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Houcine Ghali: U
n exemple de tolerance que les arabes ne permettront jamais!
La femme et la fille de Kadhafi sont en Tunisie, assure Hillary Clinton
La Tunisie post-Ben Ali dans une nouvelle zone de turbulences
La Tunisie salue le discours du président Obama
Le rapporteur de l’ONU sur la lutte antiterroriste en mission en Tunisie
Les 4 Français arrêtés en Libye « très bientôt » expulsés du pays (CNT)
La branche maghrébine d’Al-Qaïda de plus en plus présente dans le Sahara
UN EXEMPLE DE TOLERANCE QUE LES ARABES NE PERMETTRONT JAMAIS!
« Le Monde Magazine » : Tunisie, la liberté presse
Par Annick Cojean
Comment entamer le récit de ce drôle de voyage, mi-avril, dans la presse tunisienne de l’ère post-révolutionnaire ? Et quelles images retenir pour décrire au plus juste ce secteur sinistré par vingt-trois ans de dictature, de mainmise totale du pouvoir, de censure et d’autocensure, d’intimidation, de bâillon, d’asphyxie ? La fièvre est encore là, un reste d’euphorie. Une immense fierté, collective, de s’être débarrassé d’un despote honni. Un bouillonnement d’énergie et d’idées. Mais aussi, comment dire ? Une sorte de désarroi, et une sourde angoisse. Une envie d’en découdre, d’exister, d’afficher une différence, d’être digne du moment, du mouvement et des enjeux de cette époque cruciale qui mène aux prochaines élections. Lestée, hélas, d’une méchante gueule de bois, mélange de frustrations et de lucidité, de remords et de doutes, de peur de ne pas savoir, de ne pas pouvoir, de n’être pas à la hauteur du défi lancé aujourd’hui par l’Histoire, de l’espoir suscité dans tout le monde arabe.
Alors ? Les images, les paroles se bousculent et l’on hésite sur l’ordre. Commencer par l’admirable Sihem Bensedrine, journaliste et infatigable défenseure des droits de la personne, traquée, opprimée, arrêtée sous Ben Ali, aujourd’hui célébrée sur les plateaux de télévision, mais consciente d’être encore menacée, et anxieuse sur l’évolution de la situation ? Relayer l’impatience de ces jeunes professionnels qui viennent de se regrouper dans l’Association nationale des jeunes journalistes pour clamer leur volonté d’écrire une nouvelle page d’histoire et affirmer leur souci d’indépendance, mais demeurent inquiets devant la survivance des réseaux Ben Ali, et sonnent l’alarme, avides d’aide et de formation ? Ecouter Olfa Belhassine, journaliste à LaPresse de Tunisie, le grand journal gouvernemental francophone, raconter la schizophrénie des années noires et le formidable sursaut d’exigence et de dignité qu’elle attend aujourd’hui de la part de tous ses confrères ? Ou bien conter l’incroyable confession, à grand renfort de pleurs, de grimaces et de larmes, d’Abdelaziz Jeridi, l’une des plumes mercenaires les plus serviles de Ben Ali, qui bat aujourd’hui sa coulpe, implore le pardon de ceux qu’il a insultés, diffamés et couverts de boue ? Ah ! Grand moment ! Et étonnant spectacle. Si l’on n’avait pas su les horreurs qu’il publia chaque jour, des années durant, dans ses journaux bas de gamme et à fort tirage (Al Hadath et Kol Ennas), on pourrait être ému. Mais quel crédit accorder à un homme qui, du jour au lendemain, fait ainsi volte-face, lui qui, jusqu’à la chute du dictateur, ne cessa d’en chanter les louanges, obséquieux, et de proférer les pires insultes contre tous les dissidents au régime, allant jusqu’à publier des montages de photos obscènes afin de les souiller et de les diaboliser ?
MARIONNETTE
Ecoutons-le quand même. Il est dans le paysage. Et si son « repentir » est singulier, il témoigne d’une époque et d’une clique qui, pour être plus discrète et se parer aujourd’hui des habits et paroles des révolutionnaires, n’en reste pas moins présente. Pour nous retrouver dans le centre de Tunis, et nous confier ce qu’il décrit comme « un insupportable et terrifiant fardeau », il a abandonné une partie de pêche en mer, passion de ses week-ends. Et pendant près de deux heures, en s’épongeant le front, s’agitant, soupirant, partagé entre de courts sanglots et de grands rires canailles, il va faire le récit d’une descente aux enfers.
« Pendant vingt ans, j’ai été l’otage d’un mafieux, la marionnette d’un gang criminel qui, tel un nuage de sauterelles s’abattant sur une récolte, n’a eu de cesse de piller intégralement le pays : terre, mer, ciel, industries, culture, journaux. J’ai sali des gens propres, j’ai humilié des gens dignes, j’ai accepté un boulot de crapule. Et j’ai perdu mon âme. J’étais comme un mollusque, privé de noyau, de colonne, de pensée. A la merci du despote inculte et sanguinaire. Vidé de l’intérieur. J’ai perdu l’estime de ma femme, et des amitiés anciennes. Je me suis isolé, réfugié dans l’alcool et les cigarettes. Jusqu’à quatre paquets par jour. Je ne pouvais plus regarder quiconque dans les yeux. Je n’ai plus rien, si ce n’est la honte. La honte d’avoir exécuté tant de gens, y compris Sihem Bensedrine. Par ma plume. »
SOIF DE JUSTICE
La glissade fut rapide, dit-il. Les trois premières années du règne de Ben Ali laissaient un peu d’espoir. Mais « la nébuleuse mafieuse » s’est vite formée et les journaux populaires ont constitué une proie. « Ben Ali a exigé la mise à sa disposition des pages 2, 4 et 5 du journal ; en échange, l’ATCE [l’Agence tunisienne de communication extérieure], qui gérait la propagande et les budgets pub des entreprises et institutions publiques, m’offrait 3 000 dinars (environ 1 500 euros) de pub par semaine. Ils faisaient ce qu’ils voulaient avec la pub d’Etat ! Vu le prix du papier, j’étais cependant perdant. Mais qui aurait osé intenter un procès contre le gouvernement ? »
Les articles des pages 2, 4 et 5 lui parvenaient donc chaque samedi dans une grande enveloppe livrée par un motard ou une voiture du palais présidentiel. On appelait ça « la pige », raconte le patron, qui découvrait chaque semaine, prétend-il, des papiers calomnieux, diffamatoires, signés de son propre nom, qu’il annonçait à la « une ». « Un soir de 1998, obsédé par la Coupe du monde de foot, j’ai oublié la fameuse enveloppe. Ça n’a pas tardé : je me suis retrouvé en prison, et un balèze de 300 kg m’a tordu deux doigts comme s’il décortiquait des crevettes, me promettant d’écrabouiller les autres. J’ai compris qu’ils me tenaient et que, si je ne voulais pas qu’il arrive quelque chose à mes fils – accusation de trafic de drogue, accident de voiture, tout était possible –, il fallait que j’accepte le système. Je ne suis pas un surhomme ! » Certes, non. « Ce qu’a fait Ben Ali, c’est pire qu’une guerre. Après une guerre, on reconstruit. Ici, le vice s’est immiscé partout. Voilà son héritage. » Le constat est terrible, que partagent beaucoup, mais la confession comme les demandes de pardon révulsent nombre de personnalités, écœurées par ces larmes « de crocodile ». Certaines veulent porter devant la justice les articles diffamatoires. D’autres exigent des comptes de ces « anciens mercenaires » qui ont reçu de l’argent pour désinformer et calomnier les opposants.
« Loin de nous l’idée d’instaurer une chasse aux sorcières », écrit notamment Taïeb Zahar, directeur du magazine Réalités, dans un éditorial. Mais il « paraît impératif, au moment où nous venons juste de dissoudre la police politique, de voir quels étaient les ‘confrères’ qui étaient payés pour faire de la délation. Certains faisaient des rapports quotidiens en contrepartie d’avantages de toutes sortes. C’est à ce prix seulement qu’on parlera d’assainissement du secteur et qu’on pourra distinguer le bon grain de l’ivraie. C’est à ce prix enfin que nous distinguerons les vrais journalistes des mercenaires qui, profitant de cette révolution, tentent de se retrouver une nouvelle virginité. Nous exigeons la vérité ».
Olfa Belhassine, elle aussi, estime salutaire pour la profession qu’une commission d’enquête fasse la lumière sur les stratégies mises en œuvre par l’ancien régime pour étouffer les journalistes. « Ce fut probablement l’une des plus sombres époques de l’histoire des médias contemporains », estime cette journaliste à la plume élégante et à l’honnêteté sourcilleuse.« Ben Ali ridiculisait les journaux et humiliait les journalistes. Les plus audacieux d’entre nous, soucieux d’équilibre et de déontologie, étaient cassés et nous sombrions dans une espèce de léthargie. Impossible de décrire la vie réelle. La pauvreté n’existait pas, le chômage n’existait pas, la corruption n’existait pas. Quelle folie ! Je me suis repliée sur l’art, la photo, l’architecture.Faute de pouvoir dépeindre le présent, je parlais du passé et du patrimoine. J’étais une morte-vivante. Et j’en voulais aux étrangers de ne pas dénoncer davantage ce système stalinien. »
Ah ! cet édito du directeur deLa Presse, le 14 janvier 2011, quelques heures avant le départ surprise du dictateur, et quelques heures après son fameux « Je vous ai tous compris » !« Hier donc, pouvait-on lire, la Tunisie a écrit une nouvelle page d’histoire et Ben Ali a fait une nouvelle entrée triomphale dans l’Histoire, inscrivant en lettres d’or les traits distinctifs d’un modèle sociétal qui a toujours su faire face aux plus dures épreuves… » Le texte restera dans les annales et le directeur en question fut destitué. Un comité de journalistes prit les rênes du journal pour le faire coller à la réalité du pays avant que le premier ministre nomme un nouveau PDG, Hmida Ben Romdhane, un professionnel estimé de ses confrères. Et tout a changé, bien sûr. C’est même spectaculaire. Ton, titres, sujets, hiérarchies. Les turpitudes du clanBen Ali-Trabelsi sont largement commentées. Pourtant, ça flotte. Peu d’enquêtes, de vrais portraits, de sujets aboutis, d’interviews décapantes.
LA LIBERTÉ, JUSQU’OÙ ?
« On a perdu les réflexes, dit Olfa. On cherche des repères, autres que la censure. Pourquoi pas la liberté ? Mais jusqu’où ? s’affolent certains. On tâtonne. On cherche la boussole. Vingt-trois ans de dictature laissent des séquelles. Mais l’énergie que j’ai vue le 14 janvier peut donner des miracles. Il le faut. Le système Ben Ali n’est pas désintégré. »
C’est la crainte de Sihem Bensedrine, qui court, court, court d’une réunion à l’autre, de sa radio Kalima, créée sur Internet, interdite sous Ben Ali, et qui attend fiévreusement qu’on lui attribue une fréquence, au Conseil national pour les libertés en Tunisie qu’elle a également fondé. Une figure, une vraie. Opposante de toujours au dictateur déchu. Et formidable symbole de résistance et d’intégrité. Bien sûr que la révolution la grise. Bien sûr qu’elle la juge tout à la fois excitante, prometteuse, essentielle. Bien sûr aussi que les débats organisés désormais sur les ondes, même s’ils ne sont pas toujours bien menés, lui paraissent salutaires. Mais elle ne peut se départir d’une angoisse tenace. Et elle a reçu, il y a peu, des menaces de mort.
Une nuit, après qu’elle fut rentrée d’une émission de télévision où elle avait critiqué la police politique, un homme – émissaire – s’est introduit chez elle : « Qu’est-ce que tu cherches ? L’anarchie ? Tu veux qu’on te balafre pour que tu n’aies plus une gueule à montrer à la télé ? Ou tu veux qu’on te tue, ce qui serait plus simple ? » Elle se sent écoutée, se sait surveillée. Etrange. Les réseaux du Rassemblement constitutionnel démocratique, l’ancien parti au pouvoir, désormais dissous, se reconstituent, assure-t-elle. « Comme une hydre dont on a coupé la tête. » En dehors du gouvernement. Et même contre ses ordres. Ils visent à saboter les élections et se sentent encore très puissants.
« Les médias ont un rôle crucial à jouer, le moment est charnière ! Or le paysage est exactement le même que sous Ben Ali. Ah ! la rhétorique a changé, bien sûr. Mais les propagandistes d’avant sont toujours là et ne se sont pas découvert, en une nuit, une âme de démocrates… Des débats ? Les plateaux télé en débordent. Mais faute d’être pensés, dirigés, hiérarchisés, ils versent dans le populisme et la caricature, à la grande satisfaction des ennemis de la démocratie. » Sa radio à elle, Kalima, émet sur Internet, et Sihem Bensedrine ne comprend pas qu’une fréquence ne lui ait pas encore été attribuée. Attendre une nouvelle loi ? Une procédure légale avec cahier des charges ?« Mais il y a urgence ! dit-elle. Comment peut-on envisager les prochaines élections sans de nouveaux médias indépendants ? »
Située sur l’avenue des Etats-Unis, la maison du Syndicat national des journalistes tunisiens (1 200 membres pour environ 1 700 professionnels connus) fait l’effet d’une ruche. Ses responsables, depuis longtemps proches de la Ligue tunisienne des droits de l’homme ou de l’Association tunisienne des femmes démocrates, ont repris le pouvoir que leur avait confisqué une équipe « putschiste » en 2009. Mais Neji Bghouri, le président, ne cache pas ses préoccupations devant le nouveau paysage. Retournements de veste, surenchères révolutionnaires, insultes, diffamation, violations de toutes les règles d’équilibre et de déontologie… « Quel désastre ! dit-il. Tout le monde cherche à instrumentaliser la presse, laquelle rivalise de procédés pour clamer son allégeance à la révolution. Quand comprendra-t-on que ce n’est pas le problème ? Que nous n’avons pas besoin de presse ‘révolutionnaire’ ? Nous la voulons libre, indépendante, tolérante et critique. Sérieuse et informée. Elle doit devenir un espace crédible, à la hauteur de cette transition démocratique. » C’est pour cela qu’il souhaite de l’aide. De l’Union européenne, de l’Organisation des Nations unies, de différentes ONG, des confrères d’autres pays… « On a besoin de formation ! Reprendre les fondamentaux du métier, intégrer les règles d’une campagne électorale, l’art du débat démocratique… »
DEMANDE DE FORMATION
La maison est un vaste chantier et bruisse de débats, tables rondes et commissions multiples : code de la presse, déontologie, protection des sources, clause de conscience. C’est ardent et fiévreux. Dans la salle de réunion du rez-de-chaussée, de jeunes journalistes, tout juste regroupés en association, expriment leur impatience d’être entendus, de bousculer les règles, de secouer l’establishment. De faire en sorte que le métier retrouve ses lettres de noblesse, et qu’il devienne impossible de revenir en arrière. Car ils sont inquiets, eux aussi. Et démunis. Tout s’est passé si vite et personne n’est parti. Bien sûr, Facebook ! Bien sûr, les blogs ! Quelle soupape ! Quelle respiration !« Les Occidentaux ont créé ces outils et ce sont les Arabes qui en ont fait le meilleur usage ! », sourit une jeune femme de la radio Mosaïque FM. Mais ils espèrent d’autres journaux, d’autres radios, d’autres télévisions. Et… une formation ! « Une éducation au journalisme par temps démocratique. » Pas une réunion où cette demande n’émerge. Parce qu’ils veulent être forts, légitimes, irréprochables. « On ne peut pas virer tous les patrons et anciens collabos, dit un blogueur. Alors, il faut les affronter. Les combattre de l’intérieur. Et opposer à leur rouerie, leur échine élastique, leur volonté de mettre un couvercle sur leur compromission récente, une compétence et une détermination d’enfer. »
Ils rêvent de stages dans des médias étrangers. De cours de droit, d’économie, de sciences politiques. D’ateliers animés par des confrères « de pays à presse libre ». Une jeune reporter affirme lire de la poésie pour pratiquer un journalisme qu’elle voudrait littéraire. « On écrivait sec, rudimentaire, avec dégoût. C’est fini. La nouvelle Tunisie exige que l’on se donne à fond. Que l’on y mette son âme. » Il faut faire vite, insistent-ils. Les élections de l’Assemblée constituante sont fixées au 24 juillet. Plus de cinquante partis vont se jeter dans l’arène. L’espoir – et le risque – sont immenses. Aux médias tunisiens, si longtemps couchés et défaillants, de jouer enfin leur rôle.
Source: “Le Monde.fr” Le 20-05-2011
Forte instabilité en Tunisie
La Tunisie post-Ben Ali semble être entrée dans une nouvelle zone de turbulences face à une possible menace « terroriste » sur son territoire coincé entre l’Algérie et la Libye alors qu’elle peine déjà à faire face à un débordement du conflit libyen à sa frontière sud. À peine quatre mois après son soulèvement inédit, qui a donné le coup d’envoi du « printemps arabe », la Tunisie a cumulé cette semaine des annonces alarmantes allant des premières arrestations de « membres présumés d’Aqmi » (al-Qaida au Maghreb islamique) jusqu’au dénouement sanglant d’un échange de tirs dans le nord du pays avec des membres « fortement suspectés d’appartenance à al-Qaida ».
Pour le militant tunisien des droits de l’homme Khemaes Ksila, la « situation instable en Tunisie peut être un terrain propice pour les activités de groupes terroristes al-Qaida ou autres ». « Il faut que le peuple et toutes les forces politiques qui veulent réussir cette phase transitoire se donnent la main pour barrer le chemin à tous les groupes terroristes voulant déstabiliser le pays », dit-il. Et les Tunisiens, qui scandaient encore des slogans comme « plus jamais peur » pendant les dernières manifestations antigouvernementales début mai à Tunis, ont commencé à découvrir cette semaine les visages de généraux participant à des émissions télévisées sur la sécurité et la lutte contre les « terroristes », du jamais-vu jusqu’alors dans le pays.
Échanges de tirs
Vive émotion, craintes et consternation se sont succédé après l’annonce de la mort de quatre personnes – un colonel et un soldat de l’armée tunisienne ainsi que deux Libyens – mercredi à Rouhia, située à environ 200 km de la frontière algérienne. Selon une source autorisée, les deux militaires ont été tués dans un échange de tirs avec des hommes « fortement suspectés d’appartenir à al-Qaida ». Dimanche, les autorités avaient annoncé l’arrestation d’un Algérien et d’un Libyen, suspectés d’appartenance à Aqmi et en possession d’explosifs, à Nekrif (sud), dans la région de Tataouine.
Toutes tendances confondues, les partis politiques ont condamné « les actes criminels » commis « par des groupes terroristes mettant en péril la stabilité du pays ». Ainsi, le Parti de l’unité populaire (PUP, nationaliste) a appellé à une « plus grande coordination avec le gouvernement algérien pour organiser des patrouilles mixtes sur les frontières ouest du pays ». Le Mouvement des démocrates socialistes (MDS, gauche), a appellé la population à aider l’armée « dans la protection de la patrie ». Malgré la fin du couvre-feu décrété le 7 mai à Tunis après des scènes de chaos, la plupart des Tunisiens interrogés par l’AFP disent encore redouter « des violences ».
Obus
Par ailleurs, des obus sont tombés à plusieurs reprises en territoire tunisien lors d’affrontements entre troupes loyales à Kadhafi et rebelles libyens près du poste frontalier de Dehiba (sud). Mardi, Tunis a menacé de saisir l’ONU. En visite à Paris, le Premier ministre tunisien de transition Béji Caïd Essebsi a reconnu que la situation dans son pays est « tendue », notamment en raison de la guerre en Libye. « Nous avons tout d’abord reçu 374 000 réfugiés dont de nombreux Libyens qui sont logés par la population et qui ne pourront pas rentrer chez eux tant que ces événements ne seront pas terminés. Comme nous avons une frontière commune, nous recevons aussi des projectiles de temps en temps », a-t-il dit au quotidien Le Monde.
Dans un message audio posthume, Oussama Ben Laden salue les révolutions en Tunisie et en Égypte et appelle les musulmans à tirer avantage de cette « rare opportunité historique » pour se soulever. « Je n’ai pas peur de Ben Laden et ses sous-fifres, j’ai peur de ce que la situation en Libye peut provoquer en Tunisie avec tous ces rebelles islamistes à Benghazi qui ont besoin d’armes et pourraient profiter du réseau Aqmi pour les faire transiter via la Tunisie », déclare un politologue tunisien, Slah Zguidi.
Source: “Le Point” Le 20-05-2011
Le livre qui révèle les plans secrets d’AQMI
Comment Al-Qaïda au Maghreb Islamique entend-elle tirer profit des révoltes en Tunisie et en Libye ? Qui d’AQMI ou de l’état major central d’Al-Qaïda réussira le premier à récupérer les réseaux djihadistes européens ? Faut-il voir un lien entre l’attentat de Marrakech et la recrudescence des attaques contre les forces de sécurité algériennes ? Dans son livre, AQMI, enquête sur les héritiers de Ben Laden au Maghreb et en Europe (à paraître aux éditions Jean Picollec), le spécialiste de l’islamisme Atmane Tazaghart dévoile les plans secrets de la filiale maghrébine. Extraits.
Des révoltes en Tunisie et en Libye
AQMI tente opportunément de tirer profit du chaos sécuritaire et des situations tendues provoquées par la « révolution du jasmin » en Tunisie et le « soulèvement du 17 février » en Libye. Ainsi, au cours de la dernière semaine de décembre 2010, des sources sécuritaires ont relevé un « mouvement inhabituel de déplacements de groupes armés liés à AQMI, remontant du Sahel vers les régions frontalières algéro-tunisiennes ». Selon les mêmes sources, il s’agissait de « groupes composés de plusieurs dizaines de djihadistes, dont la majorité sont de nationalité tunisienne, faisant partie de la katiba de l’émir Abdelhamid Abou Zeid au Sahel ».
Au moment où la révolte tunisienne commençait à prendre de l’ampleur, ces groupes avaient reçu l’ordre de s’installer à proximité des zones frontalières, pour profiter d’un éventuel relâchement de la vigilance policière et des contrôles aux frontières, à cause de la révolution, pour tenter de s’infiltrer en Tunisie. Ces informations ont été confirmées par des télégrammes diplomatiques occidentaux qui évoquent « un plan visant à profiter de la chute du régime Ben Ali, pour installer une filière d’AQMI en Tunisie, mise en place, sous l’égide de Mohamed Nokta, l’un des lieutenants tunisiens d’Abdelhamid Abou Zeid ». À sa demande, AQMI nomme à la mi-janvier 2011, à la tête du groupe chargé de s’infiltrer en Tunisie, un émir parmi les figures les plus célèbres du djihadisme tunisien, connu sous le nom de guerre de Mounir el-Haidara.
Profitant des troubles qui ont accompagné la chute du régime Ben Ali, les hommes d’el-Haidara sont parvenus à s’infiltrer dans la zone désertique tunisienne de R’mel el-Abiadh (Le Sable blanc), située au croisement des frontières avec la Libye et l’Algérie. L’éclatement de la «révolte du 17 février» en Libye a été une aubaine pour ce groupe qui avait installé ses bases, plusieurs semaines auparavant, à quelques encablures de la frontière libyenne. Ainsi, quatre jours après le début du soulèvement anti-Kadhafi, cinq émissaires d’el-Haidara, qui étaient tous des berbérophones, sont arrivés dans le Djebel Nefoussa, le fief des tribus berbères du nord de la Libye. Ces tribus sont les seules qui n’ont pas le droit de disposer d’armes en Libye. Une restriction qui leur est imposée par le régime Kadhafi, depuis une trentaine d’années, pour parer à toute révolte berbériste contre ses penchants nationalistes pan-arabes. Les émissaires d’AQMI proposent aux tribus berbères de les fournir en armes, depuis leur fief voisin de R’mel el-Abiadh, pour les soutenir dans la révolte anti-Kadhafi. Une offre chaleureusement accueillie par les chefs de tribus, en raison des craintes grandissantes d’un affrontement tribal en Libye, conséquences des menaces proférées, à ce sujet, par le colonel Kadhafi et son fils Saif el-Islam, dans leurs discours au lendemain du soulèvement populaire. À travers cette main tendue aux tribus berbères libyennes, Mounir el-Haidara espère obtenir, dans l’ère post-Kadhafi, un soutien tribal durable, pour sécuriser ses bases de R’mel el-Abaidh où il ambitionne d’installer les camps d’entraînement d’une branche tunisienne d’AQMI.
Par ailleurs, cette incursion en Libye n’a pas détourné el-Haidara de son objectif initial visant à réactiver les réseaux d’Essouna Wal Djamaâ, pour en faire le bras armée d’AQMI en Tunisie, notamment dans les zones urbaines où il est difficile à ses troupes venues du Sahel de passer inaperçues pour s’y installer ou mener des actions armées. Ainsi, au moment où éclatait la révolte libyenne, ce groupe menait sa première action armée au cœur de la capitale tunisienne : un prêtre polonais est assassiné et une razzia est lancée contre le bordel de Tunis, dans la vieille médina.
De l’enjeu des réseaux européens
Pour asseoir son autorité, le commandement central d’Al-Qaïda, basé dans la région afghano-pakistanaise se devra de reprendre la main sur les filières affranchies, dont les plus actives sont AQMI et AQPA. Si Ayman al-Zawahiri se présentait comme candidat à la succession de Ben Laden (Saif al-Adel n’est qu’un chef par intérim) et qu’il devenait le nouveau numéro un de l’organisation, les relations pourraient s’avérer conflictuelles avec AQMI. Car al-Zawahiri et les anciens cadres du « djihad égyptien », majoritaires dans le nouvel état-major central, seront tentés de reprendre la main sur les réseaux européens qu’ils ont longtemps dirigés et contrôlés dans les années 90. Pour rappel, en apportant son soutien au GIA, Ben Laden avait pour arrière-pensée de mettre la main sur les réseaux islamistes en Europe, constitués majoritairement de Maghrébins et dont la seule activité était le soutien au djihad algérien. La tâche avait été confiée à Ayman al-Zawahiri. Juste avant la création d’AQMI, en janvier 2007, Abdelmalek Droukdel, l’émir d’AQMI, avait proposé à al-Zawahiri la création d’al-Qaida fi bilad al-Moutawassat (al-Qaida au pays de la Méditerranée).
Le numéro 2 d’al-Qaida s’était opposé au projet, prétextant que selon la charia, il ne pouvait y avoir un émirat couvrant à la fois une partie de la terre d’islam et une partie de la terre de guerre. Mais derrière l’argument théologique, al-Zawahiri ne voulait pas perdre le contrôle des réseaux européens du djihad. Il proposa donc à Droukdel de créer deux émirats : al-Qaida fi Bilad al-Barbar (al-Qaida au pays des Berbères) et al-Qaida fi Bilad es-Soudan (al-Qaida au pays de l’Afrique noire). Objectif : couper court aux ambitions euro-méditerranéennes de Droukdel, qui… refusa de donner leur autonomie aux réseaux sahéliens.
De l’attentat de Marrakech aux maquis kabyles
Ce regain d’activité au Maghreb (plus de quarante militaires algériens tués depuis mars) correspond à une stratégie mise en place depuis la mi-mars. L’attentat de la place Djamaa el-Fna à Marrakech s’inscrit dans la continuité de cette volonté constante d’AQMI de mener des actions terroristes au Maroc. Cependant, il semble obéir à un contexte particulier et à des motivations distinctes : la volonté affichée d’Al-Qaïda à travers les forums djihadistes de revenir sur le devant de la scène, après avoir été prise de cours et dépassée par les « révolutions populaires » du début 2011 dans le monde arabe. L’ingérence lourdement revendiquée par AQMI dans le conflit libyen, sa récente implantation en Tunisie, le regain de ses activités dans les maquis algériens depuis la mi-avril 2011, sont autant d’indices qui montrent qu’AQMI, qui est actuellement la filiale la plus active d’al-Qaida, a reçu de la « maison mère » des directives l’incitant à multiplier les actions terroristes dans le Maghreb et au Sahel, voire au-delà, en Europe et en Afrique noire. Enfin, le choix de frapper le Maroc traduit aussi une volonté de la part d’AQMI d’attirer dans son giron les éléments les plus radicaux des courants salafistes marocains, notamment au sein de la Salafiya Djihadiya et du Sirate el-Moustaqim, déjà associés par Al-Qaïda aux attentats de Casablanca, en mai 2003.
Source : « Le Figaro » Le 20-05-2011
La Tunisie sous la menace d’Al-Qaïda
Première confrontation de la Tunisie post-révolutionnaire avec le terrorisme. Des unités spéciales de l’armée et de la garde nationale ont affronté mercredi neuf individus lourdement armés à Rouhia, au nord du pays. Le groupe appartiendrait à la nébuleuse islamiste Al-Qaïda.
Alors que la question sécuritaire dans la Tunisie d’après Ben Ali n’est pas encore résolue, le pays redécouvre depuis mercredi les affres du terrorisme international. La mort du colonel Tahar Ayari et du soldat Walid Haji à Roujia, dans le gouvernorat de Siliana au cours d’un échange de tirs hier entre les forces de l’ordre et un groupe armé mené par deux Libyens, rappelle que le processus démocratique amorcé dans le pays est encore fragile. Aussi, le journal algérienEl Watan se demande-t-il justement si « la Tunisie post-Ben Ali fait (-elle) face à des manœuvres de déstabilisation pour capoter sa révolution ? ». Déstabilisation, par qui et pourquoi ? La chaîne de télévision Al Jazeera, citant une source militaire, affirme que « le groupe terroriste de Siliana ayant commis l’attentat appartient bien à Al-Qaïda ». Une information que confirme la radio tunisienne Mosaïque FM qui fait référence à « un groupe armé de 9 personnes de nationalité tunisienne, algérienne et libyenne appartenant au réseau Al-Qaïda ».
La piste libyenne
Les autorités ont déployé unecentaine d’éléments des unités spéciales de l’armée et de la garde nationale et un hélicoptère pour pourchasser les membres présumés d’Al-Qaida jusque dans les montagnes de Dahmani, situées dans le gouvernorat de Kef, à l’ouest de la Tunisie, rapporte Webdo. Mercredi à 6h55, la police de Rouhia a été alertée à la suite d’une violente altercation entre un chauffeur ou un contrôleur de louage (taxi collectif) et deux individus en provenance de Sbiba munis de deux grosses valises.L’un d’eux aurait alors tenté de faire exploser une bombe manuelle à l’arrivée des forces de l’ordre, avant que des tirs n’éclatent.
Les violents affrontements avec le groupe lourdement armé d’explosifs et de kalachnikov ont fait au moins deux morts côté terroristes. Le ministère de l’Intérieur a fait état de « trois terroristes armés » retrouvés morts, rapporte El Watan. L’analyse des tests ADN de deux des individus abattus par les autorités officielles confirme qu’ils sont de nationalité tunisienne, relève le journal tunisien La presse.tn.Les forces de l’ordre ont retrouvé deux passeports périmés qui se sont avérés falsifiés, portant de fausses identités et des tampons d’entrée et de sortie de Libye, indiqueLe Temps. La Tunisie a ouvert ses frontières aux réfugiés libyens, augmentant le risque de transferts d’armes et d’incursions de terroristes en provenance du pays voisin.
La Tunisie renoue avec la menace terroriste internationale
D’après les informations rapportées par le journal Le Temps, les 9 terroristes présumés prévoyaient d’attaquer des sites touristiques en Tunisie. Les forces de l’ordre ont trouvé dans leur valise une carte géographique du pays avec des sites définis comme cibles. La filiation du groupe avec l’organisation Al-Qaïda, désormais dirigée par l’Egyptien Saïf Al Adel, ne fait aucun doute pour les médias tunisiens. La mort de l’ancien leader de la nébuleuse terroriste Oussama Ben Laden, tué par les forces spéciales américaines au Pakistan, fait craindre des représailles. Tunis est en alerte depuis l’arrestation dimanche d’un Algérien et d’un Libyen suspecté d’appartenir à Al-Qaïda au Maghreb islamiste (Aqmi). Les deux individus ont été interceptés en possession d’explosifs à Nekrif, au sud, dans la région de Tataouine. Ils ont avoué avoir caché « une quantité d’armes et de munitions dans plusieurs endroits du pays ».
En août 2010, la revue américaine Foreign Policy classait la Tunisie à la 118e place sur 177 pays dans l’index annuel des Etats les plus vulnérables au monde, notamment sur le plan sécuritaire. Elle était mieux classée que les autres pays du Maghreb. La Libye y occupait la 111ème place, suivie par le Maroc à la 91e et l’Algérie à la 71e. L’État policier de Zine El-Abidine Ben Ali était perçu depuis les années 90 comme un rempart contre le terrorisme au Maghreb. Pas moins de 25 000 militants islamistes avaient été incarcérés au début des années 1990 après le succès de leur parti, Ennahda (renaissance en arabe), aux législatives de 1989. Et Ennahda avait été interdit.
Dans le courant des années 2000, le pays n’a pas subi autant d’attentats d’envergure que l’Algérie et le Maroc. En 2002, une explosion fait 22 morts, dont 14 touristes allemands, dans l’île de Djerba. Cette attaque avait été revendiquée par Al-Qaïda. Le 23 décembre 2006, puis le 3 janvier 2007 à Soliman, près de Tunis, deviolentes fusillades opposent les forces de l’ordre à des djihadistes. En 2008, deux Autrichiens sont enlevés par un groupe islamiste armé et une trentaine de djihadistes tunisiens venus d’Algérie arrêtés… Les forces de l’ordre, sous Ben Ali, verrouillent. Et l’essentiel des nombreuses vocations terroristes vont s’exprimer ailleurs. Selon des sources militaires américaines, à la fin des années 2000 la Tunisie représentait par tête d’habitant le plus gros contingent de djihadistes en Irak…
La Tunisie nouvelle, née de la révolution de Jasmin, qui devrait élire le 24 juillet une assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle constitution, a reçu cette semaine une sérieuse alerte.
Source : « Afrik.com » Le 20-05-2011
Al-Qaïda serait-elle en train de s’implanter en Tunisie ?
L’organisation terroriste Al-Qaïda serait-elle en train de s’implanter en Tunisie ? Cette question est d’autant plus d’actualité que depuis le 7 Mai, les arrestations se multiplient de présumés terroristes, des maghrébins pour la plupart en possession d’armes et de ceintures d’explosifs. Les méthodes d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) sont bien connues des services de renseignement. Dans une vidéo qui circule sur internet, on voit comment ces criminels établissent un faux barrage sur une route en se passant pour des militaires et filtrent les automobilistes. Dés qu’ils repèrent un policier ou un membre des forces de sécurité, ils l’exécutent de sang froid. Ces extrémistes prônent le djihad contre toute forme de société qui ne correspond pas à leur conception. Leur haine se porte au premier lieu sur la société moderne car ils sont convaincus que seule un mode de vie semblable à celui du prophète Mohamed symbolise la pureté de la foi. Selon le quotidien « Le Temps », les deux membres présumés d’Al-Qaïda abattus mercredi 18 mai 2011 dans des échanges de tirs avec les forces de l’ordre à Rouhia « projetaient d’attaquer des sites touristiques ». Ils ont attiré l’attention en tentant de prendre un « louage » (espèce de grand taxi) en direction de Bizerte, et en insistant pour mettre les bagages dans la voiture avec eux et non dans le coffre. Devant l’attroupement, ils ont ouvert leurs sacs, pris des armes à feu (de type Kalachnikov), et pris la fuite dans les rues de la ville. En Tunisie, les partis politiques ont condamné à l’unanimité les actes d’Aqmi après la mort d’un colonel et un soldat dans un accrochage entre les forces de l’armée et un groupe terroriste qui tentait de s’infiltrer dans le pays. Cependant, ces partis politiques semblent dépassés par les événements et n’ont aucun plan d’action visant à contrecarrer le terrorisme, pourtant une menace réelle qui plane sur le pays. Il est cependant judicieux de rendre hommage aux forces de sécurité tunisiennes qui se distinguent par leur capacité à répondre à tout danger qui peut menacer le sol national. Les tunisiens sont aussi à remercier pour leur aide inestimable qui a évité le pire au pays.
Source : « Espace Manager » le 20-05-2011
Lien : http://www.espacemanager.com/chroniques/al-qaida-serait-elle-en-train-de-simplanter-en-tunisie.html
Affaire DSK et Tunisie, même combat
Quel rapport entre la Tunisie (mais j’aurais sans problème pu trouver un autre exemple) et l’affaire DSK me direz-vous ?
Le même déroulé. Une affaire, ou une révolution, et passée la stupeur et l’étonnement du français moyen (vous et moi), tout de suite après les « tout le monde savait », comme mercredi à la une de France-Soir.
Tout le monde ? C’est qui tout le monde ?
Le « tout Paris » comme il est coutume de dire ?Les « milieux informés » ? Les journalistes ? « Les gens du Cénacle » ? Ceux de la « Chambre haute » ? Une poignée de gens qui se mélangent depuis des années, quelques happy few qui se fréquentent, s’apprécient ou se détestent, parfois se marient, ou divorcent, à savoir les journalistes et les politiques.
Les journalistes ou les politiques, ce n’est pas tout le monde, on est d’accord, non ? Sinon, nous serions compris dans la formule. Pour autant, comme pour la révolution tunisienne, à les en croire aujourd’hui, « tout le monde savait ».
Ah ? Et si tout le monde savait, pourquoi personne n’a rien dit ? Et puis, savait quoi d’abord ?
Que DSK était un mauvais dragueur plutôt maladroit, ou qu’il aimait culbuter de force journalistes et stagiaires sur son bureau ? Ce n’est pas la même chose.
Ce qui me fait tomber de ma chaise, c’est ce retournement spectaculaire de veste. Tout comme pour la Tunisie, où Ben Ali, encore fréquentable deux jours avant, loué par beaucoup, dont DSK justement, voire même carrément bon pote de certains, devient le pire des dictateurs du jour au lendemain aux yeux de « tous ceux qui savaient », à la faveur de la révolution,
Dominique Strauss-Kahn, brillant séducteur, okay. Un poil lourdingue et peu raffiné, hier, va d’ici demain je pense, être présenté dans les médias comme un violeur obsédé sexuel compulsif, tendance névrosé psychotique, au lourd passif que « tout le monde » connaissait, donc.
Tout le monde sauf toi, et moi bien sûr.
Cela a déjà commencé,les témoignages affluent, les langues se délient, les stylos grattent le papier.
Encore qu’à la différence de Ben Ali, DSK a pour lui d’être du tandem magique politique/journaliste, et quand mercredi, j’ai entendu Jean-François Kahn pulvériser le mur de l’imbécillité en proclamant que bon, « il ne s’agissait que d’un troussage de domestique », j’ai quand même pris, avant de récupérer le bout de ma mâchoire qui m’était tombée sur les genoux, le temps de comprendre que : épouse de JF Kahn, témoin de Anne Sinclair à leur mariage = soutien amical, au mieux, complaisance, au pire.
Et oui, j’ai toujours mauvais esprit, et j’assume.
Dans tous les cas de figure, cela reste la formule la plus crétine entendue mercredi, complètement inadmissible, juste après le « y a pas mort d’homme » de Lang au 20 heures… Mais lui, c’est habituel, l’important à ses yeux doit être qu’on parle de lui, Bravo Jacquot, t’as gagné la tringle à rideaux.
Alors donc, aujourd’hui, je trouve assez gonflé de la part de certains de ces journalistes (je peux leur taper sur la tête, je n’en suis pas), de venir se racheter, comme pour la Tunisie, une vertu, en venant démolir un homme qui semble déjà plus bas que terre.
Soit ils savaient ce qui relevait de l’information, des affaires judiciaires et non de la chambre à coucher et dans ce cas, on peut se demander : mais pourquoi diantre n’ont-ils donc rien dit, ou presque ?
On nous parle aujourd’hui de « précédents », « d’affaires similaires »… Les journalistes étaient-ils au courant et se sont-ils tus au risque de laisser venir sur la plus haute marche de l’Etat un homme déséquilibré ou bien doit-on penser qu’il est facile aujourd’hui pour certains de venir jouer les « donneurs de leçons » à leurs confrères, et d’alimenter encore davantage la sulfureuse réputation du couple journalistes-politiques qui n’avait vraiment pas besoin de cela.
Cette sulfureuse relation du duo « médiatico-politique », si elle est sulfureuse justement, c’est bien à cause de ce genre d’affaires : une révolution tunisienne ou une arrestation d’un haut dirigeant, peut-être futur président de la République, et au milieu de l’étonnement général des quidams, le « ah mais nous, on savait, mais on a choisit de ne rien dire ». Et toc !
Quandun Jean Quatremer, journaliste à Libération, écrit en 2007 que « le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes ; trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. », il se fera rappeler à l’ordre gentiment, dans un tutoiement immédiat et complice,par le communicant de DSK.
A trop se fréquenter, entredéjeuners, visites organisés, dîners en ville, il est évident que rester objectif et distant, et « incorruptible » est sans doute difficile, et le vilain petit canard, celui qui tient à mettre les pieds dans le plat de la vérité doit avoir bien du courage.
En tout cas, la Tunisie, comme l’affaire DSK, devrait inciter les journalistes à plus de distance avec ceux sur lesquels ils écrivent, moins de complaisance et plus de transparence.
Source: “Le post” le 20-05-2011
La révolution tunisienne dans l’objectif
Les jeunes du club photo de Tunis n’avaient jamais photographié l’actualité. Et puis la révolution les a rattrapés. Trois d’entre eux, Sameh Arfaoui, Med Slim Werda et Wassim Ghozlani, commentent chacun une de leurs photos des événements, exposées au Palais Kheireddine de Tunis. Certaines seront visibles samedi 21 et dimanche 22 mai sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris.
Tout le monde a été pris de cours par la révolution tunisienne. La diplomatie internationale bien sûr, mais aussi les membres du club photo de Tunis. Photographier les animaux du parc du Belvédère de Tunis, ou les charmes du pittoresque village de Sidi Bou Saïd, c’est une chose. Prendre les images d’un soulèvement populaire, au milieu d’une foule déchaînée et des tirs de gaz lacrymogènes, en est une autre. Les passionnés de photo rassemblés par Hamideddine Bouali au sein de ce club qui a vu le jour en janvier 2010 n’y étaient pas préparés. Pour eux, l’objectif était de faire de belles photos, pas de se mettre en danger.
Med Slim Werda a seize ans, il est membre du club. Le 14 janvier, sans l’accord de ses parents, il rejoint ses amis et participe aux grandes manifestations du centre ville. En rentrant le soir, il efface toutes ses photos pour ne pas les inquiéter. Puis il ressort les jours suivants, s’enhardit malgré les violences et la mort, le 17 janvier, de Lucas Dolega, le jeune photojournaliste de l’agence européenne EPA, touché à la tempe par une grenade trois jours plus tôt.
Sameh Arfaoui, elle aussi, dit la peur qui paralyse, les confiscations, les tabassages, la lacrymo qui étouffe. Après avoir participé en tant que simple citoyenne aux premières manifestations, elle se décide à sortir son appareil et à se faire le témoin des événements. Résultat : 500 à 600 photos par jour. Pas facile, pourtant, quand on est une femme, et que les hommes vous demandent de rester à l’arrière. « Tu n’as qu’à faire des photos de dos », lui disent-ils.
Pour Wassim Ghozlani, l’un des responsables du club photo, « la révolution a ouvert une brèche pour nous, jeunes photographes. Beaucoup n’envisagent plus la photo comme avant, sous un angle purement esthétique. Certains veulent dorénavant poser leur regard sur les réalités sociales du pays. » Ou comment le club photo de Tunis et la révolution ont participé à la renaissance du photojournalisme en Tunisie .
Source : « Telerama » Le 20-05-2011
La langue de bois de Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste tunisien Ennahdha
Chassez le naturel, il revient au galop. Les déclarations de Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste tunisien Ennahdha, tentant de récupérer politiquement la mort de deux militaires tunisiens tués par des membres d’Al Qaeda à Rouhia, ne sont pas passées inaperçues. A un micro de la chaine de radio Express FM, à l’occasion de l’enterrement du lieutenant-colonel Tahar Ayari, tué lors des combats entre terroristes et forces armées tunisiennes, Rached Ghannouchi a osé dire que « … le lieutenant-colonel Tahar Ayari était mort en combattant pour l’Islam et la Nation… ». Tel un communiste stalinien qui ramènerait tout à la lutte contre le capital, M Rached Ghannouchi n’ose pas avouer, ou accepter, que les militaires, les autres forces du service de l’ordre, et la majorité des tunisiens, défendent leur pays et non leur religion. Personne n’a attaqué la Tunisie au nom d’une autre religion, seuls des fanatiques religieux islamistes ont attaqué la Tunisie. L’armée tunisienne défend son pays, sa nation, et la religion est personnelle, les militaires morts ont payé de leur vie pour la patrie et le peuple tunisien. A moins que M Rached Ghannouchi ose affirmer que Al Qaeda est une entité chrétienne ou d’une autre religion, et que la Tunisie défend l’islam contre Al Qaeda. Chassez le naturel, il revient au galop.
Source: ”Le Post” Le 20-05-2011
Tunisie : que font les dirigeants d’Ennahdha aux USA ?
Une délégation du mouvement Ennahdha a effectué du 9 au 15 mai 2011 une visite aux Etats Unis et à un certain nombre de pays européens. La délégation était représentée par Hammadi Djebali, secrétaire général du mouvement, Farida Abidi et Samir Dilou membres du bureau exécutif.
Selon le journal « Elfajr» paru le 20 Mai 2011, la visite a pour objet l’entretien avec l’administration américaine sur un nombre d’affaires nationales et internationales. L’entretien œuvre à faire la promotion du Mouvement et de ses visions, de ses programmes en Tunisie et dans le sud méditerranéen. Hammadi Djebali a indiqué que la visite du Mouvement aux USA est une réponse à l’invitation adressée de leur part. La délégation s’est entretenue avec les Sénateurs Joseph Liberman, Jhon Mac Keine, le député Garry Akarman et William Ribak directeur du Maghreb au sein du département d’Etat. La délégation a participé à une douzaine de séminaires avec des représentants du Sénat, des experts et des consultants. Des discussions sur les perspectives à venir. Durant ces rencontres, la délégation a affirmé les revendications du peuple tunisien basées sur la liberté, la dignité et la justice sociale. « La Révolution tunisienne est un prototype du changement démocratique pacifique. Elle a permis à la Tunisie de gagner du temps avec le minimum de dégâts humains et matériels. Le coût politique et social de la Révolution tunisienne n’a pas été très élevé. C’est encourageant pour les peuples avides de liberté et de démocratie. Le modèle tunisien soutient la paix et la démocratie dans le monde.», a indiqué Hammadi Djebali. La délégation a réitéré à cette occasion l’attachement du mouvement à la date du 24 juillet 2011 pour les élections de la Constituante qui contribuent à la stabilité politique et économique du pays. «La réaction des Américains était positive. Ils ont soutenu nos visions et programmes en ce qui concerne les droits de l’Homme, les droits de la femme, la séparation du rôle de l’Etat en ce qui concerne la politique et la religion. Nous leur avons affirmé qu’Ennahdha est un mouvement pacifique, civil et modéré», a répondu Hammadi Djebali sur l’opinion de l’administration américaine vis-à-vis du mouvement Ennahdha.
Source : « Investir en Tunisie » Le 20-05-2011
Abdelwahab EL Hani : « Les extrêmes sont un danger pour la Tunisie »
Abdelwahab EL Hani, président du parti al-Majd, a été hier( jeudi) l’invité des rencontres politiques de Gnet.Al-Majd, ou « Gloire », a vu le jour après la révolution du 14 janvier, et a été légalisé en mars dernier. Son président fondateur est un ancien militant de l’UGTE, l’Union générale tunisienne des étudiants, à tendance islamiste. Il a quitté la Tunisie au début des années 90, et a continué à militer en dehors des frontières.Abdelwahab El Hani est revenu au bercail après 20 ans d’exil, pour apporter sa pierre à l’édifice démocratique en cours de construction. Interrogé sur la menace qui pèse aujourd’hui sur la Tunisie, suite aux événements de Rouhia (gouvernorat de Siliana), Abdelwahab EL Hani estime que « la Tunisie est menacée par notre voisin libyen qui essaie de perturber notre transition démocratique, et veut étouffer cet espoir en l’œuf. » « La Tunisie est menacée, par d’autres forces de notre entourage régional, issues notamment de l’Algérie », souligne-t-il. Il cite également « des forces du passé, la mafia avec toute cette agitation lancée par notre ancienne première « drame » de Tunisie, Leïla Trabelsi » Pour Abdelwahab EL Hani, « le terrorisme se nourrit de l’idéologie de la haine, et les partis politiques doivent le dénoncer fermement. On ne peut pas caresser les idées terroristes et intégristes le jour, et les dénoncer le soir ». Et d’ajouter : « Certains leaders d’Ennahda sont fermes dans la dénonciation, et d’autres sont en train de caresser un sentiment extrémiste qui existe dans la société. J’accuse certains d’avoir un discours flou sur le terrorisme, il faut être clair, soit on dénonce fermement le terrorisme et l’intégrisme religieux soit on ne le dénonce pas ». S’agissant de son évaluation de la transition démocratique, le chef d’al-Majd explique que ce processus requiert « qu’on mette la main dans la main avec toutes nos divergences pour construire le commun. Nous devons chercher le consensus national, chose que le code électoral ne le permet pas, puisqu’il vise à disperser les voies et à éparpiller les forces ». Abdelwaheb al-Hani trouve que notre unité nationale est menacée : « nous devons gérer nos divergences dans un esprit d’adversité politique et non d’animosité, et défendre un projet d’unité nationale qui fait encore défaut ». Selon son opinion, « le gouvernement de Béji Caïd Essebsi n’a pas compris son rôle de gestion des affaires courantes. Même s’il a fait des choses importantes, il reste en deçà du rythme de la révolution ». « Il y a des mains invisibles qui gouvernent à la place du gouvernement », dit-il, en évoquant l’affaire de Farhat Rajhi : « Ce qu’a dit Rajhi mérite d’être entendu, dans le cadre d’une commission d’enquêtes indépendante, qui entend Farhat Rajhi, la personne accusée, Kamel Eltaïef, et les membres de l’armée, car, l’apaisement ne vient qu’avec la transparence ». Abdelwahab EL Hani déplore que sa demande pour un échange entre le Premier ministre et les partis n’ait pas été entendue. « Lorsqu’un Premier ministre rencontre les partis qu’il veut et refuse d’en rencontrer d’autres, cela est indécent », relève-t-il. Il appelle le Premier ministre « à garder une posture d’homme d’Etat impartial qui traite à égalité avec tous les partis ». Il dit attendre depuis février dernier une rencontre avec le Premier ministre, mais vainement, et dénonce « un manque de transparence terrible du gouvernement ».
Le président d’al-Majd formule des griefs envers la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution. « Cette instance n’est pas transparente, elle regroupe 14 partis sur plus d’une soixantaine, soit le ¼ des partis existants ». Il accuse une ONG américaine, soit « The International foundation for electoral systems (IFES) », d’influencer l’instance d’Iadh Ben Achour. « Cette ONG observe les élections, rédige des rapports d’observation, et fait du conseil pour les systèmes électoraux. L’IFES ne travaille pas forcément que pour la démocratie, elle a orienté les systèmes électoraux vers une situation d’instabilité chronique pour permettre à des forces occultes d’imposer leur diktat dans les pays. Je veux savoir si l IFES a influencé l’instance de Ben Achour. La revendication de transparence est une revendication démocratique », affirme-t-il, déplorant qu’il n’ait pu intégrer cette instance malgré ses tentatives. « Nous avons formulé notre souhait d’intégrer la haute instance, et avons rencontré Iadh Ben Achour, son président, et Ghazi al-Ghrairi, son porte-parole. Nous sommes également allés voir Ridha Belhaj, secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, mais on attend toujours. La haute instance fonctionne sur un mode d’exclusion et non sur un mode de consensus national ». Selon Abdelwahab EL Hani, « c’est aux Tunisiens que reviendrait la décision de dire qui sont les grands partis, et qui sont les petits. Il y a des partis qui ont un abonnement à la télévision, notre parti n’a jamais été invité à la TV depuis sa création, et moi je n’ai jamais été invité en tant que chef du parti al-Majd ». Selon ses dires, « les médias ne sont pas indépendants du pouvoir de l’argent et du pouvoir des forces occultes ». Abdelwahab EL Hani estime que son « nom figure dans l’histoire de l’UGTE, quoique certains veuillent l’effacer ». Il dit avoir milité au sein de l’UGTE, à domination islamiste, en tant qu’indépendant. Il déclare avoir des divergences avec Ennahdha et l’accuse du double langage. « Ce mouvement renferme une aile modérée, démocratique et libérale, et une autre aile qui tient le discours des islamistes, de l’Etat religieux et qui cherche à dominer l’institution religieuse à des fins politiques. Ennahdha a intérêt à tenir un discours très clair quitte à se scinder en deux ou trois, un mouvement libéral et profondément démocratique et un parti religieux ». Abdelwahab EL Hani qui se définit « comme un conservateur, pratiquant » présente al-Majd comme « un parti centriste, impliqué dans la construction de la famille centriste, qui veut apporter des réponses concrètes et réelles aux Tunisiens, et sortir du cadre de l’idéologie ». Il estime que « l’avenir de la Tunisie doit se construire au centre, car les extrêmes représentent un danger pour la Tunisie ». Face aux critiques qui l’accusent d’avoir été utilisé par l’ancien régime, Abdelwahab EL Hani répond « qu’elles sont le fait d’une armée virtuelle de soldats clonés sur Internet ». Il se définit comme un opposant et un résistant de la première heure au régime dictatorial de Ben Ali. « Je n’ai aucun rapport avec le système de Ben Ali depuis la 1ère heure jusqu’à la dernière heure d’exil. « Mais, c’est parce que Abdelwaheb al-Hani dérange, qu’il fait l’objet de ces attaques ».
Source: “GlobalNet” Le 20-05-2011
La Révolution tunisienne face aux Salafistes
Par Noureddine HLAOUI
Le danger salafiste n’est plus une simple menace, mais une réalité, malheureusement, bien palpable. Et on vient de l’apprendre à nos dépens avec l’accrochage sanglant survenu, mercredi 18 mai 2011 à Rouhia dans le gouvernorat de Siliana, faisant deux morts dans les rangs de l’Armée nationale. Et on ne peut pas dire qu’on n’a pas été prévenus. Dans une interview accordée le 1er mai 2011 quelques heures après l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden, au journaliste Vincent Jauvert du Nouvel Observateur et reprise par Business News, Omar Bakri, 53 ans, un des plus radicaux du mouvement salafiste, y assure que les groupes affiliés à Al Qaïda sont bien actifs en Afrique du Nord en disant en substance : « en Tunisie, les nouveaux gouvernants ont tellement de problèmes qu’ils ne s’occupent plus de nous… Désormais, nous avons pignon sur rue, nous pouvons voyager dans tout le pays, recruter, personne ne parle de nous. Le nouveau gouvernement a même ouvert les prisons et libéré nos frères ». La découverte de nouveaux enregistrements audio du chef d’Al Qaïda, Oussama ben Laden prouvent, aussi, que la Tunisie se trouvait dans son collimateur. La suite des événements vient de donner raison à cet obscurantiste pur et dur. Mais il s’est trompé sur le degré de vigilance des autorités tunisiennes, plus précisément nos forces armées, notre Garde nationale et nos forces de sécurité intérieure. Il est vrai qu’ils ont pu profiter du climat de confusion à la frontière libyenne et d’un certain climat d’instabilité à l’intérieur du pays, mais les services de sécurité du ministère de l’Intérieur veillaient au grain en multipliant les arrestations d’individus suspects et les saisies d’armes et de matériel de communication. L’apport des citoyens, appelés à être vigilants, y est également pour quelque chose. Et c’est grâce à cette vigilance que nos forces armées ont pu s’y prendre à temps à Rouhia faisant, ainsi, avorter de probables attentats dans des zones touristiques telles que Hammamet, Nabeul et Tabarka, ce qui aurait mis à plat une saison déjà bien compromise. Deux membres du commando ont été tués, certes, mais bien d’autres se trouveraient encore en liberté. D’où la nécessité pour tous les Tunisiens de rester sur leurs gardes. Car il ne s’agit plus d’une certaine « psychose » voulue pour faire émerger de nouveau la « fezzaâ » de la sécurité comme ont tendance à le faire répandre des responsables de petits partis politiques, aux calculs étroits. Les menaces sont bien réelles et concrètes, l’essentiel étant de rester sur ses gardes et d’empêcher l’exécution d’éventuels attentats. L’heure étant grave, il est impératif de mettre en exergue le tollé et le sursaut enregistrés à travers tout le pays. D’abord, chez le commun des citoyens qui sont unanimes à dénoncer cette escalade terroriste et à exprimer leur reconnaissance à l’Armée nationale et aux forces de la Garde nationale et de la sécurité intérieure, ensuite chez plusieurs formations politiques. Et selon un récapitulatif réalisé par l’agence TAP, mercredi en fin de journée, ces réactions proviennent de même pas la moitié des partis de la place dont les sept déjà autorisés avant la Révolution, à savoir le PDP, Ettajdid, le FDTL, le PUP, l’UDU, le MDS et le PSL. A mentionner, également, la condamnation vigoureuse exprimée par le parti Ennahdha dont le leader Rached Ghannouchi ainsi que Cheikh Abdelfattah Mourou étaient, jeudi19 ami 2011, aux premiers rangs lors des funérailles des deux militaires tombés en martyrs à Rouhia. Ils donnent ainsi un signal très clair que les Islamistes tunisiens refusent catégoriquement cet extrémisme et ce terrorisme. Même si certains militants d’Ennahdha ont exprimé, par le passé, une certaine sympathie à El Qaïda. Il est utile aussi de mentionner que plusieurs petits partis ont diffusé, avec promptitude, des communiqués fustigeant les méfaits du terrorisme, alors que bon nombre d’autres ont brillé par leur absence ou par des réactions tardives. De là à dire qu’on fait face à de nouveaux partis en carton, il n’y a qu’un pas. On est également en droit de s’interroger de nouveau sur l’idée de Hamma Hammami, leader du POCT, qui appelle à armer la population, ce qui dénote un manque flagrant du sens des responsabilités et de la gravité d’une telle approche qui comporte les risques d’une guerre civile. Il n’y a qu’à imaginer ce qui serait advenu de la situation en Tunisie si les civils étaient en possession d’armes en ces derniers temps d’absence d’autorité sécuritaire ! Nous préférons ne pas y penser. Ceci ne veut nullement dire qu’il faut se détourner des autres choses publiques de la vie nationale. Au contraire, il faut continuer à travailler et à préparer l’échéance du 24 juillet avec tout ce que cela implique comme activités des partis politiques. Il y va de la réussite du processus de la transition démocratique et, par voie de conséquence, de la Révolution tunisienne. Faisons donc de sorte que le satanique réseau d’El Qaïda ne vole pas la Révolution tunisien qui fait la fierté de tout citoyen patriote. Une révolution que le terrorisme veut dompter et détourner de ses nobles objectifs..
Source: ”Business News” Le 20-05-2011
Tunisie: La presse publique peut-elle être indépendante et neutre?
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), avec l’appui de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), a organisé, jeudi 19 mai 2011 à Tunis, une conférence portant sur «le rôle des organes d’information publics dans l’appui de la transition démocratique en Tunisie».
Outre des journalistes tunisiens, des confrères belges, danois et espagnols ont pris part à cette rencontre qui a permis de faire une analyse sur le financement des établissements de presse du secteur public et l’information en tant qu’outil culturel pour le développement de la conscience nationale, rapporte la TAP.
«Les médias du secteur public avaient joué, durant l’ancien régime, un grand rôle dans la propagande du parti au pouvoir», indique Hichem Snoussi, membre de la Commission nationale pour la réforme de l’information et de la communication. De ce point de vue, il estime nécessaire «de séparer l’administration de la politique en tant que condition fondamentale et principe de base pour la promotion du contenu de la presse publique afin d’en faire un espace reflétant le pluralisme».
Pour Ridha Najjar, spécialiste en communication audiovisuelle, la presse publique vit une crise de crédibilité parce qu’elle était, durant les dernières années, «une structure entre les mains du pouvoir exécutif qui l’a utilisé à son compte». De ce fait, il devient indispensable «de restructurer l’appareil médiatique public, afin de promouvoir l’information, au cours de cette période transitoire qu’il a considérée comme « fortement sensible», estime-t-il.
D’autres intervenants ont mis l’accent sur l’engagement pour les principes professionnels qui consacrent dans l’essence la crédibilité et la neutralité. Pour ce faire, ils recommandent de suivre l’exemple des pays démocratiques, à travers l’instauration de conseils de rédaction indépendants chargés de définir la ligne directrice de l’établissement de presse public.
Cependant, en appelant à suivre l’exemple des pays démocratiques, il est à se demande si les participants à la conférence du SNJT ne considèrent pas que c’est la démocratie qui conditionne l’indépendance et la neutralité de la presse publique. Et dans ce cas, comment parler d’indépendance et de neutralité de la presse publique?
Source: ”wmc” Le 20-05-2011
Courrier des internautes
Et si la Tunisie devenait membre n° 28 du club des 27?
ParYoussef ben Abdeljelil
Le 30 mars 2011 le journal français Libération publiait un article « Et si la Tunisie entrait dans l’Union Européenne ?», rédigé par des académiciens tunisiens et français (Pierre Bechouche, Ali Bennasr, Mohamed haddar) et Jean-Yves Moisseron. Les auteurs utilisaient quelques arguments très précis pour étayer leur proposition, notamment le mot-clé « transition ». Ils comparaient la situation de la Tunisie d’après Ben Ali à celle que connaissait le Portugal, l’Espagne, la Grèce et les nouveaux membres de l’Union Européenne de l’Europe de l’Est. La question la plus pertinente sera alors si cette proposition tiendra la route et si la Tunisie pourra effectivement offrir les conditions préalables d’adhésion ? Une autre question s’impose aussi, quels sont les atouts que la Tunisie présente à l’Union Européenne ? Une analyse politique, géographique, socio-économique, environnementale et historique pourra nous éclairer sur ces conditions.
La Tunisie se trouve actuellement dans une situation comparable à celle de l’Espagne, le Portugal et la Grèce avant leurs adhésions à l’Union Européenne. L’Espagne d’après Franco a connu le même chaos politique, économique et social que connaisse la Tunisie actuellement. Les deux pays sont passés par la dictature, le Portugal et la Grèce aussi. L’Espagne a adhéré à l’Union Européenne le 1ier juin 1986 au moment où elle connaissait une sortie douloureuse du franquisme avec une économie très arriérée à développer, des structures politiques à réformer selon les souhaits de l’Union. Une des conditions sine qua non de l’adhésion à l’Union était la réalisation de la démocratie, investir dans les droits de l’homme selon la charte européenne, développer l’économie, adapter des réformes multiples, etc.
Quant au Portugal et jusqu’au 12 juin 1985, date de la signature de son adhésion à L’UE, le pays a connu des décennies de dictature et d’instabilité politique énorme qui ont paralysé toutes les structures du pays. Son adhésion lui imposait de profonds ajustements pour rattraper son retard économique. A partir de cette date, le pays connaît une forte croissance économique bénéficiant des Fonds structurels européens. Mais l’entrée dans la Communauté européenne lui imposait aussi une politique d’austérité. Le gouvernement mène une politique de libéralisation économique et beaucoup d’entreprises sont privatisées. Cela passe obligatoirement par une nouvelle révision constitutionnelle votée en juillet 1989. Avec la fin de la réforme agraire c’est encore un acquis de la révolution qui disparaît.
La Grèce moderne a connu aussi une période très douloureuse causée par la dictature des colonels. Ce nom est donné au pouvoir politique en place en Grèce de 1967 à 1974, qui provoqua en outre l’exil du roi Constantin II monté sur le trône en 1964. Cette dictature est issue de la prise du pouvoir par une junte d’officiers alors dominée par Georgios Papadopoulos. La Grèce adhère en 1981 à l’Union Européenne et connait le même sort que l’Espagne et le Portugal.
Une remarque saillante pour les trois pays est qu’à partir de leurs adhésions à l’Union Européenne, ils connaissent une croissance économique jamais connue dans leurs histoire, grâce aux fonds structurels de l’Union Européenne. Mais aussi à cause des atouts qu’ils offrent. La Grèce et l’Espagne ont connu une explosion touristique du jamais-vu.
Revenons à notre Tunisie. Ce pays offre de multitudes atouts. Tout d’abord une côte de 1200 km avec des plages magnifiques et parsemée des nombreuses iles avec une faune et une flore très spécifique. Cette côte offre un équipement touristique de grande qualité. La Tunisie pourra devenir une destination préférée des Européens, bon marché et assurant une grande qualité de service.
La Tunisie forme aussi un carrefour de brassage ethnique, historique et de civilisations multiples qui pourra offrir un tourisme culturel guidé très intéressant. Les vestiges de la civilisation carthaginoise, romaine, grecque un peu partout dans le pays et les nombreuses villes médiévales d’origine arabe et musulmane, les divers musées (en particulier le musé du Bardo à Tunis), offrent une autre richesse patrimoine de grande envergure.
La Tunisie offre aussi une main d’œuvre hautement qualifiée et trilingue (arabe, français, anglais, etc.), une infrastructure universitaire, hospitalière et bancaire très décentralisée, une législation (même sous les anciens régimes) favorable aux investissements étrangères.
La Tunisie offre aussi pas moins de 8 aéroports, ouvrant sur toute l’Europe et une bonne partie du monde, une structure ferroviaire qui relie toutes les grandes villes de la Tunisie, appuyée par des lignes de trams et métros dans certaines villes, un parc de transport commun et privé très confortable. Ajoutons à ceci une infrastructure portière très équipée dans les villes les plus importantes du pays. Le port de la Goulette de Tunis assure des lignes croisières avec nombreuses villes européenne, dont Marseille, Naples, Gène, Palerme, etc.
N’oublions pas de passage que la longue période de colonisation française et l’introduction d’un système parlementaire et présidentiel par Bourguiba (ancien étudiant de la Sorbonne) après l’indépendance, ont fait de la Tunisie un des pays les plus européanisés du bassin méditerranéen, donc le candidats le mieux placé à l’adhésion à l’Union Européenne.
N’oublions pas enfin que la Tunisie fait trois quarts de ses échanges commerciaux avec l’Europe.
Regardons par la suite les critères d’adhésion infligé par le Conseil européen en 1993. Le Conseil européen de Copenhague précise que l’adhésion d’un nouveau pays est soumise à des conditions préalables :
la mise en place d’« institutions stables garantissant l’état de droit, la démocratie, les droits de l’homme, le respect des minorités et leur protection » ; « une économie de marché viable ainsi que la capacité de faire face à la pression concurrentielle et aux forces du marché à l’intérieur de l’Union » ; « la capacité (…) [d’] assumer les obligations [d’adhésion à l’UE], et notamment de souscrire aux objectifs de l’union politique, économique et monétaire ». L’énonciation de ces critères (auxquels on se réfère depuis sous l’appellation « critères de Copenhague ») apparaissait comme une acceptation de principe de l’adhésion des PECO (Les Pays d’Europe centrale et orientale) à l’Union européenne et en fixait les modalités (et indirectement le calendrier).
Nous terminons par une dernière question : est-ce que la Tunisie est capable de répondre aux critères de Copenhague ? La réponse est plus qu’affirmative. N’oublions pas que la révolution en Tunisie qui a contaminée tous les pays arabes, s’inscrit tout à fait dans les lignes directives du conseil européen imposées à toute candidature. En appuyant la Tunisie pour adhérer au club de 27, l’Europe pourra rencontrer un candidat loyal et assidu. Le modèle tunisien pourra aussi devenir un projet-modèle pilote pour tous les pays arabes, africain et même pour d’autres pays dans tous les coins du monde.
Source: “Le Temps” Le 20-05-2011