FTCR: La liberté de circulation prise en piège dans les ports et aéroports tunisiens Xinhua: La Tunisie réaffirme son rejet de toutes formes de terrorisme Xinhua: Déficit de 1.3% de la balance commerciale Tunisienne Le Monde diplomatique: Révolte du « peuple des mines » en Tunisie Le Temps: Mohamed Moâda « Nous avons opté pour le consensus afin de sauver l’unité du parti » Le Temps: Les dessous scabreux en matière de préparation des salons touristiques Reuters: Libye – Le compte à rebours des réformes a débuté – Saïf Kadhafi Reuters: Libye/Union – Un accord de libre-échange est proche /S. Khadafi AFP: Le retrait politique de Seif Al-Islam fait planer le doute sur ses projets AFP: Seif Al-Islam, un réformateur déterminé à changer l’image de la Libye Reuters: Algérie/Nezzar : « Les attentats soudent la population »
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Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
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Les défenseurs des droits humains et des libertés : victimes d’une guerre d’usure permanente
Usant et abusant de la «diplomatie de la dénégation», les autorités policières, judiciaires et politiques tunisiennes continuent à récuser, avec la plus grande mauvaise foi, les témoignages sur les violations graves et systématiques des libertés et des droits de l’homme en Tunisie. Ainsi, Tunis «dément catégoriquement les violations des droits de la personne» que lui prêtent les ONG. Les autorités soutiennent sans vergogne qu’en Tunisie «les libertés publiques et les droits de l’homme sont garantis par la Constitution et sont scrupuleusement respectés au quotidien». Quant aux faits rapportés par des témoignages multiples, vérifiables et dignes de foi, ils seraient, à les en croire, autant d’«allégations erronées».
Cette obstination à vouloir tordre le cou à la réalité explique la hargne et l’acharnement dont sont la cible les défenseurs des droits humains. Victimes flagrantes de ces violations, ils sont «l’objet» des différents appareils de l’Etat (policier, judiciaire, médiatique, politique..) pour les étouffer à défaut de les faire taire : surveillance «collante» et permanente; violation de la correspondance privée et attaque du courrier électronique, mise sur écoutes téléphoniques illégales, agressions physiques et verbales ; intimidations ; campagnes de calomnie, de dénigrement et de diffamation organisées par des journaux et des sites orduriers ; harcèlement policier multiforme, humiliations, fermetures des locaux des associations, interdiction de sortie du territoire, pressions économiques, fiscales, familiales… procès préfabriqués, emprisonnement … Rien, absolument rien ne leur est épargné. Leurs droits individuels à la protection de la vie privée, à la sauvegarde de l’intégrité physique et la liberté circulation… sont bafoués. Leurs libertés individuelles et publiques niées qu’il s’agisse de la liberté d’expression, d’opinion, de presse, d’association, d’organisation.
Les exemples qui suivent, relevés durant ces deux derniers mois, ne sont qu’une illustration de cette véritable guerre d’usure menée par l’Etat RCD contre une poignée de militantes et militants qui s’efforcent, par leur combat pour la liberté, de redonner de l’espoir à un pays dont le pouvoir a fait «un désert politique» fondé sur la soumission au président Ben Ali.
Outre nos propres sources, nous nous sommes référés aux informations fournies par les organisations tunisiennes auxquelles nous tenons à rendre un hommage appuyé : LTDH (Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme), CNLT (Conseil national des libertés en Tunisie), ALTT (Association de lutte contre la torture en Tunisie), ATFD ( Association tunisienne des femmes démocrates) , association Liberté et Equité, AISPP (Association internationale de soutien aux prisonniers politiques), OLIPEC (Observatoire pour la liberté de presse, de création et de création )… ainsi qu’au travail courageux que mènent les rares publications libres : Albadil, Al Mawquef, Mouwatinoun, Tunisnews, Nawat…
Le CRLDHT, exprime sa solidarité agissante et son soutien indéfectible à tous les défenseurs des libertés et des droits de l’homme en Tunisie.
Négation du droit à la protection de la vie privée
Massaoud Romdhani est, avec Abderrahmane Hédhili, porte–parole du comité national de soutien aux populations du bassin minier du sud-ouest tunisien. Il est aussi membre du comité directeur de la LTDH, et responsable à l’union régionale de l’organisation syndicale UGTT de Kairouan. Il est, depuis le début du mois de mai, sous surveillance policière permanente. Une voiture – parfois deux- avec des policiers en civil sont garées devant son domicile. Il arrive qu’un agent monte sur le poteau télégraphique pour observer l’intérieur de la maison et vérifier s’il est chez lui. Quand il se déplace dans la ville de Kairouan, une moto – avec la/les voitures – le suit au point qu’il doit même parfois s’arrêter pour éviter de la heurter. Les gens qu’il rencontre sont systématiquement harcelés (contrôle d’identité, pressions). Parfois, on l’empêche de quitter la ville de Kairouan ou même sa maison. C’est ainsi que le mardi 20 mai 2008, il a été empêché de regagner la ville de Sousse : accompagné de trois syndicalistes, il a été arrêté sur la route et obligé de retourner à Kairouan à 21 kms à pied, soit 4 heures de marche. Le vendredi 23 mai, il a pris le bus de Kairouan pour aller à Tunis. Il a été arrêté au milieu de la route par la gendarmerie de la circulation qui l’a informé qu’il était en état d’arrestation et qu’il devait attendre l’arrivée d’une voiture pour le récupérer. Une demi-heure après, un gendarme est venu le voir pour lui annoncer qu’il était libre de ses mouvements et qu’il pouvait continuer sa route. En arrivant à Tunis à bord d’une voiture-louage, un groupe d’agents en civil lui a intimé l’ordre de remonter dans le louage et de rentrer chez lui. Son refus d’obtempérer lui a valu une avalanche de coups, d’insultes et de grossièretés. Il a été menacé de « se faire briser les jambes » s’il tente de revenir à Tunis. Mi-juillet, il a loué un appartement prés de la mer avec sa famille. Il a été contraint d’interrompre son séjour et de rentrer chez lui à Kairouan accompagné de sa famille à cause des pressions exercées sur le propriétaire, convoqué chaque jour par la police. Même au bord de la mer, la surveillance des policiers n’a pas cessé. Le 7 juillet 2008, sa maison était encerclée par des dizaines de policiers qui l’ont informé qu’il ne devrait en aucun cas quitter sa maison et ce, notamment afin de l’empêcher d’assister à une réunion de solidarité avec les habitants du bassin minier de Gafsa, organisée dans le local de la section syndicale de l’UGTT à Kairouan. Ses voisins et sa famille subissent une pression policière étouffante et Massaoud Romdhani ne peut plus avoir aucune vie privée.
Intimidations et humiliations à l’aéroport
Sihem Bensedrine, journaliste et porte parole du CNLT, a été agressée à l’aéroport de Tunis Carthage et empêchée de quitter le territoire le mardi 19 août 2008 alors qu’elle se préparait à prendre un vol pour Vienne. Ayant subi une fouille méticuleuse de son sac à main et de son sac à dos où se trouvait son ordinateur portable, elle a été l’objet de harcèlement jusqu’au départ de l’avion. Des agents de la police politique l’ont brutalisé jusqu’à la faire tomber par terre, tout en jetant le contenu de son sac ainsi que son passeport. Le mois de mars 2008, Sihem Ben Sedrine a fait l’objet d’une agression dans des conditions similaires au Port de la Goulette à la suite de laquelle elle a déposé une plainte en justice, restée sans suite.
Me Anouar Kousri et Me Samir Dilou ont été victimes d’intimidations lors de leur retour à Tunisie après avoir participé à une tournée européenne organisée par Amnesty International à l’occasion de la publication, le 23 juin 2008, du rapport de celle-ci intitulé «au nom de la sécurité : attentes aux droits de l’homme en Tunisie». Me Kousri a été l’objet, lors de son retour à Tunis le 29 juin 2008, d’intimidations de la part des agents de la douane et de la police qui lui ont imposé une fouille minutieuse des bagages. Refusant de se soumettre à une fouille au corps humiliante, Me Kousri est resté bloqué pendant deux heures. Six agents en civil l’ont alors encerclé et violenté. Deux d’entre-deux l’ont emmené de force dans une pièce étroite (2m x 2m), où deux douaniers ont tenté sans succès de le fouiller au corps. Me Samir Dilou, membre de l’association internationale de soutien aux prisonniers politiques, a été victime d’intimidations similaires.
Les proches des défenseurs des droits de l’homme font l’objet de tracasseries commises par les autorités en toute impunité. C’est ainsi que des citoyens paisibles sont privés de leurs passeports ou empêchés de sortir du territoire uniquement dans le but d’exercer des pressions sur leurs proches, opposants ou défenseurs des droits humains. C’est le cas récemment de Raja Kousri, soeur d’Anwar Kousri, qui a été privée de son passeport tunisien et empêchée de regagner la France , le 20 août 2008.
La mise en état de siège de la liberté d’information
Slim Boukhdir, journaliste, a été libéré le 21 juillet 2008 grâce à la mobilisation nationale et internationale, après avoir passé huit mois de détention suite à sa condamnation, le 4 décembre 2007, à un an de prison ferme par le Tribunal cantonal de Sakiet Ezzit pour “outrage à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions” et “atteinte aux bonnes mœurs”, au terme d’un procès inéquitable
La chaîne privée de télévision satellitaire tunisienne «El Hiwar» (le dialogue), a été l’objet, pendant ces derniers mois, d’une nouvelle campagne d’intimidation : son correspondant dans la région du bassin minier de Gafsa, Fahem BOUKEDDOUS, est, en ce moment, recherché par les autorités suite à sa couverture journalistique de la contestation sociale qu’a connue la région depuis le début de l’année. Boukeddous est ainsi contraint depuis le début du mois de juillet à la clandestinité. Le 9 Juillet 2008, Mouldi ZOUABI, correspondant de la chaîne dans la région de Jendouba, a été sauvagement tabassé par des agents de la garde nationale qui lui ont confisqué son téléphone mobile et sa caméra, avant de le jeter dans un fossé au bord d’une route. Le directeur de la chaîne, Tahar Ben HASSINE qui subit, depuis le lancement de la chaîne, une surveillance policière, a été l’objet d’intimidations et de pressions. Son domicile a été mis sous surveillance policière de même que les locaux de « El Hiwar » à Tunis. Les accès à Internet qui servent de moyens de transmission vers l’émetteur satellite ont été bloqués. Ainsi, la chaîne et ses animateurs n’ont cessé de subir les intimidations de tout genre : agressions (10 agressions au moins en un an), confiscation illégales de caméras (au nombre de 13 caméras).
Le piratage du courrier électronique est devenu, ces derniers mois, le nouveau domaine où le pouvoir tunisien traque les personnalités politiques, les défenseurs des droits de l’homme et les militants associatifs. Ce piratage ne fait que s’intensifier et touche de plus en plus de personnes en Tunisie. Plusieurs personnalités de l’opposition et de la société civile tunisienne, en témoignent (voir l’article :Opération main basse sur les emails, à consulter à l’adresse suivante :http://www.nawaat.org/portail/2008/08/20/tunisie-operation-main-basse-sur-les-emails/.
Des tests lancés par des internautes, cités par l’article mentionné ci-dessus, à la fois en Tunisie et à l’étranger montrent que le même message envoyé vers une adresse email quelconque, arrive à destination quand le courrier est consulté à partir de l’étranger et disparaît quand celui-ci est consulté à partir de la Tunisie. Ces tests, captures d’images à l’appui, ne font aucun doute sur le fait que les boites de courrier électronique des Tunisiens, sont sous surveillance et sous contrôle, en dehors de toute légalité. Plusieurs témoignages montrent que ce piratage s’opère dans deux sens : 1- Tous les emails sortants d’une boite email donnée n’arrivent jamais à son destinataire. 2- Tous les emails adressés à une adresse email donnée n’atterrissent jamais dans la boite de réception. Des experts en informatique, précisent qu’un contrôle à ce niveau et avec une telle ampleur, ne peut s’opérer qu’au niveau des infrastructures nationales, sachant que le réseau tunisien est placé sous le contrôle complet de l’Etat, à travers l’opérateur historique Tunisie Télécom, ainsi qu’à travers l’ATI (Agence Tunisienne de l’Internet).
Tous ces témoignages, ne laissent aucun doute sur l’existence d’une véritable police d’Internet, qui opère sans aucun contrôle, qui commet des actes de piraterie, répréhensibles par la loi tunisienne, le plus souvent en étroite collaboration avec le service de police politique du ministère de l’Intérieur. Il s’agit ni plus, ni moins d’une violation du secret de la correspondance.
Les opposants et les défenseurs des droits humains sont en permanence l’objet de menaces inadmissibles, d’attaques scandaleuses et de diffamations les plus odieuses d’une certaine presse de caniveau (Al Hadath et As Sarih, hebdomadaires ayant pignon sur rue à Tunis) et des sites qui se sont spécialisés dans la provocation verbale et le colportage à leur encontre (www.biladi.co.uk et www.bilmakhchouf.org). Sous couvert d’une information «confidentielle» où les approximations grotesques dans la relation de faits connus le dispute aux mensonges, la prose de ces différents supports consiste à faire l’éloge systématique du régime tunisien et à appliquer à ses opposants le credo tristement célèbre : «mentir, salir, mentir, salir, il en restera toujours quelque chose». Cette démarche qui trahit en réalité l’irritation des autorités tunisiennes, exprime sa volonté de museler, par la peur et la calomnie, des citoyens dont le tort est de ne pas être aux ordres
La négation de la liberté d’expression et de manifestation
Après la manifestation qui a eu lieu à Bizerte à l’occasion de la Fête de la république, le 25 juillet 2008, la police a procédé à l’arrestation des opposants et des défenseurs des droits de l’homme ayant pris part à cette manifestation pacifique au cours de laquelle des slogans ont été scandés et des banderoles brandies. Tous témoignent des conditions d’arrestations proches du rapt : littéralement enlevés par les agents venus en nombre alors qu’ils se trouvaient dans un café à Ain Bitar (Menzel Jmil), ils ont été amenés au siège de la Sûreté de l’Etat au ministère de l’Intérieur pour y être interrogés et contraints, sous la menace physique, d’apposer leur pouce en bas de PV qu’ils refusaient de signer n’ayant pu les lire. Le Procureur de la République du Tribunal de Première Instance de Tunis les a fait déférer devant le juge cantonal de Bizerte (affaire n°81453) afin qu’ils soient jugés le mardi 29 juillet pour « attroupement sur la voie publique et outrage aux bonnes mœurs » ! Il leur est reproché en réalité d’avoir exercé leur droit à l’expression. Reportée au 5 août à la demande de la défense, l’affaire a été jugée par la Chambre pénale du tribunal cantonal de Bizerte, présidée par le juge Fethi Belhasiine. Celui-ci a condamné à six mois ferme Othman Jemli (membre de l’AISPP) et Ali Neffati (ancien détenu politique), et à six mois d’emprisonnement avec sursis Faouzi Sadkaoui (membre de l’association AISPP) et Khaled Boujemaa (membre de l’association Equité et Liberté).
Présente massivement, la police a interdit aux observateurs des organisations de droits de l’homme et des partis politiques d’assister au procès. Ainsi, Maître Abdelwahab Maatar a été violemment agressé et ses lunettes brisées. Son épouse, Me Fadwa Maatar a été l’objet de propos orduriers en présence du juge. De nombreux militants ont été agressés notamment : Hamed Mekki, transporté dans un état inconscient à l’hôpital. Heba Mekki a été violemment bousculée et insultée. Oualid Ben Romdhane a été blessé à la tête. Hamza Hamza (membre du bureau exécutif de Liberté et Equité) a reçu des coups de poings et de pieds lui occasionnant des contusions au dos et à la tête. Takoua Bouazizi a été tirée par la tête et frappée sur le dos. Yassine Bejaoui, membre du Parti démocratique progressiste, a subi le même sort.
La mobilisation des familles, la solidarité et le courage des différents acteurs de la société civile et les différentes initiatives et témoignages de soutien aux défenseurs injustement condamnés ont fini par payer : Othman Jemli et Ali Neffati ont été élargis le 19 août 2008.
La négation de la liberté de réunion et d’association
Le lundi 14 juillet 2008, Me Mohamed Nouri, président de Liberté et Equité, Mohamed Gueloui, membre du bureau exécutif, Ali Isbaï et Oussama Ellouze se sont vus interdire l’entrée dans la ferme de Me Nouri à Slimane. Arrêtés, Mohamed Ghueloui et Oussama Ellouze ont été conduits au district de Grombalia dans le gouvernorat de Nabeul. Mohamed Gueloui a été ensuite transféré au poste de la Sûreté de Gabès.
Depuis le 29 juillet et pendant plusieurs jours, les policiers ont encerclé le domicile de Me Mohamed Nouri interdisant toute visite.
De même, le domicile du frère de Hamza Hamza, membre du bureau exécutif de Liberté et Equité, a fait l’objet, le lundi 28 juillet 2008 dans l’après midi, de la surveillance des policiers qui ont procédé à des vérifications systématiques d’identité.
Le siège de l’association Liberté et Equité est surveillée en permanence et la porte de l’immeuble du 33 rue Mokhtar Atya condamnée à plusieurs reprises. Abdelkarim Harouni, membre du bureau exécutif de Liberté et Equité, a été arrêté, le samedi 28 juin 2008 vers dix heures du matin par la police politique alors qu’il se rendait sur la tombe de sa mère en compagnie de son père. Le 5 juillet 2008, deux voitures des agents de la police politique ont fait le siège de son domicile à El Kram, banlieue de Tunis, pendant deux jours d’affilée sous prétexte qu’il ne devait pas quitter la région qu’après en avoir informé les autorités policières et obtenu les autorisations préalables.
Le 12 août 2008, Zouhir Makhlouf, secrétaire général de Liberté et Equité, a été victime d’une filature policière pendant laquelle il n’ cessé d’être insulté par des agents de la police politique. Ces derniers étaient à bord de voitures de marque Isuzi immatriculées : 68-TU-9798, 63-TU-7561 et une voiture de marque Peugeot 409 immatriculée 127-TU-3011.
Rappelons que les activités de la LTDH sont neutralisées par la surveillance policière et la fermeture des locaux de ses sections alors que l’ATFD s’est vu empêchée de mener à bien ses activités au quotidien.
La criminalisation de la solidarité
Le dimanche 27 juillet 2008, Zakia Dhifaoui, membre de la section de Kairouan de la LTDH et membre du Forum démocratique pour le travail et la liberté (FDTL) a été arrêtée peu après 12h, à Redeyef (sud ouest) au domicile de Adnen Hajji – porte parole du mouvement des populations du bassin minier- alors qu’elle se trouvait en compagnie de Mme Hajji. Cette interpellation sans mandat et en violation des procédures légales a eu lieu suite à une marche pacifique qui s’était déroulée tôt dans la matinée à Redeyef en solidarité avec les personnes emprisonnées et au cours de laquelle Zakia Dhifaoui avait pris la parole. Un mandat de dépôt a été émis contre elle ; elle a été déférée devant le tribunal correctionnel de Gafsa le 31 juillet puis condamnée le 14 août 2008 à 8 mois de prison ferme en compagnie de six des coinculpés qui, pour leur part, ont écopé de 6 mois de prison ferme. (voir le communiqué du CRLDHT en date du 18 août 2008).
Le règne de l’arbitraire policier et judicaire
Le 28 juillet 2008 au matin, Lotfi Hajji (vice président le la section de la LTDH de Bizerte) et Mohamed Hédi Ben Saïd (membre de la section de la LTDH de Bizerte) ont été arrêtés par la police à la sortie de l’autoroute reliant Bizerte à Tunis. Après un contrôle de « routine » qui a duré plus d’une heure, la police a restitué ses papiers à Mohamed Ben Said qui conduisait la voiture. Quelques instants plus tard, ils ont été interceptés par une autre patrouille. Les policiers ont, cette fois, prétendu que Ben Said avait refusé d’obtempérer à leur injonction de s’arrêter. Il a été arrêté et conduit de force au poste de police et sa voiture conduite à la fourrière. Il a été écroué à Bouchoucha sous l’inculpation de « refus d’obtempérer » aux ordres de la police de la circulation.
Le même jour, Ali Ben Salem (président de la section de Bizerte de la LTDH) a été arrêté par la police de la circulation à la sortie de l’autoroute reliant Bizerte à Tunis et retenu durant plus d’une heure sans raison. Il devait aller à l’hôpital Charles Nicole à Tunis pour y subir un examen de contrôle. il était accompagné d’enfants de sa famille qui ont attendu comme lui sous un soleil de plomb. La police l’a obligé à rebrousser chemin et à venir récupérer ses papiers à Bizerte.
le 2 août 2008, Me Abderrouf Ayadi a été violemment agressé par le directeur de la prison de Mornagia, M. Ibrahim Mansour, alors qu’il terminait une visite de son client, Mohamed Hédi Ben Said. Le directeur de la prison avait exigé que sa serviette soit passée à la fouille, ce que Me Ayadi a refusé. Il s’est alors jeté sur lui en le violentant avec l’aide de trois de ses agents, lui a arraché de force sa serviette et confisqué son téléphone portable. Me Ayadi souffre d’une entorse au poignet droit ainsi que d’hématomes sur le corps constatés par un médecin. Il a porté plainte et le barreau a publiquement dénoncé cette agression. Le 6 août 2008, Mohammed Hédi Ben Saïd a été condamné par Le tribunal cantonal de Tunis à deux mois d’emprisonnement.
La répression et l’arbitraire s’étendent aux Tunisiens résidant à l’étranger. C’est ainsi que Ess’ghaier Belkhiri, 29 ans, originaire de Redeyef et résidant à Nantes, a été arrêté le vendredi 1er août 2008 à son arrivée au port de la Goulette en Tunisie. Il a, ensuite, été transféré à Gafsa où il a comparu, le lundi 4 août 2008, devant le juge d’instruction près le Tribunal de première instance de Gafsa qui a ordonné son incarcération. M. Ess’ghaier Belkhiri, poursuivi pour sa solidarité avec la lutte des populations du Bassin minier, est accusé de « dégradation de biens d’autrui, atteinte aux bonnes mœurs, rébellion de la part de plus de dix personnes sans usage d’arme, atteinte à un fonctionnaire, jet de produits solides, troubles et perturbations sur la voie publique », soit des mêmes accusations que les détenus vivant en Tunisie alors qu’il réside en France.
Le harcèlement systématique des avocats
Le 5 août 2008, seize avocats tunisiens ont publié une déclaration dans laquelle ils constatent l’accroissement des agressions de la part de forces de sécurité agissant désormais sans aucune retenue :
– Harcèlement des avocats sur les routes menant au tribunal de Gafsa afin de retarder leur arrivée aux audiences. Certains ont été sommés de ne pas quitter les villes où ils résident.
– Refus de visite pour certains avocats à leurs clients poursuivis dans les affaires instruites suite aux événements du bassin minier de Gafsa : Me Radhia Nassraoui, Me Ali Kalthoum, Me Ridha Raddaoui, Me Naji Ouari, ont été ainsi empêchés, en dépit du fait qu’ils avaient obtenu les autorisations nécessaires, pendant trois jours de suite, de rendre visite à leurs clients dans les prisons de Kasserine et Sidi Bouzid. L’administration a totalement ignoré le sit-in de protestation qu’ils ont organisé devant la prison de Kasserine jusqu’à une heure tardive de la nuit.
– Agression physique orchestrée par la police politique et les gardiens de prison contre des avocats dans l’exercice de leur métier : el le cas de Me Abderraouf Ayadi, le 2 août 2008 lors de la visite de son client à El Mornaguia ; le cas de Me Abdelwahab Maatar insulté par les agents de la police politique dans l’enceinte même du tribunal, au vu et au su du juge du tribunal cantonal de Bizerte, la police ayant refusé avec mépris d’obtempérer aux ordres du juge.
Les avocats signataires dénoncent ces agressions et déclarent leur volonté d’accomplir leur devoir de défendre les droits de l’homme. Ils appellent les organisations de la société civile, les organisations syndicales et les partis politiques à faire pression sur le pouvoir pour qu’il cesse les agressions contre les avocats, respecte la Constitution et la loi et poursuive les auteurs des agressions.
Me Mondher Charni, Me Radhia Nassraoui, Me Abderraouf Ayadi, Me Abdelwahab Maatar, Me Fadwa Maatar, Me Ridha Raddaoui, Me Karim Katib, Me Jani Zouari, Me Ali Kalthoum, Me Mohamed Abbou, Me Ahmed Essedik, Me Chokri Belaid, Me Abdennaceur Laouini, Me Samir Dilou, Me Mokhtar Trifi, Me Anouar Kosri.
Paris, le 21 août 2008.
La liberté de circulation prise en piège dans les ports et aéroports tunisiens
La Tunisie réaffirme son rejet de toutes formes de terrorisme
Déficit de 1.3% de la balance commerciale Tunisienne
Un bastion ouvrier dans le bassin de Gafsa Révolte du « peuple des mines » en Tunisie
ParKarine Gantin et Omeyya Seddik
Journaliste.
Politologue, membre de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR).
« Puisqu’ils veulent tant cette ville, on la leur laisse ! » En colère, les femmes de Redeyef, dans le bassin minier de Gafsa, décrètent l’évacuation générale, le mercredi 7 mai 2008. De nombreux habitants « démissionnaires » prennent la route avec un bagage improvisé pour protester contre l’invasion de leur ville par la police. Celle-ci les met en garde : s’ils gagnent ainsi la montagne, en direction de l’Algérie, ils seront accusés de trahison, à l’instar des habitants du village voisin qui avaient demandé l’asile politique à ce pays, quelques semaines plus tôt. Ils font donc demi-tour, convaincus par les membres du comité de négociation saisi par un pouvoir local désorienté. L’argument avancé les convainc : il faut rester… pour continuer la lutte.
Depuis le début de cette année, à quatre cents kilomètres au sud-ouest de Tunis, la population de ce bastion ouvrier, souvent rebelle par le passé (1), se construit ainsi sa propre histoire dans une révolte soudée, rageuse et fière. Elle affronte sans faillir une stratégie gouvernementale faite d’encerclement et de harcèlement policiers d’un côté, de contrôle des médias de l’autre./1Tout commence le 5 janvier 2008, jour où sont publiés les résultats, jugés frauduleux, du concours d’embauche de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), l’unique moteur économique de la région. De jeunes chômeurs occupent alors le siège régional de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), à Redeyef. Ils sont rejoints par les veuves des mineurs et leurs familles, qui installent leurs tentes devant le bâtiment. Le mouvement s’étend rapidement. Ouvriers, chômeurs, lycéens et habitants multiplient les grèves, les actions et les rassemblements. Sur fond de grande pauvreté et de flambée des prix, tous protestent contre la corruption d’un système local népotique et contre une politique de l’emploi injuste.
Redeyef est proche de la frontière algérienne. Comme les autres villes du bassin minier de Gafsa (Oum Larayes, Metlaoui, El Mdhilla…), elle vit sous l’empire de la CPG depuis la création de cette dernière en 1897, autour des gisements découverts par le Français Philippe Thomas (vétérinaire militaire, directeur de pénitencier agricole indigène, géologue amateur).
L’extraction des richesses du sous-sol s’y est faite, dès les origines, selon les méthodes typiques du modèle colonial (2) : accaparement des terres par l’expropriation brutale des populations indigènes ; exploitation intensive des ressources naturelles ; extraction à forte consommation de vies humaines et à forte production de déchets polluants ; rapports de travail et de pouvoir appuyés sur les allégeances clientélistes, claniques et familiales (3).
Phosphate, clientélisme et corruption
L a plupart de ces traits ont survécu à la décolonisation, sous des formes renouvelées. La CPG, qui a fusionné en 1996 avec le Groupement chimique tunisien (GCT), reste le principal pourvoyeur d’emplois de la région. Au cours des vingt-cinq dernières années, la modernisation de la production, la fermeture progressive des mines de fond au profit de celles à ciel ouvert ont diminué la pénibilité du travail et le taux de mortalité parmi les ouvriers. Mais cette modernisation, articulée à l’application du plan d’ajustement structurel, a réduit d’environ 75 % les effectifs de la compagnie.
Aujourd’hui, seules cinq mille personnes y sont directement employées. Elles bénéficient d’un statut et de conditions de travail enviés dans une région où le chômage frappe 30 % de la population active (le double du taux national), selon des chiffres officiels discutés. Autour de la compagnie gravitent de nombreuses entreprises de sous-traitance, avec leurs emplois précaires et sous-payés. Le petit commerce, notamment avec l’Algérie voisine, complète le tableau de l’emploi. Pour trouver du travail, certains risquent leur vie en traversant la Méditerranée. D’autres s’installent dans les banlieues pauvres des villes de la Tunisie « utile », celle du littoral.
Les cinq mille postes de la compagnie ainsi que les fonds destinés à la reconversion sont gérés en collaboration étroite avec l’UGTT. Jusqu’à ces dernières années, la stabilité de la région était obtenue avec une modeste redistribution des bénéfices énormes que génère l’industrie phosphatière, selon de subtils équilibres claniques et familiaux garantis par les dirigeants régionaux de la centrale syndicale et du parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Ces dirigeants étaient en même temps les représentants ou les interlocuteurs des principales tribus de la région, les Ouled Abid et les Ouled Bouyahia. La diminution progressive des ressources à distribuer et la généralisation de la corruption, alors même que le cours international du phosphate flambe, ont rompu ces équilibres. La direction régionale de l’UGTT est devenue le centre d’une oligarchie qui ne fait plus bénéficier que ses amis et parents directs des miettes de la rente phosphatière. Elle est le représentant local le plus puissant de ce que les habitants ne voient plus que comme un pouvoir « étranger » injuste.
« Nous, le peuple des mines, nous ne sommes jamais injustes, mais si on est injuste envers nous, alors… » La phrase se conclut sur un juron explicite. La banderole est déployée à l’une des entrées de Redeyef, un quartier pauvre et marginalisé, théâtre d’affrontements récents avec la police.Au fil des mois, depuis janvier, la mobilisation n’a pas faibli. Au contraire, les actions des chômeurs, des diplômés sans emploi de l’université sont renforcées par des occupations et des manifestations, dans lesquelles se retrouve toute la population.Les sit-in des familles des invalides de la compagnie et des morts à la mine se conjuguent aux actions des ouvriers licenciés. Les protestations des mères dont les fils ou les maris sont emprisonnés à la suite des premières manifestations ont débouché sur une grève générale qui touche jusqu’aux petits commerçants.
La nuit, des jeunes patrouillent dans Redeyef par petits groupes pour la protéger, après avoir sonné le rassemblement à l’aide de pierres cognées contre les structures métalliques d’un pont. Ils appellent ça les « tambours de la guerre » et usent d’un vocabulaire qui convoque les traditions des tribus guerrières, prêts qu’ils sont à affronter les policiers… ou à leur voler leurs sandwichs pour les redistribuer. Le ton général reflète une impressionnante cohésion populaire que les forces de l’ordre ne parviennent pas à rompre. En dépit du contrôle étatique des médias, le soulèvement de cette région enclavée représente le mouvement social le plus long, le plus puissant et le plus mûr qu’ait connu l’histoire récente de la Tunisie.
Le pouvoir y a répondu par une répression de plus en plus brutale qui a fait au moins deux morts, des dizaines de blessés et de détenus. Des familles ont été brutalisées, des biens privés saccagés. Le déploiement d’unités blindées de l’armée a renforcé le siège du bassin minier durant le mois de juin. L’escalade de la violence d’Etat se manifeste par l’utilisation de balles réelles, par la multiplication des enlèvements de jeunes pour interrogatoire et emprisonnement, et par des ratissages militaires dans les montagnes environnantes, en vue de retrouver ceux qui tentent d’échapper à la torture.
Plusieurs groupes de jeunes ont déjà été traduits devant les tribunaux d’où la population a été écartée par les forces de l’ordre.La lourdeur des peines diffère du tout au tout, d’un procès à un autre, signe que le pouvoir hésite sur la stratégie à tenir.
L’opposition, à Tunis, ainsi que des comités de soutien, à Nantes, où vit une communauté immigrée originaire de Redeyef, à Paris (4) ou encore à Milan, se battent pour casser le blocus de l’information. Mais la mobilisation reste circonscrite. Politiquement exsangue, passée depuis longtemps sous le rouleau compresseur d’un régime policier, la société civile peine à réagir. Le pouvoir n’évoque les événements que pour incriminer des « éléments perturbateurs ». Est-ce pour cela que le soulèvement ne s’est pas étendu au-delà de la ville de Feriana, dans le gouvernorat voisin de Kasserine ?
Dans Redeyef, le vent de la contestation a sculpté un nouveau quotidien. Le siège local de l’UGTT, en plein centre-ville, a été réquisitionné, au nez de la sous-préfecture voisine ; il est devenu le quartier général des habitants en révolte. Les hommes de main de la direction régionale de l’UGTT ont bien tenté de le reprendre en y apposant des cadenas… La population a imposé sa réouverture. Au rez-de-chaussée du local, qui abrite les réunions, le café sert d’agora permanente. La vaste terrasse qui le prolonge accueille les rassemblements autour d’orateurs postés au balcon du premier étage. Lors des meetings, la présence des femmes est notable. Juste en face, on distribue les tracts et les journaux de l’opposition. C’est là que se dressait, jusqu’en juin, une baraque marchande, celle de Boubaker Ben Boubaker, dit « le chauffeur », diplômé chômeur, vendeur de légumes, connu entre autres pour être l’auteur d’une lettre ironique et drôle sur les solutions au chômage, adressée au ministre de l’éducation. La police a fait irruption chez lui ; sa baraque a été mise à sac. Comme d’autres opposants, il s’est enfui dans la montagne.
« Il nous faut obtenir un résultat positif. Les gens doivent savoir que la lutte pacifique n’est pas vaine. Sinon, ce sera catastrophique… » M. Adnane Hajji, secrétaire général du syndicat de l’enseignement élémentaire dans la ville de Redeyef et figure charismatique du mouvement, a su, avec plusieurs compagnons, en maintenir l’unité par-delà les rivalités et les clans. Il jouit d’une grande popularité, y compris auprès des ménagères et des gamins. Il sait que le rêve est allé loin déjà et que toute tentative de retour en arrière pourrait avoir des conséquences incontrôlables. M. Hajji a été arrêté chez lui, dans la nuit du 20 au 21 juin, puis inculpé. Les autres animateurs du mouvement sont tous recherchés.
Pour M. Hajji, le nœud de la situation reste régional. Certes, les panneaux électoraux « Ben Ali 2009 », qui annoncent la prochaine élection présidentielle, sont souvent enlevés par la population depuis le début du mouvement, quand ils ne sont pas détournés par une surenchère moqueuse du type « Ben Ali 2080 » ou « Ben Ali 2500 »… Mais lors des rassemblements et des réunions, les militants politiques sont priés de ne pas afficher leur appartenance.
En effet, dans le bassin minier, la population ne croit guère, pour l’instant, à un changement imminent à la tête de l’Etat (5). Seule une forte campagne de solidarité nationale et internationale, ou une extension de la contestation à d’autres régions, pourrait desserrer l’étau. En attendant, le mouvement réclame la fin de la répression et l’ouverture de vraies négociations pour une sortie de crise honorable. Il demande l’annulation des résultats du concours de recrutement jugé frauduleux, un programme d’embauche des diplômés sans emploi, l’implication de l’Etat dans la création de grands projets industriels, le respect des normes internationales relatives à l’environnement, des services publics accessibles aux plus pauvres, par exemple pour l’électricité, l’eau courante, l’éducation, la santé… La devise qu’il s’est choisie : « Détermination et dignité. »
(1) Cf., à propos de la grève dans le bassin minier de mars 1937 et de la répression violente qui a causé la mort de dix-sept mineurs, le très beau texte de Simone Weil, « Le sang coule en Tunisie », publié dans le recueil Ecrits historiques et politiques, Gallimard, Paris, 1960. Elle y polémique contre le Front populaire qui prétend défendre la classe ouvrière et ferme les yeux sur les crimes commis contre elle dans les colonies. D’autre part, deux ans après la grève de 1978, se sont déroulés les « événements de Gafsa », au cours desquels la région a été la base d’une tentative de coup d’Etat. Lire aussi Khemais Chamari, « L’alerte tunisienne », Le Monde diplomatique, mars 1980.
(2) Lire Paul Vigné d’Octon, La Sueur du bournous (1911), Les Nuits rouges, Paris, 2001. L’auteur fut député de l’Hérault puis rapporteur spécial de l’Assemblée nationale sur la situation des colonies sous la IIIe République.
(3) A propos du système de contrôle du territoire par le protectorat et l’articulation aux pouvoirs traditionnels, lire la thèse d’Elisabeth Mouilleau (1998), Fonctionnaires de la République et artisans de l’Empire.Le cas des contrôleurs civils en Tunisie, 1881-1956, L’Harmattan, Paris, 2000.
(4) C/O FTCR, 3, rue de Nantes, Paris 19e,www.ftcr.eu
(5) Sur l’origine et l’évolution du pouvoir de M. Zine El-Abidine Ben Ali, lire Kamel Labidi, « La longue descente aux enfers de la Tunisie », Le Monde diplomatique, mars 2006.
(Source: « Le Monde diplomatique » (Mensuel – France) juillet 2008) Lien: http://www.monde-diplomatique.fr/2008/07/GANTIN/16061
La compétition électorale n’a pas eu lieu au MDS – Mohamed Moâda coordinateur général
« Nous avons opté pour le consensus afin de sauver l’unité du parti »
Il y a une gangrène au sein du parti. Il faut se débarrasser de la culture de l’autodestruction.
Le Mouvement des Démocrates Socialistes (MDS) a tenu les 12, 13 et 14 août 2008 son 8ème congrès et qui a été émaillé par des incidents. Au départ ses initiateurs le voulait électif. Mais la tension qui y régnait depuis le premier jour les a poussés à choisir le consensus et a délaissé les urnes ce qui a provoqué l’opposition de certains congressistes.
Pour en savoir plus nous avons invité le président du congrès et coordinateur général du parti M. Mohamed Moâda,. Il nous parle du déroulement du congrès, du choix du consensus et du mécontentement de certains congressistes. Interview.
Le Temps: Tout le monde s’attendait à une véritable compétition électorale au 8ème congrès du parti mais vous avez préféré le consensus quelles en sont les causes?
M. Mohamed Moâda: J’assume toute ma responsabilité dans ce choix. J’ai au début hésité quand on m’a proposé la présidence du congrès, mais je me suis rendu compte que l’intérêt du Mouvement l’exige, j’ai donc accepté. Pour moi ce congrès a deux objectifs.Le premier: consolider la réconciliation réalisé lors du congrès de 2004. Le deuxième: préparer des alternatives dans tous les domaines. Ce deuxième objectif a été réalisé et les motions du congrès le prouvent. Elles portent sur tous les domaines. Ellesconstituent un programme complet d’action pour le parti. Et c’est la première fois dans l’histoire du MDS qu’on arrive à tracer des perspectives d’avenir complètes et globales dans tous les domaines. Ce sont des véritables alternatives. Le deuxième objectif a été donc réalisé est le premier celui de concrétiser une réconciliation totale. Malheureusement il s’est avéré dès le premier jour du congrès que cet objectif étant difficilement réalisable. Je ne m’attendais pas à cette vive tension et à un énervement extrême de certains congressistes lors de leurs interventions.
J’ai compris que cette tension qui n’a cessé de monter, menace l’unité du parti et risque de faire voler en éclats cette unité. Il faut reconnaître que les résidus de ce qu’on a appelé la culture de l’autodestruction demeurent. Ces résidus constituent une véritable gangrène pour le parti. Il faut que les militants, pour l’intérêt du Mouvement et du pays entreprennent les efforts nécessaires pour se débarrasser de cette culture de l’autodestruction
•Donc vous avez décidé de recourir au consensus?
–En tant que l’un des fondateurs du Mouvement et président du congrès, je devais assumer ma responsabilité, car j’ai compris que si on organise des élections ce sera la catastrophe.
•Mais la démocratie se base justement sur les élections?
–Non la démocratie n’est pas une fin en soi. C’est un moyen. Et si, pour sauvegarder l’unité du parti, on devait recourir au consensus , ce n’est pas non plus antidémocratique car c’est la majorité qui l’a voulu. La preuve: les membres du conseil national ont été choisis en recourant au consensus.
•Mais des membres de ce conseil national ont réclamé avec force lors de sa première réunion le vendredi 15 août, des élections pour le choix des membres du bureau politique et non le recours au consensus?
–Ecoutez, on s’était mis d’accord sur un processus. On a choisi les membres du conseil national par consensus , pourquoi donc recourir aux élections pour le choix des membres du bureau. Logiquement, il faut finaliser de la même manière le processus entamé.
Ceux qui ne se sont pas trouvés dans la composition consensuelle du bureau ont bien été d’accord pour recourir au consensus pour le choix des membres du conseil national. Ils ont donc changé d’avis. Mais s’ils s’étaient retrouvés dans la composition du bureau politique, ils n’auraient pas protesté.
Il y a aussi l’arrière pensée du choix des têtes de listes pour les législatives de 2009.
Dans ces protestations et le mécontentement de certains , il y a des calculs opportunistes qui privilégient l’intérêt personnel à celui du parti. C’est dommage. Mais nous espérons que leur militantisme prendra le dessus. L’ambition est légitime et naturelle. Mais elle ne doit pas devenir une obsession.
•Quels sont les critères qui ont guidé le choix des membres du bureau politique?
–Le choix ne s’est pas fait arbitrairement. Plusieurs critères ont été pris en considération. Mais cela ne veut pas dire que ceux qui ne s’y trouvent pas sont moins compétents.
•Ce mécontentement va-t-il se transformer en une nouvelle scission au sein du Mouvement?
–Sincèrement je ne le pense pas l’intérêt du parti va prendre le dessus et le MDS est aujourd’hui sur les rails et il va de l’avant.
Interview réalisée par Néjib SASSI
(Source : « Le Temps » ( Quotidien – Tunis), le 21 août 2008)
Les dessous scabreux en matière de préparation des salons touristiques
Jelloul Jebalia – Bizerte
« S’agissant de chroniques touristiques, la plume de Monsieur Kamel Bouaouina ne laisse guère insensible, et force toujours le respect. A ce propos, les sujets abordés à travers ces chroniques sont, sans exception remarqués et remarquables, à plus d’un titre, dans la mesure, où elles touchent à tous les aspects de notre industrie touristique, avec beaucoup de perspicacité et de pertinence, quoique, maniées avec une certaine indulgence.
Dans le temps de l’économie et des finances du samedi 09 août 2008, sous le titre (on prépare déjà les salons pour la saison 2009) M. Kamel souligne, d’une part, l’importance des salons touristiques, comme étant un rendez-vous incontournable, à même de promouvoir les intérêts de la profession, et exhorte nos professionnels à faire preuve de (beaucoup de créativité et d’imagination… pour attirer le plus grand nombre de curieux), d’autre part, ce qui dénote d’une perception juste et mesurée de l’impact, que ces salons puissent induire en matière de gain de parts de marché, et surtout d’une âme assez généreuse à la limite de la crédulité, en accréditant nos professionnels d’un savoir-faire en matière de préparation des salons touristiques.
Au risque de surprendre M. Kamel, et de paraître à ses yeux, beaucoup moins optimiste que lui, et moins bercé d’illusions, je note, à qui veut l’entendre, que la réalité des préparations des salons est tout autre, et que les souhaits de M. Kamel en la matière resteront des vœux pieux.
Ayant été moi-même, durant plusieurs années, en ma qualité de cadre hôtelier témoin de ce qui se trame au moment de préparer les salons : de réunion en réunion on rabâche les mêmes ordres du jour, avec des présences par procuration, en essayant de faire valoir les intérêts des uns par rapport à d’autres à désigner les délégations de prestige et leurs présidents, à se partager des pseudo responsabilités et leur canevas d’avantages collatéraux et cela dans une atmosphère émaillée d’agissements et de comportements, le moins qu’on puisse dire très peu orthodoxes.
Les salons sont toujours préparés, comme étant une partie de plaisir, en somme, une sorte de sinécure, pour faire ses emplettes et profiter de la joie de vivre un tant soit peu, loin des regards.
De ce fait, les intentions et les efforts des participants, toutes catégories confondues, n’ont jamais été à la hauteur des espérances et des défis à relever.
Pire, des années durant, c’est le même topo, les mêmes outils, les mêmes moyens de bord, les mêmes schémas, les mêmes scénarios et presque, les mêmes personnes : des tonnes de brochures et de dépliants des fois inappropriés à force de changements et de rénovations divers, des centaines de kilos de dattes et de pâtisserie tunisienne, des carcasses de décor, qui avec le temps ne suscitent aucun intérêt particulier et ne cessent de manquer d’attrait et le même paysage soi-disant culturel avec quelques activités artisanales et des troupes folkloriques, des fois, à la marge de ces salons on organise des défilés de mode et des dîners mettant en valeur les habits et les mets tunisiens point à la ligne.
La Tunisie recèle de trésors et de vestiges, qui racontent l’histoire de trois millénaires, nos musées regorgent de pièces d’une valeur civilisationnelle inestimable, avons-nous l’imagination et le courage d’en faire usage, de les exposer, à l’instar de ce que font l’Egypte, la Turquie, le Maroc, et les pays asiatiques.
Pourquoi, ne pas organiser en marge de ces salons, des forums, qui seront animés par nos éminents historiens pour une meilleure identification de notre identité multi-civilisationnelle, et dire que nous cherchons à promouvoir le tourisme culturel.
En effet, l’historique des salons en dit long sur les élucubrations de nos participations à ce genre de manifestations, participations qui se préparent sur fond d’individualisme, de conflits d’intérêts, d’antagonisme, de tensions, de controverses, de polémiques récurrentes et d’absence de concertation et cela s’est toujours soldé par des improvisations, chose qui laisse échapper des opportunités précieuses de faire valoir nos atouts, qui au fil des années ne cessent de perdre de leur pertinence et de leur actualité devant la pugnacité et la tonicité des autres destinations.
C’est un fait, qu’à l’approche des salons, on se meut à les préparer, sans, toutefois, que les préparations soient méditées comme il se doit, dans la hâte, la confusion, la précipitation, le quiproquo, et les interventions de tout genre. Comment voulez-vous, que l’imagination et la créativité soient au rendez-vous ? On atterrit sans être en possession de stratégie claires, ni objectifs précis, psychologiquement désarçonné sans la moindre idée sur les fluctuations et les nouvelles tendances du tourisme mondial, le résultat : les autres destinations ont des longueurs d’avance sur nous.
Par ailleurs, le nombre de participants ne reflète guère les ambitions du secteur, car, ceux qui daignent participer ont l’esprit ailleurs, dans le sens où ils ne se sont jamais souciés des aspirations de leurs clients, les patrons ont d’autres soucis, par besoin de faire une image, on se contente de placer des agents d’accueil dans les stands, qui s’adonnent tant bien que mal à expliquer et à distribuer les brochures et les dépliants, sans même qu’ils aient une idée claire sur le produit et les prestations dans leur configuration globale, ce qui s’apparente à de la figuration pure et simple.
Force est de constater, que bon nombre de ces patrons, qui ont brillé par leur absence durant le déroulement de ces salons se targuent d’affirmer qu’ils n’ont point d’intérêt à y participer, arguant, que les ficelles des ventes se tirent ailleurs et autrement, il ne faut pas être un géni pour comprendre, que ce autrement signifie : bradage des prix, concessions diverses et promotions impromptues et mal étudiées.
Par conséquent, la préparation des salons touristiques est loin d’être du tapage ou, de la sorcellerie dans le seul but de voyager et de s’offrir du bon temps aux frais de la princesse, c’est un e responsabilité et un dévouement d’ordre national.
Il est de l’intérêt de tout le monde d’être conscient des enjeux de notre tourisme, dont les commandes ne cessent de nous échapper.
Il est temps de redéfinir et de repenser les préparations des salons touristiques et d’y mettre les moyens nécessaires.
La synthèse du rapport de l’agence de notation Fith Ratings parue dans le Temps de l’économie et des finances du 13 août 2008, signée par M. Mourad Sellami est assez révélatrice de la léthargie, qui frappe et les institutions et les esprits de nos professionnels. A quand le réveil ?
(Source : « Le Temps » ( Quotidien – Tunis), le 21 août 2008)
Libye/Union – Un accord de libre-échange est proche /S. Khadafi
Reuters, le 21 août 2008 à 00h33
TRIPOLI, 21 août (Reuters) – La Libye va rapidement conclure un accord de libre-échange avec l’Union européenne, a déclaré mercredi Saïf al-Islam Khadafi, l’un des fils du dirigeant libyen Mouamar Khadafi.
« Un allons très vite trouver un accord d’association avec l’Union européenne pour exporter des marchandises sans droits de douane », a déclaré Saïf al-Islam Khadafi lors d’un rassemblement à Sebha, une ville située à 800 km au sud de la capitale Tripoli.
Au cours de ce discours, diffusé en direct par la télévision publique libyenne, le fils du guide de la révolution a dit que cet à accord à venir était le fruit du rapprochement entre le pays d’Afrique du Nord et les puissances occidentales.
« Qui aurait pu penser que nous puissions obtenir de tels résultats ? Ils (les résultats) sont aujourd’hui une réalité », a-t-il lancé.
Les relations entre la Lybie, autrefois mise un ban des nations par les Etats-Unis et l’Europe parce qu’elle était soupçonnée de soutenir le terrorisme, se sont redressées de manière spectaculaire depuis 2003, lorsque le pays a reconnu sa
responsabilité dans l’attentat commis contre un avion de la Panam au dessus de la localité écossaise de Lockerbie le 21 décembre 1988.
Depuis lors, les Etats-Unis ont levé une partie des sanctions qui frappaient la Lybie et l’ont retirée de la liste des Etats terroristes et restauré leurs relations diplomatiques après des dizaines d’années d’animosité.
Libye – Le compte à rebours des réformes a débuté – Saïf Kadhafi
Reuters, le 21 août 2008 à 03h04
par Lamine Ghanmi
TRIPOLI, 21 août (Reuters) – Après des décennies d’isolement sur la scène internationale, la Libye, réconciliée avec l’Occident, doit réformer son système politique pour se bâtir un avenir meilleur basé sur des institutions indépendantes et une
société civile vigoureuse, a déclaré mercredi Saïf al Islam, le fils le plus influent du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Les relations de la Libye avec les Etats-Unis se sont considérablement améliorées en 2003 lorsque Tripoli a accepté d’assumer la responsabilité de l’attentat de Lockerbie, en décembre 1988, et a annoncé qu’elle renonçait à se doter d’armes
nucléaires, chimiques et biologiques.
Depuis lors, les Etats-Unis ont levé de nombreuses sanctions, retiré la Libye d’une liste noire du terrorisme et rétabli des relations diplomatiques.
Saïf réclame de longue date non seulement une économie de marché mais aussi davantage de démocratie en Libye où il déplore l’absence d’une presse libre.
Dans un discours prononcé lors d’un rassemblement de jeunes à Sebha, à 800 km au sud de Tripoli, et retransmis par la télévision nationale, Saïf a déclaré que le compte à rebours des réformes était lancé.
Il a ajouté qu’une réforme du système de Jamahiriyah, un système de réunions locales lancé par son père, était nécessaire.
Les partisans de la philosophie de Mouammar Kadhafi estiment que ce système de conseils locaux, dont les partis politiques sont bannis, permet aux gens ordinaires d’avoir leur mot à dire et assure la stabilité politique.
Ses détracteurs affirment que ce système ne sert qu’à dissimuler un régime autoritaire et a maintenu le pays dans la pauvreté.
« FORET DE DICTATURES »
« Les réformes débuteront par une nouvelle structure d’administration et aboutiront à un contrat populaire qui maintiendra le système de jamahiriyah mais sous une forme différente de la forme initiale qui était mauvaise », a dit Saïf.
Kadhafi s’est emparé du pouvoir en 1969 à la faveur d’un coup d’Etat et il a introduit le système de jamahiriyah en 1977 pour tenter d’instaurer une société parfaite correspondant aux théories de son Livre Vert qui allie des aspects du socialisme, de l’islam et du pan-arabisme.
« Maintenant nous voulons nous mettre d’accord sur des lois qui nous régirons à l’avenir. La région est maintenant différente. Nous voulons un nouveau système administratif (…) et une constitution une fois pour toutes qui ne change pas
constamment », a poursuivi Saïf.
Selon lui, des médias et un système judiciaire indépendants sont les piliers du futur système politique réformé et d’une société civile libre attachée à la défense des droits de l’homme.
« Nous vivons dans une forêt dirigée par des dictatures et des régimes héréditaires qui foulent aux pieds les droits de l’homme. Tous sont des dictatures avec des parlements et des constitutions fictifs », a encore dit Saïf.
Le système politique réformé de Libye doit être différent de ceux qui existent actuellement dans le monde arabe, a martelé le fils du guide de la révolution libyenne. « Il doit être un exemple et un modèle au Proche-Orient.
« Nous, Arabes, sommes devenus la cible de railleries, avec des tortures omniprésentes et des sites de prisons secrètes », a déploré Saïf.
Il a conclu que les réformes en Libye étaient bien parties, laissant entendre qu’il y a joué un rôle important.
« J’ai joué un rôle dans la diplomatie, au gouvernement, dans la politique de développement et dans d’autres choses parce que la Libye était dépourvue d’institutions pour le faire », a-t-il dit.
Le retrait politique de Seif Al-Islam fait planer le doute sur ses projets
AFP, le 21 août 2008 à 09h25
TRIPOLI, 21 août 2008 (AFP) – Le retrait annoncé de Seif Al-Islam, fils du numéro un libyen, de la vie politique, fait planer le doute sur les vraies intentions de cet influent réformateur et relance le débat sur la succession en Libye.
« J’ai décidé de ne plus intervenir dans les affaires de l’Etat », a déclaré Seif Al-Islam mercredi soir dans un discours devant des milliers de jeunes sympathisants dans la ville de Sebha, à 800 km au sud de Tripoli.
Régulièrement présenté comme le successeur de son père, mais jusqu’ici sans fonction officielle, Seif Al-Islam a indiqué « qu’en l’absence d’institutions et de cadre administratif », il était « obligé d’intervenir ».
« Oui, je suis intervenu dans tous les dossiers, a-t-il reconnu, dans les affaires extérieures comme en ce qui concerne, en Libye, le développement, l’habitat, la planification urbaine, etc. »
Il a affirmé avoir réglé les problèmes de la Libye sur les plans intérieur et extérieur, évoquant notamment l’affaire des infirmières bulgares, libérées en juillet 2007 après plus de huit ans en prison, et plus récemment celle de l’indemnisation des victimes américaines de l’attentat de Lockerbie (Ecosse), qui avait fait 270 morts en 1988.
« J’ai réalisé mon programme. Le train des réformes est actuellement sur les rails », a-t-il dit.
« Je n’ai plus de grandes batailles à mener et ma situation devient embarrassante », a ajouté Seif Al-Islam. « La situation a changé. Si (je) continue, il y aura un problème ».
Seif Al-Islam n’a pas précisé ses projets futurs, mais quelques jours auparavant, dans une interview au journal russe Kommersant, publiée par la presse libyenne, il avait affirmé « qu’il se consacrerait désormais au développement de la société civile et de l’économie en Libye ainsi qu’à l’action caritative ».
Pour Mahmoud Boussifi, rédacteur en chef des journaux Oya et Qurina, créés à l’initiative du fils du « Guide », le retrait de Seif, est « le résultat de son mécontentement devant la bureaucratie libyenne qui ralentit le rythme de ses réformes ».
« Il est jeune et il espérait faire rapidement de grands pas mais il s’est heurté à cette bureaucratie à laquelle il ne s’attendait pas », a-t-il estimé.
« Je pense qu’il s’agit plutôt d’un retrait momentané présageant une nouvelle étape destinée à concevoir de nouveau sa présence sur la scène politique et à se faire une légitimité qu’il pourrait trouver à travers la société civile », a noté de son côté un observateur libyen sous couvert de l’anonymat.
Mercredi soir, Seif Al-Islam, 36 ans, a appelé à la construction d’une « société civile forte » capable de participer à la prise de décision et à même de constituer une force de dissuasion à tout dérapage au sommet de l’Etat.
A l’exception de la puissante Fondation Kadhafi de Seif Al-Islam, la société civile est quasi-inexistante en Libye. Deux ONG, l’Association pour la justice et les droits de l’Homme et le Centre pour la démocratie, ont récemment été interdites.
Seif Al-Islam a précisé que le processus de réformes qu’il défendait n’était pas en contradiction avec la théorie de son père qui prône le « pouvoir du peuple », à travers la « démocratie directe ».
Il a expliqué que son projet de « contrat social » qui fera office de constitution, « protègera le pouvoir du peuple » et « organisera la vie de tous les Libyens », tout en rappelant que son père demeurait une « ligne rouge ».
Il a indiqué que ce « contrat » doit comporter une « loi spéciale Mouammar Kadhafi », garantissant que le pouvoir et les prérogatives du « Guide » ne pourraient jamais être « ni transmissibles ni hérités ».
Seif Al-Islam a fustigé enfin « une forêt de dictatures » au Proche-Orient et en Afrique du Nord, où les « Parlements sont imaginaires » et où la constitution est piétinée pour maintenir les dirigeants au pouvoir, affirmant par contre que son pays allait devenir dans quelques années un « modèle » à suivre dans la région.
Seif Al-Islam, un réformateur déterminé à changer l’image de la Libye
AFP, le 21 août 2008 à 09h24
TRIPOLI, 21 août 2008 (AFP) – Seif Al-Islam, le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, est régulièrement présenté comme le futur successeur de son père, même s’il s’en défend publiquement.
Homme d’influence, Seif Al-Islam, 36 ans, n’occupe pas de fonction officielle. Mais il s’est distingué ces dernières années comme l’émissaire le plus fiable du régime et l’artisan des réformes, soucieux de normaliser les relations de la Libye avec l’Occident.
En exposant le 20 août 2007 un projet de modernisation de son pays, il a relancé les spéculations sur la question de la succession, même si, a-t-il dit, « la Libye ne deviendra pas une dynastie, une monarchie ou une dictature ».
Un an plus tard, il annonce son retrait de la vie politique, affirmant avoir mis le « train des réformes sur les rails », tout en appelant à la construction d’une société civile « forte » pour s’élever contre tout dérapage au sommet de l’Etat.
Ras-le-bol d’une bureaucratie pléthorique contre laquelle il a dû mener « des batailles » pour imposer ses réformes, il affirme qu’il intervenait dans les affaires de l’Etat par « obligation », en l’absence d’institutions.
Se présentant avant tout comme ambassadeur de l’humanitaire aussi bien en Libye qu’aux quatre coins du monde à travers l’association caritative qu’il a créée en 1997, il s’est fait connaître surtout lors de sa médiation dans l’affaire des
infirmières bulgares libérées en juillet 2007 après plus de huit ans de détention en Libye.
Il est intervenu aussi à plusieurs reprises dans des négociations internationales par le biais de sa Fondation Kadhafi pour le développement.
Né le 25 juin 1972 à Tripoli, le « Glaive de l’Islam » – son nom en arabe – est le fils aîné de la seconde épouse du dirigeant libyen et le deuxième de ses huit enfants.
Il obtient en 1995 un diplôme d’ingénieur architecte à l’université al-Fateh de Tripoli, d’où son surnom d' »ingénieur
Seif ». Son père le charge alors de concevoir un grand complexe immobilier avec hôtels, mosquée et logements.
Cinq ans plus tard, cet homme svelte aux allures de playboy poursuit sa formation en étudiant la gestion à Vienne (Autriche), où il obtient un diplôme de l’International Business School. C’est à cette époque qu’il noue une amitié durable avec Jörg Haider, le chef de la droite populiste autrichienne.
Enfin, c’est à Londres qu’il a achevé sa carrière universitaire avec un doctorat de la London School of Economics.
Personnalité en vue à Tripoli où il s’est lancé dans les affaires, il fait son apparition sur la scène internationale en 2000 lorsque sa fondation négocie la libération d’otages occidentaux détenus par un groupe d’extrémistes islamistes aux Philippines.
Anglophone, germanophone et parlant un peu français, s’exprimant avec calme et pondération, il est alors dépeint dans la presse comme le nouveau visage respectable d’un régime longtemps accusé de soutien au terrorisme.
C’est également lui qui négocie les accords d’indemnisation des familles des victimes de l’attentat de Lockerbie en 1988 et contre un DC-10 d’UTA en 1989.
Depuis un an, le fils du leader libyen mène campagne pour l’ouverture de son pays aux médias privés. Il a réussi à lancer en août 2007 la première chaîne de télévision privée ainsi que les deux
premiers journaux privés du pays.
Célibataire à la mise branchée, affectionnant des lions domestiqués, amateur de pêche sous-marine, de chasse au faucon et de randonnées à cheval, Seif Al-Islam s’adonne également à la peinture.
INTERVIEW
Algérie/Nezzar : « Les attentats soudent la population »
Londres devra déclassifier des informations sur un détenu de Guantanamo