TUNISNEWS
7 ème année, N° 2190 du 21.05.2006
Vérité-Action: Appel urgent: Yves Steiner arrêté par la police tunisienne AFP: Un représentant suisse d’Amnesty International interpellé en Tunisie AP: Tunisie: interpellation d’un représentant d’Amnesty International Suisse Kamel Labidi : Tunisian police detain Yves Steiner of AI-Switzerland AFP: Moustiques: il va falloir apprendre à passer ses vacances avec Yahyaoui Mokhtar: Réflexions et lumières sur la notion du « Pouvoir » II – le bonus d’autoritė Taoufik ben Brik: Le Tunisois c’est quelque chose ! Le Temps : Corps de métiers: Réforme de l’assurance maladie – Les démissions en cascade des spécialistes du STML
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Un représentant suisse d’Amnesty International interpellé en Tunisie
© AFP. 21-05 19:21:23 Un militant suisse d’Amnesty International (AI) a été interpellé par des policiers dimanche près de Tunis durant une réunion de l’organisation de défense des droits de l’Homme, ont indiqué des participants. Yves Steiner a été interpellé par plusieurs policiers en civil pendant une réunion de la section tunisienne d’AI à laquelle participaient des dizaines de personnes dans un hôtel de Sidi Bou Saïd, localité de la banlieue nord de la capitale. « Des policiers en civil ont emmené M. Steiner dans l’après-midi de dimanche sans présenter de document judiciaire ou policier », ont déclaré des membres de la section tunisienne d’AI présents à la réunion. Un représentant français d’AI, Michel Fournier, qui participait à la réunion, a indiqué que l’interpellation s’était déroulée sans incident. M. Steiner, qui avait fait une déclaration durant la réunion, a tenté de joindre l’amabssade de Suisse et a accepté de suivre les policiers, a ajouté M. Fournier. Il a annoncé que les instances internationales d’AI, dont le siège est à Londres, avaient été alertées. L’ambassade de Suisse à Tunis et les autorités tunisiennes n’ont fourni aucune indication. M. Steiner avait représenté AI au Sommet mondial sur la société de l’information en novembre 2005 à Tunis. Il avait dénoncé des atteintes aux droits de l’Homme en Tunisie, lors d’une conférence de presse après la clôture de la réunion.
Tunisie: interpellation d’un représentant d’Amnesty International Suisse
AP | 21.05.06 | 19:08 TUNIS (AP) — Un représentant de la section suisse d’Amnesty International, Yves Steiner, a été interpellé dimanche par la police tunisienne alors qu’il assistait à l’assemblée générale de la section tunisienne de l’organisation de défense des droits de l’homme, a-t-on appris auprès plusieurs membres de celle-ci. On ignore pour l’instant la raison de cette interpellation. AP
Tunisian police detain Yves Steiner of AI-Switzerland
Moustiques: il va falloir apprendre à passer ses vacances avec.
Réflexions et lumières sur la notion du « Pouvoir » :
Taoufik ben Brik 21 mai 2006
Taoufik ben Brik revient avec « les gens de Tunis » Ecoutons le Il est douteux que quiconque sache ce que signifie au juste Tunisois. Les rares indices disponibles : doré comme le blé, gonflable et plus formidable que le colosse de Rhodes. Il est affublé d’un long nez et d’un énorme cube en guise de tête. Depuis quelque temps je commence à en avoir assez de Tunis et des Tunisois. Leur visage est devenu une obsession. Je connais ainsi par cœur le rire coquet de la chanteuse Soufia Sadok et le sourire plein de sagesse de l’artiste peintre Hédi Turki. Pourquoi devrais-je connaître les moindres détails de ces visages, les mimiques et la gestuelle de ces Tunisois ? Font-ils partie de ma famille ? De mes proches ? En serais-je amoureux ? Aucunement ! Alors, pourquoi ont-ils si profondément pénétré mon esprit, mes rêves, mon univers ? De quel droit ? Les Tunisois ont à cela une réponse bien rodée : Si cela ne vous convient pas, vous n’avez qu’a éteindre vos yeux. J’ai essayé.Ca ne marche pas. Il insiste l’animal. Il devient un spectacle. Ses mains sont animées d’un mouvement perpétuel, ses sourcils se lèvent et s’abaissent fébrilement ; il hausse les épaule avec expressivité et fait des gestes dédaigneux de la main. Au café dd l’Oliver Bleu il s’invite souvent à la table près de la caisse. C’est là que je l’ai vu de nombreuses fois, à l’ombre de la caissière affairée à rédiger les additions et à compter l’argent. M. Abid lui adresse un regard caressant, réservé aux clients les plus appréciés : Dans son salon de thé, les principales qualités sont encore aujourd’hui l’apparat et l’appât. Et mon Tunisois a ces deux hameçons. Le sévère M. Abid sélectionne avec un soin particulier ses voisins de table. Les jolies femmes sont de loin les préférées, mais seulement si elles ne sont pas trop bruyantes. Il ne faut pas troubler la lecture du fidèle client. Mon Tunisois avait toujours un livre et un paquet de journaux posés à côté de son lait taché ou sur la banquette. Au fil des années, inclinant la tête pour lire, il offrait à la vue de tous, le panorama toujours plus vaste de sa calvitie. Ses cheveux d’un noir corbeau et épais quand il était jeune, tombent (à présent) inexorablement malgré le soin attentif qu’il leur porte. Et le doré de son visage tendait de plus en plus vers le brun… Jour après jour, sa silhouette se faisait plus lourde et ses vêtements devenaient sombres, rendant ainsi sa corpulence moins voyante. Son menton se tendait toujours vers le haut lorsqu’il venait de la rue Azzouz Errbai, il avait de plus en plus des allures de parrain. Croisant une de ses connaissances ou un de ses admirateurs, il levait parfois une main qui hésitait entre le salut et la bénédiction. Avec un frémissement des paupières, son regard oscillait alors des pieds au visage pour les plus déférents des passant. Il ne marchait pas sur les trottoirs : il avançait majestueusement comme s’il se trouvait au palais de Carthage. La première chose que l’on voit à Tunis, c’est lui, le Tunisois Ben Zai. Ben Zai qui tout sourire avance vers vous. Comment peut-il être là en personne au café l’Olivier Bleu ? C’est alors qu’on aperçoit à coté de lui un autre Ben Ali, et puis encore un autre. Ben Ali semble être partout à la fois. Phénomène classique. A Tunis les hommes soignent méticuleusement leur apparence afin de ressembler étrangement à leur chef.
(Source : l’e-mag tunisien Kalima, N°42 mis en ligne le 20 mai 2006)
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Corps de métiers: Réforme de l’assurance maladie Les démissions en cascade des spécialistes du STML
A chacun sa CNAM Dr Rabah Chaïbi: « Affaiblir le STML ne sert pas les intérêts de la corporation » Récent démissionnaire du Bureau Exécutif du Syndicat Tunisien des Médecins Libéraux « STML », où il assumait la fonction de Secrétaire général adjoint chargé de l’exercice de la médecine et des spécialités médicales et chirurgicales, le Docteur Anas Chabbi paraissait, durant les deux dernières années, comme un fervent défenseur de la cohabitation des médecins généralistes et spécialistes, au sein du STML. |
Il ne cessait de répéter qu’il était possible de coexister dans la différence, pourvu que chacun puisse s’exprimer librement et que le syndicat défende la corporation en entier, et non une frange au dépens d’une autre. Ce radiologue a annoncé sa démission du Bureau Exécutif du STML et du comité de pilotage. Avec lui, ont démissionné des mêmes structures, un autre membre du BE, Dr Samir Ben Miled et cinq présidents de cinq sections des spécialités ( Ophtamlmologie, Chirurgie, Gynéco-Obstérique, Pédiatrie, Radiologie et Anesthésie Réanimation). Le Temps s’est adressé au Dr Chabbi pour s’interroger sur ce revirement et au secrétaire général du STML pour relever ses réactions face à ces démissions en cascade :
Dr Rabah Chaïbi: « Affaiblir le STML ne sert pas les intérêts de la corporation »
Le Temps : Comment avez-vous ressenti cette rupture entre STML et certains cadres syndicaux ? Dr Rabah Chaïbi :Les 2 démissionnaires sont porteurs du même courant d’idée que celui du nouveau syndicat de spécialistes. Le STML n’a pas pris acte de leur démission pour ne pas rompre avec une base et un bon nombre de spécialistes exerçant à Tunis. Pour ce qui est de la démission des SG des sections de spécialités, elle n’engage que leurs propres personnes. Cela montre une volonté délibérée de nuire au STML et aux intérêts de ses adhérents. Chiffres à l’appui, la base des secrétaires généraux démissionnaires représente 10% des médecins adhérents. Cette base, même minoritaire et contrairement à ce qu’on prétend, n’a pas été statutairement concertée avant la démission.
.Quel qualificatif auriez-vous pu donner aux causes de ces démissions ?
-J’aurais dit : « conflit d’intérêts d’une minorité criarde contre une majorité silencieuse à mieux mobiliser » – « confusion d’intérêts personnels avec intérêt général et absence de fibre syndicale » – « immaturité syndicale et inexpérience » – le tout a porté une blessure dans le dos du syndicat mais qui est loin d’être mortelle.
Grâce à ses compétences syndicales et une Commission Administrative forte et représentative, l’équilibre syndical sera maintenu. Le Bureau Exécutif reste composé de quatre généralistes et trois spécialistes. Malgré la démission de 5 des 6 secrétaires généraux des sections de spécialité, la composition de la Commission Administrative, prolongement du congrès, reste bien équilibrée avec ses 17 spécialistes et 13 généralistes épaulés par un comité d’honneur composé de trois généralistes et trois spécialistes et une chambre de discipline composé de quatre généralistes et quatre spécialistes.
.Quels sont les acquis du STML en matière de l’avancement des négociations ?
-Les négociations vont bon train et nous sommes déjà très avancés dans ce sens. En effet, le volet éthique et déontologique sera désormais l’apanage de l’Ordre des médecins. Les principes de la séparation des honoraires des médecins des revenus des cliniques a été acquis et sera détaillé ultérieurement en attendant l’apparition de la nouvelle nomenclature. Le tiers payant est désormais autant le choix du médecin que celui du citoyen. Les horaires de travail ne seront pas imposés et seront choisis par le médecin. Rappelons l’ouverture de la CNAM sur l’obstétrique (suivi de la grossesse et de l’accouchement) qui va toucher plus de 150.000 mères annuellement et dont la majorité sera l ‘apanage de gynécologues libéraux ; de la même manière, toute la pédiatrie (y compris la néonatologie) sera prise en charge par la CNAM ainsi que l’ophtalmologie. Le STML ne signera qu’un projet global et cohérent qui respectera la profession libérale dans ses dimensions humaines mais aussi les équilibres financiers de la caisse et après avoir reçu un échéancier précisant l’élargissement des activités prises en charges à toute la profession. Un Congrès extraordinaire pourra même être envisagé en cas de besoin.
.Qu’avez-vous contre le courant d’idées apporté par le syndicat des médecins spécialistes ainsi que les SG démissionnaires ?
-Le STML est conscient que la réforme de l’assurance maladie touchera les privilèges d’une minorité de confrères, notamment spécialistes ; il est de bonne guerre que ces derniers réagissent pour défendre leurs intérêts. Tenant compte de toutes les données du dossier de l’assurance maladie et surtout du financement qui ne représente que 6,75% de la masse salariale, le STML a tracé des priorités. Au lieu de défendre ces exigences utopiques, le STML préfère focaliser ses efforts sur l’obtention d’honoraires conventionnels honorables dans le cadre de la fourchette syndico-ordinale et d’élargir la liste d’hospitalisations et des actes de chirurgie. Les exigences du nouveau syndicat de spécialistes à l’état actuel des choses ne feront qu’aboutir au blocage des négociations avec tout ce que cela peut comporter comme conséquences néfastes pour la profession libérale.
Propos recueillis par Mourad SELLAMI
Dr Anas Chabbi: « J’appelle le ministère des Affaires sociales à négocier aussi avec le syndicat des spécialistes.
Le Temps: Vous avez pourtant toujours refusé de quitter les structures du STML! Vous vous dites opposés à la politique des chaises vides. Dr Chabbi: C’est vrai ! Les chaises vides permettent aux autres, avec qui nous sommes en différend de manoeuvrer librement. Il faut plutôt les « bousculer », un tant soit peu, pour que nos remarques soient tenues en considération. Les différends renforcent les mécanismes internes de toute structure.
.Alors, comment expliquez-vous votre départ? – A la veille du VIIIème congrès, nous étions déjà amputés d’une frange importante de nos confrères chirurgiens qui n’ont pas pris part au congrès. J’ai toutefois continué à lutter pour la survie de la coexistance, des médecins spécialistes et généralistes, au sein du STML. J’ai toujours soutenu et je soutiens encore que la corporation a intérêt à négocier unie avec la CNAM.
. On dirait que vous avez été poussé à quitter! – En quelque sorte, les choses n’ont pas été transparentes depuis la tenue du dernier congrès. Les méthodes de gestion du Secrétaire général ont été critiquées à maintes reprises, même par écrit. Tous les spécialistes ont tout essayé avec lui, pour qu’il rectifie le tir. En vain!
. Vous avez donc réagi contre la forme de gestion du syndicat – Pas uniquement. Outre l’absence d’un représentant du Conseil de l’Ordre des Médecins, CNOM au comité de pilotage, il y a un trop plein de magouilles autour des négociations sur la réforme avec la CNAM. Pourtant, tout le monde de la médecine a salué la constitution du comité de pilotage qui regroupe d’éminantes personnalités qui ont leur poids dans la corporation. Or, le noyau dur des négociateurs du STML veut les réduire à de simples figurants, qui assistent par intermitance. Ils ne peuvent pas ainsi tenir le fil conducteur et ils finissent par lacher. En plus, la commission administrative n’a pas donné son aval à l’application progressive de la réforme . Le Secrétaire général a dépassé ses prérogatives et c’est une faute grave. Or, le STML est là pour défendre la corporation et la médecine en général. Nous sommes pour une réforme réfléchie et responsable qui maintient la qualité de la médecine et préserve la dignité du médecin.
. Vous ne paraissez plus aussi optimiste que d’habitude – Oh, si! Mais la situation nécessite plus de transparence et de bonne volonté. Il est nécessaire d’écouter tous les sons de cloches. J’appelle d’ailleurs le ministre des Affaires sociales et le PDG de la CNAM à faire participer le syndicat des spécialistes « STMSL » aux négociations de la réforme, au même titre que le STML. Ils seront d’un apport certain pour la réussite du processus.
Propos recueillis par MOurad SELLAMI
Qu’est-ce-qui motive ces démissions ?
Les présidents des cinq commissions de spécialités
Nous pensons par ailleurs que le projet de la convention sectorielle, actuellement présenté par la CNAM, va à l’encontre des principes et intérêts spécifiques que nous défendons dans l’exercice de notre profession. Nous exigeons de la CNAM, de nous présenter un projet de convention sectorielle juste, équitable et durable respectant les règles déontologiques de notre profession et compatible avec la poursuite du rayonnement de la médecine tunisienne aussi bien dans le secteur publique que privé, avec : – la possibilité pour le patient d’avoir la liberté de choix de son médecin, – le paiement à l’acte avec rejet des forfaits globaux, – des honoraires médicaux dans la fourchette ordinale et syndicale, – une seule filière privée (paiement direct pour la médecine ambulatoire, tiers payant et ticket modérateur pour les hospitalisations et soins coûteux).
Les médecins spécialistes ne peuvent être ignorés par la CNAM, car nous sommes des interlocuteurs incontournables dans ces négociations sociales et toute signature d’un quelconque accord sur le contenu et l’application de la convention sectorielle sans notre aval ne pourra aucunement nous engager dans son application.
Extraits de la lettre de démission des Secrétaires généraux des spécialités Dr Habib Boujnah ( section de Chirurgie),Dr Lotfi SLIM (section de Radiologie), Dr Chiheb Djaiet (section de Gynéco-Obstétrique), Dr Elyès Ben Smida ( section d’Ophtalmologie), Dr Rachida Kafsi (section de Pédiatrie).
Dr Samir Ben Miled, membre du BE du STML Considérant mon élection au Bureau Exécutif comme un mandat de la commission administrative pour trouver le meilleur compromis, ce que je n’ai pas pu obtenir, et n’ayant ni l’intention de participer à une quelconque lutte de clans ni de faire de la figuration au sein de l’actuel Bureau Exécutif, je choisis de présenter ma démission de ce Bureau Exécutif. L’intérêt général commande de saisir l’occasion de la remise par la CNAM du projet de la convention sectorielle des Médecins de Libre Pratique (06-02-2006) pour organiser le plus tôt possible un congrès extraordinaire qui serait réellement représentatif s’il était électif et précédé de tractations visant à faire participer la plus large base syndicale possible, ce congrès extraordinaire étant d’ailleurs prévu par la circulaire 2/2005 du STML en date du 30 avril 2005 (page 8, dernier alinéa).
(Source : « Le Temps » du 20 mai 2006)