19 octobre 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2341 du 19.10.2006

 archives : www.tunisnews.net


Dr Moncef Marzouki: La manifestation permanente ISNA condemns tunisian hijab ban as a human rights violation El Maoukef: Derrière les barreaux – Ridha Saïdi Dr Moncef Marzouki: La manifestation permanente Mokhtar Yahyaoui: Que Dieu les abat Cafe Babel: Sihem Bensedrine, opposante farouche Biju: A propos du retour du professeur MARZOUKI en Tunisie

Hichem Ben Yaïche: Le désastre Bush

 

 

 

 Dr Moncef Marzouki moncefmarzouki@yahoo.fr www.moncefmarzouki.net tel : 33 6 88 18 32 46  

 

Paris le 18-10-2006

 

Communiqué

 

Le Samedi 14 octobre, je suis intervenu sur la chaîne Al Jazeera pour parler de la situation de total blocage dans lequel vit la Tunisie depuis des années sous la coupe implacable d’un régime policier de plus en plus fermé. J’ai soutenu que la seule riposte d’une population lassée de la répression et de la corruption est de rentrer dans une résistance civile en utilisant tous les moyens pacifiques pour imposer ses droits et libertés.

 

J’ai annoncé aussi que je rentrerai au pays le 21 de ce mois pour être  avec les Tunisiens dans leur combat pour la démocratie.

 

Hier les  autorités tunisiennes ont fait parvenir à mon domicile( vide) à Sousse, et à mon frère une convocation devant le juge d’instruction …pour le 21 octobre justement et sous les chefs d’accusation le plus grotesque qui soit : L’incitation à la violence.

 

Il est clair que cette convocation (la nième) vise à me punir pour mes prises de position  et surtout à m’intimider afin de ne pas rentrer au pays.

 

Après réflexion et consultation avec mes amis, j’ai décidé de rentrer au pays le 21 octobre comme décidé, d’assumer toutes les risques, de persister dans mon appel aux Tunisiens de refuser la soumission à un  régime qui les a dépossédés de leurs libertés et droits les plus fondamentaux.

 

Dr Moncef Marzouki

Président du Congrès pour la république ( parti interdit)

 


ISNA CONDEMNS TUNISIAN HIJAB BAN AS A HUMAN RIGHTS VIOLATION

10-17-06 14:51

ISNA Plainfield, IN 10/17/2006 – The Islamic Society of North America (ISNA), the largest Muslim umbrella organization in the US and Canada, is deeply alarmed about the recent persecution of Muslim women who wear the Islamic headscarf (hijab) in Tunisia. Human rights groups reported that school girls with the headscarf are being harassed to remove the head cover in schools and universities. ISNA is greatly concerned about the rising harassment cases against students who wear scarves in these academic institutions. This ban against headscarves is not only a violation of religious freedom, but it is a clear violation against the personal freedom of women to choose freely what to wear. ISNA strongly rejects the rationale of Tunisian authorities who fear that the appeal to freedom of choice is a mere pretext used by Islamists. Covering the head and body has been practiced by Muslim women for over a thousand of years, and continue to be the personal choice of millions of Muslim women the world over. We urge the Tunisian government to be sensitive and cognizant about the rights of Muslim women in practicing their personal freedom to wear what Islam views as an obligatory code of dress. It is a contradiction of principles, practices, and standards of the government of Tunisia to defend its stance on claims of protecting women�s rights while female students� are being discriminated against, particularly in the academic institutions, for donning the headscarf. It is not acceptable for students who observe hijab to be compelled to give up their rights in obtaining an education for simply choosing to adhere to religious practices that in no way interferes and/or imposes a certain ideology on others around them. Proper legislations must be represented in educational institutions and public buildings to ensure that all women�s rights, without exceptions, are being implemented. The ban on hijab clearly violates Tunisian women�s rights and inhibits women from being an equal participant in the Tunisian society. ISNA urges the Tunisian government to immediately revoke their stance on women�s right to the freedom in choosing what to wear and recognize that equal rights must be extended to all members of a the Tunisian society. -END- Contact: Dr. Louay Safi, Executive Director, ISNA Leadership Development Center: 317 � 839-8157 ext: 301 e-mail: louay@isna.net
 


 Derrière les barreaux – Ridha Saïdi  
Le prisonnier politique Ridha Saïdi a été arrêté le 11 septembre 1991. Pendant 24 jours, il a été soumis à la torture qui lui a laissé des séquelles psychiques et physiques (colonne vertébrale, genou, cheville). Il a été condamné par le tribunal militaire de Bouchoucha en juillet 1991 à l’emprisonnement à perpétuité, peine commuée en 2006 à 25 ans. Saïdi est né le 24 novembre 1962 à Menzel Bourguiba. Avant son arrestation, il était ingénieur à la STEG, chargé des transformateurs et des réseaux d’acheminement de l’électricité dans les gouvernorats du Nord Ouest. Il fut un militant estudiantin et un membre fondateur de l’UGTE ainsi que membre du bureau politique du mouvement En Nahdha. Sa famille raconte qu’il a fait de nombreuses grèves de la faim à cause de ses mauvaises conditions d’incarcération, dans un pavillon d’isolement, dans les prison de Tunis, de Mehdia et de Borj El Amri (cellules exiguës, absence d’aération naturelle, surveillance incessante). La dernière de ces grèves remonte au 28 juin dernier. Il s’agissait de protester contre la coupure d’eau continue jusqu’à 20 heures à la prison de Borj El Amri, ce qui a valu à cette dernière d’être appelée par les prisonniers politiques « la prison de la soif et de la torture ». Il a mené d’autres grèves, pour l’amnistie générale et le droit de s’inscrire en troisième cycle à l’Université tunisienne, et le droit aux livres personnels en prison. Ces grèves ont été la cause de nombreuses maladies et d’un amaigrissement qui menace sa vie. (Source : El Maoukef du 13 octobre 2006) (Traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


SU

 

** Le mouvement tunisien du 18 octobre  qui a défrayé la chronique au temps  de sa naissance il y a un an et qui a été  initié par  des personnalités représentatives des forces démocratiques lesquelles ont décidé d’intégrer dans leur  mouvement des figures de la mouvance islamiste tunisien Nahdha, pour revendiquer, ensemble, le rétablissement des libertés fondamentales dans le pays, semble être traversé par  un sérieux débat interne sur un certain nombre de considérations. Ainsi le slogan choisi par les fondateurs du mouvement à l’occasion de la célébration par la Tunisie, le 20 mars dernier, du cinquantenaire de son indépendance, « Cinquante ans de dictature, ça suffit ! » ne semble pas avoir été du goût de  tout le monde. Ahmed Nejib Chabbi, Hamma Hammami et Khemaies Chammari dont   on connaît l’antibourguibisme viscéral sont farouchement pour l’amalgame entre la dictature de Bourguiba et celle de Ben Ali. Mustapha Ben Jaafar, entre autres militants, pense au contraire que ce slogan n’est ni politiquement vrai ni stratégiquement  payant…

 

** Cela se confirme sans conteste. En ne signant pas à nouveau le dernier communiqué du mouvement islamiste tunisien « nahdha » (au sujet de la controverse sur le voile)  de sa qualité de président de ce mouvement, Rached Ghanouchi signe implicitement la défiance dont il est actuellement  le sujet de la part d’une partie des troupes nahdhaouis et de leurs cadres dirigeants.

« Le Maghrébin » a appris  qu’un « souhait ferme et explicite »  lui  aurait été exprimé pour qu’il n’exhibe plus son attribut présidentiel  jusqu’à la tenue des prochaines assises du mouvement. Il n’est pas exclu cependant que  rien que pour infirmer ces informations, il ne lui soit autorisé de retrouver d’ici la sa signature présidentielle. 

 

** Les  chefs d’entreprise et les commerçants tunisiens ne cachent plus leur extrême exaspération contre les nuisances devenus gravissimes du commerce parallèle. Dans les couloirs de leurs conclaves à l’UTICA (organisation patronale tunisienne) les accusations nominatives de la belle famille du chef de l’Etat cessent désormais du domaine du non dit. Hedi Jilani, le Président de l’Utica, toujours en coulisses, s’astreint à un silence gêné quand ces accusations viennent   jusqu’à ses oreilles : lui même étant un baron de la belle famille du chef de l’Etat. Pour toute réponse il finit par lâcher : organisons un débat national sur cette affaire…Si l’on comprend bien le commerce parallèle disparaitra et ses protecteurs aussi après le débat national… Tiens !

 

(Source : « Le Maghrébin », édition du 16 octobre 2006)

Lien: http://www.hebdo.amd-maghreb.org/index.php?option=com_content&task=view&id=101&Itemid=66


 

En Tunisie, tout peut être signe de subversion : un voile, un brassard, un silence…

La manifestation permanente

Par Moncef MARZOUKI (*)

 

Le dictateur tunisien est monté en personne au créneau en fustigeant le 11 octobre l’extension du port du voile dans le pays. La chasse aux voilées s’est renforcée sur les lieux de travail, à l’université, voire dans la rue. Ne reculant devant aucun risque, le dictateur s’en prend même aux poupées, qui, elles aussi, se sont mises à l’air du temps. Le phénomène contredit sa prétention à avoir éradiqué l’islamisme et à en avoir tari les sources. Il ridiculise tout son discours sur la libération de la femme. Il suscite surtout de justes craintes chez cet homme obnubilé par la subversion. Alors que beaucoup glosent sur le retour de l’irrationnel, la montée de l’obscurantisme, la nouvelle aliénation des femmes, lui a parfaitement compris de quoi il s’agit. Le port du voile, de plus en plus généralisé, est une manifestation politique, d’autant plus subversive qu’elle est féminine, pacifique, diffuse et surtout permanente.

 

Pis, les manifestants, les femmes avec leur voile et les hommes avec leur barbe, ne bravent pas seulement l’interdiction faite à tous les Tunisiens de manifester. Ils exercent souverainement et impunément le droit d’association tout aussi banni, faisant fonctionner au grand jour le plus grand parti informel du pays. Dans ce pays aux mille censures, les manifestants pratiquent aussi avec la même tranquille absence de vergogne le droit à l’_expression la plus contestatrice. Barbes et voiles disent à chaque instant : nous affichons haut et fort notre rejet de vos prétendues valeurs, de votre corruption, de votre terrorisme d’Etat et de votre droit à nous gouverner. On comprend la peur et l’irritation du dictateur, et ce d’autant plus qu’il n’a pas que cette forme de fronde à régler.

 

La résistance laïque et démocratique, moins spectaculaire, lui donne également du fil à retordre, surtout sur le plan international. Elle a dévoilé au monde un régime qui voulait le beurre et l’argent du beurre en prétendant imposer une dictature corrompue et brutale au pays du Jasmin et se faire passer pour une démocratie au slogan «Plus droits de l’homme que moi, tu meurs» .

 

On peut même considérer le «je-m’en-foutisme» si répandu en Tunisie comme une forme de résistance, hélas plus grave pour le pays que pour le régime. Ici, ce ne sont pas voiles, barbes ou écrits dénonciateurs qu’on oppose au régime, mais plutôt son apathie, si ce n’est son sabotage. Le résistant «je-m’en-foutiste» semble dire : vous me prenez pour un imbécile, vous me volez, vous m’intimidez, alors je vous oppose mon silence, mon mépris et mon refus d’adhérer à votre cirque.

Il est clair aujourd’hui que des trois formes de résistance, c’est la manifestation permanente qui inquiète le plus le dictateur. Aussi ai-je conseillé sur Al-Jezira que, nous autres laïcs, nous nous y joignions, non seulement en Tunisie, mais dans tous les pays arabes logés à la même enseigne, par exemple en portant un brassard noir autour du bras droit.

 

De la manifestation permanente, nous passerons à toutes les actions pacifiques de protestation pour en arriver un jour à la grève permanente et réaliser sur les décombres des régimes d’occupation interne la seconde indépendance. Comme tous les autres Arabes confrontés au même type de régime détestable et irréformable, nous n’avons le choix qu’entre cette résistance civique et la lutte armée. Cette dernière est aujourd’hui la grande tentation auprès de la jeunesse, surtout après la performance du Hezbollah cet été. De plus en plus de jeunes Tunisiens, notamment du Sud-Est, partent en Irak et n’en reviennent jamais.

 

Mais rien n’arrangerait plus les affaires du dictateur qu’une vague d’attentats terroristes, puisque la lutte contre le terrorisme est aujourd’hui la carte maîtresse des régimes arabes dont tout le monde admet la lourde responsabilité dans la genèse, dans l’apparition et la poursuite du phénomène.

C’est notre responsabilité à nous, intellectuels, militants et militantes des droits de l’homme, femmes et hommes politiques tunisiens et arabes, de proposer à cette jeunesse excédée une résistance pacifique et néanmoins pouvant aboutir à l’élimination totale de ces véritables déchets de l’histoire que sont les dictatures arabes.

 

Mais c’est aussi la responsabilité de l’Occident. Je ne parle pas des gouvernants qui, par cynisme, politique à courte vue et peut-être simplement par bêtise, apportent un soutien indéfectible à des régimes illégitimes et garrottent le seul gouvernement arabe démocratiquement élu. Aucun espoir de ce côté. Non, je parle des sociétés civiles occidentales qui doivent bien comprendre que le soutien de leurs gouvernants aux dictatures de la rive sud de la Méditerranée n’est plus une question de politique étrangère, mais bel et bien une question de politique interne. Elles doivent savoir que la politique de ces dirigeants de régimes liberticides et producteurs de terrorisme met en danger, à moyen et à long terme, l’amitié entre les peuples, la sécurité et la liberté des deux côtés de la mer commune. C’est à elles d’exercer leur contrôle démocratique sur leurs représentants obnubilés par le court terme et la realpolitik.

 

De plus, n’est-il pas exact, comme l’a dit Mandela, qu’un homme, ou un peuple, n’est jamais aussi grand que lorsqu’il se bat pour la liberté de l’autre ?

 

(*) Moncef Marzouki médecin, écrivain, président d’honneur de la Ligue tunisienne des droits de l’homme

 

(Source: « Libération » (France) du 19 octobre 2006)

Lien : http://www.liberation.fr/opinions/rebonds/211550.FR.php


Que dieu les abat

Mokhtar Yahyaoui

 

Face à une vie politique totalement bloquée, l’activité politique en Tunisie se résume dans des préoccupations stupides dignes d’un commis d’administration de troisièmes degrés. Le seul objectif est de fournir à la chaîne de propagande nationale « TV 7 » de la matière pour commencer ses journaux télévisés et trouver un alibi au les quotidiens pour justifier la mise à l’angle droit de leurs premières pages chaque jour la photo du président. Cela se répète ainsi depuis maintenant depuis 19 ans. En réalité, ce profil bas face aux multiples préoccupations réels et importants dossiers qui attendent d’êtres prises en main ne trompe plus pour son interprétation. Tout le monde sait aujourd’hui que ce régime n’a plus rien à apporter au pays.

 

Le véritable métier dans lequel ce régime a excellé et qui mobilise toute son énergie et son intérêt se déroule ailleurs dans l’obscurité des salles d’écoute des tunisiens espionner, des studio de visionnage des clichés et de montage des films de diffamation, dans les salles de traitement des milliers de rapports de délation. C’est la seule façon qu’ils ont appris pour prendre le pou du pays, pour prendre leurs décisions et pour décider du classement de leurs ennemis et du traitement approprié pour chacun. Un travail méticuleux qui ne lésine ni sur les moyens, ni sur les effectifs déployés. Cette énorme machine à différents étages a fini par assujettir tout commis de l’Etat au minable rôle d’indicateur. Rôle, dont dépend non seulement son avancement mais sa survie et la conservation de son revenu.

 

Ainsi est instauré un système de gouvernement par la machination, l’intimidation et la corruption. Ce n’est pas la Ligue (LTDH), ce n’est pas l’UGTT qui fait l’objet de manipulation, ce n’est pas le parti Nahdha qui fait l’objet d’éradication ; aucun parti, association, syndicat ou simple activiste en Tunisie ou à l’étranger qui ne fait l’objet d’un véritable staff de suivie permanent et assidu des services de renseignements.

 

Le monde sera ahuri quand le jour viendra et la véritable nature de ce régime sera totalement démasquée. Mon intention n’est ni de faire un sujet à sensation, ni de faire plus de peur à ceux qui sont au stade du doute encore. Ce que j’ai vu de mes propres yeux de ce qui m’est arrivé personnellement me suffit pour affirmer qu’on est sous l’un des régimes les plus infâmes qui peuvent exister au monde aujourd’hui.

 

Il m’est arrivé il y a quelques jours  alors que j’été allongé à moitié endormi en attendant l’heure de la coupure du jeun de me réveiller brusquement en sursaut. Une étrange idée m’a traversé l’esprit et m’a fait penser qu’elle sera ma décision si j’avais eu à choisir d’exister ou non ou si on me proposait de répéter ma vie  et je me suis trouvé convaincu de choisir de ne jamais accepter la vie.

 

La vie n’est certainement pas un choix même si une dictature comme celle que nous sommes condamnés à subir les méfaits réussis parfois à nous faire oublier tous ses autres aspects d’amour et de sérénité. Face à l’infamie la vie ne peut être qu’un combat.

 

J’espère exprimer ainsi ma solidarité à tous les tunisiens et tunisienne que cette dictature a empoisonné leurs vies, à tous les suppliciés dans nos prisons depuis plus de 15 ans pour avoir étés les premiers à nous dénoncer la nature de cette tyrannie. A toutes nos femmes et nos jeune fille qu’on s’acharne à les humilier quotidiennement dans leur croyance et leur pudeur. Notre conscience prend du temps à se former complètement pour nous unir tous au au-dessus de nos différences contre cette infâme dictature, nous sommes encore sans véritable soutien de nulle part et les malheurs répandus partout dans le monde aujourd’hui ne facilite pas l’attention au supplice des tunisiens. Malgrés tout cela l’infamie est entrain de leur coller à la peau, leurs scandales sont entrain de retentir dans le monde entier qu’aucun homme politique étranger soucieux de son honorabilité n’accepte plus de les fréquenter de son propre grés. Ils n’ont réussi qu’a ternir l’image de notre chère pays.

 

Prions en ce sacré ramadan que dieu les abats.

 

Yahyaoui Mokhtar

 

(Source : le blog du juge M. Mokhtar Yahyaoui, le 19 octobre 2006)

Lien : http://yahyaoui.rsfblog.org/archive/2006/10/19/que-dieu-les-abats.html#more


Sihem Bensedrine, opposante farouche

Alexandra Thimm – Hanovre – 16.10.2006 | Traduction : Emilie Fline

 

La journaliste tunisienne Sihem Bensedrine (*), 56 ans, a eu beau avoir été opprimée, arrêtée et torturée dans son pays d’origine, personne n’a jamais pu réduire au silence ce petit bout de femme engagée.

 

Elle arrive en retard pour l’interview et s’en excuse vivement, le souffle encore court. Juste au moment où je m’apprête à entamer la conversation, son téléphone se met à sonner. Le réseau international pour la liberté d’Expression (IFEX), une ONG dans laquelle Bensedrine est membre de l’équipe rédactionnelle, veut organiser une conférence téléphonique. Après avoir brièvement discuté de la ligne éditoriale avec ses collègues, mon interlocutrice se retire en vitesse de la conversation, en se laissant tomber dans un fauteuil. Soupir.

 

Un combat contre l’oppression

 

 Les visage de mon interlocutrice semble juvénile : ses yeux noirs pétillent d’humour et ses boucles noires sont attachées en une petite tresse. Depuis maintenant quatre ans, Sihem Bensedrine vit en exil à Hambourg, dans un immeuble ancien du Schanzenviertel, un quartier animé et cosmopolite. Elle y possède un appartement dans lequel elle vit avec sa famille. Sa fille va à l’école à Hambourg alors que son fils étudie en France.

 

 Hier soir, elle est rentrée de Casablanca. Demain matin, elle prend un vol pour Lagos pour participer à une conférence du Réseau des organisations africaines de défense de la liberté d’Expression (NAFEO). Ce matin, elle s’est rendue précipitamment à Berlin afin d’obtenir son visa d’entrée au Nigeria.

 

 « Ce n’est pas dans ma nature de me soumettre », lâche t-elle en commentant son parcours. En 1987, coup d’état de Ben Ali qui s’empare du pouvoir en Tunisie puis abolit la liberté de la presse ; au même moment, il commence à combattre les fondamentalistes islamistes du pays.

 

  « Beaucoup de gens ont été torturés à mort, » raconte Bensedrine qui n’a jamais cessé de rassembler des documents sur ces actes de barbarie et de recueillir des témoignages des familles des victimes. Son engagement en faveur de la justice sociale est solide : avant la prise de pouvoir de Ben Ali, elle faisait partie du comité directeur de la Ligue tunisienne des droits de l’homme. Quand, au début des années 80, une presse indépendante s’est développée pour la première fois dans le pays, Bensédrine choiti de devenir journaliste. « C’était un défi passionnant de briser le monopole de la presse officielle », dit-elle.

 

 Surveillée, arrêtée, torturée

 

 Mais au fil du temps, elle se met à représenter une menace pour le régime de Ben Ali, qui ordonne rapidement des représailles contre l’activiste et sa famille. Surveillée par la police secrète, Sihem Bensedrine se fait confisquer son passeport pendant 6 ans et son mari est assigné à résidence pendant deux ans. Le chien de sa fille est même pendu. Sihem Bensedrine, plusieurs fois victime d’une campagne de diffamation, se fait battre en pleine rue. En 2000, alors qu’elle est détenue en prison, des inconnus lui brisent les côtes et lui blessent la colonne vertébrale et un œil. Un an plus tard, elle est à nouveau arrêtée.

 

 En 2002, la Fondation hambourgeoise pour les victimes de tortures politiques invite Sihem Bensedrine à passer un an sur les bords de l’Elbe. Comme la situation de la journaliste ne s’améliore pas en Tunisie, elle reçoit de donateurs privés de l’argent afin de rester à Hambourg. Depuis cette année, elle est invitée du PEN, l’association mondiale d’écrivains, en Allemagne.

 

 Sihem Bensedrine affirme aimer l’Allemagne. Tant que le pouvoir restera aux mains de Ben Ali, elle aimerait rester ici. La Tunisienne semble apprécier les Allemands et leur style de vie. En riant, elle déclare : « J’aime que les gens ne traversent pas au rouge. Ici, tout le monde respecte les règles. Dans mon pays, il n’existe aucune loi qui vaille pour tous et sur laquelle tous peuvent s’appuyer. »

 

 Bensedrine admet ignorer tout de la façon dont elle et sa famille vont se débrouiller l’an prochain. « Ma fille aimerait savoir si elle peut finir ses études ici mais je suis incapable de prévoir notre avenir  ». Pendant un instant, elle, la battante, a l’air exténuée. « J’aimerais retourner en Tunisie et y vivre une vie normale.  »

 

 Europe, l’hypocrite

 

 Durant leur exil, Sihem Bensedrine et son mari Omar Mestiri ont écrit un livre intitulé ‘Despotes aux portes de l’Europe’ dans lequel ils critiquent le soutien que l’UE apporte aux régimes autoritaires en Afrique du Nord. « Si les hommes d’Etats démocratiques en Europe tolèrent les dictateurs en Afrique, ils ne doivent pas s’étonner si les gens essaient de fuir en Europe ».

 

 « La plus grande partie de la population africaine », déplore Sihem Bensedrine, « n’a aucun accès aux ressources et aux richesses de leur pays. Si nous émigrons, c’est parce que nous n’avons aucun avenir chez nous. Et l’Europe est en partie responsable de cette situation.  »

 

(*) Sihem Bensedrine se bat pour les droits de l’homme (Fondation hambourgeoise pour les victimes de torture politique)

 

(Source : Cafe Babel, le 16 octobre 2006)

Lien : http://www.cafebabel.com/fr/article.asp?T=T&Id=8411

 


A propos du retour du professeur MARZOUKI en Tunisie

 

 
Par Biju ( Son retour est pour ce samedi 21 octobre 2006) Ce régime ignoble usera de toutes les forfaitures contre les patriotes tunisiens  intègres et démocrates , ceux là qui sont issus du peuple , qui vivent pour le peuple et qui ne sont pas là pour servir d’alibi ou faire de la figuration .C’est maintenant à l’opposition démocratique , c’est maintenant à nous militants de base  de nous engager avec Moncef.Marzouki et de protéger son intégrité morale , intellectuelle et physique , ainsi nous nous protégerons et protégerons  notre pays .Il n’y’a pas d’autres alternatives , ce pouvoir est arrivé  à  un tel état de démence dans sa fuite en avant  que tant qu’il durera nous devons nous attendre au pire.La balle est dans notre camp , Moncef Marzouki ne doit pas être seul dans ce combat , au delà des courants , des appareils , des idéologies , il est chacun d’entre nous , il est chaque tunisien face à l’horreur du régime tunisien , il est chaque tunisien spolié par ses droit et  harcelé par cette dictature policière mortifère qui doit répondre à cette convocation d’un justice indigne , aux ordres, pour cette calamiteuse accusation , oui Moncef Marzouki s’est exprimé sur ALDJAZIRRA avec son courage habituel avec pragmatisme , transparence et vérité , toutes qualités que la dictature de ben Ali  hait et combat par la torture le fer et le sang , par les spoliations et l’horreur  , car elle n’est que ténèbres , désespoir , faillite , déchéance et décadence sur tous les plans; Moncef Marzouki à son arrivée en TUNISIE notre patrie  n’est pas le tunisien Moncef Marzouki , il est chaque tunisien qui réclame ses droits  et la liberté pour la TUNISIE et les tunisiens , c’est aussi simple que cela pour  les tyrans  tunisiens , cela doit et absolument l’être pour nous , c’est un affrontement entre le vice et la vertu , entre l’éthique républicaine et le fascisme policier , cela tient de la morale et de la symbolique , laisser la dictature faire son « travail » criminel , c’est renoncer à exister , c’est renoncer à la vie , c’est accepter son statut d’esclave , sa soumission , et croupir sous l’ordre  des despotes et des assassins.Face à ce népotisme  meurtrier et liberticide , et Moncef Marzouki l’avait si bien dit dans son interview  sur la chaîne QUATARI , il est plus que temps pour tous les tunisiens de se rassembler et d’exiger leurs droits les plus élémentaires. C’est l’instant pour démontrer à cette dictature que M.M n’a fait qu’exercer son droit de parole , de penser , son droit citoyen d’homme libre qui aime son pays et son peuple , il faut tout faire d’ici samedi pour mobiliser  le plus de personnes possible autour de cette nouvelle agression que ce soit ici ou en Tunisie .Il ne faut pas se leurrer , la dictature teste notre volonté et celle de nos amis , laisser M.M qui ne craint rien , isolé , et  c’est la fin de tout mouvement ou parole libre en Tunisie.Notre mobilisation pour M.M qu’elle soit partisane , militante ou solidaire est une mobilisation d’éthique.Ne ratons pas encore une fois de plus notre rendez-vous avec l’histoire , notre histoire , ne nous résignons pas  au venin et à la permanence de la défaite , notre TUNISIE agonise sous le tortionnaire , le bourreau , le voleur , le spéculateur et la barbarie.Choisissons l’honneur ou la servitude

 

 


 Le désastre Bush

 

Les élections législatives US de mi-mandat – prévues le 7 novembre 2006 –, permettant de renouveler la Chambre des représentants et quelques sièges au Sénat, vont constituer un temps fort pour la vie politique américaine. Car si les démocrates réussissent à les remporter, le bushisme au pouvoir, depuis six ans, risque d’être sérieusement malmené par cette nouvelle donne. Il ne faut pas, par prudence, se réjouir trop tôt. En effet, le pouvoir de l’argent des républicains, le complexe militaro-industriel, les milieux d’affaires et une mobilisation politique « pavlovisée » seront toujours en mesurer d’enrayer ce mouvement vers le changement de majorité au Congrès. Mais, il n’en demeure pas moins que les démocrates auront une sérieuse chance de faire élire leurs hommes. Un handicap demeure cependant : la cure d’opposition du parti démocrate, ces dernières années, n’a pas permis jusqu’ici de faire émerger des figures charismatiques pouvant incarner les aspirations des électeurs. Cette équation de politique intérieure, en cas de modification des équilibres au Congrès, est lourde de conséquences pour les deux ans qui reste de la présidence Bush.Tous les dossiers sensibles que l’Administration Bush avait soigneusement verrouillé pourraient être réactivités via des commissions d’enquête ou autres actions. Rien n’est encore joué, mais tout reste possible ! D’ores et déjà, dans le Landerneau républicain, les craintes et l’appréhension sont palpables. C’est en politique étrangère que le bushisme s’est révélé le plus désastreux : la nouvelle doctrine de la « guerre contre le terrorisme » a, au contraire du but recherché, enfanté partout des monstres, particulièrement en Irak et en Afghanistan. Jamais, le terrorisme n’a prospéré à ce point dans le monde ! On le sait sans la moindre illusion d’optique, puisque, depuis six ans, on assiste à la mise en œuvre de cette vision messianique : les « fondamentaux » de la géopolitique US ont été revus, ces dernières années, en profondeur. La méthode et les concepts géostratégiques de l’époque de la guerre froide ont été ainsi transposés sur le fameux credo de guerre contre le terrorisme. Pour sortir de cette abstraction, George Walker Bush et son équipe, ce faisant, « ciblent » concrètement l’aire arabo-musulmane, via ce qu’ils appellent le « Grand Moyen-Orient » (GMO). L’argument de base qu’on répète comme une antienne, étant la « démocratisation » des régimes politiques de ces pays. On a vu de ce qu’il advint de l’Irak, un pays condamné, tôt ou tard, à la partition. Au stade actuel, cette « démocratie héliportée » est un échec cuisant, avec des conséquences incalculables pour les peuples de la région. Idem pour l’Afghanistan. On croyait que le bourbier irakien avait définitivement sorti le président Bush de ses lubies, en lui dessillant les yeux. Il n’en fut rien. Avec la guerre d’Israël contre le Liban, avec une totale connivence US, on découvre que l’équation géostratégique demeure ainsi inchangée pour l’Administration républicaine, à Washington. Pis encore : il y a là une volonté d’accélérer le mouvement de l’Histoire en bousculant l’ordre (géo)politique régional. Echec et mat ! Retour à la case départ. Depuis le 25 juillet, Condoleeza Rice semble vouloir jouer une nouvelle partition diplomatique, en mettant en avant le concept du « nouveau Moyen-Orient ». On veut sincèrement croire que le temps des diplomates du Département d’Etat a sonné, en voulant faire valoir un point de vue plus réaliste, et puisant dans un savoir-faire incontestable. Mais le profil du chef de la diplomatie ne laisse aucune place à cette hypothèse, tant son intimité est forte avec le clan Bush, et particulièrement le président. Certes, on supposer qu’elle ait le moyen d’infléchir la politique étrangère de son président, mais, sur le fond, elle ne bougera pas d’un iota. Sa dernière tournée dans certains pas du Moyen-Orient (octobre 2006) et les résultats quasi nuls de cette mission montre combien l’Amérique a perdu de sa crédibilité dans cette partie du monde, où l’antiaméricanisme est extrêmement vigoureux et prospère. Pourtant, chacun sait où se situe, dans cette affaire, le nœud gordien. Les Etats-Unis d’Amérique, à travers sa secrétaire d’Etat, ne pourraient continuer à entretenir l’illusion du mouvement, en agissant à la marge du conflit israélo-arabe. Cette problématique est centrale – répétons-le pour la énième fois. L’Administration Bush se refuse d’exercer une quelconque pression sur l’Etat hébreu, lui laissant le champ complètement libre. Pourtant, jamais le contexte moyen-oriental n’a été à ce point favorable à une initiative majeure pour résoudre le conflit israélo-arabe. Malgré un bagage solide en matière des relations internationales, Condoleezza Rice n’est pas allé au cœur du sujet. Bien au contraire, le sens de son périple était de créer un axe autour des « pays arabes modérés » (huit), afin d’accentuer et isoler ceux qui ne jouent pas la carte américaine. Cette méthode, qui consiste à diviser pour régner, fait perdre un temps considérable à la région. A propos du règlement de la crise moyen-orientale, tout laisse à penser que rien de substantiel ne sera au rendez-vous sous le deuxième mandat de Bush, tandis que la région continuera à vivre des convulsions de forte amplitude. La violence destructrice, qui mine cette région, n’épargnera personne. Le désastre Bush est toujours à l’œuvre, mais, pour Bush, attention au retour du battant !
Hichem Ben Yaïche
Source> lisite de Institut de Relations Internationales et Stratégiques)


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