22 avril 2010

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TUNISNEWS
9 ème année,N° 3621 du 22.04.2010
 archives : www.tunisnews.net 


Liberté et Equité: Arrestation de Kabil Nasri, ex prisonnier politique Tolerance: Entrevues Tunisie – Moncef Marzouki : La situation des droits humains Saadeddine Zmerli : Hommage à Hassouna Ben Ayed AFP: Un Français et un Algérien enlevés au Niger AFP: Le dernier dictateur argentin condamné à 25 ans de prison pour tortures Libération: Dernier dictateur en prison


 

Liberté pour le Docteur Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Tunis, le 21 avril 2010

Nouvelles des libertés en Tunisie


1)     Arrestation de Kabil Nasri, ex prisonnier politique Des agents de la police politique ont interpellé dans la matinée du mercredi 21 avril 2010 l’ex prisonnier Kabil Nasri, originaire de Menzel Bourguiba, qui s’était rendu de chez lui à la banlieue de Mnihla, près de Tunis, pour rendre visite à sa sœur. Au bout d’une heure d’interrogatoire, il a été remis en liberté. Le jeune Kabil Nasri est soumis depuis sa sortie de prison à des brimades incessantes ainsi qu’à des atteintes à sa liberté tant en ce qui concerne ses déplacements, que son emploi où sa façon de se vêtir. [ …] Pour le bureau exécutif de l’Organisation Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Entrevues Tunisie. Moncef Marzouki : La situation des droits humains

 


par Aziz Enhaili   Moncef Marzouki est un médecin et homme politique tunisien. Il est élu en 1989 à l’unanimité président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme. Il y a milité jusqu’à sa quasi destruction en 1994 par un régime qui ne souffre ni autonomie de la société civile ni opposition véritable. D’où son déchaînement contre ce militant des droits de l’Homme. Dr. Marzouki a également agi comme porte-parole du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT) de 1998 à 2001. Il a été empêché de se présenter contre Zine el-Abidine Ben Ali à l’élection présidentielle de 1994. Il préside depuis 2001 le Congrès pour la République, un parti non reconnu. Nous l’avons interviewé à propos de la situation des droits de l’Homme en Tunisie.   Aziz Enhaili: Comment se porte l’État de droit en Tunisie? Moncef Marzouki: De quoi parlez-vous? Il n’y a jamais eu d’État de droit dans ce pays. L’État de droit suppose une justice indépendante. Nous avons la magistrature la plus couchée que puissent rêver une dictature. Le 30 janvier dernier un procès extraordinaire a eu lieu à Tunis, à huis clos, un samedi après midi, en l’absence du principal accusé, le fameux maffieux Imad Trabelsi, gendre ou beau-fils du dictateur et il a été acquitté du vol d’un yacht en France. Crime connu de tous. Un État de droit suppose un Parlement qui vote les lois. En Tunisie, c’est en fait une chambre d’enregistrement, dont les lois sont toutes là pour limiter les libertés. L’État de droit en Tunisie reste à construire sur les décombres d’une dictature maffieuse de la pire espèce. Aziz Enhaili: Quel est l’état actuel des libertés publiques sous Zine el-Abidine Ben Ali?
Moncef Marzouki: Elles étaient moribondes. Elles sont mortes. Trois opposants ne peuvent s’asseoir ensemble dans le même café. La surveillance du courrier, d’Internet, des journaux, des opposants est digne de la Corée du Nord. Aziz Enhaili: A quoi cet état est-il dû, selon vous? Moncef Marzouki: Un régime vil, une opposition veule et un peuple avili. Le régime ne recule plus devant aucun moyen de basse police pour intimider le dernier carré des résistants. La classe politique –ou ce qu’il en reste- ne veut pas admettre une simple loi vérifiée tant de fois par l’histoire. L’opposition est un concept qui n’a de sens que dans une démocratie. Sous une dictature, il n’y a que la résistance, soit armée, soit pacifique. Je n’ai pas arrêté d’appeler les acteurs politiques à organiser la résistance civile en vue d’un long combat déterminé ayant pour objectif clair d’abattre la dictature. Mais ces messieurs, dames sont persuadés ou font semblant de l’être- qu’on peut amender une dictature, qu’en faisant semblant de participer à ses farces électorales, on élargit l’espace des libertés. C’est pitoyable! Le peuple, lui, sans leadership, sans alternatives claires, se laisse aller à la débrouillardise individuelle, en rentrant la tête dans les épaules. Quel spectacle que celui de la Tunisie. Jeunesse, où es tu? Quand vas-tu retrouver la colère salvatrice pour sortir le pays de ce marigot? Aziz Enhaili: Comment expliquez-vous l’«efficacité» de ce régime autoritaire dans le musèlement d’un pays comme la Tunisie? Moncef Marzouki: N’importe quel idiot peut gouverner un pays trente ans s’il use de la corruption, ne recule devant aucune répression. C’est le cas de Ben Ali. Aziz Enhaili: Y a-t-il encore une opposition digne de ce nom dans ce pays? Si oui, de quelles forces politiques se compose-t-elle? Quel est l’état aujourd’hui de cette opposition? Moncef Marzouki: Il y a d’abord l’opposition du décor, Tajdid (ex-Parti communiste) compris; ensuite, l’opposition magique type Parti démocratique progressiste (PDP), qui joue à l’extension des espaces de liberté, en prétendant participer à un jeu électoral qu’elle sait pipé. Elle n’a pas d’autre stratégie pour faire semblant d’exister. Il y a enfin les irrédentistes. Ils sont en prison ou en exil ou encore en clandestinité. Je parle ici du Congrès pour la République (CPR), du Parti ouvrier communiste tunisien (POCT) et Du parti d’Ennahda. Trois formations illégales. Aziz Enhaili: Les islamistes demeurent-ils de nos jours la principale force d’opposition au régime? Moncef Marzouki: Non. Ennahda est paralysée par ses contradictions internes entre les résistants et ceux qui veulent collaborer avec le régime. Tant que ce parti islamiste n’aura pas éclaté en deux groupes, les résistants rejoignant la résistance et les collabos allant clairement à la «soupe», les choses resteront figées en l’état. Aziz Enhaili: Comment expliquez-vous le silence occidental face à la détérioration continue depuis de nombreuses années de l’état des libertés en Tunisie? Et que devrait faire l’Occident pour redresser cet état? Moncef Marzouki: Ce n’est pas l’Occident qui est en cause ici, mais cinq gouvernements (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Italie et Espagne). Leur intérêt immédiat est de soutenir la dictature de Ben Ali, faute d’alternative. La démocratie risquant, pensent-ils, de donner le pouvoir à des forces nationalistes et/ou islamistes. Les sociétés civiles occidentales, elles, sont contre la dictature et constituent pour nous un puissant allié. Aziz Enhaili: Quel crédit accordez-vous au scénario de dévolution du pouvoir à Tunis à des membres du clan Ben Ali-Trabelsi, en cas d’incapacité du président en exercice? Moncef Marzouki: Aucun! Il faut réactiver la résistance civile pour en finir avec la dictature. Tout autre choix stratégique condamnerait notre pays à la corruption éternelle et à des lendemains bien tristes pour nos jeunes. Entrevue réalisée par Aziz Enhaili pour Tolerance.ca ®.  
(Source: Tolerance.ca le 21 avril 2010)


Hommage à Hassouna Ben Ayed

        par Saadeddine Zmerli 

Nos parcours se sont si souvent croisés que nous sommes devenus les acteurs de projets communs dont le rappel constituera l’hommage d’amitié que je rends aujourd’hui à la mémoire d’ Hassouna Ben Ayed. 

Nous avons partagé la même communauté, une famille bien particulière, celle des internes des Hôpitaux de Paris. Affronter un concours postulé par mille candidats, dont trois cents seront déclarés admissibles à l’écrit et dont une centaine seulement sera reçue, crée des liens spéciaux.C’est Zouhair Essafi qui nous a fait découvrir cette voie  royale de la formation médicale française. Réussissant au concours de 1952 il devenait le premier interne maghrébin des Hôpitaux de Paris.Avec Hamadi Kassab et  Abdelkrim Bettaieb nous lui avons succédé en 1956. Hassouna Ben Ayed  est venu renforcer notre jeune et petite famille en 1957.

                 Nous nous sommes retrouvés en 1960 à l’Hôpital  Necker.

Alors que j’officiais dans le service d’urologie du Pr. Couvelaire et participais à la réalisation des premières transplantations rénales, Hassouna Ben Ayed s’initiait aux nouvelles méthodes d’épuration extra rénales, dialyse péritonéale et rein artificiel, chez le  Pr. Jean Hamburger dont le service allait devenir le temple de la Néphrologie en France. 

  • Rentré à  Tunis en 1962 il prend la direction du service de médecine générale de l’Hôpital Charles Nicolle, où il donne la pleine mesure  de ses capacités qu’il traduisait chaque jour avec discrétion et humanité.
  • Il transforme progressivement son service. 

Dès 1963, il y installe un rein artificiel, le premier en Afrique et au Moyen Orient, pour traiter les insuffisances rénales aiguës et chroniques. 

Il crée, en 1973, un laboratoire de pathologie rénale et en 1975 un laboratoire d’endocrinologie  

Le service est devenu un service multidisciplinaire abritant médecine interne, rhumatologie, endocrinologie et néphrologie. Une véritable école de médecine.  

    • Nous étions, en 1975, membres du Conseil de Faculté présidé par Zouhaïr Essafi.

       Ce denier a eu l’idée d’instaurer le résidanat qualifiantpour former des spécialistes après 4 années de résidanat.  

       Pour devenir résident il fallait réussir à un concours sur épreuve, avec un nombre de postes et un programme définis.  

       Le résident devient le pilier du service hospitalier et le résidanat, la première marche de la carrière universitaire et de la spécialité.     

      Valorisant le savoir faire, cette réforme, la plus importante des études médicales est à l’origine de  la qualité de la médecine et des médecins tunisiens en matière de spécialité. 

      Avec Hassouna  Ben Ayed devenu Doyen en avril 1976, nous avons eu le privilège de la mettre en pratique avec l’ouverture du premier concours de résidanat en 1977 et de définir le programme des différentes spécialités. 

Depuis les doyens n’ont cessé de réclamer une réforme en Médecine générale destinée à valoriser la formation des généralistes et à l’adapter aux besoins du pays. Il serait grand temps de la réaliser. 

  • Pendant son décanat, nous avons réalisé un vieux projet : jumeler l’hôpital Charles Nicolle de Rouen et celui de Tunis, dont j’assurais la présidence du Conseil de Santé.  Cette coopération intéressait les personnels médical, paramédical et administratif. Elle fut officialisée en 1981 à Rouen par Jean Lecanuet, député  maire de cette ville et notre ambassadeur en France Si Hedi Mabrouk. Elle se poursuit encore aujourd’hui, à la satisfaction de tous. 
  • Un autre projet commun fut celui de la transplantation rénale dont j’avais maitrisé la technique 25 ans auparavant, en 1960 à Paris. Ce n’est qu’en juin 1986 que j’ai pu réaliser la première transplantation.  

Par son choix des dialysés à opérer et le suivi médical des transplantés Hassouna Ben Ayed a contribué, à l’évidence, à la réussite du projet qui compte aujourd’hui un millier de transplantations rénales réalisées dans les services d’urologie devenus ainsi des centres de transplantation rénale.  

  • Comment évoquer la mémoire de Hassouna Ben Ayed sans parler de Jerba à laquelle il était très attaché.  Soucieux d’y améliorer les conditions sanitaires des Jerbiens, il invitait fréquemment des médecins à s’y rendre.  Saîd Mestiri et moi-même l’avons accompagné un week-end. Nous n’avons pas chômé : consultations de patients, visites de centres sanitaires et conférences se sont succédées.  

 Nous avons découvert notre ami  Hassouna ,  réservé toujours avare de paroles,   discret toujours simple, auréolé  d’humanité et de dignité.  

Nous avons été touchés par l’hospitalité connue des Jerbiens mais surtout  par leur témoignage de reconnaissance à notre égard et vis à vis de Ben Ayed qu’ils affectionnaient et considéraient comme le « Seigneur de l’ile ».     

  • Médecin hors pair, universitaire authentique, Hassouna Ben Ayed  s’est imposé, au long d’une carrière réussie, en  pionnier de la médecine tunisienne moderne comme l’ont été Zouhaïr Essafi et Saïd Mestiri pour la chirurgie.

 Ce maître incontesté aurait mérité depuis longtemps le titre de professeur émérite. Ce manque de reconnaissance scientifique de la part de nos institutions, ignorant la règle élémentaire et indispensable de la hiérarchie dans le choix de l’éméritat est regrettable à plus d’un titre. 

  • Le nombre de patients qu’il a soignés, de guérisons qu’il a obtenues, d’amitiés qu’il a nouées,   d’élèves qu’il a formés, sont autant de raisons de maintenir vivant son souvenir à l’évocation de son nom. 
Que ses enfants, ses frères et tous ses proches acceptent cet hommage avec toute notre sympathie.
 
(Source: « Mouatinoun » organe du FDTL nr 131 avril 2010)

 


Un Français et un Algérien enlevés au Niger


AFP: 22.04.2010, 19h57 Un Français et un Algérien ont été enlevés jeudi dans le nord du Niger, près de la frontière algérienne, a-t-on appris de sources sécuritaires nigériennes. « Un Français, probablement un touriste, et un Algérien ont été enlevés aujourd’hui (jeudi) près de la localité de Inabangaret (nord nigérien), près de l’Algérie », a indiqué à l’AFP une source sous couvert de l’anonymat. Les deux hommes ont été enlevés « par des hommes armés », a affirmé une autre source sécuritaire nigérienne, ajoutant que le ressortissant algérien serait le chauffeur du Français. Interrogé par l’AFP sur l’enlèvement d’un ressortissant français, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, a déclaré: « nous avons des indications en ce sens que nous nous employons à confirmer ». Aucune précision n’avait été donnée pour l’heure sur l’identité des ravisseurs. Les enlèvements de touristes sont courants dans la vaste zone désertique à cheval entre le Niger, le Mali et l’Algérie, où opère Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Quatre touristes européens (deux Suisses, un Allemand et un Britannique) avaient été enlevés dans la région nigérienne de Tillabéri, près du Mali, en janvier 2009. Aqmi, qui avait revendiqué l’enlèvement, avait annoncé en juin avoir tué le touriste britannique, tandis que les trois autres otages avaient été libérés. Le groupe avait également revendiqué l’enlèvement en décembre 2008 de Robert Fowler, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Niger, et son collègue Louis Guay, dans la même zone. Ils avaient été ensuite libérés.


Le dernier dictateur argentin condamné à 25 ans de prison pour tortures


AFP, le 20 avril 2010 à 00h49 Par Liliana SAMUEL BUENOS AIRES, 20 avr 2010 (AFP) – Le dernier dictateur argentin, Reynaldo Bignone (1982-1983), âgé de 82 ans, a été condamné mardi à 25 ans de prison pour plusieurs crimes contre l’humanité, dont des enlèvements et la torture de prisonniers politiques. Cet ancien militaire avait été désigné président de l’Argentine après la guerre des Malouines perdue en 1982 par le régime militaire contre la Grande-Bretagne. C’est lui qui avait remis le pouvoir au président social-démocrate Raul Alfonsin, lors du retour de la démocratie en 1983. Il est considéré comme l’un des chefs du centre clandestin de détention des casernes du Campo de Mayo, dans l’ouest de Buenos Aires, où sont passés quelque 4.000 opposants, pour la plupart toujours portés disparus. Une maternité clandestine y avait également été installée afin de voler les bébés des opposantes et de les remettre sous une autre identité à des membres du régime militaire. Des quatre présidents de la dictature, Reynaldo Bignone est le dernier survivant avec Jorge Rafael Videla, l’homme qui a dirigé le coup d’Etat en 1976. M. Videla, ancien général de 83 ans, avait été condamné à la réclusion à perpétuité lors d’un procès historique de la junte militaire en 1985, avant d’être amnistié cinq ans plus tard par l’ancien président Carlos Menem. Il fait de nouveau l’objet de poursuites depuis que l’Argentine a annulé en 2003 les lois amnistiant les crimes commis par la dictature (1976-1983). Six autres anciens cadres du régime militaire, considérés eux aussi comme des responsables du centre clandestin de Campo de Mayo, ont également été condamnés à différentes peines de prison dans ce procès. AFP  

Dernier dictateur en prison


Argentine ● Reynaldo Bignone, âgé de 82 ans, a été condamné à 25 ans de prison pour plusieurs crimes contre l’humanité. Familles soulagées. Gérard THOMAS Dernier dictateur des années de plomb argentines (1976-1983), le général Reynaldo Bignone, aujourd’hui âgé de 82 ans, avait été mandaté par la junte militaire pour négocier la remise du pouvoir aux civils en 1983. L’histoire locale finissait d’ailleurs par se satisfaire de ce rôle de médiateur après la déroute de l’armée argentine dans la guerre des Malouines contre la Grande-Bretagne (avril à juin 1982) qui a accéléré la chute de la dictature. Mais mardi, sa carrière antérieure de tortionnaire a finalement rattrapé le vieil homme. Le tribunal de San Martin l’a condamné à 25 ans de prison pour détentions illégales, tortures de prisonniers politiques et crimes contre l’humanité. Six autres anciens cadres du régime militaire – tous octogénaires – ont écopé en sa compagnie de peine allant de 17 à 25 ans de prison. 56 assassinats «El ultimo de facto» (le dernier dictateur), du nom d’un livre qu’il a écrit au début des années 90 pour justifier son action durant la «guerra sucia» (la guerre sale) contre ceux que les militaires qualifient toujours de «terroristes», va donc passer les années qui lui restent à vivre dans une cellule de droit commun. Il a été reconnu responsable de l’assassinat de 56 personnes. Bignone, déjà condamné à la prison en 1985 pour «crimes contre l’humanité», avait été libéré une année plus tard après avoir bénéficié de multiples lois et décrets d’amnistie. Il a été à nouveau inquiété par la justice depuis le début des années 2000 en tant que principal responsable du centre de détention clandestin Area 480, situé dans la caserne du Campo de Mayo (ouest de Buenos Aires) où ont été incarcérés près de 5000 opposants, pour la plupart portés «disparus». Une maternité clandestine (El campito) avait été installée dans le camp pour organiser le vol des bébés des «terroristes» et leur adoption par des familles de militaires. L’affaire des bébés volés «Justice est enfin faite», se félicitait hier Estela de Carlotto, présidente de l’organisation des grands-mères de la place de Mai qui se bat pour identifier ces bébés volés. Une centaine d’entre eux – sur environ 500 – aujourd’hui âgés d’une trentaine d’années, ont déjà retrouvé leur véritable identité grâce aux recherches menées par son association. «Je préfère être condamné plutôt que de répudier mes supérieurs et mes subalternes qui ont combattu comme moi le terrorisme», a pour sa part déclaré Reynaldo Bignone, qui a toujours refusé de reconnaître le tribunal civil et a boudé l’audience de rendu du verdict. Il admet cependant que le régime militaire a fait disparaître des milliers de personnes mais «pas plus de 8000». En employant des méthodes de tortures et d’exécutions clandestines, selon lui inspirées de celles des Français pendant la guerre d’Algérie. Fidèle à l’ancien général Jorge Videla, qui avait pris la tête du sanglant coup d’Etat de 1976 contre le régime corrompu de la présidente Isabel Peron, Bignone avait demandé sa mise à la retraite en 1981, après le remplacement de Videla par le général Eduardo Viola. Avant Raul Alfonsin Son éloignement des «affaires» en avait fait le candidat idéal des militaires pour conduire la transition avec les civils et notamment avec le futur président Raul Alfonsin, qui sera élu en octobre 1983. Quelques mois avant le scrutin, Reynaldo Bignone ordonnera la destruction des archives recensant les crimes de la dictature (plus de 10 000 cartes d’identités de «morts sur la voie publique» seront pour l’occasion détruites). Parmi ces dossiers figurait notamment le «Document final sur la lutte contre la subversion et le terrorisme» qui planifiait de manière explicite les assassinats de masse des opposants. Il promulguera ensuite une loi d’amnistie dite de «pacification nationale». Le verdict de mardi a été accueilli avec enthousiasme par les proches des quelque 20 000 morts et disparus de la dictature. «Vous allez connaître le même sort que les nazis. Où que vous soyez, nous irons vous chercher!», scandait la petite foule réunie aux portes du tribunal. (Source : «  Libération » (Quotidien – France), le 22 avril 2010)

 

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