Maghrebia: La prospérité économique synonyme de problèmes de santé en Tunisie
AFP: Terrorisme et immigration au menu d’entretiens tuniso-italiens
Le Figaro: Maghreb : les investisseurs refroidis par la menace terroriste
RIA Novosti : Al-Qaida défie l’Union européenne et l’OTAN
La prospérité économique synonyme de problèmes de santé en Tunisie
20/04/2007
La Tunisie a enregistré un taux de croissance économique sans équivalent en Afrique. Malheureusement, pour de nombreux Tunisiens, les améliorations des conditions de vie qui accompagnent cette prospérité ont entraîné des problèmes de santé allant de l’obésité au dysfonctionnement sexuel.
Par Jamel Arfaoui pour Magharebia à Tunis – 20/04/2007
Ces dernières années, un nombre toujours plus grand de Tunisiens, en particulier dans les zones urbaines, a commencé à payer le prix de la croissance économique et sociale sans précédent que le pays connaît depuis maintenant près de vingt ans. Les spécialistes de la santé lancent des cris d’alerte sur une augmentation du taux d’obésité chez les enfants et chez les personnes d’âge moyen. Cette obésité entraîne des maladies telles que le diabète et l’hypertension artérielle, qui, à leur tour, sont des facteurs favorisant les problèmes cardiaques, rénaux et les cancers. L’obésité peut aussi contribuer à des dysfonctionnements d’ordre sexuel chez les hommes.
L’Institut National de Nutrition a récemment publié ses recherches, qui montrent que la prospérité économique a modifié les habitudes alimentaires et physiques des Tunisiens. Selon ces résultats, la Tunisie a connu l’une des augmentations de l’obésité féminine les plus importantes au monde. Elle a également enregistré un accroissement rapide d’infections telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires et l’hypertension artérielle.
Lors d’un entretien avec Magharebia, Sami Ben Ali, un médecin généraliste, a indiqué que la majorité des professionnels qui viennent le consulter dans sa clinique se plaignent de troubles nerveux et sexuels. Le docteur Ben Ali ajoute que les changements dans la vie des Tunisiens ont doublé le rythme de vie de certains. Typiquement, l’homme et la femme travaillent, et les familles consomment plus de fast-food qu’auparavant. A terme, ces aliments à forte teneur en lipides ont un impact néfaste sur la santé.
Malgré un système de santé public et l’augmentation de l’espérance de vie — 74 ans pour les hommes et 75 ans pour les femmes — la transformation de la Tunisie en une société de consommation menace le niveau général de santé des habitants.
Indicateur du taux de croissance économique soutenue du pays, le revenu par tête en Tunisie a plus que quadruplé en l’espace de vingt ans, passant de 960 dinars en 1986 à plus de 4 000 dinars en 2006. Cette croissance a permis à quelque 80 pour cent des Tunisiens de posséder leur propre maison et d’utiliser plus souvent leur voiture, au détriment de la marche.
Selon l’édition du 5 avril du magazine al-Haqaiq, seuls 2,7 pour cent des Tunisiens d’âge moyen font de l’exercice ou du sport. L’Institut National de la Nutrition affirme que la moitié des femmes tunisiennes souffrent de surpondération, et qu’une sur quatre souffre d’obésité. Le taux global d’obésité en Tunisie a triplé au cours des deux dernières décennies.
Un rapport publié en avril par l’Association Tunisienne d’Etudes et de Recherches Sexuelles révèle que plus de 40 pour cent des hommes souffrent d’une forme ou d’une autre de trouble sexuel. Nombre de ces hommes ont une tendance à l’obésité. Habib Boujanah, président de cette association, indique que ce pourcentage atteint 60 pour cent des hommes âgés de plus de 50 ans. M. Boujanah révèle que les dysfonctionnements sexuels sont cités comme une cause de 25 pour cent des cas de divorce en Tunisie.
Les nutritionistes recommandent un régime quotidien comportant de la marche et des aliments basés sur ce qu’ils appellent le régime méditerranéen, à base de poisson, de légumes frais, de blé dur et d’huile d’olives, tous ces produits que l’on trouve en abondance en Tunisie.
(Source: Maghrebia le 20 avril 2007)
Terrorisme et immigration au menu d’entretiens tuniso-italiens
Maghreb : les investisseurs refroidis par la menace terroriste
ON SERRE les dents dans les milieux d’affaires au Maroc. Une semaine après les tentatives d’attentats de Casablanca, suivies par les explosions d’Alger, ayant causé la mort de 33 personnes, les artisans du décollage économique du royaume chérifien veulent croire qu’il s’agit d’événements isolés. «L’économie marocaine serait la première perdante d’une montée du terrorisme, souligne un banquier français, car c’est là que les efforts ont été les plus importants, et les espoirs les plus vifs.»
Le pays, qui s’est lancé dans un ambitieux programme de modernisation depuis 2004, est en train de se construire une image de tigre économique. De fait, le Maroc a beaucoup investi dans les grands projets d’infrastructures (le port de Tanger, l’autoroute Marrakech-Agadir…) et les zones d’investissement pour les délocalisations étrangères. Des projets qui n’auraient pu voir le jour sans l’aide de capitaux étrangers en provenance notamment des pays arabes. Selon les experts de la Coface ces investissements ne devraient pas être remis en cause à court terme.
L’Algérie a remboursé la quasi-totalité de sa dette
En revanche, les recettes du tourisme, qui représentent 10 % du PIB marocain (contre 16 % pour l’agriculture) risquent de s’en ressentir. «On peut remarquer que dans le cas de l’Égypte, les touristes n’avaient pas boudé le pays trop longtemps», souligne Catherine Monteil de la Coface. L’organisme qui attribue des notes aux pays en fonction du risque, maintient au Maroc comme à l’Algérie, la note A4, c’est-à-dire «un comportement de paiement souvent assez moyen qui pourrait en outre être affecté par un environnement économique et politique pouvant se détériorer». Mais la probabilité que cela conduise à un défaut de paiement reste acceptable. Les spécialistes de l’Algérie font valoir que grâce aux très importantes recettes générées par le pétrole et le gaz, le pays est aujourd’hui dans une situation financière exceptionnelle. L’Algérie a remboursé la quasi-totalité de sa dette en payant près de 10 milliards de dollars rubis sur l’ongle en quelques mois seulement et il détient des stocks très importants de devises étrangères. «En outre, grâce à la manne pétrolière, le gouvernement algérien a lancé un ambitieux programme d’investissement de plus 100 milliards de dollars», souligne Catherine Monteil. Le pays pourrait donc financer seul son développement si les capitaux étrangers cessaient d’affluer. «Le problème de l’Algérie, qui gêne énormément les investisseurs étrangers concerne la mauvaise gouvernance dans l’économie», témoigne le cadre d’un grand groupe français.
Tracasserie administrative et corruption endémique continuent de polluer le climat des affaires malgré les efforts réels de modernisation initiés par Alger. Autre motif d’inquiétude, le secteur bancaire n’est pas à la hauteur des ambitions du pays. Les banques algériennes continuent de soutenir des entreprises publiques en situation déficitaire et sont donc à la tête de créances douteuses.
Al-Qaida défie l’Union européenne et l’OTAN
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A la suite de la série d’attentats qui ont secoué en mars et avril l’Algérie et le Maroc, plusieurs questions se sont posées d’elles-mêmes. Tout d’abord: cela ne signifie-t-il pas l’apparition d’une nouvelle base de la nébuleuse Al-Qaïda et comment cela pourrait-il se répercuter à l’avenir sur la sécurité régionale? Or, il ne s’agit pas seulement du « Grand Proche-Orient » (de l’Afrique du Nord à l’Afghanistan), mais aussi de la zone de la Méditerranée qui fait partie de la sphère d’influence de l’Union européenne et de l’Alliance de l’Atlantique Nord.
Les derniers événements dans les pays d’Afrique du Nord, et tout particulièrement en Algérie où les attentats relèvent, dirait-on, plutôt du quotidien, n’auraient sans doute pas attiré une attention aussi soutenue des médias et, par conséquent, de l’opinion internationale, n’étaient certains détails significatifs.
Il s’agit avant tout d’attentats en série. Ainsi, le 11 mars dernier, un terroriste-kamikaze s’est fait exploser dans un cybercafé de Casablanca (Maroc). Le 10 avril, toujours à Casablanca, au cours d’un raid policier, encore trois kamikazes se font exploser, un quatrième est
abattu avant même d’actionner sa charge. Le lendemain, mais à Alger, un double attentat est perpétré par des kamikazes: en plein centre de la capitale en touchant un des symboles du pouvoir, le Palais du gouvernement, et dans l’est de la ville – le siège du bureau algérien d’Interpol et une caserne policière. Le 12 avril encore un attentat a été déjoué dans la capitale de l’Algérie. Mais le 14 avril, de nouvelles explosions retentissent à Casablanca, cette fois dans un quartier résidentiel du centre-ville où se situent essentiellement des missions diplomatiques étrangères.
Au départ, les autorités tant en Algérie qu’au Maroc ont essayé de nier tout lien entre ces attentats et Al-Qaïda, ce qui est d’ailleurs facile à comprendre, car même une simple allusion à une éventuelle transformation du territoire de ces pays en terre d’asile pour Al-Qaïda pourrait compromettre leur situation économique et politique intérieure. Le Maroc risque, en effet, de perdre tout son attrait touristique, alors que l’Algérie serait privée des investissements étrangers dans plusieurs de ses industries. Comme l’a indiqué à RIA Novosti l’orientaliste et grand connaisseur de l’Algérie Nikolaï Mokhov, les recettes confortables provenant des exportations de pétrole permettent à l’Etat algérien de dépenser de l’argent pour le développement de l’infrastructure et pour le bâtiment en engageant des sociétés étrangères à l’issue d’appels d’offres internationales. Néanmoins, tout cela risque de disparaître du jour au lendemain si les investisseurs sont effrayés par la perspective de transformation de l’Algérie en un nouvel Irak.
On en est encore loin sans doute. Quoi qu’il en soit, vu le fait que tant le Maroc que l’Algérie sont pratiquement à la veille des élections législatives, une éventuelle déstabilisation de la situation dans ces pays n’est pas du tout à exclure. Et ce, d’autant que la jeunesse musulmane y désapprouve la politique de l’Occident, et en premier lieu celle des Etats-Unis à l’égard de l’Irak, de la Palestine et de l’Iran, ainsi que tous les processus de mondialisation en cours « à l’occidentale ». C’est justement ce mécontentement qui est souvent exploité par les extrémistes. On a tout lieu de supposer que les terroristes estiment de leur devoir de démontrer que la politique des autorités au Maroc et surtout de l’Algérie en matière de lutte contre l’islamisme radical a complètement échoué. Tout était inutile, tant le « bâton » que la « carotte ». Un risque de déstabilisation de la situation politique intérieure existe aussi en Tunisie bien que sans doute à un degré moindre.
Ce n’est certes pas par hasard que le groupe qui a revendiqué les attentats à Alger se nomme « Al-Qaïda Maghreb ». En d’autres termes, il ambitionne d’étendre ses activités à l’ensemble de la région maghrébine. Jusqu’à tout dernièrement, il portait le nom de Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC).
Selon Nikolaï Mokhov, nul n’ignore que depuis la fin des années 1990 le Groupe salafiste recevait d’Al-Qaïda une assistance financière et organisationnelle. Ces derniers temps, les informations sur les actions de ce groupe apparaissent de plus en plus souvent sur les sites Internet liés à Al-Qaïda. Par conséquent, le lien entre ces deux groupes est devenu tout bonnement officiel sans parler du changement de nom du CSPC. L’expert attire aussi l’attention sur le fait que ces derniers attentats ont été perpétrés par des kamikazes, ce qui est plutôt typique d’Al-Qaïda. Jusqu’ici les islamistes algériens, y compris ceux d’Al-Qaïda Maghreb, ont, en règle générale, employé une autre tactique.
Pour ce qui est des attentats du Maroc, nul ne les a pas encore revendiqués officiellement, mais les experts, y compris ceux du Maroc, ne doutent un seul instant que les événements dans leur propre pays et en Algérie remontent aux mêmes sources.
Il y a d’ailleurs encore un indice de leur rapport direct avec Al-Qaïda. C’est le fait que les derniers attentats terroristes en Algérie et au Maroc sont liés d’une façon ou d’une autre au chiffre « 11 » qui est devenu en quelque sorte le label de qualité d’Al-Qaïda. Rappelons que le 11 septembre 2001, des attentats avaient été perpétrés aux Etats-Unis; le 11 avril 2002, un camion-citerne chargé de gaz avait explosé devant la synagogue de la Ghriba, sur l’île de Djerba en Tunisie; et le 11 mars 2004, des explosions avaient secoué une gare madrilène.
Ainsi, tout porte à croire qu’Al-Qaïda déclare haut et fort ses ambitions de s’installer en Afrique du Nord et veut mettre en évidence l’échec de la politique des autorités locales dans leur lutte contre la terreur, mais aussi et surtout l’échec des efforts de toute la coalition antiterroriste internationale. En effet, depuis l’Afghanistan, la base des terroristes a déménagé en Irak et peut dorénavant s’installer en Afrique du Nord. A propos, les experts font remarquer que des terroristes, trempés dans des combats en Irak, sont aussi impliqués dans les derniers attentats en Algérie et au Maroc. Le fait que cette partie du monde est directement liée à l’Union européenne et à l’OTAN, y compris par des accords de coopération en matière de sécurité, est un autre défi lancé par Al-Qaïda à l’Occident.
Rabat a d’ores et déjà déclaré sa volonté de renforcer la coopération des pays du Maghreb dans la lutte contre le terrorisme. Mais compte tenu des relations tendues entre l’Algérie et le Maroc à cause du Sahara Occidental, une coopération efficace dans n’importe quelle sphère d’activité apparaît comme très peu probable entre ces deux pays. Par conséquent, la tâche des autres et surtout de ceux qui peuvent en premier lieu devenir la cible de la fameuse filiale « méditerranéenne » d’Al-Qaïda consiste justement à faire tout le maximum pour que les appels à la coopération antiterroriste dans la région ne restent pas lettre morte, mais soient suivis de mesures concrètes visant à renforcer la sécurité.
(Source: L Agence de presse russe RIA Novosti LE 19 AVRIL 200)