Liberté et Equité: Adam Boukedida, ex prisonnier d’opinion, est en réanimation sous garde renforcée
AISPP: Imed Ajmi, le directeur de la prison de Messaadine, torture Taoufik Houimdi
AISPP: Procès du 24 novembre
TTU Monde Arabe: La Tunisie sous surveillance
Kalima: Vague d’opposition au sein du RCD
Kalima: Destruction par l’Algérie des véhicules de contrebandiers
Abdo Maalaoui: J’ai honte de la «classe politique tunisienne» à cause de l’affaire Hamma Hammami !
Taoufik Ben Brik: « La politique racontée à mes enfants »
African Manager: Tunisie : Le paradoxe fiscal tunisien
African Manager: Tunisie: La Steg remporte un contrat de 68,8 millions de dollars au Rwanda
Présentation vidéo – Saber Ragoubi (Tunisie)
http://www.amnesty.org/fr/news-and-updates/video-and-audio/video-saber-ragoubi-tunisia–
DERRIÈRE LE « MIRACLE ÉCONOMIQUE » TUNISIEN: LES INÉGALITÉS ET LA CRIMINALISATION DE L’OPPOSITION
Dans le cadre de la Jounée internationale des droits humains, l’Association Pôle Sud avec le concours d’Amnesty International organisent une soirée sur la Tunisie et les droits humains.
Programme de la soirée:
§ 18h30: apéritif dînatoire
§ 19h: intervention de Mme Manon Schick, porte-parole de la Section suisse d’Amnesty International
§ 19h15: projection du film documentaire «Redeyef : le combat de la dignité», documentaire sur le rôle des femmes dans le mouvement ouvrier du bassin minier de Gafsa.
§ La projection sera suivie du témoignage de Mouhieddine Cherbib (CRLDHT), défenseur des droits humains vivant aujourd’hui en France, condamné par contumace par le régime tunisien.
§ Dès 21h: animation musicale avec DJ Amnesty « keepmoving for humain rights »
Des stands d’action proposeront la signature de lettres en faveur de défenseurs et défenseuses des droits humains emprisonné·e·s pour leurs opinions.
La participation à cette soirée est gratuite avec la possibilité de se restaurer sur place.
Film et témoignage
10 décembre 2010 –
Association Pôle Sud,
avenue Jean-Jacques Mercier 3,
Lausanne,
Adam Boukedida, ex prisonnier d’opinion, est en réanimation sous garde renforcée
Adam Salah Ben Salem Boukedida, ex prisonnier d’opinion, est toujours dans le coma dans le service de réanimation de l’hôpital Sahloul où il a subi deux opérations chirurgicales aux poignets suite aux fractures dues à la course poursuite et à la descente de la police politique qui le visaient le jour de l’Aïd. Il avait tenté de fuir et avait sauté du deuxième étage de l’immeuble ; il a eu des fractures aux genoux et aux poignets ainsi qu’une hémorragie à l’estomac. Il est sous surveillance renforcée dans sa chambre d’hôpital, la visite de sa famille s’effectuant en présence d’agents de la police politique. Sa famille a pu rectifier les données du premier rapport médical, comme le fait qu’il aurait été transporté à l’hôpital par des agents de la protection civile alors qu’il a été transporté par des agents de police ; même chose en ce qui concerne la hauteur d’où il a sauté : le premier rapport mentionne une hauteur de 4 m alors qu’il a sauté de 12 m […] Pour le Bureau exécutif de l’Organisation Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Imed Ajmi, le directeur de la prison de Messaadine, torture Taoufik Houimdi
Dans la matinée du 24 novembre 2010, Taoufik Houimdi a été déféré devant le Tribunal de première Instance de Sousse, salle N°1, pour y répondre de l’accusation d’agression d’un autre prisonnier, une affaire dont l’association a déjà révélé le caractère monté de toutes pièces dans ses précédents communiqués. Taoufik Houimdi est entré dans la salle en s’appuyant sur des prisonniers, incapable de marcher, avec des pieds visiblement enflés. Il a surpris l’assistance en ôtant ses vêtements, montrant au juge les traces d’une torture sévère sur son dos et diverses parties de son corps qui ne s’étaient pas atténuées en dépit de la semaine qui s’était écoulée depuis lors. Face à l’effarement de l’assistance, le président de séance a promis d’envoyer le juge d’exécution des peines contrôler ses conditions d’incarcération dans la prison et d’auditionner ses plaintes. Dans l’après midi, des agents de la prison ont interrompu la visite dès qu’il a raconté ce qu’il lui était arrivé et lorsque la famille a exigé des explications, le directeur de la prison, Imed Ajmi, l’a justifié en disant que le prisonnier avait brisé le pacte passé entre eux, à savoir ne pas parler de ce qu’il subissait en prison. […] Pour l’association, Le Président Samir Dilou (Traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
· Mercredi 24 novembre 2010, Anouar Ben Amor Ben Mohammed Saïdi, né le 24 mars 1986, Mohammed Ben Ahmed Ben Abdelkader Ben Mabrouk, né le 15 novembre 1988, Kamel Ben Brahim Ben Mohammed Issaoui, né le 26 décembre 1978, Mraï Ben Mohammed Ben Ahmed Brahimi, né le 11 février 1987, Rami Ben Othman Ben Ahmed Saïdi, né le 7 avril 1983, Sofiane Ben Amor Ben Mohammed Brahmiya, né le 5 février 1989, Samir Ben Ali Ben Abdelhamid Mejdi, né le 29 avril 1988 et Ouejdi Ben Belkacem Ben Hamdi Biskri, né le 8 octobre 1986, ont été déférés en état d’arrestation devant la treizième chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Tahar Yefreni dans l’affaire n°16374, pour adhésion à une organisation et une entente en relation avec les infractions terroristes, adhésion à une organisation ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs, tenue de réunions non autorisées, et pour Oualid Saïdi, adhésion hors du territoire de la République à une organisation ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs en vue de commettre une infraction terroriste hors du territoire de la République. La cour a décidé de reporter l’affaire au 15 décembre 2010 à la demande de la commission de la défense composée de Maîtres Abdelfattah Mourou et Khaled Krichi. Les jeunes déférés dans cette affaire habitent dans la région d’Oum Larayess à Gafsa. En première instance les condamnations allaient de 4 à 7 ans d’emprisonnement. · Mercredi 24 novembre 2010, la quatorzième chambre correctionnelle de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Mohammed Ali Ben Chouikha, a examiné l’affaire n°2589/2010 dans laquelle est déféré monsieur Abdelaziz Ben Sghaier Ben Mahmoud Jendoubi, né le 6 mai 1962, en liberté pour maintien d’une association non autorisée. Monsieur Abdelaziz Jendoubi a été interrogé et a nié ce qui lui était imputé. Ensuite ses avocats on plaidé : Hamda Ghardou, Dhiaddine Mourou et Mohsen Sahbani. La défense a demandé à ce que leur client soit innocenté faute de preuve, et la jonction des affaires puisque leur client avait déjà été jugé pour les mêmes accusations le 9 octobre 1992, et à titre conservatoire la prescription puisque les faits remontent à l’été 1987. A l’issue des plaidoiries, l’affaire a été mise en délibéré et le jugement sera prononcé le 15 décembre 2010. Les faits remontent au 31 août 1987 lorsqu’une manifestation avait démarré devant l’hôpital Charles Nicolle et qu’un groupe de manifestants avaient été arrêtés et déférés pour appartenance au mouvement de la Tendance Islamique. Monsieur Abdelaziz Jendoubi a été arrêté durant l’été 2010 en vertu d’un jugement prononcé contre lui par contumace le condamnant à une année d’emprisonnement et contre lequel il avait fait opposition. · Mercredi 24 novembre 2010, le prisonnier Taoufik Ben Milad Belhajj Mohammed Houimdi, né le 28 avril 1978, a été présenté, en état d’arrestation pour menaces, outrage aux bonnes mœurs, diffamation publique et agression. Le tribunal a décidé de reporter l’affaire au 1er décembre 2010. Taoufik Houimdi est l’un des membres de l’affaire du « groupe de Slimane » et il effectue une peine de 30 ans d’emprisonnement […] Pour la commission de suivi des procès politiques Le secrétaire général Maître Samir Ben Amor (Traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
LA TUNISIE SOUS SURVEILLANCE
Vague d’opposition au sein du RCD
Proposé par redaction le Lundi 22 novembre 2010 Kalima a appris que les structures du parti au pouvoir se penchent sur les raisons de la multiplication récente d’opposants au sein des rangs du parti, après les dernières élections. Des sources bien informées ont indiqué que cette étude s’imposait, après que certains cadres du parti ont exprimé leur indignation face à leur exclusion durant les élections, et leur remplacement par des proches de personnalités influentes. Ce qui a amené ces exclus à créer un « mouvement de redressement du parti ». Des requêtes ont été envoyées aux hauts responsables du parti et à des institutions officielles pour divulguer certains dépassements et dysfonctionnements au sein des structures, et dénoncer la médiocrité du niveau culturel et intellectuel des responsables.
(Source: Le site de « Radio Kalima » le 22 novembre 2010) Lien: http://www.kalima-tunisie.info/fr/News-sid-Vague-d-opposition-au-sein-du-RCD-333.html
Destruction par l’Algérie des véhicules de contrebandiers.
Proposé par redaction le Lundi 22 novembre 2010 Selon le quotidien Algérie News dans son édition du 17 novembre, la direction générale des douanes algériennes s’apprête à détruire 2000 véhicules saisis lors d’opérations de trafic de carburant, dont 360 appartenant à des Tunisiens. Cette opération, affirme le quotidien serait conforme aux dispositions de la loi de Finances complémentaire de 2010, notamment à l’article 48 qui prévoit la destruction des voitures utilisées dans des opérations de contrebande, ainsi que des amendes allant de 200 000 à 400 000 dinars algériens. Rappelons que les autorités algériennes et tunisiennes mènent une campagne sans merci contre le trafic de carburant entre les deux pays. L’action a été lancée notamment après les réclamations de propriétaires de stations d’essence qui se plaignent d’une concurrence déloyale. La quantité de carburant transporté vers la Tunisie dépasse les 3 millions de litres par an, d’après les autorités algériennes. (Source: Le site de « Radio Kalima » le 22 novembre 2010) Lien: http://www.kalima-tunisie.info/fr/News-sid-Destruction-par-l-Algerie-des-vehicules-de-contrebandiers–332.html
Abdo Maalaoui, Montréal, Canada
Hamma, ta sortie de la clandestinité me brise le cœur et l’esprit, tu as mené un combat sans répit ! Ils ont voulu te mettre à genou mais tu es resté toujours debout !
J’ai honte et j’accuse :
- Partis politiques au pouvoir ou l’opposition complice
- Parlementaires silencieux
- Sénateurs suiveux
- Ministère de l’Injustice
- Ministère de la Répression Intérieure
- Juristes défenseurs du mensonge
- Universitaires moutons
- Propagandistes « journalistes »
- Syndicalistes désorientés
- Dirigeants d’entreprises apeurés
- Dirigeants d’ONG nationales et internationales complices
- Peuple soumis !
Il est temps que notre Police politique tunisienne soit démantelée et laisser la place à une police citoyenne et communautaire qui aura pour mission la prévention et la répression du crime, la gardienne de la sécurité et la protection des tous les citoyens dans le respect de la Constitution, des lois tunisiennes et aussi selon la Charte universelle de Droit de l’Homme dont la Tunisie est signataire.
Depuis l’Université, tout le monde connaît Hamma, il s’est investi pour mission la défense de la veuve et de l’orphelin en Tunisie, il a décidé de se battre contre l’injustice et le mépris, contre le libre arbitre et les têtes carrées, contre le bâillonnement forcé et la pensée unique et conditionnée.
Ce que Hamma a toujours réclamé, n’est-il pas au fond ce que tout citoyen tunisien désire exprimer aussi ? Hamma n’a fait que dire haut ce que les citoyens tunisiens le répètent depuis l’indépendance. Il est devenu la radio des sans voix, il est devenu le David des pauvres qui se bat seul contre les Goliath de la Tunisie !
Pourquoi Hamma doit se cacher ? Pourquoi à son âge, on ose encore le malmener par des jeunes voyous de la Sûreté ? Ou ils sont nos traditions, nos us & coutumes ? Ou elle est passée notre grande culture du respect des personnes plus âgées ?
On chante fort sur tous les haut-podiums des tribunes des femmes que la Tunisie est le pays ou cette dernière est protégée. Mais comment on a osé à maintes reprises tabasser la femme de Hamma ? Est-ce qu’elle est devenue une «non femme» de la nouvelle caste de type indienne des intouchables en Tunisie ? Son unique crime est d’avoir aimé, aimé un homme que son maudit et tendre cœur a choisi !… Comment la Police politique a osé terroriser une enfant frêle de dix ans que son seule erreur est d’être née d’un père et mère qui pensent autrement ? Je ne peux plus ?
- Jusqu’à quand ce spectacle de mauvais goût va-t-il durer ?
- Jusqu’à quand ce déhonneur de tous les Tunisiens libres va-t-il nous menotter ?
- Jusqu’à quand ces malades mentaux continueront de nous gouverner ?
- Jusqu’à quand la Tunisie va rester bâillonner ?
- Jusqu’à quand votre silence restera complice des milles méfaits ?
- Quand nous deviendront des hommes capables de dire NON c’est assez ?
- Quand nous deviendrons des hommes capables de dire NON à l’injustice et au mépris ?
- Quand nous deviendront des hommes courageux pour pouvoir crier à haute voix que la Tunisie est notre pays aussi, sans se faire intimider ?
- Quand nous deviendrons des hommes capables de sortir pour affronter et conscientiser ceux qui veulent nous tabasser et insulter, au lieu de nous protéger, respecter et nous sécuriser
- Est-ce que c’est Hamma qui est entrain de voler le peuple tunisien?
- Est-ce que c’est Hamma qui terroriste les honnêtes citoyens tunisiens ?
- Est-ce que c’est Hamma qui viole les femmes et kidnappe les enfants tunisiens ?
- Est-ce que c’est Hamma qui arnaque et taxe nos jeunes élèves à l’école primaire et au lycée sinon ils seront calés ?
- Est-ce que c’est Hamma qui est entrain de faire saigner le CNAM par des fausses factures ?
- Est-ce que c’est Hamma qui est entrain de détourner des millions de dollars des soit-disant projets d’investissement avec des partenaires étrangers ?
- Est-ce que c’est Hamma qui a sollicité le Président Ben Ali afin qu’il se présente aux élections de 2014 au détriment du respect de la Constitution ?
- Est-ce que c’est Hamma qui achète des hôtels et des entreprises à l’étranger ?
- Est-ce que c’est Hamma qui est entrain de blanchir l’argent sale en Tunisie et à l’étranger ?
- Est-ce que c’est Hamma qui contrôle le marché informel en Tunisie ?
Hamma n’a rien, il est rien et il est pour rien …
Dans chaque pays il y a des Hamma, ce que Hamma dénonce n’est rien par rapport à nos canadiens, tels que Vaillancourt (grand artiste), prof Lauzon (prof universitaire), Dr Mailloux (psychiatre), André Arthur (Animateur radio et député fédéral ), et consorts…
Ils sont devenus les héros marginaux de mon autre adorable pays (le Canada).
Chaque pays doit préserver ces «grandes gueules», ils sont « les phares d’un pays » ! Au fond, ils n’ont de méchant que leurs grandes gueules, mais ils ont des cœurs tendres, ils sont dynamiques, drôles et des bons vivants ! Au Canada, on ne les a jamais touchés, au contraire, ils sont devenus des conseillers respectés et très écoutés. Ils ont leur place dans notre société, ils nous aident de ne pas dériver, ils nous avertissent du danger si nous continuons dans la voie que nos gouvernants nous ont embarquée ! Ils sont les «vedettes» des émissions de radios et de TV ? Ils ont insulté cru des millions de fois les politiciens (Président, Premiers ministres et ministres, haut fonctionnaires, dirigeants d’entreprises, syndicalistes, etc..)… Ca fait partie de la culture démocratique et de la vraie politique !
Quant «when»en Tunisie nous arrêterons de chuchoter ou lieu de dire à haute voix (même à tort) que j’en ai assez du Président, du Ministre X, du docteur Y, de ma belle mère Z ? Sans avoir peur de se faire réprimer ?
Hamma encore une fois et à chaque fois que j’entends que tu te fais injustement ou justement malmener, je lèverai ma voix et je crierai et si j’ai les moyens je te défendrai ? La Vie ça vaut la peine d’être vécue en Homme libre et débout ! Bienvenue à la mort si je dois perdre ma dignité humaine ou me mettre à genou !
La Tunisie est notre terre et Hamma est notre frère : Les Hommes libres ne te laisseront jamais tomber … Continue mon frère ta mission… l’Histoire te donnera raison !
Tous ces petits nains qui nous ont gouverné injustement se dissoudront dans la boue de la terre et ils seront les esclaves de Lucifer !
Par Taoufik Ben Brik
« Ai-je une histoire politique à raconter ? Il faut la vivre pour la raconter », écrit l’opposant tunisien.
Les premiers chrétiens aussi savaient exactement que le monde est gouverné par les démons et que celui qui se mêle de politique, c’est-à-dire consent à utiliser comme moyens le pouvoir et la violence, a scellé un pacte avec le diable, si bien qu’il n’est plus assuré de produire le bien avec ce qui est bon et le mal avec ce qui est mauvais, car fréquemment il en va tout au contraire. Celui qui ne le voit pas est, politiquement parlant, un enfant. »MAX WEBER
Raconte-nous la politique, père, si tu en es capable. ..
Ai-je une histoire politique à raconter ? Il faut la vivre pour la raconter. Mes cinquante berges politiques se racontent en deux temps et un pas de danse, en guise d’entr’acte. Habib Bourguiba, le père fouettard, suivi de Zine El Abidine Ben Ali, le parricide sans filiation. Shakespeare revisité par Kadhafi, un conteur arabe. Oedipe-Roi en jellabah. A Tripoli, Shakespeare s’appelle Cheikh Zoubir. Sinon ce sont les fables d’Ibn Al Mouquafaâ, l’ancêtre de la Fontaine, ou les contes des mille et une nuits. Garder le cap, médire du régent clément et éclairé, et gloire au despote sans cœur. Vous êtes, mes enfants, au cœur de toute mon histoire politique.
Je suis une bébête politique. Vous le savez. Je le sais. Pour la grande histoire, je ferai appel à une flèche politique. Si Néjib Chebbi, qui d’autres ? Je tends mon arc et je lâche : voulez-vous raconter la politique à mes enfants ? La question magique dans Slumdog Millionnaire. Son œil commence à briller et quand l’œil de Néjib brille, pétille, on a envie d’écouter, de s’enivrer avec ses bulles.
Néjib Chebbi – la Tunisie est un vieux pays qui est sorti de l’état de nature depuis des millénaires. Elle a toujours eu des rois et parfois une assemblée pour représenter la population, comme à l’époque carthaginoise. Mais comme dans tous les autres pays, les rois se sont éloignés du peuple. Il y a plus de cent ans, un mauvais roi, SadoK Bey, a dilapidé les deniers publics. Pour reconstituer son trésor, il a augmenté les impôts, c’est-à-dire les contributions des citoyens. Les citoyens se sont alors révoltés. Il les a massacrés. Il a aussi emprunté aux Etats étrangers et, ne pouvant payer ses dettes, il a causé l’occupation de la Tunisie soixante dix ans durant. Les Tunisiens se sont révoltés à nouveau et ont demandé la libération de leur pays. Ils l’ont obtenue en 1956, il y a plus de cinquante ans. Mais les nouveaux souverains qui ont déposé le Roi et se sont faits appeler « Présidents de la République » n’ont pas respecté la liberté des citoyens. Ils se sont transformés en despotes ! Ils mettent en prison tous ceux qui les critiquent. Ils ne permettent pas aux Tunisiens de choisir librement leurs représentants au parlement et les partis politiques sont soit interdits soit étroitement surveillés. Ce nouveau despotisme a été à l’origine de nouvelles injustices et de beaucoup de mécontentement.
Et je reste muet. Je réfléchis. J’avoue : je suis incapable de dire mieux. Fichtre. La politique est une nuit noire sans jour. Un corps en braille. Des aveugles pourront, peut-être, la raconter. Je suis un borgne. La politique est un tangram. Je n’ai pas l’esprit ludique. Je préfère la calligraphie à l’alchimie. Je hais la grammaire, la palabre. Je ne m’intéresse pas à la forme de vie, encore moins à la sur-vie et surtout pas à Chomsky. Allez comprendre Giorgio Agamben qui- dans ses notes sur la politique (Moyens sans fins) – essaye de nous éclairer : « tout comportement et toute forme du vivre humain ne sont jamais prescrits par une vocation biologique spécifique, ni assignés par une nécessité quelconque mais, bien, qu’habituels, répétés et socialement obligatoires, ils conservent toujours le caractère d’une possibilité, autrement dit, ils mettent toujours en jeu le vivre même. C’est pourquoi, en tant qu’il est un être de puissance, qui peut faire et ne pas faire, réussir ou échouer, se perdre ou se retrouver, l’homme est le seul être dans la vie duquel il y va toujours du bonheur, le seul dont la vie est irrémédiablement et douloureusement assignée au bonheur. » Est-ce une histoire à raconter aux enfants ? Quelle horreur ! C’est assommant. Je vous demande pardon mes enfants d’avoir obscurci votre lanterne. Demain, je vous raconterai La Chèvre de Monsieur Seguin.
Il est question de bonheur, père…
Hum…la quête du bonheur ?! Vaste sujet. Un roman fleuve Guerre et Paix. Guernica. Ca sert à quoi la politique, chantait Edith Piaf. L’amour en moins. Il n’y a que les enfants et vous avec, mes enfants, qui croient. Et peut-être Wilhem Reich, ce petit homme, qui dit « la vie ne réclame pas le pouvoir, mais le droit de remplir la tâche qui lui est dévolue dans l’existence humaine. Elle se fonde sur trois piliers qui ont pour nom amour, travail, connaissance. ». Au commencement, c’était le calame. En filigrane, c’est al guawgâ, le brouhaha.
Je respire, je mange, je marche. Ca s’arrête-là. Je ne me dis pas : la vie vaut-elle la peine d’être vécue ? Pour ma part, je vous confesse, mes enfants, que je n’appartiens pas à cette minorité de Tunisiens qui ont conscience que le pays est le leur, comme « cette minorité de mexicains qui a conscience d’elle-même. Elle seule est active et chaque jour, elle modèle un peu le pays à son image. Elle conquiert, à son tour, le Mexique », enseigne Octavio Paz dans son Labyrinthe de la Solitude. La politique est donc une histoire de conquête. La conquête du pouvoir. C’est-à-dire Ben Ali le conquérant et ceux qui lui disputent même timidement son rapt : Rached Gannouchi, le Dr Moncef Marzouki, Néjib Chebbi, Sihem Ben Sedrine, Khémaies Chammari, Kamael Jendoubi, Hamma Hammami, Mustapha Ben Jaafar.
Je ne dis pas que je ne suis pas patriote, intéressé, Tunisien, Mexicain. Mais je ne me vois pas suffoquer pour mériter les faveurs de la mère patrie. Je rêve de peu de choses : avoir un taudis, un travail, la santé et un futur pour mes enfants. « Penser solitairement mène à penser solidairement. », m’assène Mauris Barrès. Ce n’est pas mon cas. Je ne supporte pas la compromission et j’ai un besoin vital de cohérence. Je ne peux pas être internationaliste ou laïc et m’allier aux islamistes et autres nationalistes. « Seul avec et contre tous », mon fichu slogan.
La politique me donne du tournis. J’ai la fièvre, je suis en sueur comme chaque fois que je dois sortir de ma paresse. Je m’abstiens. C’est de la folie furieuse. Des mots qui poursuivent des mots. Un tourbillon cylindrique. Une descente vertigineuse. La politique en vrac énoncée par mes enfants: ETAT, ATHENA, OUMMA, PHARAON, CALIFE, AGHA , KHAN, SULTAN, AL HALLAJ, YAZID, CALIGULA, RASPOUTINE, MACHIAVEL, KISSENGER, DRACULA, MACBETH, ROI LEAR, CHAHRAYR, TSAR, KAISER, NEGUS, CHAH, RAIS, CHEIKH, VIZIR, PACHA, COMMISSAIRE DU PEUPLE, PALESTINE, AMERIQUE LATINE, AGORA. Wahaloummajar…Mon royaume pour un cheval. Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de ZABA !
Je me réveille. Je m’accroche à la seule vérité que je connaisse : la politique est le monopole de la violence. Magots et Magouilles.
La politique est un flingue aux mains de celui qui détient le pouvoir. Depuis la nuit des temps, elle reste le sésame de la grotte d’Ali Baba et les quarante voleurs. Culture, enseignement, religion, idéologie n’ont qu’une seule fin : transformer la violence/le pouvoir en flous sonnant et trébuchant. Regardez Ben Ali. Il est malin, merlin l’enchanteur. On pourrait penser qu’en un quart de siècle ou presque de règne sans partage Ben Ali et sa famille se sont assurés un avenir radieux et à l’abri du besoin ; que la fortune colossale, acquise en mettant le pays en coupe réglée, lui permettant une retraite dorée (qui n’adviendra guère) et sans soucis ; que les Trabelsi, Chiboub, Mabrouk, et autres Matri ont bâti des empires commerciaux et financiers assurant la prospérité de plusieurs générations.
La politique aiguise les appétits de la maison Takeda. Gargantua le Tunisien, Ben Ali le Rabelien. Salah Zghidi, l’ancêtre de tous les dupes, né enfant naturel d’un pays qui n’a pas bonne mine, un pays mort comme un poisson le dos sur l’eau, s’enquiquine. Il le sait mais ce lion endetté n’en a cure. Il persiste et rugit. C’est ce rugissement, cette musique du hasard qu’aime entendre mes petits lionceaux et sur laquelle ils dansent et font des folies … bergères. Ragtime.
Salah Zghidi ou De l’inquiétude volontaire- Nous nous inquiétons de ce que sera l’avenir de notre pays dans les prochaines années et nous nous alarmons du fait qu’on suscite quatre ans avant l’échéance des appels à une candidature pour un nouveau mandat présidentiel de cinq ans au lieu de répondre à l’urgence d’entreprendre les réformes et les ajustements nécessaires à la rénovation de la vie publique et politique et à la réhabilitation des principes et des institutions du régime républicain. Et, lorsqu’on envisage l’échéance électorale de 2014 et au-delà, nous ne pouvons pas taire notre crainte de voir notre pays revivre la triste expérience des années 83/87 avec, un régime présidentiel très fortement personnalisé dans un système de parti unique extrêmement verrouillé, un affaiblissement continu au sommet de l’Etat, entrainant inévitablement et rapidement, outre l’attisement de la course à la succession, un renforcement rapide et extrêmement dangereux de l’influence du pouvoir des courtisan(e)s… » La Boètie un peu plus près. Paroles…Paroles…Il était une fois à l’Ouest du fleuve d’El Medjedra. Sur un air d’Ennio Morricone .
Mes naufragés du désert politique, ne vous laissez pas envouter par les chants des sirènes. Vous n’en reviendrez pas. Lancez votre cœur loin, très loin, et courrez derrière le rattraper. Deux anges passent. Ils se mettent à parler du diable :
– Il est pas mal, mais il fait trop d’erreurs.
– Et Ben Ali ?
– C’est vrai. J’ai oublié, je suis une b.. politique. Ben Ali ? Oui, bien sûr, il est infaillible. C’est pire.
– Maintenant oubliez-moi, chers enfants, je retourne chez moi, à Jerissa, mon djebel natal pendant qu’il est encore temps. Première levée : l’après-midi. Première sieste : tout de suite. Les dupes seront toujours là, Néjib, Salah, Moncef, Rached, Hamma, Sihem, Om Zied, Khémaies, Am Slouma, cheikh El Houma … ? P’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non.
Source : « Le nouvel observateur » Le 25-11-2010
Tunisie : Le paradoxe fiscal tunisien
Tunisie: La Steg remporte un contrat de 68,8 millions de dollars au Rwanda
La Société Tunisienne d’Electricité et de Gaz(STEG) a signé un contrat de 68,6 millions de dollars aux termes duquel 50.000 foyers seront connectés au réseau électrique du Rwanda. STEG va construire le réseau d’électricité sur une période de plus de deux ans, tandis que le Rwanda s’acquittera des sommes dues par versements échelonnés sur cinq ans, a précisé Yves Muyange, directeur général de la compagnie rwandaise d’électricité et de distribution d’eau. Le projet fait partie d’un programme de 380 millions de dollars destiné à augmenter le nombre de ménages connectés au réseau électrique de 110 000 à 350.000 à partir du mois de Juin. Le programme est financé par le gouvernement et ses partenaires au développement, a déclaré Muyange. « Le projet s’inscrit dans le cadre des efforts du gouvernement visant à connecter 50 pour cent de la population d’ici 2017», a déclaré aux journalistes Muyange après la signature de l’accord de projet, le 23 novembre. (Source: ” African Manager” Le 25-11-2010) Lien: http://www.africanmanager.com/detail_article.php?art_id=130513
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