18 décembre 2010

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TUNISNEWS    10 ème année, N° 3861 du 18.12.2010  archives :www.tunisnews.net 


AP: Tunisie: accrochages entre manifestants et forces de l’ordre à Sidi Bouzid Assabilonline:  Agression sauvage de Zouhaïer Makhlouf, militant et correspondant d’Assabil Kalima: Le gouvernement tunisien tente de rattraper les dégâts de l’art. 61bis Kalima: Wikileaks : les dessous de l’expulsion de Tunisie de la veuve de Arafat Kalima: UE – Tunisie – ONGs : L’article 61bis du code pénal fait débat Kalima: Le CNLT condamne l’atteinte aux droits des avocats AFP: Tunisie: projet suisse de biomasse combustible dans le sud Magharebia: Les journalistes tunisiens organisent un séminaire sur les droits de la femme Prof. Taoufik BACHROUCH: Démocratie et sécurité alimentaire


Tunisie: accrochages entre manifestants et forces de l’ordre à Sidi Bouzid


AP 18/12/10 19:43 TUNIS (AP) — Des accrochages ont opposé samedi à Sidi Bouzid, à 265km de Tunis, dans le centre de la Tunisie, des forces de l’ordre et des manifestants mécontents qui tentaient de s’introduire au siège du gouvernorat (préfecture), ont rapporté un témoin et un parti d’opposition. Ces heurts seraient intervenus après une tentative de suicide la veille d’un jeune commerçant ambulant de fruits et légumes auquel les autorités avaient saisi sa marchandise. En désespoir de cause, le jeune homme, âgé d’une vingtaine d’année a tenté de s’immoler par le feu après s’être aspergé d’essence devant la préfecture. Atteint de brûlures graves, il a été transporté à l’hôpital où il est « entre la vie et la mort », selon un communiqué du Parti démocratique progressiste (PDP/opposition). Selon un témoin oculaire, après un sit in « pacifique » observé la veille devant la préfecture par quelques dizaines de personnes, la manifestation a pris de l’ampleur samedi l’occasion du souk hebdomadaire, ce qui a engendré des accrochages entre les manifestants et les forces de l’ordre. Aux bombes lacrymogènes utilisées par les forces de l’ordre pour les empêcher d’entrer dans la préfecture, les manifestants répondaient par des jets de pierres sur le bâtiment et les voitures de police. Selon la même source, les incidents qui se sont étendus à plusieurs zones de la ville, se poursuivaient samedi en fin de journée. Des devantures de magasins ont été endommagées par les manifestants qui ont mis le feu à une voiture, à des pneumatiques et aux poubelles. Trois agents de l’ordre ont été blessés et transportés à l’hôpital de la ville, tandis que forces de l’ordre procédaient à une vague d’arrestations, selon cette source. A l’instar du jeune commerçant, diplômé de l’université, et seul soutien de famille, la région de Sidi Bouzid compte un taux élevé de chômage parmi les promus de l’enseignement supérieur, indique-t-on de même source. AP


Agression sauvage de Zouhaïer Makhlouf, militant et correspondant d’Assabil


Assabilonline, Tunis Le 17 décembre 2010, à trois heures de l’après midi, le militant des droits humains et de l’information, correspondant d’Assabilonline en Tunisie et cadre du Parti Démocratique Progressiste, a été victime d’une agression sauvage, perpétrée par des agents de la police politique qui l’ont attaqué devant sa maison, sous les yeux de son épouse et de sa petite fille qui a été traumatisée même après le départ des agents. […] Makhlouf a été atteint au visage, aux mains et à la jambe droite. Il a affirmé que la présence de passants, de voisins, de son épouse et de sa fille avait empêché que l’agression ne franchisse un certain stade. Le correspondant d’Assabilonline en Tunisie a indiqué que pour la première fois dans l’histoire des agressions qu’il avait dû subir, la police politique avait utilisé des gourdins pour l’attaquer. Zouhaïer Makhlouf, notre correspondant en Tunisie, s’est rendu après l’agression aux urgences de l’hôpital militaire de la capitale où il a subi des examens et des radios. Il a eu un certificat médical et il est déterminé à porter l’affaire devant le Procureur de la République […] Makhouf s’apprétait à se rendre à Sidi Bouzid, 265 km au sud de Tunis, pour y couvrir des événements, à la suite de l’immolation d’un jeune diplômé au chômage, Mohammed Bouazizi, dans une tentative de se suicider, en protestation contre les brimades qui le visent arpès que la municipalité lui ait interdit de s’installer pour vendre des légumes. Notre correspondant avait enregistré la tragédie de la famille de Bouazizi, alors qu’ils faisaient un sit in sur leur terre de Rgab […] A Sidi Bouzid des centaines d’habitants de la région ont manifesté devant le siège du gouvernorat après la tentative de suicide du jeune Bouazizi et ont envahi l’entrée principale et y sont restés jusqu’à huit heures du soir environ. Le jeune a été transporté à l’hôpital de Sidi Bouzid où il est dans un état très critique […]


Wikileaks : les dessous de l’expulsion de Tunisie de la veuve de Arafat


Proposé par redaction le Jeudi 16 décembre 2010 De nouveaux câbles diplomatiques américains, mis en ligne par le site Wikileaks, ont été repris et traduits par le quotidien espagnol El Pais ; ils apportent un éclairage nouveau sur l’affaire de la veuve de Arafat, brutalement déchue de sa nationalité tunisienne le 2 août 2007. Prise en charge par la famille Ben Ali au lendemain de la mort de son époux en novembre 2004, Souha Arafat s’est vue octroyer la nationalité tunisienne le 18 septembre 2006 par décret signé par le président Ben Ali. Elle bénéficiait d’un statut privilégié en Tunisie. Elle se lance dans les affaires avec Leïla Ben Ali, en engageant un grand projet d’enseignement privé, l’Ecole internationale de Carthage ; elle fonde plusieurs sociétés à Dubaï et investit, également, dans la téléphonie mobile. Mais le vent tourne, brusquement, contre elle durant l’été 2007. Le 2 août 2007, un décret présidentiel la déchoit, ainsi que sa fille, de la nationalité tunisienne ; Souha Arafat perd son statut de privilégiée, se fait chasser de la Tunisie en laissant quelques 2,5 millions d’euros, investis dans le projet de l’Ecole internationale de Carthage. Selon le même câble (REF: A. IIR 6 897 0136 07 (NOTALS) B. 06 TUNIS 2570 ) dans une conférence téléphonique qui a eu lieu à la mi-Octobre entre Mme Arafat et l’Ambassadeur Godec, celle-ci a attribué son éviction à l’animosité personnelle de la Première Dame Leila Ben Ali, à la suite d’un différend sur la fermeture forcée de l’École Bouebdelli, qui constitue une concurrence sérieuse pour la nouvelle « Carthage International School », une joint-venture entre les deux premières dames. L’ambassadeur reconnait qu’il est difficile de connaître toutes les facettes de cette affaire, mais les histoires de corruption qui entourent l’Ecole Internationale de Carthage donnent une crédibilité à cette version. Pendant ce temps, Mme Arafat n’a pas hésité à partager avec l’ambassadeur une critique cinglante du président Ben Ali et de sa femme. (Source: le site de « Radio Kalima » le 16 decembre 2010) Lien: http://www.kalima-tunisie.info/fr/News-sid-Wikileaks-les-dessous-de-l-expulsion-de-Tunisie-de-la-veuve-de-Arafat-397.html

 


Le gouvernement tunisien tente de rattraper les dégâts de l’art. 61bis


Proposé par redaction le Jeudi 16 décembre 2010 Apprenant que le projet d’ordre du jour de la session plénière du Parlement Européen à Strasbourg, prévoyait une proposition d’examen en plénière le 14 décembre d’un point de débat intitulé «Tunisie – article 61bis du code pénal ». L’ambassadeur de Tunisie à Bruxelles a exprimé ses inquiétudes quant à ce projet initié par la députée des verts Madame Malika BENARAB-ATTOU et co-signé par 13 eurodéputés. Cette dernière a reçu le 5 décembre une lettre de l’ambassadeur Abdessalem Hetira qui se dit surpris de voir le nom de la députée figurer sur la liste des 13 députés initiateurs de cette démarche et ajoute « Je suis pour le moins surpris de voir que vous figurez parmi les 13 initiateurs de cette action… Je voudrais à ce titre porter à votre connaissance qu’en réponse aux questions et préoccupations soulevées par un certain nombre d’eurodéputés au sujet de l’amendement à l’article 61 bis du code pénal tunisien, mon pays a effectué plusieurs démarches en vue de clarifier et préciser les objectifs et la signification de ce texte et dissiper les inquiétudes exprimées à ce propos. » lit-on dans la lettre de notre ambassadeur.  « Le Président de la République a même tenu à réaffirmer le 07 novembre 2010 que cet amendement ne vise en aucun cas à limiter les libertés qui sont garanties par la Constitution tunisienne et souligné que ce texte n’est pas si singulier puisque des dispositions similaires existent dans les législations de maints pays. Cet amendement a été, en effet, inspiré de l’article 410-1 du code pénal français et l’article 266 du code pénal suisse » Ajoute l’ambassadeur. « Je voudrais également porter à votre connaissance que nous sommes en cours de préparation d’une visite en Tunisie, que devrait effectuer du 26 au 29 janvier 2011, une délégation de la Sous-Commission des Droits de l’Homme du PE sur invitation de la Chambre des Députés. » « Cette visite devrait constituer une occasion aux membres de la délégation qui sera présidée par Mme Heidi Hautala, pour engager un dialogue ouvert et franc avec leurs homologues parlementaires et les Autorités tunisiennes ainsi qu’avec les représentants des institutions et organisations tunisiennes chargées des Droits de l’Homme, aussi bien au sujet de cet amendement que sur toute autre question d’intérêt commun. » Poursuit le diplomate, qui tente de défendre, tant bien que mal, les performances très pauvre de la Tunisie en matière de droits humains. « Comptant donc sur votre sens de l’équité, de la mesure et de la responsabilité politique, je me permets de vous demander de bien vouloir reconsidérer votre position afin que ce point ne soit pas inscrit à l’ordre du jour de la prochaine session plénière du Parlement Européen. » conclut l’ambassadeur pour convaincre la députée de revenir sur sa décision.  La diplomatie tunisienne mène campagne, depuis quelque temps, afin de convaincre l’UE et les ONGs que l’article 61bis du code pénal n’est pas destiné à nuire aux libertés publiques, et pour dissiper toute réserve de nature à constituer un obstacle à l’accès de la Tunisie au statut de partenaire avancé de L’UE. (Source: le site de « Radio Kalima » le 16 decembre 2010) Lien: http://www.kalima-tunisie.info/fr/News-sid-Le-gouvernement-tunisien-tente-de-rattraper-les-degâts-de-l-art-61bis-395.html


UE – Tunisie – ONGs : L’article 61bis du code pénal fait débat


Proposé par redaction le Jeudi 16 décembre 2010 Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH) a exhorté, le 14 décembre, l’UE à prendre position publiquement et clairement sur la nécessité, pour la Tunisie, de prendre des mesures immédiates afin d’améliorer ses performances en matière de droits de l’Homme. Le Président du REMDH, Kamel Jendoubi  a rappelé que: “La Tunisie s’est engagée auprès de l’UE à ‘renforcer la démocratie et le pluralisme politique par une extension  de la participation à la vie politique et par le respect de tous les droits humains et libertés fondamentales’(1). Aucun de ces engagements n’a été tenu par les autorités tunisiennes, qui enregistrent l’un des plus mauvais scores de la région en ce qui concerne les droits de l’Homme. Pendant ce temps, l’UE reste silencieuse sur ces demandes au gouvernement tunisien. » L’organisation n’a constaté aucune avancée significative dans les domaines des droits de l’Homme couverts par les accords passés entre l’UE et la Tunisie. « Nous attendons de l’UE qu’elle prenne publiquement position sur les violations flagrantes, par la Tunisie, des accords qu’elle a passés avec l’UE », a déclaré Kamel Jendoubi. Rappelons que la Tunisie a également gelé les subventions de l’UE destinées aux ONG de défense des droits de l’Homme dans le cadre de l’Initiative européenne pour les Droits de l’Homme et la Démocratie, et amendé le code pénal de telle sorte qu’il criminalise les activités de plaidoyer des ONGs liées aux relations entre l’UE et la Tunisie. Le 15 juin 2010, le Parlement tunisien a adopté un amendement à l’article 61bis du code pénal, autorisant à poursuivre et à emprisonner les défenseurs des droits de l’homme partenaires des organisations internationales et multilatérales, dont l’Union européenne (UE), pour peu qu’ils entreprennent de critiquer les autorités de leur pays. Il criminalise « toute personne qui entretient, directement ou indirectement, des contacts avec des agents d’un pays étranger ou d’une organisation étrangère dans le but de les encourager à affecter les intérêts vitaux de la Tunisie et sa sécurité économique ». L’adoption de cette loi intervient dans un contexte d’attaques et de campagnes de calomnies à l’égard des défenseurs des droits de l’homme dans la presse gouvernementale. (Source: le site de « Radio Kalima » le 16 decembre 2010) Lien: http://www.kalima-tunisie.info/fr/News-sid-UE-Tunisie-ONGs-L-article-61bis-du-code-penal-fait-debat-402.html


Le CNLT condamne l’atteinte aux droits des avocats


Proposé par redaction le Jeudi 16 décembre 2010 Le Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) a exprimé, dans un communiqué publié le 16 décembre, son inquiétude face à la multiplication des atteintes aux droits des avocats ces derniers temps. Le CNLT est évoqué dans son communiqué sur l’agression dont a fait l’objet maître Samir Ben Amor, le 30 novembre dernier, lors de la visite qu’il a effectué à son client à la prison Messaadine, à Sousse, et celle qui a visé l’ancien Bâtonnier, maître Béchir Essid, la semaine passée à la même prison de Mornaguia.  Le CNLT a également condamné les écoutes sur les avocats et leurs clients, citant le courrier adressé par le procureur auprès de la direction des Affaires judiciaires du ministère de la Justice, Riadh Belkadhi, au procureur de la République, auprès du tribunal de première instance de Sousse, lui demandant de verser les rapports d’écoute, établis par le directeur général des Prisons sur des prisonniers et leurs avocats, au dossier d’instruction d’une affaire en cours. Des sources bien informées ont déclaré à Kalima que notre précédent article sur ces deux rapports confidentiels a suscité quelque remous au ministère de la Justice ; ses responsables essayent depuis, d’expliquer laborieusement, que les écoutes sur les avocats et leurs clients ne sont que des actes isolés, imputables à quelques gardiens de prison. Le ministère de la Justice, cependant, n’a pas encore répondu formellement à la lettre adressée par le Bâtonnier Abderrazzak Kilani au sujet des écoutes illégales exercées sur les avocats. (Source: le site de « Radio Kalima » le 16 decembre 2010) Lien: http://www.kalima-tunisie.info/fr/News-sid-Le-CNLT-condamne-l-atteinte-aux-droits-des-avocats-401.html


Tunisie: projet suisse de biomasse combustible dans le sud


AFP / 18 décembre 2010 18h02 TUNIS – Le Groupe suisse Global Wood Holding (GWH) et la Tunisie ont signé samedi un accord de coopération pour un projet de biomasse combustible dans le sud tunisien d’un coût global de 900 millions d’euros. Destiné totalement à l’exportation, ce projet consiste à planter 160.000 hectares d’eucalyptus dans la région de Tataouine à 530 km de Tunis pour produire et exporter du bois de combustible, a indiqué à la presse, Aldo Bonaldi, vice-président de GWH. Après l’approbation de l’Etat tunisien de la première phase expérimentale qui sera réalisée en deux ans sur 5.000 hectares, la société GWH devrait implanter progressivement les 155.000 hectares restants durant 13 ans. La coupe d’arbres est prévue tous les trois ans pour une production de 6 millions de tonnes, d’une valeur de 300 millions de dollars, a affirmé M. Bonaldi.


Les journalistes tunisiens organisent un séminaire sur les droits de la femme


17/12/2010 « La presse ne joue pas son rôle de soutien aux capacités des femmes et de leur encouragement à une participation réelle à la vie politique », a déclaré Moufida Belghith, l’organisatrice d’un séminaire sur le journalisme à Tunis. Par Houda Trabelsi pour Magharebia à n Tunis – 17/12/10 Un séminaire de formation destiné aux professionnels des médias et aux militants de la société civile s’est achevé jeudi 16 décembre à Tunis, organisé dans le cadre d’un programme destiné à promouvoir la participation des femmes à la vie publique. « Les principaux objectifs de ce séminaire sont le développement des capacités des participants, hommes et femmes, en faveur des droits de la femme, en leur apportant les concepts de base qui les sensibilisent et les intéressent à ces questions », a déclaré la coordinatrice de cette formation et militante des droits de l’Homme, Moufida Belghith. Elle a ajouté que ce séminaire s’est attaché à permettre aux participants « de disposer des techniques d’analyse fondées sur le genre pour produire un contenu de presse et des programmes audiovisuels qui renforcent la diffusion d’une culture de l’égalité entre les sexes, et jouent un rôle dans le soutien à la participation des femmes à la vie publique. » Les médias ne jouent pas le rôle qu’ils devraient jouer dans le renforcement et le soutien à la participation des femmes aux affaires publiques, ont concluent les participants. Ils ont également déclaré que les droits de la femme en Tunisie connaissaient un recul, au profit de courants réactionnaires. « Les femmes journalistes elles-mêmes ne jouent pas leur rôle dans le militantisme sur les questions concernant les femmes et dans l’insistance à exercer leur droit à la participation aux affaires publiiques. Il existe une forte carence dans le monde en matière de participation des femmes, que l’on estime à 18 pour cent, et à 13 pour cent en Tunisie », a ajouté Belghith. « La presse ne joue pas son rôle de soutien aux capacités des femmes et de leur encouragement à une participation réelle à la vie politique », a-t-elle affirmé. Ce séminaire de trois jours était un projet conjoint du Centre Mohammed Ali de recherche, d’étude et de formation (CEMAREF) de Tunis et de l’organisation américaine de développement des médias Internews. Cette formation était destinée spécialement aux futurs professionnels des médias, hommes et femmes, en vue de développer leurs capacités en matière de droits des femmes. Les participants estiment que les médias peuvent jouer un rôle efficace dans le changement des attitudes et la vision traditionnelle qui restreint le rôle des femmes. « Il existe des courants destructeurs qui veulent faire reculer la situation des femmes en Tunisie, après les avancées majeurs en termes de progrès et les gains importants qu’elles ont obtenus », a déclaré Fatma Azouz, professeur à l’Institut de la presse. Le journaliste Tawfik Ayechi estime également que « les femmes en Tunisie sont victimes d’une propagande politique fabriquée, car leur présence dans les affaires publiques n’est que superficielle, sans réelle valeur, au lieu d’être des éléments efficaces qui participent aux processus de décision pour mettre un terme aux stéréotypes traditionnels. » « En Tunisie, la plupart des organes de presse établissent une discrimation entre les sexes par suite de cette culture et de cette idéologie qui est en nous et qui dépasse parfois les frontières de la Tunisie, atteignant certains autres pays dans le monde, y compris en Occident », a déclaré Saloua Charfi, professeur à l’Institut du journalisme et de l’information. « Les femmes paient un lourd tribu lorsqu’elles entrent dans le monde de la politique, parce que leur situation est plus sensible en termes d’aspect moral ; elles sont tenues pour responsables de tout ce qu’elles font ; cela ne fait que renforcer la discrimination entre les sexes. Les femmes paient cher pour gagner leur liberté », a déclaré Dorra Mahfoudh, professeur de sociologie. Et d’ajouter : « L’expérience montre que la présence des femmes dans la vie publique et politique est une nécessité, même si elle n’a été dans un premier temps que superficielle. Par la suite, grâce à la formation, leur rôle sera plus efficace, parce que la participation des femmes est un droit nécessaire. Après tout, tous les hommes présents en politique ne sont pas efficaces et ne jouent pas un rôle pionnnier. » S’adressant aux participants, Me Monia El Abed, avocate, a souligné que la violence politique se manifeste par le biais des pratiques gouvernementales et de la violence qui vise les militantes féministes. Elle a pris l’exemple des évènements de 2008 à Redayef, et de la violence dont certaines militantes avaient été par la suite victimes, qui était allée jusqu’à les priver de leur emploi. Elle également noté que ces attaques impliquaient des violences physiques, des tentatives de viol, des remises en cause de l’honneur des personnes, et une violence dans les médias qui ont défigué l’image des militantes féministes. « Les militantes féministes qui s’engagent librement en politique paient donc un tribu plus lourd que les hommes, en s’attachant à la condition de la femme », a-t-elle poursuivi. Par le biais de la participation des femmes en politique et dans les partis, El Abed estime que « traiter des problèmes des femmes au sein des partis ne se fait que de manière marginale, en l’absence d’un processuss démocratique clair sur la participation des femmes aux questions importantes, et en l’absence d’une vision claire des problèmes des femmes. » « On attend des femmes journalistes qu’elles se fassent, plus que tout autre, les avocates des problèmes des femmes. Elles doivent donc tenter de plus centrer le contenu de la presse sur les femmes et leurs droits », a conclu la journaliste Nabila Abid.

 
(Source: »Magharebia » le 18 decembre 2010)
 


Démocratie et sécurité alimentaire


Prof. Taoufik BACHROUCH       L’Africa  Vetus grenier de Rome, une image d’Epinal ! Notre céréaliculture n’a jamais suffi à nos besoins depuis l’Indépendance. Toutes les politiques agricoles tendant à en améliorer les rendements ont été vaines en la matière : notre production est malheureusement loin de couvrir nos besoins. On semble s’accommoder avec ce déficit endémique. Est-ce admissible ?    La Tunisie a toujours été une terre de céréaliculture. Rappelons qu’au début de la Colonisation (1885-1891) la rubrique farines, semoules et céréales représentait 13,8% en valeur des importations et 49,7% en valeur des exportations. La céréaliculture dépendait, à la veille de l’Indépendance, des subventions qu’elle recevait de la France. La moyenne des exportations nettes de blé dur était évaluée à + 1.130.000 quintaux entre 1948 et 1956. Tandis que la moyenne des importations en blé tendre était évaluée à – 110.000 quintaux, et ce durant la même période. En 1954, nos exportations de blé étaient dirigées dans une proportion de 77,2 % vers la France et dans une proportion de 13,5 % vers l’Algérie, en valeur. La France achetait le blé tunisien à un taux supérieur de 25 à 33 % aux prix fluctuants du marché international, et ce aux frais du contribuable français. Ce transfert correspondait à 20% de la valeur des exportations de céréales en 1954 et les colons français en furent les principaux bénéficiaires. Le marché commun franco-tunisien des céréales profita à la Tunisie prise dans son ensemble, mais aux gros exploitants français prioritairement.     Un retournement de situation s’observe dès les premières années de l’Indépendance. La Tunisie devenait structurellement importatrice de céréales. La priorité accordée dès 1960 au développement des secteurs non agricoles se traduisit par une régression de la contribution de l’agriculture au PIB. Les importations s’élevèrent en moyenne à 31,9 % des besoins en céréales durant une vingtaine d’années entre 1961 et 1981. La production intérieure resta cependant supérieure, en valeur, aux importations tout au long de cette période, exception faite des deux années 1979 et 1982. Compte tenu de la place jugée excessive qu’occupe le blé dans les importations, le VI e plan de développement (1982-1986) posa le problème de l’autosuffisance alimentaire et préconisa outre l’amélioration de la productivité céréalière et le réaménagement des structures foncières, une politique de fixation des prix et des subventions tendant à en réduire la facture. Les prix à la consommation devaient quand même rester inférieurs aux prix à production et à l’importation. La caisse de compensation se chargea de combler le déficit. Elle s’acquitta de cette mission 1961 à 1974 aussi longtemps que les prix céréaliers restèrent relativement faibles. Cependant dès qu’ils tendirent vers la hausse de 1974 à 1980, ses obligations s’alourdirent. D’une année sur l’autre, l’évolution des prix finit par grever le budget de la caisse de compensation, alimentée par les taxes sur les carburants et sur les produits de luxe. D’où la difficulté croissante de maintenir le prix du pain à niveau habituel. D’où la révolte du pain. Il se révéla à l’épreuve des faits que les coûts de production, les prix sur les marchés internationaux et les impératifs de la sécurité alimentaire étaient des objectifs pratiquement irréalisables dans les termes où ils se posaient, dès lors que la France cessa de subventionner au lendemain de l’Indépendance la céréaliculture tunisienne.     Les conditions de production ne suivaient plus les termes de la consommation. La politique qui consistait à fixer de bas prix aux producteurs, à importer à bas prix et à subventionner la consommation, n’est plus à même d’assurer la sécurité alimentaire. Le déficit s’en trouva accru. La courbe de la production, ondulatoire de 1961 jusqu’en 1983 (cela correspondait à une période de régulation administrative et centralisée de l’économie, 1960-1980), devenait agitée et sujette à de grandes amplitudes de variations jusqu’en 2007 (période de politiques agricoles libérales, 1980- 2000 et période des P.D.R.I. 2000-2007). Certes la production est passée de 465.000 millions de tonnes en 1961 à 1.442.800 millions de tonnes en 2007, alors que les importations passaient de 366.894 M.T. en 1961 à 1.696.283 M.T. en 2007. Si la politique céréalière permit d’améliorer les niveaux de production, en revanche le déficit de la production par rapport aux besoins toujours croissants de la consommation restait toujours en vigueur. Le pic de production de toute la période correspondit à l’année 1996 (2.017.650 M.T.) et celui des importations à 2002 (1.815.725 MT). Les défaillances croissantes grevaient les charges de la Caisse de Compensation, faute d’une politique de vérité des prix, ce que les décideurs redoutaient, de peur d’une nouvelle révolte du pain. Les importations représentèrent en poids 49,1% du poids céréalier dont le pays avait besoin de 1982 à 2007.    Un phénomène structurel saute donc aux yeux, s’agissant de l’état actuel de notre situation frumentaire. Dans une perspective longue et sur une période de près d’un demi siècle, soit de 1961 à 2007, un fait est saillant, notre agriculture céréalière n’a pas été à même d’assurer notre autosuffisance alimentaire, celle à laquelle le pays est en droit de s’attendre de la part de son agriculture. Certes un mauvais choix de stratégie alimentaire en est la cause.      Les résultats que les chiffres révèlent sont accablants. De 1961 à 2007, la Tunisie n’a été à même de produire par elle-même qu’une moyenne générale de 52,85% (Maroc 57,3%) de ses besoins en blé, en valeur. Ce niveau de production a rendu les importations inéluctables, dans la longue durée, et ce pour combler un déficit céréalier structurel, évalué à 47,15% de ces mêmes besoins (en postulant que les importations exprimaient un manque à gagner pour satisfaire l’ensemble de la consommation intérieure). Rappelons pour mémoire qu’en 2007 la facture céréalière a représenté en valeur 3,9% de nos importations et 0,4% de nos exportations (Arab Monetary Fund), alors que, pour cette même année, la production ne représentait que 45,9 % et les importations 54 % de nos besoins céréaliers.     En poids, la production représente en moyenne 55,7% et les importations 44,3% durant près d’un demi-siècle.     Disons pour faire bref qu’entre la tranche quinquennale de 1961 à1965 et la même tranche de 2003 à 2007, la  production céréalière a été multipliée par 2,3 en moyenne, et les importations par 6,2 (en poids de M.T).      Disons également qu’entre ces deux périodes la production céréalière a été multipliée par 2,4 en moyenne, et les importations par 16,3 (en valeur $ 1000).    Face à une telle pénurie, et la situation céréalière étant ce qu’elle est, il est à craindre que nos capacités de production céréalière n’aient atteints leurs limites, à un moment où les pluies menacent de se faire rares et la sécheresse nous guette. La Banque Mondiale vient de tire la sonnette d’alarme, s’agissant du problème de l’eau, et multiplie les avertissements concernant notre sécurité alimentaire. Compte tenu de la catastrophe hydraulique annoncée pour le milieu du milieu du siècle au plus tard, la même Banque suggère de diminuer les emplois dans l’agriculture, de s’orienter vers une agriculture à forte valeur ajoutée et de miser sur les importations des produits alimentaires pour ménager les eaux locales. Point donc de sécurité céréalière à l’horizon, à moins d’une révolution culturelle et culturale. Elle va même jusqu’à mettre en garde contre les mesures techniques que préconiseraient nos ingénieurs agronomes. Elle table même sur les effets des changements climatiques pour que des changements politiques profonds surviennent, ceux que les gouvernants rechignent à mettre en œuvre pour le moment. Tout se passe comme si les leçons de la « Révolte du pain » n’ont pas été sérieusement tirées.    En attendant et compte tenu de la conjoncture défavorable qui semble s’installer durablement, que va-t-on faire pour que le coût du pain reste abordable, entre une production insuffisante et un marché mondial qui menace d’être de plus en plus tendu. Alors mangeons moins de pain et buvons davantage d’huile et de vin. Si notre couscous venait à disparaître, il nous restera le couscous Garbit pour le remplacer. A moins de se rendre à San Vito del Capo en Sicile pour manger un bon plat de couscous au poisson frais dans un port où se tient la foire internationale du couscous, et à laquelle des chefs cuisiniers tunisiens viennent de participer récemment. C’est toute notre cuisine tunisienne qui se trouverait être menacée à terme et qui serait promise à un plan de réajustement structurel, elle aussi. Une fois de plus et plus que jamais se pose le problème crucial du développement agricole, sans délai de grâce, cette fois ci.  

 Prof. Taoufik BACHROUCH
 
(Source: « Mouwatinoun » organe du FDTL nr 139 decembre 2010)

 

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