MAFIA:  
Un parrain tunisien reçoit les       honneurs
       
 par Slim Bagga              Depuis plus de quinze années, le nom de « Trabelsi » est effroyablement lié       au racket, au trafic d’influence, à l’enrichissement illicite…bref à un       système mafieux qui a vu le jour et prospéré en Tunisie au lendemain des       secondes noces de Ben Ali et avec l’encouragement (certains diraient       l’impuissance) de ce dernier.              Des Domaines de l’Etat à l’hôtellerie, des pièces détachées aux produits       contrefaits, de la téléphonie mobile au transport aérien de basse gamme,       l’économie tunisienne a été littéralement détournée par cette famille       venue de rien et ceux qui lui sont apparentés.              Et au lieu d’ordonner la traduction devant la justice de ces voyous et       autres rapaces pour donner l’exemple, notre Général-Président qui, tel       Rodrigue n’a d’yeux que pour Leïla, vient de décorer de l’insigne de       l’Ordre national du mérite le chef du gang Trabelsi, son propre gendre       Belhassen, à l’occasion de la Journée de l’Entreprise.              Après les tortionnaires à la solde de son régime policier, décorés et       promus, voici donc les mafieux et les bandits de grand chemin à l’honneur.              Sinon comment expliquer qu’un homme de l’acabit de Belhassen Trabelsi,       propriétaire de Kartago Airlines, qui a mis à genoux l’entreprise publique       de transport aérien Tunis Air, qui figure sur la liste noire des       compagnies à risques, qui fait l’objet de poursuites judiciaires notamment       en France par des clients ayant approché la mort dans le ciel, dont la       flotte est constituée de vieux appareils acquis en Roumanie au moindre       coût en ne tenant compte d’aucune règle de sécurité, soit honoré, décoré       et présenté comme un entrepreneur honorable et l’exemple même de la       réussite?              Qui peut croire un seul instant au « mérite » de Belhassen Trabelsi? On       savait que le ridicule n’a jamais tué personne. Mais l’on sait de mieux en       mieux à présent contre qui ces pratiques dignes de Cosa Nostra risquent de       se retourner à court ou moyen terme.              Ben Ali devrait méditer dès à présent le sort des parrains…              (Source : « Bakchich.info » (Journal       satirique – France), N° 31 du 20 avril 2007) Lien : http://www.bakchich.info/article1042.html
L’ambassadrice de Tunisie à La Haye       a besoin d’un recyclage
       
 Sihem Bensedrine              A l’occasion de la campagne pour la libération de Mohamed Abbou, plusieurs       sections d’Amnesty International dans le monde ont demandé à rencontrer       les ambassadeurs en poste dans les capitales européennes.               Certains ont accepté de donner des RV, mais la plupart ont refusé de       rencontrer les délégations qui souhaitaient les voir pour évoquer le cas       de Maître Abbou et se sont fait porter absents pour ne pas avoir à       justifier la détention en prison d’un défenseur de droits humains.               L’ambassadrice de Tunisie à la Haye, madame Hamida Labidi a trouvé le plus       « ingénieux » des arguments pour se dérober. Elle a commencé par reporter       le RV de semaine en semaine durant plus d’un mois ; la section d’AI       Hollande était revenue à la charge patiemment ; elle s’est alors fait       porter malade pendant trois semaines ; mais il fallait bien guérir un jour       ! La représentante d’AI, demandait toujours son RV avec beaucoup de       patience et non moins de persévérance.               Ne voyant plus d’issue à un autre report du RV promis, elle a fait dire       par sa secrétaire, que le cas de Mohamed Abbou est pris en charge par la       section tunisienne d’AI et qu’elle ne voyait pas pourquoi elle       rencontrerait la section hollandaise à ce sujet!              Pour ceux qui ignorent le fonctionnement d’AI, les sections nationales ne       prennent jamais en charge les cas qui ont lieu sur leur territoire. Madame       l’ambassadrice a omis de s’instruire sur ce volet de son mandat.              (Source : Kalima , le 19 avril 2007) Lien :  http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=529
Tunisia FDI jumps 72 pct in Q1 on       services rise
       
 Reuters, le 20 avril 2007 à 14h05 TUNIS, April 20 (Reuters) – Foreign direct       investment in Tunisia, which is eager to lure more foreign investors to       create jobs, rose to 280.3 million dinars ($217.62 million) in the first       quarter this year from 163 million dinars in the same period last year,       official data showed on Friday.              The increase of foreign investment flow was the highest in the services       business totalling 54.4 million dinars versus just 4.6 million dinars in       the previous year.              Analysts said the north African country struggles to attract more foreign       investment in services and new information technology to spur stronger       growth needed to reduce unemployment, officially at 13.9 percent.              Services account for 20 percent of Tunisia gross domestic product. The       rate is expected to rise to 35 percent in the next decade.              Foreign direct investment in the manufacturing sector inched up 3 percent       to 48.2 million dinars while energy industry drew 170 million dinars       versus 100 million dinars.              The government envisages foreign investment value to be 1.3 billion dinars       this year from 1.2 billion dinars in 2006, excluding privatisation income.              It hopes foreign investment will represent 26.1 percent of gross domestic       product by 2016 versus 22.7 percent this year.              The government says 2.803 foreign companies are present in Tunisia against       900 firms in the 1990s on the back of investor-friendly reforms which has       bolstered its attractivness as a low-cost business platform with a highly       qualified workforce on Europe’s doorstep. 
       Une pluie de cartes anniversaires pour Mohammed
       par François Montaufray
  
 « je suis       l’animateur du groupe ACAT/jeunes du Havre (action des chrétiens pour       l’abolition de la torture ). Nous agissons depuis bientôt 20 ans en faveur       de prisonniers partout dans le monde, et depuis janvier nous avons pris en       charge Mohammed Ben Mohammed.
  
 Voici son       histoire :
  
 le 3 avril       2004 il est arrêté illégalement, son domicile est fouillé. Torturé pendant       sa garde à vue au ministère de l’Intérieur à Tunis, contraint à signer un       procès verbal, et écroué en vertu de la loi antiterroriste du 10 décembre       2003.
  
 Il est détenu       à la prison du 9 avril à Tunis dans des conditions inhumaines avec des       droits communs : cellule de 40 lits pour 140 détenus et la violence entre       les détenus l’avaient conduit à une longue grève de la faim en mai 2005.
  
 Condamné en       première instance à 10 ans d’emprisonnement dans l’affaire dite de «        Bizerte », une des premières où s’appliquait la loi anti-terroriste.       Procès très suivi par les défenseurs des droits de l’homme nationaux et       internationaux ainsi que le journal « Libération ». Mohammed avait été       parrainé par l’ACAT pendant toute sa détention.
  
 Le 3 juillet       2005 il est acquitté en appel avec 5 autres.
  
 Il n’a jamais       pu réintégrer Tunisie Télécom ; il a commencé un projet de ruches et de       miel, mais la sûreté de l’Etat l’a harcelé : contrôles, questionnaires,       engagement à ne pas porter la barbe, retenue jusqu’à la nuit entière au       poste de police. Lors du dernier ramadan, il ne pouvait quitter son       domicile sans les avertir. Et sur son acquittement de 2005 : « ton père a       dû payer cher ta libération ! »
  
 Le 20 janvier       2007 la sûreté s’est présentée à son domicile en son absence et l’a       convoqué au district de Bizerte. Sa famille l’a cherché pendant deux       semaines avant de le retrouver à la prison d’El Mornaguia. Il a été       torturé pendant ces 15 jours au secret.
  
 Le 6 mars       2007, 19 détenus du quartier Karraka de Mornaguia dont Mohammed et 8       autres prisonniers politiques ont été violemment agressés par des gardiens       (coups de bâtons, de poings et de pieds) après qu’ils aient fait la prière       du matin collectivement.
  
 Le lundi 2       avril 2007, 38 détenus de Mornaguia dont Mohammed ont entamé une grève de       la faim pour exiger leur libération. En solidarité avec leurs enfants,       leurs familles les ont accompagnés dans cette grève qui a duré 3 jours.
  
 Ces faits nous       montrent combien la société tunisienne est gangrenée par l’arrestation et       la torture d’un nombre de plus en plus important de ses citoyens: souvent       des croyants convaincus, la sûreté de l’état faisant l’amalgame entre       terroristes islamistes et musulmans pratiquants !
  
 Il me semble       que le parcours de Mohammed, un parmi tant d’autres, est exemplaire de la       politique du gouvernement tunisien à l’encontre des opposants : procès,       harcèlement, incarcération…
 Dans quelques       jours le 28 avril, Mohammed aura 30ans !
  
 Avoir 30 ans       en prison dans ces conditions, c’est épouvantable. Aussi je propose de       participer à la démarche que nous lançons aujourd’hui :
  
       « Une pluie de cartes anniversaires pour Mohammed »
  
 Il suffit de       trouver une très belle carte postale, d’écrire quelques mots de sympathie       pour Mohammed, de l’affranchir à 0,60 euro, et de l’envoyer à :
 Mohammed Hajj       Ali Ben Saïd Ben Mohammed, n°3259
 Prison d’el       Mornaguia, 1110 Mornaguia, Gouvernorat de Mannouba, TUNISIE
 Geste       dérisoire mais pouvant montrer notre soutien à un détenu, et à travers lui       à tous les autres prisonniers politiques tunisiens.
  
  
 pour tout       renseignement :
  acat@montaufray.com  
 groupe       ACAT/jeunes
 34 rue Lord       Kitchener
 76600 Le Havre
  
  
       Il y a ceux qui voient le monde tel qu’il est et qui se demandent pourquoi       . Et il y a ceux qui imaginent un monde plus juste et qui disent : «       pourquoi pas ? »
        
        
       (Source :  www.reveiltunisien.org , le 19       avril 2007) 
  
 A       propos de Salim Sabbah
        
       Reveiltunisien a publié il y a quelques temps une série d’articles « Le       compte à rebours a commencé en Bosnie.. Des centaines d’hommes, de femmes       et d’enfants sont menacés »
        http://www.reveiltunisien.org/article.php3?id_article=2500
  
 Nous nous       sommes aperçus qu’un certain Salim Sabbah avait repris certains de       ces articles en y apposant sa signature après en avoir déformé le fonds et       la forme. Cette personne se revendiquant historien et universitaire s’est       livré à un plagiat honteux ne respectant les règles élémentaires de       l’honnêteté intellectuelle.
  
 RT accepte       la reprise de son contenu sans aucun soucis, sans besoin de nous contacter       et parfois même sans que la source ne soit citée.
  
 Pour       autant, nous n’acceptons la malhonnêteté et la récupération du travail de       personnes qui se sont investies sans compter pour faire paraître ces       informations.
  
 C’est       pourquoi nous avons demandé à  Salim sabbah de retirer ces articles       de son blog et pas uniquement d’en préciser la source. Celui-ci n’ayant       pas accédé à notre demande, nous sommes contraints de publier cette mise       au point.
  
 Nous       acceptons par avance ses excuses pour ce vol et cette falsification.
  
       Hasni
       pour reveiltunisien.org 
        
         Annonce d’une       émission TV:
  
 Le dimanche 22.04.2007
  
 08.30h..09.00h sur       « Phoenix »
  
  *Schätze der Welt*
   
 Erbe der       Menschheit: Heilige Stätten des Islams, zum Thema Glauben und Leben gibt       es Infos über Kairouan und Damaskus.
   
 
  
        Transport ferroviaire:
  Un projet pour desservir Médenine et Kairouan à l’étude !
  
 Les études       effectuées par les structures spécialisées montrent que la mobilité       terrestre des voyageurs va s’accroître à un rythme très soutenu durant les       années à venir. Parmi les options envisagées pour répondre à cette       évolution de la demande figure le développement du domaine ferroviaire à       travers le prolongement des grandes lignes plus loin vers le Sud et le       Centre-Ouest du pays.
  
 Les       multiples avantages que procure le transport ferroviaire de voyageurs, qui       se caractérise particulièrement par sa grande capacité d’embarquement, sa       très bonne performance en matière d’économie d’énergie et sa faible       nuisance écologique, font que le train figure au cœur des orientations       futures relatives au développement du secteur du transport des passagers       en Tunisie.
  
 Dans le       chapitre consacré au transport terrestre des voyageurs du rapport élaboré       par les services spécialisés du ministère de l’Environnement et du       développement durable qui expose les orientations de développement durable       en Tunisie à l’horizon 2020, on prévoit que la demande en matière de       transport terrestre en Tunisie s’apprête à connaître une évolution       soutenue au cours de la période à venir et qui s’étale jusqu’à 2020. Les       estimations faites à ce propos font état d’une croissance annuelle de près       de 5% du nombre de voyageurs par voie terrestre.
  
 Evalué       actuellement à environ 400 mille voyageurs par jours (v/j), tous modes de       transport confondus, ce nombre doit dépasser en 2020, d’après les       estimations, les 724 000 v/j.
  
 Constituant       un choix stratégique qu’il faut développer, le transport ferroviaire est       appelé à accroître ses capacités au cours de la même période. Le nombre de       voyageurs sur les réseaux ferroviaires devrait dépasser les 36 mille       passagers par jour contre 16 mille à l’heure actuelle.
  
 Pour ce       faire, les options futures exposées par le rapport et relative au       développement des capacités du réseau ferroviaire portent notamment sur       les lignes interurbaines, considérées d’ores et déjà assez rentables. Les       options envisagées portent sur les principales lignes de la Société       Nationale des Chemins de Fer (SNCFT), en l’occurrence celles reliant       successivement les villes Tunis-Sfax-Gabès et Tunis-Bèja-Ghardimaou.
  
 Pour la       première ligne (Tunis-Sfax-Gabès) le scénario actuellement à l’étude porte       sur un prolongement, et à long terme si possible, son électrification de       la voie unique pour qu’elle atteigne la ville de Médenine. A partir de la       récente remise en service de la liaison Sfax-Métlaoui, on étudie la       possibilité de prolonger cette ligne se prolonge pour desservir la ville       de Kairouan.
  
 Ces       scénarios, une fois concrétisés, permettraient de faire d’une pierre deux       coups : réduire la facture énergétique et réaliser une raccordement       optimal du territoire national au réseau du transport.
  
       (Source : « Le Quotidien », (journal quotidien – Tunis), le 20 avril 2007)      
    
  www.discoverislamicart.org
 
       Expositions virtuelles sur l’art islamiques en Méditerranée
  
 Les grandes       dynasties islamiques de la Méditerranée font l’objet de 18 expositions       virtuelles  »découvrir l’art islamique en Méditerranée », mettant l’accent       sur le passionnant héritage artistique et culturel de cette région.
  
 Ces       expositions ont été au centre d’une présentation tenue, mercredi, au siège       de la Bibliothèque nationale de Tunis, en présence de certains       coordinateurs de ce projet, à l’occasion de son inauguration simultanée       dans 13 autres pays méditerranéens.
  
 Ce projet est       coordonné par Musée sans frontières qui met en valeur quelques 244       monuments et 603 objets provenant de 40 musées et de 14 pays.
  
 L’adresse  »      www.discoverislamicart.org  »       permet une visite à travers 13 siècles d’histoire islamique, depuis les       califes omeyyades (661-750) jusqu’à la fin de l’empire ottoman en 1922.       Disponibles en 8 langues, les expositions virtuelles traitent aussi des       thèmes comme l’art figuratif, la calligraphie arabe, la place de la femme,       la décoration géométrique, l’eau, le pèlerinage ou la décoration florale       et végétale ainsi que des situations de contact entre l’histoire de       l’Europe et celle de la Méditerranée islamique.
  
 Intervenant       par le biais d’une visio-conférence, la commissaire européenne chargée des       relations extérieures et de la politique européenne de voisinage a       souligne que l’exposition rappelle que l’héritage culturel de l’islam       méditerranéen fait partie du paysage culturel européen et permet de       prendre la mesure du large éventail d’expressions artistiques dans les       différents pays du pourtour méditerranéen tout au long de leur histoire       commune. Cela reflète, a-t-elle ajouté, cet esprit de coopération entre       les peuples et les cultures, lequel esprit est encouragé par l’Union       européenne.
  
 De son côté,       la présidente du musée sans frontière a indiqué que le projet constitue un       apport significatif dans la vie d’un grand nombre de musées et       d’institutions culturelles à travers l’Europe et la Méditerranée.
  
 Présent à       cette séance de présentation, le conservateur du musée de Mertola au       Portugal, collaborateur au projet a mis en exergue l’importance de la       double perspective de cette  »expérience unique » qui permet un accès       libre aux objets et un développement permanent aussi bien économique que       culturel et touristique des régions du Nord et du Sud de la Méditerranée.
  
 Ces       expositions sont accompagnées d’un ouvrage richement illustré de 272 pages       intitulé  »Découvrir l’art islamique en Méditerranée » qui a été présenté       par la même occasion.
  
 Il s’agit de       22 chapitres rédigés par 39 auteurs de 14 pays et proposent une lecture       complémentaire des thématiques des expositions en les intégrant dans un       contexte historique plus vaste. De l’Espagne à la Syrie et de la Turquie à       la Tunisie, les arts de l’islam méditerranéen témoignent d’une diversité       et d’une créativité exceptionnelles.
  
 L’art       islamique ouvre la voie vers une meilleure compréhension de l’histoire de       la méditerranée du point de vue islamique tout comme occidental. Chacune       des oeuvres présentées offre une preuve tangible des liens culturels qui       ont longtemps uni les pays de la région euro-méditerranéenne.
  
 Ce projet est       financé par le programme Euromed Heritage de la Commission européenne. Son       élaboration a nécessité une dizaine d’année avec la contribution de plus       de 300 collaborateurs parmi les experts et les institutions culturelles.
  
       (Source : « www.infotunisie.com », (Officiel), le 18 avril 2007)
        
 
 Le Maghreb inquiet de l’issue de la « bataille d’Al-Qaïda en Irak »       (analystes)
 AFP, le 20 avril 2007 à 08h37
 Par Mona SALEM              CASABLANCA (Maroc), 20 avr 2007 (AFP) – Une éventuelle victoire d’Al-Qaïda       en Irak aurait de graves répercussions au Maghreb et montrerait la voie       aux groupes jihadistes qui lui sont dévoués dans la région, estiment des       analystes marocains.              Après les attaques en mars et avril à Casablanca (Maroc) et à Alger, les       services de sécurité maghrébins poursuivent leurs efforts pour arrêter les       membres des groupes jihadistes. Des responsables, comme le ministre       marocain de la Communication Nabil Benabdellah, affirment que la lutte       contre le terrorisme est d’abord « idéologique et culturelle ».              Plusieurs analystes se montrent inquiets de la situation à l’extrémité       orientale du monde arabe. « L’Irak est devenu une université du martyr »,       estime Mohamed Tozy, professeur de sciences politiques à l’université       Aïn-Chok de Casablanca, reprenant l’expression du chef d’Al-Qaïda en Irak,       Abou Omar Baghdadi.              « Nous annonçons la sortie, pour la première fois dans l’histoire de l’Irak,       du premier groupe de lauréats d’officiers du jihad qui sont d’un haut       niveau international », avait déclaré Baghdadi, chef de « l’Etat islamique       d’Irak » dans un enregistrement diffusé mardi sur l’internet.              « Si l’Afghanistan était une école qui a produit les combattants d’Al-Qaïda,       c’est en Irak que se trouve l’université », avait-il ajouté.              « L’Irak est devenu un terrain d’expérimentation en taille et temps réels       et l’Irak sert désormais de modèle » pour les jihadistes, a ajouté M. Tozy,       qui note que « se balader en permanence avec une ceinture d’explosifs est       un mode opérationnel signé Zarqaoui ». Abou Moussab Zarqaoui, chef       d’Al-Qaïda en Irak, a multiplié les opérations kamikazes jusqu’à sa mort       dans un bombardement américain en juin 2006.              « La plupart des jihadistes salafistes accordent maintenant la priorité à       l’Irak. S’ils gagnent, ils élargiront leur champ de bataille au Maghreb et       s’ils échouent, le salafisme jihadiste devrait normalement reculer »,       estime-t-il.              Ce point de vue est partagé par Mohamed Darif, professeur de sciences       politiques à l’université de Mohammedia, qui estime que « ce qui se passe       au Maghreb ne peut être isolé de ce qui se déroule dans d’autres pays ».              « A partir de 2004 et de la structuration d’Al-Qaïda en Irak par Zarqaoui,       cette organisation a revu sa stratégie. Elle a décidé qu’au lieu de       disperser ses efforts dans la lutte contre plusieurs régimes arabes, elle       doit les concentrer sur l’Irak », estime M. Darif.              « Pour Al-Qaïda, instaurer l’Etat islamique dans le monde arabe commence       d’abord par un Etat islamique en Irak », ajoute M. Darif. Entre 2004 et       2006, les organisations liées à Al-Qaïda au Maghreb se sont focalisées sur       le recrutement de combattants pour l’Irak, affirme-t-il.              Les autorités marocaines ont démantelé durant les trois dernières années       16 cellules qui cherchaient à envoyer des combattants en Irak, la dernière       étant celle de Tétouan (nord) démantelée au début de 2007.              « Le Maroc demeure encore pour Al-Qaïda une base arrière de soutien       logistique à l’Irak », affirme ce spécialiste. Les dernières explosions à       Casablanca constituent « une réaction au démantèlement de cellules après       une coopération avec l’Algérie, la Mauritanie et des pays européens »,       ajoute M. Darif.              « C’est aussi un message aux autoriés marocaines disant: +vos informations       sont lacunaires puisque les jeunes qui se sont fait exploser le 14 avril       près du consulat général des Etats-Unis ne figuraient sur aucune liste de       recherchés+ », a-t-il dit.              AFP
Quand Al Qaïda vise le Maghreb
       
 Par Taïeb Zahar              C’est le 11 avril qu’Al Qaïda a frappé en plein cœur d’Alger, à l’entrée       du Palais du Gouvernement et dans un poste de police prés de l’aéroport       Houari Boumediene. Al Qaïda semble avoir une prédilection pour le chiffre       11. Le 11 septembre à New York et le 11 mars à Madrid… Les attentats       d’Alger ont eu lieu dans un contexte marqué sur le plan intérieur par la       poursuite d’actions militaires d’envergure à l’Est du pays contre des       groupes terroristes et sur le plan maghrébin par la recrudescence des       tentatives d’attentats heureusement déjoués à temps par la police       marocaine à Casablanca et les suicides de kamikazes.              Les attentats d’Alger sont venus illustrer une triste réalité : les       terroristes, même s’ils sont fortement diminués, gardent une capacité de       nuisance et peuvent frapper au moment qu’ils choisissent . Pour les       Algériens, l’inquiétude est réelle et légitime : celle de voir ressurgir       les actions criminelles qui ont endeuillé le pays pendant près d’une       décennie. Ces attentats sont porteurs de quelques enseignements qu’il       convient de souligner. Le terrorisme est certes résiduel, mais il peut       encore réagir et certains observateurs mettent ces actes sur le compte des       défaites que subissent les groupes d’Al Qaïda en Algérie sous l’effet des       opérations menées par les forces de l’ordre dans les régions où ils sont       implantés ; ce serait une réaction de désespoir pour rappeler que les       terroristes ne sont pas sur le point d’abandonner leur projet.              Cependant les objectifs de tels attentats sont médiatiques et également       politiques ; il s’agit de montrer que la politique d’apaisement du       Président Bouteflika n’a pas atteint ses buts, que le pays n’est pas sûr ;       ce message s’adresse aux Algériens à la veille des élections législatives       du mois de mai prochain et aux investisseurs étrangers attirés par les       potentialités énormes de l’Algérie, qui a amorcé un certain décollage       économique porteur de grands espoirs de voir ce pays amorcer son       développement économique et social. Déjà, en Algérie, on commence à mettre       en doute l’efficacité de la politique de réconciliation prônée par le       Président Bouteflika ; certains vont même jusqu’à avancer que de nombreux       islamistes amnistiés dans le cadre de cette initiative ont rejoint les       groupes terroristes. On doit cependant relativiser les choses car la       situation de l’Algérie aujourd’hui n’est pas comparable à celle qui       prévalait dans les années 90. Depuis, le mouvement islamiste a été       profondément affaibli et l’on peut dire que la majorité des Algériens lui       ont tourné le dos.               D’autre part, à l’époque de la montée en force des islamistes, le pays       était confronté à une grave crise économique et sociale due à l’héritage       de décennies de blocages économiques et à la baisse des prix du pétrole –       qui constitue la principale ressource de l’Algérie -. Aujourd’hui, le pays       dispose de plus de 70 milliards de dollars de réserves, la confiance est       revenue, les investisseurs étrangers arrivent et s’implantent dans un pays       auquel ils accordent un intérêt évident et les signes de la croissance       sont bien réels. C’est un nouveau climat que les terroristes d’Al Qaïda       veulent torpiller car ils savent que c’est la crise économique et les       problèmes sociaux qui sont le meilleur terreau pour leur action. La menace       est sérieuse, non point que le terrorisme puisse déstabiliser le régime       mais il peut annuler les effets positifs de la situation politique et de       la conjoncture économique et engager le pays dans des combats marginaux       dont il n’a nullement besoin.              L’attentat d’Alger – fortement médiatisé en raison du nombre de ses       victimes et de son caractère spectaculaire – survient quelques semaines       après les évènements de la fin de l’année dans la banlieue de Tunis et au       moment où le Maroc fait face à des menées terroristes ; il porte une       signification importante qui doit être soulignée et dont on doit tirer les       conclusions qui s’imposent : la menace est devenue maghrébine et ce n’est       pas un hasard si le G.S.P.C a choisi de se dénommer Organisation d’Al       Qaïda pour le Maghreb islamique. Dorénavant, le champ d’action de ces       groupes est le Maghreb et subsidiairement les pays limitrophes de       l’Afrique du Sud du Sahara. Cette dimension maghrébine du terrorisme       explique l’intérêt manifesté par des pays comme la France ou Espagne, qui       craignent des attentats sur leur propre territoire et surtout les       Etats-Unis qui veulent conduire la lutte contre le terrorisme dans le       monde et tiennent à renforcer leur présence dans la région, surtout qu’ils       envisagent une coopération plus étroite notamment avec l’Algérie sur les       plans économique et également sécuritaire.              Tous les pays du Maghreb sont visés par le terrorisme à des degrés divers,       certes, mais aucun d’entre eux n’échappe aux projets des islamistes d’Al       Qaïda. Les situations dans les trois pays sont différentes et les raisons       de l’émergence du phénomène islamiste le sont également. La situation en       Tunisie présente des risques inférieurs à ce qui pourrait se passer en       Algérie et au Maroc, même s’il y a une vraie inquiétude de l’opinion       publique pour des raisons qui tiennent à la fois de l’histoire, du modèle       de développement et des progrès réalisés en matière de développement       social et humain : scolarisation, promotion de classes moyennes ouvertes       au progrès et à la tolérance, acquis sociaux qui ont réduit la fracture       sociale.               En quelque sorte, la manière dont la Tunisie a géré le problème islamiste       depuis le Changement du 7 Novembre a réduit les risques d’expansion de       l’islamisme radical et de sa composante terroriste ; mais tout cela ne       signifie nullement que notre pays est à l’abri d’attentats terroristes       dont le propre est de frapper là où l’on s’y attend le moins et aussi       parce que le terrorisme, avec ses ramifications et ses réseaux, dépasse       les frontières et peut être importé.              Face à ce terrorisme qui se place au niveau maghrébin, les pays de la       région doivent dépasser leurs différends et adopter une riposte commune       contre ces organisations qui menacent leurs acquis, leur stabilité et leur       avenir. L’objectif prioritaire est de neutraliser ces groupes et de       prévenir leurs actions ; pour cela et dans l’immédiat, les pays maghrébins       doivent intensifier la coordination de leurs services de sécurité car dans       ce genre de situations l’information est essentielle.               Cependant le côté sécuritaire doit s’accompagner d’une stratégie en       profondeur qui vise les racines du phénomène terroriste et elle ne peut       avoir d’effet notable que dans le cadre de l’Union du Maghreb arabe qui       doit être réactivée au plus tôt et le problème du Sahara occidental       impérativement résolu; c’est là un objectif qui ne saurait attendre       davantage.               Le Maghreb est la meilleure antidote contre le terrorisme et ses causes.       Pour au moins deux raisons. La première est qu’il constitue pour nos       jeunesses un idéal pour lequel on doit militer, surtout que ces jeunesses       sont en manque d’idéal et se laissent ainsi tenter par les aventures les       plus extrêmes. La deuxième est que le “Non Maghreb” coûte cher en matière       de points de croissance pour nos pays et retarde ainsi leur développement       économique et social ; ces points perdus sont autant de points marqués par       l’extrémisme qui se nourrit du sous-développement, des écarts sociaux et       de l’absence de perspectives d’avenir.              (Source : « Réalités » (Magazine       hebdomadaire – Tunis), N° 1112 du 19 avril 2007)
“Bourguiba, les Beys et la       République”
       
 Par Talha Husseini              Suite à la publication de notre article sur ‘‘Bourguiba, les Beys et la       République’’ de Béchir Turki, nous avons reçu de M. Talha Husseïni les       précisions suivantes :              Je suis un fidèle lecteur de Réalités et, étant le fils aîné de feu       Slaheddine Bey, cadet des fils de Sidi Mohamed Lamine Bey, 19ème et       dernier roi de Tunis, j’ai lu avec un intérêt mitigé l’article de M.       Béchir Turki paru dans le N°1102 de Réalités.              Si certaines données historiques sont racontées avec précision pour la       mémoire collective afin que l’histoire ne s’oublie pas, il reste des       périodes vécues par la famille, qui sont mal ou moyennement racontées, par       manque d’éléments en possession de l’auteur.              Mon père a en effet été incarcéré dans la prison civile d’une manière       arbitraire (et sans être jugé) pendant deux longues années qui ont été       pénibles pour lui et pour nous, car feu Habib Bourguiba nous avait       littéralement jetés dehors du palais de Carthage sans ressources aucune,       avec juste nos habits.              J’avais 13 ans et nous avions survécu à la tragédie grâce notamment à       l’aide de Mme Dalila Rochdi (qui n’était pas danseuse active de son état)       et grâce aussi à certains amis juifs tunisiens, dont le docteur Lelouch,       et à feue Lella Zakia, épouse de feu le docteur Hamadi Ben Salem.              Nous (mes deux sœurs et mon frère cadet) étions jeunes et je me souviens       encore que nous n’avions pour dormir que des lits de camp et aucun moyen       de subsistance. Un changement de statut des plus difficiles à gérer.              Bref, mon intervention se situe beaucoup plus sur le poste occupé par feu       mon père à sa sortie de la prison civile, exactement le 20 mars 1959.              Mon père n’a jamais été employé de café (comme M. Turki le dit), mais       exerça de 1960 à 1984, en qualité d’ingénieur avicole à l’Office de Mise       en Valeur de la Medjerda. Mon père avait deux grandes passions, le       football (il a fondé le fameux Club sportif d’Hammam-Lif) et l’aviculture.       J’ajouterai aussi les voitures de sport. Il a réalisé en 1960, le premier       et plus grand centre avicole d’Afrique du Nord. Ses connaissances dans ce       domaine étaient sans compromis et il les doit à son amour pour       l’aviculture dès son jeune âge et quand il était Prince régnant. Je       rappelle aussi que les visiteurs officiels durant le règne de Bourguiba       rendaient obligatoirement visite à ce centre devenu réputé, tant par sa       production au niveau national que par sa tenue.              D’ailleurs feu Habib Bourguiba en avait fait l’éloge dans un de ses fameux       discours aux Palmarium.              A son départ à la retraite en 1985, mon père acheta un fonds de commerce à       la rue de Madrid et il ouvrit une petite cafétéria-pâtisserie. C’est cette       période que cite M. Turki dans son reportage qui est erroné.              Je vous prie donc de faire paraître cette mise au point qui me permet de       rectifier ce passage de la vie de mon père, et vous en remercie.              (Source : « Réalités » (Magazine       hebdomadaire – Tunis), N° 1112 du 19 avril 2007)
La Banque mondiale en passe de       réhabiliter le rôle de l’Etat
       
 Matthieu Auzanneau              La Banque mondiale change d’ère. Son prochain Rapport mondial annuel sur       le développement, qui doit être rendu public en septembre, encourage les       gouvernements des pays pauvres à encadrer et à soutenir leurs paysanneries,       prenant à contre-pied la doctrine néo-libérale « d’ajustement structurel »       défendue par le bailleur de fonds international depuis une génération.       Pour la première fois depuis 1982, ce rapport, qui oriente la stratégie de       la Banque mondiale, se concentre sur l’agriculture. Délaissée par les       politiques de lutte contre la pauvreté, l’aide au secteur agricole       redevient un enjeu majeur.              La version provisoire du World development report 2008 dont Le Monde.fr a       eu connaissance débute par un constat : « Il est frappant de voir que les       trois quarts des pauvres des pays en développement sont des ruraux : 2,1       milliards d’individus vivent en dessous du seuil de pauvreté de 2 dollars       par jour, soit un tiers de l’humanité (…). Bien que l’agriculture ne       soit pas le seul instrument capable de les sortir de la pauvreté, c’est       une source hautement efficace de croissance pour y parvenir. »              « LES BAILLEURS ONT TOURNÉ LE DOS À L’AGRICULTURE »                    Suit un diagnostic qui sonne comme l’aveu d’un fourvoiement : « Malgré cela,       la puissance de l’agriculture pour le développement a trop souvent été       sous-utilisée. Avec la domination de l’industrialisation dans le débat       politique, le développement par l’agriculture n’a souvent même pas été       considéré comme une option. Les pays en développement connaissent très       fréquemment un sous-investissement et un mal-investissement dans       l’agriculture, de même que des travers politiques qui jouent à l’encontre       de l’agriculture et des populations rurales pauvres. Et les bailleurs ont       tourné le dos à l’agriculture. Cet abandon de l’agriculture a eu des coûts       élevés pour la croissance, le bien-être et l’environnement. »              Le rapport, en cours de validation par les Etats membres de la Banque, est       examiné par le ministère des affaires étrangères français depuis le début       du mois d’avril. Même si son contenu peut encore évoluer (et être édulcoré),       « la Banque mondiale est déterminée à entériner cette évolution historique       de son discours », atteste un haut responsable du bailleur de fonds       international à Washington.               Le Français Michel Griffon, responsable de l’agriculture et du       développement durable au sein de l’Agence nationale de la recherche, se       réjouit d’un tel revirement, « qui devrait orienter l’action de la Banque       mondiale pour vingt ans ». « C’est le document que nous attendions de la       Banque mondiale depuis plus de vingt ans, depuis que les politiques       d’ajustement structurel ont balayé les politiques publiques agricoles       antérieures sans les remplacer », applaudit-il.               FIN DU « CONSENSUS DE WASHINGTON »              Constatant que la part de l’agriculture dans les dépenses publiques a       reculé entre 1980 et 2004, que ce soit en Afrique (de 6,4 % à 5 %), en       Amérique Latine (de 14,8 à 7,4 %) ou en Asie (de 8 à 2,7 %), le texte de       la Banque mondiale insiste sur la nécessité de relancer ces aides. « La       croissance agricole, bien que conduite par le secteur privé et le marché,       est très dépendante du soutien du secteur public. C’est pourtant dans les       pays où l’agriculture est la plus vitale que les Etats tendent à être les       plus faibles. (…) La mise en place de politiques de développement       agricole réclame de solides stratégies nationales et une administration       publique œuvrant en faveur d’une distribution et d’une responsabilité       financière efficaces (…). »                     Vincent Ribier, du Centre de coopération internationale en recherche       agronomique pour le développement, a participé à une réunion d’experts sur       le rapport au Quai d’Orsay le 6 avril dernier. Impressionné par ce       changement de ton, il affirme : « Les politiques néo-libérales d’ajustement       structurel défendues par la Banque mondiale et le Fonds monétaire       international ont eu un impact très direct et très négatif sur le monde       rural dans les pays pauvres. »              Selon cet économiste, la Banque mondiale s’apprête à sceller pour la       première fois dans un rapport international majeur « la fin du consensus de       Washington », qui résume depuis 1989 la stratégie des experts de la Banque       mondiale, du Fonds monétaire international et du département du Trésor       américain : privatisation, déréglementation, impôts faibles,       libéralisation des échanges. L’un des auteurs principaux du rapport       confirme : « On s’est clairement placés au-delà du consensus de Washington,       parce que la pauvreté n’a pas reculé, et que maintenant il y a l’urgence       environnementale. »                     A l’heure où selon les Nations unies, l’exode rural n’a jamais été aussi       rapide dans l’histoire, la nouvelle ligne adoptée par le rapport de la       Banque mondiale trouve son origine dans le constat de nouveaux périls. « L’accélération       du changement climatique, l’imminence d’une crise de l’eau, la lente       adoption des nouvelles biotechnologies, et le bourgeonnement de la demande       de biocarburants et d’aliments pour le bétail créent de nouvelles       incertitudes sur les conditions dans lesquelles la nourriture sera       disponible dans l’économie mondiale », prévient la Banque mondiale.               (Source : « LeMonde.fr » (Site du Quotidien       – France), le 20 avril 2007)
Présidentielles en Turquie: le port       du voile, casse-tête chronique, revient d’actualité
 AFP, le 20 avril 2007 à 08h34
 Par Burak AKINCI                      ANKARA, 20 avr 2007 (AFP) – La Turquie laïque bannit le foulard  dans       les administrations et sur les campus, mais l’éventualité que  la       prochaine Première dame du pays porte ce symbole de l’islam  politique       creuse davantage le fossé entre laïcs et religieux.
             Emine Erdogan, l’épouse du Premier ministre Recep Tayyip  Erdogan, porte       le voile depuis sa jeunesse comme la plupart des  épouses des cadres du       parti de la Justice et du Développement (AKP),  qui a ses racines dans la       mouvance islamiste mais qui refuse ce  label.       L’élection présidentielle (prévue en mai) pourrait bien voir la  victoire       de M. Erdogan, qui entretien le mystère sur ses prétendues  ambitions.  Le       voile, un marqueur identitaire fort chez les électeurs de        base de l’AKP, irrite les laïcs et cristallise passions et        polémiques.       Le débat est engagé sur la question: est-ce qu’un homme dont  l’épouse       porte le voile islamique peut prétendre au plus haut poste administratif       d’un Etat laïque?       M. Erdogan, depuis l’accession au pouvoir de son parti en 2002, n’a pas       caché son souhait d’assouplir la loi sur le voile, sans cependant y       arriver à cause de l’opposition de l’establishment laïque, dont l’armée,       qui voit dans le foulard un signe ostensible de l’ingérance de la religion       dans la politique.
             Emine Erdogan est perçue comme un symbole de ce militantisme qui       menacerait la République : une Première dame voilée est tout simplement       inconcevable aux yeux des cercles laïcs.Ses deux filles ont été envoyées       poursuivre leur études aux Etats-Unis afin qu’elles puissent rester       voilées.       La presse laïque publie régulièrement des photos de Mme Erdogan et de la       reine Rania de Jordanie ou de la Première dame de Syrie Asma al-Assad,       toutes les deux non-voilées, pour marquer le paradoxe        entre la Turquie laïque et ces pays arabes.Ni Emine Erdogan, ni les autres       femmes voilées des cadres AKP n’ont jamais été invitées au palais       présidentiel par le chef d’Etat sortant Ahmet Necdet Sezer, un laïc       convaincu qui estime que le palais doit être fermé au foulard.       Le chef de l’Etat est également le commandant en chef des forces armées       turques.           Alors comment concevoir un commandant suprême à la femme voilée alors       que le foulard islamique est strictement interdit pour les épouses des       officiers de l’armée, qui se considère la gardienne des        principes séculiers?           Le chef-d’état major, le général Yasar Büyükanit, a esquivé une       question à ce sujet lors d’une récente conférence de presse tout en       affirmant vouloir un président attaché à la laïcité.       Emine Erdogan, si son mari est élu à la magistrature suprême, ne sera       cependant pas la première à porter le foulard au palais présidentiel de       Cankaya.
             En effet, Latife Ussaki, l’ephémère épouse du fondateur de la Turquie       moderne, Mustafa Kemal Atatürk, se couvrait la tête aux débuts de la       république fondée en 1923.       Mais elle s’est dévoilée avec les réformes laïques, y compris       vestimentaires, qui découragaient les femmes de porter le voile et       interdisaient aux hommes le port du fez et du turban.Toutefois,       contrairement aux idées reçues, selon un rapport publié en 2006, le port       du voile est en recul chez les Turques. Sur 1.500 personnes interrogées,       36% affirment sortir dans la rue sans voile. Elles n’étaient que 27,3% en       1999.
             Une certaine « bourgeoisie islamiste » est née ces dernières années dans les       grandes villes turques.Des défilés de mode aux couleurs islamistes,       inconcevables il y une dizaine d’années, sont devenues des événements       banals dans les métropoles.       Dans son livre intitulée « Musulmanes et modernes: Voile et civilisation en       Turquie », la sociologue turque Nilüfer Göle note que derrière le voile       apparaît un nouveau profil de femme musulmane: éduquée, urbanisée et       revendicative.  
  AFP