TUNISNEWS
7 ème année, N° 2309 du 17.09.2006
Kalima: ATFD et AFTURD : Plaidoyer pour l’égalité dans l’héritage
Webmanagercenter: Le dinar ne cesse de se déprécier :Est-ce la bonne solution ?
Webmanagercenter: Agroalimentaire :Les vins tunisiens sortent leurs griffes
El Watan: Pillage du corail à l’Est du pays – Les Tunisiens s’y mettent aussi Le Temps: Dérapage papal – Le choc des intégrismes Le Figao: Les regrets du Pape n’apaisent pas le courroux du monde musulman Tribune de Genève: Les propos qui embarrassent le Vatican El- annabi: L’Algérie et la France font front contre le GSPC – Le terrorisme, un ennemi commun
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Cliquez ici pour accéder au reportage exceptionnel de l’AISPP sur la catastrophe humanitaire des prisonniers politiques Tunisiens
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ATFD et AFTURD : plaidoyer pour l’égalité dans l’héritage
Le dinar ne cesse de se déprécier
Est-ce la bonne solution ?
Agroalimentaire Les vins tunisiens sortent leurs griffes
Pillage du corail à l’Est du pays
Les Tunisiens s’y mettent aussi
Slim Sadki
Dix ressortissants tunisiens ont été condamnés à des amendes et à des peines de prison avec sursis par le tribunal d’El Kala depuis le début du mois de septembre. Quatre membres d’un palangrier et deux groupes de 3 plongeurs autonomes chacun ont été interceptés par les garde-côtes à l’intérieur des eaux territoriales algériennes.
Une chose certes pas légale et presque banale à la frontière de deux pays côtiers, si ce n’est que les garde-côtes ont cette fois-ci trouvé des miettes de corail de 70 g, sur le palangrier et que les groupes de plongeurs ont été interpellés à deux jours d’intervalle, exactement au même endroit, celui-là même où opérait la veille un groupe de plongeurs algériens.
Pour nos interlocuteurs, il ne fait aucun doute que les membres de l’équipage du palangrier et les plongeurs tunisiens sont venus récupérer de la marchandise à des endroits que leur ont indiqués leurs complices algériens.
Débarquer du corail brut dans le port de Tabarka (Tunisie) n’est pas en effet un délit de l’autre côté de la frontière, puisque la récolte du corail, plus rare que sur le littoral algérien, n’est pas interdite. Le corail brut récolté illégalement au prix d’une catastrophe naturelle d’envergure est, pour la plus grande partie, expédié en Italie via la Tunisie par des réseaux de contrebande de mieux en mieux organisés et équipés.
Dans la lutte contre ce désastre qui a pour origine, nous l’avons toujours rappelé dans ces colonnes, l’abandon par l’Etat de ce patrimoine devenu par la force des choses « beylek » aux yeux des gens qui se servent en veillant seulement à ne pas se faire attraper, les moyens sont inadaptés. Les sanctions de la justice sont inopérantes car fondées sur des incohérences.
On a, par exemple, condamné des personnes trouvées sur le continent en possession de quantités de corail, parfois insignifiantes, pour l’exercice illégal de la pêche ( ?). Les amendes sont évaluées sur des tarifs et déclarations des douanes ( ?).
Lorsque « les grossistes », ainsi dénommés parce qu’ils manipulent de grosses quantités, sont relaxés en appel à Annaba souvent faute d’arguments solides, on parle de corruption des magistrats, ce qui ne peut pas être toujours vrai.
Les marins du palangrier ont écopé de 2 mois de prison avec sursis et d’une amende de 200 000 DA chacun. Les plongeurs d’une amende de 10 000 DA.
(Source : El Watan ( algérie), le 17 septembre 2006)
Lien : http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=50206
Dérapage papal
Le choc des intégrismes
Par : Imed Bahri
Alors que chrétiens et musulmans s’accrochent à un improbable dialogue des religions, un fossé ne cesse de se creuser entre Benoît XVI et les musulmans, sur un fonds de «choc des civilisations».
Dans un discours très philosophique sur la foi et la raison, le 12 septembre, à l’université de Ratisbonne, en Bavière orientale – où il a enseigné de 1969 à 1977 -, le pape Benoît XVI a interpellé avec insistance les musulmans sur leur conception de Dieu. Ses propos, qui ont été très mal accueillis dans le monde musulman, ont été qualifiés, tour à tour, d’«inhabituels et sans précédent», «malheureux», «regrettables», «inexacts et opportunistes », «haineux et hostiles», «irresponsables», «pleins de préjugées» voire «insultants pour le prophète Mohamed et l’islam»…
Les propos du pape jettent de «l’huile sur le feu», a estimé, de son côté, Mohammad Mehdi Akef, guide spirituel des Frères musulmans égyptiens. Le Saint-Père «confond l’islam, qui est une religion révélée, et l’islamisme qui n’est plus de la religion mais une idéologie politique», a estimé, pour sa part, Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman et recteur de la mosquée de Paris. La polémique risque de s’amplifier.
Le djihad : maladie mortelle de l’islam
Mais quels propos le pape a-t-il tenus qui pouvaient justifier autant de réactions courroucées ?
La foi est responsable devant la raison, elle doit être ouverte au dialogue avec les autres religions et avec le monde laïc, a dit l’ex-professeur de théologie Joseph Ratzinger.
Le christianisme, présenté comme une synthèse de «foi biblique» et de «questionnement philosophique grec», retient, selon lui, le meilleur de la religion – l’amour du prochain – et le meilleur de la philosophie et considère la raison comme l’essence même de Dieu, et non sa négation. Au contraire de l’islam, qui considère que «Dieu est absolument transcendant» et que «Sa volonté n’est liée à aucune de nos catégories, même pas à la raison.» «Ici, les voies se séparent, dans la compréhension de Dieu et donc dans la traduction concrète de la religion, et cette scission représente aujourd’hui un défi pour nous», a souligné le pape.
Dans sa volonté de réfuter clairement et radicalement la motivation religieuse de la violence, c’est-à-dire l’invocation de Dieu pour justifier les attaques suicidaires, le souverain pontife n’a pas hésité à interpeller théologiens musulmans sur leur conception de Dieu. «Il est important aujourd’hui de dire, avec clarté, en quel Dieu nous croyons et de professer, avec conviction, le visage humain de la religion», a-t-il dit.
Dénonçant, pour la première fois ouvertement, le djihad (guerre sainte), qu’il a qualifié de «maladie mortelle» de la religion, Benoît XVI a affirmé qu’il s’agissait d’une forme de violence aberrante, contraire à la lettre du Coran (lequel dit clairement «Il n’est nulle contrainte en religion»), et incompatible avec la «nature même de Dieu».
«Celui qui veut conduire quelqu’un à la foi a besoin de bien parler et de raisonner correctement, au lieu de recourir à la violence et de la menace», a dit aussi le pape, désignant ainsi l’ennemi du moment: le djihad, compris non comme une doctrine de l’islam, mais comme un fanatisme violent qui se cache derrière l’islam pour justifier le meurtre des civils.
En soulignant ainsi la distinction entre la violence islamiste et la foi islamique, le pape a voulu tendre la main à l’islam non djihadiste, aux musulmans éclairés qui refusent la logique du martyre et qui attribuent aux extrémistes religieux – et notamment aux kamikazes – une part de responsabilité dans la montée de l’islamophobie en Occident.
La collusion entre l’Occident et l’Islam
Ces propos papaux, qui font écho à certaines déclarations manichéennes du George W. Bush, grand Croisé devant l’Eternel, n’ont pas manqué de choquer nombre de Musulmans. Et pour cause : ils ont été tenus au lendemain de la célébration du 5ème anniversaire des attentats du 11-Septembre, perpétrés par des fondamentalistes religieux se réclamant de l’islam.
Ils sont «tombés» aussi au plus mauvais moment, dans une conjoncture internationale marquée par ce que le secrétaire général du parti islamique koweïtien Umma, Hakem al-Mutari, a qualifié de «nouvelles guerres occidentales contre le monde musulman» [en Tchétchénie, en Afghanistan, en Irak et au Liban]. Et comme ils ont été aussi précédés par une série de déclarations du Vatican à propos des menaces de l’islamisme et de l’islamisation de l’Europe, ils ont aussi été interprétés comme une amorce de changement de la politique du Vatican vis-à-vis de l’islam.
Cette politique, on le sait, repose depuis un demi-siècle sur deux piliers. Le premier est celui du dialogue interreligieux, qui exprime l’idée d’un front commun des religions monothéistes face à la sécularisation et au «vide spirituel» de la société de consommation. Le second était une attitude de pragmatisme politique, en vertu de laquelle l’islam était considéré comme un allié face à la menace communiste.
C’est en faisant le même calcul géostratégique que les Etats-Unis ont soutenu pendant plusieurs décennies les régimes musulmans les plus rétrogrades et les mouvances islamistes les plus radicales, jusqu’à ce que les attentats du 11-Septembre leur fassent faire une volte-face de 180 degrés.
Dans le sillage des Etats-Unis, qui conduisent la guerre mondiale contre «le fascisme islamiste» (Bush dixit), le Vatican est-il en train de réviser lui aussi sa politique vis-à-vis du monde islamique ? Certains signes permettent de le penser.
Ainsi, quelques mois avant son élection, le 5 juin 2004 à Caen, le cardinal Joseph Ratzinger a condamné ce type d’approche manichéenne et ceux qui tendent «à creuser plus profondément l’opposition» entre christianisme et islam. Tout en constatant «la collusion entre deux grands systèmes culturels (…): l’Occident [judéo-chrétien] et l’Islam (…)», le théologien a souligné aussi leur caractère de «mondes polymorphes incluant de grandes différences internes».
Au sein de ces mondes, la principale préoccupation du cardinal était la coupure entre la faiblesse d’une raison pure, opératoire et souvent asséchée, qui rejette toute fécondation de la religion, et le fanatisme religieux, aveugle aux lumières de la raison. Cette approche a conduit le futur pape à considérer le terrorisme se réclamant de l’islam comme «une espèce de nouvelle guerre mondiale». L’idée n’était pas nouvelle, puisqu’elle avait déjà été développée, dès 2001, par les Néo-conservateurs au pouvoir à Washington.
Dans son premier grand discours pontifical adressé à la communauté musulmane, prononcé quelques mois plus tard, en marge des Journées mondiales de la jeunesse de Cologne -, le nouveau pape a condamné plus fermement encore «la vague du fanatisme cruel (…) faisant obstacle à la progression de la paix dans le monde». Puis, devant le corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, en janvier 2005, il a reconnu l’existence du «danger d’un choc des civilisations (…) rendu plus aigu par le terrorisme organisé».
Il restait cependant convaincu que, malgré tous les obstacles, un dialogue est tout simplement nécessaire entre les mondes judéo-chrétien et islamique.
La peur d’une «islamisation de l’Europe»
Cependant, lors de sa première audience générale sur la place Saint-Pierre, à Rome, Benoît XVI a déclaré qu’il avait choisi le nom de Benoît en référence au saint patron de l’Europe, qui «représente un point de repère fondamental pour l’unité de l’Europe et un rappel puissant des incontournables racines chrétiennes de sa culture et de sa civilisation».
Cette déclaration dénuée de toute ambiguïté, ajoutée à l’opposition de l’ex-cardinal Joseph Ratzinger à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, semble avoir inauguré un changement de politique du Vatican, avec, notamment, une attitude plus ferme face à l’islamisation de l’Europe.
Le premier signe annonciateur de ce changement avait été donné, dix-huit mois plus tôt, avec la parution d’un article très critique à l’égard de l’islam dans la revue »Civilta Cattolica », qui passe pour être l’organe officieux du Saint-Siège.
Dans cet article intitulé «Chrétiens en pays islamiques», l’auteur, Giuseppe de Rosa, affirmait notamment que l’Europe avait «vécu sous la menace constante [de l’islam] pendant près de mille ans». «Partout où l’islam s’est imposé par une force militaire, sans équivalent en rapidité et en efficacité, la chrétienté – pourtant extrêmement vivante et enracinée là depuis des siècles – a pratiquement disparu ou a été réduite à d’insignifiants îlots, perdus dans un océan islamique», a-t-il écrit aussi.
Cette force de pénétration de l’islam, l’auteur l’attribue à la loi islamique du Djihad, qui divise le monde en trois parties: «dar al-harb» (domaine de la guerre), «dar al-islam» (domaine de l’islam), et «dar al-ahd» (domaine de la trève). «L’obéissance au précepte de la guerre sainte explique pourquoi l’histoire de l’islam est une interminable entreprise guerrière pour conquérir les territoires infidèles. En particulier, toute l’histoire islamique est dominée par l’idée de la conquête des pays chrétiens de l’Europe occidentale et de l’Empire romain d’Orient, dont la capitale était Constantinople», écrit Giuseppe de Rosa.
Lorsque l’on sait que tous les articles de la revue jésuite passent systématiquement par la censure du Vatican, on peut estimer que cette approche critique de l’islam exprime un point de vue assez répandu parmi la hiérarchie pontificale.
Un autre signe de ce changement : les 1er et 2 septembre 2005 à Castel Gandolfo, un petit groupe d’universitaires – le cercle des anciens élèves de Ratzinger (Ratzinger-Schülerkreis) – s’est réuni avec le Pape autour de deux jésuites islamologues. Objectif : débattre de la position de l’islam face au monde sécularisé et des conséquences sur le dialogue entre chrétiens et musulmans. Quelques échos de ce colloque privé ont franchi les murs de la résidence d’été des papes.
«Benoît XVI juge très difficile une herméneutique du Coran, descendu du ciel dans les mains du prophète, contrairement aux Evangiles, dont la révélation est passée au travers de la pâte humaine. Pour lui, cela rend d’autant plus difficile un dialogue entre l’islam et le monde moderne, et par voie de conséquence avec le christianisme, qui en a permis l’émergence», a raconté l’un des présents. L’Egyptien Samir Khalil Samir, professeur à l’université Saint-Joseph de Beyrouth, l’un des deux islamologues présents, a résumé, pour sa part, les propos tenus par Benoît XVI à notre consœur Sophie de Ravinel du quotidien français »Le Figaro » (21 avril 2006). Selon lui, le pape a souligné le fossé séparant l’Occident d’«une grande partie du monde musulman qui n’intègre pas la modernité, possède une conception figée de la révélation et renforce son attitude radicale, par sécurité». Un autre jésuite, l’Américain traditionaliste Joseph Fessio, fondateur de la maison d’édition Ignatius Press, avait rapporté, en janvier 2005, que le pape, au cours de la même rencontre, «a estimé l’islam incapable de se réformer». «Il a estimé la réforme difficile, mais pas impossible», a tenu cependant à corriger le père Samir Khalil Samir.
Quoi qu’il en soit, les positions de Benoît XVI vis-à-vis de l’islam n’ont cessé d’évoluer vers une volonté de marquer la différence entre islam, figé dans ses dogmes, et un christianisme ouvert aux lumières de la raison.
«L’islam est fermé au point de ne pas admettre la réciprocité»
Autre épisode à retenir dans le cadre de cette évolution : dans une interview au quotidien italien »La Stampa », le 22 février dernier, Mgr Velasio De Paolis, secrétaire au Vatican du Tribunal suprême de la signature apostolique, considéré comme la «Cour de cassation» du Saint-Siège, proche collaborateur du pape, a reproché à l’Occident ses peurs face à l’islam.
«Si tendre l’autre joue signifie renoncer à être soi-même, il y a un danger», a estimé le prélat, qui a critiqué la faiblesse des réactions européennes face aux manifestations de colère dans des pays du monde musulman, liées à la publication dans la presse occidentale de caricatures du prophète Mohamed.
«Le problème principal est que l’islam est fermé au point de ne pas admettre la réciprocité (…) En terre d’Islam, dès que l’Eglise se présente dans son authenticité, elle est accusée de prosélytisme», a déploré De Paolis. «Le risque est que les musulmans dialoguent tant qu’ils restent une minorité en Occident. Après, qu’en sera-t-il des valeurs chrétiennes?», s’est-il demandé. Avant d’ajouter : «Cela fait plus d’un demi-siècle que l’Occident a des relations avec les pays arabes, surtout pour le pétrole, et il n’a jamais été capable d’obtenir la moindre concession sur les droits humains». «La limite de l’Occident est là: il parle toujours de valeurs, mais ensuite il a besoin du commerce avec la Chine et du pétrole islamique, donc il ferme les yeux sur des violations systématiques, comme il l’a déjà fait avec Hitler», conclut l’auteur. Cette dernière allusion au leader nazi allemand n’est pas sans rappeler la comparaison qu’établit souvent Bush entre fondamentalisme islamique et fascisme.
Les déclarations du pape à Ratisbonne, le 12 septembre, à propos de la dé-raison de l’islam sont donc à situer dans cette atmosphère d’islamophobie rampante que la montée du fondamentalisme islamiste dans notre région n’a pas fini d’exacerber.
A ce titre, elles devraient être discutées, réfutées si nécessaire, mais pas rejetées comme une nouvelle agression de la chrétienté contre l’islam. Car, à les lire de plus près, ces déclarations s’insurgent contre des approches rétrogrades de la religion que nous autres musulmans éclairés stigmatisons bien plus vigoureusement encore.
(Source : « Le Temps » (Tunisie), le 17 septembre 2006)
Les regrets du Pape n’apaisent pas le courroux du monde musulman
lefigaro.fr (avec Reuters et AFP).
Les propos de Benoît XVI sur l’islam et la violence continuent de provoquer une vague de protestations, malgré la déclaration du Vatican présentant les regrets du Pape. Le dispositif de sécurité sera d’ailleurs renforcé dimanche à Castel Gandolfo, autour de sa résidence d’été, où il doit réciter l’angélus.
La colère des musulmans après les propos de Benoît XVI établissant un lien implicite entre islam et violence, mardi, ne faiblit pas. Et ce malgré le «mea culpa» du Pape, exprimé samedi par le nouveau secrétaire d’Etat du Vatican, Tarcisio Bertone. Il est «absolument désolé que certains passages de son discours aient pu paraître offensants pour la sensibilité des croyants musulmans», a-t-il déclaré dans un communiqué.
Ambassadeur rappelé
Des regrets jugés insuffisants, dans plusieurs pays. Le Maroc a notamment décidé de rappeler en consultation son ambassadeur au Vatican, «sur très hautes instructions» du roi Mohammed VI, qui a auparavant adressé un message de protestation au Pape. L’ambassadeur du Saint-Siège au Caire a par ailleurs été convoqué samedi au ministère égyptien des Affaires étrangères.
Attaques contre des églises
En Cisjordanie, les propos incriminés ont provoqué des attaques contre deux nouvelles églises, dimanche sans faire de victime, à Tulkarem et Toubas. Cinq églises avaient déjà été la cible d’attaques dans les Territoires palestiniens, depuis mardi. En Irak, une bombe a également explosé devant une église à Bassorah, au sud de Bagdad, endommageant légèrement la porte.
Menaces d’attentat
Le groupe armé irakien Jaïch al-moujahidine a, quant à lui, menacé de frapper l’Italie et le Vatican, en riposte aux propos du Pape. Selon le quotidien Corriere della Sera, le niveau de vigilance antiterroriste a même été relevé au Vatican. Samedi soir, l’agence italienne Ansa a également annoncé que le dispositif de sécurité serait renforcé dimanche à Castel Gandolfo autour de la résidence d’été de Benoît XVI, où ce dernier doit réciter l’angélus, en milieu de journée.
Demande d’excuses
L’Algérie a demandé des excuses, dimanche. Même l’archevêque d’Alger s’est dit consterné. «Ce ne sont pas des excuses. Le Pape a commis une erreur, il doit reconnaître son erreur et s’excuser»», a également réagi un dirigeant des Frères musulmans, Abdel Moneim Aboul Foutouh, en Egypte. Plus modéré, le secrétaire général du Front de l’action islamique (FAI), émanation des Frères musulmans en Jordanie, a jugé que les regrets de Benoît XVI n’allaient «pas dans la bonne direction, et étaient insuffisants».
Avalanche de critiques
De son côté, le cheikh d’al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite dans le monde, a fait part de son indignation. Les propos du Pape «traduisent une ignorance claire de l’islam et de son prophète», a déclaré Mohammed Sayyed Tantaoui, selon lequel cela ne contribuera pas «au renforcement du dialogue entre les religions et les civilisations». L’Iran, pour sa part, a demandé à Benoît XVI de «corriger» ses propos, en les qualifiant de «grande erreur».
A l’unisson, le grand mufti, le plus haut dignitaire religieux d’Arabie Saoudite, n’a pas caché sa désapprobation en accusant le Pape de «mensonge». Et dans une lettre adressée au Vatican, le ministre saoudien des Affaires étrangères a réclamé «une clarification urgente». Le gouvernement koweïtien a fait également une demande en ce sens, alors que le chef du parlement parlait de «grosse erreur». Dans ce pays, un député islamiste a demandé au gouvernement de cesser d’accorder des autorisations pour la construction d’églises.
Indignation des chrétiens du Proche-Orient
Les chrétiens du Proche-Orient, qui craignent de faire les frais d’une confrontation entre le Vatican et le monde musulman, se sont aussi démarqués des propos de Benoît XVI. L’église copte égyptienne, dont les membres constituent la plus importante communauté chrétienne du Proche-Orient, a rejeté «toute atteinte aux symboles musulmans». Les propos du Pape, enfin, on été critiqués jusque dans la presse américaine, le New York Times les qualifiant de «tragiques et dangereux».
Soutien
Cependant quelques voix se sont élevées en Europe pour prendre la défense de Benoît XVI. En Grande-Bretagne, le Conseil des musulmans, la plus importante organisation musulmane du pays, a estimé que le souverain pontife a fait «un premier pas dans la bonne direction» en «reconnaissant le mal qu’il a causé». La chancelière allemande et compatriote du Pape, Angela Merkel, a également volé à son secours : «Celui qui critique le Pape méconnaît l’intention de son discours qui était d’inviter au dialogue entre les religions».
(Source : le site Figao.fr, le 17 septembre 2006 à 12h39)
Les propos qui embarrassent le Vatican
Dominique dunglas
«Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau. Tu ne trouveras que des choses mauvaises et inhumaines, comme le droit de défendre par l’épée la foi qu’il prêchait.» C’est en citant, le 12 septembre dernier à l’université de Ratisbonne, ces paroles de l’empereur chrétien de Constantinople, Manuel II Paléologue (1350-1425), que Benoît XVI a provoqué la colère musulmane.
Des propos qui mettent l’accent sur la violence de l’islam. Des paroles qui ne lui ont certainement pas échappé. Car dans la messe qui avait précédé son discours, le pape avait déjà critiqué l’islam. «Pour la doctrine musulmane, la volonté de Dieu n’est liée à aucune de nos catégories, pas même celle de la raison.» Il faut donc en déduire une supériorité de la religion catholique «héritière de la loi juive» sur l’Islam. Benoît XVI ne s’est néanmoins pas limité à critiquer cette religion. Il s’en est aussi pris au rationalisme, et à l’héritage du Siècle des Lumières donnant «une explication du monde dans laquelle Dieu est superflu.»
Reste que le pape a commis une gaffe. Non pas parce qu’il a parlé à la légère. Au contraire. Les propos incriminés faisaient partie d’une démonstration sur les relations entre science, raison et religion, une réflexion théologique érudite qui n’était en rien un discours politique. Dans un athénée de théologiens, ils n’auraient pas choqué.
Mais Benoît XVI n’est plus un universitaire. Ses propos sont repris et diffusés dans le monde entier. Et les médias généralistes, parfois simplificateurs, ne peuvent traduire toute la complexité d’un discours aussi sophistiqué. Son prédécesseur l’avait bien compris. Il ponctuait ses interventions de phrases simples compatibles avec un large public.
Erreur de communication
Cette erreur de communication est le résultat de la méthode de travail de Benoît XVI. Le pape écrit seul ses discours et ne les soumet pas à ses collaborateurs. Ainsi, le cardinal Paul Poupard, président du Conseil pour le dialogue interreligieux, en charge du dossier de l’islam, ne connaissait pas le contenu de la conférence de Ratisbonne. Alors qu’une relecture de contrôle aurait évité l’écueil. Tout le monde peut se tromper… même le pape.
Le Vatican a réagi, jeudi soir, et publié un communiqué assurant que le pape n’avait en aucun cas voulu offenser les musulmans et «n’avait pas l’intention de se livrer à une étude approfondie sur le djihad et sur la pensée musulmane». «Ce qui tient au cœur du pape est une claire et radicale réfutation de la motivation religieuse de la violence», a ajouté Federico Lombardi, nouveau directeur de presse du Saint-Siège. Une mise au point qui parvient à peine à voiler la gêne du Vatican.
(Source : « Tribune de Genève » (Suisse), le 16 septembre 2006)
L’Algérie et la France font front contre le GSPC
Le terrorisme, un ennemi commun
Réda Amarni — La Voix de L’Oranie
Enregistré le 22 mars 2005 et tout récemment rendu public, un rapport de l’Assemblée française, comme l’indique son intitulé, porte sur « la nécessité d’intensifier la coopération franco-algérienne en matière de sécurité ».
Avec la menace Al Qaïda-GSPC, il est plus que d’actualité. D’emblée, le rapport note que « la situation de la sécurité en Algérie s’est sensiblement améliorée depuis cinq ans, la politique de réconciliation nationale engagée par le Président Bouteflika ayant produit des effets tangibles ».
« La politique de concorde qui a trouvé corps dans la loi votée par le Parlement en juillet 1999 puis par le peuple algérien en septembre 1999 a été marquée par des amnisties massives qui ont vidé les maquis de plus de 6 000 combattants ».
Mais si « les villes sont aujourd’hui plus sûres en raison de la mise en place d’un déploiement sécuritaire très important autour des agglomérations, le terrorisme frappe encore, notamment dans les zones rurales et enclavées comme la Kabylie ou les Aurès », note le rapport qui cite les comptes rendus de la presse algérienne.
Revenant sur l’historique des groupes armés, le rapport rappelle que « la mouvance islamique ne réussit pas à s’unifier et les groupes armés se forment alors de manière anarchique. En 1993, apparaît pour la première fois une organisation qui prétend représenter tous les mouvements islamiques sur l’ensemble du territoire algérien : le Groupe islamique armé (GIA). Puis, début 1994, naît l’Armée islamique du salut (AIS), qui se réclame du FIS.
Ces deux organisations distinctes ne parviendront jamais à s’unir durablement, d’autres mouvements autonomes poursuivant, de leur côté, leur action terroriste ». Depuis la loi de 1999 sur la concorde civile et, après le 11 septembre 2001, la situation de la sécurité en Algérie a évolué, de telle sorte qu’elle justifie « une coopération policière accrue entre ce pays et la France ». Et de reconnaître que « d’un problème qui, globalement, paraissait essentiellement algérien, on a semblé passer à une problématique plus internationale ».
Aujourd’hui, les GIA sont considérés comme désorganisés. Réduits à quelques dizaines d’hommes, ils ont considérablement réduit leur action meurtrière et n’opèrent plus qu’épisodiquement contre des civils dans des régions comme celles de Blida et de Médéa, estime-t-on.
Le GSPC en priorité
Cela, dit, c’est le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) qui demeure désormais « le plus actif ». « Créé en 1998, le nombre de ses membres est évalué à 450 personnes. Ses liens avec la mouvance terroriste internationale sont de plus en plus patents. Le responsable de ce mouvement, Nabil Sahraoui, a ainsi annoncé, le 11 septembre 2003, l’allégeance du GSPC à Al Qaïda ». Ce faisant, « le GSPC a renoué avec un courant internationaliste et panislamiste incarné auparavant par le GIA ».
Alors que Nabil Sahraoui a été abattu par l’armée algérienne lors d’une opération de grande envergure le 17 juin 2004, son successeur, Abdelmalek Droukdal, n’a pas infléchi la ligne internationaliste du GSPC. En octobre 2004, ordre était donné aux membres de ce groupe de « cibler les ressortissants français, de les enlever et de les tenir prisonniers ». Dans une lettre datée du 14 octobre 2004, Abdelmalek Droukdal sollicitait le concours d’Abou Moussab Al Zarkaoui, le terroriste jordanien, pour lutter contre notre pays et lui suggérait d’enlever nos compatriotes en Irak. En réponse à ces sollicitations, Al Zarkaoui diffusait sur Internet, le 19 janvier 2005, un message saluant les combattants du GSPC.
« Le rapprochement entre Al Qaïda et ce groupe est désormais patent bien que l’on ne puisse cependant réellement distinguer ce qui relève de la réalité et du simple effet d’annonce ou de propagande ». On peut dire aujourd’hui que les doutes sont levés depuis l’intervention de Zawahiri et la confirmation par le GSPC lui-même de ces liens.
Cette évolution du terrorisme algérien ne manque pas d’inquiéter les autorités françaises. Cela justifie amplement que la coopération entre la France et l’Algérie s’intensifie pour lutter contre ces menaces. « Si la lutte contre le terrorisme est déterminante dans la nécessité d’intensifier la coopération entre nos deux pays, d’autres questions justifient également des actions conjointes. C’est évidemment le cas de l’immigration irrégulière. Il est régulièrement découvert des immigrés clandestins algériens à bord de navires ralliant des ports français, principalement Marseille.
Par voie terrestre, ces personnes transitent par le Maroc, traversent le Détroit de Gibraltar, puis passent d’Espagne en France avec des documents français contrefaits ou falsifiés », relève le rapport qui fait également lien avec la lutte contre le trafic de drogue.
Quelle coopération ?
La coopération en matière de sécurité entre la France et l’Algérie connaît une montée en puissance depuis 2001. Les chiffres sont les suivants : 6 réponses de la part des services de police français pour 20 demandes adressées aux autorités algériennes en 2001 ; 40 pour 54 en 2002 ; 164 pour 200 en 2003 et, enfin, 441 réponses pour 556 demandes du 1er janvier 2004 au 25 janvier 2005.
Les services de police français se montrent satisfaits de la qualité des réponses apportées par les autorités algériennes et on peut citer quelques exemples marquants : en février 2004, la brigade financière de la Préfecture de Police a sollicité des renseignements sur le groupe Khalifa Airways. Les autorités algériennes ont fourni des éléments d’information complets sur la situation de cette compagnie qui ont permis de faire avancer l’enquête côté français. En juillet dernier, les informations transmises ont également permis d’interpeller le responsable d’une association impliquée dans l’organisation d’une importante filière d’immigration illégale en provenance de l’Algérie. Plusieurs réseaux de trafics de faux visas ont aussi été identifiés grâce à cette coopération.
La coopération franco-algérienne en matière de sécurité s’inscrit également dans le cadre de relations plus étroites entre les pays du Maghreb et l’Union européenne. En 1995 a été créée la Conférence des ministres de l’Intérieur de Méditerranée occidentale réunissant chaque année les représentants du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie , de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie et de la France.
En 2001, s’y sont adjoints la Libye et Malte. Cette conférence a permis de mettre en place des commissions thématiques sur le blanchiment d’argent, le terrorisme, l’immigration illégale, la lutte contre le trafic d’objets d’arts, la protection civile… En outre, la France a pris l’initiative de la création d’un groupe de travail informel – c’est l’initiative 3+3 – regroupant les ministres de l’Intérieur des trois pays du Maghreb et de la France, de l’Espagne et de l’Italie. Si la première réunion de ce groupe s’est tenue en décembre 2003, on doit constater cependant qu’il n’a pas été tenu de réunions depuis.
« Une telle coopération, pour efficace qu’elle soit, ne peut se développer désormais que dans un cadre plus formel qui résulte d’une convention internationale. C’est le sens du texte qui nous est soumis aujourd’hui », soutient le rapport de l’Assemblée.
Aussi, la convention signée en 2003 par la France et l’Algérie répond au cadre désormais classique des accords portant sur la coopération en matière de sécurité. Elle s’articule autour d’un champ très large qui met en exergue la lutte contre la criminalité internationale, la drogue et le terrorisme.
(Source : le site « El- annabi » (Annaba – Algérie), le 17 septembre 2006)
Lien : http://actualite.el-annabi.com/article.php3?id_article=1821