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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2161 du 22.04.2006
Commission Arabe des Droits de l’Homme
: Grande inquiétude pour le journaliste Slim Boukhdhir dans sa dix-huitième journée de grève de la faim AP: Tunis et Damas signent un accord sur «l’extradition des criminels» AP: Le président tunisien salue les efforts du pape Benoît XVI en faveur du dialogue entre les religions
Libération: Sérieux doutes sur la santé de Bouteflika
Mokhtar Yahyaoui: Discours et réalités des clans de la démocratie en Tunisie
Réalités: Presse electronique – Des pistes d’avenir
Réalités: l’independance a l’epreuve de la democratie (II) : La mise au pas des organisations nationales et de la société
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Commission Arabe des Droits de l’Homme
Grande inquiétude pour le journaliste Slim BouKhdir dans sa dix-huitième journée de grève de la faim
Nous venons d’apprendre que le journaliste Slim Boukhdir, qui est entré le 4 avril dernier en grève de la faim, a vu son état de santé se détériorer de manière importante. Selon le médecin qui l’a examiné, il se plaint d’une apparition de sang dans les urines en provenance des reins, mais refuse d’être transporté aux urgences et affirme sa volonté de ne pas se soigner et d’aller jusqu’au bout de sa grève malgré d’autres troubles et une perte de poids de onze kilos.
Correspondant à Tunis du site Internet de la chaîne de télévision satellitaire Al-Arabiya, Slim Boukhdir travaillait pour le journal gouvernemental Al-Chourouk. Mais les autorités ne lui pardonnent pas d’avoir soutenu activement le mouvement des grévistes du 18 octobre, déclenché à l’occasion du SMSI en novembre 2005, où il a notamment publié sur internet les déclarations des grévistes qu’il a interviewés. Depuis, il a été, selon la méthode de la mort lente utilisée dans ce pays, l’objet de persécutions policières, de retrait de passeport, de salaire gelé, etc.
Nous avons appris aussi l’entrée, depuis le mercredi 19 avril 2006, en grève de la faim d’une collègue de Slim Boukhdir, la journaliste Shéhérazade Akacha, et ce pour protester contre son licenciement abusif. La Direction du même journal gouvernemental Al-Chourouk lui a ‘dicté’ un article qu’elle a refusé, faisant connaître ces pressions sur internet. Ce qui a motivé son licenciement et son harcèlement incessant par la police politique.
De son côté, l’avocat Mohammed Abbou est toujours en grève de la faim depuis le 11 mars 2006, où il a été condamné à trois ans de prison pour un article publié sur internet il y a deux ans. On ne lui a pas pardonné d’avoir dénoncé la torture en Tunisie lors du SMSI de novembre 2005.
La Commission Arabe des Droits Humains, qui a déjà attiré l’attention lors de ce sommet sur la dégradation de la situation des droits de l’homme dans ce pays et qui a reçu les plaintes des militants des droits de l’homme soumis depuis aux pires exactions, affirme sa solidarité avec ces grévistes de la faim et appelle les démocrates dans le monde à une large solidarité avec eux et avec tous les victimes de la chape de plomb qui s’abat depuis de longues années sur la Tunisie.
Malakoff le 21 avril 2006
Tunis et Damas signent un accord sur «l’extradition des criminels»
Associated Press, le 21 avril 2006 à 21h05 TUNIS (AP) — La Tunisie et la Syrie ont signé vendredi deux conventions, la première relative à «l’extradition des criminels» et la deuxième portant sur la coopération judiciaire en matière pénale, a rapporté l’agence de presse tunisienne TAP sans fournir de précision sur le teneur de ces conventions. Celles-ci font partie de quelque 13 accords de coopération ayant sanctionné la visite officielle que vient d’effectuer en Tunisie le président du conseil des ministres syrien, Mohamed Naji Al-Otri. Ces accords portent notamment sur la coopération dans le domaine de la recherche scientifique, l’information, l’enseignement supérieur, la promotion de la femme, les textiles et la propriété industrielle. Damas avait déjà livré l’an dernier à Tunis une vingtaine d’extrémistes tunisiens arrêtés en Syrie. Au cours de son séjour, le responsable syrien a co-présidé avec son homologue tunisien Mohamed Ghannouchi les travaux de 7ème session de la haute commission mixte tuniso-syrienne. Associated Press
Le président tunisien salue les efforts du pape Benoît XVI en faveur du dialogue entre les religions
Associated Press, le 22 avril 2006 à 14h54
TUNIS (AP) — Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a rendu hommage samedi au pape Benoît XVI pour ses «efforts visant à diffuser les valeurs de dialogue, de tolérance et de solidarité entre les peuples et les religions et pour soutenir les causes justes à travers le monde ».
Dans un message adressé au souverain pontife à l’occasion du premier anniversaire de son élection à la tête de l’Eglise catholique romaine, M. Ben Ali fait part de sa «profonde considération» envers le pape et exprime son souhait de consolider les liens d’amitié établis entre la Tunisie et le Vatican.
Il y souligne la volonté de son pays «d’oeuvrer en commun à diffuser les principes de la justice et de la paix dans le monde ».
Pays à grande majorité musulmane abritant des minorités juive et chrétienne qui pratiquent leur culte en toute liberté, la Tunisie entretient des relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs avec le Vatican.
Le prédécesseur de Benoît XVI, Jean Paul II, avait effectué en 2000 une visite officielle en Tunisie et officié une messe à la cathédrale de Tunis, un monument imposant situé en plein centre de la capitale.
Sérieux doutes sur la santé de Bouteflika
Le professeur Bernard Debré fustige la thèse officielle. Paris reste muet.
Par José GARÇON samedi 22 avril 2006
«Ce qu’on nous annonce ne cadre pas avec ce qui se passe aujourd’hui. Si, à l’origine, c’était un simple ulcère, les médecins algériens pouvaient parfaitement le traiter en dix jours. Or il est venu à Paris et est resté hospitalisé pendant plus d’un mois. On ne doit pas nous prendre pour des naïfs» : professeur de médecine et député apparenté UMP, Bernard Debré a dit tout haut vendredi ce que tout le monde pense tout bas de la nouvelle hospitalisation d’Abdelaziz Bouteflika à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce. Et de préciser dans une interview au Parisien avoir «plus que des doutes» sur la santé du président algérien.
Alignement. Le mutisme des autorités françaises, qui s’alignent sur la thèse officielle algérienne, favorise quoi qu’il en soit toutes les rumeurs. «Il poursuit son séjour pour suivi médical prévu de longue date et qui intervient à la suite de l’opération qu’il avait subie au mois de novembre», s’est borné à indiquer vendredi le Quai d’Orsay en refusant d’en préciser la durée ou le lieu de séjour. «Ce n’est pas à nous de donner des détails. C’est une visite de caractère privé. Je vous renvoie plutôt aux autorités algériennes», a déclaré vendredi le ministère des Affaires étrangères, reprenant quasiment mot pour mot les communiqués diffusés il y a cinq mois à l’occasion de la première hospitalisation d’Abdelaziz Bouteflika, laquelle avait duré trois semaines. Après quoi, celui-ci avait passé deux semaines de convalescence à l’hôtel Meurice, un palace parisien.
Surenchère. Sa nouvelle hospitalisation survenant dans une énième période de tension entre la France et l’Algérie, Paris fait tout pour ne pas donner prise à une surenchère verbale avec Alger. Cela n’est pas le cas des milieux d’extrême droite, et notamment de Jean-Marie Le Pen. Ces derniers profitent de la venue d’Abdelaziz Bouteflika, quatre jours après qu’il a accusé la France d’avoir procédé à un «génocide de l’identité algérienne» pendant la colonisation, pour dire tout le mal qu’ils pensent de voir un président algérien soigné en France. La virulence de sa «sortie» prouve au moins que, contrairement aux dires d’Alger et de Paris, son hospitalisation n’était «pas prévue de longue date», Bouteflika n’ayant pas intérêt à voir exposer aussi crûment ses contradictions .
(Source: Libération le 22 avril 2006)
Discours et réalités des clans de la démocratie en Tunisie
Mokhtar Yahyaoui
01- Le dernier cinquantenaire de l’indépendance était aussi le cinquantenaire de la dictature ou ce que peut signifier un pouvoir sans partage d’un seul parti sur le pays. Un tel événement ne peut ainsi faire oublier cette réalité. Au delà de toute divergence d’appréciation et d’évaluation, le problème fondamental que ces 50 ans d’indépendance ont révélé, est un problème politique de gouvernance, de pluralisme et d’alternance au pouvoir. Il se traduit par ce blocage politique qui continu à peser de tout son poids sur le pays et l’empêcher d’exprimer librement sa diversité et de faire valoir ses véritables potentialités. 02- Chercher à détourner l’attention du véritable problème dont le pays reste confronté par un prétendu miracle économique à réaliser, ou par un non moins faux discours catastrophiste d’une faillite à éviter ne change rien à la réalité d’un pays mal gouverné. Un pays ou le pouvoir devient un frein à son expansion et devient d’un coût disproportionné avec ses moyens. Comme il est illusoire de mettre en avant des acquis sociaux formels pour plaider la fausse modernité d’une dictature qui ne reconnaît encore à son peuple aucun respect à l’intégrité physique ni de la vie privée. Le droit à la libre _expression et à l’organisation continue à être accordé comme une faveur de la dictature, le recours aux procès politiques et aux exactions policières est aussi systématique pour écarter ses adversaires et intimider tout citoyen qu ose exprimer son opinion. 03- La Tunisie qui a attiré l’attention dans le monde par sa stabilité est aujourd’hui en passe de devenir un objet d’inquiétude à cause de son immobilisme et de la stagnation politique qui la caractérisait. Cette « stabilité » de pouvoir qui semblait jadis un atout exceptionnel dans une région objet à de profonds bouleversements est en train de sombrer le pays dans une grave impasse qui se traduit par cet inquiétant vide politique qui ne laisse émerger aucune alternative politique crédible qui pisse lui succéder normalement. Une situation qui présage encore de l’imprévision et de plus invraisemblables scénarios de retournement de situations. 04- Cette situation n’aurait jamais pu se produire s’il n’y avait pas eu une connivence au sein de l’élite au dépend de la société pour l’écarter de l’exercice effectif des attributs de sa souveraineté. Le compromis qui a consisté en un premier temps à instaurer un système a parti unique et une présidence à vie à évoluer vers un pluralisme de façade très particulier. La dictature prend en charge le financement des partis d’opposition qui lui convenaient tout en leur garantissant 20% des sièges au parlement indépendamment des voix qu’ils obtenaient en contre partie de la restauration de fait de la présidence à vie et une garantie constitutionnelle d’impunité. Pour satisfaire une plus large assise de la dictature, une seconde chambre a été créée. Ce procédé a permis d’accorder le statut de sénateur à l’« oligarchie » du système. Un tiers est désigné directement par le président parmi ses proches courtisans et les deux autres répartis entre les notables régionaux et ses hommes de main au sein des appareils des corporations des employeurs, des agriculteurs et des salariés. [1] 05- indépendamment de cette restructuration fonctionnelle d’une dictature en mal de légitimité institutionnelle, cet aspect d’absence d’éthique politique n’est que l’implication d’une carence plus grave encore, celle de la déréglementation d’un système dans son ensemble. La loi a cessé d’exprimer les limites de délégation de souveraineté dans lesquelles le pouvoir est exercé pour tracer l’ordre imposé dans lequel la société est confinée. La réduction des institutions constitutionnelles législatives et judiciaires en appareil de régulation dans la main de la dictature a enlevé à la loi dans son élaboration et par son application son essence même de généralité, d’impersonnalité et son caractère obligatoire et permanent, confortant ce sentiment diffus de n’être plus qu’un moyen de coercition sur les faibles et un mécanisme de d’exemption et de favoritisme au service des dominants. La politique comme moyen d’engagement citoyen et comme espace d’action publique a perdu son altruisme et cessé d’être ce champ d’intégration et d’émancipation générateur d’ingéniosité et de générosité. Aujourd’hui un ordre social hiérarchisé c’est instauré. Une hiérarchie à trois compartiments entre ses deux pôles des pour inconditionnels et des contre irréversibles le citoyen ordinaire qui constitue l’écrasante majorité des tunisien est réduit au rôle de comparse que son impuissance comme son silence permettant à la dictature de tirer sa révérence pour se prévaloir de sa légitimité de fait. 06- La physionomie du paysage politique instauré aujourd’hui dans le pays n’a rien à avoir avec Le schéma ordinaire d’une dictature en apparence. Un Parti au pouvoir et huit partis légaux d’opposition dont cinq parlementaires avec une puissante centrale syndicale et une ligue de droits de l’homme solidement ancré à coté de quelques associations indépendantes reconnues. Le premier constat à relever est que tous les partis reconnus ou tolérés ne divergent pas avec les choix fondamentaux du modèle d’Etat instauré par Bourguiba et ont supporter le coup d’état qui l’a écarté à cause de sa sénilité. Un état fondé sur l’hégémonie de l’élite sur la société. Une élite qui s’est vite transformer en une minorité dominante qui ne supporte plus le suffrage universel libre ni la transparence de sa gestion du pouvoir et moins encore le libre débat politique et la liberté d’_expression de ses citoyens. L’absence de démocratie interne ne concerne pas uniquement le parti au pouvoir, la même culture de compromis et de coalitions occultes d’équilibre dans la stagnation ont prévalu partout les condamnant à vivre dans un microcosme clos. Coupés de la réalité et des véritables préoccupations des citoyens, c’est une élite vieillissante et rétrécie à l’image du pouvoir qui continu à présider à l’opposition et à la société civile. Harcelée sans répit par la dictature et désertée par les nouvelles générations elle se trouve aujourd’hui face à son dilemme qui le condamne à renouer son rapport avec la société pour continuer à exister sans couper définitivement avec cette dictature qui le nourrissait. Ces organisations indépendantes, partis, syndicats et ONG, reconnues ou tolérés sont en train de se rendre compte qu’ils ne maîtrisent plus le choix de leurs propres élus au parlement ni la désignation autonome des membres de leurs instances dirigeantes. C’est cet aspect du litige dans leur rapport avec la dictature qui départage aujourd’hui l’opposition entre ceux qu’on désigne comme opposition consensuelle et ceux qui se proclament comme opposition « réelle » ou « démocratique ». Aujourd’hui tout en dénonçant le despotisme de Bourguiba on est devant le constat d’une âpre dispute sur son héritage par ses contestataires les plus zélés d’antan qui se présentent comme ses plus fervents défenseurs. De part l’incapacité intellectuelle de dépassement que révèle cette communauté de fond de pensée, les traits d’union saillant entre la dictature et son opposition sont essentiellement à relever dans leur double revendication de laïcité et de positionnement à la gauche. 07- Si l’absence totale de toute _expression de diversité qui ne s’apparente pas à la gauche est complètement occulté et ignorée du discours du pouvoir et de l’opposition oubliant que par cette conspiration de silence ils ne font que s’associer dans la consécration d’un paysage politique étriqué synonyme d’une fausse diversité. Il ne peut être que troublant de trouver un pays arabo-musulman ou aucun parti n’existe pour revendiquer l’héritage de cette civilisation. La revendication de laïcité semble unanime malgré sa flagrante contradiction avec la constitution depuis sa version originale qui stipule dans son article premier que « la Tunisie est un état libre, indépendant et souverain ; sa religion est l’islam… ». Par laïcité, ce mot intraduisible dans aucun autre langage parce qu’il relève d’une particularité exclusivement française qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde, c’est le cordon ombilical de la colonisation qu’on cherche à perpétuer. 08- Ce prétexte d’acquis majeurs qui ne pourront être sauvegardé que par une culture empreinte de laïcité ne peut tromper Personne aujourd’hui car la question de démêler le domaine du religieux du domaine politique et civil n’a échappé à aucune culture ni aucune civilisation. Concernant l’émancipation de la femme l’œuvre avant-gardiste du traditionaliste Tahar Haddad n’a pas attendu d’être abreuvé de laïcité pour l’éclairer, sans s’arrêter sur l’engouement des Tunisiens à éduquer leurs enfants depuis presque un siècle avant l’installation du protectorat français en Tunisie que ses chroniqueurs n’ont pas manqué de le relever. Cette culture qu’on cherche à rendre incontournable au dépend d’une culture incompatible n’est qu’une autre façon de propagande dans le registre de l’œuvre civilisatrice de la colonisation par laquelle on cherche à extirper définitivement notre pays de sa propre civilisation et inculqué l’aveu d’infériorité et de déracinement à sa jeunesse et le doute dans ses propre capacités. Cela se comprendrait dans un climat de liberté et de débat d’idées, mais en faire un argument pour consacrer la domination d’une culture d’aliénation au nom d’une œuvre réformiste à sauvegarder revient à condamner toute ne société à subir la dictature au nom d’une réforme forcée. Il est invraisemblable que certaines élites continuent à professer cette tutelle sur la société devant les indicateurs de développement humain que la Tunisie à aujourd’hui atteint. L’entêtement à reconnaître l’échec de cette politique d’éradication culturelle et politique nous à conduit à cette autre singularité de notre pays qui fait que l’élite et la société sont entrain d’évoluer dans deux directions diamétralement opposés. 09- Ce paysage politique amputé de sa droite donne l’image d’un pays qui fonctionne d’un seul poumon. Un poumon greffé ou seule la proclamation d’appartenance à la gauche donne droit de citer dans un champ politique sévèrement délimité par les conditions que la dictature imposait. Des conditions dont la finalité n’est autre que de priver les masses de toute organisation ou parti dans lesquels elles peuvent s’identifier. Cela explique aussi sa totale indifférence de ce microcosme et la distance entre les controverses dans lesquels il se débattait et ses propres préoccupations. Cette situation contre nature d’une société marquée par des siècles de culture de modération, de confession malikite dans son écrasante majorité et qui n’a jamais été marquée par un attrait particulier aux projets insurrectionnels et aux bouleversements violents. La Tunisie présente aujourd’hui le cas singulier d’une société trahie par son élite qui ne surenchère à le diaboliser que pour mieux le dominer. 10- Sur cette réalité de fond, le discours de la dictature devient intelligible facilement, comme on peut distinguer la nature de la nouvelle bipolarisation qui est en train de changer la nature du débat sur la démocratie et le changement. En cherchant à escamoter le débat politique et à le détourner de sont véritable sujet la dictature ne cherche qu’a retarder sa remise en question en prétendant à de nouvelles missions inachevés. Marquée par l’usure du temps, gangrenée par la corruption conséquent à son exercice quinquagénaire du pouvoir dans l’absence de toute transparence et de tout mécanismes de contrôles conséquents, elle semble fermée à toute véritable ouverture qui signifierait son arrêt de mort. Cette conviction ne semble pas être partagé par le microcosme politique qui sans se départir des préalables à toute ouverture semble redouter son sevrage du modèle qui l’a enfanter. Son action est focalisée essentiellement sur le pouvoir qu’il cherche désespérément à le convaincre ou à lui forcer la main pour changer de stratégie comme si tous les problèmes du pays sont suspendus à la question de savoir si le parti Nahdha doit être reconnu ou non. 11- En observant les dernières positions des différentes formations politiques se réclamant de l’opposition nous ne constatons aucune évolution de fond malgré la clarification des alliances et la constitution de pôles bien tranchés qui les départageaient. Leur lecture du paysage politique ne dépasse pas les délimitations biaisées du champ politique tracé par la dictature. Il sont unanime à voir dans leur déficit d’audience populaire la conséquence des restrictions que la dictature leur imposait dans leur actions, comme ils sont unanime à ne voir dans toute élargissement de ce champs qu’une ouverture de la porte au démon islamiste « Nahdha » dont les conséquences ne diffèrent pas dans leur discours des arguments de la dictature menace sur modèle de société instauré et menaces aux acquis sociaux. Les partis dits de l’opposition consensuelle se sont empressés de renouveler leur soutien à la dictature et « l’assurance de leur confiance indéfectibles dans les choix avant-gardistes et la politique éclairée du président ben Ali ». Un soutien assorti cette fois d’une vague d’épuration systématique dans leurs rangs. Le PUP, UDU, PSL ont choisi d’exclure purement et simplement ceux qui critiquent ou contestent cette position. Dans un second pôle. Constitué autour du Mouvement Ettajdid on s’est empressé à prendre contact avec le président du comité des droits de l’homme désigné par le président de la république pour entendre les doléances des partis et des organisations sur les sujets de leurs préoccupations. Dans sa lettre M. Mohamed Harmel demande la levée de l’état de siège sur l’opposition « démocratique », l’ouverture d’accès aux moyens d’informations publiques à cette opposition et la reconnaissance des partis civils qui ont fait la demande. Son député Thameur Idriss avait exprimé clairement devant la chambre des députés l’opposition de son parti à toute reconnaissance du parti Nahdha. Med harmel expliquait dans un récent article de son journal Ettarik El Jadid : « Les islamistes sont des citoyens comme les autres et nous luttons pour l’amnistie, nous ne jetons l’anathème sur aucun citoyen mais pour nous l’intégrisme est incompatible avec toute construction démocratique parce qu’il menace tous les acquis. » ce refrain est une constance de leur discours et le seul point commun dans leur coalition. Dans le troisième pôle constitué autour du PDP, le secrétaire général a choisi la tribune de l’american entreprise institue (AIE) un thenk theank des néo-conservateurs américain pour demander leur soutient au bloc laïc qu’il entend renforcer pour contrecarrer la probable accès des islamistes à l’action politique « Il n’y a pas de politique sans risque. Nous devons prendre le risque et la solution est double; Premièrement : les islamistes doivent accepter la démocratie et les libertés fondamentales. Deuxièmement : nous ne devons pas se tenir à leur parole mais avoir un bloc laïc qui constitue une force en face d’eux. » [2] 12- Je pense que la situation doit être aujourd’hui claire dans l’esprit de chacun. Sans porter de jugement sur les différentes positions exprimées plus haut, force est de se demander face à une telle logique si on est conscient qu’elle s’oppose à toute confiance dans « la maturité du peuple tunisien digne d’une vie politique évoluée » [3]. Comme il est légitime de se demander si elle ne s’oppose pas à la triple revendication de liberté d’_expression, d’organisation pour tous et de la libération de tous les prisonniers politiques pour laquelle on a observé une grève de la faim d’un mois. Je pense aussi que cette logique miné par sa propre contradiction doit être revu au fond indépendamment de l’opinion qu’on peut avoir d’un parti ou d’un courant politique déterminé pour pouvoir être prise en considération. Car on peut se demander par la même logique qu’est ce qui fait d’un parti qui a servi de support à la dictature pendant cinquante ans un parti compatible avec un système démocratique et qu’est ce qui empêcherait tout autre parti d’avancer des arguments pour empêcher l’existence de ses concurrents. Une telle démarche ne peut nous conduire qu’à une démocratie conditionnée qui suppose une autorité supérieure au peuple pour assurer le respect des préalables qu’elle imposait. Conclusion – Les idées énumérés dans ce texte n’ont pour but qu’une tentative de pousser le débat plus loin dans l’exploration du mal qui condamne notre pays à la stagnation, notre jeunesse à la marginalisation et notre société à la précarité et à la sujétion. Orienter le débat vers une remise en question qui rompt avec les discours ordinaires satisfaits de leurs propres vérités. Je n’ai aucune prétention de faire changer d’avis à ceux qui ont les idées arrêtées, au pouvoir comme en opposition nous leur assurons notre soutien total à tout ce qui peut faire évoluer la situation. En attendant qu’ils apportent cette solution il est de notre devoir de se demander s’ils font partie du problème ou de la solution. Convaincu que chaque discours s’inscrit dans une réalité bien déterminée, il parait évident que le discours de la dictature ne cherche plus que les arguments d’une prolongation. Dans ce contexte d’une fin annoncée il devient primordial d’être vigilent aux discours de certains clans qui sous couvert de démocratie ne cherchent qu’a régénéré un modèle de gouvernance fondée depuis le début sur la substitution d’un protectorat étranger sur le pays par la mise sous tutelle locale de leur société. Tunis le 15 Avril 2005 texte paru dans l’édition du 20 avril 2006 du mensuel le libre tunisien ________________________ [1] – Voir l’article 19 de la constitution modifié par la loi constitutionnelle n° 2002-51 du 1er juin 2002 et ratifié par le référendum du 26 mai 2002. (Il est à signaler que L’UGTT représentant les employés ne siége pas dans cette chambre après son refus de céder sur sa revendication de désigner de façon autonome les membres qui la représentait.) [2] – Transcription du discours publié sur le site du PDP dont la conclusion: « There are no politics with zero risk. We have to take the risk and the solution is two-sided. First, the Islamists accept democracy and basic freedoms, and second, we don’t have to rely on the declaration but to have a secularist bloc to constitute a balance in front of them. I want to say that in Tunisia, after the hunger strike, we engaged in discussions with the Islamists to integrate them into the political process. The discussions are going on about basic questions. For example, we are talking about equality of sex. In Tunisia, polygamy has been banned for half a century. Tunisians do not accept to come back to that the situation prior to that. Do the Islamists accept the equality of sex ? Second, there is the question of the freedom of belief. We don’t want to have the case the Afghans had this week. It’s not possible. We ask the Islamists : Do you accept the banishment of the corporal punishment and so on ? We are discussing basic freedoms and human rights because for us, democracy is not only a mechanism to solve conflict in a society, but a way to solve conflicts in a society based on human rights. That is modern democracy. Any alternative is populism and totalitarianism. » [3] – Principe proclamé par la déclaration du 7 novembre 1987
(Source: le blog du juge Mokhtar Yahyaoui le 22 avril 2006)
PRESSE ELECTRONIQUE :
Des pistes d’avenir
Par Taïeb Zahar
La presse électronique est devenue un phénomène incontournable qui a porté une véritable révolution dans le monde des médias et de la communication, dont les dimensions et les effets politiques, sociaux, économiques et culturels sont évidents. La réaction face à cette profonde transformation varie selon les cultures, les intérêts et la capacité à intégrer l’innovation et la création.
Il y a ceux qui accueillent favorablement cette révolution qu’est la presse électronique, y contribuent et adhèrent à son développement et à sa promotion; ils sont de plus en plus nombreux, enthousiastes, et c’est sans doute là un signe positif. Il y a aussi ceux qui sont réticents face au changement, attachés avec frilosité aux cultures du passé et peu sensibles au caractère irréversible de cette révolution qui s’accomplit sous nos yeux et à laquelle nous devons participer car, de toutes façons, elle se fera avec nous ou sans nous. Parmi ceux que la presse électronique effraie au point qu’ils tentent de la limiter et de réduire ses progrès, certains sont poussés par des considérations de conservatisme, qu’il soit politique, culturel ou social. Ceux-là se situent en dehors du mouvement du progrès.
L’évolution de la presse électronique est rapide et irréversible. Un chiffre pour l’illustrer : les médias classiques qui ont créé leurs éditions “on line” ont vu leurs recettes publicitaires provenant du site augmenter de plus de 140% par an les cinq dernières années, ce qui représente 10% du total de leurs revenus. Face à ce mouvement, ceux qui lui sont opposés pour une raison ou pour une autre veulent utiliser les moyens de la législation pour limiter les progrès et l’extension de la presse électronique. Ils légifèrent dans le sens de la restriction et de la limitation, démarche qui a peu de chances d’aboutir et d’atteindre ses objectifs. Il est évident que si un pays parvient à faire adopter des lois dans ce sens, elles s’appliqueront seulement à l’intérieur et ne pourront en aucun cas empêcher l’accès à la presse électronique hébergée à l’étranger. Dans d’autres pays, les frontières ont été abolies dans ce domaine depuis des années et pour toujours.
La presse électronique pose certaines problématiques qu’il convient de souligner et de résoudre dans un esprit moderne, de progrès et qui considère que le droit à l’information doit être assuré à tous les citoyens car, sans cela, la démocratie à laquelle nous sommes toujours attachés demeurera inachevée. Au lieu de recourir aux mesures législatives, il serait plus logique et plus conforme à l’évolution du monde dans lequel nous vivons, d’établir par exemple “un cahier de charges” que les intéressés doivent respecter.
On fait souvent à la presse électronique le reproche de menacer la presse écrite, de lui “prendre” ses lecteurs et de la condamner, à terme, à la régression. Ce reproche n’est pas fondé —nous le verrons plus loin— et même s’il l’était, ce serait là une occasion pour les pouvoirs publics de prendre les mesures nécessaires pour soutenir et encourager la presse écrite. Ces mesures ont été prises dans certains pays et ont eu les effets escomptés.
En fait, la presse électronique, intégrée dans une approche globale de la communication, peut contribuer au développement et à la promotion des autres médias et notamment la presse écrite. A ce propos, il m’a été donné, lors de ma participation au Congrès mondial de la Publicité qui s’est tenu dernièrement à Paris, de constater la percée de deux secteurs : celui de la presse gratuite et celui de la presse électronique. Concernant le premier secteur, de nombreuses idées ont cours dans le monde des médias; elles ont tendance à faire croire que la presse gratuite constitue une concurrence déloyale à la presse quotidienne écrite qui est vendue en kiosque ou par abonnements.
En fait, cette idée est significative d’une conception limitative et partielle de la situation et qui n’est pas fondée sur des données concrètes de la réalité. Au contraire, la presse gratuite est d’un apport important pour les autres journaux et les médias des pays où elle est autorisée, qui n’ont pas vu leurs ventes diminuer et leur audience réduite pour cette raison. Et même si cette concurrence existait effectivement, ne serait-ce pas là un aiguillon pour que les organes de la presse écrite sortent de leur suffisance, née d’une sorte de “situation de rente” et cherchent les moyens qui leur permettent de se développer, de s’améliorer et de pouvoir affronter la concurrence. La Tunisie, qui a opté pour l’ouverture, le progrès et la modernité, ne peut pas rester en dehors de ce mouvement qui finira, tôt ou tard, par atteindre tous les pays. Plus rapidement nous l’intègrerons, plus grandes seront nos chances de relever ces défis historiques.
On avance souvent comme argument que la presse électronique constitue une menace pour la presse écrite. Cela ne nous semble pas fondé. La presse écrite fait partie de toute une culture qui n’est pas près de disparaître et qui a créé des comportements et des habitudes qui font que la presse écrite a de beaux jours devant elle. S’il y a menace, elle ne provient pas de la presse électronique, il faut la chercher ailleurs. Les problèmes que connaissent les journaux dans de nombreux pays, dont le nôtre, se situent au niveau du soutien qu’ils doivent trouver auprès des pouvoirs publics, des moyens techniques, de la formation, des ressources financières, de la publicité et de l’environnement.
La presse électronique n’est pas toujours une menace pour les autres médias parce qu’elle ne constitue pas une référence pour confirmer telle ou telle information. A ce propos, dernièrement “Le Parisien”, un quotidien, a annoncé la vente du club de Football le Paris Saint-Germain sur son site internet. et la chaîne d’information LCI, reprenant l’information, a déclaré qu’elle attendait la confirmation de cette information dans l’édition sur papier; c’est dire que cette dernière demeure la référence et que la course vers la recherche du scoop induit à des dérapages. Il faut éviter ce genre de dérive — si on veut que notre presse électronique soit de référence..
La problématique posée par la presse électronique ne doit pas être située dans une logique de menace, de confrontation ou de danger. Il s’agit plutôt d’une évolution positive, d’un progrès qui apporte à l’individu davantage d’opportunités d’exercer ses droits à l’information et au savoir et lui permet ainsi de s’assumer en tant que citoyen d’une société démocratique. C’est aussi un acquis qui empêche le “verrouillage” à l’accès à l’information et qui contribue par là même à la promotion et au développement de la démocratie. Cependant, ces avancées doivent être organisées dans un sens qui ne touche pas à l’essentiel mais préserve les équilibres nécessaires. Par la formule du cahier de charges plutôt que par la législation, on peut intégrer la presse électronique et les autres innovations futures dans notre vie, et leur offrir les moyens et l’environnement capables de leur permettre de jouer leur rôle et de répondre aux attentes des citoyens.
(Source : « Réalités » N° 1060 du 20 avril 2006)
L’INDEPENDANCE A L’EPREUVE DE LA DEMOCRATIE (II) :
La mise au pas des organisations nationales et de la société
Dans cette deuxième partie de notre dossier sur l’Indépendance et la question démocratique (voir première partie dans Réalités, du 6 au 12/4/2006)nous évoquerons les rapports entre le Néo-Destour et les organisations nationales, en nous appuyant particulièrement sur le cas de l’Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET).
A côté de l’UGTT, représentant le syndicalisme ouvrier, on comptait d’autres regroupements professionnels qui “ se trouveront dans une position similaire face au Néo-Destour ”, telles que l’Union Nationale des Agriculteurs Tunisiens (UNAT), l’Union Tunisienne de l’Artisanat et du Commerce (UTAC), et des associations comme l’UGET et l’UNFT.
L’UGTT a connu des crises successives dues à la volonté de domination du Néo-Destour : scission avec la création, le 18 octobre 1956, de l’Union des Travailleurs Tunisiens (UTT), éviction de son Secrétaire général Ahmed Ben Salah, et son remplacement par Ahmed Tlili, membre du Bureau Politique du Néo-Destour, réunification de la Centrale, le 16 avril 1957, marquant son contrôle par le parti, élimination d’Ahmed Tlili, puis d’Habib Achour et son remplacement par Béchir Bellagha, et retour, en 1970, d’Habib Achour à la tête de la Centrale syndicale…
L’UNAT, quant à elle, est une création du Néo-Destour, en décembre 1955, d’une scission d’avec l’Union Générale des Agriculteurs Tunisiens (UGAT) qui, créée en 1949, fut le premier regroupement des agriculteurs tunisiens. L’UGAT sera dissoute en 1956 pour s’être alignée sur les positions de Ben Youssef, et remplacée par l’UNAT qui, formée de petits agriculteurs, n’aura aucun poids politique. L’UNFT a été créée par le Néo-Destour en janvier 1956.
Elle réaffirmera son lien avec le parti dans sa “ Charte ” adoptée lors de son congrès de 1962. A la veille de l’Indépendance, il existait d’autres associations de femmes comme l’UMFT, l’UFT, l’UNJF… (voir notre dossier dans Réalités du 9 mars 2006) dont certaines se sont dissoutes d’elles-mêmes alors que l’UFT a été interdite. L’UNFT deviendra une “ organisation nationale ” – l’unique-, à partir de son premier congrès d’avril 1958, présidée par Radhia Haddad. Le mensuel Tribune du Progrès note, en septembre 1962, dans un article intitulé : “Femmes. Et la démocratie ? ”, que Radhia Haddad a adressé, à la section de Paris, une lettre en arabe dans laquelle on peut lire : “ J’ai le plaisir de vous rappeler qu’il est interdit totalement à toute inscrite au communisme d’être candidate au bureau de la section ou même d’être membre de l’UNFT ”. Et la présidente de préciser que “ l’UNFT continue à soutenir qu’elle ne peut accepter en son sein et surtout parmi ses cadres des femmes appartenant à n’importe quel autre parti politique que le Néo-Destour… ”.
De toutes les organisations nationales, l’UGET, fondée en mars 1952, “ s’avère la dernière à être passée sous le contrôle du parti ” (Debbach et Camau). Elle-même a été l’objet de pressions incessantes destinées à la mettre au pas. En février 1963, le parti créa une “ Fédération nationale des étudiants destouriens ” (FNED) “ destinée à concurrencer l’UGET et éventuellement à l’absorber au cas où les opposants y parviendraient à distendre les liens du syndicat étudiant avec le Néo-Destour.
En août 1966, à son XIVème congrès, l’UGET paraissait définitivement au pas, si bien que la FNED perdait sa raison d’être ” (Debbasch et Camau). Le 13 août 1963, le Conseil des cadres des étudiants destouriens vote une résolution demandant au gouvernement une loi obligeant les étudiants à servir en priorité l’Etat. Le texte dénonce par ailleurs, l’utilisation, par une minorité, de l’UGET comme tribune politique contre le régime (ANN, 1963).
Le 15 août de la même année se tient le congrès de l’UGET dans lequel est définie la nouvelle charte de l’organisation qui resserre les liens avec le Néo-Destour. Toutes les organisations ont été ainsi placées sous la tutelle du Néo-Destour. Peut-être faut-il noter, d’une part, que c’est grâce à l’appui de l’UGTT que Bourguiba l’a emporté au congrès de Sfax du 15-19 novembre 1955 ; et que, d’autre part, c’est grâce au soutien des “ organisations nationales ” groupées dans un front unique avec le Néo-Destour que les Bourguibistes ont réussi à faire main basse sur l’Assemblée Nationale Constituante, en mars 1956. Si le parti néo-destourien s’est réservé le monopole politique, “ c’est que, comme l’ont écrit Charles Debbasch et Michel Camau (“ La Tunisie ”, 1973), le constitutionnalisme datant d’avant 56, comme le monopartisme d’après l’indépendance, sont sous-tendus par un seul et même principe : l’unité indissoluble des différentes “ catégories sociales ” constitutives du peuple tunisien qui s’exprimerait à travers le Néo-Destour ”.
Cette concentration du pouvoir entre les mains d’un parti et de son chef a empêché “ l’éclosion et l’expression de tendances centrifuges ” et consacré, de fait, l’unanimisme. Pourtant, le Néo-Destour stipule dans l’article 1er de ses statuts qu’il “ est une organisation qui agit (…) pour instituer un vrai régime démocratique qui garantit les droits et les libertés de tout le monde (…) ” et proclame, dans sa charte adopté lors du Congrès de Sousse (2,3,4 et 5 mars 1959), qu’il “ (…) œuvre (…) pour asseoir les fondements d’une démocratie véritable qui reconnaît au citoyen la jouissance et l’exercice des droits et libertés publiques ”.
Dans cette seconde partie de notre dossier, nous passerons également en revue la politique du Néo-Destour entreprise, dès 1955, pour mâter toute opposition au nom de “ l’impératif d’unité ” et concrétisée par la mise en place des Comités de vigilance et l’institution de la Haute Cour de Justice ainsi que par les nombreux procès qui se sont succédé alors. A cela nous avons joint les derniers moments du règne de Lamine Bey et un témoignage de Ilhem Abdelkéfi sur les souffrances des familles d’opposants et de l’ancien régime bannies par la jeune République.
Noura Borsali
Quelle “histoire” est véridique
Les deux premières manifestations de la Tunisie indépendante
Le dernier Bey de Tunis et l’Indépendance
Les procès politiques de 1956 à 1963
Mohamed Dhifallah : Le mouvement estudiantin de la pluralité à l’unicité
TEMOIGNAGE DE ILHEM ABDELKEFI : Pourquoi les familles doivent-elles payer ?
Au sujet de “ Mausolée ”
(Source : « Réalités » N° 1060 du 20 avril 2006)
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