17 janvier 2011

TUNISNEWS 10 ème année, N° 3891 du 17.01.2011 archives : www.tunisnews.net

AFP: Tunisie: l’armée sort grandie de la crise politique AFP: Tunisie-Fonds et immobilier sous surveillance en France/Lagarde AFP: Avoirs tunisiens en France: pas de gel mais « vigilance particulière » (ministre) Reuters: La présence des entreprises françaises en Tunisie AFP: L’UE offre son aide à la Tunisie pour développer la démocratie ATS: Une association demande à Berne le gel des biens suisses de Ben Ali AFP: Israël: crainte d’une montée islamiste en Tunisie après la chute de Ben Ali (ministre) AFP: Au Moyen-Orient, l’inquiétude perce face à la situation en Tunisie ATS: Un avocat demande à la Suisse de bloquer les fonds de Ben Ali Mtira: Les Américains derrière la fuite de Ben Ali ? Rue89: Rachid Ammar, homme fort de la Tunisie : « L’armée ne tire pas » AFP: L’armée a lâché Ben Ali et peut jouer un rôle modérateur (ex-ambassadeur Lanxade) AFP: Tunisie: la France a lâché Ben Ali, après avoir tardé à le condamner Reuters: REACTIONS aux événements en Tunisie et au départ de Ben Ali AFP: Tunisie: feu vert au départ des familles des diplomates américains AP: Israeli PM: Tunisia reflects regional instability AFP: Au Moyen-Orient, l’inquiétude perce face à la situation en Tunisie AP: Gunbattles, food shortages temper Tunisians’ joy AFP: Tunisie: Ennahdha (islamistes) veut un « gouvernement de salut national » Reuters: INTERVIEW : L’économie tunisienne a les atouts pour prospérer AFP: Tunisie: le PM sortant a formé un gouvernement d’union nationale AFP: Tunisie: des élections d’ici 6 mois AFP: Tunisie/troubles: l’économie tunisienne a perdu 1,6 md d’euros AFP: Tunisie: les violences en Tunisie ont fait 78 morts et 94 blessés

AFP: Tunisie: les violences en Tunisie ont fait 78 morts

ATS:

Tunisie: six membres de l’ancien gouvernement reconduits

AFP:

Tunisie: un blogueur et une cinéaste dans le cabinet d’union nationale


Parti du Travail Patriotique et Démocratique: Déclaration (Extraits) Vigilance Tunisie: Appel de détresse  – La Tunisie censure toujours et de plus belle Le Groupe Anonyme pour un Comité de Salut Public Tunisien: APPEL URGENT AU PEUPLE HÉROÏQUE DE TUNISIE


RABAM: PLUS JAMAIS l’ RCD. Ahmed BEN AMOR: GOUVERNEMENT DE GAUCHE : GOUVERNEMENT DE SCISSION NATIONALE ? Lise Garon: C’est le coeur en fête que j »ai suivi la suite des événements via le Web depuis la semaine dernière. Yassin Temlali: Tunisie – Divergences de l’opposition face à un système-RCD relooké Chabbi.M: Soyons UN, Soyons TOUS. Tarek BEN HIBA: A MES CAMARADES TUNISIENS QUI SERONT MINISTRES AUJOURD’HUI


REVUE DE PRESSE


 

AFP, le 17 janvier 2011 à 15h37 GMT

Tunisie: l’armée sort grandie de la crise politique


Par Mohamed HASNI TUNIS, 17 Jan 2011 (AFP) – Trois jours après la fuite de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, l’armée tunisienne, qui na pas tiré sur le peuple en révolte, sort grandie de la crise dans un pays, qui, tout entier, lui rend hommage. « L’armée nationale n’a pas pas trahi le peuple et la nation », déclare le critique de théâtre, Ahmed El Hadek El Orf, qui dit avoir un certain moment renoncé à l’idée de voir le pays évoluer vers la démocratie. « Et c’est pour la première fois que j’accole le mot +nationale+ à armée », tient-il à souligner L’armée tunisienne, certes modeste avec à peine 35.000 hommes, a joué un rôle crucial pour écarter l’ancien chef de l’Etat, pourtant sorti de ses rangs, mais qui, depuis son arrivée au pouvoir, a favorisé le développement des forces de police, dont les effectifs sont d’environ 100.000 hommes, selon les chiffres les plus communément admis. « Imaginez un scénario dans lequel l’armée aurait tiré sur les manifestants, cela aurait été un bain de sang », relève de son côté Chedli Belkhamsa, un artiste. « Outre le fait que l’armée a été réticente à participer à la répression, elle a montré qu’elle ne voulait pas se mêler du jeu politique », a souligné Chedli Laajimi, cadre syndicaliste. Dans la crise la plus aigüe jamais traversée par le pays « c’est l’armée qui a lâché » Ben Ali, a relevé dimanche l’ex-chef d’état-major français et ex-ambassadeur en Tunisie l’amiral Jacques Lanxade. « C’est l’armée qui a lâché Ben Ali quand elle s’est refusée – à l’inverse de la police du régime – à faire tirer sur la foule » pendant les manifestations de la semaine passée, a-t-il affirmé au quotidien Le Parisien. « Le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Rachid Ammar a démissionné en refusant de faire tirer l’armée et c’est probablement lui qui a conseillé à Ben Ali de s’en aller en lui disant: +tu es fini+ », a-t-il dit. « L’armée qui a toujours été tenue à l’écart de la politique et n’était pas partie prenante dans la direction des affaires du pays, est une armée assez républicaine », a estimé le général Lanxade, y voyant « un élément stabilisateur et modérateur ». « Si l’armée n’avait pas été là, le pays aurait plongé dans le chaos », a estimé Salah Toumi, un militante indépendant de la gauche, alors que Mohammed Lakdhar Allala, membre de la direction du parti Ettajdid (ex-communiste) estime que « l’armée, en faisant pression sur Ben Ali a jouté un rôle positif ». « J’ai constaté une fraternisation entre le peuple et l’armée qui n’a pas tiré sur lui », souligne de son côté, Abdel Wahab Maalouch, député de l’Union démocratique unioniste (UDU), le seul parti de l’opposition de façade qui a pris ses distances pendant la crise du régime de Ben Ali. Les témoignages abondent sur les scènes de fraternisation pendant les violences à Tunis attribuée à un noyau dur des services de sécurité fidèles à Ben Ali entre l’armée et la population. « La femme a préparé un grand couscous pour les soldats venus dans notre quartier et des jeunes ont offert de la bière mais les soldats ont dit qu’ils n’étaient pas autorisés à boire en service », a indiqué un habitant du quartier de l’Ariana, dans le nord de Tunis. « J’ai fait mon service obligatoire il y a trente et je n’ai pas aimé. J’ai mangé dans la gamelle des lentilles pourries mais si on me demande aujourd’hui d’y retourner, je n’hésiterai pas un seul instant », dit Moncef, barman parlant de derrière son comptoir dans l’un des bars de Tunis. Dans la cohue, les clients opinent de la tête, indiquant qu’actuellement il y a une forte demande chez les jeunes de rejoindre les rangs de l’armée alors qu’il étaient réticents dans le passé à passer l’année de service obligatoire. L’armée tunisienne, grande muette qui n’a pas l’habitude de communiquer avec la presse n’était pas joignable pour commenter ses opérations ou réagir à sa côte de popularité.  


Reuters, le 17 janvier 2011 à 07h50 GMT

Tunisie-Fonds et immobilier sous surveillance en France/Lagarde


PARIS, 17 janvier (Reuters) – Les avoirs bancaires mais également les biens immobiliers de la famille et de l’entourage du président tunisien déchu Zine el Abidine Ben Ali sont sous surveillance en France, a expliqué lundi Christine Lagarde. L’organisme antiblanchiment Tracfin va demander lundi matin une « vigilance extrême » sur tout mouvement de fonds « anormal ou curieux » sur les comptes détenus par des personnalités tunisiennes, a précisé la ministre française de l’Economie sur Europe 1, qui a précisé ne pas en connaître le montant global. Selon le site internet du Monde, qui cite un responsable français, la famille Ben Ali se serait enfuie avec 1,5 tonne d’or de Tunisie, qu’elle aurait retirée des coffres de la banque centrale tunisienne. Paris a annoncé samedi avoir pris les dispositions pour bloquer les transferts de fonds suspects de l’ex-président et de son entourage, qui ont trouvé refuge en Arabie Saoudite. « Ce n’est pas exactement un gel des avoirs », a précisé Christine Lagarde lundi. « Le gel ne se décide que sur décision judiciaire ou décision internationale. Ce que nous avons demandé à Tracfin c’est d’exercer une vigilance particulière et de procéder à un blocage administratif. Tracfin ce matin va demander à toutes les banques françaises d’être en vigilance extrême », a-t-elle précisé. Elles « doivent en cas de mouvement anormal, curieux, par son montant, par sa destination, alerter Tracfin qui a la capacité de bloquer pendant 48h et ensuite de saisir une instance judiciaire », a ajouté la ministre. Concernant les biens immobiliers de la famille Ben Ali en France, « les notaires sont sous la même contrainte et doivent notifier à Tracfin tout mouvement ».  


AFP, le 17 janvier 2011 à 08h47 GMT
 

Avoirs tunisiens en France: pas de gel mais « vigilance particulière » (ministre)


PARIS, 17 Jan 2011 (AFP) – La ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, a précisé lundi que les avoirs tunisiens suspects dans les banques françaises étaient sous « vigilance particulière », mais qu’il n’y avait pas de « gel des avoirs » car cela nécessite une décision judiciaire ou internationale. Interrogée sur la radio Europe 1, Mme Lagarde a déclaré que le gouvernement avait demandé à Tracfin, organisme de lutte contre les mouvements suspects de capitaux, « d’exercer une vigilance particulière » et de procéder à un « blocage administratif ». Le président Nicolas Sarkozy avait affirmé samedi que la France avait pris « les dispositions nécessaires pour que les mouvements financiers suspects concernant des avoirs tunisiens en France soient bloqués administrativement ». En clair, il s’agit d’empêcher la famille et l’entourage du président déchu Zine el Abidine Ben Ali d’avoir accès à des avoirs financiers se trouvant dans des banques en France. Avec le ministre du Budget, François Baroin, « nous avons demandé à Tracfin de demander à toutes les banques françaises d’être en vigilance extrême sur tous les mouvements de fonds et les demandes de transferts concernant les comptes et les avoirs tunisiens », a ajouté Christine Lagarde. « Ils doivent en cas de mouvement anormal, curieux, par son montant, sa destination, alerter Tracfin », a-t-elle précisé. Tracfin a la possibilité de « bloquer pendant 48 heures et ensuite de saisir une instance judiciaire », a ajouté Mme Lagarde. « C’est très souvent ce qu’il se passe dans des situations troubles de ce type, en cas de changement et de transition de régime », a-t-elle dit.  


Reuters, le 17 janvier 2011 à 15h39 GMT

La présence des entreprises françaises en Tunisie


PARIS – Voici une liste non exhaustive de grandes entreprises françaises présentes sur le marché tunisien : TOURISME * CLUB MÉDITERRANÉE <CMIP.PA> dispose de cinq « villages » en Tunisie, dont quatre n’ouvrent qu’en avril (Hammamet, Nabeul, Djerba Méridiana, Djerba La Fidèle). Celui de Djerba La Douce fonctionne partiellement en hiver avec un taux d’occupation de 57%. En raison des événements, ce village sera fermé juqu’à fin janvier. Au moment de l’état d’urgence, le groupe avait 130 clients dans le pays, qui ont tous été rapatriés dimanche soir. * ACCOR <ACCP.PA> n’a pas d’hôtel en Tunisie mais a signé des contrats de management avec des entreprises tunisiennes pour des hôtels qui ouvriront en juin 2011. Dans ce type de contrat, les murs des hôtels sont la propriété de sociétés tunisiennes mais Accor en assure l’exploitation. * AIR FRANCE <AIRF.PA> assure des liaisons régulières avec Tunis. Les vols, interrompus vendredi, ont repris dimanche. * PIERRE ET VACANCES <PVAC.PA> n’est pas présent en Tunisie. AUTOMOBILE * VALEO <VLOF.PA> a deux usines de production, l’une à Ben Arous, au sud de Tunis (système d’aide à la conduite) et l’autre à Jedeida, dans le nord-ouest du pays (systèmes de production). Les deux sites de l’équipementier ont été affectés par les événements ces derniers jours (problèmes de production, difficultés du personnel pour se rendre au travail) mais un retour graduel à la normale était observé lundi par le groupe. * FAURECIA <EPED.PA> dispose également d’une usine à Ben Arous. Pas de détails dans l’immédiat sur la situation. AERONAUTIQUE * EADS <EAD.PA>. Aerolia, une filiale du groupe qui fabrique des éléments d’avions, a posé en avril 2010 la première pierre d’une usine à Tunis qui doit accueillir d’ici à 2014 près de 750 salariés. Elle produira des éléments pour les A320 et A330-340. DISTRIBUTION, AGROALIMENTAIRE * CASINO <CASP.PA>. Pas d’exposition directe du distributeur, qui n’a pas de magasin en propre mais uniquement sous franchise, ce qui génère des royalties. Casino dispose notamment d’un hypermarché « Géant » de 12.000 m² en franchise. Cet hypermarché, situé à 20 km de Tunis, a partiellement brâlé et le toit s’est effondré lors des événements. Le coât du sinistre n’est pas encore chiffré. * CARREFOUR <CARR.PA> n’est pas présent directement en Tunisie mais via un partenaire local, le groupe UTIC, avec lequel il a conclu un accord de franchise pour l’exploitation d’un hypermarché et de 44 supermarchés à l’enseigne Carrefour. TEXTILE Beaucoup d’entreprises françaises du secteur ont recours à des sous-traitants tunisiens ou disposent d’usines dans le pays, en particulier dans la lingerie, le linge de maison (pour la broderie notamment) ou les jeans. BANQUES, FINANCE * BNP PARIBAS <BNPP.PA> est présente avec sa filiale UIB. SOCIÉTÉ GÉNÉRALE <SOGN.PA> est aussi active en Tunisie via UBCI. * CREDIT AGRICOLE <CAGR.PA> et AXA <AXJHA.AX> ne sont pas directement présents, selon leurs sites internet. TÉLÉCOMMUNICATIONS, SERVICES Les abonnés des opérateurs télécoms français pourraient être confrontés à des délais d’attente pour joindre leur service clients, des appels vers les « call centers » situés en Tunisie étant renvoyés vers la France. (voir [ID:nLDE70G1OP]) * TELEPERFORMANCE <ROCH.PA> dispose de centres d’appel en Tunisie via sa filiale locale Société tunisienne de telemarketing (STT) fondée en 2000. STT revendique plus de 50% des parts de marché des centres délocalisés en Tunisie pour les pays francophones et déclare être le premier employeur privé de Tunis. Teleperformance Tunisia gère six centres situés dans les zones industrielles de Tunis (cinq à Tunis et un à Sousse). * ORANGE <FTE.PA> s’est lancé en Tunisie en mai 2010 à travers une participation de 49% dans Orange Tunisie, aux côtés d’un investisseur local, le groupe Mabrouk. * MAROC TELECOM (groupe VIVENDI <VIV.PA>) n’est pas présent en Tunisie. BTP, INFRASTRUCTURES * EIFFAGE <FOUG.PA> n’est pas présent en Tunisie. * BOUYGUES <BOUY.PA> n’est pas présent dans le pays. ÉNERGIE La France et la Tunisie ont signé au printemps 2009 un accord de coopération dans le domaine du nucléaire permettant à la France de poser des jalons en vue de la construction d’une première centrale nucléaire en Tunisie d’ici 2020. * ALSTOM <ALSO.PA> a remporté au printemps 2008 un appel d’offres pour une centrale thermique de 400 mégawatts, contrat alors évalué par l’Elysée à 360 millions d’euros. * TOTAL <TOTF.PA> est présent dans le raffinage marketing (stations-service, lubrifiant et aviation) et la chimie. « Nous faisons de notre mieux pour approvisionner nos clients », a déclaré un porte-parole du groupe. TRANSPORT La division Transport d’ALSTOM est présente depuis 20 ans et revendique 36% de parts de marché. Le groupe a notamment annoncé en juillet un contrat de 58 millions d’euros pour compléter et maintenir la flotte des tramways Citadis de Tunis. Alstom Transport a signé en avril 2009 avec la Tunisie un accord-cadre de coopération et de partenariat dans le domaine du transport aérien, maritime, terrestre et ferroviaire. (Sources : Porte-parole et sites internet des entreprises, fédérations patronales)  


AFP, le 17 janvier 2011 à 13h41 GMT

L’UE offre son aide à la Tunisie pour développer la démocratie


BRUXELLES, 17 Jan 2011 (AFP) – L’Union européenne a offert lundi une aide « immédiate » à la Tunisie pour préparer la tenue d’élections libres et va discuter de sanctions contre l’ex-président Ben Ali et son entourage pour empêcher les actions de déstabilisation. L’UE « se tient prête à fournir une assistance immédiate pour préparer et organiser le processus des élections » annoncées après le départ de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, a déclaré la chef de la diplomatie de l’UE Catherine Ashton, dans un communiqué commun avec le commissaire européen chargé des Relations de l’UE avec ses pays voisins, Stefan Füle. « La Tunisie a atteint un point de non retour », ont estimé les deux responsables, en condamnant les actes visant à « déstabiliser davantage la situation sécuritaire », alors que des fidèles au chef de l’Etat déchu sont soupçonnés de chercher à créer le chaos. « Nous soutiendrons la Tunisie dans ses efforts » pour parvenir à réaliser une « démocratie stable », ont-ils assuré, en appelant « toutes les forces démocratiques à se mettre en avant pour créer une nouvelle démocratie tunisienne et corriger les erreurs du passé ». Des consultations sont en cours entre les 27 sur des mesures pour empêcher des actes de destabilisation. L’option de sanctions contre l’ancien président Ben Ali, réfugié en Arabie Saoudite, et contre son entourage est à l’examen, a précisé la porte-parole de Mme Ashton, Maja Kocijancic. La ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, a précisé lundi que les avoirs tunisiens suspects dans les banques françaises étaient sous « vigilance particulière », mais qu’il n’y avait pas de « gel des avoirs » car cela nécessite une décision judiciaire ou internationale. Au pouvoir depuis 23 ans, Zine El Abidine Ben Ali a fui son pays vendredi après un mois de manifestations réprimées dans le sang. Samedi, le Conseil constitutionnel tunisien a proclamé « la vacance définitive du pouvoir » et la nomination de Foued Mebazaa, président du Parlement, au poste de président de la République par intérim. Selon la Constitution, des élections présidentielle et législatives doivent être organisées dans un délai de 60 jours. Les Etats-Unis se sont également dits prêts lundi à assister le gouvernement tunisien pour organiser rapidement des élections libres qui « reflèteraient la volonté du peuple ». Dans l’imédiat, compte tenu de la situation toujours volatile en Tunisie, l’Europe est aussi disposée « si on le demande » à « déployer l’assistance nécessaire pour aider les autorités tunisiennes à faire face aux besoins urgents » du pays. Plus généralement, les Européens travaillent à un ensemble de propositions visant à soutenir les nouvelles autorités dans le domaine politique et économique, « dès que la situation politique sera stabilisée », selon le communiqué. Parmi elles figurent l’option d’un renforcement des relations bilatérales dans le domaine commercial, avec des tarifs douaniers préférentiels. L’UE est liée à la Tunisie par un accord d’association datant de 1995. Depuis mai 2010, elle négocie en vue de lui octroyer, à l’instar du Maroc, un « statut avancé » que Tunis demande depuis novembre 2008. Cette option « est clairement sur la table », a dit la porte-parole de Mme Ashton. L’UE a jusqu’ici conditionné toute avancée dans ce domaine à des progrès en particulier dans le respect des droits de l’Homme.

 


AFP, le 16 janvier 2011 à 08h25 GMT

Israël: crainte d’une montée islamiste en Tunisie après la chute de Ben Ali (ministre)


JERUSALEM, 16 Jan 2011 (AFP) – Le ministre israélien du Développement régional Sylvan Shalom a exprimé dimanche la crainte que la chute du président Zine El Abidine Ben Ali ne favorise une montée des islamistes en Tunisie. « La communauté internationale avait préféré fermer les yeux sur les violations des droits de l’Homme (du régime Ben Ali). Bien entendu il y a aujourd’hui une grande crainte que les mouvements islamistes qui jusqu’à maintenant étaient hors-la-loi ne reviennent » en force, a déclaré à la radio militaire M. Shalom, suppléant du Premier ministre Benjamin Netanyahu. M. Shalom, lui-même natif de Tunisie, a rappelé l’excellent accueil que lui avait réservé M. Ben Ali en novembre 2005 lors d’une visite en Tunisie, où il participait à une conférence en tant que chef de la diplomatie israélienne. Israël s’est abstenu officiellement de réagir à la chute du président tunisien, qui a fui le pays vendredi sous la pression d’une contestation populaire sans précédent, alors que la rue arabe et des groupes islamistes ont salué le soulèvement du peuple de Tunisie. « Nous suivons attentivement la situation, mais s’il y a des raisons d’être préoccupés du risque de débordement par des éléments islamistes on n’en voit aucun signe pour le moment », a déclaré de son côté dimanche à l’AFP un haut responsable du ministère israélien des Affaires Etrangères. « Nous souhaitons à la Tunisie d’accéder à la démocratie sans violence et sans excès », a poursuivi cet officiel, qui a requis l’anonymat. Israël et la Tunisie avaient échangé en 1994 des « bureaux d’intérêts », dont l’activité avait été gelée à l’initiative de Tunis en 2000 pour protester contre la répression de l’Intifada palestinienne. La Tunisie autorise néanmoins des visites d’Israéliens. La création de partis sur des bases religieuses est interdite par la loi tunisienne et le régime du président Ben Ali était réputé ferme face aux islamistes.  


 
AFP, le 16 janvier 2011 à 18h47 GMT

Au Moyen-Orient, l’inquiétude perce face à la situation en Tunisie


DUBAI, 16 Jan 2011 (AFP) – L’inquiétude perçait dimanche au Moyen-Orient après la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali sous la pression de la rue, les gouvernements redoutant le chaos dans le pays et l’opposition appelant à s’inspirer de ce soulèvement populaire. « Nous sommes inquiets de la situation en Tunisie », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Ramin Mehmanparast. « Nous espérons que les demandes de la nation musulmane tunisienne seront satisfaites grâce à des moyens pacifiques et non violents », a-t-il ajouté. A Abou Dhabi, le gouvernement des Emirats arabes unis a exhorté les Tunisiens à faire preuve de « cohésion, à préserver (leur) unité et à éviter tout ce qui pouvait nuire à la sécurité et à la stabilité » de leur pays. En Egypte, où la population se plaint des mêmes difficultés que les Tunisiens, et leur président Hosni Moubarak fait régulièrement l’objet de critiques, le chef de la diplomatie, Ahmed Aboul Gheit a appelé l’Occident à ne « pas s’immiscer » dans les affaires arabes. La secrétaire d’Etat américaine avait averti jeudi les régimes arabes que s’ils ne donnaient pas plus d’espace à leurs peuples, les extrémistes exploiteraient la situation. M. Aboul Gheit a cependant minimisé les craintes d’un effet domino dans la région : « Ce qui se dit sur la possibilité d’une contagion dans d’autres pays après ce qui s’est passé en Tunisie est absurde. Chaque société a ses propres spécificités ». L’Organisation de la conférence islamique (OCI) a fait part de sa solidarité et exhorté la Tunisie à « préserver la sécurité et la stabilité ». Et le gouvernement koweïtien a appelé à « un consensus national afin de faire prévaloir les intérêts nationaux et éviter le chaos ». Pour Israël, ce chaos en Tunisie profiterait aux islamistes. « Il y a aujourd’hui une grande crainte que les mouvements islamistes, qui jusqu’à maintenant étaient hors-la-loi, ne reviennent » en force, a déclaré le ministre israélien du Développement régional, Sylvan Shalom. « La région où nous vivons est instable », a insisté le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Mais les oppositions aux régimes de la région ont appelé de leurs voeux une éventuelle contagion. En Jordanie, près de 3.000 syndicalistes, islamistes et membres de partis de gauche ont participé à un sit-in devant le Parlement à Amman pour protester contre l’inflation et la politique économique du gouvernement. « Nous souffrons des mêmes maux qui ont affecté la Tunisie, et nous devons mettre fin à l’oppression, ainsi qu’aux entraves aux libertés et à la volonté du peuple », a affirmé le chef des Frères musulmans, Hammam Said. Au Koweït, des députés de l’opposition ont salué « le courage du peuple tunisien ». « Tous les régimes qui oppriment leurs peuple et luttent contre l’identité arabo-islamique connaîtront le même sort », a déclaré le député islamiste Walid al-Tabtabaï. A Khartoum, Moubarak al-Fadil, l’un des ténors de l’opposition soudanaise, a estimé que le pays était « prêt pour un soulèvement populaire ». Les partis d’opposition ont « félicité » les Tunisiens et plaidé pour la « fin du régime totalitaire » à Khartoum. Un groupe d’ONG arabes, « Forum de la Société Civile du Golfe », a par ailleurs appelé l’Arabie saoudite à ne pas laisser le président déchu, réfugié à Jeddah, s’installer sur « une terre du Golfe ». Au Yémen, un millier d’étudiants ont manifesté à Sanaa, appelant les peuples arabes à se soulever contre leurs dirigeants et scandant: « Tunis de la liberté, Sanaa te salue mille fois ». Pour la Syrie, les déboires de M. Ben Ali sonnaient cependant aussi comme un avertissement contre l’Occident. « C’est une leçon qu’aucun régime arabe ne devrait ignorer, en particulier ceux qui mènent la même politique que celle de la Tunisie et qui comptent sur +les amis+ pour les protéger », écrivait le quotidien Al-Watan.  


ANSA, le 17 janvier 2011 à 07h19 GMT Tunisia: Frattini, priorità Europa arginare fondamentalismo ROMA (ansa) « La priorità numero uno è la prevenzione del fondamentalismo islamico e degli embrioni del terrorismo ». È quanto sostiene il ministro degli Esteri italiano Franco Frattini, che in un’intervista al « Corriere della Sera » dichiara appoggio al primo ministro tunisino Mohammed Ghannouchi, definisce un « fallimento completo » l’Unione per il Mediterraneo e indica Gheddafi come un modello di dialogo con le popolazioni di un Paese arabo. « L’Uscita di Ben Ali ha rallentato le tensioni, è stata una decisione saggia. Adesso il processo deve continuare », osserva Frattini, che cita come esempio la riforma « dei Congressi provinciali del popolo » realizzata da Gheddafi. « Distretto per distretto – racconta – si riuniscono assemblee di tribù e potentati locali, discutono e avanzano richieste al governo e al leader, cercando una via tra un sistema parlamentare, che non è quello che abbiamo in testa noi, e uno in cui lo ‘sfogatoio’ della base popolare non esisteva, come in Tunisia ». Il titolare della Farnesina fornisce la propria versione sull’atterraggio di un Falcon a Cagliari venerdì scorso. A bordo, spiega, c’erano sono « due hostess e due piloti ». L’aereo « non veniva direttamente da Tunisi. L’equipaggio era stato a portare qualcuno da qualche altra parte. Non sappiamo chi e dove perché, non avendo commesso alcun reato, queste persone non sono state sottoposte a interrogatorio ». L’Italia, prosegue, non ha offerto ospitalità a Ben Ali « semplicemente perché non ci è stata chiesta ». Quanto alle voci che lo indicano in Arabia Saudita, « non hanno da noi una conferma ufficiale ». In Tunisia l’esercito « sta rispettando le regole costituzionali. Il capo delle Forze armate ha dato segnali molto positivi », dice Frattini. « Con i rivolgimenti, sottolinea, i rapporti tra Italia e Tunisia « non cambiano. Confermiamo il nostro sostegno a un’apertura che tenga fuori il fondamentalismo e dia risposte ai problemi del Paese ». Per Frattini « occorre un’azione dell’Europa più incisiva di quella che c’è stata con l’Unione del Mediterraneo, un fallimento completo ». Fallimentare è stato « condizionare l’azione dell’Unione alla pace israelo-palestinese », argomenta il ministro, che propone una riunione Ue-Maghreb in primavera utile ad « appoggiare la riconciliazione in Tunisia ».  

ATS, le 16 janvier 2011 à 18h21 GMT

Une association demande à Berne le gel des biens suisses de Ben Ali


Berne (ats) L’Association des Tunisiennes et Tunisiens en Suisse a demandé au Conseil fédéral de bloquer « immédiatement » les biens détenus par l’ancien président tunisien Zine el Abidine Ben Ali en Suisse. Le Parti socialiste exige également un tel blocage, a-t-il annoncé dimanche. La demande, formulée dans une lettre datée de samedi et dont l’ATS a reçu une copie dimanche, vise particulièrement les avoirs bancaires déposés en Suisse. L’Association, représentée par un avocat, réclame aux autorités suisses « une injonction destinée à toutes les banques ». Ces avoirs ne doivent pas « disparaître au détriment de son légitime propriétaire, la République Tunisienne », a plaidé l’association. Cette demande englobe les biens immobiliers et mobiliers que l’ancien président et les membres de sa famille possèdent en Suisse. La fortune de l’ancien président provient « de délits commis dans l’exercice de ses fonctions, s’agissant de vols, abus de confiance, détournements de fonds publics et privés », estime l’Association. Pour preuve, la « fortune colossale » de l’ancien président, « qui n’a rien à voir avec son traitement présidentiel », plaide l’Association des Tunisiennes et Tunisiens en Suisse. Même démarche au PS Le Parti socialiste (PS) exige également un blocage de ces biens, a-t-il indiqué dimanche dans un communiqué. Les parlementaires socialistes de la Commission de politique extérieure du Conseil des Etats « demanderont le blocage urgent des avoirs qui pourraient se trouver en Suisse ». La Commission doit siéger lundi et mardi. Le PS va en outre demander au Conseil fédéral de répondre « d’une manière positive à toute demande des autorités tunisiennes tendant à récupérer ces avoirs ». Interrogé par l’ATS quant aux mesures prises par la Suisse sur les fonds éventuels, le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) a répondu dimanche que « la Suisse se réserve la possibilité de prendre les mesures appropriées, y compris celle de bloquer de tels fonds ». Les autorités françaises ont de leur côté déjà pris des dispositions pour bloquer des mouvements suspects d’avoirs de l’ex-président tunisien et de son entourage. ***************************************************************** Fonds Ben Ali en Suisse: appel au Ministère public Un avocat suisse d’origine tunisienne veut bloquer les avoirs en Suisse du président tunisien déchu Ben Ali et de son entourage. La RSR a appris que Maître Ridha Ajmi vient de déposer une dénonciation pénale et une requête de mesures urgentes auprès du Ministère public de la Confédération. Une trentaine de personnes sont concernées par la demande de l’avocat. Via cette action en justice, il espère ainsi « sauvegarder les intérêts du peuple tunisien » (écouter l’interview ci-contre). Sa requête demande aussi l’émission de mandats d’arrêt internationaux contre 3 personnes, soit l’ancien président Ben Ali et son épouse, Leila Trabelsi, ainsi que l’ancien ministre de l’Intérieur tunisien Rafik Bel Hadji Kacem. Le document, en possession de la RSR, a été faxé au Ministère public de la Confédération ce matin. Selon Ridha Ajmi, « Plusieurs membres de la famille présidentielle ont pu fuir de Tunisie avec beaucoup d’argent. Leila Ben Ali s’est embarquée, le 14 janvier, avec 1,5 tonne d’or dans son avion ». Mesures provisionnelles Concrètement, il demande au pouvoir judiciaire suisse d’ouvrir une enquête préliminaire pour déterminer si l’argent ou les propriétés dont ils disposent leur appartiennent où s’ils appartiennent au peuple tunisien. Si cela appartient au peuple, « il est normal que celui-ci puisse en disposer ». Cette requête est importante, puisqu’elle délie les mains du Ministère public de la Confédération. Celui-ci pourrait en effet désormais entreprendre des démarches auprès des banques pour demander des mesures provisionnelles et le blocage des comptes. (Source : le site de la Radio Suisse Romande, le 17 janvier 2011 à 12h06) Lien :http://www.rsr.ch/#/info/les-titres/suisse/2901140-fonds-ben-ali-appel-au-ministere-public.html  


ATS, le 17 janvier 2011 à 16h27 GMT

Un avocat demande à la Suisse de bloquer les fonds de Ben Ali


Berne (ats) Un avocat suisse veut obtenir le gel des avoirs de l’ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et de son entourage déposés en Suisse. A cette fin, il a adressé au Ministère public de la Confédération (MPC) une « dénonciation pénale avec une demande de prises mesures urgentes ». Cette démarche vise à « préserver les fonds qui se trouvent sur des comptes ouverts aux noms des personnes soupçonnées », a expliqué lundi Me Ridha Ajmi sur les ondes de la Radio suisse romande (RSR). Elle a été confirmée par le MPC, qui a indiqué avoir reçu une deuxième dénonciation pénale, sans préciser qui l’avait déposée. « Le MPC confirme avoir reçu lundi deux dénonciations pénales tendant au blocage d’avoirs tunisiens qui auraient été déposés en Suisse par la famille ou des proches du Président Ben Ali », a indiqué à l’ATS sa porte-parole Walburga Bur. « Les dénonciations sont en cours d’examen », a-t-elle ajouté. Lettre au Conseil fédéral Les actions pour obtenir un blocage des avoirs se multiplient en Suisse. L’Association des Tunisiennes et Tunisiens en Suisse avait adressé samedi une lettre au Conseil fédéral pour lui demander de bloquer « immédiatement » les biens détenus par l’ancien président tunisien en Suisse. Le Parti socialiste a également exigé dimanche un blocage des fonds. Interrogé par l’ATS quant aux mesures prises par la Suisse sur les fonds éventuels, le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) a répondu dimanche que « la Suisse se réserve la possibilité de prendre les mesures appropriées, y compris celle de bloquer de tels fonds ». Tunis n’a toutefois adressé pour l’heure aucune demande d’entraide judiciaire à Berne concernant les fonds éventuels de l’ex-président tunisien en Suisse, a indiqué lundi à l’ATS Folco Galli, porte-parole de l’Office fédéral de la justice (OFJ). Tunis n’a pas encore lancé de procédure pénale contre l’ex-président, ce qui est une condition à l’émission d’une demande d’entraide judiciaire.  


Les Américains derrière la fuite de Ben Ali ?


par Mtira Selon BFM.TV, la sortie honteuse de Ben Ali, le président déchu par “la voiture d’un marchand ambulant”, ne s’était pas faite aussi “calmement” que tout le monde croyait; autrement une fuite par ses propres moyens. Donc, suite à une forte pression américaine, les USA ayant toujours un œil sur tout ce qui bouge dans le monde, lui demandant de se retirer sans discussion au risque de mettre sa vie en danger, et cela en faisant intervenir l’armée qui, à l’étonnement de tous, avait intervenu dans les événements dès le début. Et le départ du dictateur s’était déroulé sous la « protection » américaine qui avait transféré le despote par un hélicoptère sur l’île de Malte où l’attendait un avion prêt à décoller mis à sa disposition par le ministère saoudien de l’Intérieur. De là, l’avion s’est dirigé vers Dubaï afin que le président amoureux récupère sa femme, « la future présidente » pour rejoindre enfin Jeddah et couler des jours heureux… Pour plus de détails, cliquez ici : http://www.facebook.com/video/video.php?v=134245206640203&oid=295484031058&comments&ref=mf  


Décryptage Rachid Ammar, homme fort de la Tunisie : « L’armée ne tire pas »


Par Samy Ghorbal | Journaliste | 16/01/2011 | 11h42 (De Tunis) Sur le papier, Fouad Mebazaa est officiellement président par intérim. Mais l’ancien président de la Chambre des députés, 78 ans, est un homme à la santé chancelante, qui n’a ni autorité, ni envergure, ni ambition. Il ne voulait pas du pouvoir et n’a pas été préparé à l’exercer. Le vrai homme fort n’est donc ni le Président, ni le chef du gouvernement, Mohamed Ghannouchi, un technocrate spécialiste des questions économiques et financières, mais Rachid Ammar, le chef d’état-major de l’armée de terre. Limogé par Ben Ali pour avoir refusé de tirer sur le peuple Agé de 63 ou 64 ans, ce Sahélien natif de Sayada, une petite bourgade du littoral, était totalement inconnu du grand public il y a encore quelques semaines. Mais il a eu le courage de s’opposer à Ben Ali, quand le dictateur tunisien a appelé la grande muette à la rescousse pour mater l’insurrection populaire dans les villes de Kasserine, Thala et Sidi Bouzid. « D’accord pour déployer les soldats, afin de calmer la situation, mais l’armée ne tire pas sur le peuple », a-t-il fait savoir. Limogé séance tenante par Ben Ali et assigné à résidence, il a été rétabli dans ses fonctions par Mohamed Ghannouchi le 14 janvier, lors du dénouement de la crise. La retenue de l’armée a évité un effroyable carnage. Fidèle à une tradition de non-ingérence dans les affaires politiques héritée de la présidence Bourguiba, elle a tenu à ne pas apparaître sur le devant de la scène. Mais c’est bien elle qui a rendu possible le départ de Ben Ali. « Elle a joué un rôle déterminant et s’est clairement placée du côté de la transition », commente Néjib Chebbi, fondateur du Parti démocratique progressiste, un des principaux chefs de file de l’opposition, qui est pressenti pour participer au gouvernement d’union nationale. Ben Ali a marginalisé l’armée au profit d’une police pléthorique Fondée en 1957, l’armée tunisienne, qui n’aurait donc pas tiré un seul coup de feu contre les manifestants, a été délibérément marginalisée par le président Ben Ali au profit de l’autre composante de l’appareil sécuritaire, la police, dont les effectifs (120 000 hommes) ont quadruplé au cours des vingt dernières années. Avec seulement 35 000 hommes – dont 27 000 pour l’armée de terre – l’armée tunisienne est sous-dimensionnée et sous-équipée. Elle ne possède que douze hélicoptères. Quatre sont affectés à la surveillance du couvre-feu dans la capitale, et tournoient toutes les nuits au-dessus de Tunis et sa banlieue, pour sécuriser l’agglomération et prévenir les exactions des miliciens inféodés à l’ancien régime. Zine el-Abidine Ben Ali, qui était lui-même militaire, se méfiait de ses frères d’armes. En avril 2002, un mystérieux accident d’hélicoptère avait décapité l’état-major des forces terrestres au grand complet. Et tué les treize plus hauts gradés, dont le chef d’état-major, le général de brigade Abdelaziz Rachid Skik, personnalité très respectée de la troupe. (Source : « Rue89 » (Portail d’infos – France), le 16 janvier 2011) Lien: http://www.rue89.com/2011/01/16/larmee-ne-tire-pas-lhomme-fort-de-la-tunisie-est-general-185923  

AFP, le 16 janvier 2011 à 18h59 GMT

L’armée a lâché Ben Ali et peut jouer un rôle modérateur (ex-ambassadeur Lanxade)


PARIS, 16 Jan 2011 (AFP) – L’ex-chef d’état-major français et ex-ambassadeur en Tunisie, l’amiral Jacques Lanxade, estime que « c’est l’armée qui a lâché » le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et qu’elle peut être un « élément stabilisateur » pour sortir du chaos, dimanche dans une interview à la presse. « C’est l’armée qui a lâché Ben Ali quand elle s’est refusée – à l’inverse de la police du régime – à faire tirer sur la foule » pendant les manifestations de la semaine passée, affirme-t-il au quotidien Le Parisien. « Chef d’état-major de l’armée de terre, le général Rachid Ammar a démissionné en refusant de faire tirer l’armée et c’est probablement lui qui a conseillé à Ben Ali de s’en aller en lui disant: +tu est fini+ », ajoute l’amiral. « L’armée qui – même sous Ben Ali – a toujours été tenue à l’écart de la politique et n’était pas partie prenante dans la direction des affaires du pays, est une armée assez républicaine. Je crois que l’armée est un élément stabilisateur et modérateur. Ce n’est pas une armée de coup d’Etat, même si je peux me tromper », dit-il. « Mais il ne faudrait pas que, faute de trouver une organisation politique pour assurer la transition, l’armée soit obligée d’apparaître en première ligne. Il ne me semble pas que l’on aille dans ce sens-là et l’armée n’y pousse pas du tout », ajoute-t-il. L’amiral Lanxade, ancien chef d’état major particulier du président socialiste François Mitterrand à l’Elysée (1989-91), ambassadeur à Tunis sous la présidence à droite de Jacques Chirac (1995-99), juge aussi que depuis un mois le gouvernement français « a mal jugé l’ampleur » de la contestation anti-Ben Ali et « a fait une erreur d’analyse considérable en restant trop longtemps sur l’idée de l’aider à se maintenir au pouvoir ». Au pouvoir depuis 23 ans, Zine El Abidine Ben Ali a fui son pays vendredi après un mois de manifestations réprimées dans le sang. Depuis, la Tunisie est livrée aux pillages et aux violences. Le Conseil constitutionnel a proclamé samedi « la vacance définitive du pouvoir » et la nomination de Foued Mebazaa, président du Parlement, au poste de président de la République par intérim. Selon la Constitution, des élections présidentielle et législatives doivent être organisées dans un délai de 60 jours. Les forces armées tunisiennes comptent près de 36.000 hommes selon l’Institut international d’études stratégiques (IISS).  


AFP, le 15 janvier 2011 à 12h24 GMT

Tunisie: la France a lâché Ben Ali, après avoir tardé à le condamner


Par Hervé ROUACH PARIS, 15 Jan 2011 (AFP) – La France a maintenu depuis le début de la crise en Tunisie un langage d’une extrême prudence, donnant d’abord l’impression de croire en l’avenir de Zine el Abidine Ben Ali, avant de prendre acte vendredi de sa chute puis de le lâcher complètement en refusant de l’accueillir. Grand ami de la France, où il a longtemps été loué pour sa politique de développement économique et de lutte contre les islamistes, l’ex-président Zine y est désormais persona non grata. II a dû se réfugier en Arabie saoudite, après que des rumeurs insistantes et une grande effervescence policière aient semblé indiquer vendredi soir qu’il voulait atterrir près de Paris. « On ne souhaite pas sa venue », a fait savoir une source gouvernementale française, justifiant ce refus par les possibles réactions de la communauté tunisienne installée en France. Au cas où M. Ben Ali demanderait à venir en France, Paris « apporterait sa réponse en accord avec les autorités constitutionnelles tunisiennes », a précisé le ministère des Affaires étrangères. La réaction très molle de Paris après la répression des manifestations avait heurté les Tunisiens de France, qui sont plusieurs centaines de milliers. Les intellectuels notamment « ont eu beaucoup de mal à avaler les propos de Michèle Alliot-Marie », la ministre des Affaires étrangères, a estimé Karim Emile Bitar, spécialiste du Maghreb à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). En déplorant les violences, Michèle Alliot-Marie avait proposé, le 11 janvier devant l’Assemblée nationale, une coopération française à la Tunisie en matière de sécurité et de maintien de l’ordre. Elle avait ainsi suggéré que « le savoir faire, reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité, permette de régler des situations sécuritaires de ce type ». Ce n’est que jeudi, à la veille de la chute de Zine el Abidine Ben Ali, que la France, par la voix du Premier ministre François Fillon, a condamné « l’utilisation disproportionnée de la violence » par la police tunisienne. Un long « silence complice », pour l’opposition de gauche et les défenseurs des libertés. « Depuis plusieurs semaines, la position française paraît être celle de la gêne, de la réserve, de la prudence, alors que la France était attendue en Tunisie et plus largement au Maghreb pour parler fort », a regretté samedi le responsable socialiste François Hollande sur la radio RTL. Les Etats-Unis ont affiché beaucoup plus rapidement leur fermeté à l’égard de Zine el Abidine Ben Ali. Et ils ont usé d’un langage beaucoup plus direct. Le président américain Barack Obama a ainsi salué vendredi le « courage et la dignité » du peuple tunisien, et appelé le gouvernement à organiser des élections « libres et justes » dans « un proche avenir ». La France a toujours été réticente à critiquer l’ex-président Ben Ali, un de ses principaux alliés en Afrique du Nord. Au contraire, ses dirigeants soulignaient régulièrement les points qu’ils jugeaient positifs dans son action. Ils minimisaient aussi les violations de droits de l’Homme et le caractère policier de son régime, régulièrement pointés par les ONG. Lors d’une visite à Tunis en avril 2008, le président Nicolas Sarkozy avait créé l’émoi en affirmant qu' »aujourd’hui, l’espace des libertés progresse » en Tunisie. « Le président Ben Ali est quelqu’un qui est souvent mal jugé » car « il a fait beaucoup de choses » pour son pays, affirmait encore mardi dernier le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, alors que les opposants tunisiens faisaient déjà état de dizaines de morts. Les responsables politiques français, toutes tendances confondues, ont longtemps souscrit à l’argument selon lequel le régime Ben Ali était un « rempart » contre l’islamisme. Ils mettaient aussi en avant l’éducation, les efforts pour l’égalité hommes-femmes, le maintien de la francophonie.  


Reuters, le 15 janvier 2011 à 15h39 GMT

REACTIONS aux événements en Tunisie et au départ de Ben Ali


TUNIS, 15 janvier (Reuters) – Réactions enregistrées à la transition amorcée en Tunisie après 23 ans de règne sans partage du président Ben Ali, qui s’est réfugié en Arabie saoudite. NICOLAS SARKOZY, PRÉSIDENT FRANÇAIS (communiqué diffusé par l’Élysée) « La France a pris les dispositions nécessaires pour que les mouvements financiers suspects concernant des avoirs tunisiens en France soient bloqués administrativement. « (…) Dans cette période cruciale pour la Tunisie, la France est prête à répondre à toute demande de concours, afin que le processus démocratique se déroule de la façon la plus incontestable. » MINISTÈRE ÉGYPTIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES « L’Egypte proclame son respect des choix du peuple de notre pays frère la Tunisie de même qu’elle a confiance dans la sagesse de ses frères tunisiens pour régler cette situation et éviter que la Tunisie s’effondre dans le chaos. » MINISTÈRE IRANIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES « Ce qui importe pour chacun d’entre nous, c’est la mise en oeuvre des revendications de la nation tunisienne sous la meilleure forme possible en tant que pays susceptible de jouer un rôle efficace dans le monde musulman. » MINISTÈRE SOUDANAIS DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES Les autorités soudanaises disent saluer le changement politique en Tunisie et respecter la volonté politique et les aspirations sociales du peuple tunisien. « Ce changement populaire devrait être une occasion pour la nation tout entière de parvenir à la liberté, à la sécurité, à la stabilité et à un bel avenir », a dit un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. ANGELA MERKEL, CHANCELIÈRE ALLEMANDE (dans un message aux autorités tunisiennes) « Recherchez la réconciliation avec le peuple qui proteste et mettez en place une vraie démocratie. Il est absolument nécessaire de respecter les droits de l’homme et de garantir la liberté de la presse et la liberté de rassemblement. « L’Allemagne et l’union européenne se tiennent prêt à vous soutenir dans ce nouveau commencement. » GALA RIANI, SPÉCIALISTE DU MOYEN-ORIENT À IHS GLOBAL INSIGHT « Parce que nul ne s’attendait à cela, les risques sont bien plus élevés. La politique tunisienne a tourné autour d’un seul homme pendant si longtemps; et aujourd’hui, il n’est plus là. Comme aucun leader n’est apparu à la tête de ce mouvement de protestation, personne n’a véritablement l’autorité pour s’imposer. A court terme, la population pourrait accepter que l’armée prenne les rênes si elle ramène l’ordre et si elle semble prête à accepter ensuite des élections libres. Mais c’est très difficile à dire. « Les implications régionales sont gigantesques. Je pense que nous allons voir des gouvernements de cette région publier des déclarations par lesquelles ils reconnaîtront la volonté du peuple et ce qui s’est passé en Tunisie – en partie pour calmer leur propre population. « Quant à déterminer la vulnérabilité de ces gouvernements, cela dépend. Dans certains pays, la Syrie et la Jordanie par exemple, les forces de sécurité sont bien plus étroitement liées au gouvernement et elles écraseraient toute révolte, exactement comme l’ont fait les Iraniens. Dans d’autres, en revanche, la situation est moins claire (…) A mon sens, l’une des choses qui se sont passées en Tunisie, c’est que le gouvernement a réalisé qu’il ne pouvait plus reposer simplement sur la force. » SOCIÉTÉ DE CONSEILS EURASIA GROUP CONSULTANCY « Même si les rues de Tunis sont plus calmes que ces derniers jours, le départ de Ben Ali ne devrait pas immédiatement apaiser les tensions à travers le pays. « Si Ghannouchi (ndlr, le Premier ministre chargé de former un gouvernement de coalition) n’annonce pas un calendrier définitif vers de nouvelles élections présidentielles, ou s’il ne forme pas à court terme un gouvernement de transition avec des représentants significatifs de l’opposition, les manifestants pourraient redescendre dans les rues. »  


AFP, le 16 janvier 2011 à 21h34 GMT

Tunisie: feu vert au départ des familles des diplomates américains


WASHINGTON, 16 Jan 2011 (AFP) – Le département d’Etat américain a donné son feu vert dimanche au départ des familles des membres de son ambassade à Tunis et recommandé à l’ensemble des Américains de quitter la Tunisie en raison des troubles actuels. Le ministère américain des Affaires étrangères « a autorisé le départ de tous les membres des familles » des personnes travaillant à l’ambassade des Etats-Unis. « Les citoyens américains en Tunisie doivent examiner de près leur situation au plan de la sécurité » à la lumière des récents événements dans ce pays et « envisager de quitter la Tunisie », avertit par ailleurs le département d’Etat. Il explique en effet que « les troubles civils se sont récemment étendus à Tunis et à toutes les autres grandes villes, y compris les destinations touristiques populaires ». « Ces événements spontanés et imprévisibles ont dégénéré en plusieurs occasions en violents affrontements entre la police et les protestataires, qui ont fait de nombreux morts, blessés et (provoqué) de vastes dégâts matériels ». Les Américains, ajoute le département d’Etat, doivent éviter toutes les manifestations, même pacifiques, qui peuvent, selon lui, rapidement dégénérer, les étrangers étant alors susceptibles d’être pris à partie. Jeudi, Washington avait mis en garde les Américains contre les risques de violences liés aux affrontements en Tunisie, mais s’était borné à conseiller de reporter les voyages non essentiels dans ce pays. De violents affrontements ont opposé dimanche à Tunis forces de sécurité et éléments fidèles au chef de l’Etat déchu Zine El Abidine Ben Ali, deux jours après sa fuite.  


Associated Press, le 16 janvier 2011 à 16h38

Israeli PM: Tunisia reflects regional instability


By DIAA HADID, Associated Press

JERUSALEM (AP) _ Israel’s prime minister said Sunday that the unrest in Tunisia over the weekend shows why Israel must be cautious as it pursues peace with the Palestinians. Benjamin Netanyahu told his Cabinet that the violence surrounding the ouster of Tunisia’s longtime president illustrated the widespread instability plaguing the Middle East. He also said it underscored the need for strong security arrangements in any future peace deal with the Palestinians. « We need to lay the foundations of security in any agreement that we make, » he said. « We cannot simply say ‘We are signing a peace agreement,’ close our eyes and say ‘We did it’ because we do not know with any clarity that the peace will indeed be honored, » he said. Palestinians accused the Israeli leader of searching for excuses. « If there was a tsunami in Asia, a flood in Latin America or a lunar eclipse, Netanyahu would use it as a pretext not to negotiate, » said chief negotiator Saeb Erekat. Netanyahu, who leads the hawkish Likud Party, has long made security a top demand for any future peace deal with the Palestinians. Palestinian Prime Minister Salam Fayyad has spent several years reforming his security forces, which now include hundreds of officers who have received U.S. training. Both U.S. and Israeli officials have praised the progress of the Palestinian forces in cracking down on militants and maintaining law and order in the West Bank. Israeli officials say the forces are limited in their capabilities. They also note that the Gaza Strip, the other territory claimed for a future Palestinian state, is ruled by the Hamas militant group. The Palestinians have refused to negotiate with Israel until Netanyahu renews a freeze on Jewish settlement construction in captured areas claimed by the Palestinians. Israeli officials said they were concerned _ but not overly worried _ over the safety of Tunisia’s tiny Jewish community, which is concentrated on the southern island of Djerba and in the capital, Tunis. Tunisia has experienced looting, arson and random violence since autocratic President Zine El Abidine Ben Ali was driven from power Friday. Tunisia’s 2,000 Jews generally have good relations with the Muslim majority, but in 2002 an al-Qaida suicide bombing targeting a synagogue on Djerba killed 19 people, including 14 German tourists. « I don’t think they will face problems but we have to take everything into account and get prepared if something will happen, but I don’t think it will, » said Israel’s deputy prime minister, Silvan Shalom, who was born in Tunisia and moved to Israel with his family as an infant. His views were echoed by Israel’s Foreign Ministry and tour operators who send Israelis to Tunisia. Israelis frequently visit Tunis for tourism and to discover their roots. There are some 100,000 Israeli Jews of Tunisian descent, according to Michael Laskier, a North Africa expert at Israel’s Bar-Ilan University. Tunisian Jews speaking anonymously to Israel Radio said they feared for their safety, but no violence has been reported against them. « We saw the situation deteriorate in seconds, » said one man who identified himself as a local community leader. « The gangs are taking advantage of the fact that there is no government. Nobody is in charge here. »  


 
AFP, le 16 janvier 2011 à 18h47 GMT

Au Moyen-Orient, l’inquiétude perce face à la situation en Tunisie  


 

DUBAI, 16 Jan 2011 (AFP) – L’inquiétude perçait dimanche au Moyen-Orient après la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali sous la pression de la rue, les gouvernements redoutant le chaos dans le pays et l’opposition appelant à s’inspirer de ce soulèvement populaire. « Nous sommes inquiets de la situation en Tunisie », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Ramin Mehmanparast. « Nous espérons que les demandes de la nation musulmane tunisienne seront satisfaites grâce à des moyens pacifiques et non violents », a-t-il ajouté. A Abou Dhabi, le gouvernement des Emirats arabes unis a exhorté les Tunisiens à faire preuve de « cohésion, à préserver (leur) unité et à éviter tout ce qui pouvait nuire à la sécurité et à la stabilité » de leur pays. En Egypte, où la population se plaint des mêmes difficultés que les Tunisiens, et leur président Hosni Moubarak fait régulièrement l’objet de critiques, le chef de la diplomatie, Ahmed Aboul Gheit a appelé l’Occident à ne « pas s’immiscer » dans les affaires arabes. La secrétaire d’Etat américaine avait averti jeudi les régimes arabes que s’ils ne donnaient pas plus d’espace à leurs peuples, les extrémistes exploiteraient la situation. M. Aboul Gheit a cependant minimisé les craintes d’un effet domino dans la région : « Ce qui se dit sur la possibilité d’une contagion dans d’autres pays après ce qui s’est passé en Tunisie est absurde. Chaque société a ses propres spécificités ». L’Organisation de la conférence islamique (OCI) a fait part de sa solidarité et exhorté la Tunisie à « préserver la sécurité et la stabilité ». Et le gouvernement koweïtien a appelé à « un consensus national afin de faire prévaloir les intérêts nationaux et éviter le chaos ». Pour Israël, ce chaos en Tunisie profiterait aux islamistes. « Il y a aujourd’hui une grande crainte que les mouvements islamistes, qui jusqu’à maintenant étaient hors-la-loi, ne reviennent » en force, a déclaré le ministre israélien du Développement régional, Sylvan Shalom. « La région où nous vivons est instable », a insisté le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Mais les oppositions aux régimes de la région ont appelé de leurs voeux une éventuelle contagion. En Jordanie, près de 3.000 syndicalistes, islamistes et membres de partis de gauche ont participé à un sit-in devant le Parlement à Amman pour protester contre l’inflation et la politique économique du gouvernement. « Nous souffrons des mêmes maux qui ont affecté la Tunisie, et nous devons mettre fin à l’oppression, ainsi qu’aux entraves aux libertés et à la volonté du peuple », a affirmé le chef des Frères musulmans, Hammam Said. Au Koweït, des députés de l’opposition ont salué « le courage du peuple tunisien ». « Tous les régimes qui oppriment leurs peuple et luttent contre l’identité arabo-islamique connaîtront le même sort », a déclaré le député islamiste Walid al-Tabtabaï. A Khartoum, Moubarak al-Fadil, l’un des ténors de l’opposition soudanaise, a estimé que le pays était « prêt pour un soulèvement populaire ». Les partis d’opposition ont « félicité » les Tunisiens et plaidé pour la « fin du régime totalitaire » à Khartoum. Un groupe d’ONG arabes, « Forum de la Société Civile du Golfe », a par ailleurs appelé l’Arabie saoudite à ne pas laisser le président déchu, réfugié à Jeddah, s’installer sur « une terre du Golfe ». Au Yémen, un millier d’étudiants ont manifesté à Sanaa, appelant les peuples arabes à se soulever contre leurs dirigeants et scandant: « Tunis de la liberté, Sanaa te salue mille fois ». Pour la Syrie, les déboires de M. Ben Ali sonnaient cependant aussi comme un avertissement contre l’Occident. « C’est une leçon qu’aucun régime arabe ne devrait ignorer, en particulier ceux qui mènent la même politique que celle de la Tunisie et qui comptent sur +les amis+ pour les protéger », écrivait le quotidien Al-Watan.

 

Gunbattles, food shortages temper Tunisians’ joy


By ELAINE GANLEY and BOUAZZA BEN BOUAZZA, Associated Press Elaine Ganley And Bouazza Ben Bouazza, Associated Press Sun Jan 16, 7:46 pm ET TUNIS, Tunisia – Major gunbattles erupted outside the palace of Tunisia’s deposed president, in the center of the capital, in front of the main opposition party headquarters and elsewhere on Sunday as authorities struggled to restore order and the world waited to see if the North African nation would continue its first steps away from autocratic rule. Police arrested dozens of people, including the top presidential security chief, as tensions appeared to mount between Tunisians buoyant over Zine El Abidine Ben Ali’s departure and loyalists in danger of losing major perks. There were cheers and smiles in much of Tunis, the capital, as residents tore down the massive portraits of Ben Ali, some of them several stories high, that hung from lampposts and billboards and were omnipresent during his 23-year reign. Prime Minister Mohamed Ghannouchi said on state TV that a new national unity government will « most certainly » be announced Monday « to open a new page in the history of Tunisia. » There are three legal opposition parties that could be included in the government Ghannouchi has been directed to form by the interim president, Fouad Mebazaa. Negotiations are advanced, Ghannouchi said Sunday night. Worries among Tunisians, however, grew with the violence and worsening shortages of essentials such as milk, bread and fresh fish. « We’re starting to feel it now, » said Imed Jaound at the Tunis port, which has been closed since Friday, when Ben Ali fled to Saudi Arabia. A gunbattle broke out around the presidential palace late Sunday afternoon in Carthage on the Mediterranean shore, about 15 kilometers (10 miles) north of Tunis. The army and members of the newly appointed presidential guard fought off attacks from militias loyal to Ben Ali, said a member of the new presidential guard. Helicopters were surveying the zone. The militias emerged from a forest to charge, the guard member said by telephone. He told The Associated Press the militia are « numerous » and are using various kinds of arms but gave no further details. He spoke on condition of anonymity because he was not authorized to be publicly named. Residents of Carthage — a center of power in ancient times but now a Tunis suburb popular with tourists — said they have barricaded themselves inside their homes amid the shooting. Many soldiers surrounded the palace, but it was unclear whether any of the interim government’s leaders were. One Carthage resident said she saw four men in a taxi speed through a military checkpoint at the end of her street and toward the palace nearby. Soldiers shot at the taxi and the men inside returned fire. The resident, who asked not to be named because of security concerns, said her neighbors saw other armed men break through checkpoints in civilian cars. The gunbattle lasted about four hours before calm returned in the evening, she said. Other gunfights broke out near the PDP opposition party headquarters and a two-hour-long gunbattle raged behind the Interior Ministry, long feared during Ben Ali’s reign as a torture site. Residents of the city center heard constant volleys of gunfire throughout much of the afternoon; they were ordered to stay away from windows and keep their curtains closed. The prime minister said Sunday night that police and the army have arrested numerous members of armed groups, without saying how many. « The coming days will show who is behind them, » Ghannouchi said. He added that arms and documents have been seized from those arrested. « We won’t be tolerant towards these people, » the prime minister said. The security chief, Ali Seriati, and his deputy were charged with a plot against state security, aggressive acts and for « provoking disorder, murder and pillaging, » the TAP state news agency reported. Police stopped vehicles as the city remained under a state of emergency. More than 50 people were arrested on suspicion of using ambulances, rental cars and government vehicles for random shootings, a police official told The Associated Press. A crowd of 200 in Tunis cheered one such arrest Sunday. Before the gunbattle at the opposition party headquarters, police arrested a group of nine Swedish boar hunters traveling in taxis toward a nearby hotel after their flight home was canceled, one of the Swedes, Ove Oberg, said. Police roughed the men up and accused them of being terrorists, Oberg said, recounting his ordeal before a group of journalists. « When they saw this gun, they went crazy, » he said, referring to a hunting rifle in the trunk of the taxi. Six of the men were released, some with their clothes stained with blood, while three others remained in police custody Sunday evening. Dozens of people have died in a month of clashes that were initially between police and protesters angry about repression and corruption but now appear to be between police and Ben Ali loyalists. A Paris-based photojournalist, Loucas Mebrouk von Zabiensky, 32, of the EPA photo agency, was in critical condition after being hit in the face Friday with a tear gas canister, according to a French consular official in Tunisia. The official, speaking on condition of anonymity because of embassy rules, did not provide other details or an explanation of an earlier announcement that the photographer had died. Mebazaa, a former parliament speaker who was sworn in as interim president Sunday, has told Ghannouchi to create a national unity government and urged him to consult with the opposition, who were marginalized under Ben Ali. Presidential elections are to be held in 60 days. The downfall of the 74-year-old Ben Ali, who had taken power in a bloodless coup in 1987, served as a warning to other autocratic leaders in the Arab world. His Mediterranean nation, a popular tourist destination known for its wide beaches, deserts and ancient ruins, had seemed more stable than many in the region before the uprising that began last month. Hundreds of stranded tourists were still being evacuated from the country Sunday. The U.S. State Department issued a travel warning suggesting that U.S. citizens forgo travel to Tunisia and consider leaving if already there. It authorized the departure of nonessential U.S. Embassy personnel and of all family members of U.S. staff at government expense. Tunisia’s foreign minister will brief Arab leaders meeting in Egypt this week on the upheaval surrounding Ben Ali’s ouster. In Israel, Prime Minister Benjamin Netanyahu told his Cabinet that the unrest in Tunisia illustrated the widespread instability plaguing the region and underscored the need for strong security arrangements in any future peace deal with the Palestinians. Palestinians accused the Israeli leader of searching for excuses not to negotiate. Many Tunisians were especially overjoyed at the prospect of life without Ben Ali’s wife Leila Trabelsi and her family. Leaked U.S. diplomatic cables released by WikiLeaks had discussed the high levels of nepotism and corruption displayed by Trabelsi’s clan. But U.S. State Department spokesman P.J. Crowley rejected any notion that WikiLeaks disclosures led to the revolution in Tunisia, saying Sunday that Tunisians were already well aware of the graft, nepotism and lavish lifestyles of the former president and his relatives. Tunisian media reported one brother-in-law of the president, Imed Trabelsi, was attacked by an angry mob at Tunis airport and died. The reports could not be immediately confirmed. Ordinary Tunisians concentrated on two key needs Sunday — food and security. Many scoured the capital for food as calm returned to some residential areas. Most shops remained closed Sunday, others were looted and bread and milk were running short. Fish mongers were selling two- or three-day-old fish, said Ezzedine Gaesmi, a salesman at the indoor market in Tunis, where many stands were empty. « There’s no fresh fish. If it continues for two or three more days, we’ll close, » he said. Overnight citizen patrols armed with bats, sticks and golf clubs were being organized in both wealthy and working-class neighborhoods. Fatma Belaid stayed up late to serve rounds of coffee to patrols in her section of Tunis. « Everyone participates as he can, » she said. A well-known human rights advocate returned home to the embattled — but in many ways, hopeful — country. Souhayr Belhassen, president of the International Federation of Human Rights, said her long-repressed countrymen appear poised for unprecedented freedoms. « We can start to hope, » agreed Nejib Chebbi, a founder of the opposition PDP party. But he said the key question is whether a new government will be pluralistic or again dominated by Ben Ali’s RCD party. « If the RCD is dominant, we’re not out of the woods, » he said. ___ Juergen Baetz in Berlin, Diaa Hadid in Jerusalem and Jenny Barchfield in Paris contributed to this report.


AFP, le 17 janvier 2011 à 15h24 GMT

Tunisie: Ennahdha (islamistes) veut un « gouvernement de salut national »


PARIS, 17 Jan 2011 (AFP) – Le mouvement islamiste tunisien Ennahdha invite à la formation d’un « gouvernement de salut national » regroupant tous les partis, à l’exclusion de l’ex-parti au pouvoir, et d’une « assemblée constituante » pour préparer une nouvelle Constitution, dans un communiqué transmis lundi à l’AFP à Paris. Le parti de Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste en exil, appelle à la formation d’un « gouvernement de salut national » pour « assurer une véritable transition démocratique au pays ». Il préconise que nul ne soit exclu de ce gouvernement, sauf ceux qui ont « profité » ou participé au pouvoir de Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui la Tunisie vendredi pour l’Arabie saoudite après un mois de manifestations réprimées dans le sang. Ennahdha appelle aussi à la formation d’une « assemblée constituante » qui sera chargée d’établir « une nouvelle Constitution », avant des élections législatives, souhaitées « dans les six mois ». Cette assemblée devra mettre en place « un régime parlementaire et démocratique regroupant toutes les tendances politiques et de la société civile », souligne le mouvement. Ennahdha a été interdit sous le régime Ben Ali et quelque 30.000 de ses militants ont été arrêtés dans les années 1990. Rached Ghannouchi, 69 ans, en exil à Londres, avait annoncé samedi à l’AFP qu’il préparait son retour dans son pays et qu’il était disposé à la formation d’un gouvernement d’union nationale. Il avait choisi l’exil en 1989, avant d’être condamné à la réclusion à perpétuité en 1991 lors de procès ayant suivi le démantèlement du mouvement islamiste. Les candidats de son parti, sous l’étiquette « indépendants », venaient d’obtenir 17% aux élections. Rached Ghannouchi – sans lien de parenté avec le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi – dit représenter un islam modéré, affirmant que son parti est « très proche de l’AKP turc », le parti islamo-conservateur au pouvoir en Turquie. Plusieurs autres mouvements d’opposition (de gauche) tunisiens en exil, ont réclamé la mise en place d’une assemblée constituante, jugeant trop court le délai constitutionnel de deux mois avant l’organisation d’élections.  


Reuters, le 17 janvier 2011 à 15h22 GMT

INTERVIEW : L’économie tunisienne a les atouts pour prospérer


* Une commission sera chargée d’assainir le pays * Les parts des entreprises étrangères revendues par Paul Taylor PARIS, 17 janvier (Reuters) – L’économie tunisienne, une fois débarrassée légalement de l’emprise tentaculaire du clan Ben Ali, a tous les atouts pour prospérer, estime un des économistes en vue du pays. Moncef Cheikhrouhou, qui a dâ vendre ses parts dans le groupe de presse familial à un parent du président Zine el Abidine Ben Ali et s’exiler en 2000, assure qu’une commission créée par le ministère de la Justice se chargera de débusquer les avoirs acquis grâce au népotisme et à la corruption. « Ils se comportaient comme une mafia qui récoltait de l’argent dans tous les secteurs de l’économie tunisienne », déclare Cheikhrouhou dans une interview accordée à Paris, où il enseigne la finance internationale à l’école de commerce HEC. « Par exemple, toutes les voitures importées devaient être contrôlées par la famille. Les Tunisiens qui souhaitaient importer de nouvelles marques devaient soit offrir une part majoritaire de leur société à un membre de la famille, qui ne payait pas, soit reverser une partie de leurs bénéfices. » Moncef Cheikhrouhou assure que la Tunisie possède une jeune classe d’entrepreneurs prête à créer de la richesse et des emplois une fois que l’emprise suffocante de l’ancien clan au pouvoir aura disparu, ainsi que des services publics compétents capables d’administrer le pays. Dans un rapport, la Banque mondiale a estimé que, sans népotisme et corruption, le taux de croissance du produit intérieur brut tunisien, actuellement d’environ 4% par an, pourrait atteindre 6 à 7%, la croissance de l’Inde, dit-il. Cheikhrouhou, qui est âgé de 65 ans, est vice-président du Cercle des économistes arabes. Il est proche de personnalités d’opposition et certains le voient comme un futur ministre des Finances ou de l’Economie dans un gouvernement démocratique. RÉTABLIR L’ÉTAT DE DROIT « La Tunisie ne démarre pas de zéro », souligne-t-il, notant la présence de 1.350 entreprises françaises, 300 à 400 entreprises italiennes et quelques grands groupes américains dans ce pays de dix millions d’habitants qui a un accord de libre-échange avec l’Union européenne. Beaucoup de ces entreprises ont dâ conclure des partenariats avec des proches de l’ancien président et de la famille de son épouse Leïla Trabelsi, qui devront être dénoncés. Moncef Cheikhrouhou prend l’exemple de la chaîne de bricolage Bricorama <BRIP.PA>, qui s’est installée en Tunisie après la conclusion d’un accord avec un membre de la famille Trabelsi. « Légalement, il faudra trouver à Bricorama un autre partenaire. Les parts seront vendues aux enchères via un processus ouvert. » « On essaie de faire en sorte que l’état de droit soit rétabli en Tunisie », poursuit l’économiste. « Je m’attends à ce que cette commission reçoive un nombre énorme de demandes d’indemnisation. Les cas les plus flagrants, les familles Trabelsi et Chiboub, seront traités plus facilement que les affaires de blanchiment d’argent. » La famille Chiboub est liée à l’ancien clan présidentiel par une fille née du premier mariage de Ben Ali. Moncef Cheikhrouhou dit avoir appris de la banque centrale que la famille de l’ex-président avait sorti 1,5 tonne d’or du pays, estimée à 50 millions d’euros. Les miliciens fidèles à Ben Ali ont essayé de prendre d’assaut la Banque de Tunisie dimanche pour prendre davantage d’or mais ont été repoussés par l’armée, ajoute-t-il. Des manifestants ont quant à eux attaqué des supermarchés Carrefour <CARR.PA> ou Monoprix <CASP.PA>, ce qui pourrait être lié à la colère contre les autorités françaises, qui se sont refusées à critiquer le président Ben Ali jusqu’à sa fuite à l’étranger vendredi dernier. Moncef Cheikhrouhou note en revanche que les infrastructures touristiques ont été épargnées lors du soulèvement. Le tourisme est le premier pourvoyeur de devises du pays, avec 6,9 millions de visiteurs en 2009, selon l’Organisation mondiale du tourisme.

Tunisie: le PM sortant a formé un gouvernement d’union nationale


TUNIS – Mohammed Ghannouchi, dernier Premier ministre du président tunisien déchu Ben Ali, a annoncé lundi un gouvernement d’union nationale, comprenant trois chefs de l’opposition et huit ministres de l’équipe sortante, chargé de gérer la transition jusqu’aux prochaines élections. Il a également annoncé la libération de tous les prisonniers d’opinion, la « liberté totale d’information » et la levée de l’interdiction d’activité de toutes les ONG, dont la Ligue tunisienne des droits de l’Homme. Le Premier ministre, qui s’exprimait devant des journalistes au palais du gouvernement, a donné la liste des 24 ministres et ministre délégués de ce « gouvernement d’union nationale », chargé de gérer le pays jusqu’à la tenue de prochaines élections présidentielle et législatives. « C’est un gouvernement qui intègre les différents partis et les composantes de la société civile », a souligné M. Ghannouchi. Trois chefs de partis politique de l’ancienne opposition au régime du président Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui vers l’Arabie saoudite après 23 ans de règne sans partage, font partie de ce gouvernement. Ces trois personnalités sont Ahmed Nejib Chebbi (bien Chebbi), chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP, formation d’opposition légale la plus radicale) au ministère du développement régional, Ahmed Ibrahim, chef du mouvement Ettajdid (Renaissance, ex-communiste), à l’Enseignement supérieur et à la recherche scientifique, et Mustapha Ben Jaafar qui dirige le Front démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), à la Santé. Huit membres de l’ancien gouvernement Ben Ali ont aussi été reconduits, dont le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères Kamel Morjane et celui de l’Intérieur, Ahmed Kriaâ, et le ministre des Finances, Ridha Chalghoum. Des représentants de la société civile figurent aussi dans ce gouvernement. M. Ghannouchi a aussi indiqué que le ministère de l’Information, accusé de censurer la liberté de la presse et d’expression dans le pays, a été supprimé. Il a précisé avoir soumis la liste du nouveau gouvernement au président par intérim, Foued Mebazaa. La composition du gouvernement de transition va être scrutée à la loupe par les Tunisiens, qui n’entendent pas se faire confisquer leur révolution dite « du jasmin », qui a fait tomber le régime après un mois d’une révolte populaire sans précédent réprimée dans le sang par le pouvoir déchu et qui s’est soldée par au moins 66 morts. Des centaines de personnes ont manifesté lundi à Tunis et en province, pour demander l’exclusion des hommes politiques liés à l’ancien régime, dont Mohammed Ghannouchi, du nouveau gouvernement. (©AFP / 17 janvier 2011 18h14)  

Tunisie: des élections d’ici 6 mois


DUBAI – Le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi a annoncé lundi l’organisation d’élections générales en Tunisie dans « six mois au plus tard », dans une déclaration à la chaîne de télévision Al-Arabiya. « Des élections seront organisées dans six mois au plus tard », a déclaré M. Ghannouchi, peu après avoir annoncé la formation d’un cabinet d’union nationale chargé de gérer la transition jusqu’aux prochaines élections. « La Constitution prévoit la tenue d’élections dans 45 à 60 jours (…), un délai qui n’est pas suffisant » pour mener les réformes nécessaires à l’organisation d’élections démocratiques, a-t-il ajouté sur Al-Arabiya, une chaîne satellitaire à capitaux arabes émettant depuis Dubaï. Un délai de six mois, convenu lors des consultations avec les partis d’opposition ayant précédé la formation du gouvernement d’union nationale, « est raisonnable », a-t-il estimé. Ce délai permettra au gouvernement de « réformer la législation » et donnera « aux partis le temps de s’organiser et de se préparer aux élections pour que le scrutin ne soit pas de pure forme », a-t-il expliqué. Il a par ailleurs annoncé que « la sécurité commence à se rétablir progressivement » en Tunisie, en proie à des actes de pillage et des exactions, notamment à Tunis et sa banlieue. La rétablissement de la sécurité se fait « malgré la férocité des bandes de sabotage », a-t-il ajouté, indiquant que des membres ce ces bandes « ont été arrêtés » et présentés à la justice. A Tunis, les pillages et saccages sont attribués à des membres de l’appareil sécuritaire liés à M. Ben Ali et cherchant à créer le chaos pour favoriser son retour. « L’armée nationale applique des décisions des autorités civiles. L’armée respecte la République, ce qui est à l’honneur de la Tunisie », a-t-il dit en réponse à une question sur le rôle des militaires dans le rétablissement de l’ordre dans le pays. Une amnistie générale, réclamée depuis des décennies par l’opposition et les organisations de la société civile, « sera à l’ordre du jour du gouvernement », a par ailleurs assuré M. Ghannouchi. Adopter une telle mesure est de nature à « créer une nouvelle atmosphère et à favoriser une réconciliation » nationale, a-t-il ajouté. Mohammed Ghannouchi, dernier Premier ministre du président tunisien déchu Ben Ali, a annoncé lundi un gouvernement d’union nationale, comprenant trois chefs de l’opposition et huit ministres de l’équipe sortante. Au pouvoir depuis 23 ans, le président Ben Ali a fui son pays vendredi après un mois de révolte populaire sans précédent, réprimée dans le sang, et a trouvé refuge en Arabie saoudite. (©AFP / 17 janvier 2011 19h25)  


Tunisie/troubles: l’économie tunisienne a perdu 1,6 md d’euros


TUNIS – La révolte populaire qui a provoqué vendredi la chute du régime tunisien du président Ben Ali et les violences postérieures ont causé 3 milliards de dinars (1,6 milliard d’euros) de pertes à l’économie, a annoncé à la télévision publique le ministre de l’Intérieur Ahmed Friaa. Selon un calcul effectué par l’AFP, basé sur des chiffres du Fonds monétaire international, ce montant représente environ 4% du Produit intérieur brut (PIB) de la Tunisie, qui s’est élevé en 2010 à 39,6 milliards d’euros. M. Friaa a précisé que la révolte populaire d’un mois qui a eu raison du régime de Ben Ali et les violences des derniers jours ont entraîné une perte de 2 milliards de dinars en raison de la paralysie des activités intérieures, et de 1 milliard de dinars à cause de l’arrêt des exportations. L’activité économique du pays est actuellement presque totalement paralysée. La plupart des commerces et des banques sont fermés. L’activité touristique, qui représente 6,5% du PIB et emploie 350.000 personnes est totalement à l’arrêt, depuis l’évacuation précipitée de milliers de vacanciers ces derniers jours. (©AFP / 17 janvier 2011 19h25)  

Tunisie: les violences en Tunisie ont fait 78 morts et 94 blessés


TUNIS – Les violences commises en Tunisie pendant la révolte populaire qui a précipité le 14 janvier la chute du régime de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali et les troubles qui ont suivi ont fait 78 morts et 94 blessés, a déclaré lundi le ministre de l’Intérieur, Ahmed Friaa. Le précédent bilan officiel annoncé le 11 janvier, avant le changement de pouvoir, était de 21 morts. Les troubles ont fait au moins 66 morts avait annoncé de son côté la semaine dernière la présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), Souhayr Belhassen. La plupart des victimes ont perdu la vie lors de la féroce répression policière de la révolte populaire qui a débuté mi-décembre dans le centre-ouest déshérité du pays. La police a tiré à balles réelles à de nombreuses reprises sur des manifestants. S exprimant à la télévision publique, le ministre tunisien de l’Intérieur a souligné lundi que « plusieurs » membres des forces de sécurité figuraient parmi les victimes. Mais il n’a pas précisé si ces derniers avaient été tués lors de heurts avec des manifestants, ou s’ils étaient tombés sous les balles des miliciens en armes loyaux à l’ancien homme fort du pays depuis sa fuite en Arabie Saoudite vendredi. (©AFP / 17 janvier 2011 19h46)

Tunisie: les violences en Tunisie ont fait 78 morts


TUNIS – Les violences commises en Tunisie pendant la révolte populaire qui a précipité vendredi la chute du régime de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali et les troubles postérieurs ont fait 78 morts au total, a déclaré lundi le ministre de l’Intérieur, Ahmed Friaa. Les troubles ont également fait 94 blessés, a indiqué M. Friaa à la télévision publique. Le précédent bilan gouvernemental annoncé le 11 janvier, avant le changement de pouvoir, était de 21 morts. Les troubles ont fait au moins 66 morts avait annoncé de son côté la semaine dernière la présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), Souhayr Belhassen. La plupart des victimes ont perdu la vie lors de la féroce répression policière de la révolte populaire qui a débuté mi-décembre dans le centre-ouest déshérité du pays. La police a tiré à balles réelles à de nombreuses reprises sur des manifestants. Le ministre de l’Intérieur a souligné que « plusieurs » membres des forces de sécurité figuraient parmi les victimes. Mais il n’a pas précisé si ces derniers avaient été tués lors de heurts avec des manifestants, ou s’ils étaient tombés sous les balles des miliciens en armes loyaux à l’ancien homme fort du pays depuis sa fuite vendredi en Arabie Saoudite. Les miliciens pro-Ben Ali se sont livrés à de nombreuses exactions ces derniers jours pour terroriser la population et plomber « la révolution du jasmin ». Des affrontements armés les ont opposés dimanche aux forces loyalistes aux nouvelles autorités de transition dans le centre de Tunis et la zone du palais présidentiel de Carthage. « Les choses se rétablissent peu à peu et on se dirige vers de meilleures conditions de sécurité », a assuré le ministre de l’Intérieur. « Mais il faut rester vigilants car il y a encore des éléments dangereux qui veulent créer le vide », a-t-il ajouté. (©AFP / 17 janvier 2011 20h20)


Tunisie: six membres de l’ancien gouvernement reconduits


Mohammed Ghannouchi, dernier Premier ministre du président tunisien déchu Ben Ali, a annoncé ce lundi qu’il avait formé un gouvernement d’union nationale. Comprenant trois chefs de l’opposition, il est chargé de gérer la transition jusqu’aux prochaines élections. Des centaines de personnes ont manifesté ce lundi à Tunis. M. Ghannouchi a donné la liste des 19 ministres du « gouvernement d’union nationale » chargés de gérer le pays jusqu’à la tenue de prochaines élections présidentielle et législatives, prévues dans « six mois au plus tard ». « C’est un gouvernement qui intègre les différents partis et les composantes de la société civile », a souligné M. Ghannouchi. Trois chefs de partis politiques de l’ancienne opposition au régime du président Zine El Abidine Ben Ali en font partie. Six membres reconduits Six membres de l’ancien gouvernement Ben Ali ont été reconduits, dont le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et le ministre de l’Intérieur. Mohammed Ghannouchi a également annoncé la libération de tous les prisonniers d’opinion et la levée de l’interdiction d’activité de toutes les ONG, dont la Ligue tunisienne des droits de l’Homme. Il a assuré que tous les partis politiques qui le demanderont seront légalisés « dans l’immédiat ». Le ministère de l’Information, accusé de censurer la liberté de la presse et d’expression dans le pays, a lui été supprimé. Manifestation à Tunis La composition du gouvernement de transition va être scrutée à la loupe par les Tunisiens. Ceux-ci n’entendent pas se faire confisquer leur révolution, qui a fait tomber le régime après un mois de révolte, réprimée dans le sang par le pouvoir déchu et qui s’est soldée par au moins 78 morts et 94 blessés, selon un bilan annoncé ce lundi par le ministère de l’intérieur. Des centaines de personnes ont manifesté ce lundi à Tunis et en province pour demander l’exclusion du gouvernement des hommes politiques liés à l’ancien régime. (ats / 17 janvier 2011 21:30)


Tunisie: un blogueur et une cinéaste dans le cabinet d’union nationale


TUNIS – Un cyberdissident très actif, emprisonné pendant la « révolution du jasmin » en Tunisie, Slim Amamou, fait partie de la composition du nouveau gouvernement d’unité nationale de transition annoncé lundi, tout comme la cinéaste Moufida Tlatli, nommée à la Culture. Arrêté dans les derniers jours du régime du président déchu Zine el Abidine Ben Ali, Slim Amamou, avait été libéré le 13 janvier. Sa libération était intervenue, après un discours de l’ex-président tunisien annonçant la levée complète de la censure des sites Internet après la pression de la rue qui l’a poussé finalement à s’enfuir. Il a été nommé secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports. Autre entrée au gouvernement de transition, celle de la cinéaste Moufida Tlatli qui va occuper le poste de ministre de la Culture. Elle s’est rendue célèbre par son long-métrage intitulé les Silences du palais, qui a remporté de nombreuses récompenses internationales, dont le Tanit d’or des Journées cinématographiques de Carthage et une mention du jury de la Caméra d’or au Festival de Cannes. M. Amamou et Mme Tlatli font partie des nouvelles figures indépendantes et d’opposition qui font leur entrée dans un gouvernement qui doit préparer la transition du pays vers un régime démocratique. Dans un entretien à la chaîne française Public Sénat, le blogueur a fait part de sa « très grande surprise » d’avoir intégré le nouveau gouvernement, expliquant que la proposition d’y entrer lui avait été faite « peu avant l’annonce officielle ». « J’ai dû prendre la décision en quelques minutes », raconte-t-il. Slim Amamou défend aussi le nouveau gouvernement, où l’équipe sortante conserve toutefois les postes clés: « Au sujet des anciens ministres de Ben Ali, il n’y a pas vraiment de choix, il faut être réaliste quand même », explique-t-il. « Si vous voulez des gens qui ont du métier et savent ce qu’ils font, il faut faire appel à ces personnes », poursuit le blogueur, qui pense aussi que sa nomination « n’est pas une manière de s’assurer du soutien des internautes mais de s’approcher d’eux et d’avoir leurs avis ». (©AFP / 17 janvier 2011 21h29)

 


 

Parti du Travail Patriotique et Démocratique:
Liberté Justice Progrès Egalité Déclaration (Extraits)

Le Parti du Travail Patriotique et Démocratique salue le peuple de Tunisie pour l’œuvre grandiose qu’il a réalisée en participant au soulèvement général dont la première étincelle a éclaté à Sidi Bou Zid avec le martyr du jeune Mohamed Bouazizi, et qui a abouti à la chute du dictateur Ben Ali. Ce soulèvement a été véritablement un mouvement populaire général, initié par le peuple et réalisé par le peuple. Aujourd’hui, après la fuite du tyran et la chute des éléments les plus extrémistes de son système, le Parti tient à mettre l’accent sur les tâches et les points urgents suivants : 1) Mobiliser toutes les forces pour venir à bout des bandes criminelles qui pratiquent le pillage et la terreur au service des secteurs les plus extrémistes du régime de Ben Ali… 2) Soutenir et élargir les « Comités Citoyens de défense civile » qui ont été constitués dans les quartiers pour protéger les citoyens et assurer la sécurité des personnes et des biens. 3) Mobiliser tous les moyens de l’Etat pour rétablir la sécurité, afin de ramener les forces de police et de l’armée à leurs casernes. 4) Créer rapidement un comité national d’enquête sur le recours aux tirs à balles réelles ; poursuivre les responsables… ; démettre les préfets, sous préfets… 5) Créer rapidement un comité national d’enquête sur la corruption et l’enrichissement illégal, et lui donner tous les moyens de poursuivre ceux qui ont agi de la sorte, d’exproprier les biens acquis de façon illégale et de restituer les biens saisis à leurs propriétaires. 6) Créer rapidement un comité national de fondation démocratique, pour rompre avec le système inique qui a prévalu de 1955 à 2011, et fonder un nouveau système qui garantit les libertés, offre les garanties d’élections transparentes, et consolide les acquis progressistes que le peuple a obtenus grâce à ses luttes. 7) Demander au Gouvernement provisoire de répondre aux revendications du mouvement de protestation du peuple et de la jeunesse, en coordination avec la centrale syndicale (l’UGTT) et les forces vives du pays…, et loin des diktats de l’Union Européenne au sujet de la libéralisation des échanges économiques et des services… 8) Demander au gouvernement provisoire de reconnaître immédiatement le Parti du Travail Patriotique et Démocratique…ainsi que tous les partis et organisations civiles. 9) Appeler le Gouvernement provisoire à couper les liens entre le parti RCD et l’Etat, et de restituer immédiatement au domaine public les biens dont ce parti s’est emparé. 10) Demander au gouvernement provisoire d’offrir toutes les facilités à l’Union des étudiants, le syndicat des journalistes, l’association des magistrats et la ligue des droits de l’Homme afin qu’ils encadrent les citoyens, et maintiennent le destin du pays entre les mains des Tunisiens, loin des ingérences des forces hégémoniques étrangères. 11) Le Parti déclare qu’il exercera, à l’égard du gouvernement provisoire, une politique d’opposition critique positive. 12) Le Parti affirme qu’il continuera de consolider ses relations avec toutes les forces nationales, démocratiques et progressistes, dans le cadre du combat contre l’impérialisme, le sionisme et la réaction, pour la souveraineté nationale, la Démocratie et le progrès. Le Parti remercie tous ceux, dans le monde arabe et dans le monde entier, qui ont soutenu le combat de notre peuple, et l’ont ainsi aidé à réaliser cette grande victoire. Tunis, le 16 Janvier 2011 Parti du Travail Patriotique et Démocratique de Tunisie  


Vigilance Tunisie

Appel de détresse La Tunisie censure toujours et de plus belle


Les démocrates laïcs, ceux qui ont été à l’écoute de la rue survoltée, ceux-là même qui ont été les porte-parole de la révolution du jasmin – Sont interdits d’antenne à El Jazira qui s’est mue en télévision nationale, la TV 7 tant décriée – Les télévisions locales, les radios, la presse écrite sont toujours fermées – Nos communications téléphoniques sont filtrées et sur écoute – Nos pages face books piratées – Nos adresses e-mail perturbées – Nos déplacements limités – Nos vies menacées – La désinformation bat son plein Pour le comité de vigileance Taoufik Ben Brik  


APPEL URGENT AU PEUPLE HÉROÏQUE DE TUNISIE

 Pour immuniser le peuple tunisien contre la dictature et l’oppression et pour l’instauration d’un véritable régime démocratique en Tunisie.


 

Cher(e)s compatriotes,

Vous, qui venez d’accomplir une réelle prouesse dont rêvent encore tous les peuples arabes, et bien au-delà, soumis à la dictature et à l’oppression, nous vous conjurons de demeurer vigilants. Nous vivons un tournent décisif dans l’histoire de notre pays. L’avenir de la Tunisie dépend de votre vigilance.

Nous devons garder en mémoire le sang des martyrs qui se sont sacrifiés afin que la Tunisie puisse enfin recouvrer la liberté tant espérée par notre peuple depuis plus de 50 ans.

Des milliers de tunisiens se sont sacrifiés depuis la guerre d’indépendance pour que la Tunisie puisse bénéficier de la liberté et de la démocratie tant espérées et, jusqu’à présent, jamais réalisée ;

Aujourd’hui nous avons une chance inouïe, grâce aux sacrifices héroïques de nos compatriotes, de construire un véritable État de droit fondé sur les principes d’égalité, de séparation réelle des pouvoirs, d’indépendance concrète de la justice, et de représentativité reflétant fidèlement la volonté populaire ; qu’il est de notre devoir de saisir et de concrétiser ;

À cet effet, nous nous permettons de faire les 10 propositions suivantes, en tant que simples citoyens soucieux d’un avenir meilleur pour notre chère Tunisie :

1)    Pour que le changement puisse être profond et durable comme le souhaite le peuple tunisien, il convient avant tout d’élire une Assemblée Constituante qui sera chargée de la rédaction d’une nouvelle Constitution démocratique devant se traduire par l’abandon du régime présidentiel et l’instauration d’un régime parlementaire (rationalisé) à majorité stable. La nouvelle Constitution doit être approuvée par voie de référendum.

Les motifs : le peuple tunisien a souffert, depuis l’indépendance et notamment depuis 1987, du pouvoir personnel du « président de la république » qui a englouti tous les autres pouvoirs et toutes les fonctions de l’État.

La constitution actuelle favorise la personnification du pouvoir au profit du président de la République, et étouffe toutes les autres institutions. Ce déséquilibre institutionnel doit être purement et simplement aboli, afin que l’expérience douloureuse qu’a connue le peuple tunisien depuis l’indépendance ne puisse pas se reproduire.

La soif de liberté et de démocratie doit être « assouvie » en permettant aux tunisiens de s’organiser librement dans le cadre de partis politiques démocratiques et d’associations. Ils doivent être représentés sur la base d’un système électoral proportionnel qui leur permettra d’être présentés au sein de la nouvelle assemblée nationale. C’est le meilleur moyen de faire parvenir la voix du peuple au gouvernement, et de contrôler étroitement l’action de ce dernier.

Certains ne manqueront pas d’invoquer l’instabilité « inhérente » aux régimes parlementaires en vue de discréditer ce choix. Des correctifs peuvent être apportés au risque d’instabilité en posant le principe d’impossibilité de « renverser » le gouvernement hors le cas d’une majorité absolue de l’Assemblée se prononçant au scrutin public contre la confiance. D’autres garde-fous existent et peuvent être prévus par la nouvelle Constitution.

2)    Toutes les garanties institutionnelles pouvant favoriser le contrôle du pouvoir exécutif doivent y être proclamées.

Les motifs : La question de confiance est LA technique de censure par excellence de l’exécutif défaillant, mais il convient d’encourager le renforcement du « pouvoir » des médias et de toutes les composantes de la société civile en vue de créer un véritable contre-pouvoir qui surveille, contrôle, interpelle, demande des comptes aux gouvernants, dénonce et contribue à imposer des sanctions à l’encontre de tous les responsables, ministres, députés, etc.

Le peuple tunisien a été spolié de sa liberté et de sa souveraineté durant toute son histoire moderne, il doit par conséquent la recouvrer entièrement.

Il s’agirait, en un mot, d’immuniser le peuple tunisien contre tous les risques de rechute dictatoriale.

3)    Le droit de résistance à l’oppression doit expressément figurer dans cette constitution.

Les motifs : toujours dans le souci d’immuniser le peuple tunisien contre toute possibilité de retomber « en esclavage » d’un pouvoir exécutif omnipotent et liberticide, ce droit (la résistance à l’oppression) doit servir d’épée de Damoclès sur la tête de tous ceux qui seraient tentés d’usure que le pouvoir, l’utiliser à des fins personnelles ou de le retourner contre le peuple.

 

Nous devons nous inspirer des exemples allemand et grec pour faire comprendre aux nouveaux dirigeants que le pouvoir dont ils disposeront ne sera accepté que s’il est légitime, c’est-à-dire émanant d’une volonté populaire s’exprimant en toute liberté et sans aucune entrave…

4)    « L’autorité judiciaire » doit être reconnue en tant que véritable pouvoir indépendant des deux autres pouvoirs législatif et exécutif, en insistant particulièrement sur son indépendance et en reconnaissant le principe d’inamovibilité des juges, et du principe de l’élection libre et démocratique de tous les membres du conseil supérieur de la magistrature.

Les motifs : entourer la justice de toutes les garanties possibles (intrinsèques est extrinsèques) pour qu’elle ne puisse jamais plus être asservie par le pouvoir exécutif, ou par tout autre pouvoir de l’État.

La justice asservie à arrêter une pièce maîtresse dans le dispositif oppressif de la dictature. Elle doit se transformer en un levier à l’instauration d’un véritable État de droit ; la soumission du pouvoir à la règle de droit.

5)    La future Constitution doit également adopter clairement  TOUS les droits fondamentaux reconnus par TOUS les instruments internationaux notamment ceux relatifs aux droits civils et politiques tels que contenus dans les pactes y afférents et leurs protocoles additionnels. Un mécanisme d’intégration automatique (à l’espagnole) des acquis universels (en matière de droits de l’homme) doit y être adopté.

Les motifs : le peuple tunisien s’est retrouvé quasiment désarmer contre une dictature assassine qu’il avait spoliée de l’ensemble de ses droits fondamentaux inaliénable.

Pour que cela ne se reproduise plus jamais, nous proposons que la nouvelle constitution adoptée à mécanismes d’intégration automatique de tout ce que l’humanité produise en matière de droits de l’homme.

L’adhésion au tribunal pénal international doit se faire dans les plus brefs délais pour que la Tunisie puisse faire son deuil en engageant des poursuites judiciaires contre tous les bourreaux à commencer par le dictateur déchu Ben Ali.

L’instauration de ce mécanisme de transcription automatique (dans l’ordonnancement juridique national) des valeurs universelles des droits de l’homme, permettra au peuple tunisien, outre le fait que de s’immuniser contre toute velléité liberticide, de barrer la route à toute tentation obscurantiste pouvant se traduire par une renonciation aux acquis dans le domaine du statut personnel et de la famille…

6)    Le principe de la justice sociale, en tant qu’expression économique du principe démocratique, doit figurer au fronton de cette constitution.

Les motifs : l’injustice sociale se trouve à la base de la révolution qui a conduit à la fuite du dictateur déchu. Que ce soit à Gafsa, à Ben Guerdane ou à Sidi Bouzid (comme ailleurs),   les disparités sociales, l’accapara sur des richesses par une infime minorité, le chômage et la misère ont été les ressorts de la révolution.

Si la démocratie (et la souveraineté populaire) est la réponse adéquate aux aspirations à la liberté qu’a exprimée le peuple tunisien, la justice sociale est l’autre versant à ces mêmes aspirations…

7)    Aucune loi ou règlement ne doit aller à l’encontre des droits fondamentaux reconnus par la constitution. Ces lois et ses règlements doivent se limiter à organiser et à garantir l’exercice effectif desdits droits.

Les motifs : il a été constamment remarqué durant le quart de siècle de pouvoir dictatorial, que les lois ont été systématiquement liberticides et ont vidé les libertés fondamentales constitutionnellement reconnues de leur contenu.

Qu’il s’agisse de la loi sur les partis politique ou de celle sur les associations, ou de celle encore sur les médias, elles sont toutes liberticides et ont contribué au renforcement de la dictature.

La conjugaison des pouvoirs du peuple organisé dans des associations autonomes ou des partis politiques indépendants et souverains, ainsi que des médias eux aussi indépendants, avec le pouvoir réel d’un conseil constitutionnel (pouvant être saisi sur initiative individuelle des citoyens justiciables), est à même de constituer un rempart face au détournement de pouvoir et à la dénaturation des droits fondamentaux constitutionnellement garantis.

8)    Un vrai Conseil Constitutionnel réellement indépendant de toutes les autres autorités, composé de personnalités compétentes dans le domaine du droit constitutionnel, doit être créé, avec la possibilité de saisine simplifiée accordée aux justiciables (s’inspirer des exemples : allemand, américain, français, etc.). Nous allons jusqu’à même proposer la présidence de ce conseil à Monsieur le professeur YAD BEN ACHOUR.

Les motifs : il s’agit là d’une pièce maîtresse dans le futur dispositif institutionnel de la deuxième république tunisienne démocratique et sociale.

La compétence et le patriotisme constitutionnel sans les seuls critères de choix des membres dudit conseil, dont les décisions doivent obligatoirement lier tous les pouvoirs de l’État. Ils s’imposent dès lors prononcé.

Nos exemples de référence doivent être le tribunal constitutionnel de Karlsruhe (Allemagne) et la cour constitutionnelle américaine. L’expérience française est trop restrictive pour qu’elle « assouvisse » notre soif de justice, de liberté, d’Etat de droit… et surtout de participation citoyenne à la préservation de l’ordre républicain démocratique

9)    L’interdiction du RCD et la dissolution de toutes ses « cellules professionnelles », ainsi que la confiscation des biens meubles et immeubles (et l’interdiction de « ses » journaux et médias, etc.) qu’il s’est appropriés au détriment de l’Etat, et les restituer à leur propriétaire légitime (le peuple souverain). Placer tous les partis (à l’exception du RCD) sur le même pied d’égalité quant aux moyens (notamment médiatiques et financiers) et chances électorales.

Les motifs : depuis son existence, le Parti Socialiste Destourien et son succédané le Rassemblement Constitutionnel Démocratique, s’est approprié les biens de l’État et ses moyens à des fins partisanes. Il y a eu une confusion délibérée entre le parti et l’État, entre celui-ci et l’administration, etc.

Le parti du dictateur ne se trouve pas aujourd’hui sur le même pied d’égalité que les autres partis et les forces vives de la Tunisie libérée. Sa légitimité étant elle-même mise en question, il doit s’effacer de la vie publique pour laisser se déployer l’expression libre du peuple tunisien.

Le RCD endosse une responsabilité colossale dans l’asservissement du peuple tunisien, dont ses responsables doivent répondre. Ce parti dictatorial a œuvré  en vue de soutenir la « candidature » du dictateur en vue d’une énième fausse élection qui devait le conduire à se succéder à lui-même, et perpétuer ainsi la servitude du peuple tunisien. Dans tous les secteurs de l’économie nationale et de la vie sociale, le RCD a joué un rôle éminemment policier et oppressif, usant de pratiques mafieuses, qui ont eu pour résultat l’asservissement des forces vives de la Tunisie.

L’interdiction du RCD est la condition sine qua non d’une expression libre de la volonté populaire du peuple tunisien.

10)   Interdire de manière absolue la modification substantielle du régime démocratique (et social) instauré par la constitution à venir, (moyennant s’il le faut le recours au droit de résistance à l’oppression).

Les motifs : cette disposition de sauvegarde est indispensable pour garantir la stabilité du régime démocratique à venir.

Elle est capitale et devrait conditionner l’admission des différents acteurs dans le « jeu politique » qui doit s’instaurer dans la nouvelle République tunisienne.

Qu’il s’agisse d’extrême droite ou d’extrême gauche, qui tenteraient de modifier substantiellement la nature du régime démocratique qui sera mis en place, doivent être institutionnellement et légitimement neutralisés.

Attenter à la nature du régime démocratique instauré par la seconde République tunisienne doit être caractérisé de crime d’État sanctionné par une peine incompressible de privation de liberté (la peine de mort devant être aboli dans le cadre de la seconde République).

 

 Le Groupe Anonyme pour un

Comité de Salut Public Tunisien


PLUS JAMAIS l’ RCD.


A vrai dire, beaucoup d’encre a coulé, dont le mien propre, depuis longtemps,pour lancer des SOS et dénoncer l’absurde. Cela fait plaisir de se retrouver en tant que tunisiens, en association avec la conscience universelle, à un moment plus qu’historique, parce que simplement existentiel. La révolution tunisienne a bien commencé, malgré le travail de sape exercé par des forces maléfiques internes mais aussi étrangères, surtout occidentales, dans un entourage géographique infesté par le despotisme. Rien qu’un coup d’oeil sur les voisins immédiats, la Libye à l’Est et l’Algérie à l’Ouest, ne peut qu’être édifiant. Les lèvres de chameau Kadhafi vient de nous faire pleurer et regretter ce qu’on vient d’asséner à notre ZABA BABA et ses quarante voleurs. Il regrette qu’on ait raté le coche parce qu’on aurait du garder son semblable, notre brebis galeuse à vie. Ces êtres qui vivent en dehors de l’histoire et de la géographie ne ratent jamais l’occasion de nous épargner leur diarrhée verbale, avant de nous arroser, quand ils prennent la poudre d’escampette, de leur dysenterie intestinale. Que Dieu nous en préserve ! Ne laissons pas revenir l’abominable, rappelons-nous les promesses du despote le 07 Novembre 1987. Ce sont les mêmes que présentent actuellement la clique du RCD et une « opposition » d’arrivistes, dans leur schéma de gouvernement d’unité nationale à former demain lundi 17 Janvier 2011 déjà, en précipitation. N’écoutons plus les mêmes subterfuges. Je dois dire que, pour bien conclure cette histoire et être fidèles à nos morts, il faut : 1) Refuser de s’associer de quelque manière que ce soit avec les caciques du RCD, dans aucune entreprise politique. Leur place est plutôt en prison, comme leur patron en fuite. Dans le cas contraire, on aura trahi franchement la révolte populaire, encore présente, et ses nombreuses victimes, ainsi que l’espoir tant éveillé parmi le pauvre peuple. A chacun donc de porter son entière responsabilité le jour J. A l’heure où j’écris ces lignes, un affrontement violent tourne entre l’armée nationale, patriotique (elle n’a tiré sur aucun citoyen jusqu’aujourd’hui), et la garde du parrain Zinochet et son RCD, autour du palais de Carthage. 2) Former une assemblée constituante, afin d’écrire une nouvelle constitution (le Destour), remplaçant l’ancienne qui a été prostituée par le baudet en fuite. 3) Former un gouvernement de salut national provisoire (sans aucun élément du RCD), en attendant des élections pluralistes libres et démocratiques, à effectuer en l’espace de six mois, afin d’aboutir à une assemblée nationale et un président de la république, qui choisira un premier ministre qui, à son tour formera un gouvernement.

4) Organiser ensuite des élections de collectivités locales, professionnelles et syndicales. 5) Ne plus permettre de diktat de quelque sorte que cela puisse être. D’autre part, de la même manière que d’écarter le RCD (parti défunt de BEN ALI), il faut balayer tous ses reliquats. Ainsi l’UGTT, la seule centrale syndicale, qui a guidé la révolution, malgré le travail de sape de son prétendu secrétaire général Abdessalem JERAD et son adjoint, tous deux thuriféraires du parti de la maffia, doit faire le ménage en son sein. J’appelle donc tous les patriotes à barrer la route aux RCDistes, pour ne plus leur permettre à nouveau d’entrer par la fenêtre alors qu’on a chassé leur parrain en chef par la porte. Faisons gaffe, sinon ils nous enterrerons vivants. J’appelle donc le peuple à redescendre dans la rue et finir le travail. C’est l’occasion ou jamais. RABAM, un survivant à BENAVI (BEN ALI A VIE).  

GOUVERNEMENT DE GAUCHE : GOUVERNEMENT DE SCISSION NATIONALE ?


Un gouvernement de gauche . C’est la première impression donnée par la composition du gouvernement tunisien après la chute de la dictature. En commencent par les trois partis représentés au sein de ce gouvernement : communiste ou socialiste. Les personnalités de la société civile ou issue de la centrale syndicale ont tous une orientation idéologique de gauche. Les autres ministres sont des personnalités technocrates issues de l’ancien pouvoir. Ils sont le gage pour les chancelleries étrangères d’une bonne transition. Car ce gouvernement , même pour deux mois, va certainement influencer sur la tournure des évènements à venir. Les animateurs des trois commissions sont connus. Ils ont accomplis les même taches lors du 7 /11/1987. Quelles garanties ?!. Qui représente ce gouvernement ?. L’ampleur des évènements a surpris tout le monde. On fait tout maintenant pour contenir cet élan de changement. Ce sera une révolte et non une révolution. Une révolution qui change l’échelle des valeurs en politique, la culture de la pratique démocratique. On va aboutir à un toilettage des institutions et du discours officiel. La priorité devient l’établissement de l’ordre. Alors que le peuple s’est soulevé contre cet ordre. Et il ne va pas s’arrêter au milieu du chemin . Au nom de quelle légalité les autres courants culturels et politiques sont exclus . Il n’y a qu’une légalité celle des tunisiens et des tunisiennes exprimé aujourd’hui dans la rue et que tout le monde est appelé à respecter. Signe de cette défaillance : la manifestation de ce jour lundi scandant la dissolution du parti RCD n’a pas été repris par les médias officiels. Ahmed BEN AMOR Paris le 17/01/2011  


C’est le coeur en fête que j »ai suivi la suite des événements via le Web depuis la semaine dernière.


Les citoyens tunisiens qui ont osé manifester et affronter la police à mains nues durant des semaines sans discontinuer impressionnent et redonnent confiance en l’humanité. Merci pour cette leçon de courage ! Les indicateurs d’une révolution démocratique en Tunisie ne cessent de se multiplier sous nos yeux : fuite du dictateur mafieux et de sa famille, défections de plus en plus évidentes au sein de l’armée, incapacité permanente de Ben Ali déclarée par le Conseil Constitutionnel, et gouvernement provisoire sur lesquels siègent MM Najib Chebbi et Mustafa Ben Jaafar, deux opposants peu susceptibles de faire des concession. Et, petit détail mignon, la démission trop facile de Mezri Haddad à la toute dernière minute. Félicitations! Que la lutte continue pour la disparition complète de l’appareil mis en place par le dictateur déchu. Lise Garon, professeure Université Laval Canada  


Tunisie – Divergences de l’opposition face à un système-RCD relooké


Ecrit par Yassin Temlali http://www.maghrebemergent.com/actualite/maghrebine/1893-tunisie-divergences-de-lopposition-face-a-un-systeme-rcd-relooke.html La transition démocratique va-t-elle être menée par le parti officiel, le RCD moyennant un petit lifting et quelques figures honnies offertes en pâture à la vindicte populaire ? Au-delà de l’euphorie et des inquiétudes, les signes d’un changement politique radical ne sont pas évidents. Le système RCD relooké pourrait profiter des divergences de l’opposition pour rester au pouvoir. Ici, un état des lieux des forces en présence et de leurs vues dans une Tunisie en ébullition. Ils sont rares les signes d’un changement politique radical qui ferait de la chute de Zine El Abidine Ben Ali le début d’une époque nouvelle et non d’une autre « Ere du changement ». Le pays est gouverné par un symbole du Parti officiel, Fouad Mbazaâ, qui, pas plus tard qu’en novembre 2010, priait l’ancien président de se porter candidat aux présidentielles de 2014. Le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, est celui-là même dont le gouvernement a réprimé les manifestations de ces dernières semaines, et bien qu’il soit présenté comme un simple « technocrate », son image ne peut être dissociée de celle de l’Etat-RCD. Les élections présidentielles annoncées dans quelque deux mois seront organisées par ces deux hommes, qui traînent le boulet de leur appartenance à un régime massivement rejeté pendant un mois de troubles. Les manifestants arrêtés depuis le 18 décembre 2010 ont été libérés mais des militants politiques sont encore sous les verrous, dont Ammar Amroussia, un dirigeant du PCOT, le journaliste Fahem Boukeddous et Hassan Ben Abdallah, dirigeant de la contestation populaire dans le Bassin minier de Gafsa (janvier-juin 2008). L’armée, présentée comme « neutre », semble déterminée à assurer la continuité du système sous une forme aménagée. Si elle fait arrêter d’anciens ministres de l’Intérieur, elle offre sa protection à d’autres anciens responsables non moins impliqués dans les exactions policières de ces 23 dernières années. Le « modèle tunisien », célébré par le FMI et la Banque mondiale, et dont l’échec a été magistralement démontré, n’est pas remis en cause. On a presque déjà oublié que le feu de la révolte qui a provoqué la chute d’un des plus anciens despotes de la région s’est allumé dans l’arrière-pays déshérité, marginalisé par un système économique très dépendant de l’économie européenne. Seule la corruption est dénoncée et seuls Ben Ali et sa famille sont désignés à la vindicte populaire, comme si le pillage des ressources tunisiennes était le fait d’une poignée d’hommes et de femmes et que personne au sein du Parti-Etat n’avait profité de leurs largesses ou leur a offert sa protection. Gouvernement d’union nationale… L’opposition aborde ce nouveau contexte divisée en deux camps. Le premier rassemble les partisans d’une transition douce que conduirait un gouvernement de coalition. Il comprend le Parti démocratique progressiste (PDP) de Mohamed Nedjib Chebbi, le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) de Mustapha Ben Djaafer et El Tajdid (ancien Parti communiste), présidé par Ahmed Brahim. Les deux premières personnalités ont en commun d’avoir été empêchés de se porter candidats aux présidentielles par une loi électorale qui exigeait d’eux le soutien préalable à leur candidature de dizaines d’élus. Ahmed Brahim, quant à lui, a affronté Ben Ali lors de l’élection de 2009 et, naturellement, il n’avait nulle chance d’obtenir plus que 1,57 % des suffrages exprimés. Les trois hommes ont, toutefois, des parcours contrastés. Mohamed Nejdib Chebbi est issu de la gauche radicale, plus précisément de l’organisation maoïsante appelée El Amel El Tounsi (le Travailleur tunisien), dont est également issu le Parti communiste ouvrier de Tunisie (PCOT). Mustapha Ben Djaafer est un ancien militant du Parti socialiste destourien (ancêtre du Rassemblement constitutionnel démocratique, RCD) qu’il a quitté avant de créer, avec d’autres dissidents, le Mouvement des démocrates socialistes (MDS), en 1978, et le FDTL, en 1994. …Assemblée constituante Le second camp estime qu’une véritable transition passe par le « démantèlement du système Ben Ali » et l’élection d’une assemblée constituante qui rédigerait une nouvelle Constitution. Il comprend le PCOT et le mouvement islamiste El Nahda, qui ne rejette pas l’option d’un gouvernement d’union (Habib El Louz, Al Djazira, 16 janvier 2011) s’il n’est pas conduit par un des symboles du RCD, à l’image de l’actuel Premier-ministre (Rached Ghanouchi, Al Djazira, 15 janvier). Cette attitude est partagée par des militants démocrates à l’exemple de Sihem Ben Sedrine, du Conseil national pour les libertés (CNLT). Le Congrès pour la République (CPR) de l’ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, Moncef Merzouki, paraît proche des positions radicales de ses anciens partenaires au sein du « Front démocratique du 18 Octobre ». Comme les responsables d’El Nahda, il accepte l’idée d’un gouvernement unitaire mais pas dans le cadre du système-RCD (« El Watan, 15 janvier 2011). PDP et El Tajdid : le préalable d’une amnistie générale Il n’est pas sans signification que le premier camp soit composé de partis reconnus (le PDP depuis 1988, le FDTL depuis 2002 et El Tajdid depuis 1981, sous le nom de Parti communiste tunisien) qui espèrent passer à la postérité comme les artisans de la transition tout en faisant l’expérience de la gestion des affaires publiques. Ces partis ne jugent pas le présent cadre constitutionnel totalement inadéquat pour amorcer une mutation démocratique et perçoivent l’ancien-actuel Premier ministre, Mohamed Ghanouchi, comme une « personne non corrompue » (Attia Athmouni, du bureau politique du PDP « Le Journal du Dimanche », 16 janvier 2011). Ils ne conditionnent leur participation à un gouvernement d’union que par la proclamation d’une amnistie générale et la reconnaissance des courants qui « ont déjà déposé des demandes d’agrément sans jamais l’obtenir » (cette formulation pourrait exclure El Nahda). Ils évoquent, certes, la refonte de l’arsenal juridique hérité de l’ère Ben Ali (loi électorale, etc.), mais ils n’envisagent pas de la mener dans le cadre d’institutions totalement nouvelles. Le deuxième camp est composé, quant à lui, de partis qui n’ont pas subi seulement d’importantes restrictions à leur activité (PDP, El Tajdid), mais la négation pure et simple de leur droit à l’existence et qui redoutent que cette injustice ne perdure encore. Le PCOT et El Nahda attirent l’attention sur le fait que la Constitution tunisienne a été taillée sur mesure pour les deux seuls présidents qui ont gouverné le pays depuis son indépendance, il y a de cela 55 ans. Ils rappellent que le 7 novembre 1987, Ben Ali a fait à l’opposition des promesses d’ouverture avant de lui réserver une impitoyable répression. Une autre ligne de partage : la légalisation d’El Nahda Une autre ligne de partage pourrait bientôt traverser l’opposition et séparer les partisans de la légalisation du courant islamiste de ses adversaires. A priori, le PDP, le PCOT et le CPR (ces deux derniers, eux-mêmes illégaux), ne verront pas d’un mauvais œil la reconnaissance d’El Nahda mais ce ne sera pas forcément le cas d’autres forces, comme El Tajdid, rétif à l’idée de donner une légitimité politique à des mouvements religieux. Les positions de l’ancien Parti communiste sur cette question bénéficient du soutien d’autres groupes (non reconnus) comme Parti socialiste de gauche (une scission du PCOT), qui ont été ses alliés au sein de l’Initiative démocratique (présidentielles 2009). Elles pourraient être aussi soutenues par des associations qui craignent que la légalisation d’El Nahda n’annonce la fin de la laïcité spécifique tunisienne et la remise en cause des droits des femmes. Le régime relooké de Fouad Mbazaâ pourrait, de son côté, agiter l’épouvantail d’une prise de pouvoir par les islamistes, pour convaincre les grandes puissances d’entériner le changement contrôlé qu’il a amorcé et diviser l’opposition comme Ben Ali a réussi à le faire après le coup d’Etat du 7 novembre 1987.  


Soyons UN, Soyons TOUS.


Chabbi.M Ne cédons pas à l’euphorie, ni aux promesses des marchands du temple. Sans une pression de la rue, les tunisiens se feront confisquer leur révolution par ces mêmes hâbleurs qui déjà en 1987 applaudissaient BEN ALI, ce dictateur s’est servi .d’eux pour installer sa dictature, puis il les avait éconduit, leur irresponsabilité avait coûté des milliers et des milliers de torturés et de morts aux tunisiens, ne laissons plus faire ces arrivistes, prenons nos responsabilités pour pérenniser la démocratie, et cela ne pourra jamais se faire avec le personnel politique de BEN ALI et de la dictature encore en place , aujourd’hui, au sommet de l’état, ni avec les quelques opportunistes de l’opposition qui sont juste un rideau de fumée, pour nous faire avaler toutes les couleuvres, en ces temps historiques, nous tunisiens, et plus que jamais, nous devons être vigilent, et éviter le renoncement à nos idéaux. Nous ne pouvons pas oublier, les milliers de tunisiens torturés, exilés, enfermés et tués et qu’importe leurs choix idéologique de l’époque. Nous ne pouvons pas oublier, que BEN ALI en 1987, n’ était qu un vulgaire militariste mandaté par l’étranger pour être un résident , un régent de notre patrie, et être à son service, et il lui importait peu les moyens utilisés pour défendre leurs intérêt, et ceux du sionisme agissant. Nous ne pouvons pas oublier la hargne de ses complices locaux, ceux qui dans son sillage avaient trahis la nation tunisienne et sa constitution, et qui avaient livré la TUNISIE, pieds et poings liés à la maffia affairiste et aux familles de la grande truanderie. Nous ne pouvons pas oublier, aussi, que ceux des opposants qui courent aux strapontins aujourd’hui, qu’hier, au putsch de l’horreur de BEN ALI flagornaient à se rompre les mains, qu’ils furent des adeptes de son clientélisme, et qu’aujourd’hui, ils persistent et signent , qu’ils nous rejouent la même comédie et qu’ils nous appellent à participer gaiement, la fleur au fusil au pouvoir des anciens barons du BENALISME, actuellement à la tête de l’état tunisien ou ce qu’il en reste, ces gens là, n’ont aucune morale, et ne représentent qu’eux-mêmes. l’opposition aujourd’hui ,à l’instar de la majorité de sa composition, celle qui refuse l’abdication, les militants démocratiques tunisiens au delà de leurs singularités politiques et idéologiques, doivent absolument, pour que notre triste histoire depuis 1956 ne se répète pas, selon l’ambition des lâches et des ambitieux ; les tunisiens doivent absolument se mobiliser contre cette imposture, se lever pour défendre dans la transparence les acquis de cette révolution civique et populaire, pour laquelle tant et tant de citoyens sont tombés, nous devons nous lever tous ensemble, pour que les usurpateurs , dans leurs funestes calculs, ne fassent pas passer, le sang noble de nos martyrs , pour perte et profit , dans leur bilan de l’ignominie et la forfaiture. Les tunisiens ne sont pas des moutons ou des tubes digestifs pour se résoudre à accepter l’imposture des repentis, des règles à calculer, des opportunistes et des politiciens sans foi ni loi.  

A MES CAMARADES TUNISIENS QUI SERONT MINISTRES AUJOURD’HUI


Je suis sur que le poids de la responsabilité doit être lourd sur vos épaules, je sais qu’il y a tant et tant à faire pour parachever cette révolution, nous saurons attendre les fruits de la révolution du jasmin car notre patience est aussi forte que nos engagements qui remontent loin. Mais j’espère qu’aujourd’hui ou cette semaine des mesures concrètes d’amnistie générale et de retour des exilés, de reconnaissance de toutes les associations et partis politiques quelque soit leurs convictions et leurs idées, du respect des libertés et des droits humains et aussi des mesures immédiates d’indemnisations des martyres de la liberté. Nous attendons ces mesures avec espoir. cordialement Tarek BEN HIBA 


Le clan Trabelsi, symbole des injustices


Léa-Lisa Westerhoff, envoyée spéciale à Tunis Plusieurs villas des familles Ben Ali et de son épouse ont été saccagées. Reportage La grande porte d’enceinte de la villa est ouverte et celle de la maison défoncée. Dans la piscine flotte un matelas et un tuyau d’arrosage et quelques débris non identifiables. Une tête de mouton et une langouste reposent au fond. «Vous voyez, nous on a du mal à s’offrir des sardines à trois dinars le kilo et eux ils mangent de la langouste!» s’exclame Foufou chauffeur de taxi. Autour de lui, une dizaine de personnes sont venues admirer le spectacle dans la villa de Moez Trabelsi, l’un des neveux de l’ex-président Zine el-Abidine Ben Ali. Cette résidence de 400 m2 n’est ni la plus belle ni la plus grande de la banlieue chic de Gamart au nord-est de la capitale tunisienne, mais elle appartient au clan des Trabelsi. Depuis vingt-trois ans, cette famille cristallise toutes les haines des Tunisiens car elle est le symbole même des injustices de tout un système. Trafic d’influence, bakchich systématique pour obtenir des contrats, détournement de biens publics. Les Trabelsi, une famille de va-nu-pieds il y a un quart de siècle, a pu mettre le pays en coupe réglée et prendre le contrôle de ses ressources les plus juteuses grâce à la «coiffeuse» Leïla, la seconde femme du raïs qu’il a épousée en 1992 après quatre années de liaison et le divorce d’avec sa première femme. Moncef Trabelsi, le frère de Leïla, était un ancien travailleur en Libye, qui a prospéré dans le bâtiment. Ses fils, Imed, tué hier à coups de poignard, et Moez, étaient impliqués dans plusieurs affaires notamment de vols de trois yachts de luxe en France entre 2005 et 2006. L’un d’eux appartenait à Bruno Roger, de la banque d’affaires Lazard frères à Paris, un proche de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Le bateau fut rapatrié sur pression de Paris mais seuls des comparses furent jugés en France. La Tunisie de Ben Ali a toujours refusé d’extrader les neveux du raïs et a tout fait pour étouffer l’affaire. Vendredi dès que l’information du départ de Zine el-Abidine Ben Ali s’est propagée, les Tunisiens n’ont pas attendu une minute pour se venger de la famille honnie. Plusieurs villas des familles Trabelsi et Ben Ali ont été saccagées. Les vitres pare-balles brisées, les lustres arrachés, la voiture dans le jardin incendiée. Encore trois jours plus tard des débris de verre, des papiers, et des DVD traînent toujours sur le sol de la terrasse avec une somptueuse vue sur la mer. Comme beaucoup d’autres, Zed, entrepreneur de 62 ans, est venu «voir». «Je suis soulagé, raconte-t-il. Ça veut dire que tout ce qui est au peuple revient au peuple, et tout ce qui est à l’Etat revient à l’Etat. On ne meurt jamais sans devoir un jour payer ses crimes.» Zed sait de quoi il parle. Il a directement eu affaire au clan Trabelsi lorsqu’il a tenté de monter une entreprise de construction à Gamart. Pendant trois mois son chantier a été bloqué, au point que l’homme s’est endetté. «Chaque jour les règles changeaient et mon chantier n’était plus aux normes. En fait, Moncef Trabelsi ne voulait pas de concurrent dans le domaine de la construction», affirme-t-il. Amel, institutrice à la Marsa, voulait absolument profiter de son dimanche pour voir «ce qu’il reste après vingt-trois ans de vol de la Tunisie et des Tunisiens». L’un de ses frères qui travaille à la douane aurait réceptionné une Porsche d’une valeur de 550 000 dinars (280 000 euros) au nom du fils de l’ex-président, Mohamed Zine el-Abidine Ali. «Mais son fils a 5 ans comment il va conduire? c’est indécent!» s’exclame l’institutrice. «Les gens voient que des proches avec des diplômes d’enseignement supérieur ne trouvent pas de travail et que des messieurs illetrés deviennent les plus riches même pas simplement de Tunisie», poursuit-elle, le visage encadré par un foulard mauve, une copie d’un sac Dolce Gabanna à la main. A côté d’elle Ahmed, étudiant de 20 ans en physique, est en train de déterrer des plantes. «Ce n’est pas du vol, c’est eux qui nous ont volés et puis, c’est la révolution, se justifie-t-il. Le peuple est accablé d’impôts, la vie est trop chère, et tous ces hommes de la famille Trabelsi se sont enrichis sur notre dos.» Zed, lui, ressort de la maison avec un morceau de cristal arraché d’un lustre. «Un souvenir», dit-il. A côté de la villa les autres maisons sont intactes. Jusqu’à atteindre une autre maison du clan Trabelsi, 500 mètres plus loin. Là les pilleurs ont ciblé celle d’Adel, le frère de l’ex-première dame, officiellement instituteur de son métier. «Il a pu se payer un palace en marbre avec un ascenseur qui dessert un seul étage», plaisante Azzedine Bhira, une casquette vissée sur la tête. Il est mécanicien est a réparé de nombreuses voitures du propriétaire des lieux. Sa femme est institutrice et gagne 500 dinars (250 euros) par mois. Il raconte que la maison, comme toutes les autres, a été construite sur un terrain non constructible qui appartient à l’Etat et que la famille a décidé de s’accaparer sans rien payer. L’état des lieux est plus ou moins le même que dans l’autre maison. Portes éventrées, fenêtres pare-balles défoncées, l’ascenseur a brûlé. Même les prises électriques ont été démontées et les câbles électriques arrachés. Il ne reste plus que le sol en marbre incassable, les fausses moulures dorées et la sublime vue sur la mer. «On n’est pas choqués, estime Moncef Bey, le petit-fils de l’ex-roi de Tunisie, venu en promeneur du dimanche. C’est le peuple qui se venge, il fallait bien que ça arrive un jour, puisque les Trabelsi ont trop pris d’argent et cela n’allait pas s’arrêter.» Le clan est accusé d’avoir détourné 5 milliards de dollars. Mais tout à coup, l’un des visiteurs s’énerve en voyant des journalistes. Il hurle, demande ce qu’on fait là et nous demande de déguerpir. Une jeune femme intervient. «Voir des journalistes comme ça, c’est nouveau pour nous, s’excuse-t-elle. Tout le monde est stressé, il y a eu des tirs ici la nuit dernière. Mais ne vous inquiétez pas, les choses vont se calmer. On va se débrouiller tout seuls, et bientôt vous allez voir la nouvelle Tunisie!» (Source : « Le Temps » (Quotidien – Suisse), le 17.01.2011)


La France a « sous-estimé l’exaspération du peuple tunisien »


 

Sous la pression des événements en Tunisie, la France a opéré un revirement diplomatique tardif, qui témoigne de la difficulté de la diplomatie française à comprendre la révolte. Le ministre de la défense, Alain Juppé, a reconnu, lundi 17 janvier, que la France « a sous-estimé l’exaspération du peuple tunisien face à un régime policier et à une répression sévère ». Mais, comme plusieurs responsables de la majorité, il a martelé que « la position de la France, qui consiste à dire aujourd’hui : ‘il appartient aux Tunisiens de choisir leur avenir, un avenir démocratique, dans le cadre d’élections libres’, me paraît pertinente »

Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a lui aussi estimé que « personne ne pouvait prévoir ce qui allait se passer ». « Nous n’avons pas à avoir une lecture politique d’événements qui se produisent dans un pays souverain et ami », a-t-il assuré. Il est par ailleurs revenu sur les propos de la ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, qui avait proposé une coopération sécuritaire au régime tunisien à l’Assemblée, trois jours avant la fuite de l’ex-président Ben Ali.« Je voudrais rappeler à tous ceux qui sont prompts à critiquer ou donner des leçons que nul, au moment où la ministre des affaires étrangères a répondu, ne savait mesurer la portée des événements et encore moins ce qui allait se passer », a estimé M. Accoyer.

Le ministre de l’industrie, Eric Besson, qui a épousé une Tunisienne, a ironisé sur la position des Etats-Unis, qui n’ont selon lui pas à se préoccuper de la sécurité de leurs ressortissants, alors que les Français sont 22 000 en Tunisie. « C’est presque facile pour le président Obama de dire ‘bravo et good luck’ mais il est loin, il y a moins d’Américains en Tunisie et de Tunisiens aux Etats-Unis. Nous, nous sommes tenus à une certaine prudence », a-t-il expliqué sur France 2.

UNE « GRAVE FAUTE »

Une ligne de défense qui ne satisfait pas les opposants à la politique de Ben Ali. La gauche s’est livrée, depuis vendredi, à un tir groupé sur la ligne de non-ingérence et d’attentisme de Paris à l’égard de la dictature tunisienne. C’est bel et bien Michèle Alliot-Marie qui est dans le collimateur. La ministre des affaires étrangères s’est défendue, dimanche, dans leJDD : « Il y avait des tirs à balles réelles, des morts. Pour que de telles situations ne se reproduisent pas dans l’avenir, j’ai donc dit que nous étions prêts à aider à former les forces de l’ordre tunisiennes, comme nous le faisons pour d’autres pays, au maintien de l’ordre en veillant à la préservation des vies », a-t-elle déclaré. Michèle Alliot-Marie sera entendue mardi matin par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale sur la situation en Tunisie.

Ségolène Royal a qualifié ses propos de « scandaleux », « venant en soutien d’une dictature ». Une « grave faute », a abondé l’ancien premier ministre Laurent Fabius, l’accusant d’« insensibilité ». L’ancien ministre Pierre Moscovici a dit avoir eu « honte de notre diplomatie ». L’écologiste Cécile Duflot a estimé qu’elle « devrait s’excuser auprès des Tunisiens ». Le porte-parole du NPA, Olivier Besancenot, a demandé à Mme Aliot-Marie de « s’excuser ou de démissionner ».Même dans la majorité, le centriste Hervé Morin a pris ses distances avec les déclarations de la chef de la diplomatie.

Samedi, dans la manifestation parisienne de soutien au peuple tunisien, plusieurs cortèges, dont celui du Front de gauche, mené par Jean-Luc Mélenchon, clamaient « Alliot-Marie démission ».Lundi, un député communiste, Jean-Jacques Candelier, a également réclamé la démission de la ministre des affaires étrangères, jugeant que ses déclarations la semaine dernière d’offrir une coopération sécuritaire au régime Ben Ali étaient « une honte ».

Source: “Le Monde” Le 17-01-2011

Tunisie: le gouvernement français se défend, la gauche demande des comptes

Embarrassé, l’exécutif avance notamment sa volonté de non-ingérence pour expliquer son lâchage tardif de l’ex-président tunisien Ben-Ali. La gauche dénonce une «diplomatie du cynisme».

Qui pouvait prévoir et comment se mêler de la situation d’un ex-protextorat? C’est la timide ligne de défense adoptée par Henri Guaino, ce matin, alors que la gauche continue de réclamer des comptes au gouvernement français pour son «insensibilité», sa «diplomatie du cynisme», ses «erreurs d’appréciation profonde» ou «sa piteuse marche arrière» après le soulèvement tunisien qui a conduit à la chute du régime Ben Ali.

Le ministre de la Défense, Alain Juppé, a tout de même ébauché un mea culpa en reconnaissant que les pays «occidentaux», considérant que la Tunisie était un pays «stable», avaient«sous-estimé l’exaspération de l’opinion publique tunisienne face à un régime policier» et«dictatorial».

«Pas à la France d’être le gendarme de la Méditerranée»

Concédant des «maladresses ous des incompréhensions», le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy,sur RTL, justifie l’extrême prudence de Paris: «imaginez que la France intervienne dans les affaires d’un pays qui est un ancien protectorat français, qu’aurait-on dit?» Il juge «très difficile pour des gouvernements de ne pas tenir compte des situations de fait, de ne pas dialoguer, coopérer avec des gouvernements qui sont en place».«Ca n’est pas à la France d’être le gendarme de la Méditerranée», d’autant moins, ajoute Guaino, «dans des pays vis-à-vis desquels nous entretenons des relations qui sont à peine de la politique étrangère». Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a, de la même façon, prôné la non ingérence et avancé que«personne ne pouvait prévoit ce qui allait se passer»: «Nous n’avons pas à avoir une lecture politique d’événements qui se produisent dans un pays souverain et ami.»

«Une chose est d’avoir des relations d’Etat à Etat, une autre est de passer la main dans le dos des dictateurs», rétorquait dimanche Laurent Fabius sur Radio J.

Christine Lagarde, elle, préfère, ce matin, pointer la «vigilance particulière» de Tracfin, l’organisme de lutte contre les mouvements suspects de capitaux, sur les avoirs tunisiens dans les banques françaises. Sans pour autant aller jusqu’à un «gel» de ces avoirs, précise la ministre de l’Economie,sur Europe 1, estimant que cette procédure «ne se décide que sur une décision judiciaire ou internationale».

«Il faut geler tout de suite», exige le porte-parole du PS, Benoît Hamon, lors de son point-presse hebdomadaire, refusant la «complicité avec les voleurs qui veulent voler l’argent des Tunisiens».

C’est une autre ministre, Michèle Alliot-Marie, qui a été visée par les critiques, au long du week-end, pour avoir proposé,mercredi dernier, le concours de la France à l’ancien gouvernement tunisien afin de «régler les situations sécuritaires». Une «faute grave» pour Laurent Fabius. Le secrétaire national du PS à la coopération et aux Droits de l’Homme, Pouria Amirshahi, demandant aussi la démission de la ministre des Affaires étrangères. Olivier Besancenot (NPA) réclame, à son tour, que MAM «s’excuse ou démissionne». Pour la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot, Alliot-Marie «devrait s’excuser auprès des Tunisiens». «Elle l’a fait sans mauvaise intention du tout, à partir d’une analyse qui était la sienne», tente Guaino.

«Il y avait des tirs à balles réelles, des morts. Pour que de telles situations ne se reproduisent pas dans l’avenir, j’ai donc dit que nous étions prêts à aider à former les forces de l’ordre tunisiennes, comme nous le faisons pour d’autres pays, au maintien de l’ordre en veillant à la préservation des vies», s’était défendue la ministredans le JDD.

«L’Afrique se réveille, la France recule»

Outre l’offre «scandaleuse» de MAM – une «erreur impardonnable» -, Ségolène Royal rappelait aussi, sur Canal+, la «faute politique majeure» de Nicolas Sarkozy de consacrer son premier déplacement, hors UE,en 2007, à la Tunisie.

La politique conduite par Sarkozy, «ce sont des louanges à l’égard du régime» de Ben Ali, «un choix politique» de le défendre, des «erreurs d’appréciation profondes», résume à son tour Arnaud Montebourg, invité de l’émission «Internationale» sur RFI-TV5/Le Monde, notant qu’«au fur et à mesure que l’Afrique se réveille, on s’aperçoit que la France recule». Pierre Moscovici dit aussi, sur France Inter/Le Monde/I-Télé, avoir eu «honte de notre diplomatie et de notre présidence»: «Il y a eu le silence du gouvernement puis la complaisance.»

Un autre ministre évoquait enfin à l’AFP, sous couvert d’anonymat, la crainte d’une montée de l’islamisme pour expliquer les hésitations de la France: «nous sommes hantés par le traumatisme des élections en Algérie (en 1992, qui avaient donné le pouvoir aux islamistes avant d’être annulées, ndlr)», a-t-il raconté.

Pour Dominique de Villepin, «la leçon à tirer, c’est d’abord que nous ne devons pas être aveuglés par nos propres peurs, notamment la peur de la contagion islamiste», ni«limités par une conception trop restrictive en matière d’ingérence».

Source : « Liberation.fr » Le 17-01-2011

La Tunisie a les atouts pour prosperer, selon un economiste


 

L’économie tunisienne, une fois débarrassée légalement de l’emprise tentaculaire du clan Ben Ali, a tous les atouts pour prospérer, estime un des économistes en vue du pays.

Moncef Cheikhrouhou, qui a dû vendre ses parts dans le groupe de presse familial à un parent du président Zine el Abidine Ben Ali et s’exiler en 2000, assure qu’une commission créée par le ministère de la Justice se chargera de débusquer les avoirs acquis grâce au népotisme et à la corruption.

« Ils se comportaient comme une mafia qui récoltait de l’argent dans tous les secteurs de l’économie tunisienne », déclare Cheikhrouhou dans une interview accordée à Paris, où il enseigne la finance internationale à l’école de commerce HEC.

« Par exemple, toutes les voitures importées devaient être contrôlées par la famille. Les Tunisiens qui souhaitaient importer de nouvelles marques devaient soit offrir une part majoritaire de leur société à un membre de la famille, qui ne payait pas, soit reverser une partie de leurs bénéfices. »

Moncef Cheikhrouhou assure que la Tunisie possède une jeune classe d’entrepreneurs prête à créer de la richesse et des emplois une fois que l’emprise suffocante de l’ancien clan au pouvoir aura disparu, ainsi que des services publics compétents capables d’administrer le pays.

Dans un rapport, la Banque mondiale a estimé que, sans népotisme et corruption, le taux de croissance du produit intérieur brut tunisien, actuellement d’environ 4% par an, pourrait atteindre 6 à 7%, la croissance de l’Inde, dit-il.

Cheikhrouhou, qui est âgé de 65 ans, est vice-président du Cercle des économistes arabes. Il est proche de personnalités d’opposition et certains le voient comme un futur ministre des Finances ou de l’Economie dans un gouvernement démocratique.

RÉTABLIR L’ÉTAT DE DROIT

« La Tunisie ne démarre pas de zéro », souligne-t-il, notant la présence de 1.350 entreprises françaises, 300 à 400 entreprises italiennes et quelques grands groupes américains dans ce pays de dix millions d’habitants qui a un accord de libre-échange avec l’Union européenne.

Beaucoup de ces entreprises ont dû conclure des partenariats avec des proches de l’ancien président et de la famille de son épouse Leïla Trabelsi, qui devront être dénoncés.

Moncef Cheikhrouhou prend l’exemple de la chaîne de bricolage Bricorama, qui s’est installée en Tunisie après la conclusion d’un accord avec un membre de la famille Trabelsi. « Légalement, il faudra trouver à Bricorama un autre partenaire. Les parts seront vendues aux enchères via un processus ouvert. »

« On essaie de faire en sorte que l’état de droit soit rétabli en Tunisie », poursuit l’économiste.

« Je m’attends à ce que cette commission reçoive un nombre énorme de demandes d’indemnisation. Les cas les plus flagrants, les familles Trabelsi et Chiboub, seront traités plus facilement que les affaires de blanchiment d’argent. » La famille Chiboub est liée à l’ancien clan présidentiel par une fille née du premier mariage de Ben Ali.

Moncef Cheikhrouhou dit avoir appris de la banque centrale que la famille de l’ex-président avait sorti 1,5 tonne d’or du pays, estimée à 50 millions d’euros. Les miliciens fidèles à Ben Ali ont essayé de prendre d’assaut la Banque de Tunisie dimanche pour prendre davantage d’or mais ont été repoussés par l’armée, ajoute-t-il.

Des manifestants ont quant à eux attaqué des supermarchés Carrefour ou Monoprix, ce qui pourrait être lié à la colère contre les autorités françaises, qui se sont refusées à critiquer le président Ben Ali jusqu’à sa fuite à l’étranger vendredi dernier.

Moncef Cheikhrouhou note en revanche que les infrastructures touristiques ont été épargnées lors du soulèvement. Le tourisme est le premier pourvoyeur de devises du pays, avec 6,9 millions de visiteurs en 2009, selon l’Organisation mondiale du tourisme.

Source : « Le nouvel observateur » Le 17-01-2011

La Tunisie se dote d’un gouvernement d’union


 

Le premier ministre sortant a reconduit six membres du gouvernement de l’ère Ben Ali et a choisi d’intégrer trois opposants. Mais la nouvelle équipe a déjà été dénoncée comme une « mascarade » par l’opposant historique Moncef Marzouki.

La Tunisie, en pleine incertitude depuis la fuite de Ben Ali, connaît enfin la composition de son gouvernement d’union nationale. Trois chefs de l’opposition y font leur entrée tandis que six membres de l’ancien gouvernement sont reconduits, a annoncé lundi après-midi Mohammed Ghannouchi. Le premier ministre sortant du président déchu conserve ses fonctions, de même que les ministres de l’Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et des Finances. Côté opposition trois figures intègrent le nouveau cabinet. Najib Chebbi, chef de file du Parti démocratique progressiste (PDP, opposition légale la plus radicale en Tunisie) prend le poste de ministre du Développement régional. Moustapha Ben Jaafar, président du Forum démocratique pour le travail et la liberté (FDTL) récupère la Santé et Ahmed Ibrahim, du parti Ettajdid (Renaissance, ex-communiste) obtient le portefeuille de l’Enseignement supérieur.

La nouvelle formation, qui compte 19 ministres, accueille également des représentants de la société civile. Tranchant avec les 23 ans au pouvoir de Ben Ali, elle perd un portefeuille emblématique. Mohammed Ghannouchi a supprimé le ministère de l’Information, accusé de censurer la liberté de la presse et d’expression dans le pays. Le premier ministre s’est même engagé à garantir « une liberté totale de l’information ». Il a levé de l’interdiction de toutes les organisations non-gouvernementales dont la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) et annoncé la libération de tous les prisonniers politiques. Tous les partis politiques qui le demandent seront légalisés. Des investigations seront lancées contre les responsables soupçonnés de corruption et les personnes ayant connu un enrichissement rapide suspect, a-t-il prévenu.

Des manifestations contre l’équipe sortante

Aussitôt annoncée, la nouvelle équipe a été critiquée. L’opposant historique tunisien Moncef Marzouki a dénoncé une «mascarade» et une «fausse ouverture» avec le maintien de ministres du président déchu. «Le RCD – le parti de Ben Ali – conserve toutes les places importantes, dont le ministère de l’Intérieur, qui est supposé organiser les futures élections», souligne le dirigant du Congrès pour la République (CPR), parti de la gauche laïque interdit sous le régime Ben Ali. «Ce gouvernement ne s’est ouvert qu’à trois partis d’opposition déjà adoubés par Ben Ali. Je pense que le peuple tunisien ne va pas se laisser faire», met en garde Moncef Marzouki, qui s’est déclaré candidat à la prochaine présidentielle.

La composition du nouveau gouvernement a été source d’inquiétude populaire.Des manifestations ont éclaté lundi matin dans le centre de Tunis, à Sidi Bouzid et à Regueb. Les manifestants exigeaient l’abolition du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), et s’opposaient à la présence de membres du RDC, dont Mohammed Ghannouchi, dans le futur gouvernement de transition. La secrétaire générale du PDP avaient assuré dans la journée que les partis qui soutenaient Ben Ali seraient écartés. Cependant, expliquait-elle, ce cabinet intégrerait d’anciens membres de l’équipe sortante, au profil de technocrates politiquement peu marqués.

La nouvelle équipe sera chargée de préparer, en un temps record de deux mois selon la Constitution, des élections présidentielle et législatives «libres et transparentes» surveillées par un comité indépendant et des observateurs internationaux. L’Union européenne et les Etats-Unis ont proposé leur aide pour préparer la tenue de ces scrutins. Un premier candidat à la succession de Ben Ali s’est d’ores et déjà déclaré. Il s’agit de l’opposant historique Moncef Marzouki, exilé en France et dirigeant du Congrès pour la république (CPR), parti de la gauche laïque interdit sous le régime Ben Ali. La nouvelle équipe devra aussi faire face à l‘insécurité ambiante. Des affrontements sporadiques opposent l’armée et la police à des milices restées fidèles à Ben Ali.

Source : « Le Figaro » Le 17-01-2011

Ghannouchi forme l’Union nationale et libère les prisonniers politiques


 

Comme prévu, le dernier Premier ministre de l’ère Ben Ali, reconduit dans ses fonctions par le président par intérim, a nommé trois leaders de l’opposition dans son gouvernement. Huit ministres de Ben Ali conservent leur poste.

La journée a été relativement calme ce lundi dans les rues de Tunis. Sur le plan politique, comme prévu depuis ce week-end, trois opposants ont fait leur entrée au sein du gouvernement d’unité nationale dévoilé vers 17h par Mohammed Ghannouchi, le Premier ministre :Najib Chebbi, chef de file du Parti démocratique progressiste (PDP) qui prend le poste de ministre du Développement régional ;Moustapha Ben Jaafar, président du Forum démocratique pour le travail et la liberté (FDTL) à la Santé etAhmed Ibrahim, du parti Ettajdid, à l’Enseignement supérieur et à la Recherche scientifique.

Six ministres nommés sous l’ère Ben Ali conservent en revanche leur poste, dont quatre à des postes régaliens (Intérieur, Défense,  Affaires étrangères et Finances). Des représentants de la société civile figurent enfin dans ce gouvernement.

Pour prouver que la nouvelle Tunisie sera libre, notamment pour les médias, il n’y a pas de ministère de l’Information dans la nouvelle équipe gouvernementale. Le Premier ministreMohamed Ghannouchi, qui était également en poste la semaine dernière, a aussi annoncé la prochaine libération de tous les prisonniers politiques.  Tous les partis qui le demanderont seront aussi légalisés.

« Mascarade » Selon l’opposant en exil Marzouki

 Outre ramener le calme et l’ordre, ce gouvernement d’Union nationale a pour mission d’organiser l’élection présidentielle, prévue dans un délai de deux mois au maximum par la Constitution.

Reste désormais à savoir comment la rue, qui réclame la fin du RCD, le parti de Ben Ali, prendra le fait que plusieurs caciques de l’ancien régime reste en place. Lundi matin, environ 1.000 personnes ont manifesté dans le calme à Tunis pour exiger leur départ du gouvernement. Elles ont été dispersées par la police avec des canons à eau (vidéo ci-contre). 

De son côté, l’opposant Moncef Marzouki, en exil en France, qualifie ce gouvernement de « mascarade« . Dans la matinée, il avait annoncé sa candidature à la présidentielle.

Source : « TFI News»

Tout n’a pas change en Tunisie


 

Le départ de Ben Ali a été vécu comme « une fête », affirme le journaliste et opposant tunisien Taoufik Ben Brik, qui reste très critique sur le nouveau gouvernement et la liberté de l’information.

– C’était une fête. Le 14 janvier est devenu notre 14 juillet tunisien. Mais tout n’a pas changé… Al-Jazeera s’est transformée en télévision d’Etat, la désinformation bat son plein, nos communications téléphoniques sont sur écoute, nos pages Facebook sont piratées, nos déplacements sont limités.

Vous êtes très virulent à propos de la chaîne Al-Jazeera.

– Avant le départ de Ben Ali, la chaîne Al-Jazeera a commencé à prendre la place de la chaîne nationale TV7 tant décriée. Depuis le début des événements de Sidi Bouzid, Al-Jazeera a choisi de ne diffuser les messages de ceux qui croient au compromis, ceux qui sont des propagandistes liés à Ben Ali. Depuis le 14 janvier, la chaîne s’est placée sur l’échiquier politique, elle est devenue un mastodonte du quatrième pouvoir. Al-Jazeera est le Vanity Fair du monde arabe : tout le monde la suit, tout le monde veut y passer. Mais la chaîne fait le tri et ne choisit que les collabos du gouvernement de solidarité nationale.

Al-Jazeera est maintenant comme un char américain avec sur son dos une opposition politique qui n’a aucun ancrage enTunisie. La chaîne ne présente comme opposition que des islamistes, les collabos de ce gouvernement et ceux qui acceptent la mouvance intégriste. Tous ceux qui bataillent depuis des années, qui ont porté la résistance, qui ont bataillé de l’intérieur sont écartés. L’opposante de la première heure à Ben Ali, Om Zied, a par exemple été tout de suite écartée.

J’ai simplement une question : cette opposition est-elle représentative de Mohamed Bouazizi qui s’est immolé à Sidi Bouzid ? Est-elle représentative des martyrs de Kasserine ? Est-elle représentative des paysans, des syndicalistes, des poètes, des journalistes, des chômeurs diplômés ou non ?

 

Vous parlez de « désinformation » ?

– Al-Jazeera fait de la désinformation. La horde des correspondants d’Al-Jazeera fait de la désinformation alléchante. Ils affirment que le gendre de Ben Ali a été attrapé, mais en réalité non. Ils affirment que des étrangers viennent pour liquider des membres du gouvernement, mais il s’agit simplement de chasseurs Suédois. Al-Jazeera lance de nombreuses rumeurs pour créer un brouillard sur l’information. Elle affirme que le chaos règne sur la Tunisie et appelle les gens à rester dans leur maison, mais ce n’est que du vent ! La chaîne installe un climat de peur.

 

Vous évoquez également Facebook et les conversations téléphoniques…

– Les services des renseignements mis en place par Ben Ali continuent d’opérer. On a coupé la tête, mais le canard court encore. Le système Ben Ali est aujourd’hui resplendissant. Les PPP – parti unique, police, pègre – sont encore là. Nos communications téléphoniques sont filtrées et sur écoute. Sur Facebook, la page de ma femme, Azza Zarrad, a été piratée. Le piratage des pages continue pour les membres les plus actifs qui continuent de dire « No passaran ». Depuis le 14 janvier, il y a d’ailleurs une baisse énorme de l’activité des Facebookers. Les leaders numériques sortent du virtuel pour aller sur le terrain et réclamer une part du gâteau. Ici, tout le monde a senti l’odeur du cadavre du gouvernement tunisien.

Source : « Le Nouvel Observateur » Le 17-01-2011

Deux folles et Ben Ali en Tunisie

Et de deux. Ou alors c’est la dixième fois que Frédéric Mitterrand fait une bourde scandaleuse sur l’actualité ? Entre Delanoë qui débarque au journal de 20 heures pour justifier son silence en sortant un chapelet de banalités sur la révolution tunisienne et Renaud Camus qui s’entête dans ses histoires de présidentielles, on se demande vraiment ce qui se passe dans la tête des seniors gays quand ils parlent politique.

Il y a moins d’un mois, ils passaient tous leurs vacances dans le Maghreb.Rue89 a fait le recensement des présidentiables qui y ont passé les fêtes de fin d’année, tous les seconds couteaux y étaient aussi et Bertrand Delanoë était à Bizerte, en Tunisie (« son pays natal »). Il y a vraiment de quoi se demander si la politique de la France ne se décide pas au Maroc. Ils sont tous là, les décideurs, l’élite de l’élite, à Tanger ou ailleurs, à s’inviter et faire leur marché, à se voir en cachette pour préparer leurs magouilles et le Maroc s’enivre du plaisir de voir tant de jet set dans ses riads. On aurait pu imaginer que cette proximité avec les protestations qui avaient déjà commencé en Tunisie et en Algérie les auraient motivés, leur aurait donné des idées d’intervention. Non. Ils viennent, ils se reposent, ils s’amusent, ils vérifient si leur maison est en bon état, et puis ils partent. C’est la BHLisation de Noël, telle qu’elle est décrite dans cet exécrable film de 2005.

La révolution tunisienne s’est faite sans eux et on aurait raison de s’interroger sur l’accueil de ces leaders si courageux quand ils retourneront dans leur « pays natal » ou si Frédéric Mitterrand devra se cacher la prochaine fois qu’il ira dans les parages. Ces homosexuels célèbres, qui sont si amoureux du Maghreb, n’ont visiblement pas compris les pays qu’ils adorent tant puiqu’ils n’ont rien vu venir. Pourtant, ils sont tous là à se disputer comme des gamines la supériorité de leur érudition et de leurs expériences. « J’y suis né, je connais le pays mieux que toi ! » — « J’y ai passé des années et des années ! » — « J’ai sucé plus de bites que toi d’abord ! » — « J’ai écrit plus de livres que toi ! » — « J’ai reconstruit tout un quartier grâce à mon argent ! » — « Yo sé mas que tù ! » On dirait qu’ils chantent tous Borriquito.

Et de deux

Et ça n’empêche pas Frédéric Mitterrand de sombrer dans la catastrophe, à nouveau. Alors que le monde politique français est tétanisé dans un silence honteux, lui n’a pas peur de mettre les babouches dans le plat. En fait, personne ne sait si c’est de la témérité ou de l’inconscience. Sur Canal+, sa phrase fait mouche: « Dire que la Tunisie est une dictature univoque, comme cela se fait si souvent, me semble tout à fait exagéré ». Bong. Bon, moi je ne sais pas à partir de quel moment il faut parler de dictature alors. Des morts, des tortures, un détournement massif des richesses du pays, et tous les mots les plus forts que l’on entend déjà sur les chaines de télé: répression, crimes, fusillades, milices, immolation, extorsion, état policier, mafia, corruption, etc. Prétendre que ce n’est pas une dictature parce qu’on est un homosexuel qui souligne la condition des femmes en Tunisie, je connais trop bien la manœuvre. Regardez, je suis gay, mais ce qui m’importe avant tout, ce sont les femmes ! Il devrait faire de la haute couture. Quelle mauvaise analyse de la situation. Quelle bévue face aux millions de personnes qui regardent ça dans le Maghreb. Et juste à l’instant, je reçois ceci, qui est PERFECTO.

La vidéo fuse sur Internet dès le 10 janvier avec un mot qui se répète, sans cesse: « Shame ». Et les commentaires révèlent ce que tout le monde se dit: avec une villa luxueuse à Tabarka sur le bord de la mer, c’est normal que l’on ait une vision idyllique de la situation. On lit le mot fatidique qui sous-entend tous les histoires d’indulgence: « intérêts ». L’understatement de la semaine, c’est: « la Tunisie est très bien représentée en France »…

Vient Delanoë

Le vendredi 14, tout le monde a les yeux rivés sur la télé et les chaines infos. Bertrand Delanoë se fait inviter au Journal de 20 heures sur France 2.  Sa silhouette va hanter tous les reportages et les débats du début du journal, avec Serge Moatti et le journaliste de Jeune Afrique, Marwane Ben Yahmed, qui dit exactement ce qu’il faut dire. Qui est donc ce personnage que l’on voit de dos, qui prépare mentalement les phrases qu’il a apprises par cœur ? Il se prononce en fin de journal, comme le grand invité qu’il est. Et dès qu’il prend la parole, c’est pour prendre tout de suite de la hauteur en parlant de « transparence » avec sa main droite crispée qui fait un crochet de la main comme s’il tenait une partie cachée de l’anatomie humaine. Transparence, alors qu’il s’est tu pendant des semaines même s’il se défend d’avoir passé les jours à consulter tout le monde autour de lui pour voir s’il devait intervenir. Il voulait parler, vous savez ! « Surtout pas ! » lui ont dit les experts qui l’entourent, et il en est resté là. « Je me suis prononcé » dit-il, « Je suis Tunisien ! ».  La belle affaire, être Tunisien quand ça arrange.

Le journal avance et Delanoë se détend, il sait qu’il a passé le mauvais cap de l’interview, quand on lui demandait pourquoi il avait été silencieux. Il a réussi à placer cette phrase sublime qui cloue tout le monde: « Je crois que le président Ben Ali a annoncé un certain nombre de mesures, hier (jeudi) qui ont reçu un accueil plutôt positif ». Bon, c’est le maire d’une des plus grandes villes au monde, qui a la particularité d’avoir une diaspora tunisienne importante en bas de chez lui, sinon la plus importante, et il est juste à côté de la plaque quoi. Même moi, qui ne suis pas Tunisien, j’ai bien compris que c’était trop peu, trop tard, no way José. Il est idiot ou quoi, alors que l’ancien président est déjà dans un avion qui risque d’atterrir dans sa région (et qu’il le sait) et qu’une partie de la famille du dictateur est en train de s’acheter des jouets souvenirs à Disneyland (et qu’il le sait) ?

Ensuite, pour se détendre, il commence à parler d’une manière plus démago. « Nous les Tunisiens, nous sommes très fiers et très susceptibles ». Le peuple tunisien est doux, dit-il. Le pays est à genoux, dépouillé, effrayé, dans le chaos, des manifestants sont tués et il n’est même pas capable d’anticiper la colère publique en parlant d’une manière humble et dire qu’il aurait du mettre des affiches de martyres tunisiens sur les murs de l’Hôtel de Ville au lieu de nous faire chier pendant des mois avec ses putains de calicots de Bettencourt. Ah le Tunisien qu’il est !

Business as usual

Ma question est toujours la même et je suis étonné que les gens ne fassent pas le lien. Ces gays célèbres qui connaissent si bien le Maghreb (vous pouvez extrapoler dans votre tête ce que ça veut dire) peuvent-ils avoir un point de vue plus courageux, SVP ? Tout le monde me dit que le lien gay n’a rien à voir avec la révolution en Tunisie et je veux bien admettre que c’est un angle très pointu. Mais les médias gays, toujours à montrer du doigt ce qui se passe dans les pays arabes sur la question LGBT comme si c’était toujours le pire du pire pourraient-ils au moins consacrer une brève sur les répercutions que pourrait avoir cette libération sur la vie quotidienne des personnes homosexuelles en Tunisie et au-delà, dans les pays voisins ?

Regardez-les, c’est business as usual, et personne ne s’est insurgé non plus sur les propos de Frédéric Mitterrand et la fadeur des prises de position du maire gay de Paris. Motus et bouche cousue. On respecte les power queens. C’est une longue chaîne d’intérêts. Il y en a un qui est ministre, et pas n’importe quel ministre, et l’autre qui est maire, et pas de n’importe quelle ville. Derrière eux, des subventions, des ententes, des amitiés, des ronds de jambe. Presque comme en Tunisie, quoi! Et personne qui n’ait envie de dire sa joie pour les personnes LGBT de Tunisie et prononcer sa colère envers ces leaders gays qui n’ont rien fait et rien dit pour les aider ?

Je m’en fous si vous ne voyez rien.

C’est parce que vous manquez de sens politique, c’est tout.

Source : « Mediapart » Le 17-01-2011

« Révolution du jasmin » : une expression qui ne fait pas l’unanimité


 

Quel nom donner aux émeutes qui secouent la Tunisie depuis le 17 décembre et qui ont abouti à la chute du président Ben Ali ? Depuis la semaine dernière, le nom de « révolution du jasmin » s’est imposé dans les médias. La paternité de cette expression a été revendiquée, lundi 17 janvier, par le journaliste etblogueur tunisienZied El-Heni, très critique envers l’ancien régime, même s’il travaille pour le quotidien Essahafa qui appartient au groupe gouvernemental La Presse.

PEUPLE TUNISIEN « EXTRAORDINAIRE »

Zied El-Heni explique avoir rédigé un texte intitulé « Révolution du jasmin », qu’il dit avoir écrit avant la fuite de Zine El-Abidine Ben Ali sous la pression de la rue dans la soirée du vendredi 14 janvier. Ce texte a été mis en ligne le 13 janvier sur son blog nommé « Journaliste tunisien », qui était bloqué en Tunisie avant la toute récente levée de la censure sur Internet.

L’article qualifie le peuple tunisien d’« extraordinaire » pour n’avoir pas limité ses revendications aux aspects sociaux mais leur avoir donné une dimension politique. Le choix du jasmin fait référence à cette fleur blanche emblématique de la Tunisie qui symbolise la pureté, la douceur de vivre et la tolérance.

Dans l’histoire récente, plusieurs insurrections populaires ont pris des noms de fleurs : révolution des œillets au Portugal (1974), des roses en Géorgie (2003), des tulipes au Kirghizistan (2005), tandis que la révolte ukrainienne a pris la couleur orange.

ON PRÉFÈRE DIRE « RÉVOLUTION TUNISIENNE »

Malgré tout, le terme ne suscite pas le consensus parmi le peuple tunisien. « Ici, on n’aime pas trop le terme ‘jasmin’ pour qualifier cette révolution, on préfère dire ‘révolution tunisienne’ tout simplement », revendique un lecteur du Monde.fr, qui a participé aux manifestations du 14 janvier devant le ministère de l’intérieur à Tunis.

De la même façon, sur le site de micro-blogging Twitter, les internautes, s’ils soutiennent entièrement le mouvement, n’en valident pas la dénomination, qu’ils trouvent trop limitée. « Pourquoi le « jasmin » ? Pourquoi pas révolution populaire ? », s’interroge @ahmedhamza87. « Non à l’appellation réductrice et carte-postalistique simpliste de ‘révolution du jasmin’« , confirme @Uyulaya. « Le jasmin est un mot arabe formé de ‘yas’, qui signifie ‘désespoir’ et ‘min’, ‘mensonge’« , note de son côté @munstermunster.

Surtout, le symbole du jasmin apparaît aux yeux de nombreux Tunisiens comme inapproprié, tant la douceur et la pureté qu’il évoque détonnent avec les morts, exactions ou encore pillages que connaît le pays depuis un mois. Sans oublier que c’est M. Ben Ali lui-même qui avait employé ce terme en 1987, lors de sa prise de pouvoir. Une expression qui apparaît donc comme peu adaptée pour qualifier son renversement.

D’ailleurs, les jeunes Tunisiens ont de leur côté choisi de parler de « révolution Facebook », en référence au célèbre réseau social. C’est en effet par le biais d’Internet que les cybermilitants, le jour dans la rue et la nuit devant leur écran, ont mené une lutte sans merci contre le régime de l’ancien président, à coups de mots d’ordre, slogans, rendez-vous et organisation des manifestations.

Source: “Le Monde.fr” Le 17.01.2011

Tunisie:Un monde s’est effondre dans le monde arabe


 

La révolution du jasmin inspirera-t-elle d’autres peuples du Maghreb et du monde arabe ? C’est la question qui agite la presse et qui inquiète les régimes pas toujours démocratiques d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Mais toutes les situations ne sont pas comparables.

Point de départ de la révolte tunisienne, le sacrifice du jeune Mohamed Bouaziz a marqué les esprits, et la répétition de son geste dans plusieurs pays interpelle les opinions publiques, non sans inquiéter les gouvernements.

Lundi, c’est en Mauritanie qu’un notable a tenté de s’immoler par le feu pour protester contre le sort réservé à sa tribu. En Egypte, un homme s’est également immolé à proximité du Parlement. En Algérie, où les manifestations -parfois violentes- se multiplient depuis le début du mois de janvier, on recense déjà plusieurs gestes du même type. Au moins quatre, selon le quotidien Al Watan.

Mais plus généralement, des troubles et des manifestations gagnent tout le monde arabe après la chute de Zine El Abidine Ben Ali, comme en témoignent les manifestations qui ont eu lieu ce week-end en Jordanie et au Yémen. « Un mur psychologique s’est effondré dans le monde arabe » disait l’analyste Khattar Abou Diab au quotidien françaisLibération. Le politologue Vincent Geisser ne disait pas autre chose, dans un chat organisépar le site 20minutes.fr : « L’expérience tunisienne est comparable à ce qui s’est passé en Pologne dans les années 1980. La ‘petite Pologne’ a contribué à déstabiliser les régimes dictatoriaux du bloc soviétique. La‘petite Tunisie’ (à peine 9 millions d’habitants) va probablement avoir un effet d’entraînement démocratique sur les autres pays de la région« . En ce sens, dit-il, « le départ de Ben Ali est comparable à la chute du Mur de Berlin à l’échelle du Monde arabe ! ». « La Tunisie est maintenant le modèle à suivre pour tous les Arabes. Le temps des dictateurs et des dictatures est révolu« , assure encore le professeur de sciences politiques à l’université d’Alger Mohamed Lagab, cité par Reuters.

Un pays n’est pas l’autre

Pourtant, les choses ne sont sans doute pas aussi simple. Pour l’essayiste Gilles Kepel, interrogé lui aussi par Libération, la révolution tunisienne a été portée par les classes moyennes laïques alors que les émeutes qui ont cours depuis près de quinze jours en Algérie sont « surtout le fait de jeunes marginalisés et déclassés qui attaquaient avant tout des magasins ou des symboles de la classe moyenne« . Et par ailleurs, explique-t-il, si l’on suit « avec passion ce qui se passe à Tunis » dans nombre de pays du Proche et du Moyen Orient, les classes moyennes et les élites y sont « tenues par le fait qu’elles vivent sur la rente pétrolière distribuée par leurs régimes respectifs« . Mais, s’il ne croit pas que la révolution tunisienne pourra se faire ailleurs, le politologue voit toutefois poindre « l’espoir » que suscitent les événements tunisiens dans les classes éduquées et auprès des jeunes.

l’Islam est-il réellement une menace ?

L’Islam reste aussi un enjeu et une donnée de la question. Pratiquement absentes des manifestations tunisiennes, les formations islamistes n’influent pas pour l’instant sur le cours des choses à Tunis. Mais reste à voir de quel poids elles pèseront lors des élections présidentielles qui se tiendront dans quelques semaines. Par contre, les mouvements islamistes sont très présents en Egypte, où ils constituent, avec les Frères Musulmans, presque le seul contre-pouvoir au président Hosni Moubarak. En Algérie, le souvenir des atrocités commises dans les deux camps à la faveur de l’insurrection islamiste empêchera peut-être les classes moyennes de faire confiance aux islamistes, mais le désespoir des classes plus populaires pourrait jeter une partie d’entre elles dans les bras de mouvements radicaux.

La crainte d’une islamisation du Maghreb est un ressort sur lequel les régimes en place joueront probablement pour tenter de se ménager des soutiens internationaux, notamment européens. Mais pour le politologue et chercheur au CNRS François Burgat, cette crainte est néfaste. En Tunisie « elle a conduit« , dit-ildans Le Soir, « à l’impasse dont nous mesurons aujourd’hui l’ampleur« . Pour lui, les pays qui ont intégré l’Islam dans le jeu démocratique sont ceux  « où les urnes ont une chance d’affecter le rapport des forces au sommet de l’Etat« .  François Burgat n’a donc pas peur d’une participation des islamistes au pouvoir. « Ils joueront le jeu démocratique« , affirme-t-il.

S’adapter ou disparaître

Plusieurs régimes arabes devront sans doute s’adapter à la nouvelle donne issue de la révolution tunisienne. Mais l’Egypte apparaît pour nombre d’observateurs comme l’un des plus exposés à un éventuel « effet domino », malgré les dénégations du ministre des Affaires étrangères Ahmed Aboul Geit. Hosni Moubarak, à 82 ans, osera-t-il se représenter ou même passer le flambeau à son fils Gamal, se demande ainsi le politologue algérien Saad Djebbar, interrogé par Reuters.

La question n’interpelle pas que les cénacles du pouvoir des régimes arabes. A des journalistes lui demandant s’il s’attendait à une contagion de la révolte tunisienne, Ban Ki-moon a répondu qu’il ne lui appartenait pas de se prononcer mais, a-t-il ajouté, « la situation en Tunisie met en lumière la nécessité pour les gouvernements de répondre aux attentes des peuples« . Il s’est également dit préoccupé par le bilan humain des violences qui se poursuivent dans le pays d’Afrique du Nord et s’est prononcé en faveur d’un établissement rapide de l’état de droit en Tunisie.

Source : « rtbf » Le 17-01-2011

TUNISIE – La famille el-Materi-Ben Ali a quitté la France


 

Nesrine Ben Ali, une des filles de l’ex-chef d’État tunisien, et son époux se sont envolés samedi pour un pays étranger.

Le gendre de l’ex-président tunisien Ben Ali, Sakher el-Materi, un temps pressenti pour être son successeur, a fait étape en France après la fuite de son beau-père. Vendredi soir, l’époux de Nesrine Ben Ali est arrivé à Paris depuis Tunis. Il s’est rendu ensuite à l’hôtel Castel Club situé dans les murs du Disneyland Hôtel, aux portes du célèbre parc d’attractions de Marne-la-Vallée, où il a récupéré son épouse et ses enfants. La famille escortée par des policiers a passé la nuit dans un établissement hôtelier du Bourget, en Seine-Saint-Denis. Samedi, elle a embarqué à partir de l’aéroport dionysien à destination d’un pays étranger.

Nesrine Ben Ali, âgée de 24 ans, était en France depuis jeudi. Sa soeur Cyrine l’avait rejointe le lendemain.

Samedi, sur France Info, le porte-parole du gouvernement François Baroin affirmait que les proches de l’ex-président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali présents sur le sol français n’avaient « pas vocation à rester » et qu’ils allaient « le quitter

Source: “Le Point.fr” Le 17-01-2011

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