour l’élection du président, prévu pour le mois prochain. « Quand le Parlement se réunira pour élire un président, le MHP sera là », a-t-il déclaré. La participation du MHP au vote devrait permettre au Parti de la justice et du développement (AKP, ex-islamiste), qui dispose selon des résultats non officiels de 340 sièges, de dépasser le quorum de 367 députés sur les 550 que compte l’Assemblée unicamérale requis pour l’élection du président. Au printemps, l’AKP avait été dans l’incapacité de faire élire son candidat unique, le chef de la diplomatie Abdullah Gül, en raison de ce quorum et du boycott de l’élection décrété par l’opposition, déterminée à empêcher ce qu’elle considérait comme une mainmise des islamistes sur les institutions. Les milieux pro-laïques, dont l’opposition social-démocrate et la puissante armée, accusent l’AKP de vouloir islamiser la société turque en catimini. L’AKP rejette cette accusation et assure s’être mué en une formation démocrate au conservatisme dégagé de toute imprégnation religieuse. L’attitude du MHP devrait permettre à l’AKP d’élire le candidat de son choix au troisième tour de scrutin, au cours duquel une majorité de 276 voix suffit à remporter l’élection. « Nous pouvons ne pas soutenir le candidat de l’AKP, mais il n’ont pas besoin de notre soutien de toute façon (…). Ils ont assez de voix pour élire leur candidat au troisième tour », a d’ailleurs souligné M. Bahçeli. M. Gül a laissé entendre mercredi qu’il demeurait candidat à la présidence. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a indiqué qu’il allait chercher cette fois un compromis avec les autres partis, tout en précisant que le candidat serait un membre de l’AKP. AFP
L’élection de Gül à la présidence turque est désormais possible
Reuters, le 26 juillet 2007 à 11h59 ANKARA, 26 juillet (Reuters) – Le chef de file des ultra-nationalistes turcs a annoncé jeudi que ses députés participeraient à l’élection du prochain président turc, ce qui ouvre la voie à une nouvelle candidature du chef de la diplomatie, Abdullah Gül, issu de la mouvance islamiste. La première tentative de Gül d’accéder à la fonction suprême avait échoué en mai en raison du boycott du vote au parlement par les élus de l’opposition, ce qui avait empêché d’atteindre le quorum. Les députés de l’opposition considéraient que la laïcité turque pouvait être menacée par les antécédents islamistes du ministre, et mettaient notamment en avant le fait que son épouse porte le voile. Cette crise a provoqué l’organisation de législatives anticipées, qui ont été facilement remportées dimanche par le Parti de la justice et du développement (AKP, mouvance islamiste). Mais l’AKP du Premier ministre Tayyip Erdogan a enlevé 340 sièges sur 550 et ne dispose pas seul des 367 voix nécessaires à l’élection du président, ce qui confère une importance à l’attitude de l’opposition. « Nous serons présents pour assurer le quorum. Il nous appartient de décider si nous voterons ou non », a dit Devlet Bahceli, chef du Parti d’action nationaliste (MHP), dans une interview au journal Aksam. « L’AKP est arrivé au pouvoir grâce à la volonté du peuple. Il peut choisir la personne qu’il souhaite voir à la présidence. » « La cohérence nous impose d’assister au scrutin », a-t-il dit par ailleurs au quotidien Milliyet. « Qui l’AKP choisira n’est pas notre problème. » Le MHP, qui n’était pas représenté lors de la précédente législature, dispose dans le nouveau parlement de 71 sièges, ce qui est suffisant pour que le quorum soit atteint lors des différents tours de scrutin au parlement. L’AKP n’aura pas besoin des voix du MHP pour faire élire son candidat à la présidence car au troisième tour, la majorité simple dont il dispose lui suffira. Mercredi, Gül a souligné qu’il pourrait à nouveau être candidat à la présidence, en dépit de l’opposition de plusieurs mouvements laïcs, y compris le Parti républicain du peuple (CHP), qui avait boycotté l’élection en mai. REUTERS
L’AKP semble prêt à un nouveau bras de fer avec l’armée
Reuters, le 26 juillet 2007 à 16h01 par Gareth Jones ANKARA, 26 juillet (Reuters) – L’AKP du Premier ministre Tayyip Erdogan, vainqueur des élections législatives dimanche en Turquie, semble de plus en plus tenté de présenter à nouveau la candidature du chef de la diplomatie Abdullah Gül à la présidence de la République, au risque d’un nouveau bras de fer avec les militaires. Les milieux laïques de Turquie, attachés aux valeurs héritées du kémalisme, auront cette fois du mal à bloquer une nouvelle candidature de Gül, étant donné la large victoire de l’AKP, le Parti de la Justice et du Développement, dans les urnes le week-end dernier. En remportant près de la moitié des sièges au Parlement, le parti d’Erdogan considère que le peuple turc a, dans une certaine mesure, cautionné l’accession de l’actuel ministre des Affaires étrangères à la tête de l’Etat, une idée que l’intéressé a lui-même avancée mercredi. Mettant en avant son passé islamiste et le fait que sa femme porte le voile, l’armée et les milieux laïques sont toujours réticents à la candidature de Gül, qu’il juge dangereuse pour le principe de séparation entre la religion et l’Etat. En mai, l’opposition laïque, encouragée par le puissant état-major turc, avait empêché l’élection de Gül par le Parlement en boycottant le scrutin, empêchant ainsi l’AKP de réunir le quorum nécessaire à la désignation du chef de l’Etat. LES ULTRANATIONALISTES PARTICIPERONT AU VOTE La donne a toutefois changé jeudi. Le chef de file du parti ultranationaliste MHP a annoncé que ses députés participeraient à l’élection du prochain président. Avec la présence des 70 députés du MHP, la question du quorum ne se posera donc pas. Sauf énorme surprise, Gül sera le prochain président, succédant à Ahmed Necdet Sezer, un laïque convaincu dont le mandat a expiré cette année. La perspective de l’investiture de Gül et d’un nouveau conflit avec l’élite laïque effraie les marchés turcs, pour qui l’instabilité politique signifie un recul des investissements et l’affaiblissement de la monnaie nationale. La livre turque perdait 3% jeudi et l’indice boursier de référence d’Istanbul, l’ISE 100, cédait de son côté 5%. Si personne en Turquie ne redoute un coup de force de l’armée, les spécialistes pensent toutefois que l’élite laïque du pays sera moins encline à coopérer avec Gül sur des sujets épineux comme l’adhésion à l’Union européenne, le statut de Chypre ou la question du séparatisme kurde. Erdogan a déclaré qu’il souhaitait éviter de nouvelles tensions et a promis de consulter l’opposition avant de présenter devant le Parlement un candidat à la succession de Sezer. REUTERS
Bonjour veaux, vaches, cochons: la Norvège invente la prison champêtre
AFP, le 25 juillet 2007 à 06h50 Par Pierre-Henry DESHAYES PRISON DE BASTOEY (Norvège), 25 juil 2007 (AFP) – Ni murs ni barreaux: les cellules sont des maisons qu’on ne verrouille jamais dans la prison de Bastoey où certains des criminels les plus endurcis de Norvège préparent leur réinsertion en élevant des agneaux ou en cultivant des fraises écologiques. Dans le cadre idyllique d’une île du fjord d’Oslo, cette prison aux antipodes d’Alcatraz entend, sous le sceau de l’humanisme et de l’écologie, apprendre aux détenus à se prendre en mains en vue de faciliter leur retour dans la société civile. « Les étrangers ne comprennent pas que l’on puisse avoir des meurtriers, des violeurs ou des pédophiles sans mur d’enceinte ni barbelés », explique Oeyvind Alnaes, le directeur de l’établissement. « Même si ces personnes ont commis des actes abominables, cela n’en fait pas des personnes abominables pour autant ». Dans les bâtiments centenaires et classés d’un ancien orphelinat pour garçons difficiles, les 115 pensionnaires de Bastoey –du petit truand à l’assassin récidiviste en fin de peine– s’adonnent à la menuiserie, l’élevage, la culture de la terre sans engrais chimiques ou la pêche au homard grâce au bateau de la prison. Tout cela avec l’aide bienveillante des surveillants qui ne portent pas d’arme et qu’ils appellent par leur prénom. « C’est fascinant de voir un malabar qui a passé le plus clair de son temps à tabasser les gens assister, ému, à la naissance d’un agneau mal en point et faire du bouche-à-bouche à l’animal pour tenter de le ranimer », souligne M. Alnaes. « Kurt » et deux autres détenus râtellent la plage de Bastoey, seule enclave de l’île ouverte au public, où des plaisanciers viennent batifoler sans appréhension. « Très vite, on comprend qu’il faut respecter tout le monde, que ça ne fonctionne que si on travaille ensemble », témoigne cet homme lourdement condamné pour une rixe qui a mal tourné, aujourd’hui installé aux rênes d’un attelage qui tire un râteau métallique. « Si l’on doit aller en prison, Bastoey est le meilleur endroit au monde », assure « Bjoern ». « Ici, on peut s’épanouir. On apprend à se débrouiller tout seul, à se laver, à faire sa popote, à entretenir son foyer », précise l’homme, condamné pour un délit financier. La journée de travail dure de 08H00 à 15H00, après quoi les détenus ont « quartiers libres » pour Folâtrer dans le fjord, se promener sur l’île, jouer de la musique ou faire du sport. Par exemple dans l’équipe de foot qui est engagée dans un championnat avec les équipes d’entreprises locales. « On joue tous nos matchs à domicile », sourit M. Alnaes. Extinction des feux à 23H00: les détenus doivent être de retour dans leurs maisonnettes qui ne sont pas cadenassées. « Le système est basé sur la confiance à 100% », témoigne Kjell Roar Hansen, un gardien. « L’hiver, un seul surveillant accompagne cinq ou six détenus qui vont chercher du bois en forêt, chacun avec leur tronçonneuse ». Autre signe qui ne trompe pas, le ferry qui relie Bastoey au continent est géré par des prisonniers. Une seule tentative d’évasion a été enregistrée ces six dernières années, selon M. Alnaes. Tout écart se traduit par un retour à la case prison traditionnelle, un épouvantail pour les pensionnaires de Bastoey. Purgeant une peine de trois ans pour avoir « importé » des stupéfiants, « Tormod » est, comme beaucoup d’autres, d’abord passé par une prison de très haute sécurité. « Là-bas, ça fait peur aux gamins, alors leurs visites sont très limitées. Ici, c’est convivial, ça permet de les voir plus souvent », explique ce père de trois enfants. Aucune statistique n’existe quant au taux de récidive. « Mais on voit que ça marche. Les prisonniers arrivent ici avec une posture de gros durs. Après deux mois, ils sont tout sourire », affirme M. Alnaes, certainement l’un des rares directeurs de prison à verser chaque année à Amnesty International un écot prélevé sur le budget de son établissement. AFP
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