TUNISNEWS
8 ème année, N°5 2763 du 17.12.2007
Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la torture Conseil National pour les Libertés en Tunisie: La police passe à tabac des prévenus en salle d’audience devant la cour OMCT: Tunisie: Mauvais traitements subis par 30 prévenus au cours d’une audience Parti « Tunisie Verte »: Zembra patrimoine écologique mondial ou complexe touristique « haut de gamme » ? AFP:Tunisie: 28 jours de grève de la faim pour trois enseignants « licenciés » Libération: Tunisie: de l’usage de l’islamisme Malek: Hypocratie : Le mal tunisien Aafaq.org :Journalist Mahmoud Thawadi to « Aafaq »: In Tunisia There is One Editor-in-Chief for All Newspapers
EN TUNISIE, LES VICTIMES DE LA TORTURE SE COMPTENT PAR MILLIERS. NOUS RAPPELONS A TOUTES LES PERSONNES, LES FAMILLES, LES ONG ET LES ASSOCIATIONS CONCERNEES L’EXISTENCE D’UN FONDS DE L’ONU DESTINE A AIDER CES VICTIMES..
Pourquoi ne pas utiliser cette possibilité pour essayer d’alléger le terrible fardeau de ces dizaines de milliers de personnes et de leurs familles ?
Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la torture
I. Mandat II. Admissibilité III. Décisions IV. Le cycle des subventions V. Projets approuvés pour 2003/2004 VI. Rapports sur les activités du Fonds VII. Recherche de financement VIII. 26 Juin: Journée internationale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture IX. Contacts X. Contributions au Fonds XI Comment obtenir une subvention
– Lignes directrices
– Formulaire de demande de subvention 2004
XII. Comment faire rapport au fonds
– Formulaire pour les rapports narratif et financier sur l’utilisation de la subvention
– Fiche résumée du projet
I. MANDAT
1. Le Fonds a été créé par la résolution 36/151 de l’assemblée générale du 16 décembre 1981 pour recevoir des contributions volontaires de Gouvernements, d’organisations non-gouvernementales et de particuliers et les distribuer à des organisations non-gouvernementales qui offrent une assistance humanitaire aux victimes de la torture et aux membres de leurs familles.
II. ADMISSIBILITE
2. Les projets soumis pour financement au Fonds doivent avoir pour objectif d’apporter une assistance médicale, psychologique, sociale, économique, juridique, humanitaire ou autre aux victimes de la torture et aux membres de leurs familles.
3. Si la situation financière du Fonds le permet, quelques subventions peuvent être accordées à des projets qui ont pour objectif de former des professionnels, d’organiser des conférences ou des séminaires qui traitent spécifiquement de l’assistance aux victimes de la torture.
4. Le montant de la subvention demandée au Fonds ne peut dépasser un tiers du budget total du projet en question.
5. Seules des organisations non-gouvernementales peuvent solliciter des subventions. Les demandes présentées par des gouvernements, mouvements de libération nationale ou partis politiques ne sont pas admissibles.
6. Critères de sélection: le personnel du projet doit avoir l’expérience d’une assistance directe aux victimes de la torture et le projet doit déjà fonctionner. Les projets qui visent à mener des campagnes contre la torture ou pour la prévention de la torture ou qui servent à financer d’autres organisations ne sont pas admissibles. Aucune nouvelle demande de financement ne pourra être prise en compte tant que l’organisation n’aura pas fourni un rapport narratif et un rapport financier satisfaisants sur l’utilisation des subventions antérieures.
III. DECISIONS
7. Le Président et les autres membres du Conseil d’administration du Fonds sont nommés par le Secrétaire général des Nations Unies pour un mandat de trois ans. Les membres actuels sont: M. Jaap Walkate (Président); M. Ribot Hatano; Mme Elizabeth Odio-Benito; M. Ivan Tosevski et M. Amos Wako.
8. Lors de sa session annuelle en mai, le Conseil étudie les rapports narratifs et financiers sur l’utilisation des subventions antérieures, adopte des recommandations sur les nouvelles demandes de subvention, reçoit en audience des responsables de projets, se réunit avec les donateurs, consulte le Rapporteur spécial sur la torture et le Comité contre la torture, adopte toute autre recommandation utile au Secrétaire général sur les activités du Fonds. La 23ème session du Conseil aura lieu à Genève du 10 to 27 mai 2004.
9. Sur la base des recommandations du Conseil, le Haut Commissaire aux droits de l’homme approuve en juin, au nom du Secrétaire général, les décisions concernant les subventions.
IV. LE CYCLE DES SUBVENTIONS
10. Les demandes de subvention doivent être soumises au plus tard le 30 novembre de chaque année, ainsi que les rapports narratif et financier sur l’utilisation de subventions antérieures, pour analyse du secrétariat. Les demandes de financement admissibles sont examinées par le Conseil d’administration à sa session annuelle. Les responsables de projets sont informés vers la mi-juillet des décisions prises. Les subventions sont payées vers la fin juillet-début août. Les bénéficiaires de subventions doivent soumettre des rapports narratifs et financiers satisfaisants sur l’utilisation de toute subvention avant le 30 novembre.
V. PROJETS APPROUVES POUR 2003/2004
11. Des demandes de financement pour un montant d’environ 13 millions de dollars des Etats-Unis ont été reçues pour examen par les membres du Conseil à sa 22ème session (12-28 mai 2003). Le Haut Commissaire adjoint aux droits de l’homme a approuvé, au nom du Secrétaire général, et sur la base des recommandations adoptées par le Conseil, environ 7,2 millions de dollars pour de nouvelles subventions pour 2003-2004 à 186 projets soumis par des organisations non-gouvernementales d’environ 68 pays.
VI. RAPPORTS SUR LES ACTIVITES DU FONDS
12. En application des arrangements approuvés par l’Assemblée générale lors de la création du Fonds, le Secrétaire général des Nations Unies doit soumettre des rapports annuels sur les activités du Fonds et de son Conseil d’administration à l’Assemblée générale et à la Commission des droits de l’homme.
13. Les derniers rapports du Secrétaire général sont ses rapports à l’Assemblée générale (A/58/284) et à la Commission des droits de l’homme (E/CN.4/2004/53).
VII. RECHERCHE DE FINANCEMENT
14. Dans sa résolution 2003/32 adoptée le 23 avril 2003, la Commission des droits de l’homme a fait appel à tous les Gouvernements, organisations et particuliers pour qu’ils versent une contribution annuelle au Fonds, de préférence pour le 1er mars, avant la session annuelle du Conseil d’administration, si possible en augmentant sensiblement le montant des contributions, afin que l’on puisse envisager de faire face à des demandes d’assistance en augmentation constante.
VIII. 26 JUIN: JOURNEE INTERNATIONALE DES NATIONS UNIES POUR LE SOUTIEN AUX VICTIMES DE LA TORTURE
15. Dans sa résolution 52/149 du 12 décembre 1997, l’Assemblée générale a proclamé le 26 juin Journée internationale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture. Depuis 1998, les quatre organes principaux des Nations Unies sur la question sur la torture, à savoir le Conseil d’administration du Fonds, le Rapporteur spécial sur la torture, le Comité contre la torture et la Haut Commissaire aux droits de l’homme ont adopté une déclaration conjointe dans laquelle ils encouragent les organisations qui apportent une assistance aux victimes de la tortue à célébrer cette Journée. Une exposition d’œuvres d’art données au Fonds par des organisations assistant des victimes de la torture et bénéficiant du soutien du Fonds s’est tenue au Haut Commissariat du 26 juin au 15 août 2003.
IX. CONTACTS
16. Pour toute autre information, veuillez contacter le secrétariat du Fonds: c/o Organisation des Nations Unies, Haut Commissariat aux droits de l’homme, CH-1211 Genève 10, tél. (41.22) 917.93.15, fax (41.22) 917.90.17 e-mail:unvfvt@ohchr.org
X. CONTRIBUTIONS AU FONDS
« Pour toute information concernant le versement de contributions au Fonds, merci de contacter le secrétariat à l’adresse indiquée ci-dessus ».
(Source : le site du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme – Genève, Suisse, consulté le 17 décembre 2007)
Lien : http://www.unhchr.ch/french/html/menu2/9/vftortur_fr.htm
Dans le communiqué publié le 15 décembre 2007 par le CNLT, le numéro de l’affaire figurant (N° 10/75910) était celui du dossier d’instruction, le numéro correct pour la 4e chambre est 14502/4. Nous republions le communiqué du CNLT corrigé. Conseil National pour les Libertés en Tunisie Tunis le 15 décembre 2007
Grave précédent dans les annales judiciaires La police passe à tabac des prévenus en salle d’audience devant la cour
Jamais dans son histoire le palais de justice n’a vu un événement comparable à ce qui s’est produit ce 15 décembre à Tunis. Au cours de l’audience présidée par le juge Mehrez Hammami où comparaissaient des prévenus accusés de terrorisme, plusieurs agents de la Brigade d’intervention rapide ont fait irruption dans la salle d’audience et ont battu de leurs matraques les inculpés sous le regard indifférent de la cour. Cela s’est produit juste après que les avocats aient demandé le report de l’affaire (N° 14502/4) afin de permettre aux avocats qui viennent d’être commis d’office par le Conseil de l’ordre, de prendre connaissance du dossier et de rendre visite à leurs clients. Le Bâtonnier avait demandé le report en formulant plusieurs requêtes au nom de la défense et parmi elles, l’accès au dossier original de l’affaire, parce que les dates d’arrestation avaient été effacées de la copie remise aux avocats qui avaient pu accéder au dossier. Cependant, le président a rejeté en bloc les demandes de la défense et annoncé qu’il allait entamer l’interrogatoire des prévenus tout en procédant à la lecture de l’acte d’accusation. La défense avait protesté contre cette atteinte à ses droits et les prévenus ont exprimé leur appui à leurs avocats. C’est alors que plusieurs agents de la brigade d’intervention rapide ont fait irruption dans la salle d’audience et se sont jetés sur les prévenus en les frappant violemment de leurs matraques et en les évacuant de la salle sous les coups. Et malgré les protestations véhémentes des avocats qui étaient scandalisés par ce qu’ils voyaient, le président a poursuivi la lecture de l’acte d’accusation dans ce climat de violence, ce qui a incité la défense à se retirer en bloc. Au même moment, la police politique, en nombre important dans la salle, filmait la scène. Et c’est sur la foi des images prises par l’un d’entre eux que le président de la cour a ordonné l’arrestation de Moncef Al Jaziri, père de l’un des accusés et son incarcération dans les geôles du palais de justice durant plusieurs heures. Après quoi il a été libéré. Le CNLT ü Exprime sa condamnation de cette scandaleuse violation de l’immunité du palais de justice par la police. ü Considère les violences subies par les prévenus au sein du palais de justice comme une reconnaissance publique et une prolongation des actes de tortures que ces derniers ont affirmé avoir subis dans les locaux du ministère de l’Intérieur. ü Exprime son appréhension quant aux représailles auxquelles pourraient être exposés les prévenus. ü Réitère sa demande de retirer cette affaire de cette cour qui a publiquement manifesté sa partialité et son incapacité à respecter la loi ; de confier l’examen de l’affaire à une autre cour qui répondrait aux critères minima d’une cour de justice. Il réitère également sa demande de traduire le tristement célèbre juge Mehrez Hammami devant un conseil de discipline et de le révoquer, pour ses violations répétées de la loi. Background 30 jeunes âgés entre 21 et 36 ans comparaissent dans cette affaire en vertu de la loi anti terroriste et risquent la peine de mort. Ils ont été arrêtés entre la deuxième quinzaine de décembre 2006 et la première semaine de janvier 2007 dans plusieurs villes du pays. Ils sont suspectés d’avoir des liens avec le groupe responsable des confrontations armées avec les forces de l’ordre qui ont eu lieu dans la banlieue sud de Tunis en fin décembre 2006 et qui se sont soldées par la mort de 12 d’entre eux et de 2 membres de l’armée (qui ont été éliminés du dossier de façon troublante). Leurs avocats ont affirmé qu’ils ont été systématiquement torturés dans les locaux du ministère de l’Intérieur et les PV de garde à vue ont été falsifiés. Ils ont été transférés en prison après plus d’un mois de détention. En prison, ils ont été à nouveau torturés et soumis à des traitements dégradants. Ils ont été cagoulés, passés à tabac et obligés de dormir à même le sol, privés de couvertures, en plein hiver. Leurs avocats se sont plaints qu’ils arrivaient au parloir pour la visite les yeux bandés et les mains et les jambes entravés. Actuellement ils sont toujours privés de promenade. Pour le Conseil La porte-parole Sihem Bensedrine
Cas TUN 171207
Usage excessif de la force/ Mauvais traitements/ Absence de garanties d’une procédure régulière/ Allégations de torture/ Crainte pour la sécurité
Le Secrétariat international de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) requiert votre intervention dans la situation suivante en Tunisie.
Brève description des faits
Le Secrétariat international de l’OMCT a été informé par le Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT), organisation membre du réseau SOS-Torture de l’OMCT, des mauvais traitements subis par 30 prévenus[1] au cours d’une audience par plusieurs agents de la Brigade d’intervention rapide à Tunis, le 15 décembre 2007.
Selon les informations reçues, le 15 décembre 2007, 30 jeunes âgés entre 21 et 36 ans, comparaissant dans l’affaire N° 14502/4 en vertu de la loi anti terroriste, ont été battus avec des matraques par plusieurs agents de la Brigade d’intervention rapide qui ont fait irruption dans la salle au cours de l’audience présidée par le juge Mehrez Hammami. Cette intervention se serait produite juste après que les avocats eussent demandé le rapport de l’affaire afin de permettre aux avocats, ayant été commis d’office par le Conseil de l’ordre, de prendre connaissance du dossier et de rendre visite à leurs clients. Le Bâtonnier aurait demandé le report en formulant plusieurs requêtes au nom de la défense et parmi elles, l’accès au dossier original de l’affaire, parce que les dates de l’arrestation auraient été effacées de la copie remise aux avocats qui avaient pu accéder au dossier.
Toutefois, selon les mêmes informations, le président aurait rejeté en bloc les demandes de la défense et annoncé qu’il allait entamer l’interrogatoire des prévenus tout en procédant à la lecture de l’acte d’accusation suite à quoi la défense aurait protesté contre cette atteinte à ses droits avec l’appui des prévenus. Plusieurs agents de la Brigade d’intervention rapide auraient ensuite fait irruption dans la salle d’audience et se seraient jetés sur les prévenus en les frappant violemment de leurs matraques et en les évacuants de la salle sous les coups. Malgré les protestations des avocats, le président aurait poursuivi la lecture de l’acte d’accusation provoquant le retrait en bloc de la défense.
Par ailleurs, selon les informations, le père d’un prévenu, M. Moncef Al Jaziri, aurait été arrêté et détenu plusieurs heures dans le palais de justice, accusé d’avoir perturber l’audience.
Selon les informations, ces 30 individus ont été arrêtés entre la deuxième quinzaine de décembre 2006 et la première semaine de janvier 2007 dans plusieurs villes du pays, suspectés d’avoir des liens avec le groupe responsable des confrontations armées avec les forces de l’ordre qui ont eu lieu dans la banlieue sud de Tunis en fin décembre 2006 et qui se sont soldées par la mort de 12 d’entre aux et de membres de l’armée. Selon les informations, leurs avocats ont affirmé qu’ils ont été systématiquement torturés dans les locaux du Ministère de l’Intérieur et que les PV de garde à vue ont été falsifiés. Ils auraient été transférés en prison après plus d’un mois de détention et auraient été à nouveau torturés en prison et soumis à des traitements dégradants. Ils auraient été cagoulés et passés à tabac et obligés de dormir à même le sol, privés de couvertures, en plein hiver. Par ailleurs, leurs avocats se sont plaints qu’ils arrivaient au parloir pour la visite les yeux bandés et les mains et les jambes entravés. Ils seraient actuellement toujours privés de promenade.
Le Secrétariat international de l’OMCT exprime sa plus vive inquiétude quant à l’usage excessif de la force par la Brigade d’intervention rapide et les mauvais traitements induits. Par ailleurs, l’OMCT est préoccupée par les allégations de torture en détention et les irrégularités dans la procédure. L’OMCT rappelle que la Tunisie est partie à la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ainsi qu’au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) qui prohibent la torture et les mauvais traitements. En lien avec leurs obligations sous ces traités, les autorités tunisiennes doivent veiller à ce que les autorités compétentes procèdent immédiatement à une enquête impartiale chaque fois qu’il y a des motifs raisonnables de croire qu’un acte de torture a été commis sur tout territoire sous sa juridiction. Par ailleurs, l’article 15 de ladite Convention stipule que «tout Etat partie veille à ce que toute déclaration dont il est établi qu’elle a été obtenue par la torture ne puisse être invoquée comme un élément de preuve dans une procédure, si ce n’est contre la personne accusée de torture pour établir qu’une déclaration a été faite». L’OMCT rappelle également les autorités judiciaires à se conformer à tous les principes internationaux reconnus en matière de procès équitable et de garantir en toutes circonstances la liberté de leurs ressortissants, en se conformant à l’article 9.1 du PIDCP qui stipule que « nul ne peut faire l’objet d’une arrestation ou d’une détention arbitraire ». L’OMCT est également vivement préoccupée par les conditions de détention de ces individus. L’OMCT prie les autorités tunisiennes de garantir en toutes circonstances leur intégrité physique et psychologique, en se conformant à l’article 10.1 du PIDCP qui dit que « toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la personne humaine » et à l’Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus.
Actions requises
Merci d’écrire aux autorités de la Tunisie, afin de leur demander de:
i. Garantir, en toutes circonstances, la sécurité et l’intégrité physique et psychologique de tous les individus mentionnés ci-dessus, mettant à leur disposition des soins médicaux appropriés si nécessaire;
ii. Garantir l’accès inconditionnel à leurs avocats et à leur famille;
iii. Ordonner leur libération immédiate en l’absence de charges valables ou, le cas échéant, de les traduire devant un tribunal impartial et compétent tout en garantissant leurs droits procéduraux en tout temps;
iv. Garantir réparation adéquate;
v. Garantir une enquête exhaustive, indépendante et impartiale sur ces évènements, en particulier sur les allégations de torture et mauvais traitements, et ce afin d’identifier les responsables, de les traduire devant un tribunal civil indépendant, compétent et impartial et d’appliquer les sanctions pénales, civiles et/ou administratives prévues par la loi;
vi. Garantir le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales à travers le pays selon les lois nationales et les instruments internationaux des droits de l’homme.
Adresses
· M. Zine el-Abidine Ben Ali, Président de la République, Palais de Carthage, 2016 Carthage, Tunisie, Fax: +216 71 744 721 ou +216 71 731 009
· M. Mohamed Ghannouchi, Premier Ministre, Secrétariat Général du Gouvernement, Rue de la Kasbah, 1008 Tunis, Tunisie, Fax: +216 71 562 378
· M. Rafik Belhaj Kacem, Ministère de l’Intérieur et du Développement local, Avenue Habib Bourguiba, 1001 Tunis, Tunisie, Fax: ++ 216 71 340 888; Email : mint@ministeres.tn
· M. Kamel Morjane, Ministère de la Défense Nationale, Avenue Bab Mnara, La Kasbah, 1008 Tunis, Tunisie, Fax: +216 71 561 804
· M. Bechir Tekkari, Ministère de la Justice et des Droits de l’homme, 57, Boulevard Bab Benat, 1006 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 568 106 ; Email : mju@ministeres.tn
· Ambassadeur, S.E M. Samir Labidi, Mission permanente de la Tunisie auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, 58 Rue Moillebeau, Case postale 272, 1211 Genève 19, Suisse, Fax : +41 22 734 06 63 ; Email : mission.tunisia@ties.itu.int
· Ambassadeur M. Mehrez Benrhouma, Ambassade de la Tunisie à Bruxelles, 278 avenue de Tervueren, 1150 Woluwe-Saint-Pierre, Belgique, Fax : + 32 2 771 94 33; Email : amb.detenusie@brutele.be
Prière d’écrire également aux représentations diplomatiques de la Tunisie dans vos pays respectifs
***
Genève, le 17 décembre 2007
Veuillez nous informer de toute action entreprise en citant le code de cet appel dans votre réponse.
Annexe
1. Ahmed Mrabet (23 ans)
2. Ali Arfaoui (43 ans)
3. Ali Sassi (22 ans)
4. Amine Dhiab (29 ans) (handicapé mental)
5. Amine Jaziri (28 ans)
6. Badreddine Ksouri (25 ans)
7. Fethi Salhi (24 ans)
8. Hatem Ryabi (29 ans)
9. Imed Ben Amer (34 ans)
10. Jamal Mellakh (24 ans)
11. Jawhar Kassar (30 ans)
12. Jawhar Salam (29 ans)
13. Kamel Omhani (24 ans)
14. Khalifa Garraoui (26 ans)
15. Khelil Zendah (22 ans)
16. Marouane Khelif (30 ans)
17. Mehdi Haj Ali (27 ans)
18. Mejdi Latrach (24 ans)
19. Mohamed Bekhiti (22 ans) (non voyant)
20. Mohamed Ben Latifa (24 ans)
21. Mokhless Ammar (26 ans)
22. Nafti Bennani (31 ans)
23. Osama Abadi (25 ans)
24. Ramzi Aifi (25 ans)
25. Saber Rakoubi (24 ans)
26. Sahbi Nsiri (26 ans)
27. Taoufik Houimdi (29 ans)
28. Wael Ammami (22 ans)
29. Zied Esid (26 ans)
30. Zouhayr Jridi (27 ans)
Parti « Tunisie Verte »
Zembra patrimoine écologique mondial ou complexe touristique « haut de gamme » ?
Un investisseur chinois (Mr Li Ruo Hong), chef d’un groupe d’investissement international a présenté le 23.11.2207 aux autorités tunisiennes, un projet d’exploitation d’une station touristique à l’île de Zembra « station écologique et de santé haut de gamme ». L’investisseur chinois s’est engagé « à préserver les spécificités naturelles et écologiques de l’île et protéger ses sites », classés patrimoine mondiale par l’UNESCO. Par ailleurs, l’île a été « l’une des premières aires naturelles à attirer l’attention des décideurs et écologistes en Tunisie » qui ont su valoriser ses richesses. En 1977, le parc national écologique est crée par décret N° 77/370 du 1er Avril 1977. La même année Zembra est inscrite sur la liste du réseau mondial des réserves de la biosphère du programme mondial MAB (l’homme et la biosphère) de l’UNESCO. Bien avant, le ministère de l’agriculture a érigé autour de l’île une zone de protection biologique intégrale de 1,5 miles marin et d’une superficie de 3639 Ha. Toute pêche est interdite dans cette zone protégée. Et pour marquer l’intérêt de la Tunisie pour cette zone, l’accès à Zembra n’est possible pour les visiteurs qu’avec une autorisation du ministère de la défense et des services forestiers. Au niveau de la biodiversité du parc de Zembra, il est à signaler, 1) L’importance de l’avifaune et la biodiversité animale : Ainsi « l’archipel se situe sur la voie de migration à travers la Tunisie et le détroit de Sicile … Zembra est connue par la présence de la plus grande colonie du puffin cendré de toute la méditerranée : plus de 25.000 couples y nichent dans les falaises rocheuses … En outre, l’île est le seul site en Tunisie (avec la Galite) où se reproduit le Goéland d’Audouin qui est une espèce menacée. ». Comme on signale aussi la présence d’espèces nicheuses comme le cormoran huppé et la plus grande concentration du faucon pèlerin (11 couples) et du faucon lainier. Enfin, Zembra « présente plusieurs grottes favorables à la vie du phoque moine rarement vu depuis 1975. 2) La flore terrestre de Zembra est comparable à celle du Cap Bon. Elle se distingue par la présence d’espèces très rares. En effet, plus de 250 espèces germent sur l’île grâce aux oiseaux migrateurs qui ont ramené les graines de plusieurs pays. Les courants marins de l’Atlantique ont aidé aussi et enrichi la biodiversité végétale de l’archipel. Comment donc notre investisseur va-t-il protéger ce site très fragile et tant protégé et son projet touristique va-t-il aider au développement de ces richesses nationales et naturelles ? Nous savons pertinemment que « l’industrie du tourisme en tant que telle engendre de nombreuses répercutions négatives sur le plan environnemental et socioculturel (en Tunisie) … ses impacts sur l’environnement sont incontestables : le tourisme et principalement l’industrie hôtelière engendre d’important volume de déchets solides et d’effluents (par sa consommation d’eau sans limite). Et si nous posons ces questions, c’est que nous sommes toujours vigilants quant aux intérêts de notre pays, nous ne sommes pas contre l’investissement qu’il soit arabe ou mondial. Nous voulons un développement durable qui se montre respectueux envers l’Homme, son environnement, sa culture et l’économie locale. Et le bonheur politique pour nous aussi, c’est d’être écouté et entendu durablement. Tunis le 17/12/2007 Abdelkader Zitouni Coordinateur National du parti « Tunisie Verte » membre du Parti Vert Européen, membre de la fédération des verts africains, membre de « Global Green ». E- mail : tunisie.verte@gmail.com Tel : 00.216.98.510.596 Fax : 00.216.71.750.907
Tunisie: 28 jours de grève de la faim pour trois enseignants « licenciés »
AFP, le 17 décembre 2007 à 16h53 TUNIS, 17 déc 2007 (AFP) – Trois enseignants tunisiens ont exprimé lundi leur détermination à poursuivre une « grève de la faim illimitée » commencée il y a 28 jours pour protester contre leur « licenciement arbitraire ». « Nous poursuivrons notre mouvement jusqu’au bout quel qu’en soit le prix », a affirmé Mohamed Moumni, professeur d’anglais, lors d’une conférence de presse au siège de leur syndicat. Deux des grévistes, Ali Jallouli et Moez Zoghlami, admis en urgence à l’hôpital jeudi après 23 jours de grève de la faim, ont regagné les locaux du syndicat où ils entendent poursuivre leur mouvement pour « dénoncer l’injustice ». Les trois enseignants ont commencé leur grève le 20 novembre pour protester contre un « licenciement arbitraire et injuste ». Ils demandent à être réintégrés et accusent le ministère de l’Education de les avoir renvoyés à cause de leur engagement syndical. Selon le secrétaire général du syndicat de l’enseignement secondaire, Chedly Gary, qui s’inquiétait devant la presse de l’état de santé « très précaire » des grévistes, ces derniers ont été licenciés à cause de leur participation à une grève générale du corps enseignant en avril. Le ministère de l’Education conteste le « licenciement » et affirme que les grévistes avaient été « engagés dans le cadre de contrats à durée déterminée arrivés à terme en juillet 2007 ». « Ils n’ont pas été reconduits pour des raisons pédagogiques et administratives comme c’est le cas pour de nombreux autres » ajoute-t-il, assurant que « l’appartenance politique et syndicale ne fait pas partie des critères de reconduction ». M. Gary a fait état d’un « échec » des négociations avec les autorités et affirmé que le syndicat appellera à une grève générale le 10 janvier si un compromis n’est pas trouvé d’ici là.
Tunisie: de l’usage de l’islamisme
Wicem Souissi journaliste
QUOTIDIEN : lundi 17 décembre 2007
Inaugurée par un coup d’Etat contre Habib Bourguiba, «l’ère nouvelle» de Zine Ben Ali est une chape de propagande imposée depuis vingt ans à la Tunisie. Cela se traduit, selon la terminologie officielle, par un «renouveau» sans cesse recommencé, incarné par un «artisan du changement» en permanence affairé à sa reconduction plébiscitaire toujours renouvelée. Cette grotesque ritournelle masque le principal ressort du régime: la lutte contre la menace islamiste. Or, c’est là que le bât blesse: la politique du président Ben Ali est aussi inefficace que contre-productive.
S’agissant de son volet religieux, la surenchère des autorités est constante. Elle est confirmée par le récent lancement d’une radio coranique. Les pouvoirs publics prétendent couper ainsi l’herbe sous le pied des islamistes. Mais cette islamisation des esprits banalise leur discours et laboure le terrain au profit des fanatiques. Quant au volet sécuritaire, son efficacité n’est qu’apparente, il sert la perpétuation du régime. Ayant subi une répression féroce, les «barbus» se terrent, et l’appareil policier s’en prend aux autres voix discordantes. Résultat, entre le pouvoir et les islamistes, il n’y a plus rien. L’éventualité d’un basculement vers l’extrémisme religieux n’en est que plus forte. Faut-il pour autant se résigner à observer ces faveurs octroyées à une islamisation rampante, dont les adeptes passeraient pour «modérés» au regard des terroristes désormais réunis, au Maghreb, sous la bannière d’Al-Qaeda?
En fait, deux points de vue se superposent chez les adversaires non-islamistes du régime. Une composante «moderne» qui peine, dans ce contexte, à poursuivre son combat pour la démocratie, tandis qu’une composante «traditionnelle» brocarde la laïcité comme une idée importée.
Mais la Tunisie peut néanmoins puiser dans sa propre histoire pour contrecarrer et le régime et ses frères ennemis en religion. Car la situation actuelle, empreinte de renoncement, est similaire à celle qui prévalait sous le protectorat français, dont s’étaient accommodés les nationalistes, jusqu’aux années 1930. Une régénération allait alors appeler à réformer la condition féminine, et à une action politique réaliste. Cette démarche a conduit pour l’essentiel, peu après l’indépendance, à un statut des femmes tunisiennes aujourd’hui encore jalousé dans le monde musulman, mais aussi, dans les années 1960, à la relégation des affaires religieuses au rang de la vie privée stricto sensu. Cependant, lors du très long crépuscule du «combattant suprême», cette dernière expérience a été progressivement mise à la trappe. Au point que, s’en remettant au «tombeur» du 7 novembre 1987, la classe politique de l’époque reprit à son compte le repli identitaire des extrémistes. Elle allait promouvoir une réhabilitation des valeurs arabo-musulmanes, comme si celles-ci avaient été bafouées. Cela allait proroger, sans discontinuer, des années d’ère rance.
Plutôt que de continuer à s’abandonner aux récurrents «si dieu le veut», il faut faire sauter le dernier verrou conservateur qu’est l’inégalité entre hommes et femmes dans le règlement des affaires de succession. Secundo, il faut priver les islamistes d’un argument qui rend leurs sirènes si séduisantes aux yeux des plus démunis, autrement dit la corruption et sa conséquence, l’injustice. Tertio, il faut constitutionnaliser le respect, non pas seulement de la diversité religieuse mais aussi de l’incroyance.
Mais pour recueillir l’appui nécessaire de la société, ce travail de longue haleine requiert d’être accompagné d’une perspective attrayante. Il s’agissait, au siècle dernier, de mettre un terme à l’exploitation coloniale.
A l’heure où la Turquie se confronte à elle-même pour satisfaire graduellement aux exigences préalables à son entrée dans l’Union européenne, pourquoi ne pas inviter les Tunisiens à se soustraire, eux aussi, et une fois de plus, à un sempiternel nivellement par le bas ?
Au moment où, sans messianisme à l’américaine, l’Europe affiche des ambitions sud-méditerranéennes qui ne se réduisent plus à la seule sécurité du commerce ni au seul contrôle de l’immigration, il appartient à la Tunisie de se saisir de cet enjeu, de s’inscrire d’elle-même, comme naguère, dans le progrès politique pour contribuer à rehausser le niveau des échanges. Et d’envisager ainsi l’horizon d’un rapprochement, également fructueux, avec ses partenaires européens.
Il redeviendrait dès lors évident que, contrairement au dangereux ridicule de son actuel spectacle quotidien, le rayonnement international de ce si petit pays n’a jamais tenu qu’à ses ouvertures au monde, et qu’à cet égard, le «Père de la nation» destitué pour «sénilité» avait raison.
(Source : « Libération » (Quotidien – France), le 17 décembre 2007)
Un an de prison pour Slim Boukhdhir Le journaliste tunisien Slim Boukhdhir a écopé la semaine dernière d’un an de prison. Il a été accusé d’outrage à des forces de l’ordre et d’atteinte aux bonnes mœurs. Boukhdhir a été arrêté le 26 novembre à la suite d’un contrôle d’identité durant lequel il a refusé de présenter ses papiers. Journaliste de 39 ans, Boukhdhir est actuellement correspondant d’un journal londonien. Il a travaillé auparavant dans les pages people d’Akhbar Al Joumhouriya, ainsi qu’à Al Hadath et Echourouk. Ridha Mellouli Lors des débats relatifs au ministère des Affaires religieuses à la Chambre des Conseillers, notre confrère et membre de la Chambre, Ridha Mellouli, a critiqué le contenu des prêches du vendredi qui n’abordent pas les hautes valeurs religieuses et morales contenues dans le CSP et les Droits de la femme. M. Mellouli a également abordé le sujet de la prière sur les trottoirs et la gêne causée par ce phénomène à la circulation. Les Annonces Le journal Les Annonces se prépare à rééditer sa version française. Les équipes chargées de cette mission sont déjà en place et l’on s’attend à voir le premier numéro dans les semaines à venir. Des élections municipales partielles ont eu lieu aux municipalités d’Hammam-Lif, de Zaghouan et de la Goulette. Enregistrant un taux de participation supérieur à 70% dans les trois municipalités, le scrutin a vu la victoire du Rassemblement Constitutionnel Démocratique ( RCD ) à Zaghouan où il remporté la totalité des 16 sièges. A la Goulette et à Hammam-Lif, les partis d’opposition ont remporté 6 sièges : 2 sièges pour le MDS à Hammam-Lif et 4 sièges pour le PUP, dont deux à La Goulette et deux à Hammam-Lif, le RCD ayant remporté 18 sièges à Hammam-Lif et 18 autres à la Goulette. (Source : « Réalités » (Newsmagazine hebdomadaire – Tunis), N° 1146 du 13 décembre 2007)
Hypocratie : Le mal tunisien
Par : Malek Après la chute du mur de Berlin et la déliquescence des idéocraties, des nouvelles formes de dictatures ont émargé de se vide idéologique. Alors que des peuples s’émancipaient des affres du communisme, d’autres sombraient sous le joug d’une nouvelle forme de tyrannie : les pseudos-démocraties. Ces régimes politiques d’un genre nouveau, qu’on qualifiera ici d’« hypocraties », ont résolument fait le choix des idéologies triomphantes en adoptant la politique du caméléon. Tout en se déclarant des valeurs démocratiques, les dirigeants de ces « républiques bananières » sont passés maîtres du volte-face stratégique et de la « double pensée » permanente. Le temps qu’il faudrait pour un caméléon de changer de robe, suffirait largement au maître « hypocrate » de troquer ces habits de tortionnaire contre ceux du défenseur des droits humains, aussi aisément que de passer du statut de militaire à celui de civil. Le terme « hypocratie » porte en lui l’essence même de ces régimes. En effet on peut définir le mot en se basant sur les racines grecques de ces deux composantes sémantiques. Dans ce cas le mot se compose du préfixe, hypo, qui signifie « sous » ou « en dessous » et du mot cratie (cratien en grec) qui signifie pouvoir. Les mots formés du préfix « hypo », exprimant une idée de diminution, le mot ainsi formé désigne un pouvoir diminué ou un « sous-régime ». Le mot peut également être le résultat de la contraction du mot « hypocrisie » et celui de « démocratie ». Cette contraction exprimerait le caractère hypocrite de ces pseudo-démocraties qui proclament le contraire de ce qu’elles appliquent. Une « hypocratie » est donc, un régime d’une part diminué par l’illégitimité politique de son existence et l’absence chez ses prélats de convictions claires, et d’autre part hypocrite, en s’efforçant de paraître pour ce qu’il n’est pas. Cette nature ne dispense pas « les hypocraties » d’être des régimes totalitaires, bien au contraire. Mais ces derniers présentent la spécificité de s’accommoder d’une façade démocratique avec la conviction que les possibilités d’expansion et de durée dans le temps sont bien plus grandes dans une « hypocratie » que dans une franche dictature. Le régime politique tunisien, Par sa légitimité discutable et son opportunisme hypocrite, est la démonstration vivante de tout ce qui peut faire une « hypocratie».
Une légitimité politique discutable Bien que les théories politiques ou juridiques ne soient pas les seules voies de la légitimation d’un pouvoir, elles en sont comme la toile de fond qui freine l’action et oblige le pouvoir à se justifier et à rendre des comptes. Conscient de l’importance de ces facteurs pour asseoir sa légitimité, le régime tunisien a reposé son pouvoir sur plusieurs théories à la fois, qui apparurent au premier plan au fur et à mesure des étapes qui ont rythmé son évolution. Bien qu’habilement distillées, ces théories de légitimation se heurtent à des vérités historiques et politiques de nature à démontrer incontestablement le caractère « hypocratique » de ce pouvoir. Après le coup d’état médical du 7 novembre 1987, Ben Ali, alors premier ministre et ministre d’Etat, arrive au pouvoir en se présentant comme l’homme providentiel, le sauveur de la Tunisie alors que le pays est secoué par une crise politique doublée d’une crise économique le tout sur fond de menace islamiste. Les conditions adéquates pour que Ben Ali se proclame d’une légitimité matérielle qui consiste à dire : « je suis au pouvoir parce que je suis le plus apte » ou « celui qui mérite le plus d’y être ». Or cette forme de légitimité a le double désavantage d’être d’une part subjective surtout que le ministre putschiste ne s’est illustré pour le grand publique que lors d’une des pages les plus sombre de l’histoire de la Tunisie pour être, pendant « les émeutes du pain » l’organisateur de la plus grande action de répression menée dans le pays depuis son indépendance. D’autre part la légitimité matérielle par son caractère contingent, est d’usage délicat. Parce que supposant même que cette légitimité fut justifiée en 1987, elle n’est pas pour autant valable dans le temps surtout lorsque les circonstances changement et que la situation générale, jugée critique au départ, s’améliore. Il est donc clair qu’après 20 années de règne, l’actuel président ne peut plus prétendre à cette légitimité matérielle. D’une part son inaptitude à mener à bien les réformes institutionnelles nécessaires, promises au départ, a été confirmée par l’expérience et d’autre part les circonstances qui avaient pu justifier une telle légitimité n’existent plus. Il est également patent que dans n’importe qu’elle société démocratique, la popularité d’un leader ne suffit pas à lui conférer de la légitimité politique. Ce n’est pas le charisme d’un leader qui légitime son pouvoir politique mais bien le processus démocratique qui valide son charisme. On peut tout de même admettre qu’une telle chose est possible lorsqu’un un leader incontesté prend la direction d’un mouvement de libération dans un pays colonisé, quand les conditions légales d’un processus démocratique n’existent pas. C’était le cas pour feu Habib Bourguiba, le premier président de la Tunisie. Dans ce cas précis le rôle d’un leader politique est de créer les conditions fondamentales pour une expression démocratique. Chose que Bourguiba a fait avec une certaine réussite dotant le pays d’outils institutionnels et juridiques avant-gardistes. Contrairement à son prédécesseur, l’actuel président, en plus du fait qu’il ne bénéficie pas des mêmes circonstances qui ont mené Bourguiba au pouvoir, il ne c’est jamais illustré par un charisme exacerbé ni par une personnalité emblématique, bien au contraire. On est effectivement loin de la popularité quasi-naturelle de Bourguiba et ses légendaires bains de foule. Encore une légitimité à la quelle Ben Ali ne peut prétendre. L’adhésion populaire s’est faite par dépit et perdure par la crainte et à défaut. Une adhésion qu’il serait plus judicieux d’appeler « non-opposition » qui devant l’inexistence d’une figure emblématique ou d’une alternative crédible, préfère l’acquiescement sans conviction devant les élans populistes de Ben Ali. Cela est bien sur loin de permettre une légitimation populaire. Lors du coup d’état médical du 7 novembre 1987, c’est par la constitution et dans le respect scrupuleux des textes que Ben Ali procéda. On peut même dire que les seuls coups d’états illégaux sont ceux qui avortent. Un coup d’état ressui est en quelque sorte toujours légale, portant en lui les éléments de sa propre légalité. Pourtant, cela n’empêche pas l’illégitimité de la manœuvre. En effet, la constitution par la quelle Ben Ali est venu au pouvoir est une coquille vidée de toute force juridique. Elle n’est plus la loi suprême, celle qui, par nature se place au-dessus de toutes les lois de la république ainsi que toutes les considérations personnelles. Cette constitution s’est transformée le 12 septembre 1974 en un instrument de totalitarisme après son amendement par le parlement tunisien de façon à instaurer la présidence à vie pour « le combattant suprême ». Non seulement l’amendement, troque la république pour une quasi-monarchie mais donne le droit de destitution du président de la république au premier ministre alors qu’il n’à aucune légitimité électorale ce qui est en soit une disposition contraire à l’esprit républicain. L’illégitimité de cet amendement est double : constitutionnelle, en trahissant l’esprit de la constitution et le principe d’alternance démocratique à la tête de l’exécutif et républicaine pour ne pas avoir tenu compte d’une règle fondamentale qui veut que seul un élu du peuple puisse assurer l’intérim en cas de vacance du pouvoir. Ce régime c’est donc construit sur les ruines d’une autocratie devenue illégitime à cause d’une constitution dénaturée, instrumentalisée, aux pratiques antirépublicaines et n’a fait donc que bâtir sur des fondations ébranlées. Bien sur Ben Ali n’est pas responsable de l’origine de cette perte de légitimité mais il n’a montré aucune réelle volonté de remédier à cette désacralisation des textes constitutionnels. Cela s’est révélé clairement dés le premier amendement, celui par lequel la présidence à vie a été abolie pour être remplacer par une formule ingénieuse du « président rééligible deux fois », amendement voté en fanfare par le parlement tunisien en 1989. Cet amendement qui se voulait historique n’a fait que renforcer le pouvoir du président en le préservant de la censure du parlement l’exonérant ainsi de toute justification devant la représentation nationale. Le président se retrouve par ce déséquilibre, au dessus du pouvoir législatif et légalement hors d’atteinte. Bien que faible, l’hypothétique pouvoir de la chambre des députés, conféré par l’amendement constitutionnel de 1976, le président Ben Ali le supprime lui trouvant un caractère dangereux, enlevant ainsi tous les moyens légaux de destitution d’un président en fonction. Ceci donne, bien sur, dors et déjà la possibilité au président de prolonger à l’infini son mandat et d’étendre sans retenue ses prérogatives. Toute action légale contre lui étant impossible, sa succession devient assujettie à son bon vouloir et le degré de développement de son esprit démocratique.
Hypocrisie généralisée Comme déjà mentionné plus haut les régimes « hypocratiques » à l’instar du régime tunisien, s’accommodent fort bien d’une façade démocratique. En 20 ans d’existence le totalitarisme abouti du pouvoir en place n’a pratiquement plus besoin d’utiliser la force brute pour assoir son pouvoir. Il est vrai que par sa définition le totalitarisme est un système qui entend contrôler et dominer totalement la totalité de la vie et de la pensée de la totalité des populations, et qui interdit et réprime toute tentative de dépassement, de remise en question. Les « hypocraties » ne dérogeant pas à cette règle et détestent autant l’autonomie et la liberté individuelle. Mais à la place de la répression sanguinaire, le régime « hypocratique », préfèrent compter sur la docilité du peuple et sur la notion de « libertés réduites », à entendre, canalisées dans des voies déterminées qui ne peuvent pas lui nuire. Il mise plutôt sur la soumission volontaire, les contraintes économiques, la force de la propagande diffusée en permanence par les médias, l’école, les hommes politiques, les gens eux-mêmes. Une hypocrisie généralisée qui met à jour l’immense pouvoir de l’auto-persuasion de la majorité des gens et le bourrage de crâne exercé par les adultes sur les enfants. Une méthode beaucoup plus efficace que les exécutions sommaires et les camps de rééducation. Tant que le peuple ne remette pas en cause leurs existences et tant qu’il ne se rende pas capable de construire autre chose, les hypocraties montrent un visage tolérant et ouvert. Les hypocraties tolèrent même l’existence d’une opposition. A condition, bien évidement, que celle-ci ne puisse se passer d’elles. Les quelques défoulassions sporadiques tolérées, permettent à « la dissidence» d’avoir l’impression de faire quelque chose et même d’avoir l’illusion de remporter parfois des petites batailles. Tant que l’opposition reste résiduelle elle ne constitue dans une hypocratie aucune menace. Elle sert même à montrer combien elle est tolérante ! Elle sait que grâce à la censure et à l’implacable jeu de la real politique, ils auront très peu d’accès aux grands médias, et donc que leur audience restera toujours limitée. Elle espère qu’ils finiront par se convertir comme tout le monde, ou par sombrer dans le désespoir ou la violence. A défaut, elle les marginalisera encore plus en les amalgamant à des catégories criminelles. Elle sait que ses sujets adorent les boucs émissaires et n’aiment pas ceux qui mettent le doigt sur les réalités qu’ils tentent d’oublier en adhérant à fond au système « hypocratique». Au sein d’une hypocratie, les tenants du pouvoir s’évertuent, dans un subtil exercice, à fragiliser la population convaincus et à juste titre qu’il est plus facile de régner sur des gens diminués financièrement, spirituellement et intellectuellement. Il est certainement plus facile de les manipuler tant qu’ils se préoccupent davantage de leur survie quotidienne que de changer le monde. Précarité, chômage, surendettement, insécurité autant de levier sur lesquels les régimes «hypocratiques» jouent pour bloquer les possibilités de révolte à la base. La paupérisation de tous les aspects de la société est un d’excellent moyen de contrôle qui ne dit pas son nom. Mais une des ruses suprêmes des régimes hypocratiques, est d’obliger quasiment tout le monde, contestataires et conformistes, à franchir consciemment ou pas les limites de la loi. Chacun peut alors être l’objet de poursuites. Par exemple, pour s’exprimer, on peut avoir à organiser une manifestation interdite, pour survivre certaines personnes sont obligés de commettre des illégalités, les réglementations de certaines professions sont tellement tatillonnes qu’on est obligé de ne pas les respecter pour pouvoir survivre…Autant de truchement redoutables pour mettre toute la population à la porté d’une justice arbitraire et complètement à la solde du pouvoir et qui en donner, en Tunisie, des résultats remarquables. Les systèmes « hypocratiques », bien qu’ils soient à la pointe du totalitarisme, peuvent probablement être perfectionnés et approfondis, notamment grâce aux innovations technologiques en matière de censure et de contrôle des populations, mais il semble difficile de faire plus vicieux et plus efficace sur le principe. Par les deux aspects qui les définissent, ces régimes ont réussit à se maintenir et à prospérer sans rencontrer de véritable résistance intérieure et encore moins extérieure. En effet, dans de tels régimes, les gens réclament eux-mêmes leurs chaînes et se révèlent encore plus répressifs que les services de répression d’Etat. Pas besoin de massacrer les opposants, il y en a trop peu et ils sont complètement paralysés par les rouages du système. Les braves citoyens s’auto-surveillent, s’autocensurent, le tout étant recouvert du drap blanc des libertés, du « gouvernement par le peuple ». Il suffit de savoir doser intelligemment répression, atteintes aux libertés, récompenses et biens matériels pour éviter révoltes et rejet en bloc. Le peuple veut y croire, il n’est donc pas trop difficile de le contenter, malgré tous les faits qui démontrent le contraire. De grandiloquentes déclarations, des élections pour élire un candidat unique ou des gens qui n’ont pas de pouvoir réel, suffisent à donner l’impression de vivre dans un système convenable. Dans le monde beaucoup de régime optent pour une « hypocratie » et parviennent tant bien que mal à maintenir une illusion de liberté et une façade plus au moins convenable, mais de ceux qui ont le plus réussit l’application de ce modèle, le régime tunisien peut prendre valeur d’exemple. Depuis son installation à la tête du pouvoir il n’a cessé de perfectionner le système pour le rendre presque invisible, indétectable pour l’observateur étranger et complètement intégré par la majorité des tunisiens. Même ceux parmi eux qui découvrent la vraie nature du régime trouvent peu d’oreilles intéressées. Le visage humain du système « hypocratique » profère à ces tenants un certain « bénéfice du doute »…c’est peut être là sa plus grande réussite.
(Source : blog « Stranger », le 17 décembre 2007) Lien: http://stranger-paris.blogspot.com/2007/12/hypocratie-le-mal-tunisien.html
12/12/2007 11:30 AM Journalist Mahmoud Thawadi to « Aafaq »: In Tunisia There is One Editor-in-Chief for All Newspapers
Tunis- Aafaq.org The Secretary General of the Association of Tunisian Journalists, Mahmoud Thawadi, has criticized the control that the intelligence services exercise over the media in Tunisia. He attributed the deterioration of journalism in Tunisia to the restrictions the authorities have imposed on journalists. Interview by Sufian Al-Chourabi (Tunisia – Aafaq) – The Secretary General of the Association of Tunisian Journalists, Mahmoud Thawadi, has criticized the control that the intelligence services exercise over the media in Tunisia. He attributed the deterioration of journalism in Tunisia to the restrictions the authorities have imposed on journalists. [Full Story in Arabic] In a lengthy interview with the “Aafaq” correspondent in Tunisia, Thawadi discussed his reasons for founding an independent journalists’ union and the obstacles that the government put in his way – among them, employing the policy of rewards and threats – carrot and stick – on journalists to induce them to withdraw from the union. “By applying pressure, the authorities prevented the union from gaining access to a meeting place for its members, and prevented the convening of the their conference in 2005, despite the fact that more than 10 international organizations planned to attend.” The following are excerpts from the interview: One Editor-in-Chief for All Newspapers “The Tunisian Journalists Association was founded in May of 2004. I had a number of motives. The first was there was no trade union framework to defend journalists’ professional and material rights. The second was that the position the press holds in Tunisian society had deteriorated in the last decades, called the “famine years.” And as for the third reason, it was that the government permanently suppresses journalists, and has converted them into nothing more than government clerks. And it is well known that in Tunisia there is one editor-in-chief for all newspapers, ensconced within the organs of the government. And yet, oddly, the regime blames the miserable state of the media on the journalists themselves. “The regime plundered and looted the authority of the journalist, and his freedom, and did not allow him a natural environment in which to practice his profession. In recent years the Tunisian media have fallen in rank to the lowest levels in international journalism, despite the fact that Tunisia was a pioneering region for journalists in the late 1980s.” The Government fears an Independent Trade Union ”This government fears the existence of an independent trade union, or we can say, those who those who control the media in Tunisia do not want to give up any of this sector. To them it represents a private fief. This is especially the case since the decline of the role of the old Organization of Journalists, which was once was a platform for the defense of journalists, but has in recent years been taken over by the government and has abandoned its mission, while committing calamitous offences against the profession and against journalists. It made huge concessions and obstructed journalists’ interests. It was in a coma and has remained so until now. This created a vacuum that political parties and rights organizations sought to fill. It is true that we respect these organizations, and it is their right to speak of the freedom of expression and freedom of the press, but in the first instance the person primarily responsible for this issue must be a party to it.” Pressures and Obstacles ”As for the obstacles that we faced, although the union announced in its founding declaration that it wanted cooperation and dialogue, and extended its hand to all involved parties in the media sector, and we are not a confrontational party. But the union was subjected to terrible pressures from day one. The government practiced the policy of rewards and threats on journalists, paying off some debts and exploiting delicate material circumstances to induce them to withdraw from the union. To our good fortune, we were not greatly affected. But side by side with professional pressures, the union was denied a meeting place for its membership, and the authorities prevented the convening of its conference in 2005, despite the fact that more than 10 international organizations planned to be present. And further, since June 16, 2004, the president of the Union and its General Secretary were summoned by the Security Police, a procedure that was repeated many more times.” The Defense of Journalists who Face Government Persecution ”Despite our lack of capabilities, we have for the first time in many years undertaken the defense of journalists who face the wrath of the government. And we gave information about there cases at a time that there was no one who stood at their side during their suffering. We also completed the first report on the status of the press in Tunisia, which revealed the miserable conditions of journalists and shamed the newspapers that take government funding and exploit journalists, violating relevant laws. This report stirred up and embarrassed these newspapers. ”We defend all journalists who are persecuted. The Tunisian regime alleges that it does not imprison journalists and that it protects the freedom of expression, but the facts refute that claim. Our colleague Salim Boukhdhir is one example of that. Despite our total respect for the judiciary in full respect when it is independent, we reject the prosecution of journalists because of their writings, and the distortions and casting of accusations at journalists to undermine their reputations. It is the right of a journalist to write articles on the to he finds appropriate. We may agree with what Salim Boukhdhir has written in his various articles or may disagree with him, but all Tunisian journalists are called upon to defend him. For our part, we will defend our colleague Salim to the end, because we consider that journalistic prison is the ‘red line
(Source: afaq.org le 12 decembre 2007)