17 juin 2011

TUNISNEWS
11 ème année, N°4042 du 17.06.2011
archives : www.tunisnews.net


AFP: Révolution tunisienne: fin du cauchemar pour le créateur local de Bricorama

AFP: Tunisie: début lundi du procès de l’ex-homme fort du pays par contumace

AFP: Ben Ali: de maître tout puissant de la Tunisie à simple justiciable

AP: L’ex-président Ben Ali conteste les accusations de la justice tunisienne, selon son avocat français

AFP: Leïla Ben Ali, une première dame assoiffée de pouvoir et d’argent

AFP: Tunisie: Ennahda siège à nouveau dans la commission de réforme politique

AFP: Une centaine de Tunisiens évacués du centre culturel de Tunisie à Paris

AFP: 1.820 immigrants se sont noyés en Méditerranée depuis le début de l’année

Pôle Démocratique Moderniste : Communiqué de presse

Kapitalis: Récits de la torture ordinaire dans les geôles tunisiennes (4-4)

L´Express: Tunisie: des archives compromettantes à Paris?

Jeune Afrique: Tunisie : Gafsa peut être fière d’eux !

Tribune de Geneve: «Printemps arabe»: Internet a été le porte-voix des jeunes

Business news: Les réserves d’Ennahdha sur les prérogatives de l’Instance de Ben Achour

Kapitalis: Les Européens partagés sur le financement de la transition en Tunisie

Kapitalis: Tunisie. Hizb Ettahrir prêche «sa» constitution

Le Temps: Anne Applebaun «Cette révolution est exclusivement la vôtre… Et maintenant, c’est à vous d’en imposer à Washington !»

AFP: Maroc: le roi engage son pays vers une monarchie constitutionnelle

AFP: Le roi Mohammed VI du Maroc, entre tradition et réformes

AFP: Des villageois syriens témoignent de leur terreur face à la troupe

AFP: La « Gay Girl » de Damas ou les pièges de la blogosphère militante


 
AFP, le 16 juin 2011 à 21h19 GMT

Révolution tunisienne: fin du cauchemar pour le créateur local de Bricorama


MONTPELLIER, 16 Jui 2011 (AFP) – Le cauchemar d’un ressortissant tunisien, réfugié politique en France, a pris fin jeudi avec l’annulation par la Tunisie d’un mandat d’arrêt international qui pesait sur lui sous le régime Ben Ali, en raison de ses démêlés avec Imed Trabelsi, neveu de l’épouse du président déchu.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence (sud-est) devait statuer jeudi sur la demande d’extradition de Faouzi Mahbouli, fondateur de Bricorama Tunisie.
Mais un courrier du ministère de la Justice, dont l’AFP a eu copie, a annoncé au procureur général près la Cour d’appel d’Aix-en-Provence que les autorités tunisiennes, installées après la révolution, avaient « demandé la cessation des recherches émises » à l’encontre de M. Mahbouli.
« La demande d’extradition (…) n’a donc désormais plus lieu d’être », conclut le courrier.
Une audience de la chambre de l’instruction avait eu lieu en mars, mais l’affaire avait été renvoyée afin de vérifier si la Tunisie, où un puissant mouvement populaire a conduit à la fuite de l’ex-président Zine el Abidine Ben Ali, maintenait ou non la demande d’extradition.
L’histoire de M. Mahbouli illustre l’affairisme et « la prédation » de la famille Trabelsi, a commenté auprès de l’AFP l’intéressé qui a eu maille à partir avec Imed Trabelsi, le neveu de Leïla Trabelsi, lors du lancement de Bricorama Tunisie.
Imed Trabelsi, qui a été condamné en mai à Tunis à 2 ans de prison pour consommation de stupéfiants, était d’abord rentré dans le capital, faisant valoir que le lancement de l’enseigne ne pouvait se faire que grâce à un « sponsor ». Puis il s’était arrogé la majorité des actions avant d’exiger que M. Mahbouli lui cède ses parts, a raconté ce dernier, contraint à l’exil en France.
« J’ai demandé l’asile politique quand j’ai appris qu’il avait lancé un mandat d’arrêt international contre moi », a raconté M. Mahbouli. « J’avais un statut de résident en France, mais il fallait que je sois protégé face aux intimidations et au mandat d’arrêt international ».
Après la révolution, M. Mahbouli est retourné en Tunisie et a déposé plainte contre Imed Trabelsi et Bricorama, qu’il accuse de « complicité d’extorsion de fonds », a-t-il précisé.
 
 
AFP, le 17 juin 2011
Les poursuites judiciaires contre le clan Ben Ali
TUNIS, 17 Jui 2011 (AFP) – L’ancien président Zine El Abidine Ben Ali et son épouse Leïla Trabelsi, réfugiés en Arabie saoudite depuis cinq mois, doivent être jugés par contumace à compter du 20 juin à Tunis.
Voici les événements judiciaires touchant le clan Ben Ali depuis le 14 janvier:
 
–JANVIER–
 
-14: Le président Zine El Abidine Ben Ali, chassé du pouvoir par une révolte populaire, se réfugie en Arabie saoudite. 33 membres de sa famille sont arrêtés en moins d’une semaine.
 
-26: Mandat d’arrêt international contre Ben Ali et son épouse.
 
–FEVRIER–
 
-20-21: Tunis demande l’extradition du couple Ben Ali.
 
-22: 27 millions de dollars sont découverts dans le palais de Sidi Bou Said dans la banlieue de Tunis, selon une Commission officielle.
 
-25: Annonce de la saisie de biens et d’avoirs d’ex-collaborateurs et membres de la famille Ben Ali
 
–MARS–
 
-4: Le Premier ministre Béji Caïd Essebi accuse Ben Ali de « haute trahison ».
 
-12: Trois proches collaborateur de Ben Ali, dont l’ancien président du Sénat, emprisonnés.
 
-23: Le Canada, où est réfugié Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali, autorise la saisine des biens de la famille Ben Ali (entre 10 et 20 millions de dollars).
 
-30: La Suisse refuse l’entraide judiciaire à la Tunisie qui veut récupérer les avoirs gelés, de Ben Ali (environ 46 millions d’euros).
 
–AVRIL–
 
-11: Arrestation de Slah Ben Ali, un frère du président déchu.
 
-14: Dix-huit actions en justice lancées contre Ben Ali, notamment pour homicides volontaires, complot contre la sûreté de l’Etat, usage et trafic de drogue.
 
–MAI–
 
– 4: Ben Ali et son épouse accusés de « complot contre la sûreté intérieure de l’Etat ».
 
– 7: Des pièces archéologiques, des bijoux, de l’argent, de la drogue et des armes découverts dans le palais présidentiel de Carthage selon une commission d’investigation
 
– 11: Environ 12 millions d’euros saisis en France sur douze comptes appartenant à quatre proches de l’ancien dirigeant tunisien dans le cadre d’une enquête sur les biens détenus en France par le clan Ben Ali.
 
– 13: Selon un rapport en cours de la « Commission nationale de confiscation des biens mobiliers et immobiliers acquis illégalement par 114 personnes » -soit Ben Ali et ses proches- la fortune illicite du clan Ben Ali représenterait « plusieurs milliards d’euros », et compterait des avoirs et biens dans de nombreux pays, notamment la France, l’Italie et l’Argentine.
 
–JUIN—
 
-1 : Saisie d’un yacht appartenant à un neveu de Ben Ali en Italie
 
-3: Arrestation en Tunisie de Najet Ben Ali, soeur du président déchu. Elle est remise en liberté le 5, mais demeure poursuivie.
 
-6: Ben Ali, par la voix de son avocat français Jean-Yves Leborgne, qualifie son procès de « mascarade ».
 
-8: Les Emirats décident le gel des avoirs de Ben Ali et de « 120 autres Tunisiens ».
 
-14: Selon les autorités judiciaires tunisiennes, Ben Ali est passible de 5 à 20 ans de prison dans son premier procès au civil. En tout, il doit répondre de 93 chefs d’accusation dont 35 devant une juridiction militaire. Il est passible de la peine de mort pour les chefs d’accusation d’homicides volontaires et de tortures.

AFP, le 17 juin 2011

Tunisie: début lundi du procès de l’ex-homme fort du pays par contumace


Par Philippe SAUVAGNARGUES
 
TUNIS, 17 Jui 2011 (AFP) – L’ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et son épouse chassés du pouvoir par la révolution tunisienne vont être jugés à partir de lundi, mais en leur absence ce qui risque de laisser beaucoup de Tunisiens sur leur faim.
Le procès de l’ancien homme fort de la Tunisie, qui s’est réfugié en Arabie saoudite le 14 janvier, s’ouvrira devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis.
Il ne porte, dans un premier temps, que sur une petite partie des 93 affaires instruites contre celui qui a dirigé le pays sans partage pendant 23 ans, avant de fuir devant une révolte populaire ayant ensuite essaimé dans le monde arabe.
M. Ben Ali et son épouse Leïla Trabelsi sont poursuivis, ensemble, à la suite de la découverte de faramineuses sommes d’argent et de bijoux dans un palais à Sidi Bou Said, près de Tunis. M. Ben Ali l’est aussi, seul cette fois, pour de la drogue et des armes retrouvées dans le palais présidentiel de Carthage.
Il est passible de 5 à 20 ans de prison pour ces affaires et de la peine capitale pour des accusations d’homicides volontaires et de torture qui doivent être examinées ultérieurement par une juridiction militaire.
Mais ces peines demeurent théoriques, l’Arabie saoudite n’ayant pour l’instant manifesté aucune intention de le remettre aux autorités tunisiennes comme celles-ci le réclament.
Si certains se réjouissent de voir les méfaits présumés du couple scrutés par un tribunal, d’autres ne voient dans ce procès Ben Ali sans Ben Ali qu’une tentative de calmer à bon compte une opinion impatiente devant la lenteur des changements.
« Ce procès est un non-sens, de la poudre aux yeux. Il est destiné à calmer les esprits et non à dévoiler la vérité », juge Hamma Hammami, chef historique du Parti communiste ouvrier tunisien (PCOT).
« Les autorités auraient dû commencer par juger les symboles de la dictature et de la corruption que sont les conseillers et ministres de Ben Ali en attendant de faire plus de pressions internationales pour le faire extrader », dit-il à l’AFP.
Pour lui « il y a des dossiers autrement plus brûlants que de juger Ben Ali par contumace: l’assainissement des médias, du système judiciaire et de l’appareil sécuritaire ».
Mais pour Slah Jourchi, vice-président de la Ligue des droits de l’Homme et porte-parole de la Commission d’enquête sur la corruption et les abus de pouvoir, le procès aura quand même « une portée psychologique et politique » car les Tunisiens sont « assoiffés de connaître la vérité et de voir l’ex-président rendre compte au peuple ».
Ce sera un procès sans conséquence pour l’accusé, mais il permettra au moins « de dire à Ben Ali en fuite que la page ne sera pas tournée et qu’il sera poursuivi en Tunisie et même à l’échelle internationale », ajoute-t-il.
Dans les deux affaires qui commenceront à être jugées lundi, les chefs d’accusation pesant sur M. Ben Ali se déclinent ainsi: accaparement de fonds, vol de biens, détention d’armes et de stupéfiants, notamment.
Deux avocats ont été commis d’office pour défendre M. Ben Ali et son épouse.
Sur les 93 chefs d’accusation retenus contre le président et des proches, 35 seront déférés devant la justice militaire, a indiqué le porte-parole du ministère de la justice Kadhem Zine El Abidine.
Ils concernent notamment des accusations d’homicides volontaires ainsi que des cas de torture, du blanchiment ou du trafic de pièces archéologiques.
D’autres personnes de l’entourage de M. Ben Ali doivent être jugées par la justice militaire, mais les autorités n’ont précisé ni leur nombre ni leur identité.
Resté extrêmement discret depuis sa fuite, M. Ben Ali – dont un proche avait affirmé en février qu’il était dans le coma suite à un accident cérébral – a refait surface récemment en faisant qualifier son futur procès de « mascarade » par son avocat.

AFP, le 17 juin 2011

Ben Ali: de maître tout puissant de la Tunisie à simple justiciable


 
TUNIS, 17 Jui 2011 (AFP) – Longtemps maître tout puissant de la Tunisie, l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, a été réduit au rôle de simple délinquant par une révolte populaire et va se voir réclamer des comptes devant la Chambre criminelle d’un tribunal de Tunis.
Mais l’ancien homme fort de Tunisie, dont le procès au civil commence lundi, doit à sa fuite en Arabie saoudite de ne pas avoir à prendre place sur le banc des accusés et son éventuelle condamnation risque d’être largement symbolique.
Zine El Abidine Ben Ali, que ses portraits officiels présentaient le sourire protecteur et la chevelure encore très noire pour ses 74 ans, a fui le 14 janvier, chassé par un soulèvement populaire après un règne sans partage de 23 ans.
Incontournable président, il avait été réélu en octobre 2009 pour un cinquième mandat avec près de 90% des voix.
Ce spécialiste de sécurité militaire, expert en techniques de maintien de l’ordre, était arrivé au pouvoir le 7 novembre 1987, en déposant le père de l’indépendance Habib Bourguiba, malade et reclus dans son palais, dans ce qui a été qualifié de « coup d’Etat médical », sans effusion de sang.
Ses partisans, et beaucoup de Tunisiens, avaient alors salué en lui « le sauveur » d’un pays à la dérive, le créditant d’avoir jeté les bases d’une économie libérale et étouffé dans l’oeuf le mouvement islamiste Ennahda, accusé de complot armé.
A son actif, une politique sociale dite de « solidarité », avec un fonds spécial destiné aux plus pauvres, le développement d’un système de sécurité sociale et la poursuite des politiques favorables à l’émancipation des femmes et à l’éducation initiées par Bourguiba.
Il aura, quasiment jusqu’au bout, été considéré par une bonne partie de la communauté internationale comme un rempart contre les islamistes, avec comme bémol quelques critiques -souvent bien timides- sur la lenteur de la démocratisation et les atteintes aux droits de l’Homme.
Au fil des ans, le régime s’était durci ne tolérant aucune opposition, qu’elle émane de la gauche ou des islamistes, avec des milliers d’arrestations dans les années 1990, et une mainmise sur la presse et les syndicats dénoncée par des adversaires pour la plupart en exil.
Issu d’une famille modeste originaire de la ville côtière de Hammam Sousse, Ben Ali est un militaire de carrière formé à l’Ecole inter-armes de Saint-Cyr en France et à l’Ecole supérieure de renseignement et de sécurité aux Etats-Unis.
Devenu rapidement général, il est nommé patron de la sûreté nationale après des émeutes en 1984, puis ministre de l’Intérieur, poste qu’il cumule en mai 1987 avec celui de Premier ministre jusqu’à la destitution de Bourguiba.
Père de six enfants, dont trois d’un premier mariage, il était souvent accompagné de son seconde épouse Leïla, de plus en plus honnie par une population l’accusant d’avoir, avec son clan familial, mis en coupe réglée l’économie du pays.
Après avoir tenté la répression sanglante puis les promesses face à la révolte sociale, le président Ben Ali et son épouse ont finalement choisi la fuite.
Il sera jugé suite à des perquisitions qui ont permis de retrouver des sommes faramineuses en liquide, des bijoux, de la drogue et des armes restées dans des palais présidentiels abandonnés à la hâte.
Un proche de sa famille avait affirmé, apparemment à tort, qu’il avait été victime à la mi-février d’un AVC (accident vasculaire cérébral) l’ayant plongé dans le coma.

 

L’ex-président Ben Ali conteste les accusations de la justice tunisienne, selon son avocat français


AP le 17-06-11 à 14:40

PARIS (AP) — L’ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, qui doit être jugé lundi par contumace à Tunis, conteste les charges retenues contre lui par la justice tunisienne, a déclaré vendredi à l’Associated Press son avocat français, Me Jean-Yves Leborgne.

La justice tunisienne l’accuse notamment de complot contre la sûreté de l’Etat, abus de pouvoir, malversations, blanchiment d’argent et trafic de drogue.

Selon Me Leborgne, l’ex-homme fort tunisien « conteste » les éléments matériels comme « la détention de sommes d’argent extraordinaire, la détention de drogue ». Quant aux armes retrouvées dans l’un de ses palais, l’ancien président affirme que ce sont des « cadeaux », a indiqué Me Leborgne joint par téléphone.

« Tout ça se résume à la justice des vainqueurs et à l’éradication du passé », a-t-il ajouté soulignant que le « processus judiciaire » à l’encontre de son client était « une méthode de liquidation politique ».

Zine El Abidine Ben Ali a fui la Tunisie le 14 janvier à la suite d’un soulèvement populaire. Il a trouvé refuge en Arabie Saoudite. Interrogé sur l’état de santé de son client, Me Leborgne s’est refusé à tout commentaire affirmant qu’il n’avait « pas les compétences médicales » pour le faire.

« Il n’est pas dans l’état où on l’a décrit », a-t-il relevé avant de d’indiqué qu’il s’était entretenu avec son client « dans ses conditions normales ».

En France, le parquet de Paris a ouvert le 24 janvier une enquête préliminaire confiée notamment à la Plate-forme d’identification des avoirs criminels afin d’identifier les biens qui pourraient appartenir à M. Ben Ali en France ou ses proches. Deux associations ont déposé plainte en France contre M. Ben Ali et son entourage.

Me Leborgne a indiqué à l’AP n’avoir engagé en France aucune procédure de restitution d’avoirs saisis. Dans un communiqué, M. Ben Ali avait assuré ne posséder « ni biens immobiliers, ni avoirs bancaires en France non plus que dans un autre pays étranger ».


AFP, le 17 juin 2011

Leïla Ben Ali, une première dame assoiffée de pouvoir et d’argent


TUNIS, 17 Jui 2011 (AFP) – Secrétaire ayant touché un peu à tout avant de devenir Première dame de Tunisie, Leïla Trabelsi est jugée par contumace à partir de lundi avec son mari l’ex-président Ben Ali pour avoir fait main basse sur des pans entiers de l’économie tunisienne.
Peu avant son « coup d’Etat médical » du 7 novembre 1987 qui avait déposé en douceur le père de l’indépendance Habib Bourguiba, Zine El Abidine Ben Ali aurait promis à Leïla: « Bientôt, nous serons à Carthage ». Promesse tenue.
Jamais le couple n’aurait cru qu’il serait chassé du palais présidentiel.
Depuis le 14 janvier, Leïla Ben Ali est en fuite en Arabie Saoudite avec son mari, suite à un soulèvement populaire qui a coûté la vie à 300 personnes.
Née en 1957, fille d’un vendeur de fruits secs, elle suit une formation professionnelle après son brevet pour devenir secrétaire et accessoirement vendeuse de fleurs à Paris. Elle est surnommée « Leïla Gin » pour ses moeurs réputées légères et son amour de la fête.
Après un mariage avec le directeur local d’une compagnie de location de voitures, qui a duré trois ans, deux relations vont être déterminantes dans sa conquête du palais de Carthage.
D’abord une liaison avec Farid Mokhtar, puissant industriel et beau-frère du premier ministre de l’époque lui ouvre la porte de la bonne société de Tunis.
Et surtout au milieu des années 80, elle devient la maîtresse du général Ben Ali, de 21 ans son aîné, alors ministre de l’Intérieur, qui finira par l’épouser en secondes noces.
La jeune femme issue d’un quartier très populaire de Tunis deviendra alors la « Régente » comme l’ont surnommée Nicolas Beau et Catherine Graciet dans leur livre « La Régente de Carthage – main basse sur la Tunisie. »
Elle y est décrite comme une redoutable prédatrice ayant réussi à mettre la main, avec son clan familial, sur des pans entiers de l’économie tunisienne.
« Leila Ben Ali, et sa famille élargie -les Trabelsi- provoquent la colère des Tunisiens. En sus de nombreuses allégations de corruption, les Trabelsi sont la cible fréquente de piques concernant leur manque d’éducation, leur statut social inférieur et leur frénésie de consommation », détaille un télégramme diplomatique américain, cité par le site Wikileaks.
« C’est la femme la plus haïe des Tunisiens », ajoute un autre télégramme.
Trois jours après la chute de Ben Ali, son dernier Premier ministre, Mohammed Ghannouchi, lâchait avoir eu « l’impression » que la Première dame dirigeait le pays dans les derniers temps.
Leïla Ben Ali était la « présidente » de l’organisation de la femme arabe depuis mars 2009. Un titre qu’elle convoitait pour la Tunisie.
Un peu plus tôt, en 2004, elle prononce le discours de clôture de son époux, candidat à sa propre succession du parti Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD).
Zine applaudit mais un haut cadre de l’appareil sécuritaire présidentiel, Nabil Adil, indigné de voir Leïla prendre ses marques pour la présidence, lâche: « C’en est fini de la République! » Il se retrouve en prison pour corruption selon le livre « La Régente de Carthage ».
En novembre 2007, Souha Arafat, veuve du leader palestinien et ancienne intime et associée de Leïla Trabelsi, paye elle aussi les frais de ses déclarations à l’ambassadeur américain à Tunis. Elle affirme que « diminué par un cancer », Ben Ali fait « tout ce que sa femme lui dit de faire », selon un câble révélé par WikiLeaks. Résultat: Mme Arafat est déchue de sa nationalité tunisienne et expulsée du pays.
« Ce couple était totalement écœurant. Ils ont imposé des moments de grande humiliation au peuple tunisien », résume pour l’AFP la présidente de la fédération internationale des droits de l’homme, Souhair Belhassen.
 

AFP, le 16 juin 2011 à 15h47 GMT

Tunisie: Ennahda siège à nouveau dans la commission de réforme politique


TUNIS, 16 Jui 2011 (AFP) – Le mouvement islamiste Ennahda a décidé de reprendre sa participation à la commission de réforme politique en Tunisie, après l’avoir quittée pour protester contre le report des prochaines élections, a annoncé un ses membres.
Dans un premier temps, le mouvement avait critiqué la détermination de la Commission électorale à repousser le scrutin de juillet à octobre, pour ensuite accepter ce report après des consultations qui ont mené à un accord des partis et du gouvernement transitoire.
« Suite à l’accord sur la date des élections qui a été annoncée le 8 juin, les représentants du parti Ennahda sont de retour dans la commission de réforme politique », a annoncé à l’AFP Samir Dilou, l’un des responsables du mouvement.
Ennahda, interdit sous le régime du président déchu Zine el Abidine Ben Ali, est crédité des plus fortes intentions de votes aux prochaines élections, qui doivent désigner une Assemblée constituante.
Le mouvement islamiste avait cessé de participer aux travaux de la commission chargée de préparer les institutions de l’après Ben Ali pour protester contre une décision unilatérale du report du scrutin par la Commission indépendante chargée de l’organiser.
Cette commission, présidée par M. Kamel Jendoubi, avait fait valoir qu’elle n’avait pas les moyens logistiques et techniques pour assurer un bon déroulement des élections le 24 juillet, comme prévu initialement.
Finalement un accord est intervenu entre cette commission, le gouvernement de transition et les partis politiques pour que cette consultations se déroule le 23 octobre.
Ce scrutin doit déboucher sur la mise en place d’une Assemblée constituante, qui sera chargée de rédiger une nouvelle Constitution en remplacement de celle de l’ancien régime et de désigner un nouveau gouvernement provisoire.
Le mouvement Ennahda a trois représentants dans la commission de réforme politique: Nourredine Lebhiri, Farida Laabidi et Sahbi Atig.

AFP, le 16 juin 2011 à 17h57 GMT

Une centaine de Tunisiens évacués du centre culturel de Tunisie à Paris


PARIS, 16 Jui 2011 (AFP) – Une centaine de Tunisiens qui occupaient depuis près d’une semaine le centre culturel de Tunisie dans le XIXe arrondissement à Paris ont été évacués jeudi par la police et une cinquantaine ont été placés en garde à vue, a-t-on appris auprès de la préfecture de police de Paris.
Les occupants avaient investi le bâtiment, situé près du parc des Buttes-Chaumont, dans le nord de la capitale, « il y a près d’une semaine » selon une source policière, très peu de temps après une première occupation du même bâtiment par une trentaine de sans papiers tunisiens.
Ces premiers occupants avaient été évacués le 7 juin dernier par la police, qui avait été saisie par l’ambassade de Tunisie propriétaire du bâtiment.
Après cette deuxième occupation, l’ambassade de Tunisie a de nouveau saisi la préfecture, lui demandant d’évacuer une nouvelle fois le bâtiment destiné à accueillir des services de l’ambassade.
L’évacuation s’est déroulée sans incident, selon la préfecture. Une cinquantaine de personnes ont été « placées en garde à vue », et une partie des évacués « a fait l’objet d’un arrêté de reconduite à la frontière », a précisé la même source.
« L’examen administratif des personnes en garde à vue est en cours », a-t-on ajouté. La préfecture a notamment demandé à l’ambassade de Tunisie de « mettre en place un système de gardiennage » autour de ce bâtiment.
Plus de 20.000 Tunisiens ont quitté leur pays après la chute, le 14 janvier, du régime Ben Ali, renversé par une révolte populaire, pour affluer à bord d’embarcations sur l’île italienne de Lampedusa. La plupart de ces jeunes tunisiens cherchent à gagner la France, ancienne puissance coloniale en Tunisie et où vivent quelque 600.000 Tunisiens.
Fin mai, la France, qui a adopté une politique de fermeté à leur égard, en avait reconduit plus de 3.200 vers l’Italie ou la Tunisie.

AFP, le 16 juin 2011 à 18h25 GMT

1.820 immigrants se sont noyés en Méditerranée depuis le début de l’année


ROME, 16 Jui 2011 (AFP) – 1.820 immigrants d’Afrique du Nord, en majorité originaires de pays au sud du Sahara, se sont noyés depuis début janvier en Méditerranée en naviguant vers l’Europe, selon la communauté catholique Sant’Egidio, qui organisait jeudi soir pour eux à Rome une veillée de prière.
Mgr Antonio Maria Vegliò, président du Conseil pontifical pour les migrants et itinérants, a présidé cette célébration intitulée « Mourir d’espérance ». Elle était organisée par la communauté catholique Sant’Egidio, proche du Vatican, et d’autres associations pour réveiller la solidarité des Européens et en premier lieu des Italiens, à l’occasion de la Journée mondiale des migrations.
La plupart des noyés venaient de Libye, 187 venaient de Tunisie, a expliqué Sant’Egidio, citant des chiffres de l’association Fortress Europe. La plupart des victimes (1.633) se rendaient en Italie, principalement sur l’île de Lampedusa, la plus proche des côtes africaines.
Il s’agissait en majorité d’immigrants fuyant les combats en Libye, où ils travaillaient quand la guerre a éclaté. Ils voyageaient sur des navires surchargés et en mauvais état, pour des tarifs souvent exorbitants exigés par les passeurs, qui les abandonnaient parfois au large des côtes.
Selon Sant’Egidio, le bilan réel est plus lourd, certaines embarcations ayant pu couler sans que personne ne s’en aperçoive.
Depuis 1990, au moins 17.597 personnes sont mortes au cours d’un voyage le long des frontières de l’Europe.
« La prière +Mourir d’espérance+ est née en pensant à tous ces hommes, femmes, enfants, qui sont allés au devant de la mort, fuyant des situations de conflit, de graves violations des droits de l’homme et de persécutions », selon Sant’Egidio.
« Une seule de ces vies perdues (…) est une défaite pour tous et ne doit pas laisser indifférent », a déclaré la communauté catholique au moment où une partie de la droite italienne, particulièrement la Ligue du Nord, se plaint du poids de cette nouvelle immigration.
Les organisations promotrices de l’initiative ont demandé à la communauté internationale et aux institutions italiennes d’ouvrir d’urgence des canaux humanitaires.

 

Pôle Démocratique Moderniste

Communiqué de presse


Le Pôle Démocratique Moderniste organise sa première manifestation politique et culturelle et ce le samedi 18 juin 2011 à 16h au Palais des Congrès sis à Avenue Mohamed V, Tunis.
Cette manifestation vise d’une part à faire connaitre les principes et les objectifs du pôle et d’autre part donnera l’occasion aux partis et initiatives, membres du pôle, d’intervenir au cours de ce meeting :
• Mouvement Ettajdid,
• Le Parti Socialiste de Gauche
• L’Alliance Républicaine
• Le Mouvement de la Citoyenneté et de la Justice
• La Voix du Centre
• Assez de divisions ! Allons de l’avant
• Pour un pôle démocratique, culturel et progressiste
• Collectif des indépendants PDM
Cette manifestation s’inscrit dans le cadre de la participation du Pôle Démocratique Moderniste aux élections de l’Assemblée Constituante pour laquelle le pôle présentera des listes communes ayant pour objectif d’élaborer une constitution démocratique moderniste

RASSEMBLEMENT


 

 

Le 20 juin 2011 s’ouvre à Tunis le procès du dictateur déchu Ben Ali, réfugié en Arabie saoudite.

Les partis politiques et les associations signataires appellent les tunisiennes et les tunisiens en France et les forces démocratique et progressistes à participer à un rassemblement qui sera organisé le 20 juin 2011 à 18h00 devant l’ambassade de l’Arabie saoudite à Paris

 

du dictateur déchu et sa femme Leila Trabelsi Ben Ali afin qu’ils soient jugés en Tunisie et qu’ils répondent des crimes commis dont ils sont comptables  

– La restitution des biens et des avoirs du dictateur et de sa famille dont les tunisiens ont été spoliés.

 

Les signataires appellent les institutions internationales et toutes les forces de progrès en France à les soutenir dans cette démarche afin que la révolution tunisienne réalise ses objectifs de dignité et démocratie.

 

 

Ce rassemblement aura lieu aux abords de l’Ambassade :

   

Place du Général Brocard 75008 Paris

Métro Courcelles, Monceau L2

 

Signataires :

 

Associations :

ALIF’S (Bordeaux), Association de Solidarité fraternité Méditerranéenne (ASFM)

Association JISR (Villeneuve-d’Ascq), ATF- Nord (Roubaix 59), ATF Var (Toulon 83),ATF, ATF13 (Marseille),ATF-Aquitaine (Bordeaux), ATF-Haute Savoie,ATMF (Paris), Espace Farabi (Paris), IDEAL-92 (Antony 92), Initiative citoyenne (Aix-en Provence), La Nouvelle Tunisie (Argenteuil-95), L’Association Union des Tunisiens de l’Est (Montbéliard), Le Réseau Euromaghrébin Citoyenneté et Culture (REMCC),

 

Partis Politiques

AlwifakAljoumhouri, Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL), Mouvement des patriotes démocrates (MOPAD), Mouvement Ettajdid, Parti Socialiste de Gauche (PSG),


 

CherEs amiEs

La FTCR a le plaisir de vous inviter au spectacle d’ouverture du Festival des Droits Humains et des cultures du Monde de la ville de L’HAY LES ROSES, présenté par le chanteur

Mohamed BHAR

en hommage la révolution accompagné par Nabil Gannouchi au Nay, Tarek Maatoug à la percussion et Houda Zekri au chant .

CE SPECTACLE D’OUVERTURE SERA PRÉCÉDÉ PAR LE VERNISSAGE DE L’EXPOSITION “L’ARBRE DE LA LIBERTÉ”, À LAQUELLE PARTICIPENT 40 PEINTRES TUNISIENS QUI RENDENT HOMMAGE À LA RÉVOLUTION DE LA DIGNITÉ ET AU COURAGE DU PEUPLE TUNISIEN, ET QUE CETTE MANIFESTATION EXCEPTIONNELLE SE FERA EN PRÉSENCE DE M. AZEDINE BESCHAOUCH, MINISTRE TUNISIEN DE LA CULTURE, ET DE MOUHIEDDINE CHERBIB VICE PRÉSIDENT DELA FTCR

samedi 18 juin 2011

20:00h

AU Moulin de la Bièvre

73 avenue Larroumès L’HaY-les-Roses

RER B Bourg-la-Reine

Bus 172 directionL’Echat-Parkin :

Station : Marechal de Lattre


Récits de la torture ordinaire dans les geôles tunisiennes (4-4)


Pas de réconciliation sans rupture avec le passé. Et pas de justice sans vérité. Les Tunisiens ont de bonnes raisons de craindre une réconciliation de façade, qui serait un simple transfert de pouvoir négocié. Donc danger! Par Zohra Abid
C’est l’appel quasi unanime lancé par les présents à la conférencesur «Justice et réconciliation préalables à la nouvelle république», organisée samedi à l’hôtel Diplomat par l’association Nou-R (Nouvelle République).
Après avoir écouté les témoignages de Mohamed Soudani, Aymen Aroua et Rached Jaïdane, aucun des présents n’est resté insensible. Dans la salle, des voix ont appelé à ce que justice soit faite avant de tourner la page. «Pas question de négocier avec les bourreaux et les mafieux», a lancé un juriste.
Qu’en pensent les politiques?
Pour le représentant du parti Ettakatol, Khémaïes Ksila, il est impératif d’assainir la justice. «Après la révolution, il faut rétablir la confiance entre les institutions et les citoyens et garantir au peuple l’indépendance de la magistrature. Mais les dossiers traînent et la justice tarde à faire son travail. Pourquoi?», se demande l’intervenant. Il ajoute que pour parler de réconciliation, il faut déjà rendre justice aux victimes. «Les agents de la sécurité, tout comme les hommes d’affaires sont nos enfants. Le pays ne peut être stable qu’avec la sécurité. Il ne pourra non plus s’en sortir qu’avec le soutien des hommes d’affaires. Mais, il nous faut cette vérité. Je m’excuse, il faut dire qu’il n’y a pas eu un homme d’affaires qui a amassé des milliards pendant la dernière décennie sans qu’il n’ait été, d’une façon ou d’une autre, un proche, sinon un collaborateur de Ben Ali et de sa famille», a dit M. Ksila, forçant un peu le trait, sans doute sous l’effet de l’émotion.
«Nous n’avons pas connu nous-mêmes ni la torture ni les tortionnaires, mais tous ceux qui ont souffert ont le droit de demander réparation», a dit le représentant du parti El Watan, Mohamed Lassir. Il a ajouté: «Ceux qui ont commis des délits doivent payer et qu’on en finisse avec ces 23 ans de dictature. Pour cela, nous devons avoir l’avis des experts étrangers en Afrique du Sud ou du bloc de l’Europe de l’Est ou d’Espagne… qui sont passés par une pareille situation.»
Réveillez-vous, l’affaire ne sera pas classée comme ça !
Faouzi Ben Abderrahmane, représentant d’Afek Tounes, pousse un peu le bouchon en affirmant: «Il faut terminer avec l’institution des despotes. Parler d’une réconciliation alors que la plaie saigne encore. Non ! Avez-vous vu les 80 heures de témoignages vivants sur la torture enregistrés dans diverses zones du pays par l’Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd)? Il est impératif de juger ces gens-là et au plus vite». Et d’enchaîner, toujours sur un ton ferme: «Saviez-vous que 150 personnes sont mortes par la torture sous Ben Ali. Où est passée la liste des tortionnaires? Comment ferme-t-on les yeux sur ces personnes, comme si de rien n’était? Mais c’est monstrueux ce qui se passe !», déplore-t-il. Il appelle à diffuser les témoignages des victimes de la torture à la télévision. «Sinon la plaie resterait ouverte et il n’y aurait jamais de réconciliation au vrai sens du mot. Ils sont là, impunis ! Le peuple ne fera plus confiance et ce sera le retour peu à peu à la dictature», conclue M. Ben Abderrahmane. Dans la salle, une dame lance: «Je me demande comment notre société a-t-elle produit des gens pareils? Il faut faire vite. Oui, notre télévision doit consacrer du temps aux victimes pour que le peuple découvre l’atrocité du régime déchu, sinon, embobinés, nous allons continuer à applaudir sans rien comprendre de la politique».
Abdelaziz Messaoudi, du parti Ettajdid, est revenu sur la question de l’assainissement de la magistrature et de la sécurité. «Il n’est pas question de continuer avec les mêmes têtes tout en parlant de démocratie», a-t-il lancé. «Il faut faire gaffe, a-t-il ajouté. Le moment est difficile, il y a beaucoup d’ambiguïté et il est difficile de distinguer le vrai du faux. Mais pas question de céder, de laisser passer les crimes et ne pas ouvrir des enquêtes».
Miroir, dis-moi mes torts!
Le sociologue Abdelwaheb Mahjoub est du même avis. Ce qu’on a découvert, c’est la vérité sur la Tunisie: la Tunisie humaine d’un côté et la Tunisie inhumaine de l’autre. «Mais de quelle tolérance allons-nous parler! Le Tunisien doit se regarder dans le miroir pour voir sa vérité, c’est-à-dire ses torts», a-t-il dit. Selon lui, le miroir s’impose et que chaque personne qui a commis un crime passe devant un tribunal. «Mettez vous un peu à la place de celui qui a été violé, son père, sa mère, sa sœur, son époux, son épouse… Pourrait-il facilement tourner comme ça la page? Non!», a dit l’universitaire. Il a ajouté: «Nous sommes là pour aider aussi les tortionnaires qui ont besoin d’être soignés. Ils sont eux aussi malades, tout comme leurs victimes. La réconciliation reste notre objectif, mais après que la justice soit faite».
Le sociologue a rappelé que des hommes et des femmes ont été torturés rien que pour leurs idées. Il n’est pas possible que les tortionnaires, qui ont exécuté des ordres, torturé et même éliminé physiquement des vies sortent indemnes et restent impunis? Selon M. Mahjoub, ces tortionnaires ne retrouveraient eux-mêmes l’équilibre qu’après avoué leur crime devant la justice. Ça va les réconcilier avec eux-mêmes. «Là, peut-être, nous allons leur pardonner, leur trouver des circonstances atténuantes, et ils n’iront peut-être pas en prison, mais qu’ils soient traduits en justice.» Pour le sociologue, il s’agit là d’une psychothérapie collective. Les partis doivent être plus actifs pour que le gouvernement intervienne et que la justice accélère les procédures et fasse son travail».
Et les blouses blanches dans tout cela !
Que dit la médecine? Il y a des traces physiques et autres morales. Il y a du visible et du non visible. Que faire? Il y a eu de faux dossiers. Des dossiers médicaux ont été détruits. «Mais sur quoi va se baser la justice? Sans éléments, l’affaire est perdue d’avance. Comment avoir un jugement équitable? Sur ce, il y a aujourd’hui, la loi du silence qui règne», s’inquiète une femme médecin de l’association Nour. Oui, il y a eu des médecins qui ont joué le jeu de Ben Ali et ont camouflé des vérités au point de blanchir les tortionnaires! A cela, répond une juge: «Toutes les institutions ont été le produit d’un système. Il y a eu de la corruption, de l’injustice. Oui, des magistrats, qui travaillaient en totale dépendance de l’exécutif, ont été mouillés dans des affaires du genre. Heureusement qu’ils étaient peu nombreux». Tous les juges n’étaient pas des corrompus. Beaucoup faisaient leur travail honnêtement. Ce sont ces derniers qui peuvent aujourd’hui aider à assainir ce corps si décrié et à rendre aujourd’hui justice aux victimes des injustices du passé.
(Source : « Kapitalis », le 17 juin 2011)

Tunisie: des archives compromettantes à Paris?


 

Après avoir quitté leur pays, de jeunes Tunisiens ont été accueillis à Paris, notamment dans un immeuble du XIXe arrondissement, fortement lié au régime de Ben Ali. Ils en ont été délogés ce jeudi.

Jeudi, peu avant 9 heures, sur l’ordre des autorités tunisiennes, des Tunisiens ont été délogés par les CRS d’un bâtiment, situé près des Buttes de Chaumont dans le XIXe arrondissement parisien, surnommé « Botzaris ». Pourquoi cette bâtisse suscite-t-elle tant d’intérêt?

Ce bâtiment de trois étages était devenu le refugede nombreux Tunisiens ayant quitté leur pays après la Révolution de jasmin. Après avoir été logés dans des gymnases de la Ville de Paris, une centaine d’entre eux se sont rassemblés 36 rue Botzaris, dans ce bâtiment dont l’Etat tunisien reste propriétaire.

Sur place, l’ambiance était « calme à part quelques incidents que les anciens essaient de maîtriser. Tous les bâtiments sont presque complets, mais il y a encore de la place d’après les jeunes. Sinon, au niveau nourriture, chacun se débrouille comme il peut, ils cuisinent en petits groupes, mais d’après leurs témoignages, ils ont transformé la cuisine en chambre », écrit un militant du « front du 14 janvier », dans un mail que LEXPRESS.fr a pu lire.

Symbole du régime Ben Ali?

Auparavant, « Botzaris » n’avait pas cette mission. Le bâtiment appartient juridiquement à l’Etat tunisien, de facto lié au RCD, le parti de l’ancien président tunisien Ben Ali , le seul autorisé en Tunisie pendant le régime tombé en janvier dernier. Il lui appartient d’ailleurs toujours.

Au départ, il y a une vingtaine d’années, la Tunisie prévoyait d’y installer une association ou un centre culturel. Finalement l’immeuble s’est rapidement transformé en foyer de jeunes filles, chapeauté par le RTF (Rassemblement des Tunisiens de France).

Selon de nombreux responsables associatifs, les fonctionnaires en place dans ce bâtiment rédigeaient des rapports et des comptes-rendus sur les opposants du régime Ben Ali. Des figures médiatisées et des « petites mains » figurent également dans ces archives, selon le site OWNI. De nombreuses affaires de corruption passaient par le 36 rue Botzaris, devenu le symbole des dérives du régime tunisien en France. Aujourd’hui, de nombreux militants dénoncent la bienveillance des services français à l’égard du régime Ben Ali.

L’affaire des archives

Retour en 2011. « Les Tunisiens récemment logés dans le bâtiment ont profité de cette occasion pour fouiller dans les archives de l’association dans les étages supérieurs », confie un responsable des associations des Tunisiens en France à LEXPRESS.fr. De nombreux documents, comme des bordereaux de chèques datant de 2002 auraient été publiés et partagés sur Facebook. « Les Tunisiens présents pensaient sûrement tomber sur des documents compromettants pour le régime mais le président du RTF a fui avec ces documents. Le régime n’avait pas intérêt à laisser des traces », déclare un militant associatif qui a voulu garder l’anonymat.

Avant l’évacuation ce jeudi dans la matinée, des cartons d’archives auraient été sortis du bâtiment. Un collectif devrait être fondé pour remettre la main sur ces archives. Alors que la Tunisie vit une transition politique, se pose la question de la gouvernance dans ce dossier. La France ou le gouvernement provisoire en Tunisie ont-ils un regard sur ces archives, qui devraient bientôt être mises sous scellées?

Source : « L’express » Le 17-06-2011

Lien : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/tunisie-des-archives-compromettantes-a-paris_1003325.html


Tunisie : Gafsa peut être fière d’eux !


Hichem Mandhour au volant de son invention. © Nicolas Fauqué/imagesdetunisie.com

Originaires de la région sinistrée, ils ne veulent plus rester les bras croisés. Portraits de deux jeunes, symboles d’une Tunisie entreprenante.

« Si tu es capable de faire une voiture, alors tu peux faire bien plus ! » Cette affirmation lourde de suspicion que lui a lancée un policier en 2010 a tellement effrayé Hichem Mandhour qu’il dissimulera, pendant des mois, dans l’oasis de Gafsa, le prototype de sa « M Tuni », un deux-chevaux hybride de son invention. Mais il n’a pas pour autant rangé ses rêves sous les palmiers. Hichem, 29 ans, est têtu mais pragmatique ; il croit que les inventions ont leur place en Tunisie même si, « ici, on n’écoute pas les inventeurs. Mais l’essentiel est l’idée, et il ne faut pas toujours des millions pour développer les applications, mais d’abord de la volonté et moins d’obstacles administratifs ».

Ce fils de petits fonctionnaires est un battant. Quand l’Institut supérieur des études technologiques de Gabès refuse son projet de fin d’études, il emprunte l’atelier d’un voisin, à Gafsa, pour construire cette petite urbaine à laquelle il consacre ses maigres économies. Née avant la révolution, la « M Tuni » était déjà patriotique, depuis sa carrosserie, rouge comme le drapeau national, jusqu’à son nom, contraction de Mouwaten Tounsi (« citoyen tunisien »). « Écologique, économique, elle répond aux besoins des Tunisiens et pourrait être commercialisée au prix de 2 500 euros », argumente Hichem, qui, soutenu par l’Association des Tunisiens des grandes écoles (Atuge), a ficelé son étude technique. Mais la « M Tuni » est toujours en panne faute d’investisseurs. Hichem, au chômage, comme 62 % des jeunes diplômés de la région, broie du noir et demande seulement à être entendu.

Tête chercheuse

Brillant scientifique,Ameur Dhari est rentré au pays au nom de l’intérêt national

Ameur Dhahri (photo ci-contre : © Nicolas Fauqué/imagesdetunisie.com) a deux passions : la recherche et la Tunisie. Originaire d’une famille militante et modeste de Gafsa, il est familier des laboratoires de recherche en France, en Italie, au Chili et en Allemagne. À 32 ans, cet habitué des publications scientifiques affiche un curriculum vitæ de surdoué. Il vient de mettre au point, avec Luigi Accardi, du Centre Vito Volterra, à Rome, une nouvelle théorie relative à la mécanique quantique qui devrait faire grand bruit dans le monde scientifique. Major de promotion à l’École normale de Lyon, il a renoncé à enseigner à Paris-Dauphine pour revenir en Tunisie.

S’il semble afficher la désinvolture et l’aisance de ceux qui jonglent avec les théorèmes, Ameur est on ne peut plus sérieux quand il s’agit de son pays. Actuellement professeur à l’Institut national des sciences appliquées et de technologie (Insat), il a mis entre parenthèses sa carrière pour dresser, avec d’autres enseignants-chercheurs, un diagnostic du mal qui ronge la recherche tunisienne afin d’en identifier les remèdes. « La recherche est une base du développement, rappelle-t-il. L’exemple du Japon est édifiant. Celui du Chili aussi ; les moyens donnés à la recherche sont en train de tirer le pays vers le haut malgré la pauvreté. »

Ameur dénonce avec force le système mis en place et le comportement des chefs de recherche qui freinent l’émergence de jeunes qui ont souvent fait des études supérieures. « La caste des chercheurs est une mafia qui casse la recherche en s’appropriant les travaux des autres, car elle ne produit rien par elle-même », s’indigne-t-il.

Révolté dans l’âme, il n’évoque pas la révolution, même s’il y a participé activement. Pour lui, le régionalisme est à l’origine du mal-être tunisien. « La réconciliation nationale est possible si l’on reconnaît que l’on a amputé un pan de notre histoire. Cela remonte à loin. Il s’agit de lever une injustice, de réhabiliter une mémoire, dont celle des fellagas, qui ont participé à la lutte pour l’indépendance, alors que Bourguiba et Ben Ali, à travers le régionalisme, ont occulté leur existence. Nous avons su être unis. Nous pouvons l’être encore plus en donnant la priorité aux compétences plutôt qu’aux origines. » Ameur s’est découvert une nouvelle passion : la politique.

Source : « Jeune Afrique » Le 17.06.2011

Lien : http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2630p040-043.xml1/tunisie-portrait-automobile-entrepreneurstunisie-gafsa-peut-etre-fiere-d-eux.html


«Printemps arabe»: Internet a été le porte-voix des jeunes


Dans une région dominée par les médias officiels, les réseaux sociaux ont permis aux jeunes de faire entendre au monde entier la voix du «printemps arabe». Et ce, même si la crédibilité de ces nouveaux médias est parfois remise en question.

«Lorsque nous avons lancé sur Facebook le premier appel à des manifestations fin janvier, nous n’avions aucune idée du nombre de personnes qui répondraient à l’appel», affirme l’activiste yéménite Hachem al-Soufi.

«Mais nous avons été agréablement surpris quand des centaines de jeunes se sont rassemblés devant l’Université de Sanaa bien avant l’heure prévue» de la manifestation réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh, ajoute-t-il.

Ce sont ces jeunes qui ont lancé la contestation au Yémen, manifestant sans relâche chaque jour devant l’Université et se faisant battre par les partisans du régime, avant que leur mouvement fasse boule de neige avec le ralliement de l’opposition parlementaire. Seule arme des militants Les réseaux sociaux ont joué un rôle primordial dans le déclenchement du «printemps arabe», dont l’étincelle a été l’immolation par le feu d’un jeune Tunisien le 17 décembre.

Depuis, les régimes tunisien et égyptien sont tombés et la révolte a gagné la Libye, le Yémen, la Syrie et Bahreïn, où un mouvement de contestation a été réprimé par la force à la mi-mars avec le soutien des monarchies du Golfe dont l’Arabie saoudite.

«L’internet en Syrie est devenu la seule arme des journalistes et des militants face aux balles et aux chars du gouvernement», affirme Mohammad al-Abdallah, un activiste syrien basé aux Etats-Unis. «Youtube a vaincu le gouvernement syrien». Relai par les médias traditionnels Mais s’il n’est pas relayé par des médias traditionnels, le mouvement a peu de chances de s’étendre, comme le souligne une activiste bahreïnie jointe sur Facebook.

La contestation, qui a éclaté le 14 février dans ce petit royaume du Golfe, «a commencé sur une page Facebook, et s’est transformé en véritable révolution», écrit cette militante qui a requis l’anonymat.

«Cependant, les chaînes satellitaires arabes, dont Al-Jazira, n’ont pas appuyé notre mouvement pour des raisons politiques et surtout pour ne pas irriter l’Arabie saoudite», déplore-t-elle.

Elle souligne que la chaîne basée au Qatar a au contraire joué un rôle de premier plan pour appuyer les révoltes en Egypte et en Tunisie. Car même si Internet joue un rôle essentiel, ce sont les télévisions qui ont relayé les images transmises sur la toile.

Citoyen correspondant «Les réseaux sociaux ont joué un rôle important, car l’espace de communication politique et social est inexistant dans la plupart des pays arabes en raison de la répression», explique Ziad Majed, chargé de cours sur le Moyen-Orient contemporain à l’Université américaine de Paris.

En outre, «là où les médias sont privés d’accès, YouTube et les téléphones portables ont constitué une alternative», comme en Syrie, ajoute-t-il.

«Chaque citoyen est devenu un correspondant, et les gens ont pu faire parvenir la voix du printemps arabe», estime cet analyste. Selon lui, l’influence des nouveaux médias est décuplée par leur «alliance» avec les médias traditionnels. Risque d’imposture

Mais l’utilisation par ces derniers d’images dont il n’est pas possible de vérifier l’authenticité et l’inexistence de sources indépendantes lorsque les journalistes sont privés d’accès à certaines zones n’est pas sans danger. L’affaire de la fausse blogueuse lesbienne de Damas, devenue icône du mouvement pro-démocratie en Syrie mais derrière laquelle se cachait en fait un Américain de 40 ans, a montré jusqu’où pouvait aller l’imposture.

«Six mois après le déclenchement des révoltes arabes, une partie des régimes a compris l’importance de remettre en cause la crédibilité de ces réseaux sociaux, et des films ont par exemple été mis en ligne par certains régimes dans le but» de décrédibiliser ces réseaux, selon M. Majed.

Source : « Tribune de Geneve » Le 17-06-2011

Lien : http://www.tdg.ch/actu/monde/printemps-arabe-internet-porte-voix-jeunes-2011-06-17


Les réserves d’Ennahdha sur les prérogatives de l’Instance de Ben Achour


 

Quand Noureddine Bhiri a claqué la porte de l’Instance supérieure de réalisation des objectifs de la révolution le lundi 30 mai, il avait justifié son geste par l’absence de visibilité dans l’action de l’instance et l’impératif de faire pression pour fixer une date aux élections de la Constituante. Businessnews avait certes transmis ces propos mais fait un lien entre ce boycottage et les critiques adressées à l’Instance au matin de la même journée par le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, sur les ondes de Radio Mosaïque concernant ‘les prérogatives qu’elle s’arroge sur certaines questions du ressort de la Constituante’. Ghannouchi avait même annoncé que ‘ l’Instance avait finalisé la mission pour laquelle elle a été instituée qui est l’élection de l’Instance supérieure indépendante des élections’. Un autre dirigeant d’Ennahdha avait pris la relève de ces critiques deux jours plus tard en déclarant que ‘l’erreur monumentale dans la gestion de l’instance de Ben Achour était d’accepter le principe du vote pour trancher dans les différends’. Les observateurs se sont alors interrogés sur les dessous réels de ce boycottage et si Ennahdha ne cherchait-elle pas plutôt à éviter de discuter (et de s’engager) sur le pacte républicain, ainsi que sur le projet de Décret-loi concernant les partis et leur financement, qui sont annoncés à l’ordre du jour de l’instance pour les plénières suivantes et dont les projets ont été déjà distribués aux membres de l’Instance. Les faits ont montré la pertinence de ces remarques. En effet, malgré le fait que le gouvernement provisoire ait fixé depuis le 7 juin la nouvelle date des élections de la Constituante (23 octobre) et Ennahdha a approuvé cette date qualifiée de ‘consensuelle’ par un communiqué officiel du mouvement, paru le soir même de l’annonce, Noureddine Bhiri et les autres représentants d’Ennahdha à l’Instance ont mis du temps pour réagir. Ils étaient absents à la réunion du 8 juin et n’ont pas réintégré les rangs de l’instance de Ben Achour que le mercredi d’après (15 juin). L’explication logique de la portée d’un tel geste insinue clairement, comme avancé par Businessnews, que le boycottage n’était pas motivé par la date des élections mais, plutôt, par les thèmes à l’ordre du jour de l’Instance et, notamment, les sujets du pacte républicain (appelé aujourd’hui déclaration de Tunis) et du financement des partis ; sujets sur lesquels Ennahdha hésite à s’engager. C’est la raison pour laquelle, Ennahdha, et les associations navigant dans son sillage, ont soumis l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique à une attaque en règle durant la première semaine de juin, ‘découvrant’ la domination de la mouvance ‘Ettajdid’ parmi les membres de l’instance et ‘s’indignant’ du recours au vote dans un organe supposé se gérer sur une base consensuelle. MM. Ghannouchi et Jebali se sont trop attardés sur cette question lors de leurs dernières apparitions publiques. Le consensus voulu par Ennahdha signifierait, selon plusieurs observateurs, de leur accorder ‘un droit de véto contre toutes les propositions n’allant pas dans le sens de la feuille de route de leur mouvement, teinte (et c’est logique) par leurs convictions idéologiques’. Jebali n’a-t-il pas dit aussi que ‘ce n’était pas normal que la voix d’un indépendant vaille autant que celle d’un parti au sein de l’instance de Ben Achour’ et il insinuait le sien, comme s’il était ‘la partie qui décide’ et dont ‘la position devait marquer le point de vue de l’instance’. Les leaders du parti ‘Ennahdha’ nient bien-sûr toute tendance hégémonique et se prévalent plutôt de l’inévitable consensus ‘régnant en Tunisie depuis le 14 janvier’, selon les termes de Ghannouchi dans son interview sur les ondes de la radio Mosaïque. Pour ce qui est des Décrets-lois sur les partis et leur financement, Ennahdha ne s’est certes pas prononcée d’une manière directe sur la question. Mais, leurs leaders n’ont cessé d’accuser l’Instance de Ben Achour de dépasser ses prérogatives en discutant de thèmes qui sont du ressort de la Constituante. ‘Elle s’érige en véritable pouvoir législatif et veut décider de l’avenir du peuple alors qu’elle n’est même pas légitime’, l’a notamment accusée Ghannouchi dans la même interview à Mosaïque. Pourtant, l’absence de légitimité ne veut nullement pas dire que l’on n’établisse pas de normes selon lesquelles le processus de transition est organisé. Il serait plus rationnel d’évaluer toutes les actions de l’Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution suivant les mêmes normes. Elle a établi la loi électorale et élu l’instance supérieure indépendante des élections. Elle est aujourd’hui responsable de l’établissement des listes des personnes inéligibles. Tout le monde a avalisé, notamment Ennahdha. Des interrogations s’imposent du coup sur le fait que la même Ennahdha refuse à l’Instance de Ben Achour l’aptitude de légiférer sur les partis et leur financement en cette phase transitoire, de même pour le pacte républicain, surtout que cette législation ne couvre que cette période transitoire. Il y a un hic ! Si la Tunisie ne dispose pas de véritable légitimité, il vaudrait mieux disposer de lois temporaires que de ne pas en avoir du tout, notamment concernant le financement de la politique. Le retour d’Ennahdha à l’Instance de Ben Achour est en continuité avec son approche dès le début au sein de cette Instance. Elle a toujours fait route à part avant de réintégrer le groupe dominant.

Source: “Business news” Le 17-06-2011

Lien: http://www.businessnews.com.tn/details_article.php?a=25266&temp=1&lang=fr&t=519


Les Européens partagés sur le financement de la transition en Tunisie


 

Un colloque sur «Les médias et le pouvoir» tenu le week-end dernier à Londres, en Grande Bretagne, a dévoilé combien les pays de l’Union européenne (UE) hésitent sur les stratégies et les outils du financement de la transition dans le secteur des médias et de la presse. Comme dans d’autres, apparemment. Soucieux que leurs «partenaires» arabes réalisent leurs objectifs de l’après-révolution, entre autres des médias libres, des journalistes conscients et bien formés et un minimum de liberté de l’expression, les «donateurs» européens ne savent toujours pas à quel saint se vouer. L’UE, avec le concours de plusieurs Ong, associations, fondations, universités et centres de recherches…, sont en train de mettre en place des programmes et des actions pour la formation des journalistes, l’encadrement des entreprises de presse et le suivi des réformes dans le secteur des médias. Des fonds sont et seront alloués afin d’assurer ce que l’Europe appelle «l’accompagnement» de la transition démocratique en Tunisie, comme en Egypte.

«More for more» David Quin, consultant chez Thomson Foundation, le reconnaît. «L’UE n’a pas aujourd’hui une réponse claire à ce qui se passe dans la région (arabe)», dit-il ouvertement. «Un grand débat existe sur ce que les rapports entre l’UE d’une part et la Tunisie et l’Egypte d’autre part doivent être. Les Européens sont divisés entre des pays qui veulent rester concentrés sur l’Europe de l’Est et d’autres en faveur de plus de ‘‘focus’’ sur leurs ex-colonies». Bien informé sur le sujet, l’expert britannique laisse entendre que la politique européenne du voisinage (à travers le fameux fonds Enpi) «va changer». «More for more» (plus pour plus) sera désormais à la base des rapports entre l’Europe et les démocraties émergentes. Il explique: «L’Europe donnera plus d’argent si cet argent est bien utilisé, c’est-à-dire utilisé pour financer la promotion des droits de l’homme, la démocratisation et une presse libre».

Autrement dit, «on vous donnera davantage mais on attend de vous davantage». «Voir comment l’argent de l’Europe est dépensé et intervenir directement ou indirectement sont deux nouvelles donnes de la politique du voisinage», souligne M. Quin. Et nuance: «Il est plus question de véhiculer une image positive de l’UE que de vraiment aller au soutien des médias et des peuples (arabes)». Il y a lieu, cependant, de se demander s’il peut vraiment exister «un financement inconditionnel». Une interrogation partagée par M. Quin: «la conditionnalité peut-elle réussir là où elle a toujours échoué?» Pour ce qui est des états des lieux des médias arabes, tunisiens en particulier, M. Quin pense «qu’il reste énormément à faire aussi bien en haut de la pyramide (la censure) qu’à son bas (les connaissances de base)».

La Tunisie et l’Article 19 Intervenant dans le panel «comment bâtir les médias dans une démocratie», Agnès Callamard, directrice exécutive de l’association de défense des libertés de la presse Article 19, a noté «la dynamique» qui marque la transition tunisienne. Sur les chances de la réussite de la transition démocratique, notamment au niveau de la liberté d’information et la législation des médias, Callamard dit être «plus optimiste pour la Tunisie que pour l’Egypte». Et reconnaissant que la révolution tunisienne est le fruit «d’une combinaison de nouveaux médias et des médias traditionnels», l’activiste a loué son aspect «très particulier». «C’est une révolte populaire où le politique n’a joué aucun rôle», a-t-elle noté.

Quant à Zahera Harb, professeur de communication à l’université de Nottingham, elle s’est demandée si internet, «qui a largement contribué à l’éviction de Ben Ali et Moubarak du pouvoir est capable de constituer un outil qui permettra aux peuples de s’exprimer et d’atteindre leurs objectifs de la liberté et de la démocratie». Notons que le colloque de Londres a été organisé par la BBC Academy et la London School of Economics et accueilli dans les locaux de cette dernière. Un grand nombre de journalistes, de blogueurs et d’activistes du monde arabe y étaient présents aux côtés de centaines d’Européens du secteur de la presse, de la télévision et des nouveaux médias ainsi que des mondes de la politique et de l’économie.

Source : « Kapitalis » Le 17-06-2011

Lien : http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/4413-les-europeens-partages-sur-le-financement-de-la-transition-en-tunisie.html


Tunisie. Hizb Ettahrir prêche «sa» constitution

Les souks de Tunis, vendredi 12 juin entre midi et quatorze heures. L’heure de sortie des bureaux. L’heure aussi de la grande prière de vendredi. Ça grouille dans tous les sens dans la vieille ville. Il fait aussi très chaud. C’est l’endroit et le moment que choisit un groupe de jeunes pour distribuer des tracts. Ils en ont des liasses, qu’ils distribuent à tous les passants.

Devant la mosquée El Mehrass Les commerçants, assis devant leurs boutiques, prennent leur temps de lire, sceptiques et incrédules. De quoi s’agit-il? «Vous n’avez même pas un parti officiel, allez, allez vous en!», réagit l’un d’eux. Un passant renchérit, lançant aux activistes: «Maintenant, il ne nous manque plus que vous. Alors-là, c’est vraiment la totale, dégagez!». Le militant de Hizb Ettahrir continue son chemin, imperturbable. Une autre personne tente de le chasser: «Mais dégage d’ici!». Un curieux lui court derrière pour se servir. Comme cet ado presque imberbe, d’autres jeunes militants – 15, 16 ou tout au plus 18 ans –, font le tour de la Médina. Leur mission du jour: distribuer le maximum de tracts. C’est pourquoi ils vont dans les endroits où ils sont assurés de rencontrer le plus de monde, devant la mosquée El Mehrass, à l’entrée de la rue de la mosquée Zitouna. Là, des piles de tracts sont à la disposition des fidèles qui viennent de terminer leur prière du vendredi. Plusieurs se servent. D’autres passent leur chemin. D’autres encore affichent leur mépris pour ces activistes qu’ils grondent en passant.

A la Place de la Victoire, les tréteaux des vendeurs à la sauvette remplissent l’aire. C’est noir de petites gens. Au pied d’une banque, deux barbus. Impossible de pouvoir fixer le regard sur eux. Par crainte de provoquer leur colère. A leur côté, des cartons pleins de tracts. Pas loin, des agents de sécurité. Un groupe de quatre qui causent entre eux. Pas loin aussi, des soldats qui montent la garde de l’avenue de France. Ainsi va le quotidien de la jeune démocratie tunisienne: des agents de sécurité et des militants islamistes extrémistes se côtoient et ne se regardent même pas. En d’autres temps, pas si anciens, cette proximité n’aurait été possible que dans les geôles du ministère de l’Intérieur ou dans les prisons.

Retour, pur et simple, à la charia Mais que dit le tract de Hizb Ettahrir? D’abord en titre: «Au nom de Dieu clément et miséricordieux. Vous êtes musulmans, accepteriez-vous une autre loi que celle de l’islam?» Puis en sous-titre: «Hizb Ettahrir vous propose une constitution». Pas moins? Pourquoi se casser la tête à faire élire une assemblée constituante? Pourquoi se chamailler à propos d’une date pour la tenue du scrutin? Pourquoi perdre son temps à essayer d’élaborer une loi électorale, à renouveler les listes des électeurs, à organiser des opérations de vote, à dilapider de l’énergie, de l’argent et du temps dans des campagnes électorales aussi fastidieuses qu’inutiles? Hizb Ettahrir, qui n’a jamais cru à la démocratie ni aux élections ni à la représentativité populaire, tient un bon raccourci: se passer, purement et simplement, d’une assemblée constituante, «qui risque d’adopter une loi non conforme à celle d’Allah», et revenir, purement et simplement, à la charia. Il n’y a pas, disent-ils, une constitution plus juste et plus respectueuse de la volonté divine? «Une assemblée constituante dont les membres seront élus par la force de l’argent politique sale ou sous la pression de puissances coloniales (…) ne saurait réaliser nos aspirations et nos espoirs de libération et d’émancipation», lit-on dans le tract. Qui ajoute: «Le retour de l’islam dans notre vie ne sera pas assuré par un simple article de la constitution stipulant que la religion officielle de l’Etat est l’islam. Cet article à portée symbolique n’aurait aucune valeur et les gouvernants y recourent par hypocrisie, par ruse et pour faire taire les masses musulmanes. Le retour de l’islam dans la vie, la gouvernance et la souveraineté ne saurait se réaliser sans un Etat qui mette la foi islamique à la base même de la constitution et des lois».

Un mélange d’utopie et d’intégrisme

Quand on connait les fondamentaux idéologique de Hizb Ettahrir, ces affirmations ne surprennent pas. Elles démontrent seulement que les membres de ce mouvement minoritaire sont loin d’avoir abandonné leur projet de société islamique fondée sur une approche salafiste. Dans un point de presse, tenu début mars à Tunis, quelques jours avant d’essuyer le refus d’autorisation du ministère de l’Intérieur, Ridha Belhadj, porte-parole officiel de ce parti, avait déjà donné un avant-goût du projet de société que son mouvement prépare pour la Tunisie? Ce parti, qui vient de sortir de la clandestinité à la faveur de la libération de l’expression politique induite par la révolution tunisienne, préconise «la souveraineté de la oumma islamique», considère le califat comme le régime le plus approprié et la charia comme l’unique loi viable pour la Tunisie et le reste du monde islamique. Le mouvement de M. Belhadj, qui ne cache pas son ambition de prendre un jour le pouvoir, même au prix d’un mouvement de désobéissance civile, promet également d’interdire aussitôt les partis politiques. Car ses membres ne croient à la démocratie qu’en tant que moyen pour accéder au pouvoir. La société idéale serait, à leurs yeux, celle qui vit selon les règles et, peut-être aussi, les conditions qui furent celles de la société islamique aux premiers temps de la révélation. Utopie? Intégrisme? Un mélange des deux, sans doute. Mais un mélange dangereux, qui risque de mettre en danger tous les acquis de la société islamique actuelle, tolérante, ouverte et moderne.

Source : « Kapitalis » Le 17-06-2011

Lien : http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/4415-tunisie-hizb-ettahrir-preche-lsar-constitution.html


Regards d’ailleurs – Anne Applebaun, journaliste au Washington Post et lauréate du prix Pulitzer en 2004

«Cette révolution est exclusivement la vôtre… Et maintenant, c’est à vous d’en imposer à Washington !»

 

Plus jamais de glissement de sens, désormais. Révolution oblige, la formule « I’m Tunisian » prend tout son sens. Une fois que vous serez aux Etats-Unis d’Amérique et que vous disiez à un Américain « I’m Tunisian », il ne vous répondra plus, « What ? Indonesian ? ». L’anecdote est revenueau début de ce débat médiatique avec Anne Applebaun, tenu hier dans les locaux de Radio Kalima, avec le concours de l’Ambassade de Pologne en Tunisie.

L’invitée de Kalima est écrivaine, éditorialiste et journaliste au Washington Post dont les écrits ont été gratifiés en 2004 par le prix Pulitzer, la plus haute distinction journalistique aux Etats-Unis d’Amérique. Anne Applebaun est par dessus tout une citoyenne américaine qui parle une langue non exempte de valeurs humanistes. Elle est une citoyenne du monde qui apprend à connaître la Tunisie loin des clichés qui lui ont toujours collé à la peau,mais aussi àappréhender les Tunisiens, le peuple qui s’est relevé un certain 14 janvier pour battre le bitume et en finir une bonne fois pour toute avec la dictature. Elle l’a déjà écrit et le dit ouvertement en cette rencontre lorsqu’elle explique que contrairement à ce que croient certains : les Révolutions arabes et, bien entendu, celle tunisienne, ne sontpas le produit d’une Révolution sur Facebook ou sur Tweeter.La Révolution tunisienne, selonelle, est la Révolution du peuple et ellea été opérée sur le terrain. Et en femme de terrain, Anne Applebaun choisit d’aller au fond des choses et en récolter ce qui peut nous servir de leçons pour l’avenir. En ce sens elle rejette l’idée de comparer la Révolution tunisienne à celles produites dans les pays de l’Est ou dans d’autres contrées du monde. Il n’y a pas lieu, également, de chercher des éléments de ressemblance avec l’Egypte ou la Syrie, etc, carchaque pays a ses particularitésqui se traduisent parla composition de sa sociétédont l’unité est déterminée par l’histoire. Morale de l’histoire : les Tunisiens sont les faiseurs de leur histoire et ont mené à bien une Révolution qui porte leurs marques.

Politique étrangère américaine

Et côté politique étrangère américaine ? Et bien c’est là que le bât blesse et que l’on s’interroge sur les bonnes intentions du pays de l’oncle Sam, s’il en a, à aider un pays comme le nôtre dans sa transition démocratique. Les questions ont porté notammentsur les retards enregistrés par les Etats-Unis à venir en aide aux peuples que ce soit en Tunisie, en Egypte et son silence presque total sur le Bahreïn. « On a du mal à voir clair dans la politique étrangère américaine à l’égard des Révolutions arabes. Ce que fait le gouvernement démocrate n’est-il pas une continuité de la politique des néoconservateursqui au nom de la démocratie ont mené des guerres en Afghanistan et en Irak. Quelles sont les continuités et les ruptures avec cette politique ? » se demande l’un des journalistes présents. D’autres questions qui fâchent ? Il y en a bien sûr et elles concernent les promesses du président américain et les relations de son pays avec l’Arabie Saoudite.

Anne Applebaun répond par le fait que « tous les présidents américains font des promesses aux peuples du monde et se disent différents de leurs prédécesseurs mais au finalse retrouvent confrontés à une réalité qui les dépasse.» Le programme d’Obama consistait à sortir de la centralité Moyen-Orient et de s’ouvrir sur d’autres pays comme le Japon, la Chine, etc. Mais il s’est retrouvé piégé par des révolutions arabes qui occuperont le reste de son mandat. La journaliste américaine considère, par ailleurs, que son pays vit un véritable dilemme qui a commencé en 2001 lorsque la question d’Al QaÏdaexplose et l’on se rende compte que l’Arabie saoudite exporte le wahabisme… «Je sais que la stabilité tout comme le pétrole intéressent les Etats-Unis d’Amérique, mais je sais aussi que des discussions se font derrière des portes fermées sur des questions liées à la liberté d’expression la femme, etc. Je ne sais pas si c’est efficace dele faire de cette manière-là »dit-elle

La question de l’invité

Last but not the least, Anne Applebaun n’a pas failli à sa réputation de journaliste d’investigation pour poser en retour une question à tous les journalistes présents « Que voulez-vous que soit la politique des Etats-Unis par rapport àla Tunisie »« On demande aux Etats-Unis de ne plus s’immiscer dans nos affaires. » Lancent les uns. « On veut une politique américaine équitable qui se tourne plutôt vers la société civile puisque la politique gouvernement-gouvernement a montré ses défaillances. » rétorquent les autres. Dans tous les cas de figure, notre souhait le plus pressant serait de voir cette puissance mondiale se forger l’image d’un pays où la raison d’Etat ne triomphe pas des droits de l’Homme et du droit des peuples à une vie digne. L’or visqueux et noir, dont les effluvesrafraîchissentdes cours en bourse, ne justifiera plus, ainsi, des guerres injustes auxquelles le pays de l’oncle Sam se livre, au nom de la démocratie. ‘’Wait and see’’.

Source: ”Le Temps” Le 17-06-2011

Lien: http://www.letemps.com.tn/article-56789.html


AFP, le 17 juin 2011 à 13h11 GMT

Maroc: le roi engage son pays vers une monarchie constitutionnelle


Rabat, 17 Jui 2011 (AFP) – Le roi du Maroc Mohammed VI a décidé de réduire ses pouvoirs dans le cadre d’une réforme constitutionnelle très attendue dont il doit présenter les grandes lignes dans un discours à la nation vendredi.
L’intervention du souverain, qui a succédé à son père Hassan II en 1999, est prévue à 20H00 GMT (21H00 locales) à la radio et à la télévision, selon le Palais royal.
Le projet de nouvelle loi fondamentale discuté depuis mars prévoit la mise en place d’une monarchie constitutionnelle avec un premier ministre qui prendra réellement les rênes de l’exécutif.
Il s’agit d’une des revendications des manifestations qui se déroulent dans le royaume dpuis le mois de février, à l’instar –mais, sans violences– de ce qui s’est passé dans d’autres pays d’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient.
Le 9 mars, Mohammed VI, 47 ans, avait promis des réformes politiques pour répondre aux attentes des manifestants.
Le projet de nouvelle constitution sera soumis à un référendum populaire en juillet, dans ce royaume qui compte quelque 32 millions d’habitants.
Vendredi, la presse annonçait l’intervention du souverain: « Trois mois après son discours +historique+, le roi Mohammed VI s’adresse une nouvelle fois aux Marocains », titre « Au Fait », le quotidien francophone le plus lu au Maroc.
Le journal arabophone Al Massae (indépendant, plus de 100.000 exemplaires vendus par jour) insiste sur le fait que la « nouvelle constitution préserve le caractère islamique de l’Etat et protège la langue arabe ».
Chef de l’état, chef de l’armée et Commandeur des croyants, le roi s’est toujours montré en faveur d’un Islam modéré.
L’intervention du roi était d’autant plus attendue que l’impatience a grandi depuis son discours du 9 mars, souligne un expert.
« Entre le discours royal du 9 mars, dans lequel il avait promis des changements, et aujourd’hui, trois mois se sont écoulés sans qu’il y ait le moindre acte politique important », a déclaré à l’AFP le politologue Pierre Vermeren.
« On a poussé la patience jusqu’au bout », souligne Lahcen Daoudi, le président du groupe parlementaire du parti islamiste Justice et développement (PJD, opposition parlementaire).
« Le Maroc va tourner une page pour en ouvrir une nouvelle », ajoute-t-il.
Une commission pour élaborer des réformes a été mise en place en mars sous la présidence du juriste Abdeltif Menouni, et ses conclusions ont été présentées aux partis politiques.
Selon des milieux proches de cette commission, la nouvelle constitution doit confirmer que l’Islam reste la religion de l’état et que la liberté de culte est garantie. Elle doit également établir les limites du champ d’intervention du roi comme Commandeur des croyants, un titre qui lui confère une haute aurorité dans le domaine religieux.
La nouvelle loi fondamentale doit également désigner le berbère comme langue officielle à côté de l’arabe.
En outre, la justice sera clairement séparée des autres pouvoirs, pour assurer son indépendance.
Depuis février, le Maroc est le théâtre de manifestations en faveur de la démocratie menées notamment par le Mouvement de jeunes du 20 février, et les partis politiques réclamaient notamment le renforcement des pouvoirs du Premier ministre.
« Nous voulons une monarchie parlementaire, démocratique et sociale », a déclaré à l’AFP le ministre chargé des relations avec le parlement, M. Driss Lachgar.
« Cela suppose que le Premier ministre devienne le chef effectif du pouvoir exécutif », a ajouté M. Lachgar qui est également l’un des dirigeants du parti de l’Union socialiste des forces populaires (USFP, coalition gouvernementale).

AFP, le 17 juin 2011 à 12h09 GMT

Le roi Mohammed VI du Maroc, entre tradition et réformes


RABAT, 17 Jui 2011 (AFP) – Mohamed VI du Maroc a succédé à son père Hassan II en 1999 en promettant des réformes, mais ses initiatives ont été lentes et 12 ans plus tard il a décidé de doter son royaume d’une nouvelle constitution.
Le souverain, né en août 1963, a accepté de céder une partie de ses prérogatives au Premier ministre doté de pouvoirs élargis par la future loi fondamentale, qui sera soumise à référendum en juillet.
Mohammed VI a pris les rênes du pouvoir à 35 ans, le 23 juillet 1999, à la mort de son père, un des artisans de l’indépendance du pays en 1956 qui a régné sans partage pendant plus de 38 ans.
Il a cumulé jusqu’ici les pouvoirs de chef de l’Etat, chef de l’armée et »Commandeur des croyants » -un titre qui en fait l’ultime arbitre en matière religieuse et lui donne l’autorité de prêcher un islam tolérant.
Dès son accession au trône, le souverain, diplômé de droit et sciences politiques, se dit prêt à mener des réformes dans un royaume où traditions et religion jouent un rôle important.
Descendant de la dynastie des Alaouites qui règne sur le Maroc depuis le 17ème siècle, il cherche à imposer l’image d’un monarque moderne, décidé à réduire les injustices économiques dans un pays très inégalitaire.
Il illustre cette volonté en épousant le 21 mars 2002 une femme de la classe moyenne, Salma Bennani, et rompt avec le secret entourant la vie privée au palais: Lalla Salma se montre participant à des œuvres sociales, un rôle nouveau pour l’épouse du roi.
Mohamed VI engage rapidement des réformes dont la plus emblématique sera en 2004 l’adoption d’un code de la famille (Moudawana) qui donne aux femmes des droits proches de ceux des hommes, rend plus difficile la polygamie, instaure une procédure judiciaire pour le divorce empêchant en théorie la répudiation.
Il se heurte alors à l’opposition des islamistes radicaux, mais conserve le soutien de ses sujets qui demandent au contraire une plus grande vélocité dans les réformes d’une nation de 32 millions d’habitants.
Mohammed VI multiplie les initiatives et pas un jour ne se passe sans que la presse officielle ne publie des photos du roi, au contact des foules,inaugurant des logements ou un hôpital dans une région reculée du pays.
Pour autant, les progrès espérés sont lents, notamment en matière d’éducation -plus de 40% de la population reste analphabète – et de santé.
Une réforme promise de la justice est toujours en chantier, réclamée par des ONG qui dénoncent le manque d’indépendance et la corruption du système judiciaire. Et les réformes politiques se font attendre.
Dans le domaine de la liberté d’expression, après un assouplissement dans les premières années de règne, la situation empire et la presse indépendante doit faire face à des pressions judiciaires et économiques.
Certains sujets restent tabous: la monarchie, l’islam et l’intégrité territoriale (c’est-à-dire le Sahara occidental, annexé par le Maroc en 1975).
Au début de l’année, le Maroc est le théâtre d’une agitation populaire et le « Mouvement du 20 février » se crée et réclame des changements, sans remettre en cause la monarchie. Le roi entend les appels à plus de démocratie et le 9 mars, il annonce de profondes réformes.
Mais des critiques dénoncent également l’implication de la monarchie dans le monde des affaires, la famille royale détenant des participations dans des entreprises privées, comme la puissante banque Attijariwafa. « Il est temps que la personne du roi ne soit plus un opérateur économique », estimait récemment le publicitaire et militant associatif Noureddine Ayouch.
Le couple royal a deux enfants, le prince héritier Moulay Hassan, né le 8 mai 2003, et la princesse Lalla Khadija, née le 28 février 2007.
Selon ses proches, le souverain effectue régulièrement des voyages privés, notamment en France et aux Etats-Unis, pour pratiquer ses sports favoris comme le ski et le jet-ski.

AFP, le 17 juin 2011 à 06h56 GMT

Des villageois syriens témoignent de leur terreur face à la troupe


Par Safak TIMUR
GUVECCI, 17 Jui 2011 (AFP) – A la frontière turque, un villageois syrien montre son fils, tenant dans une main une cigarette et dans l’autre le biberon vide de l’enfant. Il est arrivé jeudi du village syrien de Choughour al-Kadima, fuyant l’armée qui dit-il, a semé la terreur.
« On est parti sans rien emporter, rien du tout. Seulement des habits pour les enfants », raconte à l’AFP Abou Ahmed, 32 ans, qui refuse de donner l’intégralité de son nom.
« L’armée a tiré dans tous les sens, avec des chars et des armes légères. Nous avons marché à travers les montagnes et les vallées et on est arrivé ici », explique-t-il, désignant, à travers la frontière, ses six enfants, sa femme, et la famille de sa sœur.
« Ils sont entrés dans les maisons et ont tout cassé. Comment est-ce qu’on pourrait rentrer chez nous ? Rentrer, pour qu’ils nous tuent ? », demande-t-il.
Comme des milliers de déplacés massés à la frontière turco-syrienne, Abou Ahmed hésite à franchir le pas, et trouver refuge en Turquie. Il a aménagé pour sa famille un abri fait d’une bâche en nylon tendue sur quatre branches.
« On a quitté notre maison pour construire ce palais, pour nous protéger de la pluie et du soleil », dit-il avec une pointe d’ironie.
Abou Ahmed et sa famille font partie des dizaines de villageois de Choughour al-Kadima arrivés jeudi à la frontière.
L’armée syrienne a ratissé ce village ainsi que celui de Janudiyeh, à quelques kilomètres de la frontière turque, jeudi tôt dans la matinée, selon un activiste syrien qui aide les déplacés, côté syrien, et que l’AFP a joint par téléphone.
Et des habitants du village turc de Guvecci, à la frontière, ont déclaré qu’ils ont été réveillés à 06H00 (0300 GMT) jeudi, par des tirs et détonations, venant de l’autre côté de la frontière.
« Nous avons quitté le village à six heures. Les soldats venaient de toutes parts. Ils ont commencé à tirer au milieu du village. Des gens ont été blessés mais on ne sait pas ce qu’ils sont devenus », déclare une jeune femme portant une robe verte, la tête recouverte d’un foulard.
« Notre famille est venue dans deux voitures. Nous sommes trente », dit-elle, montrant une grande tente où on aperçoit des enfants.
« Nous avons peur de mourir », ajoute cette mère de quatre enfants.
Certains des villageois racontent qu’ils avaient été alertés avant l’arrivée de l’armée et qu’ils avaient quitté leurs maisons. Mais, ajoutent-ils, le ministère de l’Information leur a dit à la télévision qu’ils pouvaient rentrer chez eux, ce qu’ils ont fait. Et l’armée est arrivée ensuite.
« Le ministère a fait une annonce à la télévision et nous a dit de rentrer chez nous. Nous sommes rentrés, pensant qu’il n’y avait pas de danger. Mais ce matin à six heures, les balles ont commencé à pleuvoir », affirme Abou Muhammed, 37 ans.
Abou Nuuar, chauffeur et habitant lui aussi de Choughour al-Kadima, dit la même chose.
« L’armée a tiré sur les femmes, les animaux, tout le monde… Ils sont entrés dans les maisons, les magasins, ils ont pris de la nourriture et ils ont placé des armes pour pouvoir dire: Voyez, ce sont des terroristes », ajoute-il. « Mais j’ai 45 ans, et je n’ai jamais eu une arme ».
Halid, un voisin de Abou Ahmed, a fui vers la frontière il y a six jours.
« Notre crime est de participer à des manifestations. Partout dans le monde, les gens peuvent protester mais pas nous, c’est interdit depuis 40 ans. Nous avons protesté et c’est le prix que nous payons », dit ce père de deux enfants, qui cache son visage avec un kefié.

AFP, le 17 juin 2011 à 12h51 GMT

La « Gay Girl » de Damas ou les pièges de la blogosphère militante


Par Rana MOUSSAOUI
BEYROUTH, 17 Jui 2011 (AFP) – Le blog d’une « lesbienne syrienne », qui s’est révélé être un canular, met en exergue les risques de manipulation dans les réseaux sociaux mais ne devrait pas saper leur rôle moteur dans le « printemps arabe », estiment des experts.
Très populaire notamment auprès du public occidental, la blogueuse qui se faisait appeler « Amina Abdallah Arraf » et qui relatait son « combat » contre la répression du régime syrien n’était en réalité que Tom MacMaster, un barbu américain de 40 ans résidant en Ecosse.
« Les médias sociaux sont une arme à double tranchant », affirme Robert Naouss, expert en communication au centre Carnegie pour le Moyen-Orient.
« Ils peuvent être un instrument très efficace pour encourager les changements sociaux et politiques, mais aussi impliquer des acteurs non pertinents qui peuvent leurrer » le public, dit-il.
L’imposture a provoqué la colère des militants et mis dans l’embarras les journalistes qui lui ont donné crédit, d’autant plus qu’Amina » avait rallié sur Facebook des milliers de personnes après l’annonce de son « enlèvement » à Damas.
« Plusieurs opposants syriens, notamment parmi les jeunes, craignent que leur blog, leur prochain ‘tweet’ ou affichage sur Facebook ne soient pas pris au sérieux », indique M. Naouss. « Ils font face au défi de la crédibilité, au test de l’authenticité ».
Sur la page « Libérez Amina Abdallah », des internautes accusent aussi Tom MacMaster d’avoir donné un argument au pouvoir en Syrie, qui ne cesse de qualifier les informations relayées par les médias sociaux d' »affabulations » et de « complot occidental ».
« Il a donné au régime syrien une arme de propagande pour dire ‘regardez ce que les gens sont en train d’inventer sur nous' », écrit Randolph.
Mais ce canular aura au moins le mérite de pousser les lecteurs des blogs à faire preuve de plus de rigueur, notamment les journalistes qui reposent largement sur les médias sociaux traitant de la Syrie, où ils ne sont pas libres de couvrir la révolte réprimée dans le sang.
« On n’interviewe pas un fantôme. C’est un peu la responsabilité des journalistes d’avoir donné la voix à MacMaster dans des médias crédibles », estime Jad Melki, professeur de journalisme spécialisé des réseaux sociaux à l’Université américaine de Beyrouth.
« C’est un avertissement », affirme Bill Mitchell, du Poynter Institute, centre de recherches et école de journalisme en Floride, aux Etats-Unis. Ce canular est « un revers à court terme pour les blogueurs pro-démocratie (…) mais le public sera désormais plus prudent et ceci est une bonne chose ».
Face au scepticisme, les militants anonymes devront s’ingénier pour prouver qu’ils sont des personnes réelles, ce qui n’est pas sans risque. « Ils doivent montrer qui ils sont au moins à une ou deux personnes à l’étranger, via caméra ou autre », dit M. Mitchell.
Si l’affaire d' »Amina » a certes pris la blogosphère au dépourvu, elle devrait rester un incident isolé à l’instar du canular de l’annonce de la « démission » de l’ambassadeur de Syrie à Paris sur France 24.
« Je ne pense pas que l’ensemble du concept du journalisme citoyen sera condamné à cause de cet incident », affirme M. Naouss. « Ils ont été déstabilisés mais ce n’est pas un coup fatal ».
Pour M. Melki, il faut éviter de mettre tous les blogueurs « dans un même sac ». « Il y a des blogueurs qui sont d’excellents journalistes, d’autres qui bloguent à propos de ce qu’ils ont mangé le matin et d’autres qui font circuler de fausses informations ».
Il note que le blog, rédigé en anglais, a été érigé en symbole dans les pays occidentaux mais n’était pas aussi populaire dans le monde arabe, où la cause des homosexuels reste tabou.
« En fin de compte, les vraies icônes, ce sont les gens qui sont en train de mourir pour leur cause à travers le monde arabe », souligne-t-il.

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