16 décembre 2011

 

TUNISNEWS
11 ème année, N°4187 du 16.12.2011
archives : www.tunisnews.net

 


 

 

 

 

Mosaiquefm: Exclusif: le président Malien gracie Béchir Besnoun

Luiza Toscane: Bechir Sennoun ne doit pas être exécuté

Atlas info: Tunisie: le CPR revendique sept portefeuilles dans le prochain gouvernement

Radin Rue: Le nouveau président veut éviter un « suicide collectif »

WMC: Pour un gouvernement restreint et pour moins de privilèges!

Leaders: Comment Ennahdha compte gouverner

La Voix du Nord: Les islamistes d’Ennahda veulent « remettre les Tunisiens au travail »

Marianne2: Tunisie, Egypte, etc. : les femmes toujours trahies en 2011 !

Le Point: Les islamistes maîtres du jeu

Faouzi Ksibi: Les ex priveligés continuent a pratiquer leur sport favori

Times: Why Islamists Are Better Democrats


Exclusif: le président Malien gracie Béchir Besnoun

 
20h45:Coup de théâtre dans l’affaire de Béchir Besnoun, dans la soirée du jeudi 15 décembre 2011 notre collègue Zouheir Latif sur les ondes de Mosaïque fm en direct de Bamako a annoncé la libération officielle de Béchir Besnoun gracié par le président malien.
 
(Source: mosaiquefm.net le 5-12-2011 20:39:38)

Bechir Sennoun ne doit pas être exécuté

Luiza Toscane

 

« Béchir est né en décembre 86 à Ghorghar (Tataouine). Seul garçon d’une fratrie qui compte six filles, il a effectué ses études primaires entre 92 et 99 et a réussi au concours de sixième. Puis il a poursuivi ses études préparatoires jusqu’en 2002. Il a obtenu son certificat de fin d’études préparatoires et a été orienté sur le lycée secondaire de Tataouine où il a étudié jusqu’en 2006, l’année où il a décroché le baccalauréat ; D’abord orienté sur Gafsa, il a été réorienté vers l’institut supérieur d’Etudes Technologiques de Gabes (ISETG). En dépit de sa condition modeste, de son dénuement, de la répression et des pressions du régime de Ben Ali, il est parvenu à accéder à l’ingenierie mécanique. L’année 2007-2008 a vu s’accumuler les pressions et les menaces du régime, tant et si bien qu’il était acculé entre la capitulation ou le suicide. Pour surmonter ce choix, il a décidé de se rendre en Mauritanie rejoindre des proches pour y étudier la Charia et la religion, étudiant et travaillant en même temps pour survivre. Il vendait des téléphones portables et communiquait hebdomadairement avec nous jusqu’en janvier 2010. Il a passé sa dernière communication à sa tante Salma. C’est la dernière fois que Béchir nous a parlé. Ensuite, la nouvelle terrifiante, nous l’avons eue par Jeune Afrique. » [1] Tel est le récit emprunt d’émotion de la famille de Béchir à Tataouine.

 

Le 4 décembre dernier, la famille Sennoun, des proches et des militants ont organisé à Tataouine une manifestation suite à l’annonce le 29 novembre dernier par la Cour de Bamako, de la condamnation à mort de Béchir Sennoun, afin de sensibiliser les autorités tunisiennes au sort d’un de leurs ressortissants. Arrêté à Bamako au début de l’année, Béchir Senoun a été accusé de terrorisme suite à l’attentat contre l’ambassade de France à Bamako en janvier 2011, attentat qui a fait plusieurs blessés et un mort. Sa famille ne lui a jamais rendu visite en prison et ignore quelles ont été ses conditions d’interrogatoire et d’incarcération. Il lui est reproché aussi son évasion, qui fut de courte durée. Il aurait également été condamné à une amende de dix millions de FCFA et à verser des dommages et intérêts aux victimes ou à leurs descendants.

Lundi 12 décembre, le ministère de la Justice a publié un communiqué affirmant avoir effectué des démarches en collaboration avec le ministère des Affaires Etrangères, pour Lundi 12 décembre, le ministère de la Justice a publié un communiqué affirmant avoir effectué des démarches en collaboration avec le ministère des Affaires Etrangères, pour empêcher l’exécution du jeune Tunisien [2] La loi malienne ne prévoit pas d’appel, mais le condamné peut se pourvoir en cassation. Au Mali, des condamnations à morts sont régulièrement prononcées mais aucune n’a été exécutée depuis 1980, le président malien ayant commué des peines capitales en peines d’emprisonnement à vie.

Et l’abolition ? Lors d’une rencontre avec les organisations maliennes et africaines de défense des droits de l’homme et la FIDH le 4 décembre dernier, le président Amadou Toumani Touré a réitéré son engagement à « progresser vers l’abolition de la peine de mort au Mali » [3].

Des propos qui contribueront peut-être à redonner un peu d’espoir à la famille de Béchir Sennoun.

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Notes :

1- Propos recueillis le 7/12/11 2- La Presse, 12/12/11 3- Le président Touré reçoit les organisations de droits de l’Homme

(Source: Nawaat le 14 decembre 2011)

Le bureau exécutif de l’ATDocS*
 
et ses bureaux régionaux de Monastir et Sfax organisent*

UNE MANIFESTATION DE SENSIBILISATION A LA SITUATION DES DOCTEURS &

DOCTORANTS EN TUNISIE

Vendredi 16 décembre 2011 à 10h
 
Devant l’Assemblée constituante au Bardo
 
Les Etudiants en Mastère, en Thèse, les Docteurs, Postdoctorants
et Enseignants sont cordialement invités à y prendre part .
 
Nous comptons beaucoup sur votre participation (notre départ sera vendredi
Matin par Train du 7H de la gare de Monastir)
 
Site web: atdocs.asso-web.com


Tunisie: le CPR revendique sept portefeuilles dans le prochain gouvernement

Le Congrès pour la République (CPR), deuxième formation politique de Tunisie, a présenté sept de ses membres pour le prochain gouvernement dirigé par Hamadi Jebali, du parti islamiste Ennahda, a indiqué jeudi ce parti de gauche dans un communiqué. Le CPR revendique les ministères des Domaines de l’Etat, de la Femme, de l’Education, de la Jeunesse et des sports et les postes du secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Industrie et secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères ainsi que le poste du ministre d’Etat auprès du Premier ministre chargé de la Réforme administrative. Les avocats et militants de droits de l’homme Samir Ben Amor et Mohamed Abbou figurent dans la liste proposée par le CPR qui a « désigné les personnes adéquates disposant de la compétence requise », selon le communiqué. La composition du gouvernement fait l’objet de tractations serrées depuis des semaines entre les trois partis vainqueurs aux élections du 23 octobre: Ennahda le CPR et Ettakatol. Plusieurs responsables du parti Ennahda ont déclaré à l’AFP que les portefeuilles de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères devraient leur revenir. Ettakatol –dont le chef Mustapha Ben Jaafar a été élu président de l’Assemblée constituante– pourrait hériter des Finances, du Tourisme et du Commerce, des Affaires sociales, selon des sources politiques. La liste du gouvernement pourrait être transmise au président de la République, l’ancien opposant Moncef Marzouki, d’ici la fin de la semaine et soumise à l’approbation de l’Asssemblée constituante en début de semaine prochaine, selon les mêmes sources.

Source: “Atlas info” Le 15-12-2011

http://www.atlasinfo.fr/Tunisie-le-CPR-revendique-sept-portefeuilles-dans-le-prochain-gouvernement_a23753.html


Le nouveau président veut éviter un « suicide collectif »

Moncef al-Marzouki, le tout nouveau président de la Tunisie a apellé à une trêve de six mois en politique à la télévision tunisienne. « J’appelle l’ensemble des Tunisiens à faire une trêve politique et sociale, juste pour six mois (…). Une trêve politique englobant l’ensemble des partis (…) et une trêve sociale, en cessant toutes les manifestations et les grèves ».

www.radinrue.com le XV – XII – MMXI, 09h39, Tunis, par : KM

Le président tunisien élu depuis deux jours, Moncef al-Marzouki, veut un moratoire des conflits politiques, il demandent aussi que « juste durant six mois » les manifestations cessent, dans le cas contraire, le chef de l’Etat préviens qu’un « suicide collectif » serait inévitable pour le pays.

La Tunisie fut le premier pays arabe à lancer le « printemps arabe » dans le monde oriental. en janvier de l’année dernière elle fit chuter le régime autocratique d’alors en se révoltant dans les rues des grandes villes du pays durant plusieurs semaines. Depuis d’autres pays arabes ont suivit.

Toutefois, malgré la chute du régime, les nouvelles autorités temporaires du pays se trouvèrent face à des disputes entres politiques, la grogne sociale n’a pas cessé, et les démonstrations populaires persistent ; le rôle de l’Islam dans le pays, alors laïc fut également central dans le débat public.

Al-Marzouki fut un prisonnier politique, il a annoncé que si dans les six prochains mois il n’arrivait pas à stabiliser le pays, il présenterait sa démission. Le nouveau chef de l’Etat a prêté serment mardi 13 décembre devant l’Assemblée constituante, organe suprême du pouvoir d’Etat durant la période de transition. Le lendemain de son arrivé au pouvoir, le président a chargé Hamadi Jebali, le numéro 2 du parti islamiste tunisien Ennahda, de former un gouvernement.

Source: ”Radin Rue” Le 15-12-2011

Lien: http://www.radinrue.com/article7066.html


Pour un gouvernement restreint et pour moins de privilèges!

Si on croit les «fuites» sur la composition du prochain gouvernement de transition, on ne peut qu’être déçu. A l’exception du changement des têtes, des noms et des prénoms, le gouvernement de Hamadi Jebali n’innove pas et ne serait qu’une copie conforme des gouvernements précédents, notamment en termes de nombre.

Les indices en sont: effectif pléthorique de ministres et de secrétaires d’Etat, regroupement malheureux des départements… En clair, cette composition, pour peu qu’elle se confirme, est loin d’illustrer l’esprit révolutionnaire qui a soufflé sur le pays un certain 14 janvier 2011.

Elle reflète, par contre, la volonté de la primature d’émietter l’exécutif, de dépouiller tous les départements ministériels de tout pouvoir de décision et de se limiter à faire bénéficier de moult avantages (voitures, et autres privilèges…) de hauts fonctionnaires, recrutés pour la plupart dans le sillage de la Troïka (Ennahdha-CPR-Ettakatol). En somme, un «nouveau parti unique de fait», diront certains.

Conséquence: le pays n’est pas sorti de l’ornière. Comme une fatalité, il sera toujours plombé par des pratiques invétérées de la mauvaise gouvernance qui a pour noms bureaucratie, technocratie, centralisation, népotisme, corruption…

Cette architecture du gouvernement a un coût énorme pour le contribuable. Ce coût est à percevoir à travers le gaspillage des deniers publics dans un pays qui a, pourtant, besoin de chaque millime pour créer des emplois décents à plus de 2,5 millions de chômeurs et de personnes exerçant un métier précaire.

Elle donne, par ailleurs, la plus mauvaise image qui soit de la gouvernance en Tunisie. Pour vous en donner une idée. Imaginez un ministre chinois de l’économie qui vient visiter un tout petit pays comme le nôtre et qui doit faire le tour de 7 ministères -et s’entretenir en chinois avec ses locataires- pour se faire une idée, bien une idée de l’économie tunisienne.

Les pays démocratiques ont pris vite conscience de cette hémorragie de deniers publics et limité leur gouvernement à quelques super-ministères. A titre indicatif, en France, pas moins de cinq secteurs sont regroupés dans un seul ministère en l’occurrence celui de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports, de l’Equipement, du Tourisme et de la Mer.

Pour le cas de la Tunisie, des propositions ont été, pourtant, faites pour réduire le nombre de départements ministériels et regrouper dans un seul ministère les activités selon leur complémentarité.

Dans son essai sur la révolution: «La prochaine guerre en Tunisie: la victoire en 5 batailles», Cyril Grislain Karray en a formulé quelques unes. Il suggère de regrouper «dans un même grand ministère du Développement économique l’industrie, et le Développement, et les Télécommunications, et le Commerce, Et la Coopération économique internationale et l’Aménagement du territoire».

Il propose, également, de mettre sous la même tutelle départementale l’Education, l’Enseignement (trois cycles), la Formation professionnelle, l’Emploi. L’objectif est de gérer, à ses yeux, «de bout en bout du parcours d’insertion réussie dans la vie active de chaque élève».

Il recommande de créer un super-ministère pour transformer l’Etat, l’administration et les collectivités territoriales et de regrouper dans un même département tourisme, culture et patrimoine. Ce dernier projet est défendu également par MM. Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme, et Ezzeddine Bach Chaouch, ministre de la Culture.

Par delà ces propositions qu’on ne peut que saluer, cette tendance fâcheuse de la primature de Hamadi Jebali à accaparer tous les pouvoirs et à en garder le contrôle est un mauvais message pour ceux qui aspirent à la démocratie et au partage des pouvoirs. Elle risque de créer un précédent, et surtout, de contaminer la gouvernance des régions et des collectivités locales au moment même où les Tunisiens croient naïvement qu’ils vont peut-être parvenir un jour à élire leur maire et leur préfet.

Source:” wmc” Le 15-11-2011

Lien: http://www.webmanagercenter.com/management/article-113830-tunisie-pour-un-gouvernement-restreint-et-pour-moins-de-privileges


Comment Ennahdha compte gouverner

Cette interview du nouveau Chef de gouvernement, réalisée en septembre est parue dans la revue « Leaders », au début du mois d’octobre, quelques semaines avant les élections. Nous la reproduisons ci-après sans rien y changer parce qu’elle nous renseigne sur la façon dont le mouvement Ennahdha entend gouverner le pays. Déjà, Hamadi Jebali parle, indépendamment des résultats des élections « de réunir le maximum de conditions de réussite à une coalition qui naîtra d’un consensus et nous fera l’économie d’une atomisation ». Car « aucune partie ne peut désormais être capable de gouverner seule le pays et toute coalition dont Ennahdha ne ferait pas partie serait affaiblie ». Il évoque également la formation du gouvernement, « non pas au niveau des détails et des personnalités devant y figurer, mais des principes et des profils », nous éclaire sur le positionnement de son parti « le centrisme, loin de tout extrémisme », parle de la nouvelle constitution, de la laïcité, en somme d’une première esquisse des contours des principes et profils de l’organisation des pouvoirs publics en Tunisie qui est en en train de prendre forme en Tunisie. S’agit-il de positions personnelles ? Jebali s’en défend : « il s’agit d’une vision partagée par les tous les dirigeants », répond t-il modestement. Mais personne n’est dupe. Elle porte de toute évidence la marque de celui qu’on considère comme le stratège d’Ennahdha. Interview

Nous devons distinguer entre deux démarches qui ne doivent pas être liées automatiquement: le résultat du scrutin et la volonté de consensus devant conduire à l’élaboration d’un programme commun de gouvernement. Il n’est pas indispensable que le nombre de voix recueillies détermine le volume de notre participation au sein du gouvernement qui sera constitué. Nous tenons à ce que ces élections réussissent et nous ne pouvons nullement accepter l’échec de cette étape que nous estimons cruciale. C’est notre unique choix pour concrétiser les objectifs de la révolution et nous entendons qu’elle soit l’occasion tant espérée pour laisser s’exprimer la volonté du peuple, telle qu’elle s’exercera à travers les urnes.

Jamais nous n’accepterons que cette voix soit usurpée, détournée ou trahie. Ce sera alors une lourde et grave perte qui nous fera entrer dans le flou et les tensions dont nous ne pourrions sortir, tant la confiance en les partis, la société civile et les élites en serait sérieusement entamée. L’essentiel sera donc de réunir le maximum de conditions de réussite à une coalition qui naîtra d’un consensus et nous fera l’économie d’une atomisation. Cette coalition, nous la voyons se construire autour d’un axe central, qui n’est pas nécessairement Ennahdha, ou nahdhaouiste, mais suffisamment fort et solide pour assumer la responsabilité et réaliser le consensus, dans le cadre d’un programme commun de gouvernement.

Pour gagner du temps, nous avons tous intérêt à engager dès à présent le dialogue et la concertation autour des grandes questions qui se posent et parvenir à un minimum d’accord sur les urgences économiques et sociales ainsi que toutes les questions prioritaires, notamment pour ce qui est de l’emploi, du développement régional, et autres. Que l’on aboutisse ou non à un accord n’est pas le plus important, car il s’agit d’engager ce débat pour que nous ne nous trouvions pas, au lendemain des élections, submergés d’un seul coup par toutes les questions à la fois. Aucune partie ne peut désormais être capable de gouverner seule le pays et toute coalition dont Ennhadha ne ferait pas partie serait affaiblie.

Et les autres questions à poser immédiatement sur la table ?

Nous devons aussi débattre de la formation du nouveau gouvernement, non pas au niveau des détails et des personnalités devant y figurer, mais des principes et des profils. Pour ce qui est de la présidence de la République, Ennhadha ne s’y porte pas candidate et ce, non par incapacité mais en considération de la situation géopolitique dans le pays et dans la région. N’oubliez pas que notre objectif est de réunir le maximum de conditions de réussite à ce processus qui s’engage en Tunisie. C’est pourquoi nous devons convenir, pour ce poste, d’une grande personnalité, jouissant de l’estime de tous, un démocrate, rassembleur, consensuel, ce qui contribuera à la stabilisation et satisfera toutes les parties. La présidence de la République doit s’adosser à une force d’attraction, fondée sur une puissance effective, qu’elle soit de notre mouvement ou non, mais qui s’appuie sur de vrais piliers, cependant ce n’est pas une condition sine qua non.

Et les ministères ?

Pour les ministères de souveraineté, notre vision est claire.

Défense nationale : nous tenons absolument à préserver cette institution et la renforcer en lui donnant toute la confiance qu’elle mérite. Elle bénéficie d’une très haute appréciation et il nous appartient de la soutenir et de la consolider par les moyens et ressources dont elle a besoin. Nous sommes satisfaits de ses programmes, comme de ses hommes.

Intérieur : nous ne verserons pas dans la revanche ou la vindicte, pas de chasse aux sorcières, ce dont nous avons longtemps souffert nous-mêmes. Nous partons d’une vision éthique et nous nous attachons à la réconciliation nationale et au dépassement des erreurs du passé. Ce qui importe le plus, c’est le dédommagement, plus que le châtiment. Notre objectif n’est pas d’envoyer des milliers de personnes derrières les barreaux, mais de leur donner une chance de se racheter. Certes, nous ne saurions accepter un ministère-épouvantail, comme il l’avait été, qui avait conduit le pays vers la dictature, mais une administration au service du peuple et entre ses mains. La sécurité du régime ne procède que de celle du peuple, et l’autorité de l’Etat ne peut reposer que sur le respect de l’individu. Il appartient donc à ce département d’engager la réhabilitation de ses cadres et programmes, de rompre avec les concepts et stratégies fondés sur l’oppression et l’intimidation, pour se convertir dans la sécurisation du Tunisien. C’est pourquoi il sera important de désigner à sa tête un homme intègre, propre, réformateur. Nous savons que cette conversion prendra le temps qu’il faudra, mais l’essentiel est que le processus commence, ce qui constituera à nos yeux l’acte 2 de la révolution. Affaires étrangères: c’est à ce ministère de véhiculer la nouvelle image qu’incarne désormais la Tunisie post-révolution et c’est aux ambassadeurs et à tous les diplomates de porter cette image. Ils devront chercher l’intérêt du pays, partout à l’étranger et dans tous les domaines et s’efforcer de drainer toutes les bonnes opportunités.

Justice : ce département doit être confié à une sommité de compétence, d’éthique et d’abnégation, qu’elle soit issue d’Ennahdha ou d’ailleurs, reconnue pour sa capacité à engager les réformes et à les réussir. Le plus urgent aussi est d’adopter un nouveau statut de la magistrature et d’organiser l’élection du Conseil supérieur de la magistrature.

Les ministères en contact direct avec le citoyen, Equipement, Agriculture, Transport, etc. : chacun doit s’y considérer au service du citoyen, redevable à lui et à lui seul, de sa nomination et de sa promotion et non, comme jadis, désigné sur d’autres critères, investi d’un pouvoir absolu contre le citoyen, chargé de l’épier, et libéré de toute obligation de résultat, d’efficience et de satisfaction de l’usager. Une administration qui sera au service du peuple, les plus démunis en premier.

En plus des partis, vous faites appel aux organisations nationales ?

Nous avons pour la Tunisie un programme ambitieux, que nous devons fonder sur une base élargie à tous et pour la réalisation duquel nous appelons plus qu’à la participation, à l’implication effective de toutes les parties, de toutes les organisations nationales et de toutes les compétences. Nous les invitons toutes à participer à gouverner ensemble. Aussi, nous demandons aux centrales ouvrières et patronales, UGTT, Utica et autres, de soutenir cette démarche, de surseoir aux revendications et d’accorder un moratoire au gouvernement pour lui permettre de reprendre son souffle, d’engager la mise en oeuvre de son programme et de réussir.

C’est une étape très délicate que celle que nous abordons, et le gouvernement qui sera formé tirera sa force de sa cohésion, en s’enrichissant de toutes les compétences qui ne s’étaient pas compromises avec le régime déchu. Nous comprenons parfaitement que certains aient agi sous la contrainte et la menace, mais tant qu’ils n’ont rien commis de répréhensible, il n’y a aucun mal à ce qu’ils s’inscrivent au service de la Tunisie nouvelle. Notre message est un message pour la tolérance, la réconciliation, sans exclusion, tout en nous employant à la restitution des droits des victimes, comme ceux du pays. Nous devons aussi faciliter la tâche de l’assemblée nationale constituante, en présentant dès maintenant nos visions et propositions pour la nouvelle Constitution à élaborer. D’ailleurs, nous sommes ouverts au sein d’Ennahdha quant aux différentes propositions avancées et prêts à en débattre. Alors comment pourrions-nous gagner du temps ? En nous mettant d’accord, le plus tôt possible et dès à présent, sur les principes devant présider à la Constitution et au champ législatif en fixant les priorités des domaines et textes à examiner et en constituant un pôle d’attraction qui permettra à cette assemblée d’atteindre ses objectifs, de réaliser l’ambition de notre peuple et de conduire la transition.

Ennahdha et la laïcité

Il ne faut pas oublier que la Turquie actuelle, conduite par le Premier ministre, M. Recep Tayyip Erdogan, a hérité de la Constitution quasi-centenaire de Mustapha Kemal Atatürk. C’est là une réalité issue d’une certaine époque et de circonstances particulières, ce qui ne peut nécessairement s’appliquer à la réalité tunisienne. Notre peuple est acquis à l’identité arabo-musulmane commune qui nous unit. Une identité qui n’est pas imposée par l’Etat et que chacun est libre de porter, d’interagir avec elle et de la préserver. Défendre cette identité n’est pas du ressort de l’Etat, mais du peuple. Si nous sommes d’accord que l’Etat appartient à tous les Tunisiens, et qu’il n’y a pas de représentant officiel ou de porte-parole de la religion qui l’impose aux autres, et que la légitimité n’appartient qu’au peuple, nous conviendrons alors que la laïcité ou l’imposition de la religion n’a pas de sens en Tunisie.

Positionnement et évaluation

Notre ligne de conduite au sein d’Ennahdha est le centrisme, loin de tous les extrémismes. Ce choix est nourri de nos valeurs fondatrices, comme de notre vision de l’avenir. Nous avons procédé, depuis que nous étions en prison ou en exil, à une analyse critique approfondie et détaillée de nos positions et actions. Cette évaluation a été récemment synthétisée dans un document d’ensemble, fort de plus de 300 pages qui sera, d’ailleurs, présenté lors de notre prochain congrès, prévu d’ici la fin de l’année. Sa lecture sera édifiante.

Source: “Leaders” Le 15-12-2011

Lien. http://www.leaders.com.tn/article/comment-ennahdha-compte-gouverner?id=7196


Les islamistes d’Ennahda veulent « remettre les Tunisiens au travail »

Le secrétaire général du parti islamiste Ennahda, Hamadi Djebali, a été nommé chef du gouvernement par le nouveau président de la république tunisienne, Moncef Marzouki. Dhafer Saïdane, professeur à Skema business school à Lille et franco-tunisien, évoque les grands défis que doit affronter la nouvelle Tunisie. …

La révolution a un coût : un déficit passé de 2 % à 7 % du PIB, une économie stoppée net (croissance nulle prévue en 2012), des investisseurs et un système financier recroquevillés. Au beau milieu d’une crise financière mondiale, le bouleversement tunisien tombe mal. Mais on ne choisit pas son heure… Dhafer Saïdane, qui a rédigé un rapport au gouvernement sur la finance tunisienne, estime que « la mission est difficile, mais pas impossible ». « Même si le Coran est basé sur la patience, le peuple ne peut vivre que de paroles divines alors que la demande sociale explose.

Ennah- da a devant lui six à douze mois pour capitaliser sur sa crédibilité politique absolue, rétablir la con-fiance. Et le pays repartira. »

Moralisation et finance islamique

Même si Hamadi Djebali, 62 ans, a passé quinze années dans les prisons de Ben Ali, Ennahda possède des atouts « pour remettre les Tunisiens au travail ». D’abord, l’islam est libéral. Le Coran dit que « l’enrichissement est une grâce du ciel », « sur une base éthique », précise Dhafer Saïdane. Ennahda fait de la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance son cheval de bataille. « Dans son ADN, ce parti comprend une dimension de moralisation de l’économie et de développement durable. C’est ce que le peuple attend. »

Dans sa stratégie, Ennahda risque de reconsidérer ses rapports Nord – Sud et s’ouvrir à des relations Sud – Sud, vers des pays ambitieux comme l’Inde, la Chine ou le Brésil. « Leurs économistes ont compris l’épuisement dans le Nord et l’émergence dans le Sud. Ils ne sont pas fous », explique M. Saïdane.

Comme il s’agit de restructurer le système financier, d’éviter de recourir à l’emprunt (la note de la Tunisie chez Moody’s est « BBB – » !), le nouveau gouvernement cherchera à « évoluer vers la finance islamique, au moins en complémentarité de la finance conventionnelle ».

La dimension religieuse d’Ennahda entre là véritablement en jeu. On envisage un scénario identique pour le tourisme, fer de lance de l’économie (7 % du PIB). « Il n’y aura pas de changement radical, mais une évolution vers un tourisme intra-pays musulmans. Tout se fera dans la continuité. À la tunisienne, comme le montrent son histoire et la révolution. »

Dhafer Saïdane ne désespère pas : « Une nouvelle page s’ouvre, sur un modèle inédit. C’est passionnant. Cela comprend une part de risques et une part d’espérance. » Le nouveau Premier ministre devrait présenter son gouvernement en fin de semaine (quinze ministres d’Ennahda sur vingt-deux). L’Assemblée constituante l’approuvera la semaine prochaine. Un an tout juste (le 17) après l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid. •

Source: “La Voix du Nord” Le 15-11-2011

Lien: http://www.lavoixdunord.fr/France_Monde/actualite/Secteur_France_Monde/2011/12/15/article_les-islamistes-d-ennahda-veulent-remettr.shtml#utm_source=rss&utm_medium=rss_France_Monde&utm_campaign=flux_rss

 


Tunisie, Egypte, etc. : les femmes toujours trahies en 2011 !

Elles ont fait les révolutions arabes et maintenant elles trinquent…

La femme, c’est décidément leur faille à tous ! La faille des islamistes, des néo-islamistes, des crypto-islamistes et j’en passe, en saluant au passage ( avec mon foulard salafiste de fabrication égypto-révolutionnaire) les admirateurs parisiens de tous ceux que je viens de citer.

Ainsi, Moncef Marzouki, le nouveau président de la république tunisienne, naguère opposant exilé et figure de la lutte pour les droits de l’homme, a livré le 13 décembre, lors de son discours d’investiture, sa version personnelle des droits de la femme. Le successeur de Ben Ali, qui doit sa position à son alliance avec le parti Ennahda désormais au pouvoir, s’est en effet fendu d’une phrase étrange. S’exprimant en arabe, il a déclaré : « Nous protègerons les femmes qui portent le niqab, les femmes qui portent le hijab et lessafirat… »

Les safirat ? Un terme péjoratif utilisé dans le Golfe, grand pourvoyeur de fonds des partis islamistes internationaux et frères nourriciers de leur propagande obscurantiste, pour qualifier les femmes « à la tête nue ». De tête nue à nue intégrale, dans l’esprit obsédé des opinions sous domination psychologique et fantasmatique islamiste, il n’y a qu’un pas à franchir. En France aussi, d’ailleurs, sinon comment expliquer l’engouement des juvéniles enfoulardées ?

Mais revenons à Carthage : Moncef Marzouki savait pertinemment ce qu’il faisait et ce qu’il disait. La preuve en est cet ordre de protection donné en premier lieu aux femmes en niqab ! Au moment même où , devant la faculté de la Manouba, se poursuit le face-à-face entre l’administration et les salafistes qui veulent imposer l’accueil des étudiantes intégralement voilées à la saoudienne. Les « Belphégor » ou encore les « 404 bâchées » comme les appelaient les Algériens des années de sang en riant de rage au milieu de leur tragédie. Honneur d’abord, dixit Marzouki, au niqab, puis au hijab, enfin à une espèce assez dévalorisée : celle des « safirat ».

Seulement, à Tunis, aujourd’hui, c’est un tollé. La presse, les sites internet, les tweets sont pleins des protestation des « safirat » si mal nommées, des dévoilées qui ont fait la révolution, des jeunes et moins jeunes allergiques à l’impératif imbécile et mensonger de couverture de la chevelure ( « nulle part dans le Coran », me confirmait il y a une semaine au Caire le propre frère du fondateur des Frères Musulmans, le vieux Gamal al Banna) : ce sont elles qui se sont battues, dans la rue, face aux flics, pour la liberté ! Et les voilà désignées du bout des lèvres, sèchement, au bout de la liste, comme des extra-terrestres fort déshabillées, par le nouveau locataire du palais de Carthage. Preuve, une nouvelle fois, que les accommodements avec les islamistes – en échange du fauteuil de Raïs- ne mènent… qu’à l’islamisme !

Heureusement, les Tunisiennes ne vont pas lâcher. Dans les messages que je reçois de mes amies enseignantes, le découragement est sans cesse contrebalancé par la saine colère, mère de tous les courages. Monsieur Marzouki, Monsieur le Président de la République Tunisienne libérée par des femmes sans peur et des hommes épris de toutes les libertés, vous ne parviendrez pas à jeter un linceul sur les droits et les combats des femmes les plus libres du monde arabe ! Il se déroulera dans les mois qui viennent, en Tunisie, un affrontement idéologique tel que l’islamisme mis à nu sera contraint, soit de s’enkyster dans l’autoritarisme comme il en a donné la preuve en tentant d’attribuer tous les pouvoirs à l’exécutif, soit de négocier avec une opposition moderniste beaucoup plus large qu’on ne le dit.

En Egypte, dont je reviens, la situation des femmes est bien pire et les perspectives sont beaucoup plus sombres dans ce vaste pays analphabète à 40% et dont la moitié de la population ( notamment au Caire) vit en dessous du seuil de pauvreté.

Les agressions sexuelles, les humiliations sont le lot des Egyptiennes. De toutes les Egyptiennes, voilées ou non, jeunes ou vieilles. Certes, l’ignorance, la misère, l’impossibilité économique de mener une vie normale en se mariant, entrent en jeu dans ce harcèlement permanent (dont on ne dit pas grand-chose, je note, dans les milieux féministes si prompts à s’émouvoir vers Saint-Germain-des-Prés) mais le responsable, c’est aussi, et surtout, l’affreux lavage de cerveau salafiste.

Le célèbre et génial écrivain Alaa El Aswany le dénonce aujourd’hui dans ses « Chroniques de la révolution égyptienne « ( chez Actes Sud) : « La cause originelle de l’extension prise par le harcèlement est, à mon avis, la modification de notre regard sur les femmes…Notre pays a été victime d’une vague impétueuse de pensée salafiste wahhabite…la femme, pour les salafistes, est avant tout un corps et ce qui les préoccupe le plus, c’est de cacher ce corps…ce point de vue en fait automatiquement, à n’importe quel moment, une proie sexuelle virtuelle, un être presque dépourvu de volonté morale, qui doit toujours être accompagnée par un homme de sa famille pour la protéger contre les autres et également contre elle-même…Cette vision arriérée de la femme, maintenant répandue en Egypte, a malheureusement été importée des sociétés bédouines venues du désert… »

Cette vision arriérée est précisément celle qui a infecté les sociétés musulmanes contemporaines. C’est elle qui a façonné le discours des partis islamistes, du Maghreb au Moyen-Orient, et dicté les réflexes obsédés des opinions malheureuses. Moncef Marzouki, lui-même, n’y échappe pas en utilisant le terme « safirat » pour désigner les femmes qui ne se voilent pas et préfèrent rafraichir leur cerveau au libre vent de la rationalité féconde. Quant aux salafistes égyptiens, dont le président tunisien ( en théorie non-islamiste puisque leader fondateur du Congrès pour la République) serait si éloigné, ils effacent le visage de leurs candidates sur les affiches !

L’un de leurs gourous, Hazem Abou Ismail, candidat salafiste du parti Nour ( « Lumière » !) à la présidence égyptienne, jure qu’il interdira aux hommes et aux femmes de marcher ensemble dans la rue s’il est élu…L’islamisme, c’est toujours moins : moins de démocratie ( « la démocratie c’est un moyen, le but c’est la charia » m’a déclaré clairement, au Caire, Mohammed Morsi, leader victorieux du parti islamiste égyptien Liberté et Justice) moins de droits, et pour finir : moins de visage. Pas de visage.

Pour finir, et vraiment, sur le mode tragique : en Arabie Saoudite, on vient de décapiter une femme pour « sorcellerie ». Elle a été jugée en bonne et due forme islamiquement correcte par un tribunal : cette rebouteuse, Amina Bent Abdelhalim Nassar, était coupable d’avoir négocié quelques remèdes. Ce coup de sabre est sans doute un effet des « changements » annoncés par le prince Nayef, nouvel homme fort de la monarchie, et grand allié – en pétrodollars- des salafistes qu’il espère bien voir triompher à l’étape finale des révolutions arabes…

Source: “Marianne2” Le 15-12-2011

Lien: http://www.marianne2.fr/Tunisie-Egypte-etc-les-femmes-toujours-trahies-en-2011-_a213581.html


Les islamistes maîtres du jeu

Pour une première, ce fut un succès. Beaucoup d’émotion et une formidable envie, chez les Tunisiens, de vivre dans une nation

démocratique où la population pourrait enfin choisir ses dirigeants : telle a été la leçon de la première élection libre au pays du jasmin. Le résultat des urnes était attendu : Ennahda, le parti islamiste, finit en tête. Il n’emporte que 60 des 217 sièges de la prochaine Assemblée constituante mais recueille près de 40 % des suffrages. Rien de surprenant. Il a bénéficié de la légitimité des partis jusqu’alors interdits dont les militants ont été emprisonnés, torturés, exilés. Il est aussi le seul à avoir labouré le terrain pendant des années, via ses réseaux sociaux. De plus, son langage modéré actuel rassure nombre de Tunisiens, croyants mais qui refusent les excès, tant des salafistes que des partis qui se disent laïques à la française. Une idée qui passe mal.

Et demain ? Ennahda répète vouloir gouverner au sein d’une coalition. Minoritaire, il lui reste à trouver des alliés. Des tractations sont en cours avec les deux partis arrivés en deuxième et troisième position. L’un, Ettakatol, est le « PS local » ; l’autre, le Congrès pour la République (CPR), gauche nationaliste, est dirigé par Moncef Marzouki, avocat et défenseur des droits de l’homme de la première heure, longtemps réfugié en France. Tous deux devraient pouvoir négocier leur soutien en contrepartie de la rédaction d’un projet constitutionnel qui ferait, comme hier, de l’islam une religion d’Etat, mais n’évoquerait ni la charia, ni l’abandon du statut personnel mis en place par Bourguiba. Ennahda s’y dit prêt. Les islamistes visent le moyen terme. D’abord, les municipales de 2012, puis les législatives. C’est alors que tout se jouera.

Source: “Le Point” Le 15-12-2011

Lien: http://www.lepoint.fr/monde/les-islamistes-maitres-du-jeu-15-12-2011-1407575_24.php


Les ex priveligés continuent a pratiquer leur sport favori

Dans la zone touristique de Monastir, des personnalités jadis influentes financièrement et politiquement ont perturbé le commerce et occasionné des préjudices énormes à des tiers. Ces éléments perturbateurs étaient des parents du président déchu et des Rcédistes. Ils ne se sont pas contentés de tout ce qu’ils ont raflé sur terre, ils ont aussi infesté la mer. Ces intouchables se sont tout appropriés et sont devenus les maîtres incontestés et incontestables des lieux. Parmi les biens qu’ils ont confisqués, il ya les bases nautiques, les seules ressources pour plusieurs familles très modestes.

La loi bafouée

Pour exercer ce métier, il faut être du domaine, c’est-à-dire avoir un livret maritime attestant qu’on travaille dans la mer depuis des années. Une fois cette condition remplie, on doit présenter un dossier au comité constitué du délégué des affaires économiques, du délégué de la région, du président de la zone de la garde nationale, du président de la zone de la marine marchande locale, du chef du poste de police, du président de la brigade des frontières maritimes et des représentants de la commune, de la direction régionale de l’équipement et de l’habitat, de la protection civile et de direction régionale du tourisme. Quand on aura passé avec succès les épreuves écrites et pratiques, là, on obtiendra le livret. Ca, c’est la loi, mais la réalité était tout autrement au temps des hors-la-loi. Les Ben Ali et leurs proches, qui n’avaient rien à voir avec le sport nautique ni de près, ni de loin, obtenaient, bien entendu sans avoir à suivre cette procédure longue et complexe, les autorisations et les vendaient aux plus offrants.

Ils ne se gênaient pas si jamais le comité s’entêtait à appliquer rigoureusement la loi. Et au cas où il se montrerait si audacieux, ils empruntaient l’une des innombrables portes dérobées qui leur étaient offertes. C’était le cas, par exemple, de l’une des nièces de Ali Baba, Souhir Chemsi, qui a bénéficié de l’indulgence du gouverneur. Il lui a accordé l’autorisation un mois après son refus par le comité. Une fois acquise, cette base n’a pas été exploitée par l’intéressée qui l’a louée exactement comme celle qu’elle possédait à Hammamet. Là aussi, on rappelle la loi systématiquement bafouée : en aucun cas, l’autorisation ne peut faire l’objet d’un bail.

Certes, les contraventions perpétrées dans le tourisme nautique étaient à l’image de ce qui se passait dans tous les autres domaines. Cependant, ce qui est à déplorer ici c’est qu’à Monastir en particulier on continue à faire comme si de rien n’était, comme si les mafieux n’étaient pas partis et qu’ils faisaient toujours sévir leur loi. Puisque les preneurs des bases nautiques continuent à exercer leur commerce et ce en dépit de l’absence de reconduction en raison du retrait des autorisations accordées aux proches du président déchu.

Des violations très préjudiciables

L’autre infraction occasionnant le préjudice le plus ruineux pour les exploitants des bases nautiques légales c’est l’inobservation du cahier des charges en matière de métrage. Il est stipulé qu’une distance minimale de l’ordre de 400mètres doit être observée entre les différentes bases. Cette condition n’a pas été remplie, par exemple, par la nièce de l’ex président sus citée qui a installé la sienne à moins de 200 mètres de celle qui existait déjà. La conséquence directe d’un tel raccourcissement de la distance est l’interdiction de l’exploitation du parachute. Parmi ceux qui en ont payé les frais il y a les dénommés Lotfi Ben Saïd et Kamel Rejichi. Le premier est la victime de la nièce, le second celle d’un ex député, Ameur Bnouni, qui a fait usage de son influence en faveur de son fils qui est dentiste, bénéficiaire déjà d’une autorisation de quad.

Les deux commerçants lésés se sont bien évidemment plaints auprès des autorités notamment à cause de la proximité préjudiciable, mais ils ont subi des traitements différents. Ben Saïd a reçu tout simplement des menaces de fermeture de la base, quant à Rejichi, la sanction était plus sévère : on lui a fermé la sienne et ce après le 14 Janvier rien que parce qu’il a contesté l’octroi illégal à tout point de vue de ladite autorisation! Le gouverneur lui a fait savoir qu’il n’était pas au courant du non renouvellement du permis d’exploiter la base qui d’habitude se fait automatiquement.

La confiscation des droits

Un autre cas encore plus inquiétant est celui Mezri Trabelsi. Il a déposé un dossier pour l’acquisition d’une base nautique en 1993 auprès du président de la zone de la marine marchande à Monastir qui est le neveu de Ben Ali. L’année suivante, on l’a informé qu’on lui avait accordé l’accord préalable en attendant le résultat de l’enquête policière, la phase ultime de la procédure alors en vigueur. Plus tard, il s’est rendu à la zone maritime pour obtenir son autorisation, mais son président lui a fait comprendre qu’il faisait erreur, car, selon lui, on ne lui en avait jamais délivré, et pour le consoler, il a daigné lui prodiguer un conseil : « essaye de changer d’activité tant que tu es encore jeune et oublie ce projet de base nautique ». Ce conseil déguisait une menace qui se faisait nettement sentir.

L’après 14 Janvier a résolu l’énigme en jetant de la lumière sur ce dossier disparu. En s’adressant à la marine marchande, son président, Faïçal Baghdadi lui a appris que ce dernier existait et qu’il fallait apporter la permission du procureur de la République pour l’obtenir. Effectivement, on le lui a remis à la présentation de celle-ci, et là, il était confronté à des révélations bouleversantes : la commission lui a accordé l’autorisation depuis 1994, en 1995, l’ex président de l’établissement, Lotfi Mlika, s’en est emparée et l’a donnée à bail. L’année suivante, ce même responsable a transformé ce commerce en une société, la Société Mezri, et ce en raison de sa nomination au poste de consul à Rome. Après la Révolution, il a proposé la vente de cette dernière à son propriétaire légal. En s’adressant à l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (l’APAL), l’avocat de l’intéressé lui a répondu qu’on ne peut pas donner deux autorisations pour une même base nautique.

La mainmise des intrus

A Monastir et dans le domaine maritime, la loi ancienne est toujours en vigueur, les accointances poursuivent leur bonhomme de chemin et la loi est violée comme par le passé. Les étrangers au métier, parmi lesquels des hommes d’affaires, des médecins et même des immigrés, exercent encore cette activité pour laquelle ils ne sont aucunement qualifiés par la loi qui exige, on le rappelle, de l’expérience et l’obtention d’un diplôme, alors que tant d’autres remplissant ces conditions s’en trouvent exclus. Jamel Mkeda est l’une des victimes de cette injustice. Il a derrière lui une expérience de 22 ans, et il attend toujours une réponse à sa demande déposée depuis le mois de Février et pourtant son cas est très simple, puisqu’il ne réclame pas qu’on lui aménage un nouvel endroit, mais une base déjà existante, celle de Tahar Bnouni, le dentiste. L’application de la loi reste du ressort de la marine marchande et de la garde nationale, d’après ce que nous ont affirmé tous les intéressés, la première prend les décisions, la seconde veille à leur exécution.

Faouzi KSIBI

 

 

 


Why Islamists Are Better Democrats
By Bobby Ghosh

 

If the Arab Spring was seeded by a liberal insurrection, the Arab Fall has brought a rich harvest for Political Islam. In election after election, parties that embrace various shades of Islamist ideology have spanked liberal rivals. In Tunisia, the first country to hold elections after toppling a long-standing dictator, the Ennahda party won a plurality in the Oct. 23 vote for an assembly that will write a new constitution. A month later, the Justice and Development Party and its allies won a majority in Morocco’s general elections. Now, in perhaps the most important election the Middle East has ever witnessed, Egypt’s Islamist parties are poised to dominate the country’s first freely elected parliament.

In the first of three rounds of voting, two Islamist groups won a clear majority between them: a coalition led by the Freedom and Justice Party (FJP) got 37% of the vote, while the al-Nour Party won 24.4%. The Egyptian Block, a coalition of mostly liberal parties, was a distant third, with 13.4%. The FJP is the political arm of the Muslim Brotherhood, a mostly moderate Islamist group; al-Nour represents more-hard-line Salafis. With momentum on their side, the Islamists are expected to do even better in the second and third rounds, scheduled for Dec. 14 and Jan. 3. (See pictures of Egyptians flocking to the polls.)

Why have the liberals, leaders of the Arab Spring revolution, fared so poorly in elections? In Cairo, as the votes were being counted, I heard a raft of explanations from disheartened liberals. They were almost identical to the ones I’d heard the previous week, in Tunis. The litany goes like this: The liberals only had eight months to prepare for elections, whereas the Brotherhood has 80 years’ experience in political organization. The Islamists, thanks to their powerful financial backing from Saudi Arabia and Qatar, outspent the liberals. The generals currently ruling Egypt, resentful of the liberals for ousting their old boss Hosni Mubarak, fixed the vote in favor of the Islamists. The Brotherhood and the Salafists used religious propaganda — Vote for us or you’re a bad Muslim — to mislead a largely poor, illiterate electorate.

These excuses are all plausible, as far as they go. But they don’t go very far. After all, the Salafis had no political organization until 10 months ago, and they still managed to do well. The liberals were hardly penurious: free-spending telecom billionaire Naguib Sawiris is a leading member of the Egyptian Block. Even if you buy the notion that the generals — themselves brought up in strict secular tradition — prefer the Islamists to the liberals, international observers found no evidence of systematic ballot fixing. (See photos of the recent clashes between police and protesters in Cairo.)

And to argue that voters were hoodwinked by the Islamists is to suggest that the majority of the electorate are gullible fools. This tells you something about the attitude of liberal politicians toward their constituency. And that in turn may hold the key to why they fared so badly.

The Islamists, it turns out, understand democracy much better than the liberals do. The Ennahda and the FJP were not just better organized, they also campaigned harder and smarter. Anticipating allegations that they would seek to impose an Iranian-style theocracy in North Africa, the Islamists formed alliances with some secular and leftist parties and very early on announced they would not be seeking the presidency in either country. Like smart retail politicians everywhere, they played to their strengths, capitalizing on goodwill generated by years of providing social services — free hospitals and clinics, soup kitchens — in poor neighborhoods. And they used their piety to assure voters that they would provide clean government, no small consideration for a population fed up with decades of corrupt rule. Even the Salafis, who openly pursue an irredentist agenda and seek a return to Islam’s earliest days, benefited from the perception that they are scrupulously honest.

Having shown themselves adept at winning elections, will the Islamists now prove to be good democrats? There’s reason for hope. Ennahda and FJP leaders have for the most part sounded conciliatory rather than triumphal: they have sought to broaden alliances and bring more liberals into their tents. Critics say this is all a ruse, but Tunisian and Egyptian voters have insured their democracy against ruses by leaving Ennahda and FJP well short of absolute majorities. (Read « In Egypt, Will Democratic Legitimacy Trump Military Legitimacy? »)

Having proved themselves poor campaigners, will the defeated liberals now play by the rules? These require them to play a constructive role in parliament’s opposition benches rather than undermine the elections by returning to street protest. They also must prepare for elections expected in 2012 and ’13. They still have time to learn to be better democrats — like the Islamists.

(Source: Times Monday, Dec. 19, 2011)

 

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