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Otages autrichiens: un deuxième émissaire autrichien au Mali
AFP, le 19 mars 2008 à 10h11 BAMAKO, 19 mars 2008 (AFP) – Un deuxième haut fonctionnaire autrichien est arrivé mardi à Bamako pour participer aux pourparlers en vue de la libération des deux otages enlevés le 22 février en Tunisie par la branche d’Al-Qaïda au Maghreb, a-t-on appris mercredi de source diplomatique autrichienne. Présenté comme « un spécialiste des dossiers sensibles », ce responsable dont l’identité n’a pas été révélée, devrait rencontrer mercredi des responsables maliens. Selon certaines informations, les ravisseurs et leurs otages se trouvent dans le nord du Mali, mais les autorités de Bamako n’ont officiellement pas confirmé leur présence. Un premier émissaire, l’ancien ambassadeur d’Autriche à Paris, Anton Prohaska, était arrivé samedi dans la capitale malienne pour une « mission d’information » sur les deux otages, Andrea Kloiber, 44 ans, et Wolfgang Ebner, 51 ans. Il avait rencontré dimanche le président Amadou Toumani Touré. L’arrivée du deuxième émissaire intervient après que la Libye, qui jouit d’une grande influence dans la région, a établi un contact dans la nuit de lundi à mardi avec les ravisseurs de deux Autrichiens, selon un diplomate s’exprimant à Bamako sous couvert de l’anonymat. « Je viens d’apprendre que la Libye a pu, par des intermédiaires, établir le contact avec les ravisseurs des deux otages », avait-il indiqué mardi à l’AFP, précisant que « les négociations se poursuivront » et que « les otages se portent bien ». Selon des sources proches du dossier, la Fondation Kadhafi est chargée de l’affaire des otages autrichiens. Cette association caritative dirigée par un fils du dirigeant Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, a pour objectif affiché de défendre les droits de l’Hommme. Le nom de la fondation a été cité dans le dénouement de plusieurs affaires de prises d’otages ces dernières années. Selon le quotidien autrichien Kronen Zeitung, le leader autrichien d’extrême droite et gouverneur de Carinthie, Jörg Haider, participe aux efforts entrepris par Vienne pour obtenir la libération des deux otages. « Le gouverneur de Carinthie veut faire libérer les otages de Salzbourg avec le fils de Kadhafi, Seif Al-Islam », selon l’édition électronique du journal datée de mercredi, qui rappelle que Jörg Haider et le fils du dirigeant libyen sont « de grands amis ». La branche d’Al-Qaïda au Maghreb a pour sa part prolongé au dimanche de Pâques 23 mars minuit son ultimatum mais a menacé de tuer les otages en cas de tentative de les libérer par la force.
L’Autriche hostile au versement d’une rançon pour ses otages
Reuters, le 19 mars 2008 à 18h34 par Tiémoko Diallo BAMAKO, 19 mars (Reuters) – Le médiateur autrichien a affirmé mercredi à Bamako que Vienne était, par principe, hostile au versement d’une rançon pour obtenir la libération de des deux ressortissants enlevés au Sahara par l’organisation Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Ses propos contredisent des propos attribués à des sources proches de la sécurité algérienne selon lesquelles Vienne aurait accepté le principe d’une rançon. « Le gouvernement autrichien ne passe aucun marché impliquantle versement d’une rançon », a déclaré par téléphone à Reuters le diplomate autrichien, Anton Prohaska, qui n’a fourni aucune précision sur les exigences des ravisseurs. Il s’est contenté de parler d’une situation « très complexe et très délicate » et a confirmé que l’ultimatum des ravisseurs avait été repoussé d’une semaine, pour expirer désormais dimanche à minuit. Andrea Kloiber, 43 ans, et Wolfgang Ebner, 51 ans, ont été enlevés fin février dans le Sud-Tunisien alors qu’ils s’apprêtaient à traverser le Sahara. Ils seraient actuellement détenus dans la région désertique de Kidal, dans le nord-est du Mali frontalier de l’Algérie. « Nous travaillons dur pour obtenir un dénouement heureux à cette affaire (…), nous sommes en contact étroit avec nos amis au Mali (..) à qui nous faisons confiance », a ajouté le diplomate autrichien. Sur des sites islamistes, l’ex-GSPC rebaptisé AQMI a exigé le versement d’une rançon et la remise en liberté de dix de ses militants emprisonnés en Tunisie et en Algérie en échange de la libération des deux touristes autrichiens. Pour sa part, le gouvernement malien a mis sur pied un commité spécial interministériel et contacté de hautes personnalités touarègues de la région de Kidal pour tenter d’obtenir leur concours en vue de la libération des otages.
Al-Qaïda : OPA réussie sur le GSPC
Le numéro deux d’Al Qaïda, Ayman Al-Zawahri, commence à y croire. L’investissement réalisé il y a peu par la holding Al-Qaïda sur le résiduel et moribond Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) semble prendre consistance… Dernier rebondissement en date : la prise en otage de deux touristes autrichiens.
Depuis son intégration dans les rangs de l’organisation d’Oussama Ben Laden en septembre 2006, le GSPC algérien a repris du poil de la bête. La nature et la récurrence d’attentats depuis la fin 2006 l’atteste : le GSPC n’a pas chômé et s’applique à mettre en œuvre les promesses inscrites dans sa nouvelle appellation d’ « Al Qaïda dans les pays du Maghreb islamique » (AQMI). Pour y parvenir, il a suivi la « méthode », à l’instar des groupes devant confirmer leur appartenance à Al Qaïda : transposer dans le contexte régional les Dix commandements de l’organisation.
À commencer par les trois fondamentaux.
Dans le cas du GSPC, cela donne en substance : « tu ne frapperas pas seulement l’Algérie mais aussi les pays voisins ». La Mauritanie a déjà servi deux fois d’objectif : l’assassinat d’un groupe de militaires mauritaniens en décembre 2007 et l’attaque contre l’Ambassade israélienne à Nouakchott, en février.
Deuxième commandement qaïdesque : « tu ne viseras pas seulement les symboles du pouvoir algérien mais aussi ceux de nos ennemis judéo-croisés ». Deux mois avant l’attaque menée contre les intérêts israéliens, le siège du Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU basé sur les hauteurs pourtant très protégées d’Alger était frappé de plein fouet par un véhicule bélier chargé d’explosifs. Un an plus tôt, une bombe explosait au passage d’un bus de la compagnie américaine Brown Roots and Condor dans un quartier sécurisé, près d’Alger.
Troisième commandement : « la mort en martyr toujours tu privilégieras ; sans cesse l’ennemi tu surprendras ». Soit le recours à l’attentat suicide, à combiner avec d’autres modes opératoires pour mener simultanément plusieurs opérations sur différents sites. Cette tactique, marque de fabrique des groupes « intégrés », a été éprouvée en avril 2007 contre le Palais du gouvernement algérien et le siège local d’Interpol. Et reproduit huit mois plus tard contre le Conseil constitutionnel, toujours à Alger.
En empruntant aux désormais incontournables classiques d’Al Qaïda, le GSPC aujourd’hui dirigé par l’Émir Droudkel fait du zèle, espérant décrocher une récompense. Quitte à copier ses coreligionnaires irakiens ou afghans. La prise d’otage de deux touristes autrichiens en terre tunisienne, qu’il a revendiquée le 10 mars est un « coup » politico-médiatique qui veut définitivement enfoncer le clou.
Frapper là où ça fait mal en Tunisie : le tourisme
Car on ne s’attaque pas frontalement à la Tunisie de Ben Ali comme on s’en prend à l’Algérie des Généraux. Les djihadistes l’ont bien compris après l’échec des tentatives menées par un groupe armé lié aux Algériens qui projetaient des attentats spectaculaires à Tunis en décembre 2006. Après une traque de plusieurs jours, les forces de sécurité de Ben Ali avaient, non sans pertes, pu faire bonne figure en annonçant son démantèlement puis en resserrant les boulons côté sécuritaire.
Le choix tactique d’une prise d’otages démontre la capacité d’AQMI à trouver la faille dans un système sécuritaire parmi les plus verrouillés de la région et définir le mode opératoire adapté. En frappant là où ça fait mal : le tourisme, fleuron du régime tunisien.
Côté revendications, Al Qaïda au Maghreb joue sur deux tableaux. D’abord politique, en demandant la libération d’islamistes radicaux détenus en Algérie et en Tunisie. Mais aussi financier puisqu’une rançon de cinq millions d’euros aurait été quémandée. Trop contente de botter en touche, l’Algérie a fait savoir qu’elle n’était « pas directement concernée par cette affaire », puisque l’enlèvement des deux touristes « a eu lieu sur un territoire autre que l’Algérie » et que « les otages se trouvent actuellement sur un autre territoire non algérien ». Ces derniers sont en effet détenus au Mali. Inutile de préciser que les Tunisiens et les Maliens apprécieront cet élan de solidarité algérienne… De son côté, l’Autriche a déclaré d’emblée qu’elle ne négociait pas avec des terroristes. Toutefois, un émissaire autrichien s’est rendu à Bamako. Cette porte entrouverte par Vienne n’est visiblement pas tombée dans l’oreille d’un sourd puisque AQMI a annoncé que l’ultimatum courait jusqu’à dimanche 23 mars minuit. (Source: le site « Bakchich » le 18 mars 2008) Lien: http://www.bakchich.info/article2984.html
Les jeunes chômeurs d’Om Larayès proposent eux-mêmes des solutions
Ils sont une trentaine, ils continuent de revendiquer leur droit au travail depuis le 26 janvier dernier, mais vainement. Les solutions proposées aux directions concernées restent sans réponses concrètes. Il est question en fait des diplômés du supérieur d’Om Larayès, (gouvernorat de Gafsa) qui n’ont pas réussi à décrocher un poste d’emploi fixe depuis des années et qui ont fait l’objet d’un reportage publié dans notre édition du 11 mars 2008. Nous avons soulevé les problèmes de la région dont le chômage des diplômés du supérieur. Ce problème remonte même plus d’une décennie (1996). Pour clamer haut et fort leur droit au travail, les jeunes ont choisi de résider dans une tente plantée au siège de l’UGTT. Ils ont également établi une liste de solutions pour remédier au problème et assurer entre autres, le développement de cette zone qui se base essentiellement, sur l’extraction du phosphate. Il s’agit d’ailleurs de l’unique activité économique disponible dans cette localité, mais qui n’assure par une source de revenu pour tous les citoyens actifs de cette ville. « Offrir une opportunité de travail dans les directions locales des différentes administrations, essentiellement là où l’on enregistre un manque de cadres qualifiés, créer des directions locales des établissements publics comme la STEG, la CNSS, la CNAM…, offrir des opportunités d’embauche dans le domaine de l’enseignement entre autres, sous forme de Maître Auxiliaire Catégorie A, créer des grands projets de développement dans la région susceptibles de résoudre les problèmes de l’emploi dans la zone… », il s’agit notamment, des solutions proposées par les jeunes d’Om Larayès pour résoudre le problème du chômage dans cette localité. Certes, l’insertion professionnelle des diplômés du supérieur est un problème qui se pose de plus en plus dans notre pays, et ce suite à l’augmentation des étudiants issus des établissements universitaires lors des dernières années. Nous enregistrons même un déséquilibre entre les offres et les demandes de l’emploi plus particulièrement celles des diplômés du supérieurs. Ce phénomène se pose avec acuité dans les régions de l’intérieur du pays contrairement aux grandes villes là où il y a plus d’opportunités de travail. Le taux du chômage varie d’une zone à l’autre, mais il est très souvent élevé dans les villes qui souffrent de carence au niveau d’investissement économique à l’instar du Sud Ouest. Om Larayès, cette localité minière compte à elle seule plus de « 4600 diplômés du supérieur sans emploi dont 1600 titulaires de maîtrise, 1800 techniciens supérieurs et 1200 titulaires de licences appliquées et fondamentales », d’après Jamal Alaya, Coordinateur de la Commission Locale de la Défense des Chômeurs, Diplômés du supérieur à Om Larayès. Absence de dynamique économique Conscient de l’ampleur du problème qui se pose au niveau national, Jamal demande « qu’on aligne le taux du chômage dans cette localité à celui global. Cela se réalisera notamment à travers les mesures déjà citées », appelle-t-il. Et de proposer ; « Pour mieux réussir les projets économiques dans notre zone, l’Etat doit encourager les investisseurs dans différents domaines. Il doit arrêter des mécanismes outre que ceux du Fonds National de l’Emploi (21-21) ». « Il faut investir lourd dans la région qui souffre de plusieurs lacunes », enchaîne-t-il. D’ailleurs, Jamal précise que sa localité est écartée de l’activité économique en dépit de la présence de la Compagnie de Phosphate de Gafsa. Car, de son côté, « la CPG se désengage de plus en plus des opérations d’embauche », toujours d’après la même source. Ce jeune diplômé du supérieur en chômage depuis quatre ans, soulève un autre problème ; le manque des établissements publics dans la localité qui compte plus de 30 mille habitants. Le rapport de la Banque Mondiale sur l’insertion des diplômés de l’année 2004 démontre que « le taux de chômage des individus ayant un niveau d’éducation supérieur a grimpé de 8,6 % en 1999 à 14,8 % en 2005 malgré…la multiplication des programmes actifs de l’emploi ». Cette hausse est due entre autres à l’augmentation continue de l’effectif des diplômés. Le chiffre a presque doublé au bout de cinq ans (entre 2001-2006) passant de 24500 à 52300 diplômés soit une moyenne de croissance de l’ordre de 16,35 % par an. Les chiffres tendront à la hausse lors des prochaines années. Un pic sera enregistré en 2014, d’où l’urgence d’arrêter des solutions durables et efficaces pour faire face à ce fléau. Songer également aux régions de l’intérieur du pays là où le problème se pose le plus est d’une importance majeure, avant qu’il ne soit trop tard. A quand donc des solutions efficientes ? Sana FARHAT (Source: “Le Temps” (Quotidien – Tunis), le 19 mars 2008)
Patrons et travailleurs :
Les uns chantent, les autres déchantent !!!
Productivité et coût de production, sont les mots-clefs et ces leitmotivs qui reviennent toujours et encore à la charge…. Augmenter et compresser !!! Augmenter la production et compresser les coûts, afin que la productivité monte en flèche !!! La course parait totale et continue. Plus qu’un Sisyphe, on doit bûcher et «rebûcher» et fouiller dans tous les coins afin de débusquer la moindre «valeur ajoutée». La solution parait simple et même flagrante, il suffit toujours de réduire les coûts de production, à savoir trouver – ou même inventer et importer – un travailleur qui produit plus pour un salaire moindre. Les physiciens attestent avec certitude que rien ne peut dépasser en vitesse la lumière. Certains économistes «néolibéraux » veulent que la chute des coûts fasse encore plus vite, espérant ainsi joindre le Prix Nobel de l’économie à celle de la physique, sans oublier une médaille ou deux aux Jeux Olympiques. Le Code du Travail est révisé à la baisse, les ouvriers perdent et doivent faire semblant de gagner. Les «capitalistes» encaissent et font semblant d’encaisser les «coups», tant que les autres encaissent les «coûts» !!! Au-delà de la cuisine bien locale (comprendre logique nationale) et en deçà de la grande marmite (comprendre l’économie mondiale), les acteurs économiques se trouvent pris (à la gorge pour certains) entre satisfaire la logique oppressante que des bourses et autres «The sovereingn wealth funds» [comprendre Fonds souverains dans le monde»] d’une part, et ceux qui n’ont de rêve que de manger à leurs faims et assurer une vie décente !!! Entre les tours de passe-passe et le besoin d’une vision stratégique allant plus loin que l’instantané, les politiciens cherchent plutôt à imiter les artistes des cirques !!!! Comment à la fois satisfaire toutes ces bouches ouvertes et assurer aux uns et autres les moyens de concrétiser le rêve que la pub a bien excellé à vanter. Avec un pétrole qui s’est converti au saut à la perche, des matières premières qui adorent grimper, un climat capricieux et surtout un environnement mondial jouant entre Tsunamis boursiers et tremblements de banques, les visionnaires politiques doivent bien trouver une solution chez les voyantes, tellement la réalité décale avec les besoins !!! L’accord-cadre sur les négociations triennales (2007 – 2010), est venu comme tous ses prédécesseurs, limiter le jeu et mettre des barrières pour ne pas dire des barrages. L’Etat, ne pouvant plus jouer son rôle de «policier», tellement il ne maîtrise plus les prix et ne peut – ou plutôt ne veut plus – servir d’unique moteur économique, se trouve pris entre une logique mondiale oppressante et une demande ouvrière – qui entre vraie peur et réels besoins – se fait plus pressante. Il ne faut nullement se leurrer, l’Etat ne peut plus jouer ce rôle de «faiseur de miracle», il ne peut – dans le meilleur des cas» qu’administrer des «calmants» et chercher à colmater des brèches par ici et des fuites par-là. Quelle solution, dirait plus d’un observateur, du moment que la réelle logique de consommation l’emporte sur les vraies mécaniques de développement ? Certains pensent et surtout agissent à travers une mondialisation de la lutte antimondialisation. Les travailleurs du monde entier doivent s’unir, non pas par simple souci idéologique, mais plutôt pour faire face à une capitalisation qui – depuis belles lurettes – ne maîtrise et ne reconnaît plus les frontières. Le commerce alternatif, le commerce équitable et autres «folklores» de jadis, ne sont que simples «folklores». En Amérique Latine et sous d’autres cieux, la résistance s’organise et les barricades se dressent non pas face aux policiers et aux militaires, mais plutôt en refus de cette logique individualiste, véhiculée par toute une «culture» qui n’a rien d’une vraie et réelle culture. Autres fois, on pensait que le capitaliste était tellement naïf et pris par l’appât du gain au point de vendre la corde de sa propre pendaison, on remarque bien de nos jours que le «prolétaire» [réel ou de facto] est plus naïf encore, il chante la «révolution permanente» sur les barricades et porte en lui «le vilain virus capitaliste»… Au point de délaisser «le front» et rejoindre le camp adverse à la moindre «fortune» !!! En Tunisie, la logique, se conjugue bien entre l’instantané qui – tel un éclair – peut porter l’espoir d’une pluie tant attendue qu’un orage craint tant, d’une part, et un ciel nuageux qui lui aussi peut nous porter un Tsunami social. Ayoub Ben Miled
(Source: « Mouatinoun » (Hebdomadaire – Tunis) organe du Forum democratique pour le travail et les libertes (FDTL) le 5 mars 2008)
Un nouveau statut pour Gaza ?
Ahmed Ounaies – 1 er mars 2008 Le retrait des derniers colons de Gaza le 23 août 2005 a mis fin à la colonisation mais pas à l’occupation militaire. La présentation d’Israël que le territoire est livré à l’Autorité Palestinienne est une supercherie : les frontières continentales, le rivage maritime et le ciel de Gaza sont sous contrôle israélien, de même que les échanges commerciaux, les flux financiers, les mouvements des personnes, le survol du territoire…etc. les restrictions permanentes des fournitures médicales et de l’approvisionnement en produits alimentaires et en carburant ainsi que l’épisode dramatique du retour des pèlerins de Gaza dans leurs foyers en décembre dernier ont révélé cette réalité aux yeux du monde. La persistance de l’occupation est le fondement de la résistance palestinienne qui doit légitimement se poursuivre tant que persistera l’occupation. Le déchaînement de la barbarie israélienne contre Gaza pendant cinq jours consécutifs, en prétendant se défendre contre les rockets de fabrication artisanale, relève de la répression routinière, toujours disproportionnée, de toute puissance occupante contre le peuple victime de l’occupation. La passivité des Etats Européens et des Etats-Unis est plus grave dans la mesure où ces Etats assument, au sein du Quartet, la responsabilité de la gestion du conflit et qu’ils réalisent parfaitement que la résistance n’est pas fortuite, étant la conséquence inéluctable de l’occupation. S’attendraient-ils à ce que le peuple palestinien se résigne à sa condition après 41 ans d’occupation ? Quel peuple au monde s’y est jamais résigné ? Justifier la barbarie israélienne en prétextant les tirs de rockets, prétendre ignorer le lien entre la résistance et l’occupation et reconnaître à Israël le droit de légitime défense comme si Israël était la victime de l’occupation et non la puissance occupante, n’est qu’une hypocrisie de plus doublée d’un aveuglement politique. Nous sommes familiers de ce cynisme propre à l’Occident qui ne fait que perpétuer l’occupation et exacerber les haines. Pour notre part, nous nous reconnaissons dans la situation du peuple palestinien et c’est tout dire. Comment surmonter du moins l’impasse politique ? Le véritable retrait de Gaza doit être accompagné de la rupture définitive du lien avec Israël. Dans la mesure où la négociation sur le statut définitif, commencée le 12 décembre dans le sillage d’Annapolis, est loin d’avancer au rythme qui promette la fin vraisemblable de l’occupation en décembre prochain, il est possible de promouvoir un statut transitoire qui scelle la fin de l’occupation. Un tel statut est concevable sous l’autorité des Nations Unies. Le secrétaire Général des Nations Unies est fondé à assumer sa part dans l’issue pacifique du drame qui afflige le peuple palestinien et qui, à Gaza, prend les proportions d’un génocide. Gaza pourrait bénéficier d’un régime de tutelle en vertu duquel la puissance occupante cède aux Nations Unies les pouvoirs relatifs aux territoires dont elle se retire, en commençant par Gaza. A ce titre, le peuple palestinien pourra s’auto administrer dans des conditions démocratiques sous la tutelle des Nations Unies, à l’exclusion de toute ingérence israélienne. Dés lors, la responsabilité de la sécurité, des approvisionnements, des mouvements des personnes et des biens, relèvera de la seule autorité de tutelle. Aux termes de la charte, cette autorité « peut être constituée par un ou plusieurs Etats ou par l’Organisation elle- même ». A l’issue des négociations entre l’Autorité Palestinienne et Israël, les Nations Unies transmettront les territoires sous tutelle au gouvernement palestinien indépendant. Certes, le destin des autres territoires occupés reste entier. Dans l’intervalle, le Quartet serait-il capable de prendre la relève de la pression sur la puissance occupante pour l’évacuation du reste des territoires ? L’enjeu tient encore une fois à la haute responsabilité des Etats-Unis et de l’Union Européenne. Sur ce point encore, la question de confiance est cruciale.
(Source: « Mouatinoun » (Hebdomadaire – Tunis) organe du Forum democratique pour le travail et les libertes (FDTL) le 5 mars 2008)