C.R.L.D.H. Tunisie: 2èmesession du Sous Comité des droits de l’homme Tunisie- UE – Un rappel des commentaires et des propositions actualisées du CRLDHT en guise de « feuille de route » Le Monde: L’homme qui en savait trop TTU Monde Arabe: Les Tunisiens voient rouge Kalima: Nouvelle agression contre la journaliste de la Radio Kalima, Faten Hamdi Kalima: Les agressions des enseignants se multiplient Kalima: Le Syndicat du secondaire appelle à la réintégration des grévistes licenciés Abdel Wahab Hani: M. Matri fils quitte la Présidence de sa banque Zitouna Jeune Afrique: Moussa Abdi : « La France doit reconnaître ses crimes en Algérie » Libération: Le Crif, vrai lobby et faux pouvoir
اللجنة من أجل احترام الحريات وحقوق الإنسان في تونس
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
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A l’occasion de la tenue à Tunis, le 25 Février 2010, de la 2èmesession du Sous Comité des droits de l’homme Tunisie- UE :
Un rappel des commentaires et des propositions actualisées du CRLDHT en guise de « feuille de route »
Le remaniement ministériel : un « relookage » et un « lifting » qui ne règlent en rien les problèmes de fond.
Le remaniement ministériel tant attendu et qui n’avait pu être « concocté » depuis le 4 novembre 2009, a eu lieu le jeudi 14 janvier 2010. Le premier ministre, Mohamed Ghannouchi, voit son bail renouvelé alors que certaines rumeurs avaient prédit un départ programmé pour Abou Dhabi. Les trois principaux « prétendants», Mondher Znaïdi (Santé), favori de Madame Leila Trabelsi, épouse du Président ben Ali, est maintenu. Mais les deux autres « poulains présidentiels » sont promus : Kamel Morjane aux Affaires étrangères et Ridha Grira à la Défense nationale. L’âme damnée du « Clan Trabelsi » (celui de l’épouse du Président), grand Chambellan de la diplomatie tunisienne depuis 2005 et exécutant de toujours des basses besognes de la presse à caniveau et de la diffamation, Abdelwahab Abdallah, fait les frais de ce remaniement. Deux jours plus tard, il réintègre le Palais de Carthage en tant que conseiller avec rang de ministre. « Fusible » de circonstances , il garde donc en grande partie sa capacité de nuisance même si son étoile a quelque peu pâli comme le confirme le rang protocolaire (avant dernier ) qui lui a été octroyé au sein du bureau politique du RCD. A signaler toutefois que, depuis le remaniement,les campagnes de presse indignes contre les opposants ont quasiment cessé.
Nul doute que ce « relookage » et ce « lifting » technocratique, doublés du « départ du bouc émissaire » et du « fusible » de circonstances, sont destinés à convaincre les alliés internationaux – européens et nord américains notamment- que ce remaniement constitue l’amorce d’un commencement d’ouverture !
Rien n’est pourtant moins sûr. Le ministre de l’intérieur est toujours en place et la permutation Tekkari-Bououni entre le ministère de la justice et des droits de l’homme et celui de l’enseignement supérieur ne règle rien car le «cœur du système » de coercition, de répression et de traque des défenseurs des droits humains et des démocrates » est bel et bien à Carthage (Palais présidentiel). Et pour le moment aucun indice n’est venu inciter les plus attentifs , voire les plus complaisants, des observateurs à un optimisme raisonné.
La crise entre la LTDH (ligue tunisienne de défense des droits de l’homme) et l’Etat est toujours là. La situation des prisonniers politiques( dont certains – comme Sadok Chourou , un des dirigeants du parti « Enahdha » interdit – sont détenus depuis près de seize ans) est toujours aussi inquiétante; les tracasseries policières et le harcèlement des associatifs indépendants et des opposants non vassalisées toujours aussi insupportables ; les «charrettes» de procès de ces trois dernières semaines parmi les étudiants et étudiantes aussi graves et préoccupantes ; les procès préfabriqués contre d’anciens prisonniers islamistes se chiffrent à 14 procédures depuis le 15 décembre 2009 ; la situation de Hamma Hammami (porte parole du PCOT, contraint à la clandestinité par crainte de représailles policières et judicaires) et celle de sa femme M° Radhia Nassraoui demeurent aussi préoccupantes et, last but least, les conditions de détention de Zouheir Makhlouf ( qui risque d’être séquestré en prison à partir du 18 janvier 2010 date à laquelle il aura fini de purger sa peine) et Taoufik Ben Brik dont l’état de santé est alarmant, sont aussi déplorables . La condamnation du journaliste Fahem Boukadous ( après qu’il eût fait opposition du jugement prononcé contre lui par contumace dans l’affaire de Redeyef) est venue, le 13 janvier 2010, confirmer ce tableau menaçant.
Actualisation :
1. Depuis, ce jugement à la prison ferme a été confirmé ,l’audience en appel ayant lieu le 23 Février 2010 ; et la situation des quatre autres condamnés par contumace – dont Mohieddine CHERBIB ,président de la FTCR et Maher El Farjaoui ‘résident en Europe) – pose toujours problème , alors que les anciens détenus de Redeyef, élargis à la suite de la mesure présidentielle, n’ont toujours pas recouvré leurs droits et leurs emplois.
2. Si le journaliste Zouhaïr Makhlouf a, enfin, été libéré quelques jours avant d’avoir fini de purger sa peine de trois mois de prison ferme( après l’aggravation en appel du jugement de première instance, de trois à quatre mois) ; l’écrivain et journaliste Taoufik Ben Brick- figure emblématique de la dissidence- est toujours détenu. Condamné ,à la suite d’un traquenard policier et à l’issue d’une parodie de justice, à 6 mois de prison ferme, TBB n’a pas exercé son droit de recours en cassation et ,au niveau procédural, rien ne s’oppose plus, la moitié de sa peine ayant été effectué , à ce qu’il soit mis en liberté provisoire. Ses conditions de détention et le refus du pouvoir de lui faire subir les analyses médicales indispensables au suivi de sa thérapie (déficience immunitaire due à la maladie de Cushing) suscitent les plus vives inquiétudes.
3. Par ailleurs, les étudiants et les étudiantes poursuivis ont été condamnés, en première instance et en appel, à des peines sévères de prison au terme de procès inéquitables au cours desquels les droits de la défense ont été systématiquement bafoués. Faut-il rappeler qu’à l’origine le grief qui leur est fait, par delà les invraisemblances des accusations portées contre eux, est d’avoir animé des actions syndicales portant essentiellement sur la dégradation de leurs conditions d’études et sur leur droit légitime à des logements universitaires décents.
4. Le 23 Février aura lieu à Gabès le procès des jeunes chômeurs arrêtés à La Skhira à la suite de la violente répression, il y a trois semaines, d’un mouvement de protestation sociale similaire à celui de Redeyef.
5. Dans le même temps, les atteintes au droit élémentaire – « l’infra SMIG démocratique » – à la liberté d’accès aux locaux des organisations ( partis et associations) légales se sont multipliées ainsi que les entraves au libre accès aux domiciles et aux bureaux d’une vingtaine de défenseurs soumis à des filatures systématiques, ostensibles et « collantes »( khémaïs Chammari, Ayachi Hammami, Mahamed Abbou, Radhia Nasraoui, Mohamed Nouri, Ali Laaridh, Zyed Doulatli, Abdelwahab Maatar, Néji Bghouri, Slim Boukhdhir, Lotfi Hajji, l’équipe de « Kalima » et de « Radio Kalima » dont une des journalistes Faten Hamdi a été agressée physiquement à deux reprise en une semaine. SI pour la LTDH et l’ATFD, les prétextes à ces atteintes n’ont guère changé ,demeurant injustifiées et inacceptables, les mesures visant les trois partis légaux- At-Tajdid, PDP et FDTL- ont ,semble t-il, pour explication un des trois motifs suivants ou les trois à la fois :
-La volonté d’entraver l’action de la Commission Nationale pour la Liberté d’expression et d’information – CNCEI, appuyée par un appel de près de 300 signataire nationaux de renom ;
– l’ostracisme à l’égard du « Collectif du 18 octobre pour les droits et les libertés » ( dont le 3ème document de consensus sur « les rapports entre l’Etat et la religion » et sur « les châtiments corporels » venant après ceux sur « l’égalité de genre (hommes- femmes) » et « sur la liberté de conscience » a suscité l’ire du pouvoir dans la mesure où il a été aussi ratifié par les islamistes d’ Ennahdha ) ;
– les contacts exploratoires, conduits par un groupe d’indépendants, en particulier M° Ayachi Hammami , avec les partis indépendants du RCD dans la perspective du scrutin municipal du 9 Mai 2010 !!!
2.1. Des questions incontournables pour le débat public du mardi 19 janvier 2010 au Parlement européen.
Face à cette situation le CRLDHT rappelle les termes de la « feuille de route » qu’il avait avancée il y a plus de [quatre] mois en évoquant l’éventuel « rehaussement » en « statut avancé » des relations UE Tunisie
(…) « Il n’est pas trop tard que le gouvernement prenne des initiatives et des mesures urgentes d’apaisement et d’ouverture qui puissent être considérées comme des signaux positifs et significatifs, préludes, à moyen terme, aux indispensables et inéluctables réformes politiques et institutionnelles que les démocrates et les défenseurs des droits humains appellent de leurs vœux. Ces réformes ont trait à la libération des détenus politiques, à une amnistie générale, au retour des exilés, à la confusion entre le parti RCD (Rassemblement constitutionnel et démocratique) et l’Etat, aux garanties d’indépendance de la justice, à la torture et à l’impunité, à la liberté et au pluralisme de la presse, à la réforme en profondeur du code électoral, à l’institution d’une commission électorale indépendante, à l’abrogation des lois, décrets et circulaires scélérats en matière de législation sur les associations, sur le droit de réunion ou sur la lutte contre le terrorisme ainsi que des mesures effectives pour enrayer une corruption galopante et un népotisme ravageur.
2.1.Quant aux mesures d’urgence et à court terme, elles concernent la libération des journalistes Tawfiq Ben Brick [et Zouhayr Mekhlouf ] , celle de Mr Sadok Chourou détenu depuis près de 16 ans, la cessation des tracasseries, des agressions ( Slim Boukhdhir, Sihem Ben Sédrine, Mouldi Zouabi, Faten Hamdi ) et du harcèlement dont sont victimes des opposants et des défenseurs (Khémaîs Chammari, Sihem Ben Sedrine, Omar Mestiri, Hamma Hammami, M° Radhia Nasraoui, M° Mohamed Abbou, M° Ayachi Hammami, M° Mohamed Nouri, M° Raouf Ayadi, Ali Laaridh, Abdelkrim Harouni, M°Mohamed Nouri, Lotfi Hidouri etc…),la cessation des campagnes de diffamation et « d’appel au meurtres » orchestrées par les journaux à la soldes du pouvoir, la libération des étudiants arrêtés début novembre et arbitrairement condamnés, la levée des mesures arbitraires de retrait ou de non renouvellement de passeports et d’interdiction de sortie sous des prétextes judiciaires fallacieux, la réintégration professionnelle des militants de Redeyef libérés le 5 novembre 2009 et le recouvrement de leurs droits ainsi que l’annulation des procédures ayant entrainé dans l’affaire de Redeyef la condamnation arbitraire par contumace de Mohieddine Cherbib, président de la FTCR (Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives) , et des non-lieux pour Fahem Boukadous, correspondant à l’époque de la chaine tunisienne Al- Hiwar et pour Hassan Ben Abdallah traqué depuis de longs mois.
2.2. Dans le même temps, se pose la question des conditions de vie et/ou de survie des associations et de composantes autonomes de la société civile. A la crise des relations entre le pouvoir et la LTDH- ligue tunisienne de défense des droits de l’homme- qui a, entre autres conséquences de blocage, le fait que le siège central de cette dernière – récemment cambriolé dans des conditions »sélectives » et tout à fait suspectes- n’est accessible qu’aux seuls membres du comité directeur et que onze sections locataires de locaux ne peuvent s’y réunir ; s’ajoutent les situations créées par les « coups de force » contre les directions légitimes de l’association des magistrats et du Syndicat national des journalistes. Par ailleurs, Toutes les associations autonomes et reconnues légalement ne peuvent tenir de réunions dans les lieux publics (hôtels, maison des jeunes, maisons de la culture…). Les militantes de l’ATFD –association tunisienne des femmes démocrates- (Sihem Ben Sedrine , Zakya Dhifaoui… ) sont interdites d’accès au siège de leur association qui déplore, de surcroît, que depuis l’intervention de la police à l’université féminine «Ilhem Marzouki » (à l’occasion de la session de formation au « monitoring » le 20 octobre 2009, le siège de ce programme novateur est cerné en permanence par la police qui en filtre l’entrée. La demi douzaine d’associations autonomes actives mais non reconnues subissent, quant à elles, d’incessantes tracasseries (Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), Liberté-Equité (EL), Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP), OPELC, Association de lutte contre la torture en Tunisie (ALTT)…) ; les sièges d’E.L. et surtout du CNLT étant soumis à un strict contrôle policier pour en interdire l’accès aux visiteurs.
2.3. Il y a enfin les engagements pris par les autorités tunisiennes, et jusqu’ici restés lettre morte, concernant les visites en Tunisie des rapporteurs spéciaux thématiques des Nations Unies en matière de droits humains et d’exercice des libertés ainsi que la présentation des rapports périodiques de la Tunisie devant les instances des Nations Unies de suivi de la mise en œuvre des pactes et des traités relatifs aux droits humains. Ces rapports, notamment ceux sur la torture, la liberté d’expression, l’indépendance de la justice, les défenseurs des droits de l’homme et les droits économiques et sociaux, accusent un retard de plusieurs années!
Ce sont là autant de questions incontournables pour le débat public du mardi 19 janvier 2010 au Parlement européen ainsi que pour la négociation des conditions de l’octroi éventuel à la Tunisie de ce « statut avancé » tant convoité. »
Actualisation
[ 2.4. Après le débat public au Parlement Européen, à Strasbourg le jeudi 21 Janvier 2010, sur les relations UE-Tunisie, particulièrement au niveau des engagements relatifs aux droits de l’homme et aux libertés; puis la visite à Tunis, du 22 au 26 janvier 2010, du rapporteur spécial des Nations Unies «pour la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste», Mr Martin Scheinin et sa marquante conférence de presse,[1] Tunis accueille, le 25 février prochain, la 2ème session du «sous- comité des droits de l’homme Tunisie-UE».
Trois rendez-vous en quatre semaines, au cours desquelles la politique autoritaire officielle a été, décidément, sur la sellette au niveau des instances internationales.
Sur Strasbourg, il suffit de rappeler que l’épisode, à tous égards positif, n’est pas clos; les groupes politiques décisifs au parlement européen se réservant la possibilité, si des mesures concrètes et significatives ne sont pas mises en œuvre par le gouvernement tunisien pour améliorer l’état des droits de l’homme et des libertés, de revenir à la charge avant et lors du débat sur les possibilités d’accès de la Tunisie à ce «statut avancé» convoité et, pour le moment, hypothétique.
« A l’occasion de la visite en Tunisie du Rapporteur spécial, Mr Martin Scheinin., le gouvernement tunisien a fait un effort de bonne volonté et de relations publiques qui n’était guère envisageable il y a quelques semaines. Le rapporteur spécial en a pris acte mais, avec un «doigté» et une fermeté remarquables, il a, à l’issue de sa visite et dans une déclaration de presse remarquée et remarquable, mis les points sur les i.
Qu’il s’agisse du cadre juridique (la loi du 10 décembre 2003, dite antiterroriste), des conditions de déroulement des procès, de la question de la torture ou «des graves incohérences entre la loi et la réalité», l’essentiel a été dit. Et ces observations préliminaires mettent à mal les dénégations et les plaidoyers pro-domo du gouvernement tunisien.
«Je suis convaincu, a-t-il conclu, que la démarche à piliers multiples pour prévenir le terrorisme grâce aux mesures sociales, d’enseignement et de non discrimination, adoptés en Tunisie, est un excellent exemple qui mérite réflexion. Je crains cependant que l’acquis de ces politiques soit aisément compromis par les violations de la loi qui, comme toujours, hypothèquent le succès de la lutte contre le terrorisme».[2]]
Paris le 18 Février 2010
[1]cf Déclaration du 27/01 sur le site du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme : http://www.ohchr.org
[2] At-Tariq Aljadid n°167 du 13 Février 2010.
LE MONDE | 18.02.10 | 13h29 • Mis à jour le 18.02.10 | 16h38
C’est un miraculé. L’homme d’affaires tunisien Ghazi Mellouli, 45 ans, n’aurait pas dû survivre à la tentative d’assassinat dont il a été victime, le 18 novembre 2009.
C’était le jour du match de football Algérie-Egypte qualificatif pour la Coupe du monde 2010, qui se jouait au Soudan. Mellouli regarde la télévision dans le salon de la villa qu’il a louée dans un complexe résidentiel de Tripoli (Libye), en bord de mer. Il parle en même temps au téléphone avec un marchand d’avions français, Yves D., à Genève. « Soudain, j’ai entendu des cris aigus, raconte au Monde ce témoin. Je n’ai plus reconnu la voix de Mellouli. Ça a duré une quarantaine de secondes avant que la ligne soit coupée. Je n’ai pas compris ce qui se passait. »
De fait, quelqu’un s’est approché de Mellouli par-derrière, l’a ceinturé puis lui a porté plusieurs coups de poignard. L’agresseur, dit-il, n’est autre que son ancien chauffeur, un Tunisien qui a pris l’initiative inattendue de le rejoindre à Tripoli, quelques jours plus tôt.
Mellouli hurle : « Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu es devenu fou ? » L’autre répond : « Ne bouge pas ou je te frappe encore. » L’agresseur relâche sa victime quelques secondes, le temps de sortir de sa poche une corde et de l’adhésif.« Il préparait une mise en scène pour faire croire à un cambriolage qui aurait mal tourné », pense Ghazi Mellouli.
L’homme d’affaires profite de ce bref répit pour reprendre l’avantage, malgré ses blessures. Dans le corps-à-corps qui va suivre, le poignard vole à l’autre bout de la pièce. Mellouli réussit à se relever. Il ouvre la porte de la villa et prend la fuite, chancelant, les entrailles à demi hors de l’abdomen. « Je les ai tenues, comme une boule sous ma chemise, jusqu’à l’arrivée des sauveteurs », se souvient-il.
Son agresseur, lui, s’enfuit vers la plage. Un complice l’attend, vraisemblablement dans une voiture. La frontière tuniso-libyenne n’étant qu’à une heure et demie de Tripoli par la route, il paraît plausible qu’il ait regagné la Tunisie, avant même que la police libyenne ait eu le temps de réagir.
Transporté aux urgences, Mellouli va passer cinq heures sur la table d’opération. L’estomac et le foie ont été sérieusement endommagés, mais aussi la vésicule biliaire, l’aine, la main, l’épaule… Le blessé reste plusieurs jours dans un état critique, mais, contre toute attente, il s’en sort. « On dit souvent le pire des médecins libyens, mais, ce jour-là, ils m’ont sauvé la vie ! »,remarque-t-il.
Mi-décembre 2009, Mellouli est transféré en France, grâce à l’intervention de son frère qui a la nationalité française. Il subit une seconde opération. A présent, en convalescence à Paris, il s’apprête à faire une demande d’asile politique à la France. A intervalles réguliers, il reçoit sur son portable des coups de fil et des SMS de menace de mort, en provenance de Tunisie. « Ton heure est venue ! », « Adieu pour toi », ou encore : « Ta mère et ta soeur(restées en Tunisie) vont payer pour toi ! »
Qui en veut à sa vie et pourquoi ?Sur ordre de qui, surtout, son agresseur a-t-il agi, le 18 novembre à Tripoli ? « Il n’a pas l’âme d’un assassin. Pour qu’il en soit venu là, c’est qu’on l’a menacé, j’en suis convaincu », affirme Ghazi Mellouli.
Pas un instant, l’homme d’affaires tunisien ne met en cause la Libye. Il se voit, dit-il, plutôt au coeur d’un règlement de comptes politico-mafieux orchestré par l’un des clans au pouvoir à Tunis. Sollicitées par Le Monde à plusieurs reprises, les autorités tunisiennes n’ont pas souhaité réagir à cette affaire.
L’agresseur de Mellouli, en tout cas, est libre de ses mouvements, en Tunisie, en dépit de la plainte déposée contre lui auprès des autorités libyennes et tunisiennes.Pour Thibault de Montbrial, l’avocat français de M ; Mellouli, il est évident que son agresseur a bénéficié de « solides complicités », depuis la Tunisie, pour mener son opération. « Il a fallu notamment qu’il paye les 1 000 dollars de visa d’entrée en Libye et qu’il quitte le secteur, dissimulé au fond d’une voiture, couvert du sang de sa victime », souligne Me de Montbrial.
Ghazi Mellouli en saurait-il trop ?Depuis toujours, ce faux dilettante baigne dans le milieu tunisien des affaires. Il connaît mieux que personne les clans qui s’accaparent les richesses de la Tunisie depuis des années. Et pour cause : il a fait partie de ce marigot avant d’en être chassé.
Quand il se lance dans les affaires, sa bonne étoile s’appelle Moncef Ben Ali. C’est un ami. Il est en outre le frère cadet de Zine El-Abidine Ben Ali, à l’époque ministre de l’intérieur. Après que Zine El-Abidine Ben Ali eut accédé à la présidence de la République, en 1987, Mellouli s’associe avec Moncef Ben Ali pour importer des matières premières industrielles. Ils touchent des commissions florissantes. Et les démêlés de Moncef Ben Ali avec la justice française ne les dérangent pas trop. Impliqué dans un réseau de trafic de drogue, dit la « Couscous Connection », le frère du président est condamné par défaut, en novembre 1992, à dix ans de prison par un tribunal parisien. Pendant plusieurs années, le tandem Moncef Ben Ali-Ghazi Mellouli fonctionne bien. Le nom de Ben Ali ouvre toutes les portes.
Le vent va pourtant tourner. Leïla Trabelsi, que le chef de l’Etat a épousée en 1992, est bien décidée à asseoir son pouvoir. Au fil du temps, la nouvelle première dame va écarter tous ceux qui ne sont pas de son clan ou de sa fratrie. Kamel Eltaïef, ami intime du président, est mis sur la touche. Moncef Ben Ali ne tarde pas à découvrir que les Trabelsi – Moncef Trabelsi en particulier – ne sont pas ses alliés, bien au contraire. Quant à Slim Chiboub, l’époux d’une fille née du premier mariage du président – jusque-là considéré comme le gendre préféré du chef de l’Etat -, il tombe en disgrâce, de même que ses amis.
« D’année en année, le clan des Trabelsi est monté en puissance.Sous la houlette de la présidente, les frères et soeurs (onze) se sont emparés des secteurs les plus lucratifs : aviation, transport maritime, télécommunications, agroalimentaire, hôtellerie, foncier… Rien ne leur a échappé », souligne Ghazi Mellouli. Ce sera bientôt au tour du nouveau « gendre préféré », Sakhr El-Materi, époux d’une fille née du second mariage du président, de faire une carrière aussi fulgurante qu’inattendue. La population tunisienne assiste, frustrée mais paralysée par la peur, à cette confiscation des ressources du pays.
Face à ce rouleau compresseur, le binôme Moncef Ben Ali-Ghazi Mellouli a du mal à résister. Un tournant se produit le 15 mai 1996. Ce jour-là, Moncef Ben Ali est retrouvé mort dans sa chambre à Tunis. Officiellement, le frère du président a succombé à une crise cardiaque. « Pour moi, les causes de ce décès restent obscures », lâche Mellouli, sans s’étendre davantage.
Le choc est rude. D’un coup, il a perdu un ami et un protecteur. Sa disgrâce est signée. Elle se confirme à l’été 2001. Du jour au lendemain, Mellouli se retrouve sous les verrous. « J’ai été condamné à huit ans de prison pour des supposés abus de confiance ou des dettes que je n’avais jamais contractées », raconte-t-il. Des amis interviennent. En appel, sa peine est réduite à quatre ans. Puis, en cassation, il est gracié.
A l’été 2003, Mellouli retrouve la liberté. Mais ce n’est plus le même homme. Lui, que la politique et la question des libertés n’ont jamais intéressé, a côtoyé pendant sa détention son exact opposé : Hamma Hammami, le dirigeant du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (POCT, interdit), mari de la célèbre avocate et défenseur des droits de l’homme Radhia Nasraoui. Etonnamment, les deux hommes ont fraternisé. « Avant de partager ma cellule avec lui, j’aurais juré qu’Hammami était le diable ! Or il est devenu mon ami et même mon frère », dit-il. Ghazi Mellouli découvre par ailleurs en prison une autre Tunisie. « J’ai vu des chambrées de 350 hommes entassés, dormant à même le sol ! J’ai vu des détenus qui se tailladaient les veines pour échapper à cet enfer ! J’en ai vu d’autres torturés. C’est là que j’ai compris qu’il ne s’agissait pas d’une invention des ONG », avoue-t-il.
Sorti de prison, Mellouli se lance dans le transport maritime des hydrocarbures. Il se heurte, dit-il, de nouveau au clan des Trabelsi et se voit l’objet d’interdictions répétées de sortie du territoire, sans motif. « J’ai essayé de composer avec eux. Rien à faire. J’ai été la cible d’un harcèlement indescriptible », raconte-t-il.
Pierre Bonnard, un homme d’affaires français avec lequel Mellouli a monté des opérations d’affrètement maritime, confirme ces propos. « On n’a pas cessé de le racketter. A chaque fois qu’il voulait entrer ou sortir de Tunisie, Mellouli devait verser des dizaines de milliers de dollars en liquide », raconte-t-il. Pierre Bonnard a, par ailleurs, été le témoin direct de l’animosité des Trabelsi à l’encontre de son associé. « En mars 2007, j’ai rencontré Moncef Trabelsi à l’aéroport d’Orly, se souvient-il. Il m’a parlé de Mellouli avec une véritable haine. »
Lassé de ces intimidations, Ghazi Mellouli s’exile en 2008. Il s’installe en Libye où il décroche un contrat agricole. C’est là que ses ennemis le rattrapent… « Je ne cherche pas à me faire passer pour un saint, mais il est grand temps que je parle. C’est ma façon à moi de retrouver ma dignité, assure-t-il. Il règne aujourd’hui en Tunisie un climat de Far West, marqué par le racket, les règlements de comptes et l’impunité qu’impose le clan Trabelsi. J’en suis la preuve, heureusement vivante… »
Florence Beaugé
(Source: « Le Monde » (Quotidien – Francais) le 19 fevrier 2010)
Les Tunisiens voient rouge
Nouvelle agression contre la journaliste de la Radio Kalima, Faten Hamdi
Proposé par Redaction le Mercredi 17 février 2010 La journaliste de La radio Kalima, Faten Hamdi a été agressée par la police à Tunis le Mardi 16 février alors qu’elle s’apprêtait à faire une interview.. La journaliste a été agressée par des agents de la police politique alors qu’elle s’apprêtait à faire une interview d’une étudiante sur l’union générale des étudiants. Faten Hamdi a déclaré que les agents de police ont confisqué sa carte d’identité et celle de l’étudiante ainsi que son téléphone portable, puis ils ont tenté de la kidnapper après l’avoir insulté et roué de coups. La journaliste a eu plusieurs hématomes sur tout le corps et compte potter plainte. (Source: Le site de Radio Kalima le 17 fevrier 2010)
Les agressions des enseignants se multiplient
Le Syndicat du secondaire appelle à la réintégration des grévistes licenciés
Proposé par Redaction le Mardi 16 février 2010 Le syndicat général de l’enseignement secondaire exige la réintégration des syndicalistes jugés dans l’affaire de mouvement pacifique de protestation sociale dans le bassin minier, dans leurs anciennes fonctions. Le syndicat signale dans un communiqué signé par son secrétaire générale, malgré la liberté conditionnelle dont bénéficié une majorité des leaders de mouvement, plusieurs personnes font l’objet de poursuites. Dans le même contexte, le syndicat demande l’abrogation de toutes les peines prononcées par contumace à l’encontre de tous les militants. Le syndicat, a également, invité les autorités à la reprise du dialogue avec l’union générale de travail, à propos du dossier du bassin minier (Source: Le site de Radio Kalima le 16 fevrier 2010)
DECES ET FARK DE NOTRE AMI ET CAMARADE DOCTEUR SLAHEDDINE GHARBI
Par: Abdel Wahab Hani
A la suprise générale, le Fondateur de Zitouna Bank, le Député Fahd Mohamed Sakhr Matri (FMSM), Hommes d’affaires poly-activiste et patron du premier groupe de presse Dar Assabah, quitte ses fonctions de Président du Conseil d’Administration de sa Banque Banque Zitouna. Cette dernière devait être opérationnelle au début de cette année 2010.
C’est désormais Mahfoudh Barouni jusque là DG de la banque qui le remplace.
Le site de BanqueZitouna reste silencieux (http://www.banquezitouna.com ), sa dernière ‘Actualités’ remonte au 21 oct 2009!!!
C’est le site TusTex des marchés financiers tunisiens qui annonce la nouvelle.
Ce départ de M. FMSM de la présidence du Conseil d’Administration de sa banque (Princess Matri Hodling en détient 51%) a entrainé un mouvement de nominations en cascade dans le secteur bancaire.
Ainsi Abouhafs Omar Najai, jusque là PDG de la STB, devient DG de Zitouna. M. Hédi Zar, jusque là Vice Gouverneuer de la Banque centrale de Tunisie (BCT) prend la tête de la STB. Ce qui a entrainé son remplacement à la Vice-Présidence de la BCT par M. Brahim Saada, juesque là DG de la STUSID…
Ce départ surprise du fondateur de la banque Zitouna, le tout puissant jeune gendre présidentiel FMSM, élu tout récemment Député, n’a pas été commenté pour l’instant et aucune raison n’a été présentée par les ites d’informations financières qui en ont fait état.
Rappelons que nous avions attiré l’attention des autorités nationales et de l’opinion publique, la vielle des éelctions générales du 25 octobre dernier, sur l’Incompatibilité des fonctions de Député/Représentant du peuple au sein du Pouvoir Légilstaif avec celles de « fonctions de Direction ou de Contrôle dans un Etablissement financier (public ou privé) faisant appel public à l’Epargne, au Crédit et à la Participation », comme entendu dans le Code électoral, comme il a été amandé par la Loi du 14 juin 2004.
Aucun des partis d’opposition qui ont particvipé aux législatives n’a trouvé bon de saisir le Conseil constitutionnel dans les délais impartis, pour dénoncer l’élection de M. Matri fils pour Incompatibilité..
Mais une démarche citoyenne de notre ami le journalite Zied El Heni est venu conforter notre mise en garde. Zied a écrit plus tard aux autorités, en ses qualités d’Electeur de la circonscription de M. Matri fils, pour mettre fin à cette situation d’Incompatibilité.
Dans ce même ordred di’idée, nous rappelons de Fonctions de Direction ou de Contrôle s’appliquent aussi aux membres des Conseils d’Administration, au sens de la Loi électorale.
Ce qui implique que l’ensemble des membres des Conseils d’Adminstration des Banques, privées et publiques, ne peuvent être élus ou nommés membres de la Chambre des Députés ou de la Chambre des Conseillers. Il y va de la séparation des pouvoirs Législatifs et Financiers, voulu par le Législateur tunisien.
Rappelons aussi que lors de l’Assemblée constitutive de la banque Zitouna, M. Matri père (Moncef Matri) a été présenté comme le « Représentant de Princess Matri Holding » et a été coopté en cette qualité au Conseil d’Administration de ladite banque. Il est donc sujet à l’application des dispositions d’Incompatibilité de la Loi, définies par le Code électoral précité.
Dans le même ordre d’idée, le Sénateur / Conseiller Mohamed Azizi Miled membre du Conseil d’Administration de la banque Zitouna doit démissionner de son propre chef de la Chambre des Conseillers ou être démissionné d’office par décision du Président de la Chambre à la demande du Chef de l’Etat.
Dans l’attente des précisions a sujet du devenir de M. Matri fils au sein de la banque Zitouna,nous réitérons notre demande citoyenne au Chef de l’Etat et aux Présidents des deux chambre du Parleement, des Députés et des Conseillers, de faire respecter la Loi de la République. Cette dernière s’applique à toutes et à tous das les mêmes conditions. Il y va de la primauté et de la perennité de la norme juridique dans la Société.
Qu’elle soit le fruit d’une mure réflexion du Député FMSM et/ou de son entourage; qu’elle soit voulu par le Chef de l’Etat ou par le Président de la Chambre des Députés, nous ne pouvons que la saluer, si elle est prise dans le sens du respect des dispositions de la Loi sur les l’Incompatibilité des représentants de la Nation, Détentuer du Pouvoir Législatif.
Animé, que nous sommes, par les seules valeurs d’Egalité de Tous devant la Loi et par le Respect des Lois de la Réublique par Tous, nous formulons l’espoir que nos voeux soient entendus.
Genève, le 17 février 2010
Aïd / Retornado Bi Idhni Allah, Ahabba Al Mouhibboun Wa Kariha Al Karihoun
Abdel Wahab Hani
+33617960037
Voici, par souci de précision et d’authenticité, les contenus et liens des portails d’informations financières ayant annoncé la nouvelel ce soir:
TusTex: Omar Najai nouveau Directeur général de la Banque Zitouna; Barouni président du conseil :
17/02/2010
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Nous apprenons que M. Abou Hafs Omar Najai, jusque-là PDG de la STB,vient d’être nommé directeur général de la Banque Zitouna. Il remplace ainsi M.Mahfoudh Barouni qui devient président du conseil d’administration de la nouvelle banque, poste jusque_là occupé par le fondateur de Zitouna, M.Sakhr El Materi.
http://www.tustex.com/commun.php?code_com=8913
Leaders.com.tn: M. Abouhafs Amor Najai, DG de la banque Zitouna
17/02/2010
La nomination de M. Abou Hafs Amor Najaï en que DG de la banque Zitouna a entraîné un mouvement dans le secteur bancaire. Ainsi, M. Hédi Zar, présentement Vice gouverneur de la BCT et ancien PDG de la BTKD succède à M. Najai à la tête de la STB. C’ est M. Brahim Saada, un ancien de la Banque Centrale et actuel Directeur Général de la STUSID qui lui succède au poste de Vice Gouverneur.
Evidemment, la création d’une société Holding qui regroupera le portefeuille de l’Etat dans les banques publiques, décision annoncée dans le programme présidentiel suscitera certainement le désignation de dirigeants qui en assureront le démarrage.
De même, il faut s’attendre à la nomination d’un nouveau Patron à la tête de la Tunisian Foreign Bank avec l’ouverture du capital à des actionnaires privés et l’extension de son périmètre d’activités à toute l’Europe occidentale.
http://www.leaders.com.tn/article/m-abouhafs-amor-najai-dg-de-la-banque-zitouna
Moussa Abdi : « La France doit reconnaître ses crimes en Algérie »
ÉLU du FLN (Front de libération nationale), professeur d’histoire à l’université de Chlef, Moussa Abdi, 59 ans, est l’initiateur du projet de loi portant sur la criminalisation du colonialisme français, que 120 députés algériens ont déjà signé. Cette proposition n’est pas encore inscrite à l’ordre du jour, mais elle suscite déjà une polémique, alors que les relations entre la France et l’Algérie traversent une nouvelle période de tensions. Propos recueillis à Alger par Tayeb Belmadi JEUNE AFRIQUE : Vous êtes à l’origine d’un projet de loi stigmatisant le colonialisme français. Qu’en attendez-vous exactement? MOUSSA ABDI : Ce projet de loi se fixe pour objectifs de criminaliser le colonialisme et d’exiger de la France qu’elle reconnaisse tous les crimes commis durant sa présence en Algérie, présente des excuses officielles au peuple algérien et verse des compensations financières. Nous voulons que les criminels de guerre soient jugés selon les conventions internationales. Nous envisageons la création d’une cour pénale en Algérie pour les juger. Et nous appelons les parlementaires marocains et tunisiens, ainsi que les députés de toutes les anciennes colonies françaises à se joindre à notre démarche afin qu’une commission internationale chargée de juger les crimes coloniaux voie le jour. Cette loi a-t-elle reçu l’assentiment des plus hautes autorités algériennes ? Il s’agit d’une initiative parlementaire, qui n’a rien à voir avec la présidence et le gouvernement. Nous n’avons reçu ni soutien ni désaveu de leur part. Ce projet de loi est soutenu par les députés des partis de la coalition présidentielle [FLN, Rassemblement national démocratique, Mouvement de la société pour la paix] et d’autres formations politiques, comme le Front national algérien [FNA] de Moussa Touati. Ne craignez-vous pas que cette démarche complique encore les relations entre Paris et Alger ? Nous sommes convaincus que cette initiative contribuerait à la refondation des liens d’amitié entre Algériens et Français, pour peu que les autorités françaises lui réservent un accueil favorable. Ces dernières ont conservé les vieux réflexes colonialistes. Cela dit, nous nous réjouissons de voir qu’en France plusieurs partis et personnalités se disent favorables à ce que leur pays reconnaisse enfin les crimes commis en Algérie. De leur côté, les parlementaires et le peuple algériens ont beaucoup d’estime et de considération pour le peuple français. (Source : « Jeune Afrique », (Magazine hebdomadaire – France), N°2562 du 14 au 20 février 2010)
Tribune publiée dans Libération le 17 février 2010.
ParESTHER BENBASSA, directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études (Sorbonne)
Clermont-Tonnerre déclarait, le 24 décembre 1789, à la tribune de la Constituante, qu’«il faut refuser tout aux juifs comme nation dans le sens de corps constitué et accorder tout aux juifs comme individus…» Catégorique, il rejetait alors tout «communautarisme». Lorsqu’on se gargarise aujourd’hui en haut lieu ou dans les médias de communautarisme, on ne pense guère qu’aux Arabo-musulmans. Loin de toute langue de bois, disons clairement que ce mot est devenu synonyme de «musulmans». C’est vers eux que, du voile à la burqa en passant par l’identité nationale, tous les regards sont tournés, dans un pays pourtant laïque comme la France. Objet de cristallisation, comme les juifs l’ont été dans le passé, la nationalité française de nombre d’entre eux passe au second plan après leur religion.
En revanche, lorsque le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) organise son dîner annuel et qu’il lance des fatwas contre les uns et les autres, quand les politiciens de tout bord, y compris le Président et le Premier ministre, y accourent, personne n’ose parler de communautarisme. François Fillon est allé jusqu’à dénoncer ledit communautarisme lors de ce même dîner, au prétexte qu’il «refuse l’égalité et la fraternité». Il faisait bien sûr référence au communautarisme musulman. Et pourtant, tous les ingrédients sont réunis pour parler aussi de communautarisme juif. Cette année, comme l’an passé, les mesures d’ostracisme ont visé le PCF et les Verts, au motif de leur campagne de boycott des produits israéliens. Comble de l’horreur, certaines municipalités communistes auraient fait citoyen d’honneur Marwan Barghouti, l’un des responsables du Fatah, en geôle à vie en Israël.
On en vient à se demander si le Crif n’est pas plutôt le porte-parole d’Israël en France, comme une seconde ambassade de ce pays. Il y a un siècle, ce qui aurait passé pour de la double allégeance s’appelle aujourd’hui soutien à Israël. Parce que les juifs de France collent, paraît-il, à la ligne politique d’Israël, qu’elle soit de gauche ou de droite, leurs institutions, dont le Crif, ne feraient que suivre le mouvement. Les voilà tous légitimistes. Après la victoire d’un Nétanyahou et de ses alliés en Israël, on ne s’étonnera donc pas de la forte droitisation du Crif, concrétisée entre autres par l’entrée dans son comité directeur de personnalités aux opinions radicales.
Mais qui représente véritablement le Crif et combien sont-ils en son sein ? On ne le saura jamais. Ce qui compte, c’est qu’il est perçu comme un lobby (mot horripilant en France) par les politiciens. Et considéré comme tel, il l’est bien, un lobby, en fait. Ceux qui s’agglutinent à son dîner croient vraiment qu’il joue un rôle important dans la machine électorale. On y vient à la pêche aux voix juives, et pour être adoubé par des juifs dont l’influence serait déterminante, en raison de la place qu’ils occupent, ou sont censés occuper, dans la société française. De cet appui ne bénéficieront bien sûr que ceux qui soutiennent le plus Israël et qui donnent des gages clairs dans le combat contre l’antisémitisme. Un combat certes indispensable, mais qui mériterait de n’être pas instrumentalisé pour faire accepter toute politique israélienne, y compris la plus blâmable. Projetant sur la scène française ce qui se passe entre Israéliens et Palestiniens au Proche-Orient, le Crif ne manque aucune occasion pour appuyer la politique antimusulmane du gouvernement. En revanche, il a ses bons musulmans, comme Israël a ses bons Palestiniens, les seuls avec qui il daigne «dialoguer».
Aussi peu représentatif qu’il soit, le Crif est sans doute au diapason des positions de bien des juifs français, de plus en plus conservateurs politiquement, supporteurs inconditionnels d’Israël en toute circonstance et se réfugiant dans la mémoire de la Shoah et dans la dénonciation de l’antisémitisme, qui vont de pair. Celles-ci, forces rassembleuses indéniables, contribuent surtout à la survie d’un judaïsme qui le plus souvent s’y résume, ayant par ailleurs grandement perdu sa pratique et la conscience de ses valeurs essentielles. Qu’est-ce que le Crif sinon un groupuscule endogamique qui se donne des airs de petit Etat indépendant, agissant à sa guise, faisant plier les uns et les autres, tant par le biais de l’autocensure, sensible chez bien des journalistes, craignant à juste titre d’être soupçonnés d’antisémitisme dès qu’ils oseront critiquer la politique israélienne, que par l’instrumentalisation de la culpabilité de la Shoah intériorisée par la classe politique ? Le pouvoir imaginé que cette minuscule institution a su se fabriquer se retourne hélas contre les juifs eux-mêmes, et d’abord contre ceux qui ne se reconnaissent nullement en elle. Il génère à son tour de l’antisémitisme et offre des arguments, certes fallacieux, à ceux qu’obsèdent les vieux thèmes bien rôdés du pouvoir juif, du complot juif. La «servilité» de circonstance des professionnels de la politique face au Crif vient renforcer les anciens préjugés.
Cette foi trop partagée dans la puissance des juifs et de leurs instances représentatives n’augure rien de positif. Le dîner du Crif enfin déserté, ses menaces ramenées à leur juste proportion de dangerosité réelle, voilà des mesures prophylactiques qui seraient susceptibles d’enrayer en partie une hostilité antijuive se nourrissant de fantasmes.
(Source: “Libération” (Quotidien – France) le 17 fevrier 2010)
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