C.R.L.D.H.Tunisie: Des grèves de la faim dans les prisons tunisiennes C.R.L.D.H.Tunisie: Affaire du Groupe de Soliman : Violences policières à l’enceinte de la salle d’audience Yahyaoui Mokhtar: Audience mouvementée dans le procès du groupe armé tunisien « Assad Ibn El Fourat » Le Temps : Affaire de la bande armée à Soliman – Renvoi au 22 décembre 2OO7 Le droit au travail procède du droit de citoyenneté – Solidarité avec les grévistes de la faim APPEL – Solidarité avec les enseignants en grève de la faim en Tunisie Le Temps: Remise des prix de la Chambre tuniso-américaine du Commerce AFP: Naguib Sawiris, le magnat égyptien des télécoms ciblé par une fatwa Reuters: Un ex-dictateur uruguayen inculpé d’enlèvements et disparitions AFP: Uruguay: l’ex-dictateur Alvarez emprisonné pour crimes contre l’humanité AFP: Les dictateurs d’Amérique du sud rattrapés par la justice Le Monde: La nouvelle vogue des indulgences
Liberté a Yassine
Yassine Jlassi, ne va pas fêter Aid Kebir cette année chez sa famille ! Sa mère attend toujours sa libération avec impatience. Soutenons sa famille en envoyant une carte postale à l’adresse suivante:
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme
21 ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34
contact@crldht.org / www.crldht.org
Des grèves de la faim dans les prisons tunisiennes
Incarcéré depuis le 26 novembre 2007 lors d’un contrôle d’identité et condamné le mardi 04 décembre à un an de prison ferme pour “outrage à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions” et “atteinte aux bonnes mœurs”, le journaliste Slim Boukhdir a entamé le 13 décembre 2007 une nouvelle grève de la faim pour protester contre ses conditions carcérales jugées pénibles et humiliantes dans la prison de Sfax au sud du pays.
Détenu dans une cellule sans lumière en compagnie de deux prisonniers de droit commun qui surveillent ses moindres faits et gestes et l’empêchent de lecture, l’autorité judiciaire le prive également de visite de son avocat, Maître Mohamed Abbou qui se trouve dans l’incapacité de préparer son pourvoi en appel, au mépris de la loi.
Correspondant du journal panarabe basé à Londres Al Quds Al Arabi et du site Internet de la chaîne de télévision satellitaire Al-Arabiya, Slim Boukhdir a été pris pour cible de la part du régime policier Tunisien en raison de ses courageux écrits, dénonçant la corruption des familles dirigeantes et la fraude généralisée au niveau de l’appareil de l’Etat. Ce combat lui a valu une politique de persécution continue qui dure depuis plusieurs années (Voir les communiqués du CRLDHT du 27 novembre et 04 décembre 2007).
En même temps, Le docteur Sadok Chourou, professeur à la faculté de médecine de Tunis, prisonnier politique, ancien président du mouvement Ennahda, poursuit une grève de la faim illimitée déclenchée depuis le 03 décembre 2007 pour dénoncer cette politique de punition collective insupportable que subit sa famille depuis son incarcération il y’a plus de 17 ans et exiger l’octroi de passeports pour sa femme et ses enfants, la récupération de son véhicule confisqué depuis 1991, et la réintégration de son frère jumeau dans son poste de professeur à l’université tunisienne en exécution d’une décision du tribunal administratif en sa faveur, jamais mise en application.
Dr Sadok Chourou a été atrocement torturé, lors de son arrestation en 1991, dans les locaux du ministère de l’intérieur et dans les villas spécialement aménagées pour la torture (région de Nâassen, Gouvernorat de Ben Arous). Près de 18 ans après, les séquelles de torture sont toujours visibles sur lui, ce qui explique sa détention pendant plusieurs années en isolement total. Il souffre d’un œdème à symptômes rares et de grandes difficultés de mouvement. En 1998, il a subi des tortures dans la prison d’El Houareb à Kairouan (rapport de la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH) en novembre 1998).
Par cette grève de la faim, le prisonnier proteste contre l’attitude irresponsable de l’administration pénitentiaire qui lui a promis la satisfaction de ses légitimes revendications lors de sa dernière grève de la faim s’il accepte de mettre un terme à sa grève. Seulement, cette promesse n’a pas été tenue….Selon sa famille, M. Sadok Chourou se trouve très affaibli, il se tient à peine debout et n’a plus la force de parler.
Incarcéré actuellement à la prison de Monastir, le prisonnier politique et dirigeant du mouvement Ennahda M. Bouraoui Makhlouf, qui a été condamné à l’issue des procès de masses de 1992 à une peine d’emprisonnement à perpétuité, cumulée plus tard à 30 ans d’emprisonnement, a commencé une grève de la faim illimitée le 15 novembre 2007 pour exiger sa libération, d’autant que ses camarades jugés avec lui dans la même affaire et contre lesquels a été prononcée une condamnation identique ont été libérés. Sachant que M. Bouraoui Makhlouf qui a connu l’isolement cellulaire pendant plusieurs années et a fait le tour de toutes les prisons tunisiennes. Après y avoir passé plus de dix-sept ans, il souffre de nombreuses maladies, dont une fracture à la colonne vertébrale due à la torture subie lors des investigations préliminaires. Incarcéré actuellement à la prison de Monastir, il se bat pour exiger sa libération et la fin de son calvaire et de celui de sa famille.
Le CRLDHT considère qu’il est temps de mettre fin à cette injustice à ce drame qui a détruit des milliers de familles tunisiennes et criminalisé des citoyens pour avoir exercé leurs droits fondamentaux à l’expression, à l’association et à l’organisation.
Il appelle à la libération immédiate de tous les prisonniers politiques et d’opinion qui croupissent en prison pour avoir exercer leurs libertés les plus fondamentaux et à la proclamation d’une loi d’amnistie générale en faveur de toutes les victimes de la répression.
Paris, le : 18/12/2007
C.R.L.D.H. Tunisie
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme
21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34
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Affaire du Groupe de Soliman : Violences policières à l’enceinte de la salle d’audience
Le procès de 30 Tunisiens poursuivis pour « complot contre la sûreté de l’État » dans l’affaire n°14502/4 dite du « Groupe de Soliman » a été entaché ce samedi 15 décembre 2007 par une série d’atteintes graves de droits, à commencer par les violences policières commises contre les 30 inculpés, battus avec des matraques par plusieurs agents de la Brigade d’intervention rapide qui ont fait irruption dans la salle au cours de l’audience présidée par le juge Mehrez Hammami.
Ces actes d’extrême violence ont éclaté quand les avocats de la défense et notamment le bâtonnier Maître Béchir Essid a réclamé un report d’audience pour permettre à la défense d’accomplir convenablement sa mission dans une affaire aussi grave. Plusieurs requêtes ont été formulées au nom de la défense et parmi elles, l’accès au dossier original de l’affaire, parce que les dates de l’arrestation auraient été effacées de la copie remise aux avocats qui avaient pu accéder au dossier…Mais ils se sont heurtés à une obstination de la cour qui n’a rien voulu entendre, et le juge Mehrez Hammami a continué à donner lecture de l’acte d’accusation. Ce comportement révèle le peu de cas qui est fait des droits de la défense et des structures élues des avocats. En signe de protestation et face à l’obstination de la cour à poursuivre l’audience, les avocats ont décidé de se retirer, soutenus par les prévenus et leurs familles.
La Brigade d’intervention rapide présente en grand nombre et munie de barres de fer et de matraques a fait irruption dans la salle d’audience et s’est jetée sur les prévenus en les frappant violemment, au vu et au su du président du tribunal Mehrez Hammami qui a donné l’ordre d’évacuer la salle… M. Moncef Jaziri, le père du prévenu Mohamed Amine Jaziri a été malmené et jeté dans les geôles du palais de justice durant plusieurs heures ; il risque d’être poursuivi.
Ces graves atteintes n’ont pas empêché le juge de poursuivre l’audience, en l’absence de la défense, et en présence de cinq prévenus seulement !! La prochaine audience a été fixée au 22 décembre pour l’audition des plaidoiries….
Ces violations constituent une première dans les annales judiciaires et traduisent un dysfonctionnement total de l’institution judiciaire qui devient un outil de répression garanti par des juges en service commandé à la solde du pouvoir exécutif, en infraction ouverte aux lois et procédures en vigueur.
Rappelons que ces jeunes sont poursuivis pour participation aux affrontements armés qu’a connu le pays et qui remontent à la fin de l’année 2006, trente prévenus, comparaissaient devant la quatrième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis pour répondre de dix chefs d’accusation, dont « Tentative d’attaques préméditées visant à renverser le régime », « Assassinat », « Maniement d’armes et d’explosifs » et « Adhésion à une organisation terroriste », qui ont été retenus eux, passibles de la peine capitale pour 29 d’entre eux (Voir le communiqué du CRLDHT du 13/12/2007).
Le CRLDHT rejoint le CNLT dans sa demande de retirer cette affaire de cette cour qui a publiquement manifesté sa partialité et son incapacité à respecter la loi ; de confier l’examen de l’affaire à une autre cour qui répondrait aux critères minima d’une cour de justice. Il rejoint également Le CNLT dans sa demande de traduire le tristement célèbre juge Mehrez Hammami devant un conseil de discipline et de le révoquer, pour ses violations répétées de la loi.
Le CRLDHT rappelle l’article 12 de la Constitution de la République Tunisienne qui affirme que « tout prévenu est présumé innocent jusqu’à l’établissement de sa culpabilité, à la suite d’une procédure lui offrant les garanties indispensables à sa défense ».
Il dénonce avec vigueur la violation par les brigades policières d’intervention de l’immunité de l’enceinte du tribunal et l’usage systématique de la violence à l’encontre de citoyens supposés innocents tant que leur culpabilité n’a pas été légalement et définitivement établie.
Il condamne avec fermeté cette parodie de justice qui dit long sur l’état de délabrement de la justice Tunisienne qui ne se soucie pas même de respecter les formes comme avant.
Le CRLDHT réitère son soutien total aux avocats de la Tunisie pour leur défense acharnée des droits pour toutes et tous, sans distinction.
Paris, le : 18/12/2007
Audience mouvementée dans le procès du groupe armé tunisien « Assad Ibn El Fourat »
Yahyaoui Mokhtar
L’audience tenue samedi (15 décembre 2007, NDLR) dans le cadre du procès du groupe armé impliqué dans des affrontements avec les forces de l’ordre et l’armée en début de cette année à été émaillé d’incidents « qui ont semé par moments la panique dans la salle d’audience » selon l’AP.
Les trente prévenus dont une dizaine ne disposait pas encore d’avocat pour leur défense ont refusé au cours de la précédente audience les avocats que le président Mehrez Hammami cherché à les leur imposer. Les avocats choisis par ce dernier étaient tous des avocats connus par leur appartenance au parti du pouvoir contre lequel ils se sont insurgés.
Ce samedi il été prévu que les avocat commis pour les défendre par le conseil de l’ordre comme il est stipulé par la loi déclarent au tribunal leur constitution en faveur de leurs client, ce qui a été en présence du bâtonnier et ont demander l’ajournement pour prendre connaissance du dossier et contacter leur client tous en Etat d’arrestation comme le prévoit la procédure.
Ce qui s’est produit ensuite n’a fait que confirmé les impression de la défense et des observateur depuis le début de ce procès et l’empressement de son président de prononcer son jugement le plus tôt possible au dépend du respect des procédures et des droits de la défense. Il y a aujourd’hui en Tunisie une tradition confirmé dans le choix du pouvoir des fêtes des fins d’années pour tenir ce genre de procès car c’est la période ou il y a le moins d’observateurs disponible à observer leur tenu. Le président du tribunal en passant directement à la lecture de l’acte d’accusation sans donner à toute la défense le temps de prendre connaissance de l’affaire semblait plutôt obéir à la pression de ce calendrier pour terminer les interrogatoires et la plaidoirie avant le 31 décembre.
Face à un procès ou l’instruction à durée pratiquement une année la défense ne peut que se sentir marginalisée et assujettie à un rôle de comparse dans cette affaire dont 29 des 30 accusait encourent la peine capitale d’après les accusations dont ils sont jugés. La quatrième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis qui juge cette affaire n’est pas saisi en tant que cour pénale ordinaire mais en tant que tribunal d’exception suivant les procédures spéciales de la loi antiterroriste du 10 décembre 2003. Une loi unanimement dénoncée pour son caractère liberticide et contraire au droit de la défense mais point expéditive au point de justifier cet empressement à le terminer n’importe comment de la part du juge. De plus par son excès de zèle et sa nervosité le président du tribunal à largement contribuer à envenimer le climat général dans lequel est en train de se tenir ce procès.
Retrait de la défense, protestation des accusés et de leurs parents présent. « Des scènes de désordre ont suivi le retrait d’une vingtaine d’avocats en signe de protestation contre l’attitude du juge. Des membres de familles de prévenus scandaient « Allah Akbar » (Dieu est grand), tandis que plusieurs accusés montaient sur les bancs sur lesquels ils étaient assis en criant des slogans religieux, donnant lieu à l’intervention musclée des agents de l’ordre pour les maîtriser et les évacuer de la salle » rapportait une agence de presse. Les accusés sont évacués, un père de l’un d’eux est arrêté sur ordre du président. Plus tard cinq d’entre eux sont ramenés après avoir étés cuisinés dans les geôles pour donné à la suite de la scène un minimum d’apparence d’un procès.
Ainsi la lecture de l’acte d’accusation a pu être faite suivie d’une interrogation sommaire des présents pour permettre le renvoi de l’affaire à l’acte final des plaidoiries le 22 décembre et mettre un point final n’importe comment à cette affaire.
« Jamais dans son histoire le palais de justice n’a vu un événement comparable » disait le communiqué du conseil national des libertés qui « Considère les violences subies par les prévenus au sein du palais de justice comme une reconnaissance publique et une prolongation des actes de tortures que ces derniers ont affirmé avoir subis dans les locaux du ministère de l’Intérieur. » et demande « de retirer cette affaire de cette cour qui a publiquement manifesté sa partialité et son incapacité à respecter la loi ; de la confier l’examen de l’affaire à une autre cour qui répondrait aux critères minima d’une cour de justice. Il réitère également sa demande de traduire le tristement célèbre juge Mehrez Hammami devant un conseil de discipline et de le révoquer, pour ses violations répétées de la loi. »
L’association internationale de soutient aux prisonniers politiques qui titre depuis quelque temps ses communiqués pour ce genre d’affaire sous le chapitre « Bilan d’un appareil judiciaire qui combat le terrorisme » a considéré que l’agression subie par les prévenus en salle d’audience n’est qu’un indicateur sur le jugement déjà préétabli par ce tribunal au dépend de ces jeunes indépendamment de toute vérification de la véracité du contenu des procès verbaux établie par la DST et au dépend e leur droits de pouvoir les repousser. Un acte condamnable quel qu’il soit ne peut justifier la privation de son auteur d’un procès équitable et la garantie des droits constitutionnellement garantis.
Yahyaoui Mokhtar – Lundi 17 12 2007
(Source : « TunisiaWatch » (le blog de Mokhtar Yahyaoui), le 17 décembre 2007)
Lien: http://tunisiawatch.rsfblog.org/
Affaire de la bande armée à Soliman
Lecture de l’arrêt de la chambre d’accusation et interrogatoire de cinq accusés
Renvoi au 22 décembre 2OO7
Tunis le temps : Les débats ont repris hier devant la quatrième chambre criminelle du tribunal de Tunis, dans l’affaire de la bande armée de Soliman.
Les accusés, âgés entre 22 et 42 ans, ont comparu à l’audience en état d’arrestation.
Rappelons que la chambre criminelle a confirmé les accusations pour lesquelles ils sont poursuivis.
Les chefs d’inculpation sont les suivants:
L’appartenance, à une organisation terroriste, avec les moyens nécessaires à cet effet, dont des entraînements militaires en vue d’accomplir des actes terroristes et fourniture d’armes, d’explosifs et de munitions, ainsi que l’aménagement de locaux servant de lieu de réunion et de refuge pour les membres et les adhérents à ladite organisation, la collecte d’argent en vue d’aider à financer celle-ci, dans toute action ayant un rapport avec des crimes terroristes, ainsi que ceux de complot contre la sûreté interne de l’Etat, et l’incitation des citoyens à l’insurrection armée et au trouble de l’ordre public.
Les accusés ont été arrêtés par les forces de l’ordre, après avoir saisi chez eux des armes et des explosifs, alors qu’ils franchissaient la frontière, venant d’Algérie.
Il s’avéra en outre, qu’ils étaient en relation avec des complices se trouvant à Sousse, et à Tunis, et avec lesquels ils avaient convenu de rassembler des armes et de fabriquer des explosifs, de connivence avec des Salafistes qui étaient prêts à participer à un programme tendant à mettre en péril, la sûreté et les biens des personnes.
S’implantant au Djebel Tebournouk, à Grombalia, dans un camp militaire, ils procédèrent aux entraînements nécessaires, pour la manipulation des explosifs et des Kalachnikovs.
Les forces de l’ordre, aidés par des unités de l’armée tunisiennes ont cerné les lieux, afin de procéder aux arrestations de ces terroristes.
Plusieurs membres de l’armée et des forces de l’ordre, ont été cependant atteints au cours des échanges de coups de feu avec les terroristes, tandis que 12 parmi ces derniers avaient péri.
Suite à cet incident, le procureur de la République a confié le dossier a soumis l’affaire à un juge d’instruction.
Les victimes parmi les forces de l’ordre ont déclaré que les faits s’étaient produits dans la nuit du 23 décembre 2OO6, alors qu’ils cernaient une maison en construction, située à Hammam Echat, où s’étaient cachés des membres de l’organisation terroriste, et dont deux parmi eux, ont ouvert le feu, avec les Kalachnikovs qu’ils portaient.
La riposte a été immédiate, par les forces de l’ordre, dont certains de leurs membres ont été légèrement blessés alors que les terroristes, qui occupaient le bâtiment avaient tous péri.
Par ailleurs , et selon des déclarations d’autres membres parmi les victimes des forces de l’ordre, qui avaient cerné un autre bâtiment à Soliman, 5 autres terroristes avaient péri également lors dans une opération semblable.
Les accusés ont tous reconnus, devant le juge d’instruction, leur appartenance à cette organisation, et qu’ils avaient procédé au financement de leur activité terroriste, depuis fin novembre 2006, après avoir décidé de constituer à Djebel Tebournouk, un camp pour leurs entraînements, en choisissant une caverne dans cette même montagne pour s’y installer.
Le chef de file a baptisé cette organisation :les soldats de Assad Ibn Al Fourat, dont l’activité principale était le terrorisme, usant d’armes et d’ explosifs.
A l’audience, les avocats de la défense ont demandé le renvoi de l’affaire, afin de prendre de plus amples connaissances, dans cette affaire, par la consultation du dossier et la visite leurs clients en prison.
Le président du tribunal a au cours de l’audience qui a duré 4 heures environ, procédé à la lecture de l’arrêt de la chambre d’accusation et aux débats.
Cinq parmi les accusés ont été interrogés, tandis les 25 qui restaient ont refusé de quitter la geôle afin de se présenter à l’audience, malgré leur sommation à le faire par le tribunal.
Celui-ci a donc passé outre, en considérant leurs attitudes comme étant un refus de répondre à l’interrogatoire de leur part.
Les cinq accusés quant à eux ont donné des réponses mitigées, tantôt en niant avoir eu connaissance du programme des terroristes algériens, dont le but était d’attirer des membres pour le Jihad, tantôt en reconnaissant l’existence de cette organisation terroriste, dont certains membres avaient fait connaissance à la mosquée.
Cependant la plupart ont reconnu leur appartenance à ladite organisation, à part deux d’entre eux, dont l’un déclara qu’il ignorait totalement l’activité de l’organisation, alors que l’autre nia qu’il utilisa la voiture de son père pour le transport de certains membres entre Sousse et Grombalia.
Les avocats des parties civiles, présents à l’audience n’ont pas soulevé d’objection au renvoi de l’affaire au 22 décembre courant.
M.G.
(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 16 décembre 2007)
Le droit au travail procède du droit de citoyenneté*
Les trois enseignants du secondaire, Ali Jellouli, Moez Zoghlami et Mohamed Moumni viennent d’entamer leur quatrième semaine de grève de la faim. Les diagnostics des médecins ne sont guère rassurants sur leur état de santé, surtout que certains d’entre eux souffraient déjà de maladies chroniques.
Les trois grévistes ont été privés de leur droit d’exercer leur métier d’enseignants. Leurs contrats de travail n’ont pas été renouvelés cette année : Ils se voient ainsi sanctionnés pour leurs activités syndicales et leurs opinions intellectuelles et politiques. Car aucune raison professionnelle ne peut être invoquée : aussi bien les conseillers pédagogiques, les directeurs, ou les enseignants qui les ont encadrés témoignent de leur compétence scientifique et pédagogique, de leur sérieux et de leurs bons résultats.
Il s’agit bel et bien d’une nouvelle illustration de la gestion sécuritaire des dossiers d’emploi dans la fonction publique (qui a désormais gagné certaines entreprises privées). L’administration, monopolisée par le parti au pouvoir, règle ainsi ses comptes avec ses adversaires politiques en les privant de leur droit au travail et à une vie digne. Au-delà, l’obtention d’un emploi est devenue un privilège inaccessible pour tous ceux qui ne peuvent passer par les circuits du népotisme, du clientélisme et de la corruption. Des centaines de filles et de fils de notre Tunisie sont ainsi réduits au chômage et marginalisés
Les effets conjugués d’un horizon social bouché et de la confiscation des libertés individuelles et collectives a contraint une partie de cette jeunesse à choisir l’émigration. L’exil des cadres et des compétences dans tous les domaines – formés grâce aux sacrifices consentis par la communauté nationale – est ainsi devenu une véritable hémorragie.
La grève de la faim est devenue, ces dernières années, «une spécialité» tunisienne, le produit politique local par excellence. A peine une grève est terminée qu’une autre est déjà déclenchée ; parfois elles se bousculent. Les nouvelles de ces grèves qui nous parviennent sur ces rives d’exil sont pour nous très pénibles. Les Tunisien(ne)s méritent une vie meilleure fondée sur la citoyenneté et la dignité.
La compétence et le professionnalisme des citoyens Moez Zoghlami, Mohamed Moumni, Ali Jellouli sont reconnus. Leur droit légitime à exercer leur métier est indiscutable. Compromettre ainsi leur avenir c’est insulter le rêve de leur familles qui se sont saignés aux quatre veines tout au long de leurs années d’études.
Nous, anciens militantes et militants de l’Union Générale des Etudiants de Tunisie, résidents à l’étranger, convaincus que le droit au travail procède la citoyenneté et que l’unique critère de recrutement professionnel demeure la compétence, et seulement la compétence,
– Exigeons de l’autorité de tutelle l’annulation de cette décision arbitraire et la réintégration des enseignants exclus dans leurs postes de travail sans conditions aucune ;
– Assurons les enseignants grévistes de notre entière solidarité et de notre soutien indéfectible jusqu’à la levée définitive de cette injustice ;
– Considérons que les autorités tunisiennes sont responsables de toute détérioration de l’état de santé des grévistes ;
– Saluons la mobilisation des militant(e)s de l’UGTT, et en particulier celles et ceux de l’enseignement secondaire, ainsi que toutes les personnalités, tous les partis et toutes les associations qui composent la société civile aux côtés des enseignants grévistes
Les signatures
Derouich Imen (Canada).
Chamikh Rajaa(France).
Kanzari Anwar (France).
Fekih Jawhar (France).
Hammouda Samir (France).
Abid Béchir (France).
Hammami Lotfi (France).
Dahmani Iyed. (France).
Amaïdi Mustapha (France).
Riahi Kaïs. ( France).
Baccouchi Nejib. (France).
*(Texte traduit de l’arabe).
APPEL
Solidarité avec les enseignants en grève de la faim en Tunisie
Mohamed Moumni, Ali Jallouli et Moëz Zoglami ont entamé une grève de la faim depuis le 20 novembre 2007 dans les locaux du syndicat général de l’enseignement secondaire. Ils exigent leur réintégration dans leur poste d’enseignant du secondaire.
Tous les trois ont été recrutés l’année dernière (2006/2007) en tant qu’enseignants contractuels catégorie A. Ils ont été arbitrairement renvoyés de leur travail le 11 septembre 2007, c’est la punition que le régime tunisien a décidé de leur infliger à cause de leur engagement syndical, en particulier pour avoir participé à la grève de l’enseignement secondaire du 11 avril 2007*. Selon la procédure en vigueur, les enseignants recrutés dans cette catégorie ne peuvent être remerciés qu’au bout de trois ans sur la base d’avis négatifs sur les plans pédagogique (rapports des inspecteurs) et administratif (direction de l’établissement scolaire). Ce qui n’est pas leur cas, bien au contraire, ils ont obtenu d’excellentes notes pédagogique et administrative.
Le régime tunisien utilise systématiquement ce type de harcèlement contre les opposants, les syndicalistes et les militants de la société civile autonome pour les punir et les dissuader de poursuivre la lutte. Ainsi , des centaines de militants de l’opposition et d’anciens détenus politiques se retrouvent aujourd’hui privés de leurs droits les plus élémentaires : travail, accès aux soins, etc.
Mohamed Moumni et Ali Jallouli ont déjà subi une première injustice en compagnie de six autres anciens militants de l’union générale des étudiants de Tunisie (UGET) en 2006. Après avoir réussi les épreuves écrites du concours du CAPES, session 2006, effectué brillamment leur stage et obtenu de bonnes notes à l’oral, comme en témoignent les enseignants qui ont supervisé les épreuves, leurs noms ont été radiés de la liste finale des admis. Après les longues luttes qu’ils ont menées pour dénoncer cette injustice et l’élan de solidarité autour de leur cause, le pouvoir a fini par les recruter en tant qu’enseignants contractuels catégorie A.
Aujourd’hui, ils sont à leur quatrième semaine de grève de la faim, leur état de santé s’est sérieusement détérioré comme l’attestent les rapports de suivi médical, mais leur détermination de tenir jusqu’à ce que justice soit faite reste intacte. Leur cause jouit d’un large mouvement de sympathie parmi les syndicalistes et le mouvement démocratique tunisien. Le syndicat général de l’enseignement secondaire, qui accueille la grève de la faim dans ses locaux, a appelé à plusieurs actions soutien à leur lutte (grèves, rassemblements, etc.).
Nous militants associatifs, syndicalistes et démocrates en France exprimons notre solidarité avec Mohamed Moumni, Ali Jallouli et Moëz Zoglami et annonçons la création d’un « Comité de soutien aux enseignants en grève de la faim en Tunisie » pour exiger leur réintégration immédiate dans leur travail.
Nous appelons les organisations syndicales, associatives et le mouvement démocratique en France et partout dans le Monde à apporter leur soutien à cette cause juste.
Paris, le 13 décembre 2007
Pour le comité de soutien
Mouhieddine CHERBIB
Pour exprimer votre soutien :
TUNISIE : Fax : 216.71.337.667 E-mail: profexclu@yahoo.fr synd_tunis@hotmail.com Web : http://moumni.maktoobblog.com Numéros de téléphones : – Mohamed Moumni (216) 98 990 003 – Ali Jallouli (216) 21 460 918 – Moez Zoghlemi (216) 95 373 577 |
PARIS : E-mail : Ftcr2@wanadoo.fr Adresse : F.T.C.R. 3, rue de Nantes 75019 Paris |
A TOUS LES NATIFS
DU 17 DECEMBRE 2007
SOUHAITS UNIVERSELS A TOUS LES NATIFS DU 17 DECEMBRE. NOUS SOUHAITONS UN JOYEUX ANNIVERSAIRE A KARIM HAROUNI, EX-SECRETAIRE GENERAL DU SYNDICAT ESTUDIANTIN U.G.T.E. ET EX-PRISONNIER POLITIQUE DU MOUVEMENT ENAHDHA ET A SA SOEUR JUMELLE KARIMA HAROUNI ET EXPRIMONS NOTRE EXTREME JOIE DE LES VOIR CELEBRER LEUR ANNIVERSAIRE AVEC LEUR FAMILLE, APRES PLUS DE 16 ANS D’EMPRISONNEMENT DE KARIM DANS LES PRISONS TUNISIENNES.
ASSOCIEZ-VOUS A NOS VOEUX EN LEUR ECRIVANT *
Karim a été libéré le soir du 7 novembre 2007 de la prison de Mornaguia : cette libération est l’occasion de rappeler l’exigence en Tunisie de voir tous les autres prisonniers politiques quitter les prisons et regagner leurs foyers et leur place dans la société.
17 decembre 2007. Oum Ahmed, Luiza Toscane
µ La famille Amor Harouni
cité 26.26 bloc B – Apt. n°4 RDC
Sidi Amor 2089
Kram-Ouest
Tunis
Tunisie
Remise des prix de la Chambre tuniso-américaine du Commerce
Evénement – phare de la Chambre de Commerce Tuniso-Américane, le dîner gala organisé , récemment par la TACC , n’a pas failli à la tradition ni à la qualité des nombreux hommes d’affaires, opérateurs et décideurs économiques qui y ont pris part.
Ce fut une opportunité pour le nouveau bureau directeur de la TACC , et son Président, Mr. Mondher Ben Ayed, de présenter le plan d’action de la Chambre pour le nouveau mandat
Au cours de cette manifestation, par ailleurs, très conviviale, ont été remis à leurs récipiendaires, les « TACC Awards » , prix récompensant les meilleurs parmi les meilleurs qui se sont distingués au titre du développement du partenariat et des échanges commerciaux entre la Tunisie et les Etats-Unis.
En voici le palmarès :
– Prix du Meilleur investisseur de l’année .Il a été attribué à l’Entreprise « Baxter Bieffe Medital »
Ce prix est attribué selon le poids financier de l’investissement, le nombre d’emplois générés par l’entreprise ainsi que la contribution de cette dernière au dynamisme des échanges tuniso-américains, sachant que les nouveaux investisseurs bénéficient d’un bonus supplémentaire.
– Prix du Meilleur Exportateur de l’année. Il est revenu à l’Entreprise « AMP Carthage » représentée par son Directeur commercial M.Mourad Zouari ( voir interview ).
Ce prix du meilleur exportateur est attribué à l’entreprise tunisienne qui aura réalisé le montant d’exportation le plus important sur les USA. La valeur ajoutée du produit et le nombre d’emploi générés sont toutefois pris en compte dans les critères d’évaluation, ainsi que les efforts de cette entreprise à contribuer au dynamisme des échanges tuniso-américains.
– Prix du meilleur partenaire commercial de l’année . Il a été décerné à l’Entreprise « Euro Cast ».
Ce prix récompense les plus grands importateurs de produits/ services US en Tunisie. Les critères retenus sont le chiffre d’affaires, le niveau de transfert de technologie, les nouveaux opérateurs sur le marché et leur contribution au dynamisme des échanges tuniso-américains.
Prix spécial du Meilleur exportateur de l’année dans le secteur des technologies de l’information. Il a été attribué à l’Enterprise « Scientific Atlanta Group CISCO ».
Comme son nom l’indique , ce prix récompense l’Entreprise qui aura fait le mieux pour le développement des relations bilatérales au titre des technologies de l’information et la promotion du transfert technologique en la matière.
Présentant, par ailleurs, le programme d’action et le bilan des activités du nouveau directeur de la TACC depuis son élection, en Juillet denier, le Président de la Chambre M.Mondher Ben Ayed, en a exposé les grands axes ainsi que les mécanismes mis en place pour dynamiser davantage les échanges commerciaux entre la Tunisie et les USA appelant notamment l’action de lobbying (Doorknock) pour promouvoir la Tunisie en tant que destination pour les investisseurs et les touristes américains ( voir interview ).
En outre , trois comités de fond Ont été créés en juillet 2007 à l’effet de répondre aux besoins et aux attentes des membres de la Chambre , à savoir :
– Le Comité des Entreprises Américaines dont la mission est de faciliter et promouvoir l’implantation des compagnies américaines en Tunisie et encourager les investissements américains en Tunisie.
– Le Comité Des Entreprises Tunisiennes , chargé de faciliter et promouvoir les activités commerciales des compagnies tunisiennes aux Etats-Unis.
– Le Comité de l’Investissement Américain qui œuvre, en collaboration avec les autorités tunisiennes en vue d’ améliorer davantage le climat des affaires et le cadre afin que la Tunisie devienne un pays de plus en plus attrayant pour les investisseurs.
LM
Interview
M Mondher Ben Ayed, président de la TACC
« Les opportunités du marché américain ne sont pas suffisamment exploitées »
Economia : Quelle signification peut être donnée à ce diner gala ?
Mondher Ben Ayed : C’est la tradition de la Chambre de Commerce Tuniso-Américaine de célébrer la fin de l’année par pareille événement , ce qui constitue aussi une occasion pour faire le point sur les relations de partenariat et d’échanges commerciaux avec les Etats-Unis et pour récompenser ceux des nôtres et de nos partenaires américains qui se seront distingués dans la dynamisation des relations commerciales bilatérales et le développement des investissements US vers la Tunisie.
Cette année , les « TACC Awards » récompensent le meilleur investisseur , le meilleur exportateur tunisien vers les USA, le meilleur partenaire commercial et le meilleur exportateur de produits de technologies de l’information.
Ce n’est pas là l’unique approche que vous développez pour accroitre le volume des échanges entre les deux pays !
Certainement. Cette approche fat partie d’un dispositif que nous avons mis en place et qui s’articule autour de trois volets . Promouvoir la Tunisie aux Etat Unis afin d’amener les Américains à faire des affaires en Tunisie , soutenir les opérateurs tunisiens à saisir les opportunités que présente le marché américain et identifier les axes de coopération économique et comprendre les procédures et la politique américaine concernant la Tunisie et sa région .
Parmi les actions majeures que nous conduisons dans ce cadre , les missions de « Door knock » , littéralement frapper à la porte , que nous organisons périodiquement aux Etats Unis à l’effet à promouvoir l’image de la Tunisie aux Etats-Unis , à travers des rencontres avec les officiels du Département d’Etat , les membres du Congrès et ceux des organisations non gouvernementales ainsi que tous ceux qui manifestent un intérêt particulier pour la Tunisie et la région..
Quelle est la nature des concours que les pouvoirs publics aussi bien tunisiens qu’américains vous apportent dans la conduite des actions qui sont les vôtres ?
Je ne peux que me féliciter du soutien qui nous est fourni par les autorités tunisiennes autant que par la partie américaine. A cet égard , je tiens ici à souligner l’appui constant que nous apporte Son Excellence l’Ambassadeur des Etats-Unis qui ne ménage pas ses efforts pour faciliter et accompagne nos actions.
Ou en est la zone de libre échange tuniso-américaine dont le processus semble accuser un certain retard depuis le temps qu’il a été convenu par les deux parties ?
Vous savez, les Américains adoptent en la matière une approche globale et totale , contrairement à l’Union européenne qui privilégie une approche par étapes . Dans le même temps , il ne peut échapper à personne que nos relations avec l’Europe sont vitales.
Cela dit , il faut attendre la libéralisation des services avec l’UE dans le courant de l’année 2008 pour que soit abordé comme il se doit le problème de la zone de libre échange tuniso-américaine dont la mise en place est une nécessité. Nous nous y acheminons.
Je rappellerai que la Tunisie a signé avec les USA l’Accord sur l’Investissement et le Commerce TIFA , lequel doit constituer une étape vers la conclusion de l’Accord de libre échange FTA .Habituellement , comme je l’ai indiqué , les USA négocient un accord global sur une base bilatérale en vue d’accroitre les opportunités en faveur de leurs acteurs économiques. C’est sur cette base qu’ont été conclus en 2004 les accords de libre échange entre les Etats-Unis d’une part et le Maroc , la Jordanie , Bahrein et l’Australie , d’autre part.
Que doivent faire les opérateurs tunisiens pour prendre pied sur le marché américains ?
Il faut travailler. Les atouts qui sont ceux du commerce américain ne sont pas exploités par les opérateurs tunisiens. Et puis, les Américains ne sont pas assez au fait du marché tunisien et des opportunités qu’il offre et recèle.
Entretien conduit par Mohamed LAHMAR
(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 18 décembre 2007)
Naguib Sawiris, le magnat égyptien des télécoms ciblé par une fatwa
AFP, le 18 décembre 2007 à 13h16
Par Alain NAVARRO
LE CAIRE, 18 déc 2007 (AFP) – Le magnat égyptien des télécoms, Naguib Sawiris, un des cent hommes les plus riches du monde, a été pris pour cible par une fatwa d’un cheikh fondamentaliste pour s’être ému contre l’islamisation en Egypte.
Ce sont toutes ses sociétés, et d’abord Mobinil, leader de la téléphonie mobile en Egypte, dont le cheikh Youssef al-Badri a exigé le boycottage immédiat par « tous les Musulmans ».
La faute du « chrétien copte » Naguib Sawiris, aux termes du décret islamique de ce prêcheur redouté, est d’avoir estimé qu’avec la généralisation des femmes voilées les rues du Caire ressemblaient
à celles de Téhéran.
Célèbre pour ses anathèmes lancés contre des intellectuels laïcs ou musulmans réformistes, il s’en prend à un homme d’affaires brillant, l’aîné des trois fils du patriarche Onsi Sawiris, 77 ans,
un géant du bâtiment.
Membre du conseil suprême islamique, le cheikh Badri a reproché à Naguib Sawiris d’avoir prôné un état laïc en Egypte et de s’être exprimé sur un mode « léger, sarcastique et offensant » sur le voile
islamique.
« Je n’ai rien contre le voile parce que cela serait contre la liberté individuelle » avait-il dit à des journalistes « mais en marchant dans la rue, je me sens comme en Iran… comme si j’étais un étranger ».
Après trente ans de réislamisation, les femmes non voilées sont archi-minoritaires sur les bords du Nil où se répand désormais le port du voile intégral, le niqab, sous l’influence du fondamentalisme saoudien.
Le ministre de la culture, Farouk Hosni s’était, il y a an, attiré les foudres de tous les conservateurs, des tenants du régime Moubarak aux Frères Musulmans, pour avoir jugé « rétrograde » le port du voile.
Au passage, le cheikh Badri s’en prend également à Naguib Sawiris pour avoir critiqué le slogan « l’Islam est la solution » de la confrèrie islamiste qui, avec un député sur cinq, est la principale force d’opposition.
« Je suis un homme laïc totalement opposé à un Etat religieux. Nous n’attendons pas le feu vert des Frères Musulmans pour connaitre nos droits de citoyens », avait dit M. Sawiris.
Pour les islamistes, un chrétien ne peut diriger un pays musulman à plus 90% comme l’Egypte. La constitution bannit un parti sur une base religieuse, mais la charia, la loi islamique, est devenue la source principale du droit.
De fait, les coptes, estimés à 6 à 10 % d’une population de 73 millions d’Egyptiens, sont archi sous-représentés dans les instances politiques, n’ayant eu qu’un député élu à l’Assemblée en 2005.
Le cheikh Badri avait en avril porté plainte contre un poète, Helmy Salem, l’accusant d’offense à l’Islam. Et après une campagne acharnée contre un penseur musulman, Nasr Hamed Abou-Zeid, il
l’avait fait condamner en 1995 par un tribunal cairote à se séparer de sa femme pour apostasie. Le couple s’est exilé aux Pays-Bas.
« De quel droit se permet-il de lancer des fatwas, il n’en a pas la légitimité », s’est exclamé le penseur musulman, Gamal al-Banna, très mal vu par les islamistes et traditionnalistes.
Pour sa part, Naguib Sawiris, que l’AFP à tenté de joindre, s’est abstenu de réagir. Il a été défendu par l’ONG « Egyptiens contre la discrimination religieuse », qui a estimé qu’il avait parfaitement le droit d’exprimer son opinion.
Après une fantastique réussite sur dix ans, le faisant accéder en 2007 au 62ème rang des hommes les plus riches du monde, selon le magazine américain Forbes, Naguib Sawiris, 53 ans, s’investit davantage dans la société civile.
Son groupe, Weather Investments, est présent au Maghreb (Tunisie, Algérie), Pakistan, Irak, Bangladesh, Egypte mais aussi en Italie (Wind) et en Grèce (Tim). Il a tenté en vain un rapprochement avec le groupe français Vivendi.
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La nouvelle vogue des indulgences
par Daniel Vernet
Nicolas Sarkozy rend, jeudi 20 décembre, sa première visite officielle au Vatican en tant que président de la République française. Il a un désaccord avec le pape Benoît XVI : il est contre la repentance. Au moins collective. Il l’a répété pendant sa campagne électorale et il a refusé de battre sa coulpe, en tout cas celle de la France coloniale, lors de son récent voyage en Algérie.
Mais il a un point commun avec le Saint Père : il est favorable aux indulgences, cette pratique de l’Eglise catholique qui consiste pour le pécheur – pour le dire rapidement et sans subtilité théologique – à acheter son salut. C’est cette pratique qui provoqua au XVIe siècle la sainte colère du moine Martin Luther et fut à l’origine de la Réforme. Elle avait pratiquement disparu dans l’Eglise catholique après le concile Vatican II. Elle fut réintroduite par Jean-Paul II en 2000 à l’occasion de l’année jubilaire. Benoit XVI en use pour la troisième fois de son pontificat en décidant que les pèlerins se rendant à Lourdes et effectuant « avec dévotion » la visite du sanctuaire bénéficieraient de « l’indulgence plénière » du pape. S’ils n’assurent pas ainsi leur salut, ils y auront largement contribué.
Si le colonel Khadafi n’a pas demandé à se rendre à Lourdes pendant sa visite en France, lui aussi s’est offert quelques indulgences. Il a obtenu le pardon du président de la République moyennant certains gestes qui, pour ne pas être dévots, n’en ont pas paru moins significatifs à son hôte. Pour l’ancien adversaire de la France au Tchad, le responsable des attentats contre les avions de la Pan Am et d’UTA, le thuriféraire du terrorisme qui a échangé des infirmières bulgares et un médecin palestinien contre sa respectabilité internationale, le salut passe par les oeuvres. Comme au pire moment du trafic des indulgences, il a même payé en espèces sonnantes et trébuchantes – plus exactement par des promesses de contrats – son retour dans la communauté internationale.
Le traitement dont il a été l’objet à Paris a été tellement extravagant que pour le justifier, M. Sarkozy et ses amis ont été obligés de ressasser les mêmes arguments sur ce brave colonel qui aurait trouvé son chemin de Damas pour ne pas subir le même sort que Saddam Hussein. Le repenti n’a pas abandonné toutes ses mauvaises habitudes. C’est Patrick Ollier, président du groupe d’amitié France-Libye à l’Assemblée nationale, qui a vendu la mèche. Il a expliqué au Journal du dimanche que, malgré la récente conversion du colonel Khadafi, il restait « peut-être », entre Tripoli et Benghazi, « quelques reliquats de pratiques anciennes comme la torture », en laissant toutefois entendre qu’il serait mesquin de s’en formaliser.
Il a été de bon ton durant cette extraordinaire semaine de se gausser des belles âmes influencées par le Café de Flore. C’est injuste. Les discordances ministérielles n’étaient pas fortuites. Il y a plusieurs conceptions de l’action gouvernementale. La caporaliste – « un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne » -, la cacophonique, qui est un signe de faiblesse, et la concertée, résultat d’une division consciente du travail.
Bernard Kouchner et Rama Yade ont été parfaitement dans leur rôle en exprimant leur désaccord sur la manière dont Khadafi a été reçu à Paris, ce qui ne veut pas dire qu’ils n’étaient pas sincères. Ils ont exprimé un malaise qui dépassait leur personne et envoyé le message que le président lui-même n’était dupe ni des protestations d’amitié libyennes ni de ses propres satisfecit.
M. Sarkozy gère ainsi les contradictions de sa double diplomatie, qui se veut à la fois mercantile et morale. Il signe des contrats avec Khadafi et Hu Jintao, félicite Poutine, applaudit aux sérénades de Chavez. Pendant ce temps, Sisyphe-Kouchner remonte le rocher des droits de l’homme. Au risque d’être écrasé par lui.
(Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 19 décembre 2007)