23 janvier 2006

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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2072 du 23.01.2006

 archives : www.tunisnews.net


L’Observatoire pour la liberté de presse, de l’édition et de la création en Tunisie: Censure débridée des journaux en Tunisie Reporters sans frontières: Tunisie – Les autorités saisissent deux hebdomadaires AP: Tunisie: saisie d’un journal de l’opposition, démenti des autorités AP: Tunisian opposition says newspaper issue pulled from shelves AFP: Tunisie: Karthago Airlines va lancer une compagnie charter en Egypte AFP: Maroc: Arrestation de 31 membres des forces de l’ordre pour torture en 2005 Les mouvements sociaux du Maghreb se rencontrent à Bouznika pour préparer la première édition du Forum social maghrébin Slim Bagga: A propos de Ridha (dit Belhassen) Hassen Astrubal et Sami Ben Gharbia: De la censure aux armes massivement liberticides en Tunisie Taieb Smati: Tunisnews me boude Ahmed Seghaier: Les médias audiovisuels français et les causes arabes Taïeb Moalla : Élections législatives palestiniennes: Une chaude lutte en perspective Réalités:  “Hédi Nouira, itinéraire d’un intellectuel militant et homme d’Etat” Le Figaro: Les alaouites ont peur de perdre le pouvoir en Syrie Le Réseau Voltaire: Quel est le programme politique du Hamas aujourd’hui ? entretien avec Moshir al-Masri

L’Observatoire pour la liberté de presse, de l’édition et de la création en Tunisie   Tunis, le 22 janvier 2006  

Censure débridée des journaux en Tunisie

Deux hebdomadaires et un mensuels viennent d’être saisis par le ministère de l’Intérieur.
En effet, le 20 janvier, la police a procédé au ramassage dans les kiosques du numéro 343 de l’hebdomadaire Al Maoukif, organe du Parti démocratique populaire (opposant) ; ainsi que du numéro  799 de l’hebdomadaire Akhbar Al Joumhiurya, privé. La même mesure a ciblé le 4 janvier courant le numéro de janvier 2006 de la revue mensuelle Al Hayet Athaqafia, éditée par le ministère de la Culture.
Aucune raison officielle n’a été notifiée par le ministère de l’Intérieur à la direction des journaux concernés pour ces saisies.
Selon des sources proches de ces journaux, les raisons ayant motivé ces saisies relèvent toutes de la censure qui continue de bâillonner la presse tunisienne.
Concernant le journal Al Maoukif, une réponse à une campagne de diffamation ciblant le chef du PDP, orchestrée par les journaux aux ordres (Achourouq …) et publiée dans son dernier numéro serait à l’origine de sa saisie.
Pour Akhbar Al Joumhourya, l’article incriminé semblerait celui qui avait évoqué un litige qui oppose le ministère des transports à une société d’automobiles possédée par des proches de la famille du président.
Quant à la revue Al Hayet Athaqafia, c’est l’éditorial du mensuel, quelque peu critique à l’égard de la politique culturelle, qui semble avoir motivé la saisie.
Rappelons que le 9 janvier courant, un amendement au code de la presse abrogeant la formalité de « dépôt légal » pour les périodiques tunisiens, a été adopté par l’Assemblée nationale. Mais elle ne concerne pas les périodiques étrangers qui continuent à subir la censure et à être saisis à chaque édition critique envers la politique officielle.   L’Observatoire de la liberté de presse, de l’édition et de la création    * S’élève vigoureusement contre cette saisie arbitraire des journaux sus cités et appelle à la levée de toute tutelle du ministre de l’Intérieur sur la presse.  * Constate que cette mesure de l’abrogation du dépôt légal, avancée comme mettant fin à la censure préalable exercée de fait par le ministère de l’Intérieur, semble n’avoir eu aucun effet sur ce ministère qui continue à exercer ses prérogatives discrétionnaires en matière de contrôle de la presse en Tunisie par d’autres voies.  * Demande à cet effet l’abrogation  de l’article 73 du Code de la presse qui autorise le  ministre de l’Intérieur à saisir tout périodique susceptible de « troubler l’ordre public » et de transférer cette compétence à la Justice.  * Appelle les autorités publiques à lever toute forme de censure sur la liberté de la presse.     Pour l’OLPEC Le président Mohamed Talbi


Reporters sans frontières Communiqué de presse 23 janvier 2006

TUNISIE Les autorités saisissent deux hebdomadaires

 

 
Le 20 janvier 2006, les autorités tunisiennes ont saisi dans tous les kiosques du pays les éditions des hebdomadaires Al Maoukif et Akhbar Al Joumhouria. « Cette saisie prouve que l’abrogation du dépôt légal – utilisé auparavant comme moyen de contrôle du contenu des publications – est une mascarade. Le ministère de l’Intérieur peut saisir les journaux à tout moment. Ce  qui entraîne des préjudices financiers considérables pour la presse et prouve, une fois de plus, la volonté du président Ben Ali de museler les professionnels des médias. Nous appelons les autorités tunisiennes à mettre un terme à cette pratique, » a déclaré Reporters sans frontières. Al-Maoukif est publié par le parti démocratique progressiste (opposition). L’hebdomadaire est vendu dans  le pays et fait preuve d’une indépendance  de ton qui surprend au milieu d’une presse particulièrement monotone.  Sa diffusion reste cependant restreinte  avec moins de 5 000 exemplaires. Contacté au téléphone par Reporters sans frontières, Maître Néjib Chebbi, secrétaire général du Parti démocratique progressiste et directeur de  publication d’Al Maoukif, a déclaré ne pas avoir été informé de la saisie par les autorités. Il a ajouté que l’hebdomadaire ne contenait aucune information « illégale » ou « diffamante ». Maître Chebbi a également  affirmé faire l’objet d’une campagne de diffamation dans la presse gouvernementale. L’hebdomadaire Akhbar Al Joumhouria a été saisi pour avoir publié un article sous forme de lettre ouverte au président Ben Ali, évoquant une affaire de corruption relative à l’attribution des concessions Ford et Isuzu et dans laquelle des personnes proches du chef de l’Etat seraient impliqués.
 


Tunisie: saisie d’un journal de l’opposition, démenti des autorités

                      Associated Press, le 21.01.2006 à 19h22                       TUNIS (AP) — Les responsables de l’hebdomadaire « Al Mawkif » ont fait état samedi de la saisie par les autorités tunisiennes du dernier numéro de cet organe du Parti démocratique progressiste (PDP/opposition), une information aussitôt démentie côté officiel.                       Dans un communiqué transmis à l’Associated Press, le directeur de la publication, Ahmed Néjib Chebbi, accuse les agents de police d’avoir « retiré de tous les kiosques l’ensemble des exemplaires mis en vente ».                       Il souligne que l’article 73 du Code de la presse accorde au ministre de l’Intérieur le pouvoir discrétionnaire de « saisir le numéro de tout périodique dont la publication serait de nature à troubler l’ordre public », notant qu' »aucune explication n’a été fournie à l’appui de cette décision ».                       Une « source officielle » reflétant la position du gouvernement a qualifié ces allégations d' »infondées », affirmant qu' »aucun numéro d’un des journaux de l’opposition n’a été saisi ».                       Le parlement tunisien a récemment adopté un projet gouvernemental portant abrogation des dispositions relative au dépôt légal. Décriée par l’opposition comme étant une forme de censure, cette procédure soumettait les journaux et autres publications à un contrôle avant diffusion notamment des ministères de l’Intérieur et de la Justice. Sa suppression avait été perçue comme un signe de libéralisation de l’espace médiatique.                       Le numéro d' »Al Mawkif » annonce une prochaine augmentation des prix du pain, un produit sensible pour l’opinion publique. En 1984, à l’époque de l’ancien président Habib Bourguiba, une hausse des prix de cette denrée de base avait été à l’origine d’une flambée de violence dans le pays.                       Un autre article répliquait de manière virulente à une « information » publiée par deux journaux de la place. Il traitait de « chiens enragés » ses auteurs selon lesquels le chef du PDP, Me Néjib Chebbi, aurait fait adhérer à l’organisation internationale des Frères Musulmans, lors du dernier pèlerinage à La Mecque.                       M. Chebbi a démenti cette information qui, selon lui, vise à « entraver sa marche politique et sa lutte pour les libertés et la démocratie ».   Associated Press

Tunisian opposition says newspaper issue pulled from shelves

 Associated Press, le 21.01.2006 à 19h25                       TUNIS, Tunisia (AP) _ A Tunisian opposition newspaper accused police Saturday of seizing its latest issue from kiosks across the country. Officials denied the claim.                       The director of the weekly Al Mawkif, published by the opposition Progressive Democratic Party, said in a statement that police pulled all copies of the latest issue from all newspaper kiosks. Director Ahmed Nejib Chebbi said he had received no explanation for the move.                       A government official who spoke on condition of anonymity said the charges were unfounded and that no newspapers had been seized.                       The issue carried two potentially controversial articles: one announcing an upcoming increase in the price of bread, another refuting reports that the newspaper’s director had joined the Muslim Brotherhood.                       In 1984, a rise in the bread price prompted violent riots around the country. In the article about the conservative Brotherhood, Chebbi called the authors of the reports «rabid dogs.»                       The Tunisian press code gives the Interior Ministry the right to seize any issue of a periodical whose publication could disrupt public order, Chebbi said.                       Associated Press

Tunisie: Karthago Airlines va lancer une compagnie charter en Egypte

AFP Infos Mondiales Économie et finance, lundi 23 janvier 2006 TUNIS – La compagnie privée tunisienne Karthago Airlines a annoncé la création d’un nouvel opérateur charter en Egypte pour des laisons entre la Mer Rouge et l’Europe, a-t-on appris lundi à la bourse de Tunis. La nouvelle compagnie, Koral Blue, doit démarrer ses activités en mai sur des liaisons entre l’Europe et les stations balnéaires de Charm El Cheikh et de Hurghada, en Egypte, a précisé Karthago dans un communiqué. Le capital de Koral Blue s’élevant à dix millions de dollars sera détenu « dans une première étape » à hauteur de 65% par le principal actionnaire de Karthago Airlines, Belhassen Trabelsi, beau-frère du président Zine El Abidine Ben Ali. Karthago détiendra 10% du capital, les 25% restant étant financés par Samih Sawiris, homme d’affaires égyptien qui dirige le groupe hôtelier Holding Hotels Orascom. Koral Blue, qui affrétera des avions de Karthago, bénéficiera du soutien technique et commercial de cette dernière, est-il indiqué dans le communiqué. Fondée en 2001, Karthago, qui partage le marché tunisien avec la compagnie privée Nouvelair et Tunisair, recourt habituellement à la location d’avions pour desservir une vingtaine de destinations européennes. Elle concentre ses activités sur Djerba (Sud tunisien). Elle a enregistré au cours des neuf premiers mois de l’année 2005 un chiffre d’affaires de 90,7 millions de dinars (1 dinar = 0,65 euro), en hausse de 42,3% par rapport à la même période en 2004, selon des chiffres communiqués à la bourse de Tunis.


Maroc: Arrestation de 31 membres des forces de l’ordre pour torture en 2005

  

AFP, le 23.01.2006 à  12h29 RABAT (Maroc), 23 jan 2006 (AFP) –  Trente et un membres de  différents services de sécurité marocains soupçonnés d’avoir  pratiqué la torture ont été déférés devant la justice en 2005, a  indiqué lundi à l’AFP un porte-parole du  ministère de la Justice.   Il s’agit de onze officiers et six agents de police, neuf  membres de l’administration pénitentiaire et cinq gendarmes. « Ils  sont poursuivis en vertu de la nouvelle loi bannissant la torture »,  a précisé ce responsable, qui a tenu à garder l’anonymat.   « Le ministère veillera à ce que tout soit mis en œuvre pour  interdire tout abus de la part des agents d’autorité et s’il s’avère  que l’un d’eux a transgressé la loi, il sera poursuivi », a-t-il  ajouté.   En octobre, le Maroc avait été le premier pays du Maghreb à se  doter d’une loi spécifique contre la torture. Adoptée par la Chambre  des députés, elle prévoit des peines de cinq à quinze ans de prison  contre les auteurs d’actes de torture.   AFP


Les mouvements sociaux du Maghreb se rencontrent à Bouznika pour préparer la première édition du Forum social maghrébin

 

Rabat – Secrétariat de préparation du Forum social maghrébin Au moment où se tiennent les forums mondiaux polycentriques à Bamako(Mali) et à Caracas(Venezuela),  plus de 400 altermondialistes du Maghreb et leurs invités ont rendez-vous à Bouznika (Maroc), du 27 au 29 janvier 2006, dans le cadre de l’Assemblée préparatoire au premier Forum social maghrébin. Après 3 jours de travail en commissions, l’Assemblée préparatoire sera clôturée par une conférence de presse dans des «Pateras de la dignité», le dimanche 29 janvier, à 15h30, au Café Maure des Oudayas, à Rabat.   Les participants – représentants des mouvements sociaux du Maghreb, des associations issues de l’immigration maghrébine en Europe et de nombreux invités internationaux – ont pour objectifs de converger et d’articuler leurs efforts dans l’affirmation de la nécessité de construire un «Maghreb des peuples» et d’esquisser les voies et les moyens de sa réalisation. L’Assemblée préparatoire de Bouznika permettra ainsi de déterminer les thématiques de même que les modalités de préparation du premier Forum social maghrébin.   L’échec des États de la région à réaliser l’unité du Maghreb et à résoudre les conflits régionaux nous place devant l’urgence de rechercher des alternatives afin de créer un espace maghrébin de paix, de prospérité et de démocratie. Depuis le premier appel pour la constitution d’un Forum social maghrébin, lancé en 2004 à l’occasion de la 2e édition du Forum Social Maroc, un comité provisoire de suivi et de promotion travaille ardemment à la réalisation de ce projet unique. Ainsi, l’Assemblée préparatoire de Bouznika s’inscrit comme une étape charnière vers la construction du Forum social maghrébin… car un autre Maghreb est possible !   Pour toutes informations, veuillez contacter : coordination@fsmagh.org

 

A propos de Ridha (dit Belhassen) Hassen

 

Le dimanche 8 janvier, Ridha Belhassen était encore à Paris, bien que condamné par les tribunaux français à 10 ans de prison et interdiction définitive du territoire français depuis novembre 1992.   C’est grâce à un flic du nom de Salah Laouiniti qu’il est rentré lundi 9 en Tunisie contre la somme de 500 DT. Depuis qu’on sait que ce monsieur a été découvert par « L’Audace », il a sauté de son poste. En fait, c’est Frej Gdoura, l’oncle de Ridha Belhassen qui a organisé la tentative d’infiltration de « L’Audace ».   Un homme d’affaires ayant pignon sur rue à Paris était chargé de lui faciliter ses basses besognes. Cet homme n’est autre que l’un des propriétaires des établissements Safraoui dans le 19ème arrondissement à Paris et dans le 20ème et le 11ème.   A son arrivée à Tunis, Ridha Belhassen a récupéré des documents pour poursuivre sa tentative d’infiltration de « L’Audace ». Ces documents concernent la famille Mlika, apparentée au président de la République. Dès que son propre frère, Mondher, qui a participé à ce coup bas, il a été découvert et à son tour limogé d’une société de nettoyage sous douane dont il était le gérant. Il s’agissait pour le pouvoir tunisien de prendre des mesures conservatoires afin d’éviter que la chose soit connue à Paris où « L’Audace » est édité. Des amis proches du journal ont été déjà insultés et traités dans la boue par le biais de cabines téléphoniques identifiées à Paris-même. Mounir Ben Jemaâ, cet homme d’affaires tunisien qui dirige la SAM, s’est même entendu avec le patron de la DST à l’ambassade de Tunisie à Paris (Taoufik Sebai) de régler le compte de Slim Bagga et de « L’Audace ».   Peine perdue: ces magouilles sont découvertes, et j’y reviendrai plus longuement sur le numéro de février 2006.   Je rappelle enfin que Ridha Belhassen est le porteur de valise de Moncef Ben Ali, interpellé avec lui à Orly au printemps 1989. Ce sont les deux seuls qui ont pu échapper à la justice française et condamnés par contumace en novembre 1992 grâce à des passeports diplomatiques délivrés dans l’heure par l’ambassadeur de Tunisie à Paris de l’époque Brahim Turki.   Slim Bagga, directeur de « L’Audace » 18 janvier 2006  

De la censure aux armes massivement liberticides en Tunisie

Par Astrubal et Sami Ben Gharbia L’un des ennemis de l’internet, Ben Ali, décorant le président de l’Organisation mondiale de l’Internet, M. Vinton Gray Cerf Octobre 2003   C’est sur le site de Cisco Systems [1] que l’on a appris la présence en Tunisie de la société israélienne Nice systems. Les produits très sophistiqués de cette firme permettent à la police tunisienne de l’Internet de tout intercepter. Cette technologie, comme le précise RSF dans son rapport « Internet sous surveillance  » [2], « permettrait d’intercepter les conversations téléphoniques passées sur le Net (VOIP) et même de reconstituer en temps réel un dialogue ayant lieu sur un « chat » ou par un outil de messagerie instantanée – de type Yahoo ! ou MSN messenger. » Si dans les pays dits libres, ce type de logiciel n’est utilisé que sur une décision judiciaire et dans le cadre d’une enquête non moins judiciaire, ce n’est pas le cas dans des pays autoritaires comme la Tunisie. Dans ce pays, la censure du Net et l’interception des communications se font d’une manière généralisée, en dehors d’un quelconque encadrement légal.
Et s’agissant de l’Internet plus précisément, le vrai problème, faut-il le souligner avec force, c’est le crime de la censure sauvage des sites Internet en dehors du cadre légal. Et ce ne sont pas les textes juridiques qui manquent, puisque les dispositions de la législation tunisienne relatives, d’une part, à la liberté d’opinion et d’_expression garantissent l’existence de tels sites et, d’autre part, l’éventualité de la censure des moyens d’_expression doit (devrait) être soumise à la procédure judiciaire prévue par le code de la presse.
Par conséquent, il s’agit surtout de ce comportement sauvage qui consiste à gérer l’environnement médiatique tunisien en faisant fi de toutes les procédures légales. Dans un Etat de droit tel que décrit par Ben Ali (دولة القانون و المؤسسات), jamais il ne saurait être envisagé que cette censure puisse s’exercer sans que l’on sache qui fait quoi et en vertu de quelle disposition juridique. Et pour que cela soit encore plus clair, ce qui est insoutenable et bien plus grave encore que la censure en soi, c’est que personne à l’heure actuelle ne peut désigner avec exactitude quelle est la personne ou l’autorité qui « appuie sur le bouton » pour décapiter un site Internet sur le territoire national. [3]
Allez demander au PDP, parti politique pourtant reconnu légalement, s’il détient le moindre document lui ayant signifié la censure de son site en Tunisie, document mentionnant clairement l’autorité légale ayant pris cette décision tout en précisant le fondement juridique de ladite décision. Et dire que certains mythomanes osent nous parler d’Etat de droit.
Par ailleurs, l’objet de nos propos, n’est pas tant de nier le droit de l’administration tunisienne d’avoir la maîtrise de l’environnement médiatique. Et à la limite, sous de grosses réserves (cf. infra), nous ne sommes pas loin de penser que la détention des moyens de filtrage, aussi sophistiqués soient-ils, relève pour l’Etat, des nécessités inhérentes à la sécurité nationale. En revanche, l’utilisation et l’usage qui peut en être fait, ne peut se concevoir sans le cadre impérieux de la loi et sous le contrôle non moins impérieux du pouvoir judiciaire. En somme, que la Tunisie détienne de tels moyens techniques n’est pas en soi choquant, c’est l’usage abusif, sauvage et criminel qui doit être dénoncé et condamné de la manière la plus ferme.
Il va de soi que la responsabilité morale des fournisseurs de ces technologies de filtrage, qui visent d’une manière précisément très « sophistiquée » l’atteinte à la liberté d’_expression, ne saurait être ignorée du fait de la mise de ces moyens entre les mains des tyrans. Et cette responsabilité morale est telle, qu’elle donna lieu, aux USA, en 2003, au Global Internet Freedom Act. En effet, cette loi fut, telle que le signale le rapport de RSF, « voté [é] par la Chambre des représentants en juillet [de la même année, avec, pour objectif] de lutter contre la censure de l’Internet mise en place par des régimes répressifs » [4] . La même loi allant jusqu’à prévoir « la création d’un bureau de la liberté de l’Internet (Office of Global Internet Freedom) chargé de promouvoir des moyens techniques pour aider les internautes de ces pays à contourner la censure. » [5] Sans compter le partenariat mis en œuvre avec la société qui gère des proxies anonymes, en l’occurrence Anonymizer, bien connue des internautes Tunisiens (cf. le même rapport).
Or, quelle est l’efficacité des anonymisers, si les logiciels de censure fournis à la Tunisie, et aux autres pays autoritaires, sont capables de bloquer l’accès à toute une catégorie d’anonymisers. C’est ce que conclue The OpenNet Initiative dans son rapport Internet Filtering in Tunisia in 2005 [6] rédigé après un test approfondi effectué sur les techniques de restrictions imposées aux Tunisiens. Ainsi 12 des 13 anonymisers testés par The OpenNet Initiative sont bloqués en Tunisie ; ce qui donne un taux de 92% de filtrage visant cette seule catégorie [7]. Taux supérieur à toutes les autres catégories touchées par la censure, à l’instar de la catégorie « politique », « opinion » et « ONG ». Les compagnies concernées, qui font du business au détriment des libertés publiques, donnant à la police tunisienne les moyens de filtrer Internet, d’intercepter nos communications, de les reconstituer et de savoir qui consulte quoi, ne prennent aucune mesure pour éviter que leur technologie ne serve à bafouer les droits humains les plus élémentaires. Ainsi, le responsable de la communication de Secure Computing, David Burt, non seulement reconnaît, après tergiversation [8], que sa compagnie vend le logiciel SmartFilter à un Fournisseur d’Accès à Internet en Tunisie pour bloquer des sites pornographiques [9], mais admet également que « les dirigeants peuvent tout aussi bien cocher les cases « politique » et « ONG ». » [10] et bloquer ainsi les catégories qui incluent :
* les partis politiques ; * les organisations de défense des droits de l’homme ; * Les sites d’information politique ; * Les forums dissidents de discussion ; * Ou tout simplement les rubriques politiques de journaux étrangers, pourtant connus pour leur modération. Ce faisant, on prive tout un pays de l’accès à l’information nécessaire à son développement humain.
Si l’on ne peut pas condamner Mercedes ou Fiat pour la fourniture des camionnettes utilisées par la police tunisienne notamment pour ses raffles, (car ce même type de véhicules est également utilisé à bon escient par des citoyens) on ne peut que condamner les fournisseurs de logiciels qui facilitent le filtrage d’Internet en incluant des algorithmes pour bloquer les contenus politique, les forums d’opinion et les sites des ONG. Et ceci est d’autant plus condamnable, lorsque l’on réalise que le développement et l’usage de ces algorithmes ne peut se faire sans la transgression des conventions internationales relatives à la libre circulation de l’information, ni sans la violation du droit interne qui garantit le libre accès à cette même information.
En attendant le projet de loi destiné à « l’organisation de la presse électronique » [11] (recommandé par Ben Ali en décembre 2005 en marge de l’Adoption du projet de loi organique portant amendement du code de la presse), la censure en Tunisie continue à sévir dans l’illégalité la plus totale et de la manière la plus sauvage. On a même appris sur « Radio Vatican » que « La Tunisie a même installé à Bizerte une [nouvelle ndlr] cellule de cinquante à cent fonctionnaires tunisiens dont la tâche principale est de filtrer les informations d’Internet. » [12]
En attendant la fin du calvaire de la « mensongère page 404 » (voir la vidéo enregistrée à Tunis lors du SMSI (Thomas Bekkers)) qui se substitue à la page censurée pour dissimuler le crime de la censure ; et dans l’attente de mettre, un jour ou l’autre, devant leurs responsabilités ceux qui gèrent le paysage médiatique tunisien d’une façon patrimoniale, à l’image du fermier qui décide vers où ces bœufs, objet de son patrimoine, doivent chercher la lumière, l’on ne peut qu’inviter tous les internautes à dénoncer ces faiseurs d’algorithmes (Cisco, Nice System, Secure Computing etc.) qui permettent de violer nos libertés et nos droits, pourtant garantis par de nombreuses législations. C’est bien de vouloir, dans les temps qui courent, demander à l’Iran de respecter ses engagements internationaux en matière de non prolifération des armes de destruction massive, mais il ne faut surtout pas se demander pourquoi la rue arabe n’éprouve plus de sympathie à l’égard des gouvernements occidentaux, dont les entreprises exportent des armes toutes aussi redoutables pour bâillonner les peuples. Des armes (les algorithmes de censure) violant les conventions internationales garantissant la liberté d’_expression. Nous invitons les sites et blogs tunisiens, au moins ceux qui sont censurés en Tunisie, à affichez la bannière de la censure sur leur page en utilisant le code suivant :
[1] Voir : Les partenaires de Cisco Systems représentés en Tunisie. [2] RSF : Internet sous surveillance [3] Hormis le fait d’imputer, à raison, la responsabilité de tels faits au premier responsable de l’administration tunisienne, c’est-à-dire le président de la République. [4] RSF : Internet sous surveillance. Les Etats-Unis. [5] Ibid [6] The OpenNet Initiative : Internet Filtering in Tunisia in 2005 [7] Ibid- C. New Global List Results [8] Yishay Mor, And I almost stopped blogging [9] Ibid « We do sell SmartFilter to an ISP in Tunisia. They use it to block pornography sites. » [10] Lire : Le ministère de la Vérité. [11] La Presse, Tuni 21 Décembre 2005. Adoption de projet de loi organique portant amendement du code de la presse. [12] Ecoutez un extrait audio d’un témoignage sur Radio Vatican le 15 novembre 2005 : En Tunisie la répression, toujours à l’ordre du jour. Pour écouter la totalité de l’interview cliquez ICI.   (Source : le site nawaat.org, le 22 janvier 2006 à 21h11) URL: http://nawaat.org/portail/news_dernieres_nouvelles.php3?postid=31955&react=1&tpcref=10425

Tunisnews me boude

 

ISLAM ET OPPOSITION POLITIQUE N’ONT JAMAIS ETE L’APANAGE DE LA NAHDHA OU DE L’OPPOSITION POLITIQUE DE « VITRINE »

 

TAIEB SMATI

 

Les responsables de Tunis news refusent souvent de me publier des courriers d’informations et d’échange d’opinions avec ses lecteurs. Pour eux, les divergences de la libre _expression doivent se robotiser pour se soumettre au baromètre des intérêts de ceux qui se cachent réellement derrière ce site.

 

Cette attitude négative s’est toujours enveloppée dans un cadre d’exclusion de racisme politique jouant à la faveur de certains personnages médiatiques bien connus de tous les Tunisiens.

 

L’esprit du fond de commerce au nom du pluralisme et de la diversité reste encore enraciné dans le subconscient des meneurs des tribunes. Mais, l’émotion fictionnelle de la «fanfardise» des discours politiques publicitaires ne peuvent aboutir à la désinformation.

 

Combattre la censure locale par la censure aux sites internationaux dans un monde qui ne respecte plus les frontières de souveraineté, est un acte de maladresse et de manque de professionnalisme. La religion, la liberté et la démocratie n’ont jamais eu de nationalité ou de titre privé.

 

A cet effet, il me semble que l’équipe de Tunis news ne cesse de porter haine et mépris à ma personne et mon parti LE PARTI ISLAMI TUNISIEN par une délégation de pouvoir à peine voilée. Incolore, inodore, l’obstruction inexpliquée à la publication de mes écrits ne trouve de justification sauf une tentative inespérée de rendre service à d’autres formations politiques dont la conduite a déjà fait preuve de stérilité et de catastrophes sociales à leurs alliés.

 

La réalité du vécu quotidien des Tunisiens ne pourrait nier les souffrances séquellaire à l’entêtement incontrôlé d’un duel perdu d’avance. Si le monopole de la religion Musulmane présume être déjà détenu en Tunisie par une poignée d’intégristes fanatiques assez dangereux , l’Islam n’a jamais été une propriété privé ou un produit de commerce et de sur enchère.

 

Certains compatriotes se considèrent les tuteurs de la religion musulmane en Tunisie et se prennent pour les seuls véritables musulmans. Le comble dans toute cette compétition, l’équipe de Tunis News s’interpose par la censure pour la suffocation des voix et des esprits refusant cette notion de tutelle et propriété d’un domaine spirituel universel.

 

L’impartialité de l’équipe de Tunis News a toujours œuvré pour mettre à l’ombre des revendications de redressement de personnages qui se prennent pour élites de la société civile.

 

La Tunisie n’est cependant pas à vendre et les Tunisiens ne sont les domestiques de personne. Si notre pays demeure altéré par la mauvaise gouvernance de la dictature de Ben Ali, seul notre peuple est capable de l’écarter du pouvoir à tout moment.

 

Tant que les Fourmies, les parasites et les insectes dominent la scène de l’opposition politique par leurs attitudes de charité occidentale, cette dictature continuera à être une épine à la gorge des spécialistes du marketing politique qui obstruent la voie de la sincérité et de la crédibilité du militantisme patriotique pour la libération de la Tunisie des griffes de la mafia au pouvoir qui séquestre tout un peuple et tout un pays depuis plus de dix-huit ans.

 

L’équipe de Tunis news a fait preuve d’entretenir et distribuer un message stipulant que le monopole de l’opposition politique en Tunisie est détenu par une opposition de « vitrine », se prosternant aux pieds de la dictature, et dont le peuple tunisien, tout entier, s’en est lavé les mains depuis belles lurettes. La persistance d’un spectre politique hémiplégique n’est qu’une forme d’appui et de soutien à une frange minoritaire perdue dans la sphère de l’effervescence qui s’effectue sous les cendres de la souffrance , des larmes et du sang des victimes du régime politique criminel.

 

Le Général Ben Ali ne craint personne en Tunisie pour son trône et surtout pas cette opposition caricaturale.

 

En tout état de cause , les responsables de Tunis news affirment par leurs gestes de censure répétée qu’ils ne sont pas au service de la chère patrie toute entière mais uniquement au service de «commis» opportunistes et fanatiques désorientés dans le temps et dans l’espace .

 

La Tunisie n’est plus celle de 1986.

 

De nombreux compatriotes accablés par la contrainte de l’exil et de la nostalgie à l’étranger, devraient remettre leurs pendules à l’heure.

 

Combattre la censure par la censure, il n’ y a pas pire ! C’est une forme de torture et de racisme non déclarés. Il faudrait être véritable dictat, ingrat et ignorant pour le faire.

 

Changer de camp, pour se transformer en pape ou imam, n’a jamais constitué un échappatoire aux dérives et à la complicité aux violations manifestes.

 

D’ailleurs lorsqu’on se rappelle qu’un grand nombre de nos soit disant actuels opposants politiques et leurs médias, notamment certains de Tunis news, étaient il y a peu de temps le bras droit du régime dictateur en tant que conseillers, ministres, « COMMIS »…, on comprend parfaitement pourquoi la censure est de rigueur. Tunis news est incapable de blanchir la honte et l’hypocrisie de l’itinéraire résiduel des faux militants des tribunes synthétiques.

 

La persistance de la crise politique et sociale en Tunisie nourrit le « profitarisme » et le favoritisme des implantés à la façade de l’opposition de Commerce politique. Le très sérieux et courageux PARTI ISLAMI TUNISIEN, son secrétaire général, ses adhérents et ses sympathisants ne peuvent être écartés de la scène politique Tunisienne malgré les taquineries maladroites de Tunis news et consorts.

 

Le refus de publications de mes écrits à Tunis news se condense, de plus en plus, dans un contexte d’exclusion et asphyxie de la liberté d’expression. Cette censure engagée par l’équipe de Tunis news contribue à étouffer l’opinion tunisienne à des fins qui renforcent la position de la dictature.

 

Cette attitude privilégie les opportunistes de l’opposition aux dépens des voix sincères et crédibles surgissant des persécutions obsessionnelles du régime oppressif.

 

Les détendeurs des tribunes de la factice opposition qui profitent de l’aisance administrative et financière de la cosmétique pluraliste ( passeport, C.I.N, indemnités de voyage, gratuité de séjour à l’étranger, billets d’avion, gardes du corps, ressources personnelles sécurisantes , largesses fiscales, interventionnismes …) pour dégager un faux discours complaisants tournant autour de revendications d’ELITES totalement isolées de la base et «assynchronisées» avec le rationalisme des réformes nécessaires au décollage.

 

A ce sujet, il me semble que Tunis news a pris position contre le courant de la liberté d’expression et l’engagement aux réformes impératives. En toute irresponsabilité l’équipe de Tunis news contribue à protéger hypocritement l’injustice et se met au coté des opportunistes qui ne vivent que de notre malheur et dans les marécages des capitales européennes où ils viennent d’effectuer une tournée «honteuse» dite « réussie ! » pour confronter un isolement local accablant des manipulateurs des scandales politiques à l’intérieur de la Tunisie.

 

Notre peuple n’a jamais été naïf pour croire aux promesses de réformes de ceux qui n’ont cessé de gonfler leurs comptes en banque aux dépens de nos souffrances, nous réels opposants politiques, interdits de passeports, de travail, de sécurité sociale…et sous contrôle policier étroit 24/24 et qui avons toujours souffert pour faire parvenir notre voix ailleurs, nous nous confrontons à l’obstacle de ceux qui présument défendre la liberté d’expression et la démocratie en Tunisie.

 

A ce sujet Tunis news et ses acolytes persévèrent à enfoncer le couteau dans la plaie, notre plaie, et nous font souffrir davantage en se rangeant du coté de la censure.

 

Eux, menteurs, qui prétendent combattre la censure, eux, menteurs, qui se servent de nos malheurs pour mener la vie des princes ici et ailleurs, eux menteurs qui écrivent trop pour ne rien dire, eux menteurs…eux menteurs…

 

Aucune contrainte directe n’est en mesure de toucher Tunis news à l’étranger et pourtant son équipe refuse de publier des vérités amères touchant notre quotidien sous l’emprise du banditisme politique tout simplement parce que l’auteur est banni par cette opposition de « vitrine» qui cherche beaucoup plus la « VEDETTARIA »que l’intérêt supérieur du peuple tunisien, peuple, Ô combien avide d’une opposition crédible et comparable à celle que d’autres pays connaissent !

 

Ma déception est si grande, autant que votre engagement hypocrite, mené hors du pays hors de nos cœurs blessés et hors du véritable militantisme patriotique, est si petit, si insignifiant, si minable.

 

TAIEB SMATI

SECRETAIRE GENERAL ET FONDATEUR DU PARTI ISLAMI TUNISIEN

  

REPONSE DE TUNISNEWS:

 

Nous sommes très surpris par le contenu de cet article. Nous n’avons jamais « boudé » M. Smati et nos archives sont là pour témoigner.

 

Pour le reste des accusations et des invectives de M. Smati, nous laissons à nos lecteurs le soin de juger de leur « sérieux » et de leur « véracité ».  Allah Yehik.

 

AU NOM D’ALLAH LE TOUT MISERICORDIEUX LE TRES MISERICORDIEUX
 
PARTI ISLAMI TUNISIEN
JE BANNIS LA VIOLENCE
Mobile 21 840 725
 
« LA VICTOIRE NE PEUT VENIR QUE D’ALLAH, LE PUISSANT, LE SAGE » SAINT CORAN
 Al imrane. Verset 126
 
2éme ANNIVERSAIRE DE LA CONSTITUTION
DU PARTI ISLAMI TUNISIEN*
 
NOTRE SALUT DEMEURE DANS NOTRE RELIGION, L’ISLAM,
METTRE TOUT EN ŒUVRE POUR DESTITUER L’ACTUEL REGIME POLITIQUE, SANS LE REFORMER, EN EST L’ULTIME APPROCHE.
 
HOMMAGE
 -A la mémoire de nos parents, nos grands parents et ceux qui avaient crû en ALLAH
      avant nous.
 
-A mon très cher ami, maître ABOU, dans sa prison d’abou gharib la tunisienne,
 
-A mon très cher ami HAMADI JEBALI dans sa prison de guantanamo la tunisienne,
 
-A mes très chers frères, prisonniers politiques, dans ces prisons du dictateur
      suprême.
 
-A mes très chers et honorables frères, dans cette grande prison s’étalant de bizerte  
    à Benguerdenne
 
-A toutes nos sœurs et à tous nos frères musulmans combattants, en Palestine, en
    Irak et ailleurs en terre d’ISLAM, pour nous libérer des jougs de l’occupant  
     étranger,
 
«SUPPORTE DONC D’UNE BELLE PATIENCE, LE TYRAN VOIT LE CHATIMENT D’ALLAH BIEN LOIN, MAIS NOUS LE VOYONS TRES PROCHE»

al maarej.verset 5,6,7

TAIEB SMATI

 
LE PARTI ISLAMI TUNISIEN célèbre ce jour du 15 janvier 2006 sa deuxième année d’activité politique profondément attaché à ses nobles principes pour les quels il avait été constitué : destituer le régime politique actuel et INSTAURER UN REGIME POLITIQUE ISLAMIQUE, PARLEMENTAIRE, REPUBLICAIN moderne, répondant parfaitement à la volonté du peuple tunisien d’origine arabe et de religion musulmane, aspirant à la modernité et au progrès. Régime politique respectueux de la souveraineté du peuple tout entier.
La souveraineté absolue reviendra au peuple tunisien qui devra l’exercer pleinement par l’intermédiaire d’institutions démocratiquement élues, conformément aux préceptes de notre valeureuse religion musulmane.
 
Jamais l’actuel régime politique tunisien n’avait connu une situation pire que celle qu’il connaît aujourd’hui, jamais il n’a été à un degré d’opportunisme, d’arrivisme, de corruption, de subornation et d’immoralité tel qu’il l’est aujourd’hui. Jamais la société et nos organisations civiles n’avaient connu une situation aussi difficile que celle qu’elles connaissent aujourd’hui, les partis politiques n’avaient jamais été privé de leurs droits autant qu’ils le sont aujourd’hui.
 
Le régime politique avec ses 3 pouvoirs et sa police continue à réprimer les libertés, à interdire d’activité les partis de l’opposition faisant toujours usage de procédés et mesures illégaux et injustes pour persécuter, terroriser et tyranniser les opposants politiques.
 
La Tunisie est devenue une grande prison où le citoyen est soumis à toute sorte d’injustice, de cœrcition et d’humiliation. Nous en avons assez de ces mascarades d’élections qui se succèdent depuis notre indépendance, mascarades électorales ne répondant jamais aux normes électorales internationales, ni à la légalité et au sérieux et dont le résultat est connu d’avance.
 
Nous en avons assez d’un discours vacarme empreint de chauvinisme primaire d’un président d’Etat despote, tyran, potentat et un entourage opportuniste dont le seul but est de s’approprier à lui seul du pouvoir politique, le pillage des richesses nationales. Ils ont légiféré l’interdit, légitimé le péché, abusé de la constitution du pays et accordé plus d’autorité et de pouvoir au pouvoir exécutif incarné par seul le président. Ainsi le pays va au désastre, vers un avenir inconnu et un extrémisme politique tel que jamais connu auparavant.
 
Une importante ONG interdite de tenir son congrès annuel par décision politique sous couvert d’arrêté de justice, la fermeture du siége de l’association des juges et le remise de ses clefs à ceux qui n’en ont aucun droit, l’interdiction de la tenue du congrès des journalistes, l’arrestation d’opposants politiques et leur torture jusqu’à ce que mort s’en suive, l’enlèvement et l’arrestation d’avocats en lieu public, l’interdiction aux opposants politiques et aux membres de leurs familles du droit au travail, à la santé, à l’éducation…autant de pratiques quotidiennes démontrant clairement que ce régime politique n’est d’aucune compétence, impossible à réformer, nous devons demander son abolition.
 
Tous les opposants et partis politiques ainsi que les ONG, organisations professionnelles, travailleurs, étudiants, devront appeler d’une seule voix :
REGIME DICTATORIAL,  NOUS NE VOULONS PLUS DE TOI , 
VAS-T-EN !
Après 50 ans d’expériences stériles, de promesses non tenues, de réformes inutiles,  dictées de l’étranger et de pactes destructeurs, nous sommes toujours dans une crise générale, pauvreté, ignorance,  privation, opportunisme, chauvinisme, arrivisme, torture, oppression sont toujours le moyen d’imposer la volonté d’un régime politique pourrie et corrompue jusqu’à la moelle.
 
Le régime politique avec ses hommes de main et son parti politique se sont accaparé à eux seul toutes les richesses de la patrie et tous les débouchés, la carte d’adhérent au parti unique au pouvoir est devenue un moyen d’enrichissement illicite, ceux qui la détiennent abusent de nos richesses et sont prioritaires partout où ils s’adressent.
 
50 ans d’opportunisme, d’injustice, de corruption, de parti unique et de personnalisation du pouvoir, n’aurions nous pas le droit de mettre fin à cette horde sauvage, destituer ce régime et instaurer un régime politique islamique respectueux de la parole d’ALLAH ?
 
Honorables opposants politiques tunisiens pourriez-vous me citer un seul dictateur au monde devenu démocrate ? Tous les dictateurs avaient préféré la mort ou la prison à se reconvertir en démocrate ! C’est leur évidence !
Soyez raisonnables et arrêtez d’implorer des réformes à celui n’en veut point. Notre régime politique ne dispose même pas d’une molécule de démocratie dans sa petite cervelle d’oiseau. Personne ne peut donner ce dont elle ne dispose pas.
N’auriez-vous pas vu SADDAM HUSSEIN  préférer vivre des mois et des mois sous terre en compagnie des rats que d’accepter des réformes tant demandé par ses opposants ?
Ne voyez-vous pas aujourd’hui le président syrien toujours ignorer et refuser ses opposants et leurs demandes de réformes politiques malgré le danger réel qui le guette ?
 
S’il vous plait, délivrez nous, délivrez votre peuple, demandez la destitution de ce régime politique tout entier. C’est seulement de cette façon que le peuple tunisien vous prêtera main forte, ce peuple en a assez de ce régime politique et assez des demandes de réformes politiques de l’opposition.
 
Tout en respectant nos opposants politiques qui s’activent sans relâche afin d’obliger le régime politique à respecter la vie humaine et les droits du peuple tout entier ainsi que la modernisation et la démocratisation du système politique, je dis que cela  dure depuis 50 ans, sans résultat aucun ! Et sans que le régime fasse un seul pas sérieux vers son opposition, au contraire tout s’envenime de jour en jour.
 
Oui, cela fait un demi siècle que nous demandons au régime politique de répondre aux exigences du modernisme et à la démocratisation de la vie politique, respect des droits, réformes institutionnelles, pluralisme politique, passation pacifique des reines du pouvoir etc…seulement ce régime politique prétendait toujours qu’il était le seul valable et capable et jamais il ne pourrait y avoir meilleur régime que lui et que cette vulgaire opposition politique en manque de patriotisme, ennemi de la patrie, il faudrait l’exclure de la vie politique, emprisonner ses leaders, affamer ses enfants, les empêcher de gagner leur vie…pire encore un ancien ministre de l’intérieur, président aujourd’hui l’une de nos plus importantes institutions nationales avait proféré à l’adresse d’opposants politiques « je ferai de leurs épouses ou bien des mendiants ou bien des… »
Aujourd’hui cet insolent vulgaire ancien ministre d’Etat «arriviste» préside l’une de plus imposante institution de notre patrie «orpheline».
 
Un demi siècle de supplication et de mendicité, sans un minuscule changement, cela ne nous suffirait-il pas ? nos opposants politiques voudraient ils nous faire attendre encore un demi siècle pour se réveiller de leur profond sommeil et constater enfin qu’ils doivent changer de tactique et exiger désormais l’abolition de ce système politique criminel????????
 
Une élite avait organisé le 18 octobre dernier une grève de la faim sous le signe «la faim et non la soumission» exigeant du pouvoir le respect des libertés, la libération des prisonniers politiques et une loi d’amnistie nationale. La solidarité avec les grévistes avait touché toutes les couches sociales tunisiennes et en dehors de nos frontières la solidarité avec les grévistes était sans bornes, des manifestations géantes s’étaient produites partout en Europe et ailleurs. Jamais la Tunisie n’avait connu depuis son indépendance une aussi importante manifestation de l’opposition politique.
Malheureusement le pouvoir politique n’avait accordé aucune importance à ce qui se passait chez lui et devant ses yeux, au contraire il a été jusqu’à inculper les grévistes de «manque de patriotisme»et les a menacé d’appliquer la loi ! Lui régime politique criminel qui devait être traduit devant la justice pour les meurtres sous la torture qu’il a commis contre des innocents, viol des prisonniers politiques, détournement des deniers publics et j’en passe.
 
Les grévistes avaient réussit à mobiliser les foules et à détourner l’attention de l’opinion internationale certes, mais le résultat ? Nous n’avons rien obtenu de concret ! Rien du tout, le régime politique dictateur n’a pas bougé d’un iota ! Et nous n’obtiendrons rien tant que nous implorons la dictature de nous accorder nos droits.    
 
Notre PARTI ISLAMI TUNISIEN considère que le meilleur moyen de destituer cette dictature est la religion musulmane, nous sommes certains que l’ISLAM est  le langage et dénominateur commun, sinon le seul, pour le peuple tunisien tout entier. l’ISLAM étant l’arme pacifique la plus adapté à même d’édifier une société civile moderne homogène et en harmonie avec les assises nécessaires, la prospérité, et le modernisme, à la seule condition bien sûr, j’avoue, de couper les ponts et toute relation avec le sens véhiculé depuis longtemps de la religion musulmane. Sens faisant obstacle à l’épanouissement des libertés et droits, libertés et droits essences même de la création, de l’invention, de l’innovation, de l’imagination, du progrès et de la prospérité.
 
La conscience religieuse est essentielle pour conserver, défendre et partager l’identité, mais d’aucune manière elle ne devra être en contradiction avec les droits des minorités, de même elle ne devra pas entraver  la citoyenneté institué par le lien avec la mère patrie, sinon nous aurions contribué à la décomposition de la patrie et de son unité. La religion musulmane et ses textes sont clairs, les musulmans sont dans l’obligation absolue de respecter leurs compatriotes.
 
Les responsables de notre pays et nos religieux, n’avaient jamais assimilé le rôle, le sens et les valeurs de la religion et avaient fait de nos peuples des extrémistes, fanatiques, ignorants et violents.
Nos responsables et nos religieux avaient imposé un enseignement religieux basé sur le refus de l’autre, l’inconscience, l’ignorance de ce qui nous entoure. Ils avaient abusé des sentiments du musulman en faisant de lui le moyen pour arriver à leurs desseins politiques.
Ils nous avaient appris que la soumission à l’autorité politique est la soumission à ALLAH, toute personne qui se rebelle contre cette autorité politique devient mécréante, cette autorité politique nous a-t-on enseigné est la main d’ALLAH sur sa terre et son moyen d’agir.
 
Nos gouvernants avaient exploité la religion pour servir leurs intérêts, ils ont en fait un masque pour faire circuler leurs politiques, une source de sa légitimité, un moyen de répression, ils exploitent la religion pour légitimer leurs existences illégales et justifier leurs crimes contre notre peuple et piller nos richesses.      
 
Le pire est que nous musulmans nous refusons de voire la réalité en face, nous refusons de reconnaître que nous avons fait de notre religion l’ennemi du progrès et de la prospérité et nous attendons les ordres de l’occident «mécréant» de réformer nos études religieuses, alors que nos gouvernants et nos religieux continuent à faire de la religion un moyen de soumission absolue à la dictature
 
L’opposition politique tunisienne est priée de fixer ses rapports et relations avec la religion musulmane conformément à la logique existentielle et le lien solide unissant fortement le citoyen à sa religion, et non pas par le fait de la logique du contraste et de la contrariété.
 
De même l’opposition politique doit savoir que la violence n’est pas une obligation religieuse, mais un phénomène généré par, d’une part le régime politique dictateur afin d’assurer sa pérennité et, d’autre part, le colonialisme sauvage que certains de nos peuples musulmans vivent.
 
La lutte des partis politiques devrait être contre ceux qui font mauvais usage de la religion et pas contre la religion elle-même, le CORAN l’affirme :
 
ET AUSSI NOUS AVONS FAIT DE VOUS UNE COMMUNAUTE DE JUSTES. al
    bakara. verset 143
 
NULLE CONTRAINTE EN RELIGION. Al bakara verset 256
 
SI ALLAH AVAIT VOULU, CERTES IL AURAIT FAIT DE VOUS UNE SEULE
    COMMUNAUTE. Al maida. Verset 48
 
SI ALLAH VOULAIT, ILS NE SERAIENT POINT ASSOCIATEURS ! MAIS NOUS
  NE  T’AVONS PAS DESIGNE GARDIEN SUR EUX ET TU N’ES POINT LEUR
   GARANT. Alanem verset 107
 
-SI ALLAH, L’AVAIT VOULU, TOUS CEUX QUI SONT SUR TERRE AURAIENT
 CRU, EST-CE A TOI DE CONTRAINDRE LES GENS A DEVENIR CROYANTS ?
    Younes. Verset 99
 
ET LA PLUPART DES GENS NE SONT PAS CROYANTS MALGRES TON DESIR  
   ARDENT. youssef. verset 103
 
ET DIS «LA VERITE EMANE DE VOTRE SEIGNEUR»QUICONQUE LE VEUT,
   QU’IL CROIE ET QUICONQUE LE   VEUT QU’IL MECROIE. al kahf. Verset 29
 
Notre prophète affirme :
«Nous est étrangère toute personne appelant au sectarisme et au nervosisme, qui combat avec sectarisme et nervosisme, ou qui meurt par le sectarisme et nervosisme»
L’un de nos valeureux religieux affirme, par l’intermédiaire d’une importante chaîne TV arabe:
«Citez moi ce qui procure quiétude et réconfort à l’humanité, je vous citerai le verset coranique qui le soutien et l’appui». Ceci est vrai, tant que le CORAN affirme :
 
-CERTES NOUS AVONS HONORE LES ENFANTS D’ADAM. NOUS LES AVONS TRANSPORTES SUR TERRE ET SUR MER, LEUR AVONS ATTRIBUE NOBLESSE, DELICE ET DOUCEUR DE LA VIE, ET NOUS LES AVONS NETTEMENT PREFERES A PLUSIEURS DE NOS CREATURES. Al israa. Verset 70
 
Notre rejet, nous musulmans, de la démocratie occidentale capitaliste est dû au fait qu’elle repose sur le profit aux dépens d’autrui, sur le fait de la logique de la force aux dépens des faibles ainsi que sur le trafic des principes humanitaires et des valeurs humaines. Les guerres inhumaines, inutiles et illégales que déclarent les grandes puissances dites «démocratiques» démontrent clairement que la démocratie dont ils se vantent est imprégnée de souillures très graves. Tout le monde affirme aujourd’hui que la démocratie de busch et blair est d’un niveau encore plus bas que celle de certains pays du tiers monde.
 
Notre religion l’ISLAM impose une «démocratie» basée sur les nobles principes de l’entraide, de la coalition, du respect des droits des pauvres et des minorités. La consultation entre musulmans est un principe constitutionnel sacré pour la communauté islamique. ALLAH le tout puissant affirme :
 
-MAIS SI TU ETAIS RUDE AU CŒUR DUR ILS SE SERAIENT ENFOUIS  DE TON
   ENTOURAGE. PARDONNE LEUR DONC ET IMPLORE POUR EUX LE PARDON
   D’ALLAH ET CONSULTE LES A PROPOS DES AFFAIRES ».al imran. Verset 159
 
-SI ON VOUS FAIT UNE SALUTATION SALUEZ D’UNE FACON MEILLEURE OU
   BIEN RENDEZ LA TOUT SIMPLEMENT.   ALLAH TIENT COMPTE DE TOUT.    
              annissa verset 86
 
-ACCEPTE CE QU’ON T’OFFRE DE RAISONNABLE ET DE BON
  COMPORTEMENT DANS LES RELATIONS SOCIALES,  DEMANDE CE QUI EST
  CONVENABLE ET ELOIGNE TOI DES IGNORANTS, ET SI JAMAIS LE DIABLE
  T’INCITE A  FAIRE LE MAL A AUTRUI, REFUSE ET CHERCHE REFUGE
  AUPRES DES ORDRES D’ALLAH CAR IL ENTEND ET SAIT TOUT. al aaraf.
  Verset 199-200
 
– APPELLE LES GENS AU SENTIER D’ALLAH PAR LA SAGESSE ET LA BONNE
  EXHORTATION ET DISCUTE AVEC  EUX AVEC DOUCEUR ET SAGESSE CAR  
  C’EST ALLAH QUI CONNAIT LE MIEU CELUI QUI S’EGARE DE SON  CHEMIN
  ET C’EST LUI QUI CONNAIT LE MIEUX QUI SONT BIEN GUIDES. Annahl. Verset 125
 
-SE CONSULTENT ENTRE EUX À PROPOS DE LEURS AFFAIRES. achoura.
  verset 38
 
Les mosquées, meilleurs lieu et moyen d’information sont utilisées par notre régime politique pour faire circuler ses mensonges et redorer son image terne, pourtant il a toujours prétendu la séparation de la politique dans les lieu de culte.
 
Durant les prêches de vendredi les imams ne cessent de vanter les mérites d’un pouvoir politique qui fait de la religion son dernier souci et qui interdit l’ouverture des mosquées hors des moments de prière.
 
L’interdiction d’activité des partis politiques religieux est due à la forte crainte des pouvoirs publics des mouvements religieux qui puisent leur légalité de l’origine même du peuple et qui sont considérés comme les plus importantes organisations civiles capables d’emporter des victoires écrasantes en cas d’élections sérieuses. La monté vertigineuse de la popularité de ces mouvements religieux est spontanée, les sympathisants et responsables de ces mouvements ne cherchent pas à obtenir des avantages, un poste politique ou un prestige. Ils agissent par acquis de conscience, convictions, et devoirs humanitaire et religieux.
 
Le régime politique tunisien, autant que d’autres régimes politiques arabes, est conscient qu’en cas d’élections démocratiques  conformes aux normes internationales, les islamistes remporteraient une victoire écrasante. Les dernières élections législatives égyptiennes le confirment.
La popularité des partis politiques religieux est due, d’une part au désir humain ardent et la nostalgie que manifeste tout citoyen de retourner à ses origines arabes et sa religion musulmane qui avaient connus la gloire durant leur règne, et d’autre part, la profonde déception que ressent tout notre peuple face à la situation catastrophique générale que connaît notre pays depuis l’avènement du 7 novembre 87 ainsi que des expériences douloureuses qui lui avaient été imposées par la force depuis notre indépendance, socialisme, communisme, laïcité, capitalisme, libéralisme etc…expériences et réformes toutes échouées, notre pays est en constante dégradation allant de mal en pire. Aujourd’hui nous affirmons tous ensemble et d’une seule et même voie :
 
L’ISLAM, NOTRE RELIGION, EST NOTRE ULTIME DELIVRENCE.
 
Le citoyen tunisien a aussi perdu tout espoir dans ses partis d’opposition dits libéraux, de droite ou de gauche… ces partis ne présentent pas d’alternatives crédibles répondant à nos soucis. Ces partis politiques, tantôt «supplient» le criminel régime politique et «implorent sa pitié» pour nous accorder nos droits, tantôt font miroiter des slogans occidentaux étrangers à notre réalité, sans aucun lien avec notre train de vie quotidien et sans relation aucune avec notre société civile, ne traduisant nullement nos espoir et ne correspondant nullement à nos souci.
 
Notre opposition politique, ébloui par les réalisations scientifiques de l’occident et ses progrès technologique, présente au citoyens des projet conformes à ceux de l’occident, libéralisme, laïcité, …ignorant que l’occident définit ses programmes suites aux études scientifiques et sociales approfondies et compatibles avec la réalité et le quotidien de leurs peuples, études réalisées par une élite de spécialistes et d’experts. Nous ne pouvons pas inculquer leurs projets à nos peuples à nous, parce que ne traduisant pas notre vécu quotidien, ne présentant pas une solution à nos soucis, ne fixant pas nos priorités et nos buts, ne reposant pas sur une étude objective prenant en compte nos origines arabo-musulmanes ainsi que notre situation économique, sociale et surtout régime politique décadent.
 
Nous sommes tous éblouis par les réalisations et le progrès de l’occident mais pour y parvenir, nos programmes et nos projets doivent naître de l’utérus de la patrie elle-même. Notre programme et notre projet prioritaire sont la destitution du régime politique en l’extirpant de ses racines.
 
Il n’y a pas que l’opposition politique qui demande à nous inculquer les programmes et projet occidentaux, le régime politique inculte n’est pas allé lui non plus de main morte et avait toujours préféré nous imposer des solutions clefs en main importé de l’étranger, ignorant à son tour qu’a chaque peuple ses spécificités, à chaque peuple ses moyens d’action qu’il faudrait prendre en considération avant d’imposer toute réforme.
Bien sûr nous considérons toujours le régime politique comme le plus important handicap à tout projet futur.
 
Nous affirmons sans ambages que les expériences dites islamistes contemporaines sont désastreuses, mais les régimes politiques soudanais, talibans, libyen, yéménite et d’autres encore ne représente en rien notre valeureuse religion islamique et la Syra de notre prophète, et sont même en contradiction flagrante avec les principes de l’ISLAM.
 
L’ISLAM LIBERE LA PENSEE DES CONTRAINTES, DE L’IMITATION ET DE LA DEPENDANCE, REFUSE LA SOUMMISSION DE L’ESPRIT AU POUVOIR ABSOLU A PART LE POUVOIR DE L’ARGUMENT PEREMPTOIRE ET CONSIDERE QUE LA SCIENCE EST LE SEUL MOYEN DE REALISER LE MIRACLE ET QUE LES SCIENTIFIQUES SONT LES HERITIERS DES PROPHETES.(médecine, sociologie, atome, physique, chimie, mathématiques, espace, recherche, armement etc…)
 
Au sein de notre croyance musulmane se tissent les liens les plus solides entre la science et l’ISLAM, ALLAH le tout puissant débute sa révélation à son prophète par l’__expression « LIS », « LIS » ordre divin, « LIS » obligation religieuse, « LIS » devoir humanitaire, « LIS » pratique quotidienne moderne valable pour tous les temps et en toute circonstance. Dans ses versets coraniques ALLAH affirme :
 
-«NOUS ELEVONS EN RANG QUI NOUS VOULONS, ET AUDESSUS DE TOUT HOMME DETENANT LA SCIENCE, IL Y A UN SAVANT. » youssef. Verset 76 
 
-« ET ON NE VOUS A DONNEE DE LA SCIENCE QUE LE PEU» al israa. verset 85
 
 O peuples des démons et des humains ! si vous pouvez sortir du domaine des cieux et de la terre, faites-le.  Mais vous ne pourrez le faire qu’à l’aide du pouvoir absolue de la science » arrahmen. verset 33
 
-« ALLAH relèvera en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui auront reçu le savoir » al moujadala. verset 11
 
ALLAH le tout puissant n’a pas débuté sa révélation à son prophète par l’un des 5 piliers de l’ISLAM pourtant au sommet du sacré, la prière, l’aumône, le jeûne, le hadj et la chaada, il y a plus sacré encore au sein de notre religion : «la science», « LIS » ordonne-il à son prophète et à l’humanité toute entière! parce que’ elle nous garanti les deux paradis, celui d’ici bas, amour, paix, confort, modernisme, progrès, prospérité etc… et celui de là haut, le paradis éternel auquel nous aspirons tous.
 
Chères musulmanes, chers musulmans, jamais je ne désisterai sur mon projet de destituer le régime politique actuel tout entier, jamais je ne reviendrai dans ma décision de succéder au président ben ali. La raison en est très claire : je ne vois aucun opposant politique capable d’arracher ce régime dictateur de ses racines et en instaurer un meilleur. Je vois tous nos opposants politiques courir derrière le mirage et ils en sont  tous conscients !
 
Oui  tous nos opposants politiques savent très bien que notre chère patrie a besoin d’une nouvelle constitution garantissant tous les droits à tous les tunisiens, une nouvelle constitution imposant un réel pluralisme politique, une nouvelle constitution siégeant une réelle chambre de députés, une nouvelle constitution assurant l’indépendance des juges et une réelle séparation des 3 pouvoir.
 
Oui tous nos opposants politiques sont certains que notre patrie à besoin d’une nouvelle constitution, d’un nouveau président, d’un nouveau gouvernement, d’une nouvelle chambre de députés, de nouveaux juges, mais la peur peut être leur range le cœur et le corps, alors ils préfèrent demander un brin de réforme par ci, par là en invoquant son altesse dictatoriale d’avoir pitié et amabilité et nous accorder certains de nos droits les plus fondamentaux, et le tour est joué.
L’ISLAM nous enseigne d’aller droit au but et de combattre l’ennemi sans détour.
 
Je suis, certes, le dernier apparu sur la seine de l’opposition politique tunisienne et je ne suis même pas l’un de ses leaders, mais au moins mois je vais droit au but :
                             Je crie très haut, ce régime dictatorial doit s’en aller.
Je suis déçu de cette opposition, ne voyant aucune lueur d’espoir pointer à l’horizon, ayant été victime de juges corrompus, ayant assisté à des milliers de cas d’injustice flagrantes contre nos étudiants et travailleurs, je retrousse les manches et je me lance tête première à me battre contre le démon, contre un régime politique des plus oppresseurs au monde, ne disposant pour soutien que la parole d’ALLAH le tout puissant au quel je crois aveuglément et qui, en retour m’a soutenu jusqu’à présent et, je suis sur me soutiendra jusqu’à la victoire finale ! Jusqu’à ce que sa promesse se réalise :
 
« LA PROMESSE D’ALLAH EST UNE VERITE ». Ghafer. Verset 77
 
Encore une fois je rappelle mon programme politique une foi arrivé à la tête de l’exécutif :
Le premier point étant le plus important, c’est le pilier sur lequel sera édifié le nouveau régime politique islamique et réellement démocratique, il s’agit du PARDON ET LA RECONCILIATION NATIONALE
 
1-LE PARDON ET LA RECONCILIATION NATIONALE :    
Le saint CORAN affirme :
 
«CERTES, ALLAH LEUR A PARDONNE. CAR REELLEMENT ALLAH EST
   PARDONNEUR ET INDULGENT» AL IMRAN. VERSET 155
 
«PARDONNE-LEUR  ET IMPLORE POUR EUX LE PARDON D’ALLAH»
   .AL IMRAN. VERSET 159
 
-« ET ALLAH EST PARDONNEUR ET MISERICORDIEUX » ANNISAA VERSET 25
 
-« PARDONNEUR-LEUR ET OUBLI LEURS CRIMES, CAR ALLAH
    AIME, CERTES, LES BIENFAISANTS.AL MAIDA VERSET 13
 
-«ET SI VOUS PUNISSEZ, INFLIGER A L’AGRESSEUR UNE PUNITION EGALE
   AU TORT QU’IL VOUS A FAIT, MAIS SI VOUS PARDONNEZ ET ENDUREZ,
   CECI EST, CERTES, BIEN MEILLEUR POUR VOUS » ANNAHL. VERSET 126
 
-« ALLAH PARDONNE TOUS LES PECHES, OUI C’EST LUI LE PARDONNEUR,
   LE TRES MISERICORDIEUX »AZZOUMAR VERSET 53
 
Le pardon et la réconciliation nationale est le plus important pilier sur lequel nous élèverons notre nouveau régime politique islamique, démocratique, moderne traitant toutes les formations politiques sur le même pieds d’égalité et accordons aux ONG leurs droits, budget annuel, moyen d’information, auditoire etc…régime politique répondant parfaitement aux exigences du modernise et du progrès.
Jamais nous ne pourrons instaurer un régime politique moderne ni non plus un Etat de droits et des institutions tant qu’une seule graine de haine ou de mépris nous range le cœur.
Le pardon assure sûreté et sécurité, la réconciliation nationale assure la paix et la quiétude au sein de notre société civile.
Règlement de compte et vengeance ne nous rendront pas nos morts, n’effaceront pas les séquelles de la torture, au contraire, ils développeront le sentiment de peur et la perte d’espoir chez nos enfants, développeront le sentiment de haine et de mépris et nous mèneront droit vers le pire, vers la destruction de notre chère patrie, nous connaîtrions un autre «DARFOUR », nous connaîtrions la famine, la misère, l’ignorance etc…
Et nous ne quitterons jamais le cercle vicieux de la violence et de la contre violence pour des décennies lointaines.
Nous réhabiliterons chaque victime dans ses droits, nous assurerons toutes formes de compensations morales et matérielles à tous ceux qui avaient souffert sous le règne de bourguiba et ben ali , au besoin nous demanderions l’aide des pays frères et amis,
Il est vrai que l’actuel régime politique abuse de nos droits tous les jours que certains membres des gouvernements dont plusieurs ministres de l’intérieurs (dont l’arriviste abdallah kallel)avaient ordonné sinon participé directement aux meurtres sous la torture. Il est vrai que ministres, députés, et tous les hauts responsables volent l’argent du peuple, encouragent la corruption, il est vrai que nos juges touchent des pots de vin (j’en suis personnellement victime) et sont à la solde de la dictature,
MAIS DE DEUX CHOSES L’UNE, OUBIEN NOUS TOURNONS LA PAGE SALE DU PASSE POUR CONSTRUIRE ENSEMBLE UN LENDEMAIN MEILLEUR, OUBIEN NOUS CONTINUERONT SUR LA MEME LIGNE DE CONDUITE TRACEE PAR LES CRIMINELS BEN ALI, GANZOUI, KALLEL  ET LES AUTRES,  ET NOUS SERONS PIRE CRIMINELS QU’EUX, NOUS TUERONS SOUS LA TORTURE, NOUS EMPRISONNERONS POUR UN OUI OU POUR UN NON,  NOUS DILAPIDERONS ENCORE DAVANTAGE LES DENIERS PUBLICS, NOUS INTERDIRONS, NOUS IMPOSERONS, NOUS FAVORISERONS LA CORRUPTIONS…
 
Je pense que tout «HUMAIN» pencherait pour la première hypothèse.
Tous les pays du monde avaient connu des régimes politiques plus ou moins dictateurs que le notre, une fois l’élite démocratique arrivée au pouvoir, priorité absolu avait été donné au programme de développement, à la sécurité, aux projets économiques, aux progrès et à la prospérité laissant de coté les chamailleries femelles de nos vielles grandes mères.
 
Le régime de l’ «apartheid» de l’Afrique du sud était le pire que l’humanité avait connu, mais à peine les noirs arrivés aux pouvoirs, une nouvelle page est ouverte, noirs et blancs se sont donné l’accolade et, la main dans la main, ils se sont mis à bâtir un avenir meilleur pour les générations futures.
Grand nombre d’autres pays au monde avaient connu pire que nous tunisiens avions connus et connaissant encore, avec la chute des pouvoirs dictateurs, les peuples avaient tous été unanimes : passons l’éponge et aspirons à des jours meilleurs, le devoir religieux, le devoir national, le devoir humanitaire l’exigent ! À quoi sert de courir d’un tribunal à l’autre, d’un poste de police à l’autre, d’une prison à l’autre, d’un hôpital à l’autre et d’un cimetière à l’autre ?  À part assouvir son instinct animal de haine et de mépris.
 
2-l’INSTITUTION D’UNE NOUVELLE CONSTITUTION ET LA PROMULGATION
   DE NOUVEAUX TEXTES JURIDIQUES IMPOSANT UNE REELLE PRATIQUE
   DEMOCRATIQUE DONT :
-1-interdiction à toute formation politique de s’approprier à elle seule les reines du
     pouvoir et en finir une bonne fois pour toute du parti unique.
-2-garantir la participation de toutes les formations politiques même, et surtout,
    minoritaires au sein de tout gouvernement, toute chambre de députés, toute
    chambre de conseiller, ainsi qu’aux institutions nationales.
-3-instituer un régime islamique, parlementaire et républicain.
-4-fixer les prérogatives du président et ceux du premier ministre dans le cadre de la  
    nouvelle République parlementaire.
-5-préparer de nouvelles élections parlementaires et présidentielles anticipées.
-6-fixer le mandat présidentiel à 4 ans seulement sans possibilité de renouvellement
     pour une durée de 20 ans.
-7-lever toute sorte d’immunités présidentielles, parlementaires, judiciaire ou autres
    de façon à ce que chacun assume pleinement ses responsabilités devant la loi.
-8-imposer une réelle séparation des 3 pouvoirs
-9-réformer la justice et assurer son indépendance.
 
Enfin je voudrai fort remercier tous mes amis qui ne cessent de me contacter par mobile et e-mail, je comprends le fait qu’ils préfèrent garder l’anonymat,
 
 
TAIEB SMATI
SECRETAIRE GENERAL FONDATEUR
DU PARTI ISLAMI TUNISIEN
 

 *) TEXTE ENVOYÉ À TUNISNEWS AVEC L´ARTICLE  » Tunisnews me boude »  DANS LE MEME MAIL LE 23 JANVIER 2006 )


Les médias audiovisuels français et les causes arabes

Ahmed Seghaier (*)   En tant que spectateur habitué des chaînes de télévisions françaises, notamment France 2, Tf1, france3, la 5ème et tv5, je voulais attirer l’attention de public et celui des gens qui travaillent dans les medias audiovisuelles françaises sur les questions suivantes :   Depuis plusieurs années et plus précisément quand j’ai commencé à m’intéresser aux questions politiques nationales et internationales, j’ai appris, petit a petit, à regarder l’émission hebdomadaire documentaire « envoyé spécial » sur France 2 dans lequel on traite des questions politiques et des autres sujets de différentes natures suivies par des commentaires de certains spécialistes ou/et journalistes souvent auteurs des présents documentaires.   La première chose qui m’a frappé dans l’approche des medias françaises, notamment France 2, c’est la façon dans laquelle on aborde les sujets et les questions relatives aux peuples arabes. J’ai remarqué dès le début qu’à cet égard on s’éloigne de la réalité, de la vérité, de professionnalisme et de l’objectivité et qu’on change complètement l’attitude toutes les fois où il s’agit d’un sujet arabe ou musulman.   Avec le temps, surtout après quelques années de mon séjour à Genève en suisse, j’ai commencé à regarder les autres chaînes de télévisions suissesses, allemandes, anglaises et autres et j’ai constaté qu’il s’agisse en réalité d’un grand écart entre l’approche de ces dernières (chaînes de télévisions suisses, allemandes et anglaises) et l’approche des medias françaises concernant certains sujets en liaison avec des questions et causes arabes. Les chaînes françaises notamment France 2 se dispose d’un degré très bas de professionnalisme, de conscience et d’objectivité quand elles débattent ou exposent certains sujets arabes.   A titre d’exemple, durant la guerre civile algérienne les chaînes de télévisions françaises n’avaient qu’un seul but celui de la diabolisation et la criminalisation des islamistes algériens. On les présenter tout simplement comme des terroristes, des sauvages et des barbares qui  adorent tuer les enfants et les innocents et verse les sangs des infidèles. Sans parler des vraies causes de la violence politique en Algérie ni de monter l’autre moitié de la réalité qui était les crimes des groupes armées attachés à l’armée algérienne et soutenus par la France par tous les moyens. La France qui n’était jamais à l’écart de ce qui se passe en Algérie depuis 200 ans.   Le deuxième exemple qui peut illustrer bien cette approche française c’est le conflit israélo-palestinien. Les journalistes, les émissions télévisées et les journaux télévisés en France ne se satisfont  pas de fait de traiter la victime et l’occupant raciste et criminel de la même façon mais ils  essayent aussi de toujours montrer le palestinien comme un barbare, suicidaire, arriéré, non éduqué et réactionnel contre un israélien pro-occidental moderne, civilisé qui mène un noble combat pour la création et le développement d’une jeune et belle nation entourée par tous les coins par des voisins barbares moyenâgeux.   Le dernier exemple sera celui de ce qu’on les appelle « les arabes de la France ». En effet, les  émeutes des jeunes français des banlieues parisiennes issus de l’immigration durant la fin de mois de novembre et le début de décembre 2005 ont prouvé, malgré toutes les autres interprétations simplistes, policières et sécuritaires de Sarkozy et Cie, l’échec claire et incontestable de modèle français d’intégration. Les medias françaises, notamment les medias audiovisuelles, ont contribué d’une manière très décisive dans la segmentation de la société française, la marginalisation et la dévalorisation de l’immigré surtout quand il s’agit des immigrés magrébins.   L’arabe qui habite en France n’est pas considéré comme un citoyen français, même si il est né en France, qu’il soit porteur d’une carte d’identité nationale française, qu’il ne parle pas l’arabe et qu’il n’était jamais au bled. L’image que les medias françaises ont toujours essayé de sculpter et de graver successivement dans les esprits et sur les  mémoires des « français de souches » sur l’immigré magrébin est celui de l’arabe anarchiste, non ou mal éduqué, délinquant, sale, impoli, profiteur, potentiellement terroriste et sans moralité. Les medias n’avaient pas de travail que de semer la méfiance et la phobie contre tout ce qui est islam et arabe. C’est une longue histoire de diabolisation et de dévalorisation de cet autre, cet arabe sauvage qui nous empoisonne la vie et l’air. C’était pratiquement ça la production et l’industrie des medias françaises à travers plusieurs décennies. Semer et diffuser la haine, la peur et la méfiance contre les « arabes de la France ».       Toutefois, il n’est pas question maintenant de prétendre que cela était comme ça et que les jeunes qui ont brûlé les voitures, les écoles, les stations de bus et les autres institutions étaient tout simplement des délinquants, des voyous et criminels, comme il a essayé de nous faire comprendre naïvement monsieur Nicolas Sarkozy sur la tf1 juste après le déclenchement de la révolte de la jeunesse marginalisé des banlieues. À cet égard monsieur Sarkozy qui tient depuis quelques années un discours idéologisé, populariste, simpliste doit changer d’attitude avant qu’il soit tard. On avait l’impression qu’on est devant un simple « flic » et non pas devant un ministre qui espère devenir président de la république française.     Pour conclure, je vais dire qu’il est temps que la France sorte de sa vision ethnocentriste très limitée, de se réconcilier avec elle-même et avec les différentes composantes de la société françaises et de se renoncer à son ancien et actuel modèle d’intégration qui a prouvé ses limites et son échec sur toutes les dimensions de la vie à l’exception de l’activité sportive peut-être, notamment le football.   Monsieur Sarkozy, les décideurs français et les medias françaises doivent faire la distinction et la différence entre l’intégration et l’assimilation. Pour s’intégrer, « l’autre » ne doit pas, et il le ne faut pas d’ailleurs, renoncer à toutes ses spécificités éthiques, linguistiques, culturelles et religieuses. La France doit désormais adopter une politique sociale, économique et culturelle ouverte qui coupe avec son histoire comme un pays colonisateur et impériale car l’histoire a beaucoup évolué et la France d’aujourd’hui n’est plus la France d’hier.   L’histoire coloniale, la politique poste-coloniale de la France envers les pays indépendants, la valorisation de l’occupation, le refus de la reconnaissance des massacres et des crimes commis contre les peuples colonisés, notamment en Algérie, et la dévalorisation de l’autre dans tous ces dimensions, surtout quand il s’agit de l’arabe et de musulman (au sens culturel de termes), ne font qu’aggraver les choses et la France risque de s’exploser de l’intérieur.   On est à la présence d’une crise d’un Etat et d’une république à la fois qui a échoué à digérer et à absorber ses différences et ses diversités. La militarisation des institutions de l’Etat à travers les différentes lois et mesures et les solutions de nature policières et sécuritaires vont amener à la détérioration des droits humains en France et à catégoriser la  république française dans le rang des Etats policiers du tiers-monde comme ses ex colons.   Peut-être que la solution réside dans la généraliser l’exemple de l’équipe nationale française de foot sur tous les autres domaines de vie des français afin de refléter vraiment la diversité et la richesse de la société française.   La France peut aussi s’inspirer, si elle veut, de l’exemple britannique d’intégration où les britanniques d’origine étrangère ne sont obligés de se raser tous les jours pour   travailler dans les appareils de l’Etat comme des fonctionnaires publics et les femmes ne sont pas non plus contraintes de se dévoiler pour étudier ou occuper des postes importants dans les différents services de l’Etat.   (*) Chercheur tunisien domicilié à Genève en Suisse 23 janvier 2006  


Élections législatives palestiniennes

Une chaude lutte en perspective

 

Taïeb Moalla L’auteur est journaliste indépendant et analyste de la situation au Moyen-Orient.   Le 25 janvier, des élections législatives auront lieu dans les territoires occupés palestiniens. Quelque 1,3 million d’électeurs, en Cisjordanie et à Gaza, sont appelés à désigner les 132 membres du prochain Conseil législatif palestinien (CLP). Une chaude lutte oppose le parti au pouvoir, le Fatah, au Mouvement de la résistance islamique, le Hamas. Du côté de la communauté internationale, l’hypocrisie est toujours de mise. Les États-Unis et l’Union européenne conditionnent leur appui politique et leur aide économique à une hypothétique victoire du Fatah. Comme si les Palestiniens n’étaient pas assez mûrs pour choisir librement leurs représentants.   Le vote de mercredi est de nature mixte, mélangeant un scrutin à la proportionnelle et un autre par circonscriptions. Ainsi, chacun des votants devra glisser deux bulletins dans l’urne. Le premier bulletin désignera une des 11 listes en compétition. Le second servira à choisir un candidat de la circonscription électorale, à titre individuel. Six sièges sont réservés à la minorité chrétienne et un nombre minimal de candidatures féminines est exigé pour chacune des listes.   Ces derniers jours, les différents sondages réalisés par les instituts de recherche palestiniens indiquent que le Fatah et le Hamas sont au coude à coude. Le parti au pouvoir est crédité de 35 à 42 % des votes, alors que le mouvement islamiste disposerait de 26 à 35 % de voix. Faute de majorité absolue pour l’une ou l’autre des formations, la liste de gauche conduite par Moustapha Barghouti (19,48 % lors des élections présidentielles de janvier 2005) pourrait devenir incontournable pour la constitution d’un gouvernement de coalition.   La transformation du Hamas   Contrairement aux législatives de 1996 et aux scrutins présidentiels de 1996 et de 2005, le Hamas participera à ces élections. Opposé au processus de paix, initié à Oslo au début des années 90, le Mouvement islamiste avait toujours prôné le boycott.   La recherche de la reconnaissance internationale, la popularité du Mouvement depuis le déclenchement de la deuxième Intifada et la terrible répression exercée par l’armée israélienne sont autant de raisons qui peuvent expliquer ce choix. Conscients que l’opposition éternelle à l’Autorité palestinienne est une option stérile, les dirigeants du Hamas sont tentés par le jeu démocratique.   Le Mouvement sait qu’il peut compter sur un fort appui à Gaza, où une majorité d’habitants sont convaincus que l’évacuation des colons israéliens, à l’été 2005, fut la conséquence directe de la résistance armée, incarnée par les islamistes. Même si personne au sein de la formation ne l’admet ouvertement, la disproportion des forces entre la puissante machine militaire israélienne et les moyens dérisoires du Hamas a achevé de convaincre ce dernier que la solution passait par la politique et non par les armes.   Notons que cette participation inédite oblige les candidats islamistes à certaines contorsions. La référence à la destruction d’Israël, qui figure dans la charte du Hamas, n’a pas été reprise dans les discours électoraux. D’éventuels pourparlers avec l’État hébreu ont été évoqués. Alors que la tête de liste nationale, Ismaïl Haniyeh, assurait que « la négociation avec l’ennemi sioniste (n’est) pas sur le programme (du Hamas) », son colistier Mohammed Abou Tir indiquait, au journal israélien Ha’aretz, que le Hamas « négociera avec Israël », advenant son entrée au CLP.   D’aucuns accusent le Hamas d’adopter un double langage selon la clientèle visée. Un discours pragmatique destiné à la communauté internationale et un autre plus dogmatique pour la consommation interne. En réalité, la proposition de négociation n’est pas nouvelle. Cheikh Ahmed Yassine – le chef spirituel du Mouvement, assassiné par l’armée israélienne en mars 2004 – n’avait-il pas proposé une « trêve de 30 ans », dès 1997 ?   Le Fatah en proie aux dissensions   Du côté du Fatah, le tableau est peu reluisant. Le parti n’a pu présenter une liste unifiée qu’à la dernière minute. La lutte ayant opposé la jeune et la vieille garde du parti a tourné à l’avantage des premiers. C’est Marwan Barghouti – condamné à perpétuité et emprisonné dans les geôles israéliennes – qui conduira la liste. Une éventuelle victoire du Fatah remettrait sur le devant de la scène la question de la libération du très populaire Barghouti.   Ceci dit, l’Autorité palestinienne et le Fatah, qui lui est fortement associé, traînent une image de corruption financière et d’échec dans les négociations de paix. Le contraste avec la réputation de probité des leaders du Hamas pourrait produire un vote-sanction.   Entre-temps, le chaos sécuritaire prend des proportions inquiétantes. Des bandes armées, vaguement associées au Fatah, sèment la terreur à Gaza. Des rapts de journalistes et de militants étrangers ont eu lieu ces dernières semaines, donnant une image détestable de la cause palestinienne.   Une démocratie naissante   Ces élections devraient confirmer la vitalité de la vie politique palestinienne. Selon les sondages, la participation pourrait se situer autour de 80 %, un taux qu’envieraient les vieilles démocraties occidentales.   Il faut également mettre au crédit de Mahmoud Abbas son acharnement en vue de s’assurer de la participation du Hamas au processus électoral. Le président palestinien s’est mis à dos une partie de la communauté internationale pour garantir la présence de ses farouches opposants. Dans le monde arabe et musulman, cette exception palestinienne mérite d’être saluée.   Même si cette échéance est importante pour la reprise d’un processus de paix moribond, il convient d’en relativiser la portée.   D’un côté, le régime politique palestinien est présidentiel. S’il est admis que M. Abbas ne pourra pas ignorer les recommandations du CLP, comme le faisait régulièrement son prédécesseur Yasser Arafat, tout le monde sait que le dernier mot appartient au pouvoir exécutif. D’un autre côté, la reprise des négociations dépend aussi des Israéliens qui s’apprêtent à désigner un nouveau Parlement, le 28 mars prochain.   Finalement, la communauté internationale aurait avantage à arrêter ses tentatives contre-productives visant à influencer le vote libre des Palestiniens. Elle serait mieux inspirée si elle contraignait Israël pour qu’il cesse son occupation militaire et si elle offrait aux Palestiniens des perspectives économiques viables. C’est la condition sine qua non pour en arriver à une paix juste dans la région.   (Source : « Le Soleil » (Québec), Opinions, lundi 23 janvier 2006, p. A17) 

 
EDITION  

Hédi Nouira : Itinéraire d’un Intellectuel Militant et Homme d’Etat

 

Auteur : Ahmed Khaled Editeur : Editions Zakharef ISBN : 9973-112-03-2 Description : Bilingue; 704 pages Prix : 25,000 DT   Résumé: Cette radioscopie est un document essentiel pour l’étude et la connaissance de Hédi Nouira. Elle renferme des éléments autobiographiques et des confessions mis à profit dans ce livre.   Cependant, un élément d’information mérite encore d’être souligné dans le profil de Hédi Nouira, grand pilier du parti libérateur, le Néo-Destour, devenu parti de Gouvernement après avoir mené tout seul, c à d parti fondateur du Nouvel Etat et de la société moderne.   Economiste social libéral, Hédi Nouira émet des réserves sur le libéralisme politique lorsqu’il s’agit d’un pays en voie de développement.   Il considère, alors, le multipartisme comme un handicap qui provoque des querelles politiques et entrave le développement. Selon ses propres déclarations, en novembre 1975, Hédi Nouira justifie sa position comme suit : « La Tunisie est un pays en voie de développement. Elle a besoin de toute son énergie, de toutes ses forces pour sortir du sous-développement. Les querelles politiques pourraient venir, sans dommage lorsque la Tunisie aura acquis un standing tel qu’elle puisse se permettre une diversification de formations politiques. »   Ce discours est dépassé dans la conjoncture actuelle d’un monde inquiet à la recherche d’un équilibre libéral aussi bien en économie qu’en politique. C’est le maillon faible de la décennie de Hédi Nouira. Le libéralisme politique est une école et un apprentissage de tous les jours.   (Source : le site de l’éditeur : www.univers-livre.com visité le 21 janvier 2006)

  “Hédi Nouira, itinéraire d’un intellectuel militant et homme d’Etat”, par Ahmed Khaled :

Un destin hors du commun

Ali Ben Samir   Hédi Nouira est incontestablement l’une des personnalités les plus importantes de l’histoire du Néo-Destour, du Mouvement de libération nationale et de la Tunisie indépendante. Son apport, à ces différentes étapes, fut déterminant.   Cependant l’homme et le militant étaient relativement méconnus et, à part quelques articles – dont la plupart étaient de circonstance – aucune étude ne lui a été consacrée. Ce vide est dorénavant comblé par la publication du livre d’Ahmed Khaled : “Hédi Nouira. Itinéraire d’un intellectuel militant et homme d’Etat ”.   Ahmed Khaled, agrégé de langue et de littérature arabes, a occupé plusieurs postes au sein de l’Administration et de la Diplomatie tunisienne. On lui doit plusieurs articles, notamment dans la Revue Al Fikr, et de nombreux ouvrages dont “Tahar Haddad et le milieu tunisien”, “Personnalités et courants”, “Abd El Aziz Thaalbi et la problématique de sa pensée politique”, “Documents secrets du 2ème Bureau : Tunisie – Maghreb dans la conjoncture de pré-guerre”. Son livre sur Hédi Nouira s’inscrit dans la ligne de ses préoccupations intellectuelles et historiques.   Des question en suspens   Fort de près de sept cents pages, le livre se compose de deux parties. La première, en français, est en fait un résumé de la seconde partie, plus volumineuse, en langue arabe. Le premier mérite d’Ahmed Khaled est d’offrir au lecteur, non seulement une biographie, complète et détaillée, de Hédi Nouira, mais également une analyse de sa formation et de son évolution intellectuelles et politiques et un tableau de la vie culturelle, idéologique et politique de l’époque dans le Sahel— à Monastir où Hédi Nouira est né le 6 avril 1911 et à Sousse où il passa les premières années de sa jeunesse— et dans le reste du pays.   En plus de l’éclairage qu’il apporte sur la vie et l’œuvre de Hédi Nouira, il nous permet d’avoir une idée complète sur l’histoire des idées dans la Tunisie contemporaine et enrichit le débat sur les différends qui ont existé parmi certains dirigeants du Néo-Destour et ont même menacé l’unité et la cohésion du Parti, dont notamment les rapports tendus et parfois conflictuels entre Salah Ben Youssef et Hédi Nouira, que Ahmed Khaled analyse de façon qui n’est pas toujours objective et qui tombe parfois dans le parti pris en faveur de Nouira. Le livre a également le mérite d’ouvrir le débat sur les positions de Habib Thameur face à la présence des forces allemandes en Tunisie et, de manière plus générale à l’égard du nazisme. Certains historiens sont allés jusqu’à le considérer comme un agent de Berlin aux côtés de Amine Husseini, le Mufti de Palestine. L’approche d’Ahmed Khaled est une approche critique qui pose des questions sur les véritables motivations de Thameur et apporte des réponses qui éclairent mieux ces évènements qui ont fait l’objet de thèses contradictoires.   La rencontre   Dans la présentation générale de son livre, Ahmed Khaled écrit : “Ce livre relate, dans sa version arabe détaillée en sept chapitres, les différentes péripéties de la vie et de l’action de Hédi Nouira (1911-1993), figure charismatique de grande envergure, aux multiples facettes. S’agissant d’une personnalité aussi forte, il n’est pas aisé de la cerner. Parfois et pour certains analystes, elle demeure inaccessible, insondable et secrète.   Dans mon analyse, je m’intéresse tant à l’homme, à son action ou ses prises de position, dans une situation donnée ou à un moment fatidique, qu’à l’intellectuel et au Chevalier de la plume, “au Combattant de la Liberté de son peuple et à l’homme d’Etat”.   La tâche n’est évidemment pas aisée, mais Ahmed Khaled s’en est acquitté avec bonheur. Après la lecture de son livre, on connaît mieux Hédi Nouira, son action de militant, ses idées, son œuvre de Premier ministre et les débats qui ont animé l‘histoire du Néo-Destour et de la Tunisie.   Cependant, quelques points d’histoire et leur évaluation par l’auteur appellent à notre sens des remarques.   Ahmed Khaled voue une grande admiration à Hédi Nouira et il ne le cache pas. Il l’a connu depuis qu’il était élève au Lycée de Sousse, de façon indirecte, à travers ce qu’il entendait dire de lui et ses écrits dans Mission. En 1968 eut lieu le premier contact : Hédi Nouira, à l’époque Gouverneur de la Banque Centrale et dirigeant du Destour – rebaptisé P.S.D. au Congrès de Bizerte de 1964—assiste à une conférence donnée par Ahmed Khaled sur Rajeh Ibrahim et Salem Ben Hamida, ce dernier étant le beau-père de Hédi Nouira. Ahmed Khaled effectue un bref passage au cabinet de Nouira, alors Premier ministre. Il explique qu’il a quitté le Cabinet parce qu’il voulait se consacrer à l’écriture et à la culture… Les deux hommes se sont par la suite rencontrés à l’occasion de réunions de commissions du P.S.D., de séminaires et aussi dans un cadre informel. Tout cela crée des liens dont on trouve l’_expression dans le livre. Certes, Hédi Nouira n’a nullement usurpé ses grandes qualités de militant, de dirigeant, de journaliste politique et d’homme d’Etat, mais il ne faudrait pas que l’admiration que l’on peut lui porter – et il en est digne – interfère dans l’évaluation de certains épisodes de l’histoire de notre pays, surtout quand on veut faire œuvre d’historien.   Le syndicaliste   Le premier point concerne le Congrès de la C.G.T.T du 29 janvier 1938, qui a élu Hédi Nouira Secrétaire général du syndicat. Cet épisode est analysé par l’auteur dans la partie arabe, mettant en valeur le rôle joué par Hédi Nouira.   Dans la version française, il aborde de façon succincte le congrès de la C.G.T.T : “Je présente, au chapitre IV, le syndicaliste Hédi Nouira, conceptuel et combatif sur le terrain au sein de la C.G.T.T renaissante avec Belgacem Guennaoui (1937-1938) personnage simple, sans niveau d’instruction appréciable et Secrétaire général du syndicat des arabatiers de Tunis, qu’il écarta pour ramener la nouvelle Centrale syndicale dans le sillon de la lutte nationale ”. Nous passerons sur le niveau d’instruction de Guennaoui et sa qualité de Secrétaire général du syndicat des arabatiers, soulignés par l’auteur comme si c’était pour faire mieux ressortir la différence de niveau avec Nouira. Il faudrait cependant rappeler que Belgacem Guennaoui fut l’un des compagnons les plus courageux de Bourguiba à Borj Leboeuf et que son engagement destourien ne s’est jamais démenti, même si le syndicaliste en lui a manifesté des vélléités d’indépendance— ce qui n’était pas pour plaire à Bourguiba.   Pour comprendre cet épisode du passage de Hédi Nouira à la tête de la C.G.T.T, il convient de le situer dans le cadre des choix de Bourguiba et du Néo- Destour en la matière. Le Chef du Parti a, depuis bien longtemps, manifesté sa volonté de donner au Destour une base populaire et ouvrière, pour deux objectifs. D’abord, parce qu’il croyait, et Nouira partageait cette conviction, que le Parti, dans ses combats futurs contre la France, ne pouvait pas compter seulement sur les élites et aussi parce qu’il voulait, par le développement d’un syndicat national étroitement lié au Néo Destour, contrecarrer l’influence grandissante des socialistes et des communistes parmi les ouvriers tunisiens. L’expérience Guennaoui ne s’avéra pas concluante, non pas parce que “son niveau d’instruction n’était pas appréciable” ni parce que c’était un “personnage simple”, mais en raison des réserves, voire du refus, de Guennaoui de se soumettre aux directives du Parti.   Pourquoi Hédi Nouira et pas un autre compagnon de Bourguiba ? Le Chef du Néo-Destour a choisi Nouira parce qu’il avait besoin d’un homme de confiance pour cette mission et que ce dernier répondait à cette condition, essentielle aux yeux de Bourguiba. Ce n’était donc pas seulement un choix personnel de Nouira, mais une décision de Bourguiba qu’il a su couvrir, comme à son habitude, par l’accord de la direction du Parti. Hédi Nouira ne semble pas, selon le témoignage de Slimane Ben Slimane, cité par Ahmed Khaled, avoir accepté cette mission avec enthousiasme. Ben Slimane écrit dans ses “Souvenirs politiques” , cité par l’auteur : “Nous avions mis, à côté de Guennaoui, Hédi Nouira pour l’aider efficacement. Un jour que je rendais visite à Nouira au local de la C.G.T.T à Bab Benat, ce dernier me reçut avec colère, me reprochant de l’avoir chargé de ce travail ”.   Le Congrès de la C.G.T.T est présenté comme une action de rectification du mouvement syndical national naissant. Il le fut effectivement dans la mesure où il visait à intégrer le syndicat dans la lutte pour l’indépendance mais il ne faut cependant pas occulter les conditions dans lesquelles ce congrès a eu lieu et qui étaient aux limites de la légalité.   La démission   Le second point qui appelle quelques remarques est la démission de Hédi Nouira, le 5 mars 1954, de ses fonctions de secrétaire général adjoint du Néo- Destour. Ahmed Khaled la qualifie de “démission de la responsabilité administrative du Parti” . Quand on occupe des responsabilités aussi importantes dans un parti politique engagé dans une guerre de libération, un tel geste n’est pas “administratif” . Il est éminent politique. Ahmed Khaled analyse les conditions personnelles propres à Hédi Nouira et celles plus objectives en rapport avec les relations entre les dirigeants destouriens, essentiellement la direction de Tunis dirigée par Nouira et les dirigeants de l’extérieur ( Ben Youssef, Ladgham et à un moindre degré Belhouane). Cette analyse permet une meilleure compréhension de la décision de Nouira, mais on a le sentiment que l’auteur cherche plutôt à justifier qu’à analyser alors que cette démission, entretenue et utilisée pendant des années par ses adversaires politiques a, en quelque sorte handicapé Hédi Nouira dans de nombreux milieux destouriens.   Le libéral   Le discours de Carthage, du 31 juillet 1954, de Pierre Mendes- France ouvre une nouvelle étape dans l’histoire de la Tunisie, qui sera marquée par les accords de l’autonomie interne, la scission youssefiste puis l’indépendance du pays. Ce fut aussi pour Hédi Nouira le commencement d’une longue période où il assumera des responsabilités qui le conduiront jusqu’au Premier ministère et au Secrétariat général du Parti socialiste destourien.   Pendant près d’une décennie, il sera le second de Bourguiba et son successeur désigné. Consécration, somme toute, logique d’une carrière et d’une fidélité aux idées du Président du Parti.   Cette période fait l’objet de la deuxième partie du livre d’Ahmed Khaled. Il l’analyse dans le même esprit et la même approche qu’il a choisis dans la première partie.   Nous retiendrons, de cette seconde étape de la vie de Hédi Nouira, deux points qui nous semblent significatifs de l’évolution politique, idéologique et économique de la Tunisie indépendante.   Ministre des Finances, Hédi Nouira joua un rôle fondamental dans la tunisification de ce secteur vital, notamment par la création de la Banque Centrale, à laquelle il imprima un esprit qui lui a valu d’être l’une des institutions les plus performantes, non seulement en Tunisie mais également en Afrique et dans le Monde arabe. En entrant au gouvernement, Nouira était connu pour ses choix libéraux en matière économique ; il en réalisa quelques-uns, dont celui d’avoir équilibré le budget. Ces options ne semblaient cependant pas correspondre aux défis de la situation économique et sociale du pays et surtout ne répondaient pas à la conception que se faisait Bourguiba du rôle de l’Etat comme élément essentiel de l’action économique et sociale. Très tôt, une autre politique fut choisie ; son maître d’œuvre était Ahmed Ben Salah, dont les idées étaient aux antipodes de celles de Hédi Nouira. Bourguiba cautionna de tout son poids cette nouvelle politique.   Ahmed Khaled analyse la position de Nouira au cours de cette période, le présentant comme le porte-parole d’une approche différente du développement. Pour étayer cette thèse, il cite les éditoriaux qu’il a écrits pour L’Action en 1965 et ceux d’Ahmed Ben Salah dans le même journal. Parlant des éditoriaux de Nouira, Ahmed Khaled écrit : “ Hédi Nouira contredisait Ahmed Ben Salah sans le nommer et sans faire allusion directe à ses écrits, chiffres et données statistiques à l’appui de sa thèse libérale. Ben Salah, pour sa part, lui répliquait, sans également le nommer, versant plutôt dans l’apologie de la politique économique officielle, qui était également la sienne, en l’occurrence, puisqu’il en était l’idéologue et le principal exécutant ”.   La lecture des éditoriaux de Nouira ne fait pas apparaître une contestation frontale de la politique de l’époque, mais un rappel des règles de l’orthodoxie financière et de la prudence en matière économique. Hédi Nouira ne pouvait pas être favorable à une politique dirigiste et socialiste, mais il n’a jamais pris position publiquement contre cette politique ; peut-être dans des réunions à la Banque Centrale a-t-il manifesté son désaccord, mais il n’en a pas fait état dans un discours ou dans une réunion publique.   Et même lors de la célèbre et houleuse réunion du Comité Central de janvier 1968, ce ne sont pas les interventions de Nouira qui ont porté les critiques les plus dures à la politique de Ben Salah et, faut-il le préciser, de Bourguiba.   Pourquoi Hédi Nouira— tout comme d’autres dirigeants qui partageaient ses idées mais ne les exprimaient pas— s’est- il tu ? Etait-ce par discipline ? Pour ne pas contrarier Bourguiba ou pour éviter un conflit ouvert au sein du régime ? Autant de questions que le livre ne pose pas.   L’homme d’Etat   Le second point que nous retiendrons des années Nouira est relatif au Congrès du P.S.D d’octobre 1971 (et non octobre 1970, comme l’écrit Ahmed Khaled à la page 387 de la partie arabe). Ce point n’est pas analysé à sa juste valeur, pourtant ce Congrès a été capital dans la vie de Nouira et dans l’évolution de la Tunisie. De par sa culture, son passé et ses choix, Hédi Nouira ne pouvait pas être un partisan des méthodes “dures” dans la gestion de la vie politique, et pourtant il sera conduit, après le Congrès de Monastir, à mener une politique contraire à ses conceptions et qui aura les conséquences que l’on connaît. Il n’était pas le seul responsable et il convient de souligner la responsabilité de ceux qui, par leur entêtement à vouloir contrer Bourguiba, ont fini par faire de Nouira, qui devait tout à Bourguiba à Monastir (le Président du P.S.D est passé maître dans l’art de faire de ses collaborateurs des hommes qui lui étaient redevables de tout), le chef du groupe de ceux auxquels ne le liait aucune affinité intellectuelle et qui étaient opposés à la démocratisation de la vie politique au sein du Parti.   Cet épisode méritait à notre sens, plus d’intérêt de la part de l’auteur.   En conclusion, Ahmed Khaled “a fait œuvre utile en nous faisant mieux connaître la vie d’un homme qui a été l’un des plus importants de l’histoire contemporaine de notre pays et de nombreuses pages d’un passé que beaucoup de Tunisiens, et notamment les jeunes”, connaissent peu ou pas du tout.    Bonnes feuilles   Lettre adressée par Hédi Nouira à Habib Bourguiba   Cachan, le 23 Novembre 1936   Très cher Habib,   Sitôt que j’ai reçu votre lettre, j’ai fait les démarches nécessaires en quête d’une agence d’information qui permettrait à notre journal de tenir une rubrique sérieuse sur les pays du Proche- Orient ; en voici les résultats.   Il n’existe pas à Paris une agence d’information orientale ; seuls quelques journaux de Syrie, d’Egypte et d’Irak ont un correspondant à Paris chargé de leur communiquer des papiers sur les évènements les plus saillants de France ; de même qu’il n’est pas à la connaissance des légations qu’il existe à Paris un organisme chargé d’informer l’opinion sur les évènements des pays d’Orient. Al Ahram lui- même ne dispose pas d’un pareil service. Aussi, il ne me restait que de me renseigner auprès de l’United Press, de l’Agence Reuter et de l’Agence Havas ; les deux premiers, liés à Havas, ne distribuent pas dans les territoires où s’exerce l’activité de cette dernière. Quant à Havas, je suis allé me renseigner auprès du secrétaire de sa direction qui m’a dit que pour les informations ordinaires, c’est-à-dire celles qui intéressent ses clients de Tunisie, il fallait s’aboucher avec son représentant à Tunis. En ce qui concerne les informations particulières à fournir en exclusivité à L’Action, il fallait compter pour cela des frais énormes ; il m’a même laissé entendre que l’agence ne prendrait aucun engagement si elle ne se voit pas assurer au moins 200 frs par mois. Comme vous le voyez, il nous est impossible de supporter des dépenses aussi onéreuses, du moins pour le début.   Au sujet des correspondants à avoir dans chaque capitale des pays du Proche- Orient, c’est encore assez difficile, vu que ces correspondants ne peuvent être que des professionnels qu’il faudrait payer assez cher. Toutefois, quelques amis irakiens et syriens vont me fournir quelques noms que je vous communiquerai aussitôt, à qui vous pouvez écrire. Vous pourrez aussi, pour l’Egypte (M. Mounier Pillet) vous adresser à Si Mostapha Mounir, je crois qu’il est assez bien placé pour nous avoir ce qu’il faut. Je regrette la stérilité de mes démarches, mais il n’a pas dépendu de moi pour les mener à bien, soyez assuré que j’ai fait tout mon possible.   Notre section de Paris est sur pied, nous comptons vingt-cinq membres dont je vous communiquerai les noms dans une prochaine lettre afin qu’ils soient dûment enregistrés dans les études du Parti. Je ne désespère pas de réunir autour de nous à la fin de décembre quarante autres adhérents. Le comité directeur est ainsi formé : Président H. Thamer ; Secrétaire : Nouira ; Trésorier : Ben Khalifa ; secrétaire adjoint : Mehedhebi ; assesseurs : Khelifa- Abdennebi et Bel Hadj.   Je t’informe que nous avons parmi nous M’Hammed Maarouf qui vient de lancer son “ appel à l’Union ” dont vous avez eu certainement connaissance. Il était le Secrétaire de la section “ Vieux ” de Sousse.   J’ai causé avec lui longuement et il ne faut pas vous étonner de le voir bientôt adhérer à notre section. Nous aurons ainsi enlevé aux Vieux un de leurs meilleurs militants et pénétré dans leur citadelle : Sousse. D’autre part, Thamer sera porté à la présidence de l’Association de Paris que nous noyauterons et dont nous ferons une pépinière de militants pour notre parti. Il faut que de cette association, simple champ d’action de petits ambitieux, nous fassions un satellite de notre part ; comptez sur moi, j’y arriverai.   Avant d’avoir eu connaissance du projet de budget, j’ai donné un papier à La Flèche qui paraît en deux fois et intitulé : “ En Tunisie, ce qui est fait, ce qui reste à faire ”. Une première partie a paru dans le numéro de samedi 21 novembre, la deuxième paraîtra le 28.   Je viens de faire un second papier sur le budget, ainsi intitulé : “ Une grande déception, le budget tunisien ”, que je remettrai ce soir à R. Michel que j’ai invité à dîner ; il paraîtra le 5 décembre.   Il serait de bonne politique, afin de garder une tribune à La Flèche, d’aider la diffusion de ces trois numéros. Faites-moi savoir le nombre de numéros qu’il faudra vous envoyer.   Voilà pour le moment à quoi se limite mon activité ; j’aurais pu faire passer quelques papiers dans les journaux de gauche à plus grand tirage tels que Le Petit Journal, Vendredi, L’œuvre, La Lumière, mais il faut pour cela de l’argent, car si tous ne sont pas à vendre, nous pouvons au moins “ intéresser ” leurs rédacteurs. J’ai grande hâte d’être auprès de vous et prendre une part à l’activité que vous déployez pour le mouvement, mais je ne peux rentrer avant que la mesure dont je suis l’objet n’ait été levée, aussi je vais redoubler mes démarches. De votre côté, pourriez- vous me dire l’avis de Bertaud à ce sujet. Je serais aussi très heureux que vous me mettiez au courant de vos entrevues avec lui et le Résident ainsi que de l’attitude que prend le Parti à l’égard du gouvernement après la publication du projet du budget.   Guiga aurait déclaré à Mehedhebi que le Parti abandonnerait l’idée d’indépendance pour n’adopter dans toutes ses revendications que le retour au principe du protectorat ; cette “ reculade ” serait confirmée par l’interview donnée par Materi, après votre retour de France, au rédacteur du Petit Matin. Je ne puis avec nos amis, ici, nous résigner à ce tournant, car nous savons pertinemment que vous n’êtes pas de cet avis. Aussi, je vous enverrai bientôt, en détail, la conversation tenue par Guiga à ce sujet et rapportée par Mehedhebi.   A la grande joie de vous lire bientôt, soyez assuré de mon grand dévouement, vôtre   Hédi Nouira 6, Rue Dr. Henouille- Cachan ( Seine)    Lettre de Nouira à Bourguiba (sans date)   Très cher Habib,   Albertin a eu hier une entrevue avec Blum au sujet du procès. Il ressort de ce qu’il m’a dit que Blum voyait sans défiance son départ pour Tunis qui serait une manifestation favorable de la part du Gouvernement à l’égard des inculpés, Albertin étant en effet, de par ses relations et sa fonction, un membre influent de la majorité. Mais, comme d’autre part, d’après les renseignements fournis par le tribunal à la Chancellerie, la durée du procès sera d’une quinzaine de jours environ, il n’y avait aucun inconvénient à ce que le voyage soit retardé. Les choses en étaient là lorsque j’ai reçu ton télégramme ainsi que celui de Salah, il était 9 heures. Je me suis empressé de me mettre en rapport avec Albertin, il était stupéfait de la vitesse avec laquelle se déroulait le procès, ce qui paraissait pour le moins insolite. Alors que le Parquet venait de lui communiquer la réponse du P du T.C (1) à la demande de renvoi, réponse conçue en des termes très cordiaux et qui laissaient quand même entendre que le procès devait durer longtemps, à la suite de quoi il m’a déclaré que ses obligations ne lui permettaient pas de partir le jeudi. Je t’en ai immédiatement, et par dépêche de nuit, averti.   Cet après- midi, je suis revenu à la charge auprès d’Albertin qui a pu joindre le Président du Conseil qui l’a immédiatement mis en rapport avec A. Julien, celui-ci a dit ceci : en Tunisie, il y a une indépendance totale entre le Gouvernement et le protectorat, c’est-à-dire la Résidence, et l’Administration de la Justice. Celle-ci, hostile à Guillon, a voulu bâcler le procès afin qu’Albertin, pris de court, ne puisse pas y assister. Mais, aurait-il ajouté, les choses ne se passeront pas ainsi. Ch.A.Julien devait se mettre en communication téléphonique avec Robaglia pour avoir plus de détails et avec Viénot pour connaître ses sentiments. Il doit à 3 heures mettre Albertin au courant. Tels sont les faits lorsque j’ai reçu ta dernière dépêche. J’ai téléphoné à Albertin qui m’a dit textuellement qu’il était à notre disposition quoi qu’il arrive.   Les déclarations qu’il m’a faites sont intéressantes, dans quelle mesure ne sont-elles pas exagérées ? Je te les communique telles quelles : Blum et Viénot—ce dernier étant encore dans un Sana, mais il a pu le toucher téléphoniquement par l’intermédiaire de Julien—sont disposés à passer l’éponge sur l’affaire de Moknine. Ils auraient même demandé à Albertin, s’il devait se rendre à Tunis, d’être leur porte- parole officieux, et de demander en leur nom une mesure d’apaisement. Toutefois, si malgré tout des condamnations venaient à être prononcées, le Gouvernement est tout disposé à envisager une mesure de grâce.   Albertin m’a dit de vous assurer de son appui, en dehors même de cette affaire, spécialement en ce qui concerne les questions politiques qui pourraient se poser ultérieurement—toujours d’après Albertin.   D’autre part, Blum aurait été indisposé d’apprendre que le Parti a fait appel pour la défense des inculpés à Bergery dont l’attitude dernièrement a été nettement hostile au Gouvernement ( les journaux de France tels que Le Peuple , Le Populaire et Le Temps , se sont fait l’écho de ce bruit). Mon interlocuteur m’a laissé entendre que nous étions trop sous l’influence de Bergery et que nous gagnerons beaucoup à envisager une collaboration plus étroite avec des parlementaires socialistes. J’ai immédiatement fait une mise au point, lui disant que notre Parti n’est sous la coupe de personne et que nous ne demandons pas mieux que de travailler avec le Parti Socialiste. Ce matin, L’œuvre a publié la liste des membres de la Commission d’enquête dont tu trouveras les noms dans la coupure ci- jointe.   J’ai vu R.M,(2) il est enchanté de son séjour à Tunis et remercie les camarades de l’accueil qu’ils lui ont réservé, toutefois une ombre au tableau. Salah, paraît-il, lui a donné rendez- vous au siège du Parti jeudi dernier à 5 heures où il devait lui remettre 1.000 frs ; il est allé faire ses valises, devant prendre l’avion vendredi matin à l’aérodrome.   Aucun des camarades n’est venu lui dire au revoir. Il est vexé, d’autant plus qu’il est parti, laissant sa note d’hôtel impayée. Il m’a dit que si Si Salah a manqué le rendez-vous, c’est parce qu’il ne disposait pas des fonds promis ; il avait tort, car il aurait dû venir et le lui dire. Enfin il voudrait mettre fin à ce malentendu afin de pouvoir, en relation étroite avec le Parti, faire ici du bon travail. Un article de lui paraîtra dans La Flèche de demain.   Hédi Nouira    Notes :   (1) Président du Tribunal Criminel de Sousse.   (2) Roland-Michel, collaborateur de Bergery.   (Source : « Réalités » N° 1047 du 19 janvier 2006)

Les alaouites ont peur de perdre le pouvoir en Syrie

Proche-Orient – Principal soutien du régime de Bachar el-Assad, la minorité alaouite, qui redoute des règlements de comptes en cas de changement de régime, cherche des alternatives face à un pouvoir dont elle critique la faiblesse.   Georges Malbrunot   Le président syrien Bachar el-Assad a déclaré samedi que son pays était favorable à une «coopération totale» dans les limites de sa «souveraineté» avec la commission d’enquête internationale de l’ONU sur l’assassinat du dirigeant libanais Rafic Hariric. Il a accusé des parties libanaises d’avoir rejeté des initiatives pour améliorer ces relations, notamment celle de l’Arabie saoudite.   «DEPUIS la mort de Ghazzi, il ne parle à personne», lâche un vieux paysan la tête enroulée dans un keffieh, en voyant passer à pied Jamal Kanaan, le frère de l’ancien chef des forces syriennes au Liban, qui s’est officiellement suicidé fin octobre à Damas. Jamal hoche la tête avant de continuer son chemin d’un pas lourd. Nous le retrouvons quelques centaines de mètres plus loin, pour une brève, mais éloquente, conversation. «Pas un quart des gens ne croit que Ghazzi Kanaan s’est suicidé», murmure Jamal, en scrutant l’horizon. «Tout le monde ici a été très peiné, les gens étaient extraordinairement fâchés», répète-t-il. Pourquoi l’a-t-on tué ? «Personne ne sait.» Jamal travaille depuis trente ans au ministère de la Défense, à Lattaquieh, la grande ville voisine. Par peur sans doute d’une chasse aux sorcières qui aurait déjà été lancée parmi les partisans de l’ancien ministre de l’Intérieur, il préfère invoquer «le destin».   Perché dans la montagne au milieu d’oliveraies, Bhaamra, le village natal où repose Ghazzi Kanaan, se tait. Mais le silence de ses habitants est lourd d’amertume. Nous sommes dans le bastion des Alaouites, la minorité qui, après un millénaire de marginalisation politique et sociale, dirige d’une main de fer la Syrie depuis 1966. C’est dans ces hameaux pauvres, d’où les fillettes étaient envoyées comme quasi-esclaves auprès des bourgeois sunnites des villes il y a moins d’un demi-siècle, que le régime puise l’essentiel des cadres de son armée et de ses services de sécurité. Mais, aujourd’hui, face aux difficultés auquel est confronté le pouvoir de Bachar el-Assad, soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, la communauté alaouite s’interroge sur son avenir.    «Avec le père Hafez el-Assad (mort en 2000), les Alaouites savaient qu’ils étaient protégés par un homme puissant», explique un observateur de Lattaquieh. Aujourd’hui, ils voient que son fils ne fait pas le poids. D’où leur peur de perdre le pouvoir, mais aussi de subir la vengeance qui pourrait s’ensuivre. «Le père savait étouffer les tensions qui ont toujours existé entre les clans alaouites, il les défendait en les achetant», ajoute-t-il. «Avec Bachar, qui vient rarement chez eux, les Alaouites constatent que ce n’est plus la communauté qui est défendue, c’est uniquement sa famille.» Comme d’autres, il fait référence à la toute-puissance de son frère Maher, de la Garde présidentielle, d’Assef Shaoukat son beau-frère à la tête des Renseignements militaires et de ses cousins, les Maklouf, un clan alaouite très influent dans les affaires.   «Pour un partage du pouvoir»   Cette mainmise familiale sur la politique et l’économie, des responsables alaouites n’hésitent plus à la dénoncer publiquement. «Bachar doit faire des changements politiques internes», déclare Mohamed Salman, ancien ministre de l’Information (1987-2000), et proche d’Hafez el-Assad. Selon lui, «il doit modifier la Constitution pour instaurer une loi sur le multipartisme, et il lui faut coopérer avec la communauté internationale». «Quand Bachar est arrivé au pouvoir», ajoute M. Salman, «il avait paraît-il une vision réformatrice de l’avenir du pays. Jusqu’à maintenant, il n’a pas réussi à trouver les mécanismes pour appliquer ses réformes. Un président doit avoir les moyens de sa politique», dit-il. Sous-entendu, qu’il cède la place s’il est impuissant.   «Pour Bachar, le danger ne vient pas d’une révolte populaire ni de l’opposition, il est niché au sein d’un pouvoir alaouite qui est devenu le champ clos des manoeuvres», estime de son côté Michel Qilo, un des porte-parole de la dissidence à Damas. La tension se situerait entre les membres de la famille Assad et les responsables mis à l’écart par Bachar ces dernières années. Selon Mohamed Salman, d’autres barons du régime, comme Ali Douba, l’ancien chef des renseignements, les généraux Ali Haydar, Chafiq Fayad, et d’autres Alaouites, sont mécontents de la situation. Certains d’entre eux rencontrent des membres de l’opposition. De son côté, Rifaat el-Assad, le demi-frère d’Hafez el-Assad qui tenta de le renverser, dispose encore de soutiens parmi les Alaouites de la montagne, grâce aux prébendes qu’il distribue depuis son exil en Europe.   C’est à la lumière de ces manoeuvres qu’il faut interpréter la mise à l’écart voici six mois de Bajet Sleiman, chef d’un service de sécurité proche de Bachar, soupçonné d’être en liaison avec Rifaat, et surtout la disparition de Ghazzi Kanaan, le général alaouite le mieux à même d’incarner une alternative au pouvoir de Bachar el-Assad. «Il y a une opposition à l’intérieur du régime, y compris à l’intérieur du parti Baas dont certaines réunions sont houleuses», affirme Mohamed Salman. Mais quelle est la capacité d’action des dissidents alaouites ? A l’intérieur du pays, sans doute assez faible, dans la mesure où ils ont été privés à leur départ des capacités qui leur permettaient de s’attirer des «clientèles» au sein de l’armée et des services de renseignements. «Ils ont peur également pour leurs familles», constate un autre opposant. Sur ses gardes, le régime a réagi en restreignant les départs à l’étranger de certains responsables.   «Les Alaouites sont partie prenante du peuple syrien», poursuit Mohamed Salman. «Je suis pour un partage du pouvoir, je parle en tant que Syrien et non pas comme alaouite». Pour sauver sa communauté, l’ancien ministre de l’Information et ses amis estiment que celle-ci doit désormais se fondre dans un univers démocratique. «Ils jouent la carte du multipartisme pour s’intégrer dans un processus qu’ils pourraient contrôler, ce qui leur éviterait d’être victimes de règlements de comptes de la part des sunnites si un jour ceux-ci prennent le pouvoir à Damas», conclut Jamal, l’observateur de Lattaquieh.   (Source : « Le Figaro » (France) du 23 janvier 2006)  


Élections palestiniennes

Quel est le programme politique du Hamas aujourd’hui ?

Les élections législatives palestiniennes du 25 janvier 2006 s’annoncent comme un séisme politique : le Hamas pourrait emporter la majorité des suffrages. Aussi la presse atlantiste s’efforce par avance de diaboliser ce parti politique. Soucieux d’apporter une information objective à ses lecteurs, le Réseau Voltaire a réalisé un long entretien avec le porte-parole de ce mouvement musulman. Répondant aux questions de Silvia Cattori, Moshir al-Masri présente un groupe de résistance à une situation d’extrême violence bien éloigné du fanatisme qu’on lui impute.

Silvia Cattori : Après le meurtre du Cheikh Yassine, leader spirituel du Hamas, en 2004, les autorités israéliennes ont justifié sa liquidation en affirmant qu’il était le Ben Laden palestinien. Ils ont répandu l’idée que le mouvement islamique du Hamas était lié à Al Quaida. A l’extérieur, quand les journalistes parlent du Hamas, c’est généralement pour présenter ses membres comme des « terroristes », et non pas comme des résistants. On vous a reproché d’avoir refusé le processus de paix d’Oslo, ce en quoi les faits vous ont donné raison. L’idée est largement répandue que « le Hamas n’accepte pas l’existence d’Israël…qu’aucun juif ne pourra rester en Palestine… que tout juif est une cible et doit être éliminé ». Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de vouloir « jeter les juifs à la mer » et de refuser « le droit d’Israël à exister » ? Pouvez-vous préciser votre position politique sur ces points ?

Moshir al-Masri : Tout d’abord, permettez-nous de remercier tous les journalistes étrangers qui partagent les souffrances et la tristesse du peuple palestinien, qui sont dotés d’une conscience humaine, qui comprennent l’injustice qui pèse sur notre peuple et le défendent. Merci à tout journaliste, homme ou femme, qui accomplit sa mission professionnelle de manière objective et fidèle, sans biais pro-israélien.

En ce qui concerne le rejet de l’existence d’Israël et le refus du maintien des juifs en Palestine, permettez-nous de faire une distinction entre les juifs en tant que tels, c’est-à-dire en tant qu’adeptes d’une religion, que nous respectons et avec lesquels nous avons en partage une histoire honorable à travers l’histoire musulmane, et une occupation présente sur notre territoire. Le problème n’est donc pas un problème avec les juifs. Nous souhaitons la bienvenue aux juifs qui veulent vivre avec nous ; c’est là en l’occurrence une attitude permanente que nous constatons tout au long de l’histoire de l’Islam, y compris déjà à l’époque de notre Prophète, Muhammad. Non ; le problème, c’est qu’il y a une occupation qui pèse sur notre terre. Notre problème est donc avec cette occupation. Par conséquent, notre résistance est légale, en vertu de toutes les lois et règlements internationaux. D’ailleurs, la quasi-totalité des révolutions, dans le monde, ont eu pour finalité de chasser une occupation de leur territoire. Cela a été le cas au cœur de l’Europe et en Amérique et, par conséquent, nous avons le droit de nous défendre et de chasser l’occupant de notre sol. Des allégations sont soulevées, autour du mouvement Hamas, selon lesquelles ce mouvement chercherait à « jeter les juifs à la mer ». Ce sont là des propos fallacieux, infondés. Nous respectons le judaïsme en tant que religion et les juifs en tant qu’êtres humains. En revanche, nous ne respectons pas une occupation qui nous chasse de nos terres et exerce à notre encontre toutes les formes d’agression, au moyen des armes les plus atroces, utilisées contre notre peuple palestinien. Il en découle que la présence de cette occupation, on ne saurait l’accepter. Permettez-moi de vous donner un exemple, à ce sujet : si un homme possède une maison et que quelqu’un vienne occuper cette maison, et si ensuite le voleur accepte tout au plus de concéder une toute petite pièce de cette maison à son légitime propriétaire, au cours de ce qu’il appelle lui-même des « négociations », en lui disant : « tout le reste m’appartient », quelqu’un peut-il accepter une telle situation ? Est-il acceptable d’être chassé de chez soi et ensuite de reconnaître que sa maison appartient à celui qui l’a volée ? Et d’aller, par-dessus le marché, négocier avec le voleur pour tenter de récupérer une minuscule chambre, et supporter ses atermoiements ? Alors même qu’en plus, le voleur tue vos enfants, défonce vos cultures et détruit votre gagne-pain ? Non. Aucune religion n’accepte cela. Ni aucune personne dotée de raison.

S.C.Fin 2002, quand j’ai rencontré le Dr Rantissi vous n’étiez pas encore forcés de vivre cachés. Depuis 2003, les choses se sont considérablement durcies : le Hamas a été inscrit sur la liste noire des organisations « terroristes » ; il y a eu l’assassinat du Dr Rantissi et de centaines d’autres cadres importants. Comment ressentez-vous le fait qu’aucune instance, aucun Etat occidental ne prenne en compte la gravité des violations de la légalité internationale par Israël, et fasse de vous un ennemi ? Que dans le cas d’Israël qui bafoue les principes de justice et la vie humaine, qui a violé plus de 65 résolutions du Conseil de Sécurité, le droit international ne s’applique pas ?

Moshir al-Masri : En ce qui concerne la classification du Hamas dans les mouvements « terroristes », je répondrai qu’assurément cette qualification n’est ni fondée, ni admissible : le Hamas exerce une résistance honorable et équilibrée. Dire de lui qu’il s’agirait d’un mouvement « terroriste » est inacceptable. Nous ne sommes pas des « terroristes », nous ne prônons pas l’assassinat, nous ne volons pas autrui et nous ne sommes pas les occupants, que je sache, pour être ainsi qualifiés ? ! ? Nous nous défendons face aux incursions, face aux arrestations, face aux assassinats ciblés, face à l’utilisation par Israël des armes les plus cruelles pour frapper sans pitié et arbitrairement des civils. Nous avons le droit de nous défendre. Mais il est évident que les Etats-Unis sont ouvertement de parti pris en faveur d’Israël. Et puis il y a aussi cette faiblesse de l’Europe face à la position américaine. Nous ne pouvons que constater qu’il en découle une connivence européenne avec Israël, fondée sur l’alignement pro-israélien de l’administration américaine. Nous appelons les citoyens du monde entier à réexaminer la nature du conflit palestino-sioniste et à comprendre, devant la trêve que nous avons observée et que les Israéliens ont violée, que le problème n’est pas du côté du peuple palestinien, pas du côté de sa résistance légitime, mais bien du côté de l’agression dont notre peuple est victime.

S.C.Au moindre acte de résistance non violente ou violente, Israël vous envoie ses bombardiers. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il vous harcèle pour vous pousser à la faute et justifier ensuite aux yeux du monde l’usage de la force. Face à la domination d’Israël, à qui les instances étatiques internationales donnent carte blanche pour vous massacrer, n’est-il pas suicidaire de vouloir riposter par les armes ?

Moshir al-Masri : Au sujet de ce qu’on a coutume d’appeler « l’équilibre des forces », permettez-nous d’insister sur le fait que tout pays occupé, dès lors qu’il lutte contre une occupation militaire, ne bénéficie certainement pas d’un rapport de force favorable. Sinon, si les forces étaient équilibrées, l’armée d’occupation ne pourrait pas maintenir une minute de plus son occupation du pays en question et de son peuple… Bien entendu, les forces sont totalement déséquilibrées, et nous sommes faibles. Mais faibles, nous le sommes en raison de notre manque d’armes, et certainement pas dans notre détermination et notre volonté de tenir face aux armes israéliennes ultramodernes et sophistiquées. Nous avons la volonté des montagnes. Nous avons pour nous le droit, et nous sommes prêts à tout sacrifier, je dis bien tout, pour recouvrer notre droit usurpé et violé. Par conséquent, cet équilibre des forces, il est vraisemblable que nous parviendrons, petit à petit, à le créer… De son début, jusqu’à son terme, l’Intifada a changé de tactique militaire, passant d’un mode d’action à un autre, jusqu’à être en mesure de porter des coups à l’ennemi et à arrêter son agression permanente contre notre peuple.

S.C.Quelle a été la politique de Yasser Arafat vis-à-vis du Hamas ? Et quelle est aujourd’hui celle d’Abou Mazen ?

Moshir al-Masri : La politique vis-à-vis du mouvement Hamas du président disparu Abu Ammar [Yasser Arafat] – que Dieu l’accepte dans Sa miséricorde ! – était une politique fluctuante, variant d’un instant à l’autre. Une chose est sûre : en 1996, l’Autorité palestinienne a eu une politique faite d’arrogance et d’arbitraire à l’encontre du Hamas ; elle a jeté en prison ses militants et ses dirigeants, qu’elle a pourchassés jusqu’à imposer l’assignation domiciliaire au Shaïkh Ahmad Yassine. Nous avons patienté, nous avons surmonté nos blessures. Non pas par faiblesse, mais par respect pour le sang palestinien et afin de préserver l’union nationale. A l’inverse, il y a eu des périodes où la relation entre le Hamas et le président Abu Ammar était une relation solide : il y avait alors interaction. Cette relation, on le voit, n’était pas monocolore : au contraire, elle a pris de multiples colorations, des plus variées… En ce qui concerne, cette fois, nos relations avec le président Abu Mazen [Mahmud Abbas] : jusqu’ici, le président Abu Mazen est un homme faible. Nous sommes tombés d’accord avec lui sur beaucoup de points, mais les décisions prises n’ont pas trouvé de traduction concrète sur le terrain et, jusqu’à présent, il est impossible de procéder à une véritable évaluation de sa politique. D’une part parce que l’expérience n’est pas assez longue pour permettre cette évaluation, mais surtout, d’autre part, parce qu’Abu Mazen n’a mis en application réelle aucun projet politique sur l’arène palestinienne, à l’aune duquel nous soyons en mesure de le juger…

S.C. – Plus de 650 000 Palestiniens sont passés par les prisons israéliennes et beaucoup ont été soumis à des tortures traumatisantes. Il y a actuellement en Israël 9 200 prisonniers palestiniens. Comme vous le savez, la police du Shabak se sert de techniques sophistiquées pour les dégrader, les humilier, les transformer en collaborateurs. On peut s’étonner que l’Autorité palestinienne n’ait pas exigé avec plus d’insistance la libération des prisonniers, comme préalable à toute négociation ! Des centaines de militants du Hamas et du Jihad ont été arrêtés, au cours des derniers mois, en Cisjordanie. Ces arrestations et ces assassinats auraient-ils pu réussir de manière si massive, sans la collaboration des services de sécurité palestiniens avec le Shin Beth ?

Moshir al-Masri : En ce qui concerne les arrestations et les assassinats « ciblés », il faut savoir qu’ils n’auraient jamais pu se produire sans la coopération des services de sécurité palestiniens avec le Shin Bet. Nous affirmons qu’il y a eu un pacte, par lequel l’Autorité palestinienne s’est liée les poings face à l’ennemi israélien et qu’aux termes de ce pacte, il y avait une coordination sécuritaire qui a placé l’arène palestinienne dans une terrible impasse et dans des dissensions intestines. Les arrestations, les chasses à l’homme, les assignations domiciliaires n’ont pu être imposées aux militants et aux dirigeants du Hamas qu’en raison de cette coopération sécuritaire entre [responsables] palestiniens et israéliens. En ce qui concerne les assassinats ciblés et les arrestations, il est évident qu’il existe tout un réseau de traîtres, qui vont et viennent librement en Palestine. Ce sont eux qui jouent un rôle essentiel direct dans les opérations d’élimination israéliennes. Il en va de même des incursions et des rafles. Malheureusement, l’Autorité palestinienne n’a pas été à la hauteur de ses responsabilités, dans ce domaine, et nous n’avons pas voulu nous charger de cette tâche d’ordre public, afin de ne pas créer des dissensions dans l’arène palestinienne, et aussi afin qu’on ne puisse pas dire de nous que nous aurions été un Etat dans l’Etat. Nous ne dirigeons nos armes que contre ceux qui nous agressent et il incombe à la justice palestinienne de prendre ses responsabilités et de régler tout problème interne. Il est évident que l’Autorité palestinienne s’est elle-même liée les mains, en signant des accords qui nous interdisent de pourchasser les traîtres, qui pratiquent l’assassinat de nos concitoyens en désignant aux forces d’occupation les endroits où se cachent des Palestiniens [résistants] pourchassés, qu’elles recherchent afin de les arrêter, voire, plus fréquemment encore, de les assassiner.

S.C. – Il est apparu que l’Autorité palestinienne, après avoir mis son peuple dans une situation impossible – en l’appelant à la cessation de la lutte armée avant même la libération nationale – et après avoir signé avec Israël des traités « entre deux parties », a fait disparaître le terme « ennemi israélien » de son vocabulaire. Récemment le « droit au retour », a également été évacué du vocabulaire des dirigeants palestiniens qui parlent maintenant « d’une solution au problème des réfugiés » mais pas de droit. Pendant ce temps, l’argent se déverse à flot dans les caisses d’Abou Mazen. Est-ce un hasard ? Cet argent n’est-il pas destiné à acheter toute une élite politique et une classe moyenne susceptibles de renoncer à la lutte nationale de libération ? Quelle est aujourd’hui la position du Hamas vis-à-vis de l’Autorité palestinienne ?

Moshir al-Masri : En ce qui concerne la modification de la terminologie et de l’utilisation, ou de l’interdiction, de l’_expression « ennemi israélien », l’Autorité palestinienne a œuvré, de conserve avec l’ennemi israélien, en vertu d’un accord sécuritaire conclu entre eux, à faire disparaître beaucoup de concepts et à tenter de les effacer de l’esprit des diverses générations de Palestiniens. Mais l’Intifada bénie d’Al-Aqçâ a remis ces définitions et ces concepts à l’ordre du jour, d’une manière encore plus forte qu’auparavant et, cela, grâce surtout aux agissements de l’occupant, faits de crimes et de massacres des plus horribles perpétrés contre les enfants de notre peuple.

Oui, il y a une faiblesse insigne, dans l’action de l’Autorité palestinienne, à bien des égards. Et comme par hasard, ce sont ses responsables qui veulent changer le vocabulaire. Mais les définitions du peuple ne sont pas celles des représentants de l’autorité. Il en va de même en ce qui concerne le droit au retour des réfugiés palestiniens. Quand un responsable palestinien parle de « résoudre le « problème » des réfugiés », on peut voir là une concession exorbitante, provenant de ce côté-là… Nous parlons ici des millions d’enfants de notre peuple (plus de cinq millions de Palestiniens) qui sont exilés, chassés, éparpillés dans la quasi totalité des pays du monde et qui ont le droit de revenir chez eux, sur leurs terres, dans leur patrie dont on les a chassés par la force. Ce sont là les termes qu’utilisent le peuple et les combattants. Ce que disent certains responsables palestiniens n’est pas représentatif de l’ensemble des palestiniens.

S.C. – Le Congrès pour le « droit au retour » réuni à Nazareth en décembre 2005, a mis en garde ceux qui veulent vous imposer la reconnaissance de l’Etat d’Israël en tant qu’Etat juif et évacuer le droit au retour. Ce droit demeure-t-il pour vous la pierre d’achoppement, « un droit inaliénable » sur lequel nul ne peut revenir ?

Moshir al-Masri : En ce qui concerne l’imposition d’une reconnaissance arabe et palestinienne de l’Etat d’Israël en tant qu’Etat juif et la reconnaissance du fait accompli, je pense que cette reconnaissance de l’Etat d’Israël est extrêmement dangereuse, car elle signifie l’abandon du droit palestinien, et elle signifie que la politique du fait accompli s’est imposée définitivement au monde arabo-musulman. Nous accueillons à bras ouverts les juifs en tant que tels, mais nous n’accueillons pas à bras ouverts une occupation qui écrase notre terre et notre peuple. Comme je l’ai déjà dit, nous ne pouvons accepter d’être chassés de chez nous, de nos maisons, de nos terres, après quoi nous reviendrions prendre possession d’une portion congrue de ces terres et nous reconnaîtrions au voleur la propriété de tout le reste, en disant que cela lui revient de droit et en consacrant ce droit devant le monde entier. C’est la raison pour laquelle, nous, au Hamas, nous mettons en garde toutes les parties prenantes contre les conséquences terribles qu’aurait le fait de tomber dans le piège israélien consistant à consacrer la politique israélienne des faits accomplis.

S.C. – L’autorité palestinienne a tout misé sur la création d’un Etat palestinien indépendant. Mais les Palestiniens étaient-ils prêts à accepter un Etat sur 8 % des terres historiques pour tout règlement des torts causés par Israël depuis 1948 ? Un Etat unique où juifs et non juifs vivent avec des droits égaux ne serait-il pas une solution plus équitable ?

Moshir al-Masri : Je tiens à dire que le mouvement Hamas croit aux solutions par étapes, mais pas aux solutions basées sur des concessions. C’est ce qu’avait affirmé le Shaïkh Yassine, fondateur et dirigeant du Hamas, il y a plus de quinze ans. Il avait dit : « Nous pouvons accepter la création d’un Etat en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem Est, avec le retour des réfugiés et la libération de tous les prisonniers. C’est alors que nous pourrons signer une trêve sur le long terme, pour dix ans s’il le faut, voire même plus ». Mais il est évident que l’ennemi sioniste veut perpétuer son occupation. La preuve en est que Sharon, après avoir vendu son retrait de Gaza, en le présentant comme une « concession douloureuse », revient à Gaza et y assassine, y bombarde, y frappe, et revient au nord de la bande de Gaza pour y établir un no man’s land. On le voit : il ne connaît que le langage de l’occupation. Il ne sait pas ce que veut dire une trêve, comme le montre sa violation de la trêve actuelle, et il ne connaît pas le langage de la paix. Il ne connaît que le langage du crime et de la terreur contre notre peuple. Par conséquent, nous confirmons notre adhésion à des solutions par étapes, mais, en contrepartie, nous ne saurions reconnaître l’occupation de notre territoire. C’est pourquoi le reste du monde doit se rassembler afin de se tenir aux côtés de notre peuple endeuillé et meurtri, dont le territoire est occupé, dont les lieux saints sont violés et dont les enfants sont les victimes de la pire agression. Quant à la création d’un Etat qui réunirait les juifs et les Palestiniens, nous n’avons cessé d’affirmer – mais je veux bien le réaffirmer encore une fois – que nous avons vécu avec les juifs tout au long de l’histoire islamique, qu’en tant que Dhimmis, dans l’Etat musulman, ils bénéficiaient des mêmes avantages et ils étaient soumis aux mêmes obligations que nous ; ils faisaient partie de notre patrie. Encore une fois : le problème n’est pas avec les juifs. Le seul problème que nous ayons, c’est avec l’occupation israélienne.

S.C.Après le retrait des colons de Gaza, la communauté internationale a considéré ce retrait comme une avancée vers la paix. Or ; où est la paix ? Votre mouvement a affirmé que Gaza était libérée. Or, ceux qui l’ont visitée récemment ont rapporté que le million et demi de Palestiniens qui l’habitent, demeurent sous le contrôle absolu d’Israël ; surveillance et coercition qui vont encore s’accroître par la construction par Israël de la triple barrière munie de mitrailleuses télécommandées, de détecteurs électroniques et optiques. Plutôt que de parler de libération, pourquoi n’avoir pas dénoncé le fait que les habitants de Gaza sont emmurés derrière des barrières, dans un camp de concentration ?

Moshir al-Masri : Oui. Il est clair que ce qu’a voulu vendre Sharon, c’est un mensonge. En effet, le retrait de la bande de Gaza n’est pas un véritable retrait, ni un retrait total. Israël continue à occuper l’espace aérien de Gaza : ses avions ne cessent de survoler Gaza, les bombardements continuent et les simulacres d’attaques aussi, ainsi que les assassinats ciblés depuis les airs, par drones et missiles. Il en va de même de l’encerclement terrestre et maritime, y compris du point de passage de Rafah, qui est l’unique issue laissée au peuple palestinien vivant dans la bande de Gaza : il est truffé de caméras, il y a des commissions sécuritaires mixtes, qui interrogent toute personne qui entre dans la bande de Gaza ou qui en sort, même s’il n’y a plus de présence militaire israélienne effective. Il en résulte que nous vivons dans une immense prison, dans la bande de Gaza, et que l’ennemi israélien n’a fait aucune concession. Il ne s’est retiré de Gaza que sous les coups de la résistance : il a lui-même reconnu ne plus pouvoir supporter le fardeau sécuritaire qui pesait sur ses épaules en raison de son occupation de la bande de Gaza, en particulier dans les colonies, en butte aux frappes de la résistance palestinienne, en dépit des moyens rudimentaires de celle-ci, qui a néanmoins réussi à atteindre l’ennemi israélien en lui infligeant une dure leçon et en lui apprenant que la terre palestinienne ne saurait tolérer la perpétuation de son occupation par Israël.

S.C.Contrairement à l’ANC en Afrique du Sud, ni Arafat ni Abou Mazen n’ont jamais appelé au boycott international, ni à la lutte civile, ni à des sanctions punitives contre Israël. Le président de l’Université palestinienne Al Quds s’est même élevé contre le boycott des universités israéliennes lancé par des Britanniques. Comment expliquez-vous une telle soumission à Israël, alors que les Palestiniens attendent de leurs autorités qu’elles défendent leur cause ?

Moshir al-Masri : Il est clair que l’Autorité palestinienne est en train de connaître une dérive dangereuse et que certains de ses dirigeants s’accrochent à leur fauteuil. Ils sont prêts à faire toutes les concessions possibles et imaginables. C’est ce dont nous nous sommes rendu compte, avec le genre d’accord qu’ils ont signés : il n’y avait pas de position solide de l’Autorité palestinienne qui fût en mesure de mettre un terme à l’agression sioniste contre le peuple palestinien. Le discours dominant, c’était celui des concessions : c’est cette langue des concessions qui s’est imposée la plupart du temps, à un point tel que le président d’une université palestinienne a osé protester, vous avez tout à fait raison, contre le boycott des universités israéliennes, comme si nous vivions avec Israël dans un même cadre, en oubliant totalement notre sang versé, la confiscation de nos terres et la mise sous occupation de toutes les possibilités du peuple palestinien ! Oui, hélas, il y a une soumission, de la part de l’Autorité, à l’administration israélienne, en échange de non-concessions israéliennes vis-à-vis de l’Autorité. Et cela, parce que celle-ci s’est liée les mains avec des accords dont elle est incapable de s’extraire, au moment même où Sharon et consorts nient les accords dont il est question, en déclarant que les accords d’Oslo n’ont plus d’existence pratique, sur le terrain.

S.C.Les parlementaires européens – gauche et droite – ont voté en 2004, à une large majorité, une résolution dite  » Paix et Dignité au Proche-Orient » qui exige de l’Autorité palestinienne de mener une lutte contre les actes de terrorisme. Cette résolution :  « réitère sa ferme condamnation ainsi que le rejet de tout acte de terrorisme commis par des organisations terroristes palestiniennes contre le peuple israélien, et exige que l’Autorité nationale palestinienne mène une lutte sans merci contre ces actes de terrorisme jusqu’au démantèlement total de ces organisations »  « déclare expressément que le terrorisme palestinien, que ses victimes soient civiles ou militaires, non seulement est responsable de nombreuses victimes innocentes, ce qui le rend des plus condamnables, mais en plus nuit gravement au processus de paix que l’on veut reprendre ». _ Que dites-vous à l’Europe ?

Moshir al-Masri : En ce qui concerne les « terroristes », et l’affirmation selon laquelle la résistance non seulement tuerait des innocents, mais ferait obstacle au processus de paix, nous disons : « Observons attentivement et précisément la scène palestinienne et les événements qui s’y sont produits depuis la signature de l’accord de paix entre Palestiniens et Israéliens. Qui a commencé à tuer ? Qui a perpétré des massacres le premier ? Comment l’Intifada d’Al-Aqçâ, que nous continuons à vivre aujourd’hui, a-t-elle débuté ? Ne serait-ce pas, par hasard, avec la visite provocatrice de Sharon à la Mosquée Al-Aqçâ, bénie et sainte pour les musulmans et pour le peuple palestinien ? Les fidèles [musulmans] ayant protesté, les forces de l’occupation ont abattu des dizaines d’entre eux, en quelques instants. C’est alors que les foules se sont levées, partout, afin de défendre leurs lieux saints, comme c’était leur droit et leur devoir. La première Intifada, quant à elle, n’avait-elle pas éclaté après qu’un colon eut écrasé volontairement sept ouvriers palestiniens à Jabalya ? Par conséquent, nous défendons notre peuple, et ceux qui nous qualifient de « terroristes » se trompent ; ils doivent reconsidérer leur appréciation. Nous ne sommes pas des « terroristes ». Nous prônons la vie, nous prônons un projet de libération, nous défendons la dignité et la légitime fierté. Il faut que le monde européen cesse d’être le complice de l’Amérique, dans son alignement patent sur l’ennemi israélien. Si vous étudiez et examinez précisément les problèmes en jeu sur l’arène palestinienne, vous comprendrez que, dans la quasi totalité des cas, c’est l’occupation qui provoque les problèmes.

S.C.Le récent succès électoral du Hamas a jeté un vent de panique au sein de l’Autorité palestinienne. Pensez-vous qu’après avoir régné durant douze ans en maître absolu, s’être enlisée dans des négociations « de paix » qui ne menaient qu’à plus de souffrances pour les Palestiniens, sera-t-elle capable de renoncer aux privilèges acquis aux dépens de son peuple et d’accepter le message que ce dernier lui envoie ?

Moshir al-Masri : Nous pensons qu’un des principes de la démocratie, c’est l’acceptation des résultats des élections. La nation n’est le monopole de personne, elle appartient à tout le monde. Le mouvement Hamas tient à rassurer tout le monde, l’Europe, l’Amérique et le monde entier, ainsi que l’Autorité palestinienne : nous n’avons nullement l’intention de prendre la place de qui que ce soit dans ces élections, ni de contester quiconque. Nous voulons consacrer une nouvelle étape, celle de la participation politique, afin d’en finir avec l’exclusive dans la prise de décision politique palestinienne. Cette étape sera aussi celle de l’union nationale face aux défis propres à cette étape : ce peuple qui a fait les plus grands sacrifices pour contraindre l’occupant à se retirer d’une partie de son territoire doit aujourd’hui pouvoir vivre une vie tranquille et décente, loin des manifestations d’anarchie et d’insécurité, provoquées la plupart du temps par les services dits « de sécurité » eux-mêmes, loin du système du piston et des pots-de-vin, loin de la perte des repères, du vide devant l’inconnu, qui dominent actuellement la scène palestinienne. C’est la raison pour laquelle le Hamas a voulu participer sans plus tarder aux élections législatives, afin de tenter de sauver la scène palestinienne de cette situation délétère.

S.C. – C’est pour le peuple palestinien une situation on ne peut plus déprimante. Rien de ce que l’Autorité palestinienne avait promis n’a été réalisé. Mais si les Palestiniens lui ont tourné le dos, cela ne veut pas dire, pour autant, qu’ils adhèrent à votre programme ?

Moshir al-Masri : Il est clair qu’en raison de la monopolisation du pouvoir par l’Autorité palestinienne, qui prend seule toutes les décisions concernant l’avenir du peuple palestinien depuis dix ans, et d’autre part du succès du mouvement Hamas et de son programme en matière de résistance légitimement reconnue par le droit international et du fait que ce mouvement a été le porteur des préoccupations du peuple palestinien et de la bannière du changement et de la réforme, on a assisté à un rassemblement populaire autour du Hamas. De plus, le peuple palestinien est un peuple musulman en majorité. Or, le Hamas est un mouvement musulman, qui veut que notre peuple vive l’Islam comme une réalité concrète autant que cela nous est possible. Il est clair que l’Autorité palestinienne n’a pas tiré les leçons de ses erreurs, et que sa situation est déplorable. Elle est même incapable de tenir tête à ceux de ses membres qui pratiquent des enlèvements d’étrangers, qui nuisent à l’image honorable de notre peuple, ou qui pratiquent les occupations de diverses institutions, le racket et l’intimidation. Tout ceci fait que l’Autorité palestinienne traverse une période de grande faiblesse et de décomposition. C’est la raison pour laquelle nous avons tenu à participer aux élections, afin que l’Autorité recouvre son prestige et que le droit retrouve sa primauté. Nous voulons créer une Autorité palestinienne respectable, afin que le peuple palestinien puisse la respecter.

S.C.Sauf à Ramallah, durant l’année écoulée, lors des élections locales, le Hamas a récolté plus de 50 % des voix. Le FPLP, parti de gauche, a dans certaines villes fait alliance avec vous. Cela tend-il à démontrer qu’il ne s’agit pas de voter pour une religion mais pour des hommes et des femmes intègres qui, contrairement aux cadres du Fatah, n’ont jamais abandonné la lutte de libération ?

Moshir al-Masri : Le fait que le Hamas conclut des alliances avec le Front Populaire de Libération de la Palestine ou d’autres organisations, confirme qu’il n’est pas un mouvement sectaire, ni sclérosé, ni replié sur lui-même. Le Hamas est un mouvement qui s’affirme comme une page ouverte à tous, comme un mouvement prêt à s’allier avec tous les enfants de notre peuple palestinien, afin de défendre les intérêts supérieurs de notre peuple, dans le cadre d’un changement et d’une réforme réels dans l’arène palestinienne. C’est de là que découle le soutien apporté par le Hamas à une candidate de gauche à la mairie de Ramallah, soutien qui n’est pas un cas unique, loin de là. Nous disons à tous que nous ne voulons prendre la place de personne, nous ne voulons évincer personne. Nous voulons vivre une existence digne et tranquille, à l’abri de tous les phénomènes que connaît la scène palestinienne depuis dix ans. Nous voulons convenir d’une stratégie bien définie qui protège les droits du peuple palestinien et préserve ses avancées, sans considération sur les appartenances de ces alliés : il suffit qu’ils soient Palestiniens et qu’ils veuillent servir la cause du peuple palestinien.

S.C. – Pourquoi avez-vous pris le parti de participer à ces élections alors que le Jihad islamique, lui, s’est abstenu ? Des élections sous occupation ne détournent-elles pas les Palestiniens de l’essentiel ? La priorité n’est-elle pas de nouer le dialogue inter-palestinien pour relancer la lutte nationale ?

Moshir al-Masri : Quelles sont les priorités du Hamas, dans la période actuelle ? Mettons les points sur les « i » : le Hamas a trois priorités, dont aucune n’est caduque, ni moins importante que les autres. La première priorité, c’est le renforcement de l’unité interne, étant donné que c’est cette unité qui est à même de protéger l’arène palestinienne contre tout développement dangereux. La seconde, c’est le renforcement de la participation politique, qui représente une option susceptible de sauver la scène palestinienne du marasme actuel. Le troisième point, c’est le renforcement du programme de la résistance en tant que choix stratégique de notre peuple, tant qu’une occupation continuera à peser sur notre terre et tant que se poursuivra l’agression continue contre notre peuple. Ce choix a été celui de toutes les révolutions de par le monde, y compris en Europe et en Amérique. Il s’agit d’un choix reconnu par le droit international.

S.C.La participation du Hamas aux élections législatives palestiniennes, dans les territoires sous contrôle de l’Autorité Palestinienne, a été mise en cause par Javier Solana. Celui-ci, reprenant la menace des Etats-Unis, a fait pression sur les Palestiniens en affirmant que si le Hamas remportait les élections, l’aide financière de l’Europe serait suspendue. Ce qui indique que l’Europe ne reconnaît pas aux Palestiniens le droit de choisir leurs propres représentants ni celui de résister. Ce chantage, qui menace les Palestiniens d’un étranglement financier, donc de les rendre encore plus faibles face à l’occupant, empêchera-t-il les Palestiniens de voter pour les candidats du Hamas ou du FPLP ?

Moshir al-Masri : En ce qui concerne la question de savoir si les menaces européennes et les menaces américaines de couper les aides sont susceptibles de dissuader notre peuple de soutenir le Hamas, je répondrai que je pense que les déclarations tant européennes qu’américaines à cet effet ont coïncidé avec la quatrième étape des élections municipales palestiniennes, en particulier dans les plus grandes villes. Or, quel en a été l’effet ? Le Hamas a remporté les élections dans les plus grandes villes palestiniennes, comme Naplouse, El-Biréh, Ramallah ou Jénine. Par conséquent, notre peuple palestinien est un peuple qui compte essentiellement sur Dieu – Qu’Il soit exalté ! – et qui connaît ce verset coranique « C’est dans le ciel que se trouve la véritable vie qui vous a été promise ». Le peuple sait très bien qu’il y a un complot international ourdi contre lui. Par conséquent, il veut choisir ceux qui seront capables de porter sa préoccupation et ceux dont il sait, de confiance, qu’ils seront dignes de la mission qu’il leur aura confiée, par la grâce de Dieu ! Nous, au Hamas, nous avons fait nos preuves, au fil des années, dans de nombreuses institutions, syndicats, coopératives, ou autres, et nous avons donné un exemple à suivre. C’est en connaissance de cause que le peuple palestinien nous a élus, c’est en raison de sa confiance. Par conséquent, la provocation de l’administration américaine qui, aux dires des responsables de l’Autorité palestinienne, n’accorde au peuple palestinien que des miettes qui ne représentent pratiquement rien dans le budget palestinien et la position européenne, voire même les déclarations de Javier Solana dont je ne pense pas qu’elles reflètent une position européenne bien étudiée qui représente vraiment tous les Etats membres de l’Union européenne, vous savez… Disons que je ne considère pas que la dernière position adoptée par le Quartette soit une position d’une grande fermeté. Il s’agit plutôt de l’_expression d’un recul : après avoir refusé la participation du Hamas aux élections, certains partenaires internationaux ont dépassé ce blocage, après avoir constaté la détermination et la volonté des Palestiniens, ainsi que l’unanimité sur la nécessité de la participation de tous à ces élections. Les puissances étrangères opposées à notre participation ont commencé à brandir la menace de la suspension des aides économiques, puis elles ont cessé de le faire après avoir constaté que cela ne dissuaderait en rien les Palestiniens de voter pour le Hamas. Elles se sont alors contentées de formuler des mises en garde contre la participation du Hamas à tout gouvernement palestinien à venir. Je suis persuadé que les partenaires internationaux se verront contraints de composer avec une réalité nouvelle pour eux : le mouvement Hamas est une composante authentique du peuple palestinien, il fait partie de ceux qui déterminent la décision politique palestinienne.

S.C.La position du Quai d’Orsay, était plus nuancée que celle de Solana : « Nous pensons qu’il est important que le processus électoral qui a été engagé dans les territoires palestiniens puisse se dérouler normalement…Le Hamas demeure inscrit sur la liste « des organisations terroristes de l’Union européenne, tant qu’il n’aura pas renoncé à la violence et reconnu l’Etat d’Israël. Pour notre part, nous suivons avec intérêt ce qui se passe et cette évolution du Hamas sur le plan politique ». Vous paraît-il possible de renoncer à la lutte armée et de reconnaître l’existence de l’Etat juif d’Israël ?

Moshir al-Masri : En ce qui concerne la reconnaissance de l’Etat d’Israël et le renoncement à la lutte armée, je réponds : comment le Liban s’est-il libéré ; comment beaucoup de pays européens se sont-ils libérés, et comment l’Amérique du Nord s’est-elle libérée ? N’est-ce pas en chassant les puissances qui les occupaient ? Cela fait dix ans que nous essayons de négocier : pour quel résultat ? Le résultat, n’est-ce pas l’inconnu ? Le résultat, n’est-ce pas le vide ? Qu’est-ce que l’Autorité palestinienne a récolté ? Qu’est-ce que le peuple palestinien a récolté ? Rien, sinon des malheurs, la destruction, le recul de la cause palestinienne pour des lustres… On ne peut pas continuer à faire ce genre d’expérience vouée à l’échec ni accepter une occupation qui s’incruste, qui continue à tuer, à massacrer, à perpétrer la terreur contre le peuple palestinien. Nous disons que le Hamas est un mouvement ouvert, prêt au dialogue avec qui le souhaite à la lumière des intérêts supérieurs du peuple palestinien. Mais un dialogue avec l’occupation sioniste, c’est un dialogue qui a échoué, bien qu’il ait été tenté sur la base des plus grandes concessions de notre part, en échange de rien du tout, du côté israélien.

S.C.De savoir que les dirigeants des pays démocratiques ont systématiquement refusé de sanctionner Israël qui viole les Conventions de Genève – démolitions de maisons, exécutions sommaires, arrestations arbitraires, assassinats d’enfants – et aussi de savoir que les associations en faveur de la Palestine ont collaboré avec l’Autorité palestinienne qui était un système corrompu et répressif, vous choque-t-il ? Ne pensez-vous pas que votre meilleure arme est de mieux expliquer à l’opinion internationale quel type de soutien les Palestiniens sous occupation militaire attendent ?

Moshir al-Masri : Oui, cela me choque. Effectivement, nous avons besoin d’une vaste campagne médiatique. Mais il est évident que les sionistes, leurs séides et leurs amis possèdent des moyens d’information extrêmement puissants qui écrasent les nôtres. Israël a violé la quasi totalité des résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu, ainsi que toutes les Conventions de Genève, en perpétrant les pires crimes terroristes contre notre peuple : destruction de maisons, de terres agricoles, assassinat délibéré d’enfants innocents et, cela, sans qu’il ne juge le moindre soldat responsable de ces assassinats, notamment d’enfants, comme celui du jeune Muhammad Al-Durra, auquel le monde entier a assisté : on l’a vu crier, supplier. En vain. Le résultat ? Le soldat responsable d’avoir tué délibérément a été emprisonné pendant un mois à peine. Cela équivalait purement et simplement à se gausser du sang palestinien répandu. Oui ; il nous faut dénoncer toutes ces exactions israéliennes, toutes les violations israéliennes des résolutions du Conseil de sécurité, et aussi celles des Conventions de Genève. Nous avons besoin des efforts des journalistes européennes et européens, des juristes, de toutes les personnes et instances porteuses du sens du mot « humanité », qui comprennent ce que l’occupation signifie et qui connaissent l’horreur du crime et du terrorisme sionistes à l’encontre de notre peuple, afin qu’ils fassent comprendre au monde, autant qu’il leur est possible, quelle est la véritable situation. Nous savons qu’il existe une connivence entre les régimes politiques européens et l’ennemi israélien, mais nous savons aussi qu’il y a chez vous, en Europe, des gens qui défendent les valeurs humaines, et nous leur serrons fraternellement la main, en les priant de multiplier les contacts avec nous.

S.C.Autrement dit, Israël aura le beau rôle aussi longtemps que l’opinion n’aura pas compris que la racine de ce conflit ce n’est pas la religion mais la lutte d’un peuple pour garder sa terre, et aussi l’expulsion des trois quarts des Palestiniens, en 1948, pour installer, à leur place, des gens de confession juive venus de partout. Tant que ce déni de l’histoire perdure il est facile à Israël de renverser les responsabilités et d’accuser de terrorisme ceux qui relèvent la tête. Si vous obtenez une majorité aux élections législatives, êtes-vous prêts à rencontrer les responsables politiques européens pour leur rappeler que le point central du conflit est l’expropriation et l’épuration ethnique des Palestiniens par Israël ? Et de façon plus générale, que pensez-vous faire ?

Moshir al-Masri : Si nous remportons la majorité lors des élections législatives, nous aviserons. Mais, sur le plan du dialogue avec l’Europe et les États-Unis, le Hamas n’a d’hostilité envers personne, et nous sommes prêts à dialoguer avec qui voudra dialoguer avec nous. Nous avons dialogué avec l’Europe, notamment avec des parlementaires européens, et nous avons instauré un dialogue avec des universitaires américains, à Beyrouth (mais il ne s’agit pas de personnes détentrices d’un quelconque pouvoir exécutif aux États-Unis). Le Hamas est un mouvement ouvert à tous, et certainement pas un mouvement rigoriste, ni un mouvement complexé. Bien entendu, le Hamas est un mouvement porteur d’un projet islamique, qui veut que tout le monde vive en liberté et dans la dignité, et donc que notre peuple vive libre et dans la dignité. Ce que nous demandons au monde, c’est de ne pas s’aligner, de ne pas persister dans son alignement patent, meurtrier et provocateur sur l’ennemi sioniste, au prix des intérêts nationaux du peuple palestinien. Nous sommes prêts à dialoguer avec tout partenaire, mis à part Israël, qui perpétue l’occupation et l’agression contre notre peuple palestinien, afin d’expliciter ce qui doit et peut l’être et de mettre tout un chacun au courant de ce qui se passe sur la scène palestinienne, et aussi afin de rappeler à nos partenaires que le problème, c’est l’occupation et l’agression, et en aucun cas notre peuple ni sa résistance légitime. Le problème est du côté de ceux qui sont venus chasser notre peuple de chez lui et en occuper les terres. Par conséquent, nous sommes persuadés que le monde libre doit s’efforcer de faire en sorte que le peuple palestinien vive libre, dignement, comme il vit lui-même.

Nous vous remercions tous.

Traduit de l’arabe en français par Marcel Charbonnier et Ahmed Manai, membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. (transtlaxcala@yahoo.com). Cette traduction est en Copyleft.


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