21 mai 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2190 du 21.05.2006

 archives : www.tunisnews.net


Vérité-Action: Appel urgent: Yves Steiner arrêté par la police tunisienne AFP: Un représentant suisse d’Amnesty International interpellé en Tunisie AP: Tunisie: interpellation d’un représentant d’Amnesty International Suisse Kamel Labidi :  Tunisian police detain Yves Steiner of AI-Switzerland AFP: Moustiques: il va falloir apprendre à passer ses vacances avec Yahyaoui Mokhtar: Réflexions et lumières sur la notion du « Pouvoir »  II – le bonus d’autoritė Taoufik ben Brik: Le Tunisois c’est quelque chose ! Le Temps : Corps de métiers: Réforme de l’assurance maladie – Les démissions en cascade des spécialistes du STML

 
Vérité-Action    Appel urgent
Yves Steiner arrêté par la police tunisienne  
 
 De sources bien informées, nous apprenons que M. Yves Steiner, du bureau exécutif d’Amnesty International, section suisse, vient d’être arrêté à Tunis.   Aujourd’hui, Amnesty International section Tunis était en train de faire son assemblée générale à l’hôtel Amilcar, à carthage lorsque des forces de l’ordre ont voulu arrêté M. Steiner devant l’hôtel. Des militants présents sur place ont pu le protéger et l’arracher des mains des policiers. M. Steiner est resté à l’intérieur de l’hôtel encerclé jusqu’à ce que les forces de polices aient décidés d’entrer au milieu de l’assemblée pour l’arrêter en plein public et en présence des représentants de l’ambassade Suisse en Tunisie.   Vérité-Action condamne l’arrestation arbitraire de M. Yves Steiner et appelle les autorités tunisiennes à cesser ces manœuvres visant l’intimidation et la persécution d’une figure militante Suisse connue pour son soutien à la société civile tunisienne.    Fribourg, le 21 mai 2006    Service de l’information
Vérité-Action Case postale 1569 1701 Fribourg Suisse Tél. +41797032611 Email. info@verite-action.org Site. www.verite-action.org

Chers tous,
 
Le militant des droits de la personne Yves Steiner, membre du Comité exécutif de la section suisse d’Amnesty international a été emmené par une vingtaine de policier cette après midi, au milieu des travaux de l’Assemblée générale élective de la section tunisienne d’A.I tenue depuis hier à l’Hôtel Amilcar dans la banlieue Nord de Tunis à laquelle il était invité. Jusqu’au moment de la rédaction de ces quelques lignes personne ne sait où est Yves Steiner, même pas Son Excellence M. l’Ambassadeur de Suisse en Tunisie, contacté par la section tunisienne d’AI. Empêchés par les congressistes de l’emmener la première fois, la police s’est organisée et a renforcé ses rangs y compris par la police politique et a réussi à l’emmener la deuxième fois, prenant au dépourvu les congressistes. Le spectacle fût surréaliste.
 
Affaire à suivre…
 
Amel Bejaoui
AI-Tunis

 

Un représentant suisse d’Amnesty International interpellé en Tunisie

 

© AFP. 21-05 19:21:23  Un militant suisse d’Amnesty International (AI) a été interpellé par des policiers dimanche près de Tunis durant une réunion de l’organisation de défense des droits de l’Homme, ont indiqué des participants. Yves Steiner a été interpellé par plusieurs policiers en civil pendant une réunion de la section tunisienne d’AI à laquelle participaient des dizaines de personnes dans un hôtel de Sidi Bou Saïd, localité de la banlieue nord de la capitale. « Des policiers en civil ont emmené M. Steiner dans l’après-midi de dimanche sans présenter de document judiciaire ou policier », ont déclaré des membres de la section tunisienne d’AI présents à la réunion. Un représentant français d’AI, Michel Fournier, qui participait à la réunion, a indiqué que l’interpellation s’était déroulée sans incident. M. Steiner, qui avait fait une déclaration durant la réunion, a tenté de joindre l’amabssade de Suisse et a accepté de suivre les policiers, a ajouté M. Fournier. Il a annoncé que les instances internationales d’AI, dont le siège est à Londres, avaient été alertées. L’ambassade de Suisse à Tunis et les autorités tunisiennes n’ont fourni aucune indication. M. Steiner avait représenté AI au Sommet mondial sur la société de l’information en novembre 2005 à Tunis. Il avait dénoncé des atteintes aux droits de l’Homme en Tunisie, lors d’une conférence de presse après la clôture de la réunion.


Tunisie: interpellation d’un représentant d’Amnesty International Suisse

  AP | 21.05.06 | 19:08 TUNIS (AP) — Un représentant de la section suisse d’Amnesty International, Yves Steiner, a été interpellé dimanche par la police tunisienne alors qu’il assistait à l’assemblée générale de la section tunisienne de l’organisation de défense des droits de l’homme, a-t-on appris auprès plusieurs membres de celle-ci. On ignore pour l’instant la raison de cette interpellation. AP


 
Kamel Labidi :  

Tunisian police detain Yves Steiner of AI-Switzerland

Dear Friends,
 
Nearly fifty plain clothed police agents made their way on Sunday afternoon to the Annual General Meeting of Amnesty International-Tunisia in the suburbs of Tunis and forced Yves Steiner of the board Amnesty International-Switzerland to follow them without any explanation or warrant.
Steiner was later ordered to leave the country immediately, according to reliable sources in Tunis.   Relations between Tunisia and Switzerland deteriorated at the opening of WSIS in mid-November. The opening speech made by the Swiss president in which he called on the need to respect freedom of _expression inside and outside the WSIS venue prompted anger among Tunisian officials and led the state-owned TV to stop its live coverage of the the opening session of WSIS.
 
AI-Tunisia strongly condemned « the aggression against its friend and guest Yves Steiner, » in a statement issued on Sunday evening.
 
« This is a violation of all laws and basic standards of decency. We call on all representatives of national and international civil society and human rights defenders to denounce heavy-handed methods and to pressure the Tunisian authorities to put an end to the use of such methods, » said AI-Tunisia
 
Best,
Kamel Labidi


Moustiques: il va falloir apprendre à passer ses vacances avec.

.. Par Frédéric GARLAN
MONTPELLIER (AFP) – Zzzzz… L’horrible petite musique vespérale du moustique peut gâcher bien des vacances. Mais les scientifiques avertissent qu’il s’agit là d’un prix modeste à payer, au regard des risques présentés par l’apparition de « super-moustiques » résistants aux pesticides. Les opérations de démoustication doivent être réservées aux situations « extrêmement graves en termes de mortalité humaine », souligne Mylène Weill, qui dirige à l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier un programme de recherche sur la résistance des moustiques aux insecticides. Les moustiques constituent le plus important vecteur de maladies graves, du paludisme, qui tue jusqu’à 2,7 millions de personnes par an sur la planète, à la maladie du Nil occidental, en passant par la dengue et le chikungunya, à l’origine du décès direct ou indirect de 219 personnes cette année à la Réunion. Mais en pulvérisant de manière indiscriminée tous les sites de reproduction des moustiques, certains pays touristiques, comme la Tunisie, ont provoqué l’apparition de variétés résistantes. Si les moustiques locaux devenaient porteurs d’une maladie grave, l’épidémie pourrait être incontrôlable… « La Tunisie est dans une situation très difficile », souligne Mme Weill, appelée comme experte par les autorités locales. « Car des produits chimiques efficaces et autorisés, on en a presque plus ». Confrontée à une recrudescence du paludisme, l’Afrique du Sud s’est ainsi résignée à reprendre, avec un succès certain, ses épandages de DDT, un insecticide extrêmement efficace mais d’une toxicité redoutable pour l’environnement et la santé humaine. La Tanzanie et l’Ouganda songent à lui emboîter le pas, alors même que le DDT est banni depuis une trentaine d’années. Même si un nouveau traitement devait être découvert, il devra être appliqué avec discernement. « Si cette nouvelle molécule miracle était mal utilisée par un seul pays, elle perdrait son intérêt pour tous les autres », selon Mme Weill. « L’opinion publique et les décideurs n’ont toujours pas compris à quel point les moustiques peuvent voyager », souligne la scientifique. Une épidémie de chikungunya en France métropolitaine est ainsi tout à fait envisageable. « Certains disent qu’il sera là très bientôt. Le vecteur (le moustique tigre, ou Aedes albopictus), en tous cas, est déjà présent » dans le sud-est de la France, constate François Renaud, directeur du laboratoire Génétique et évolution des maladies infectieuses (GEMI), un autre établissement montpelliérain. Or l’écologie du moustique tigre en fait un véritable cauchemar. Il pond dans la moindre soucoupe et ses oeufs peuvent rester secs jusqu’à deux ans. « Tous les oeufs s’accumulent sur le sol et dès qu’il pleut, on assiste à une explosion qui peut prendre de vitesse les désmoustiqueurs. Et une fois que les adultes sont émergés, on ne peut pas faire grand chose… », relève Mme Weill. Pour ces scientifiques, il convient d’accélérer dans les pays touchés le drainage des eaux stagnantes où l’insecte se reproduit, surtout là où les écosystèmes ont été les plus endommagés par l’homme. « Une étude américaine en Amérique du Sud a montré que le taux de piqûre augmente d’un facteur 300 lorsqu’on passe de la forêt équatoriale à des terrains défrichés, avec routes et fossés », rappelle M. Renaud. Mme Weill préconise aussi de laisser jouer la sélection naturelle. « La résistance a un coût. Dans un premier temps, du moins, les moustiques résistants aux pesticides sont plus fragiles, se développent moins vite et se reproduisent moins que leurs rivaux non résistants ». « Si on arrête les traitements, il perdront la bataille contre les moustiques non résistants ».
 


Réflexions et lumières sur la notion du « Pouvoir » :

II – LE BONUS D’AUTORITĖ  
 
06 Le pouvoir été le fondement du premier partage des sociétés humaines entre deux classes de base : les gouvernants et les gouvernés. Les gouvernés sont la majorité de la société et la base de toute pyramide de pouvoir au sein d’une communauté. Leur statut détermine la nature du pouvoir auquel ils sont soumis et le degré d’évolution « civilisation» de toute la société. La nature de leur rapport avec le pouvoir en place dépend aussi de l’existence et du développement de leurs structures autonomes d’intégration. Dépourvues de toute organisation, ils ne sont que poussière d’individus sans impact réel dans la gestion de la communauté tels des sujets dont tout détenteur du pouvoir peut disposer. 07 Par gouvernants nous n’entendons pas l’infime minorité qui détient l’exercice effectif du pouvoir mais la partie de la société satisfaite du pouvoir exercé par cette minorité. Tout pouvoir forme par sa simple détention une communauté d’intérêts autour de lui. Ce « bonus d’autorité » qui avantage le pouvoir en place joue la fonction de stabilisateur au sein de la société et donne au pouvoir par les formations éparses qui gravitent autour de lui cette illusion majoritaire de consensus de fait sur sa légitimité. Administration, armée, sécurité, religieux, autant de secteurs consistants humainement indépendamment des autres formes d’allégeances partisanes, idéologiques, ethniques et régionales dont un pouvoir peut se prévaloir contribuent à lui procurer un important filet d’alliances clientélistes valorisés par les attributs d’autorité qu’il leur distribuait pour former le cordon de sécurité dont il a besoin. Ce capital social du pouvoir comme tout détenteur de pouvoir le sait est insuffisant à lui seul pour le maintenir au pouvoir. Il peut toujours basculer de l’autre coté comme il lui a profité. Il nécessite en plus des énormes fonds dont toute action politique à besoin pour son financement d’un discours cohérant et convaincant et sur tout d’un projet attrayant qui repend aux aspirations des gens. 08 Dans les pays démocratique l’exercice du pouvoir est soumis au débat et à l’observation continue. Au parlement le débat permet d’étudier et de discuter tout acte de pouvoir sous ses différents aspects avant d’être autorisé comme il peut amener le pouvoir à s’expliquer sur son exercice pour les projets auparavant votés et finir par le sanctionner à la moindre irrégularité. Ce débat n’est pas l’exclusivité d’une minorité d’élu retranchée dans son parlement, les médiats permettent de transporter le débat en dehors de son enceinte et contribuent à former une opinion publique au sein de la société qui constitue un puissant moyens de pression sur le pouvoir aussi bien gouvernemental que parlementaire. Ce débat public contradictoire permet aux gens de construire librement leur opinion sur chaque question en leur apportant les informations nécessaires et en les alertant sur les véritable enjeux dont il peuvent cacher. En plus de ces moyens de pressions sur l’exercice du pouvoir la société dispose aussi du droit de contester le pouvoir directement et en toute légalité pour l’orienter vers un sens déterminé ou l’empêcher de continuer. Par les manifestations publiques les grèves sectorielles ou générales les organisations de la société civile disposent de moyens directs de mobilisation pour empêcher le pouvoir de disposer librement de son autorité. Ces différentes formes de contrôle de l’exercice du pouvoir permettent d’assurer constamment la mesure du consensus dont le pouvoir dispose au sein de la société pour garantir le maintien du pouvoir aux mains de la majorité. Ils permettent aussi d’empêcher la tendance à la concentration du pouvoir effectif entre les mains de quelques individus au sein même du gouvernement comme ils permettent de défendre les prérogatives des différentes institutions et d’empêcher leur satellisation sous l’hégémonie du pouvoir exécutif. Leur rôle le plus important et d’obliger le pouvoir de rendre des coptes à la société et de le coincer dans les obligations qu’il à pris envers la société quand il été investi. C’est un pouvoir restreint limité dans son mandat dans le temps et dans le contenu même de son action. Ces différent mécanismes de contrôle et de pression constituent la contre partie du « Bonus » dont le pouvoir disposait par le simple détention de l’autorité. 09 Le parti des profiteurs du pouvoir peut devenir un fardeau pour tout pouvoir en place par sa corruption caractérisée, par son ambivalence et son insatiabilité. Cette nature n’est pas particulière aux pouvoirs autoritaires. En réalité le secret de maintien de tout pouvoir relève essentiellement du projet qui lui a permis de se hisser à ce statut. Sa longévité en dépend aussi comme elle dépend de son succès dans l’avortement de toute esquisse de projet concurrent à ses dépends. 10 Ibn khaldoun parlait de asabiah qui à sa praxis fond les états qui disparaissent par son effritement. En réalité le pouvoir ne disparaît jamais seul ses détenteurs ont été obligé de le céder par un praxis plus fort d’eux. La fin de toute nation est la civilisation « el omrane » affirmait-il et c’est à la force qui repend le mieux à cette fin dans la société que revient le pouvoir pour la réaliser. Aujourd’hui nous distinguons entre l’Etat qui est permanent et les gouvernements qui exercent le pouvoir effectif en son nom et qui peuvent être changés à tout moment. Dans les régimes classiques l’état est personnifié par le monarque ou le prince la continuité de l’état et liée à la continuité de son pouvoir dans sa lignée. Les régimes plébiscitaires procèdent du même mécanisme de légitimation autour du charisme du leader et du culte de sa personne dont en cherche à le doter pour le hisser à un statut supérieur de celui d’un citoyen ordinaire et rendre son pouvoir indiscutable et absolu. C’est le despotisme et un despote peut être juste mais ne peut jamais être autre chose qu’un despote. 11 Le modèle de pouvoir instauré en Tunisie depuis l’indépendance du pays est l’exemple typique d’un régime plébiscitaire construit autour d’un leader politique « Bourguiba » doté d’un pouvoir charismatique faisant appel à des mots d’ordre mobilisateurs sur le patriotisme et l’unité nationale et fixant des objectif commun de développement économique et de progrès social. Aujourd’hui le même discours plébiscitaire continu à être scrupuleusement suivi en contradiction avec le système de privilèges qui est entrain de s’instaurer dans la société donnant l’exemple type d’un pouvoir d’usurpation auquel a abouti l’autorité. 12 Beaucoup se posent aujourd’hui des questions sur les scénarios d’un possible changement au pouvoir suprême dans le pays, rappelant étrangement la situation qui a précédé la destitution de bourguiba. Entre ceux qui misent sur l’insurrection, ceux qui ont fini par s’aliéner sous le rôle déterminant du soutien étranger et ceux qui ont pris une posture de bas profil en espérant recueillir les miettes il n’y a aucun véritable projet de pouvoir substantiellement différent de notre présente situation. 13 En réalité cet esprit de succession par lequel la politique s’est imprégnée depuis le début et qui à conduit à consacrer Bourguiba président à vie marque l’évolution dans la même ligne de raisonnement qui ne sort pas du modèle de pouvoir instauré. Quand Ben Ali à pris le pouvoir en 1987 il à fondé sa légitimité sur une promesse d’ouverture tout en se présentant avec la revendication d’un successeur. Le changement intervenu en 1987 n’avait pas pour but de restaurer le pouvoir d’un régime républicain mais d’assurer la continuité d’un système fondé sur la domination du pays et qui ne reconnaît aucune souveraineté de fait à ses habitant. « Le Bonus d’autorité » est ici le pays tout entier et c’est ainsi que le pouvoir est exercé depuis. Au lieu d’agir dans le respect de notre statut de citoyen et dans la défense de ses attributs, qui ne peuvent être que souverains et égaux pour tous, nous nous somme embourbé dans la contestation d’un pouvoir qui été en réalité fidèle à sa véritable nature de dictature. Le véritable tort est de notre coté par notre incapacité à saisir la véritable nature du système de pouvoir qui n’a pour fondement que notre exclusion. 14 Je me rappelle quand j’été magistrat avoir reçu un plaignant qui paraissait très préoccuper de la radiation du procès qu’il vient d’introduire récemment contre quelques familles de paysans qui vivaient sans aucun titre sur le domaine qu’il vient d’acheter. Je lui avais demandé par curiosité la raison de ce retrait ? Vous savez monsieur le président ce que m’a dit l’ancien propriétaire, m’a-t-il répondu, il m’a dit que ces familles ne son pas un problème mais un bonus non facturé car comme il me l’a justement expliqué qu’est ce que je vais faire d’un domaine de plus de mille hectare sans paysans pour les travaux de labeurs, sans bergers pour le pâturage des troupeaux sans domestiques et femmes à tout faire et en plus il m’assureront la garde du domaine gratuitement car ils seront accusés de tout ce qui peut manquer. Aujourd’hui je crois que nous ne valons pas plus dans l’esprit des actuels détenteurs du pouvoir dans notre pays que ces pauvres paysans aux yeux du nouvel acquéreur du domaine ou ils ont toujours vécu. Yahyaoui Mokhtar – 20 Mai 2006
(Source: Le blog du juge Mokhtar Yahyaoui le 20 mai 2006) http://yahyaoui.blogspot.com/2006/05/rflexions-et-lumires-sur-la-notion-du_21.html

Le Tunisois c’est quelque chose !
 

Taoufik ben Brik 21 mai 2006

Taoufik ben Brik revient avec « les gens de Tunis » Ecoutons le Il est douteux que quiconque sache ce que signifie au juste Tunisois. Les rares indices disponibles : doré comme le blé, gonflable et plus formidable que le colosse de Rhodes. Il est affublé d’un long nez et d’un énorme cube en guise de tête. Depuis quelque temps je commence à en avoir assez de Tunis et des Tunisois. Leur visage est devenu une obsession. Je connais ainsi par cœur le rire coquet de la chanteuse Soufia Sadok et le sourire plein de sagesse de l’artiste peintre Hédi Turki. Pourquoi devrais-je connaître les moindres détails de ces visages, les mimiques et la gestuelle de ces Tunisois ? Font-ils partie de ma famille ? De mes proches ? En serais-je amoureux ? Aucunement ! Alors, pourquoi ont-ils si profondément pénétré mon esprit, mes rêves, mon univers ? De quel droit ? Les Tunisois ont à cela une réponse bien rodée : Si cela ne vous convient pas, vous n’avez qu’a éteindre vos yeux. J’ai essayé.Ca ne marche pas. Il insiste l’animal. Il devient un spectacle. Ses mains sont animées d’un mouvement perpétuel, ses sourcils se lèvent et s’abaissent fébrilement ; il hausse les épaule avec expressivité et fait des gestes dédaigneux de la main. Au café dd l’Oliver Bleu il s’invite souvent à la table près de la caisse. C’est là que je l’ai vu de nombreuses fois, à l’ombre de la caissière affairée à rédiger les additions et à compter l’argent. M. Abid lui adresse un regard caressant, réservé aux clients les plus appréciés : Dans son salon de thé, les principales qualités sont encore aujourd’hui l’apparat et l’appât. Et mon Tunisois a ces deux hameçons. Le sévère M. Abid sélectionne avec un soin particulier ses voisins de table. Les jolies femmes sont de loin les préférées, mais seulement si elles ne sont pas trop bruyantes. Il ne faut pas troubler la lecture du fidèle client. Mon Tunisois avait toujours un livre et un paquet de journaux posés à côté de son lait taché ou sur la banquette. Au fil des années, inclinant la tête pour lire, il offrait à la vue de tous, le panorama toujours plus vaste de sa calvitie. Ses cheveux d’un noir corbeau et épais quand il était jeune, tombent (à présent) inexorablement malgré le soin attentif qu’il leur porte. Et le doré de son visage tendait de plus en plus vers le brun… Jour après jour, sa silhouette se faisait plus lourde et ses vêtements devenaient sombres, rendant ainsi sa corpulence moins voyante. Son menton se tendait toujours vers le haut lorsqu’il venait de la rue Azzouz Errbai, il avait de plus en plus des allures de parrain. Croisant une de ses connaissances ou un de ses admirateurs, il levait parfois une main qui hésitait entre le salut et la bénédiction. Avec un frémissement des paupières, son regard oscillait alors des pieds au visage pour les plus déférents des passant. Il ne marchait pas sur les trottoirs : il avançait majestueusement comme s’il se trouvait au palais de Carthage. La première chose que l’on voit à Tunis, c’est lui, le Tunisois Ben Zai. Ben Zai qui tout sourire avance vers vous. Comment peut-il être là en personne au café l’Olivier Bleu ? C’est alors qu’on aperçoit à coté de lui un autre Ben Ali, et puis encore un autre. Ben Ali semble être partout à la fois. Phénomène classique. A Tunis les hommes soignent méticuleusement leur apparence afin de ressembler étrangement à leur chef.
 
(Source : l’e-mag tunisien Kalima, N°42 mis en ligne le 20 mai 2006)

 

 

Corps de métiers: Réforme de l’assurance maladie Les démissions en cascade des spécialistes du STML

 

A chacun sa CNAM

Dr Rabah Chaïbi: « Affaiblir le STML ne sert pas les intérêts de la corporation »

Récent démissionnaire du Bureau Exécutif du Syndicat Tunisien des Médecins Libéraux « STML », où il assumait la fonction de Secrétaire général adjoint chargé de l’exercice de la médecine et des spécialités médicales et chirurgicales, le Docteur Anas Chabbi paraissait, durant les deux dernières années, comme un fervent défenseur de la cohabitation des médecins généralistes et spécialistes, au sein du STML.

Il ne cessait de répéter qu’il était possible de coexister dans la différence, pourvu que chacun puisse s’exprimer librement et que le syndicat défende la corporation en entier, et non une frange au dépens d’une autre. Ce radiologue a annoncé sa démission du Bureau Exécutif du STML et du comité de pilotage. Avec lui, ont démissionné des mêmes structures, un autre membre du BE, Dr Samir Ben Miled et cinq présidents de cinq sections des spécialités ( Ophtamlmologie, Chirurgie, Gynéco-Obstérique, Pédiatrie, Radiologie et Anesthésie Réanimation). Le Temps s’est adressé au Dr Chabbi pour s’interroger sur ce revirement et au secrétaire général du STML pour relever ses réactions face à ces démissions en cascade :

Dr Rabah Chaïbi: « Affaiblir le STML ne sert pas les intérêts de la corporation »

Le Temps : Comment avez-vous ressenti cette rupture entre STML et certains cadres syndicaux ? Dr Rabah Chaïbi :Les 2 démissionnaires sont porteurs du même courant d’idée que celui du nouveau syndicat de spécialistes. Le STML n’a pas pris acte de leur démission pour ne pas rompre avec une base et un bon nombre de spécialistes exerçant à Tunis. Pour ce qui est de la démission des SG des sections de spécialités, elle n’engage que leurs propres personnes. Cela montre une volonté délibérée de nuire au STML et aux intérêts de ses adhérents. Chiffres à l’appui, la base des secrétaires généraux démissionnaires représente 10% des médecins adhérents. Cette base, même minoritaire  et contrairement à ce qu’on prétend, n’a pas été statutairement concertée avant la démission.

.Quel qualificatif auriez-vous pu donner aux causes de ces démissions ?

-J’aurais dit : « conflit d’intérêts d’une minorité criarde contre une majorité silencieuse à mieux mobiliser » –  « confusion d’intérêts personnels avec intérêt général et absence de fibre syndicale » – « immaturité syndicale et inexpérience » – le tout a porté une blessure dans le dos du syndicat mais qui est loin d’être mortelle.

Grâce à ses compétences syndicales et une Commission Administrative forte et représentative, l’équilibre syndical sera maintenu. Le Bureau Exécutif reste composé de quatre généralistes et trois spécialistes. Malgré la démission de 5 des 6 secrétaires généraux des sections de spécialité, la composition de la Commission Administrative, prolongement du congrès, reste bien équilibrée avec ses 17 spécialistes et 13 généralistes épaulés par un  comité d’honneur composé de trois généralistes et trois spécialistes et une chambre de discipline composé de quatre généralistes et quatre spécialistes.

.Quels sont les acquis du STML en matière de l’avancement des négociations ?

-Les négociations vont bon train et nous sommes déjà très avancés dans ce sens. En effet, le volet éthique et déontologique sera désormais l’apanage de l’Ordre des médecins. Les principes de la séparation des honoraires des médecins des revenus des cliniques a été acquis et sera détaillé ultérieurement en attendant l’apparition de la nouvelle nomenclature. Le tiers payant est désormais autant le choix du médecin que celui du citoyen. Les horaires de travail ne seront pas imposés et seront choisis par le médecin. Rappelons l’ouverture de la CNAM sur l’obstétrique (suivi de la grossesse et de l’accouchement) qui va toucher plus de 150.000 mères annuellement et dont la majorité sera l ‘apanage de gynécologues libéraux ; de la même manière, toute la pédiatrie (y compris la néonatologie) sera prise en charge par la CNAM ainsi que l’ophtalmologie. Le STML ne signera qu’un projet global et cohérent qui respectera la profession libérale dans ses dimensions humaines mais aussi les équilibres financiers de la caisse et après avoir reçu un  échéancier précisant l’élargissement des activités prises en charges à toute la profession. Un Congrès extraordinaire pourra même être envisagé en cas de besoin.

.Qu’avez-vous contre le courant d’idées apporté par le  syndicat des médecins spécialistes ainsi que les SG démissionnaires ?

-Le STML est conscient que la réforme de l’assurance maladie touchera les privilèges d’une minorité de confrères, notamment spécialistes ; il est de bonne guerre que ces derniers réagissent pour défendre leurs intérêts. Tenant compte de toutes les données du dossier de l’assurance maladie et surtout du financement qui ne représente que 6,75% de la masse salariale, le STML a tracé des priorités. Au lieu de défendre ces exigences utopiques, le STML préfère focaliser ses efforts sur l’obtention d’honoraires conventionnels honorables dans le cadre de la fourchette syndico-ordinale et d’élargir la liste d’hospitalisations et des actes de chirurgie. Les exigences du nouveau syndicat de spécialistes à l’état actuel des choses ne feront qu’aboutir au blocage des négociations avec tout ce que cela peut comporter comme conséquences néfastes pour la profession libérale.

Propos recueillis par Mourad SELLAMI

 

Dr Anas Chabbi: « J’appelle le ministère des Affaires sociales à négocier aussi avec le syndicat des spécialistes.

Le Temps: Vous avez pourtant toujours refusé de quitter les structures du STML! Vous vous dites opposés à la politique des chaises vides. Dr Chabbi: C’est vrai ! Les chaises vides permettent aux autres, avec qui nous sommes en différend de manoeuvrer librement. Il faut plutôt les « bousculer », un tant soit peu, pour que nos remarques soient tenues en considération. Les différends renforcent les mécanismes internes de toute structure.

.Alors, comment expliquez-vous votre départ? – A la veille du VIIIème congrès, nous étions déjà amputés d’une frange importante de nos confrères chirurgiens qui n’ont pas pris part au congrès. J’ai toutefois continué à lutter pour la survie de la coexistance, des médecins spécialistes et généralistes, au sein du STML. J’ai toujours soutenu et je soutiens encore que la corporation a intérêt à négocier unie avec la CNAM.

. On dirait que vous avez été poussé à quitter! – En quelque sorte, les choses n’ont pas été transparentes depuis la tenue du dernier congrès. Les méthodes de gestion du Secrétaire général ont été critiquées à maintes reprises, même par écrit. Tous les spécialistes ont tout essayé avec lui, pour qu’il rectifie le tir. En vain!

. Vous avez donc réagi contre la forme de gestion du syndicat – Pas uniquement.  Outre l’absence d’un représentant du Conseil de l’Ordre des Médecins, CNOM au comité de pilotage, il y a un trop plein de magouilles autour des négociations sur la réforme avec la CNAM. Pourtant, tout le monde de la médecine  a salué la constitution du comité de pilotage qui regroupe d’éminantes personnalités qui ont leur poids dans la corporation. Or, le noyau dur des négociateurs du STML veut les réduire à de simples figurants, qui assistent par intermitance. Ils ne peuvent pas ainsi tenir le fil conducteur et ils finissent par lacher. En plus, la commission administrative n’a pas donné son aval à l’application progressive de la réforme . Le Secrétaire général a dépassé ses prérogatives et c’est une faute grave. Or, le STML est là pour défendre la corporation et la médecine en général. Nous sommes pour une réforme réfléchie et responsable qui maintient la qualité de la médecine et préserve la dignité du médecin.

. Vous ne paraissez plus aussi optimiste que d’habitude – Oh, si! Mais la situation nécessite plus de transparence et de bonne volonté. Il est nécessaire d’écouter tous les sons de cloches. J’appelle d’ailleurs le ministre des Affaires sociales et le PDG de la CNAM à faire participer le syndicat des spécialistes « STMSL » aux négociations de la réforme, au même titre que le STML. Ils seront d’un apport certain pour la réussite du processus.

Propos recueillis par MOurad SELLAMI

Qu’est-ce-qui motive ces démissions ?

Les présidents des cinq commissions de spécialités

Nous pensons par ailleurs que le projet de la convention sectorielle, actuellement présenté par la CNAM, va à l’encontre des principes et intérêts spécifiques que nous défendons dans l’exercice de notre profession. Nous exigeons de la CNAM, de nous présenter un projet de convention sectorielle juste, équitable et durable respectant les règles déontologiques de notre profession et compatible avec la poursuite du rayonnement de la médecine tunisienne aussi bien dans le secteur publique que privé, avec : – la possibilité pour le patient d’avoir la liberté de choix de son médecin, – le paiement à l’acte avec rejet des forfaits globaux, – des honoraires médicaux dans la fourchette ordinale et syndicale, – une seule filière privée (paiement direct pour la médecine ambulatoire, tiers payant et ticket modérateur pour les hospitalisations et soins coûteux).

Les médecins spécialistes ne peuvent être ignorés par la CNAM, car nous sommes des interlocuteurs incontournables dans ces négociations sociales et toute signature d’un quelconque accord sur le contenu et l’application de la convention sectorielle sans notre aval ne pourra aucunement nous engager dans son application.

Extraits de la lettre de démission des Secrétaires généraux des spécialités  Dr Habib Boujnah ( section de Chirurgie),Dr Lotfi SLIM (section de Radiologie), Dr Chiheb Djaiet (section de Gynéco-Obstétrique), Dr Elyès Ben Smida ( section d’Ophtalmologie), Dr Rachida Kafsi (section de Pédiatrie).

 

Dr Samir Ben Miled, membre du BE du STML Considérant mon élection au Bureau Exécutif comme un mandat de la commission administrative pour trouver le meilleur compromis, ce que je n’ai pas pu obtenir, et n’ayant ni l’intention de participer à une quelconque lutte de clans ni de faire de la figuration au sein de l’actuel Bureau Exécutif, je choisis de présenter ma démission de ce Bureau Exécutif. L’intérêt général commande de saisir l’occasion de la remise par la CNAM du projet de la convention sectorielle des Médecins de Libre Pratique (06-02-2006) pour organiser le plus tôt possible un congrès extraordinaire qui serait réellement représentatif s’il était électif et précédé de tractations visant à faire participer la plus large base syndicale possible, ce congrès extraordinaire étant d’ailleurs prévu par la circulaire 2/2005 du STML en date du 30 avril 2005 (page 8, dernier alinéa).

   (Source : « Le Temps » du 20 mai 2006)


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