19 décembre 2011

TUNISNEWS
11 ème année, N°4190 du 19.12.2011
archives : www.tunisnews.net

 


Ennahdha Party: On the First Anniversar​y of the Tunisian Revolution

Faouzi Bellalouna: Synthèse et lignes de fracture

Cyberpresse: Belhassen Trabelsi, le «parrain» tunisien: mon refuge au Canada

Business news: La troupe Ouled El Manajem attaquée par des salafistes à Sidi Bouzid

Connexion ivoirienne: « L’esprit colonial, c’est fini » fustige Marzouki nouveau président de Tunisie à la France

Liberte d’Algerie: Des inconnus incendient un bureau de la douane à Ras Jdir

Businee News: Tahar Hmila dénigre Om Zied et lave le linge sale du CPR en public

Le Temps: L’hebdomadaire indépendant «Contre le pouvoir» interdit de parution

Le Temps: Un jeune Tunisien en détresse tente de s’immoler par le feu au consulat de Tunisie en Espagne

La Presse: Feuilleton gratuit
 

On the First Anniversar​y of the Tunisian Revolution

 
On the first anniversary of the birth of the Tunisian revolution of 17 December 2010, which liberated Tunisia from decades of despotism and corruption and reinstated the Tunisian people’s sovereignty and dignity, Ennahdha Party:
 
1. Prays for the souls of those martyrs who laid the path of freedom and whose sacrifice brought light and hope to the entire region.
 
2. Salutes the sacrifices of generations of Tunisian women and men from all the country’s regions who were killed, injured, imprisoned and exiled and who paid a heavy price for freedom.
 
3. Reaffirms its faithfulness to the martyrs and its commitment to the achievement of the aims of the revolution and the continuation of the struggle for freedom, justice, dignity and equality.
 
4. Affirms that after the building of democratic state institutions, the compensation of martyrs’ families, the injured of the revolution and all victims of the previous regimes will be high on the list of priorities of this phase.
 
5. Pledges to immediately begin work towards a development model that establishes the right of deprived regions to their fair share of national resources, provides the conditions of a dignified life for all Tunisian women and men and puts an end to discrimination and marginalisation.
 
6. Calls on the Tunisian people to protect their revolution and their unity and preserve the spirit of consensus and cooperation in order to rebuild Tunisia on new foundations that break with the methods and policies of the past.
 
Ennahdha Party
Rached Ghannouchi
Tunis 17 December

Synthèse et lignes de fracture

Le Camarade Mustapha Ben Jaafar a encore une fois donné, le soir de son investiture à la présidence de l’Assemblée Nationale Constituante, à la Tunisie et au monde qui le regardaient, une leçon d’humilité, de don de soi, de tolérance et de profondeur historique… Exactement à son image, pour celles et ceux qui le connaissent de près ! Fidèle à ses valeurs, jaloux de l’indépendance de notre pays et de la dignité de ses Citoyen(ne)s, fidèle à cette idée quasi-obsessionnelle de ce Maghreb des peuples, tant désiré ; fidèle à la mémoire de nos Martyr(e)s, fidèle à la mémoire de toutes ces luttes, qui ont été le terreau de cette Révolution Historique… Les yeux luisants de ce bonheur, intériorisé mais tellement visible, de voir fermés, à jamais, les yeux de l’oppression… Je suis fier de ton amitié, Camarade ! Achouddou ‘ala ayadika.

Le Parti a accompli ce soir-là, historique, avec le fort engagement qui sied à ce moment où les yeux de l’Histoire vous scrutent, ce saut dans l’inconnu qui lui était promis depuis longtemps, bien avant la campagne électorale ! Car qui de nous, aurait pu s’imaginer, dans un Gouvernement d’Entente Nationale, avec le CPR, qui est quelque part notre « pendant agité », et Ennahdha, que d’aucuns estiment les fondements, à tort ou à raison, aux antipodes des nôtres ?! Ce jour-là est venu, Camarades, car il nous a fallu répondre à l’appel du devoir en ces moments historiques, et au devoir de fidélité indéfectible à la mémoire de ces militant(e)s, de ces martyr(e)s, dont les Luttes ont permis ce jour de la mise à mort de cette bête hideuse qu’était la dictature. Le peuple Tunisien a voulu cette entente citoyenne, Camarades, et l’on se doit d’y répondre, à cette volonté populaire… Bien sûr, les partis qui s’estiment perdants de cette élection historique, autrefois amis, ont refusé de participer à ce gouvernement de synthèse populaire, peut-être avec raison au vu de leur campagne, mais nous nous devons d’apporter à cette transition, constitutionnelle et gouvernementale, la pondération, la dignité et la rigueur de notre parti, dans lesquelles se lisent une grande partie du peuple… Le combat commence maintenant, Camarades ! Nous avons toujours défendu Ennahdha, lorsque ses militant(e)s étaient en proie à la répression de la dictature, insupportable. Nous avons toujours appelé, avec d’autres, à une Amnistie Générale, qui redonnerait ce respect à leurs dignités, humaine et citoyenne, bafouées. Nous avons toujours défendu leur droit à l’existence politique ; mais nous ne nous sommes jamais imaginés partager le pouvoir avec eux, ne serait-ce que pour un temps. Une primaire réaction s’insurgerait contre ce mot de « partage », avec raison sûrement, tellement il est léonin ; mais je pense que ce ‘’partage’’, même léonin, est dicté par la volonté populaire et par notre représentativité, et c’est maintenant que le combat commence pour la changer… Il nous faudra d’abord apprendre à connaitre « l’autre », ouvrir des canaux permanents de discussion et de veille militante avec « eux », les amener à une synthèse de leurs projets et actions politiques et constitutionnels à entreprendre, avec les nôtres et ceux du CPR ; les amener à comprendre que la Tunisie est différente de l’image à laquelle ils veulent, peut-être et loin de tout procès d’intention, la façonner ; qu’elle est digne, moderniste, progressiste, du Travail et des Libertés ; que, même si elle a perdu incontestablement sa « religiosité », elle est enracinée à jamais dans ses valeurs arabo-musulmanes, et la persuasion s’imposera pour un retour éventuel à une société plus imprégnée du sacré, qui doit être volontaire… car plus personne ne pourra plus rien lui imposer, à ce peuple de révolution ! Il nous faudra ainsi lutter, pied à pied, avec ces concitoyens si différents de nous, qui disposent incontestablement de la légitimité populaire, et dont il nous faudra calmer les ardeurs de certaines franges d’entre eux, pour une Tunisie ouverte et tolérante. Camarades, qui agissez dans ces structures de synthèse de la voix populaire, vous qui avez la chance de cette responsabilité historique, celle de répercuter la volonté populaire, d’honorer la mémoire de nos Martyr(e)s, en offrant à leurs enfants un pays libre et démocratique. Achouddou ‘ala ayadikoum.

Venons-en maintenant à ces discussions, à ces … négociations de positions, dont les prémices laissent penser qu’elles semblent, pour le moins ardues. Il semble ainsi, au vu du premier projet fuité dans la presse, de « Règlement Intérieur », présenté sûrement par Ennahdha, que vous allez avoir la partie dure, mes ami(e)s ! En effet, ce projet est vraiment porteur de dictature, tant dans son article 15, attribuant la présidence du gouvernement au parti ayant le plus grand nombre de sièges à la Constituante, instituant la dictature d’un parti, en l’occurrence Ennahdha, et interdisant une éventuelle coalition gouvernementale, même majoritaire, imposant de fait une bipolarisation de la vie politique, fort mal venue, gommant les spécificités de chaque mouvement politique ; que dans son article 19, qui impose deux tiers des voix à une éventuelle motion de censure, et non la majorité qualifiée ; ce qui serait peut-être compréhensible lors d’un éventuel referendum populaire, et encore, car impossible à organiser !, (c’est un article en cours, dans le règlement intérieur des bureaux nationaux des syndicats de l’UGTT, à titre d’exemple) mais l’essence de cet article est vraiment dictatoriale dans une Assemblée Constitutionnelle, ou législative… A ce propos, au moment de la rédaction de cette contribution, j’ai su que le parti a voté contre Ennahdha lors de l’examen de ce projet de règlement intérieur, en particulier des rédactions inacceptables de certains articles, ce qui doit être la raison de ce vote… Mais alors, vous ne trouvez pas que ça fait très mauvais effet, de voir un tel accroc majeur dès les premiers textes !? Une telle « majorité » peut-elle être viable !? Comment Ennahdha peut-il se permettre un tel coup de force, de vouloir faire passer un texte contre la volonté de ses partenaires !? N’est-ce pas un signe annonciateur d’une volonté d’hégémonie, de la part de ce parti !?… Toutes ces questions, qui doivent avoir une réponse, doivent amener les trois partis de l’Entente, et Ennahdha en premier lieu, à plus de rigueur dans l’action commune, législative et exécutive, et à débattre sérieusement, pied-à-pied, chacun de leurs volets, afin de donner une image plus noble de la politique, qu’ils veulent consensuelle, et dont ils sont les pionniers…

A propos de fuite, on a vu, de façon redondante, la nouvelle figure du parti, Monsieur Khemaies Ksila, qui a envahi les media, télévisuels et radiophoniques, sans compter son temps, pourtant bien précieux, j’imagine ; suivant cette mode du « ma binette partout », fort suivie par de nombreuses ‘’figures du militantisme’’ qui ont ardemment sévi dans ces media, dès après la révolution… ce qui ne leur a pas porté chance aux élections… On a vu monsieur Ksila fuiter, ressasser cette histoire, mettant en exergue la prétendue volonté d’exclusion d’Ennahdha, de cette « élection de l’adjointe au rapporteur d’une sous-commission ‘’ad hoc’’, qui doit durer quatre jours… », où Ennahdha aurait refusé l’élection d’un candidat de l’opposition contrairement à un accord passé auparavant !… et qu’il raconte à chaque intervention, tenant un discours qui relève plus du psittacisme que du discours politique, et un ton de langage étrange à celui du parti, tout de rigueur mais aussi de pondération et de tolérance. Les responsables du parti, à commencer par son Secrétaire Général, répètent pourtant à l’envi, à chaque fois que l’on parle de cela, que le « parti n’a pas d’épouvantail », se démarquant nettement de ce positionnement politique opposé à Ennahdha. Alors ? Cette posture relève-t-elle de souvenirs de cette vie ancienne, sinueuse, des chemins de fer à la LTDH, atterrissant dans les « services consulaires et médiatiques » à l’étranger, en passant par le cabinet de feu Mohamed Charfi, au ministère de l’éducation, où a été mise en place cette politique funeste « d’assèchement des sources », comprenez celles de « l’islamisme », qui a donné, entre autres et pas exclusivement, ce canard boiteux que l’on voit aujourd’hui dans nos écoles et nos universités ; et qui a été le prélude à l’éradication physique des militant(e)s d’Ennahdha, tâche de honte sur le front de la Tunisie, qui observait alors un silence assourdissant… Aujourd’hui, la discipline de parti, qui est partie prenante dans une entente gouvernementale, l’astreint à un devoir de réserve, même à l’encontre de son opinion personnelle, surtout quant à ces épiphénomènes ad hoc ; et je pense que le travail des structures et la conduite de ces négociations si ardues impose à chaque membre du parti une loyauté publique sans faille à tous les intervenants de ces discussions, fût-ce t’ils être des adversaires au niveau de leurs idées… D’autant plus que ce genre de démarches politiques ne peut qu’altérer cette relation de confiance avec nos partenaires, qui doit perdurer, loyale tout en étant droite et rigoureuse quant aux constantes inaltérables du parti et du pays. Le parti se doit ainsi de clarifier son discours, un peu « cacophonique » aujourd’hui, car ses militants ne savent plus auquel se vouer, entre celui d’entente avec Ennahdha et celui en parlant comme d’un adversaire ! A moins que le parti ait adopté une stratégie à la ‘‘Moha le fou, Moha le sage’’, pour faire entendre à ses partenaires, un autre son de cloche !… et même dans ce cas, Moha le fou en fait un peu trop !

En ce qui concerne l’action politique de notre parti, je pense que vous vous êtes indigné(e)s, comme moi, de cette campagne médiatique, féroce, qui s’en prend au Camarade Mustapha Ben Jaafar, par celles et ceux qui s’accaparent le modernisme, le progressisme, la démocratie, et tant d’autres épithètes, vidés de leur substance, à force d’être rabâchés. Certain(e)s parlent même de sa trahison du « camp démocrate », à l’instar de Nadia Omrane, d’ordinaire plus perspicace, où elle titre dans sa dernière contribution dans Alternatives Citoyennes,’Maya Jribi, la mauvaise conscience du docteur Ben Jaafar’’, titre profondément choquant, surtout de la part d’une compatriote au parcours citoyen auquel je vouais un grand respect. Ce titre (et le contenu !) émane plutôt, à mon sens, de la posture de gens qui veulent se donner bonne conscience dans leur démarche politique actuelle, qui frise ‘’l’éradication’’, de fort mauvais souvenir. Madame Nadia Omrane en arrive même, parlant du Camarade Mustapha Ben Jaafar, à écrire « … Ce 22 novembre, l’homme se penchait-il sur son passé quand, dans une émotion visible… », insinuant que son passé, qu’elle avoue honorable dans son article, n’avait rien à voir avec son présent, puisqu’il « s’est allié avec les islamistes »… Elle qualifie même son élection au « perchoir », vocabulaire utilisé à Paris, de « première fracture démocratique », sans préciser entre quelles structures s’est faite cette fracture, et en lui accolant l’épithète « démocratique », comme si le Camarade, bien assis au « perchoir », sic, n’en est plus de cet épithète !! Madame, l’acte d’élire n’est-il pas l’ingrédient essentiel de la démocratie ? Comment pouvez-vous alors la dénier, insidieusement, à cette élection au « perchoir » ?… Ces postures, et tant d’autres, des ‘’bonnes consciences politiques’’, ont indéniablement constitué une ligne de fracture de plus avec nos anciens compagnons de luttes, réelles ou virtuelles ! Ces ex-camarades de route qui se sont érigé(e)s en tuteurs de la « liberté », du « progressisme », du « modernisme »… sans s’interroger aucunement sur leur posture, laïciste, similaire à celles des fachos intégristes-islamistes, qui se veulent tuteurs de l’islam et de sa pureté… Cette attitude, « éradicatrice », les a même conduit à cet aveuglement insupportable, refusant de voir la noblesse militante du Camarade Mustapha Ben Jaafar qui a tenu à offrir la parole à sa concurrente d’un jour, en ce jour historique ; refusant de voir cette fidélité à la mémoire des luttes passées, partagées, cette main tendue à celles et ceux qui ont voté contre lui, dans un geste d’apaisement de quelqu’un qui parle aujourd’hui au nom de cette Assemblée ; refusant de voir cet hommage qu’il a tenu à rendre au panache militant de Madame Maya Jeribi et à la contribution de son parti dans la chute de l’oppression… Les commentateurs-trices se sont alors émerveillé(e)s devant la verve avec laquelle Maya Jeribi a improvisé son discours et n’ont rien vu de tout cela ! Si vous ne voyez pas tout ceci, mes ex-Camarades, c’est que cette ligne de fracture, apparue il y a un temps, est à présent devenue un fossé béant !

Achouddou ‘ala ayadikoum, Camarades.

Faouzi Bellalouna

Universitaire, Syndicaliste


 

Belhassen Trabelsi, le «parrain» tunisien: mon refuge au Canada

 
 
Isabelle Hachey
 
Un an après le début de la révolution en Tunisie et 11 mois après avoir trouvé refuge au Canada, tout indique que Belhassen Trabelsi habite toujours la région montréalaise. Jusqu’ici, Ottawa est resté sourd aux appels de Tunis, qui réclame son extradition, et qui détient maintenant un argument de poids: la justice tunisienne a déjà condamné à deux reprises celui que plusieurs considèrent comme le parrain du clan mafieux ayant longtemps régné sur ce pays. En attendant, ses victimes s’indignent de le voir couler des jours paisibles au Canada.
 
Près d’un an après la chute du régime tunisien, le beau-frère du président déchu continue de couler des jours paisibles au Canada, probablement dans la région montréalaise.
Belhassen Trabelsi, considéré comme le «parrain» d’un clan ayant pillé les richesses de tout un peuple, n’a toujours pas été inquiété par les autorités canadiennes, malgré une condamnation à 15 ans de prison par contumace, le 28 septembre, par un tribunal de Tunis.
Forte de ce jugement, la Tunisie espère obtenir son extradition ou du moins son arrestation au Canada. Plusieurs demandes d’entraide judiciaire ont été faites au cours des derniers mois. Jusqu’ici, toutefois, Ottawa n’y a pas répondu.
 
Et bien des Tunisiens établis au Québec – dont plusieurs ont fui l’ancien régime – commencent sérieusement à s’impatienter.
 
Un accueil glacial
Quand son jet privé s’est posé à Dorval, le 20 janvier, Belhassen Trabelsi a reçu un accueil glacial. «On ne veut pas d’un individu comme lui au Canada», a tranché le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.
C’était six jours après la chute du régime. Le président Zine el-Abidine Ben Ali et sa femme, Leïla Trabelsi, avaient déjà fui en Arabie saoudite. Belhassen, frère de Leïla, a choisi de se réfugier au Canada.
Un choix logique, dans la mesure où, depuis 20 ans, il avait toujours été bien reçu au pays. Il y avait investi des millions et avait même obtenu son statut de résident permanent.
Ce statut lui a été retiré en janvier parce qu’il n’avait pas mis les pieds au pays depuis deux ans, comme la loi l’exige.
M. Trabelsi a aussitôt fait une demande d’asile. Il pourrait obtenir gain de cause s’il prouve qu’il risque de subir de mauvais traitements en Tunisie. Mais sa condamnation lui compliquera la tâche. «Il pourrait être interdit de territoire au Canada pour grande criminalité», explique Stéphane Handfield, avocat spécialisé en droit de l’immigration.
 
Le voile du secret
Dans les agences et les ministères fédéraux, un voile épais couvre le dossier Trabelsi. Aucune information ne circule. Impossible de savoir si ses biens, évalués entre 10 et 20 millions de dollars, ont été saisis. Pas un sou, en tout cas, n’a encore été restitué à la Tunisie.
Au ministère des Affaires étrangères, on se borne à dire que «le Canada a pris des mesures pour bloquer les avoirs» des membres du clan, sans plus de détails.
L’approche contraste avec celle de la Suisse et d’autres pays européens, où les biens ont été saisis dans les jours suivant la chute du régime. Des comptes bancaires contenant des millions de dollars ont été gelés. L’information a rapidement été rendue publique.
En octobre, Moez Trabelsi, neveu de Belhassen – et un membre du clan de moindre importance – a été arrêté à Rome. Il est détenu en attente de son extradition.
 
Des rumeurs
Le silence du gouvernement laisse place à toutes les rumeurs. Au sein de la communauté tunisienne, on chuchote que Belhassen Trabelsi fraie avec les mafias italienne et libanaise. Et qu’il continue à brasser des affaires en utilisant des prête-noms et des sociétés-écrans.
Ce qui est certain, c’est qu’il ne manque pas de moyens. Il a vécu à Westmount pendant des mois et ses filles ont fréquenté la très élitiste école The Study jusqu’à la mi-juin. Sa femme et ses cinq enfants auraient depuis quitté le pays.
Excédés, certains Montréalais d’origine tunisienne perçoivent de la mauvaise foi dans l’apparent immobilisme du Canada.
«Les Tunisiens ont fait la révolution au nom de la dignité, dit Sonia Djelidi, du Collectif de solidarité envers les luttes sociales en Tunisie. Ils se sentaient humiliés par un système mafieux représenté par Belhassen Trabelsi. Or, cet homme continue à vivre ici et mieux que la majorité des Tunisiens. On se demande quel message le Canada veut lancer au reste du monde.»
***
 
Hammadi Kammoun > Le directeur des postes
Directeur d’un bureau de poste à Tunis, père de trois enfants, Hammadi Kammoun ne manquait de rien. Mais pour son plus grand malheur, le bateau de pêche qu’il venait d’acheter en prévision de sa retraite est tombé dans l’oeil de Mourad Trabelsi, frère de Belhassen.
Pour faire main basse sur l’objet de sa convoitise, Mourad Trabelsi a brisé sa vie. «Il m’a demandé de travailler avec lui dans le trafic de drogue, mais j’ai refusé par principe. Alors, il a voulu se débarrasser de moi.» Coûte que coûte.
M. Kammoun a été harcelé, menacé, jeté en prison pendant huit jours. «Quand on a commencé à menacer mes enfants, j’ai eu peur.» Poussée à bout, la famille s’est enfuie au Canada, laissant toute une vie derrière elle. «J’ai tout perdu.»
Le 17 novembre, Mourad Trabelsi a été condamné à 10 ans de prison pour avoir extorqué des milliers de dollars à un marchand de poissons. Il possédait plusieurs bateaux avec lesquels il est soupçonné de s’être adonné au trafic de drogue et d’avoir écoulé des trésors patrimoniaux en Russie et en Israël.
M. Kammoun, lui, est gardien de sécurité à Montréal. Il est amer. Le Canada a d’abord refusé sa demande d’asile. «On ne nous croyait pas. On nous disait que le président et sa famille étaient de bonnes personnes.» Pendant six ans, il a épuisé tous les recours.
Ce n’est que trois semaines avant la date prévue de son expulsion que le Canada, revenant sur sa décision, lui a accordé le statut de réfugié.
Que ce soit au tour de Belhassen Trabelsi de réclamer l’asile ne manque pas d’ironie pour M. Kammoun. Il s’agit après tout du «parrain» du clan ayant provoqué sa ruine. Et sa propre fuite au Canada…
 
Mohamed Bouebdelli > L’intellectuel
Pendant des années, Mohamed Bouebdelli ne se déplaçait jamais sans un sac de voyage rempli du nécessaire pour un séjour en prison. Au cas où. «Quand je sortais le matin, je ne savais pas si je rentrerais le soir.»
Son crime: avoir tenu tête aux membres du clan Ben Ali.
M. Bouebdelli et sa femme Madeleine dirigent de prestigieuses écoles privées à Tunis. Leurs ennuis ont commencé en 1997, quand Belhassen Trabelsi a voulu inscrire sa fille de 3 ans à la maternelle. L’école, qui n’accepte les enfants qu’à partir de 5 ans, a refusé de se plier à sa demande.
L’année suivante, le président Ben Ali et sa femme Leïla, constatant que leur fille avait de la difficulté en classe, ont exigé la suppression des cours d’anglais et de français pour l’ensemble des élèves. Nouveau refus.
En 2004, un proche des Trabelsi a voulu inscrire sa fille au collège. Sauf que cette dernière affichait une moyenne beaucoup trop faible pour être admise. Une fois de plus, les Bouebdelli n’ont pas cédé.
C’était un refus de trop. Le clan était furieux. Madeleine Bouebdelli a été destituée de son poste de directrice du collège. Trois ans plus tard, l’institution a été forcée de fermer ses portes.
«Ce sont des illettrés qui n’ont jamais accepté qu’on leur refuse quoi que ce soit», peste M. Bouebdelli, joint à Tunis. Le couple a été harcelé. Ses comptes ont été gelés sans raison. Au fil des ans, les tracasseries bureaucratiques se sont multipliées. «Ils ont créé des lois sur mesure pour nous mettre des bâtons dans les roues.»
M. Bouebdelli juge scandaleuse la présence de Belhass¿en Trabelsi, «l’âme maudite» du clan Ben Ali, sur le sol canadien. «C’est une honte de voir ce pays démocratique héberger un tel mafieux.»
 
Hedi Oueld Baballah > Le comédien
L’humoriste tunisien Hedi Oueld Baballah est l’un des seuls artistes à s’être moqués du clan Ben Ali avant la chute du régime. Une audace qui lui a coûté la liberté.
Dans un sketch, il imitait le président Ben Ali légalisant la drogue en Tunisie, dans l’espoir de faire oublier les extravagances de sa famille au bon peuple. Dans un autre, le président examinait les mains de son nouveau-né pour constater qu’elles ressemblaient à celles de Belhassen Trabelsi. Pas de doute possible: l’enfant serait un voleur, comme son oncle.
Belhassen Trabelsi était hors de lui. «Une source digne de confiance m’a raconté que c’est sa soeur Leïla et lui qui ont tout magouillé pour me faire jeter en prison.»
Grâce aux pressions internationales, l’humoriste a été libéré au bout de cinq mois. Mais il n’avait plus de travail. Avant la révolution de janvier, aucune scène n’était prête à l’accueillir.
En tant qu’artiste, il déplore par-dessus tout que Belhassen Trabelsi ait détruit sans vergogne un grand nombre de vestiges culturels en Tunisie. Le 7 décembre, il a été condamné par contumace à un an et neuf mois de prison pour détention illicite de pièces archéologiques. «Il a volé des centaines d’objets anciens pour orner ses domiciles en Tunisie. Il a saccagé des ruines et construit des habitations sur des territoires classés au patrimoine mondial.»
M. Baballah s’indigne du fait que Belhassen Trabelsi se soit réfugié au Canada. «Nous, les Tunisiens, avions toujours cru que le Canada ne pouvait qu’appuyer les peuples opprimés, en n’acceptant jamais de servir de refuge aux criminels.»
 
(Source: Cyberpresse.ca Publié le 17 décembre 2011 à 11h25 | Mis à jour le 17 décembre 2011 à 15h52)
 
Lien: http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/crise-dans-le-monde-arabe/tunisie/201112/17/01-4478863-belhassen-trabelsi-le-parrain-tunisien-mon-refuge-au-canada.php

La troupe Ouled El Manajem attaquée par des salafistes à Sidi Bouzid

La troupe musicale Ouled El Manajem a été attaquée, samedi 17 décembre 2011, à Meknassi, par un groupe de salafistes alors qu’elle se préparait pour donner un concert à la Maison de culture de la région. La fête, programmée à l’occasion du premier anniversaire de la révolution, s’est soudainement transformée en scènes de violence entre salafistes et fans du groupe musical. Selon plusieurs radios tunisiennes, la troupe n’a été autorisée d’entrer sur les lieux du concert qu’après négociations. Seulement, peu de temps après, les salafistes sont revenus, saccageant les lieux et attaquant la troupe avec des bâtons. Résultats : des instruments détruits d’une valeur de 8000 dinars et un des membres blessé.

Source: “Business news” Le 18-12-2011

Lien: http://www.businessnews.com.tn/Tunisie–La-troupe-Ouled-El-Manajem-attaqu%C3%83%C2%A9e-par-des-salafistes-%C3%83%C2%A0-Sidi-Bouzid,520,28264,3


« L’esprit colonial, c’est fini » fustige Marzouki nouveau président de Tunisie à la France

Le Journal du Dimanche

Dans une interview exclusive au JDD, le nouveau président de la République tunisienne, Moncef Marzouki, fustige la condescendance française envers son pays.

Il y a moins d’un an, il était encore l’un des principaux opposants au régime. Après des années d’exil en France, Moncef Marzouki, 66 ans, est devenu lundi président de la République tunisienne. Avant-hier, dans le bureau occupé durant vingt-trois ans par Ben Ali, au cœur du sublime palais de Carthage, le nouveau chef de l’État, qui refuse toujours de porter la cravate, a reçu le JDD. À l’aube du premier anniversaire de l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid.

Le 18 janvier, vous rentriez d’exil, ce lundi 12 décembre, vous êtes devenu président de la République. Racontez-nous ces deux journées… Elles font partie, avec la naissance de mes deux filles, des plus beaux jours de ma vie. À partir de 2004, j’ai tenté à trois reprises de rentrer en Tunisie. À chaque fois, on m’a empêché de respirer, on m’a mené une vie de chien. Le 18 janvier, cela faisait cinq ans que je n’étais pas revenu. Ce fut comme un rêve auquel j’avais fini par ne plus croire. J’ai dû me pincer pour y croire. Je savais que le régime de Ben Ali, qui s’était mis à dos toutes les couches sociales de la population, des islamistes aux militants des droits de l’homme et aux intellectuels, allait s’écrouler un jour, mais pas si vite. En réalité, Ben Ali avait accumulé autour de ce palais tant de bois mort qu’il a suffi d’une étincelle, venue de Sidi Bouzid, pour mettre fin à ce régime odieux. Une bande de malfrats gouvernait la Tunisie. Imaginez des mafieux de la Côte d’Azur ou Mesrine à l’Élysée : c’était ça, la Tunisie de Ben Ali, que les grandes puissances présentaient comme le sauveur de la démocratie…

«Pour la première fois, les islamistes acceptent la démocratie et les droits de l’Homme»

Les grandes puissances, à commencer par la France. Vous dites, au sujet de la France, que les bras vous en tombent. Pourquoi? J’ai très peu apprécié des considérations culturalistes, pour ne pas dire racistes, formulées à Paris par certains, dont l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, qui se demande si l’Occident doit exporter sa démocratie. Comme si la démocratie était propre aux pays occidentaux. Je suis francophone et francophile, je serai un pont entre la France et la Tunisie, nous travaillerons cordialement mais je constate que les Français sont souvent ceux qui comprennent le moins le monde arabe, alors que ce devrait être le contraire. Les Français sont prisonniers d’une doxa au sujet de l’islam.

Vous réclamez que la Tunisie soit considérée par la France autrement que comme un « client » pour ses entreprises… Oui, ça, c’est fini. Je ne suis pas comme Ben Ali, je suis un président légitime, je tire ma force du peuple. Je n’ai pas besoin d’aller chercher ma légitimité à l’étranger. Tous les régimes dictatoriaux du monde arabe avaient besoin de la légitimation du monde occidental pour exister. Ne serait-ce que parce qu’ils avaient planqué leur fric là-bas. Moi, je n’ai aucun compte en Suisse ou en France. Je suis désormais le président indépendant d’un pays indépendant. L’esprit colonial, c’est terminé. La révolution de janvier 2011 nous a donné la démocratie, la République et finalement l’indépendance.

Quel président serez-vous? Je serai moi-même. Ce palais a été durant des décennies une forteresse, il deviendra une maison de verre ouverte à tout le monde. J’incarnerai la transparence. Ce palais, sous Ben Ali, était le temple de la corruption. Il était le plus grand commissariat du pays, il deviendra le domaine des droits de l’homme. J’ai décidé que tous les autres palais de Ben Ali seront vendus. Je racle les fonds de tiroir pour soigner les blessés de la révolution. Les gens me préviennent : « Attention, la fonction va te transformer. » J’ai la prétention de penser que c’est moi qui vais transformer cette fonction.

Qu’est-ce qui rapproche Moncef Marzouki, ancien défenseur de la laïcité et des droits de l’Homme, de Rached Ghannouchi, homme fort du parti islamiste Ennahda, vainqueur des dernières élections? Nous avons une histoire commune : nous sommes deux enfants pauvres du Sud, deux anciennes victimes de Bourguiba puis de Ben Ali, deux anciens exilés. Je prétends que j’ai aidé à rapprocher les islamistes de la démocratie et des droits de l’Homme ; eux m’ont influencé en me persuadant que vous ne pouvez pas réformer ce pays sans prendre en considération la religion et l’histoire. Mais pour les idées, je reste pétri par la culture rationaliste occidentale, celle des Lumières ; eux davantage par la culture traditionaliste religieuse. Je ferai aussi de mon bureau un observatoire de toutes les violations des droits de l’homme et de la femme. Ce contrat de gouvernement que nous avons rédigé est un bon contrat. Pour la première fois, les islamistes acceptent la démocratie et les droits de l’homme. Les craintes à l’égard d’Ennahda sont absurdes. Ceux qui crient au loup sont soit de mauvaise foi, soit des ignorants.

Beaucoup craignent pourtant qu’à court terme, rien ne puisse résister à Ennahda… Le temps montrera à quel point l’approche des Occidentaux est absurde. Notre société recèle une partie conservatrice et une autre moderne. L’expression politique du conservatisme, c’est l’islamisme. Vous avez des partis démocrates-chrétiens en Europe, nous avons un parti démocrate islamiste. Prétendre que nous avons vendu notre âme au diable en nous alliant aux islamistes relève du fantasme.

Les heurts à l’université de Tunis il y a deux semaines autour du port du niqab à l’intérieur de l’établissement, est-ce un fantasme? Encore un mauvais exemple français. Il y a 300.000 étudiants en Tunisie, dont la moitié de filles. Sur ces 150.000 étudiantes, il y a peut-être 20% de jeunes voilées dont une, une seule, qui veut porter le niqab. On fait toute une histoire pour une étudiante. Il y a 700.000 chômeurs dans ce pays. Comment pouvons-nous nous focaliser sur autre chose que la lutte contre le chômage ? Cette histoire de niqab relève de la liberté individuelle de chacune. Qu’on en finisse et qu’on parle de sujets importants. Celui-ci est tout à fait marginal, il n’existe pas pour moi. Il ne m’intéresse même pas.

Source: ”Connexion ivoirienne” Le 18-12-2011

Lien: http://www.connectionivoirienne.net/?p=64833&cpage=1

 


Marzouki : « Les craintes à l’égard d’Ennadha sont absurdes »

Le nouveau président tunisien, dont le Journal du Dimanche publie un long entretien, ne ménage pas ses critiques envers les Français qui sont, selon lui, ceux qui comprennent le moins le monde arabe. « L’esprit colonial, c’est terminé », assène-t-il en réaction aux craintes de Hubert Védrine.

« J’ai très peu apprécié des considérations culturalistes, pour ne pas dire racistes, formulées à Paris par certains, dont l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine qui se demande si l’Occident doit exporter sa démocratie. Comme si la démocratie était propre aux pays occidentaux ». Dans les colonnes du Journal du Dimanche, le nouveau président tunisien, Moncef Marzouki, fustige la position française et les déclarations de divers responsables politiques qui ont suivi la victoire des islamistes modérés en Tunisie. « L’esprit colonial, c’est terminé. La Révolution de janvier 2011 nous a donné la démocratie, la République et finalement l’indépendance », ajoute-t-il.

Une leçon qui s’accompagne de piques sévères à l’égard des pays occidentaux, et pas seulement la France : « Tous les régimes dictatoriaux du monde arabe avaient besoin de la légitimation du monde occidental pour exister« , analyse Moncef Marzouki. « Ne serait-ce que parce qu’ils avaient planqué leur fric là-bas. Moi, je n’ai aucun compte en Suisse ou en France. Je suis désormais le président indépendant d’un pays indépendant« .

« J’ai aidé à rapprocher les islamistes de la démocratie« 

L’ancien opposant de gauche et défenseur des droits de l’homme, longtemps exilé en France, qui a nommé officiellement mercredi l’islamiste Hamadi Jebali, le numéro deux du parti Ennahda, au poste de chef de gouvernement, estime que « les craintes à l’égard d’Ennadha sont absurdes« . Et de plaider : « Notre société recèle une partie conservatrice et une autre moderne. L’expression politique du conservatisme, c’est l’islamisme. Vous avez des partis démocrates-chrétiens en Europe, nous avons un parti démocrate islamiste« .

Et à l’appui de ses dires, le nouveau président tunisien défend « le bon contrat de gouvernement » conclu avec les islamistes qui « pour la première fois acceptent la démocratie et les droits de l’homme« . Il assure : « J’ai aidé à rapprocher les islamistes de la démocratie et des droits de l’homme; eux m’ont influencé en me persuadant que vous ne pouvez pas réformer ce pays sans prendre en considération la religion et l’histoire« .

Interrogé sur « ce qui rapproche Moncef Marzouki, ancien défenseur de la laïcité et des droits de l’Homme, de Rached Ghannouchi, homme fort du parti islamiste Ennahda« , il n’hésite d’ailleurs pas à tracer des parallèles. « Nous avons une histoire commune : nous sommes deux enfants pauvres du Sud, deux anciennes victimes de Bourguiba puis de Ben Ali, deux anciens exilés« .

Source: ”TF1 News” Le 18-12-2011

Lien: http://lci.tf1.fr/monde/afrique/marzouki-les-craintes-a-l-egard-d-ennadha-sont-absurdes-6882464.html


Des inconnus incendient un bureau de la douane à Ras Jdir

Des personnes “non identifiées” ont incendié un bureau de douane tunisien au frontalier tuniso-libyen de Ras Jdir, a indiqué hier à l’AFP une source autorisée au ministère de la Défense. Une enquête a été ouverte et les recherches se poursuivent pour identifier les coupables et les motifs de leur acte commis à 14h locales, a précisé la même source. Le point de passage de Ras Jdir (environ 580 km au sud de Tunis) a rouvert jeudi côté tunisien après 15 jours de fermeture en raison de la multiplication d’incidents et d’infiltrations de Libyens armés vers la Tunisie. Ce poste frontalier est d’une importance cruciale pour l’économie locale, la plupart des habitants de la région frontalière vivent du commerce informel entre les deux pays.

Source: ”Liberte d’Algerie” Le 18-12-2011

Lien: http://www.liberte-algerie.com/actualite/des-inconnus-incendient-un-bureau-de-la-douane-a-ras-jdir-tunisie-168182


Tahar Hmila dénigre Om Zied et lave le linge sale du CPR en public

Tahar Hmila, président de la coalition du CPR à l’Assemblée constituante, continue à faire parler de lui en déclenchant des polémiques de bas niveau. Ses virulences n’ont pas visé, cette fois, l’opposition ou l’UGTT, mais son propre camp. Invité par Samir El Wafi, sur Hannibal TV, Tahar Hmila s’est attaqué à Néziha Rjiba (Om Zied) en s’interrogeant d’où l’a-t-on ramenée ? Pour lui, cette militante était en longue hibernation (il a cité Ahl El Kahf) qui a démissionné du parti depuis un bout de temps et n’a pas à corriger le parcours correct du CPR. A entendre M. Hmila, Om Zied ne serait là que pour casser la coalition du CPR avec Ennahdha. Quant au différend au sein du parti, il s’agit à l’origine d’une course aux chaises entre les militants. Chacun ne voulait pas voir l’autre nommé ministre. A entendre Tahar Hmila, certains militants auraient même tourné le dos à Moncef Marzouki pour dire que le président du CPR ne les engage pas qualifiant ces agissements d’ingrats et de coup d’Etat. Ambiance !

Source: ”Businee News” Le 18-12-2011

Lien: http://www.businessnews.com.tn/Tahar-Hmila-d%C3%A9nigre-Om-Zied-et-lave-le-linge-sale-du-CPR-en-public,520,28258,1


L’hebdomadaire indépendant «Contre le pouvoir» interdit de parution

Taoufik Ben Brik crie à la censure déguisée et accuse le pouvoir !

Par Walid KHEFIFI

Le premier numéro de l’hebdomadaire «Dhedd Essolta» (Contre le pouvoir), qui devait paraître hier, a manqué à l’appel dans les kiosques. Le journaliste Taoufik Ben Brik, fondateur de cet hebdomadaire arabophone qui se voulait, comme son titre l’indique, sans concession face au pouvoir a estimé que son journal a été interdit de parution. «Mon canard, qui devait sortir le samedi 17 décembre pour commémorer le premier anniversaire du déclenchement de la révolution, était absent hier des kiosques.

En me renseignant auprès du ministère de l’Intérieur, on m’a informé que ce département n’intervient plus dans la distribution de la presse, tout en m’invitant à demander des explications auprès du gouvernement», précise Taoufik Ben Brik. Et d’ajouter: «après moult coups de fil, j’ai appris que la société de distribution a pris de façon unilatérale la décision de ne pas distribuer le journal sous prétexte que son prix est très élevé (500 millimes)».

Journaliste à la plume acérée et opposant acharné au régime de Ben Ali, M. Ben Brik est persuadé que son journal est tombé sous le coup de la censure. «Le refus de distribution de mon journal constitue en réalité une censure déguisée qui nous rappelle les pratiques de sinistre mémoire de l’ancien régime», s’offusque-t-il.

Pour étayer sa thèse, le journaliste révèle que le premier numéro de l’hebdomadaire comporte des articles qui appellent les Tunisiens à poursuivre la révolution et critiquent sévèrement les trois nouveaux hommes forts de la Tunisie, Moncef Marzouki, Hamadi Jebali et Mustapaha Ben Jaâfer, respectivement Président de la République, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale Constituante.

«Hydre à trois têtes »

Taoufik Ben Brik ne s’étonne pas de voir M.M Marzouki et Ben Jaâfer, deux anciens opposants farouches à la dictature et défenseurs des droits de l’Homme, ordonner ou, du moins, fermer les yeux sur la censure d’un journal indépendant. «Le pouvoir éblouit. Quand on détient le pouvoir et quand on s’allie avec les islamistes, on peut s’attendre à tout. Les trois nouveaux dirigeants de la Tunisiesont une véritable hydre à trois têtes», peste celui qui considère le mouvement islamiste Ennahda comme «un parti d’extrême droite ancré dans l’anachronisme».

Le fondateur de l’hebdomadaire «Contre le pouvoir», dont une version francophone serait disponible ultérieurement, promet de continuer son combat éternel contre le musellement de la presse en Tunisie. «Ben brik est une plume trop libre pour la Tunisie et il le reste que cela soit sous Ben Ali ou sous Marzouki. Les deux noms riment d’ailleurs», lâche-t-il sur un ton moqueur.

Connu pour ses écrits dénonçant la dictature de Ben Ali, Taoufik Ben brik était régulièrement censuré et harcelé par la police de l’ancien régime. Il avait été emprisonné six mois fin 2009-début 2010 pour des faits de violences sur une femme à l’issue d’un procès qualifié de «machination politique» par les défenseurs des droits de l’Homme.

Juriste de formation, il a commencé sa carrière dans les années 1980 dans la presse locale, avant d’être renvoyé du quotidien gouvernemental La Presse. Plume libre, il se tourna alors vers la presse étrangère française, où il enchaîne depuis ouvrages et chroniques, maniant à l’envi l’ironie et la satire, avec pour cible préférée l’ex président Ben Ali.

Source: ”Le Temps” Le 18-12-2011

Lien: http://www.letemps.com.tn/article-61701.html


Un jeune Tunisien en détresse tente de s’immoler par le feu au consulat de Tunisie en Espagne

Par Ahmed NEMLAGHI

L’histoire du jeune tunisien qui s’est présenté dernièrement au consulat de Tunisie en Espagne, en menaçant de s’immoler par le feu, et qui a produit un grand trouble dans les bureaux du consulat, ne laisse indifférent aucune personne dotée d’un tant soit peu d’humanisme, abstraction faite de la personnalité de ce jeune homme et de la crédibilité ou pas, de sa version avancée comme étant la cause de sa détresse.

En effet, l’état dans lequel s’est présenté ce jeune homme, au consulat tunisien en Espagne, ne peut être celui d’un homme jouissant de toutes ses facultés, et encore moins d’un homme qui simule le désarroi et la détresse.

T.Hammami, âgé de 32 ans réside en Espagne avec des papiers en régle depuis quelques années. S’étant lié avec une Américaine, il était venu avec elle en Tunisie l’année dernière pour passer des vacances, avec un bébé, une fillette d’à peine un an et demi.

Ce bébé innocent s’avèrera être la cause de tous les déboires du jeune homme.

En effet, lorsque des problèmes, ont éclaté entre le couple, la jeune américaine dénia la qualité de père au jeune homme qui porta le litige devant les tribunaux tunisiens, pour empêcher la mère de repartir aux Etats-Unis avec le bébé. Mais il n’avait aucun document pouvant appuyer sa demande qui a été hélas rejetée pour cette raison.

La tension augmenta entre le couple, à leur retour en Espagne, à telle enseigne qu’un beau jour, la mère s’envola aux Etats-Unis avec la fillette, laissant le jeune homme dans le désarroi

Il faut dire que ce problème crucial a toujours existé entre les couples mixtes, même dans les cas où la paternité est dûment établie. Bien souvent, l’épouse invoque la violence de son compagnon pour s’en tirer à bon compte et finir par quitter le territoire en amenant l’enfant avec elle. Cet acte constitue un délit, pour la mère, quand bien même la garde de l’enfant lui ait été attribuée de manière légale. Le père est en droit de pouvoir rendre visite à son enfant et s’encquérir de son état. Ce droit est en outre dans l’intérêt de l’enfant lui-même qui doit jouir de la présence de ses deux parents et dans les mêmes conditions.

Les autorités tunisiennes s’intéressent au problème du jeune homme qui est actuellement en détention en Espagne étant inculpé de violence grave et de trouble à l’ordre public. Il attend d’être jugé pour ces chefs d’accusation.

Le service social au consulat tunisien, est intervenu auprès des autorités espagnoles dans l’espoir de trouver une solution à ce jeune homme qui est désemparé, pour avoir été privé de sa fille, un bébé de quelques mois dont la mère soutient mordicus que ce jeune homme n’est pas le père.

La solution idéale pour mettre fin à tout équivoque : l’analyse ADN. Mais la fillette est à mille lieus du père, et sa mère n’a aucune intention de la soumettre à de telles analyses qui nécessitent sa présence auprès du requérant.

C’est ce qui explique l’attitude du jeune homme au consulat de Tunsie en Espagne dans un moment de désespoir et de détresse.

Source: ”Le Temps” Le 18-12-2011

Lien: http://www.letemps.com.tn/article-61702.html


Feuilleton gratuit

Par Abdelhamid Gmati

La situation économique peu enviable de notre pays a évidemment des conséquences négatives sur tous les secteurs, y compris les médias, en particulier les chaînes de télévision. La direction de la Watanya (1 et 2) a dit, à plusieurs reprises, qu’elle était en déficit. Non seulement elle n’a pas d’argent mais elle a des dettes. Un producteur exécutif d’un feuilleton qui avait eu beaucoup de succès et remporté des prix à l’étranger attend toujours d’être soldé depuis plus d’un an et demi. D’autres créanciers attendent aussi leurs dus. Les autres chaînes font face à des problèmes financiers similaires. Et la situation ne risque pas de s’améliorer de sitôt, les recettes publicitaires étant en baisse, vu que les annonceurs font face à la crise. Pour le moment, nos quatre chaînes offrent des grilles de programmes bien remplies, mais leurs émissions sont surtout axées sur les informations et les débats. Elles profitent ainsi de la révolution qui a libéré la parole et la pensée. A quelque chose malheur est bon. Le téléspectateur tunisien est avide d’informations et il n’est pas étonnant que le journal télévisé de la Watanya soit le plus regardé. Mais cela veut dire aussi que côté divertissement, c’est la dèche. Certes, il y a bien quelques émissions dites «sociales», mais elles consistent en des «tribunes», c’est-à-dire se passant en studio, donc ne coûtant pas cher. Mais côté fiction, c’est très pauvre et il est à craindre que les téléspectateurs n’aient pas leurs feuilletons habituels. Au jour d’aujourd’hui, une seule chaîne est en négociation avec un producteur pour un feuilleton. C’est tout. Mais qu’on se rassure: la révolution a donné des droits et libéré les énergies et les retransmissions. Durant les dernières semaines, les travaux de l’Assemblée constituante ont été retransmis en direct par, au moins, deux de nos chaînes. Et cela a été suivi avec beaucoup d’intérêt, voire de passion, par les téléspectateurs. Et cela va continuer. Qu’on ne s’inquiète donc pas : nous aurons notre feuilleton, qui s’apparente aussi à la téléréalité. Et il sera gratuit. Sans publicité ni pause. Durant les premiers jours, il s’est agi d’une sorte de mise en place, un prélude. Maintenant les ingrédients sont réunis, les comédiens connus, l’intrigue dessinée ; et comble de bonheur, il s’agira d’un vaudeville, c’est-à-dire «une comédie légère fondée sur l’intrigue et le quiproquo». Certains acteurs (membres de la Constituante) nous ont, du reste, avertis qu’il s’agissait «d’une pièce de théâtre». L’intrigue est la réalisation d’une Constitution et les acteurs sont, bien sûr, le traditionnel «ménage à trois» (Ennahdha, Ettakatol et le Congrès pour la République), plus les autres opposants (appelés aussi les intrigants, les envieux, les mauvais perdants). L’enjeu est cette belle Tunisie qui, sortant d’un terrible mariage catastrophique, aimerait vivre libre sans maître ni tuteur. Ce feuilleton sera passionnant. D’abord, parce qu’il n’est pas limité dans le temps. On risque d’avoir des centaines d’épisodes. Puis il sera assurément riche en rebondissements. Certes, au début, l’intrigue démarrera au ralenti, les trois prétendants s’étant entendus pour faire taire les autres. Un des chefs n’a-t-il pas demandé une trêve et prié les opposants de se confiner dans le silence et de ne pas se faire entendre? Ce sera difficile, car les «intrigants» peuvent être rendus muets sur la scène, mais ils peuvent être bruyants ailleurs. Et comme dans tous les feuilletons, en particulier dans la téléréalité, les intrigues secondaires sont nombreuses et imprévisibles. Et l’intrigue principale doit nécessairement avoir des rebondissements. Dans un ménage à trois, il y a un moment où les ententes ne tiennent plus car chacun a ses petits intérêts, ses petits secrets, ses revendications, sa soif de pouvoir. Déjà, on voit pointer un joli face-à-face entre un président ambitieux, promettant monts et merveilles mais sans prérogatives ni pouvoirs réels et un autre chef disposant de pouvoirs très étendus. Sans parler du troisième larron qui ne voudra certainement pas se contenter d’applaudir ce que les autres décideront. Et puis il y a «les gens de la maison» qui ne sont pas nécessairement d’accord avec les chefs et qui pourraient briser l’entente et devenir dissidents. Enfin, il y a cette belle Tunisie qui, elle, a ses propres choix. Aux dernières nouvelles, elle ne veut comme compagnon que le peuple. Lequel risque de se réveiller et de balayer tous les prétendants. Comme il l’a fait un certain 14 janvier. Grâce, d’ailleurs, à ce beau feuilleton dont on va suivre les péripéties ; sans se taire ni accorder de trêve. M. Caïd Essebsi n’a pas eu de trêve et il a, quand même, bien agi.

Source: ”La Presse” Le 18-12-2011

Lien: http://www.lapresse.tn/18122011/42206/feuilleton-gratuit.html

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