16 avril 2007

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2519 du 16.04.2007

 archives : www.tunisnews.net


Magharebia: Les Tunisiens réagissent aux attentats en Algérie et au Maroc

Réalités :“Bourguiba et la question religieuse” de Amel Moussa : Par delà le bien et le mal…

AFP: Erdogan, de l’islamisme radical au « conservatisme démocratique »

AFP:Wolfowitz doit partir de la Banque mondiale, selon le New York Times

Le Monde: Le départ de Wolfowitz


 

Les Tunisiens réagissent aux attentats en Algérie et au Maroc

15/04/2007

Les récents attentats survenus au Maroc et en Algérie ont poussé de nombreux Tunisiens à se demander si la Tunisie pourrait être la prochaine sur la liste. Les analystes, les responsables politiques et d’autres citoyens font part de leur opinion.

Par Jamel Arfaoui pour Magharebia à Tunis – 15/04/07

Les récents attentats qui ont secoué l’Algérie et le Maroc ont suscité énormément de réactions dans la Tunisie voisine, dans toutes les couches de la société. Les Tunisiens discutent encore du fait que des extrémistes islamistes ont élu résidence dans les faubourgs de Tunis. L’affrontement avec les forces de sécurité qui avait eu lieu en décembre dernier et début janvier avait entraîné la mort de douze terroristes et reste encore vivace dans les mémoires.

A la suite des attentats perpétrés au Maroc et en Algérie, les analystes s’attachent à réfuter la propabilité de la propagation de ces attaques à Tunis, restée jusqu’à présent à l’abri de ces opérations dramatiques depuis l’annonce de la création de l’Organisation al-Qaida au Maghreb Islamique. C’est l’avis de Slaheddine Jourchi, un spécialiste des groupes extrémistes, qui, lors d’un entretien avec Magharebia, a affirmé qu’il avait peu de risques de voir des opérations similaires à celles perpétrées au Maroc et en Algérie se propager en Tunisie. « Il est certain que ce qui s’est produit à Casablanca et à Alger aura un impact psychologique en Tunisie, » a déclaré M. Jourchi, ajoutant que « les groupes qui ont perpétré ces attentats en Algérie mercredi matin appartiennent à une organisation qui a réussi à s’implanter et à se développer, et a donc pu former des cellules dormantes et actives, alors qu’en Tunisie, les affrontements de l’an dernier illustrent la capacité des forces de sécurité à faire échouer le premier mouvement armé, ce qui a empêché ces groupes de s’étendre. J’estime qu’il leur faudra très longtemps pour renouveler leur tentative. »

M. Jourchi note que ce qui s’est produit au Maroc mardi laisse à penser que ces groupes armés sont dans un état de grande confusion et de total désarroi.

La journaliste Asia Atrous a écrit dans l’édition de vendredi du quotidien Assabah que, alors que le gouvernement affirme que les attentats du Maroc et d’Algérie sont sans aucun lien, nous avons des raisons de penser différemment. « Il ne fait aucun doute, » écrit-elle, « que… les menaces terroristes au cours des derniers mois incitent à se poser de nombreuses questions de manière plus directe et exigeant des réponses plus précises ».

Mme Atrous affirme que la « situation internationale » a un rôle à jouer dans le fait que certains jeunes du Maghreb se tournent vers la violence, « mais, à la vérité, il existe aussi d’autres causes, locales, qui jouent un rôle dans ce phénomène. » Et de citer la pauvreté, le chômage, la marginalisation politique et sociale, l’absence de modèle d’autorité, et le manque de dialogue éducatif et religieux responsable — non seulement au sein des établissements scolaires, mais aussi au sein même de l’institution familiale — comme autant de raisons pour lesquelles les jeunes peuvent être particulièrement sensibles aux manipulations de la propagrande de la part des organisations violentes.

Le Sénateur Samir Abdullah a également exclu la possibilité que les évènements d’Algérie et du Maroc puissent se répéter en Tunisie. « Le terrorisme en Algérie peut être attribué à des facteurs internes et à un règlement de compte entre des pouvoirs en conflit », a-t-il déclaré à Magharebia. En Tunisie, selon lui, « la classe moyenne est très importante, le régime a pu éliminer les quartiers marginalisés et la Tunisie est un petit pays peu montagneux. Tous ces facteurs protègent le pays contre les attentats terroristes. » Néanmoins, M. Abdullah appelle tous les Tunisiens — le gouvernement comme le peuple — à rester vigilants dans la défense du pays.

La journaliste Sara Abdelmaksoud affirme ne ressentir aucune crainte après les attentats survenus au Maroc et en Algérie. « Je pense que le dossier est clos chez nous après le brutal échec des groupes extrémistes en Tunisie en début d’année, et je ne pense pas qu’ils recommenceront. »

Amana al-Boughanmi, une femme au foyer, n’en est pas si sûre. « Je ressents beaucoup de tristesse pour ce qui s’est produit en Algérie, et je crois que tout est possible avec ces criminels. Je ne pense pas qu’ils nous laisseront en paix ici, en Tunisie », déclare-t-elle.

(Source: Magharebia le 15 avril 2007)


“Bourguiba et la question religieuse” de Amel Moussa : Par delà le bien et le mal…

 
Samia Ghachem Tahar Haddad, Hannibal et Jugurtha : le tiercé gagnant. Par delà le bien et le mal. Trois figures tutélaires, pour un président, lequel venait de libérer son pays du joug de la colonisation, et qui cherchait à passer très vite à la vitesse supérieure, pour enclencher le processus de la modernisation, en frappant fort et juste, pour tuer le ver dans le fruit. Et le ver dans le fruit, c’était tout ce qui touchait notamment, au statut de la femme tunisienne et tous ses corollaires. Mais aussi, tout ce qui regardait les institutions religieuses, et la mainmise qu’elles pouvaient encore avoir sur un paysage local, non encore débarrassé des carcans de l’obscurantisme, qui pouvaient fort bien entraîner le pays, nouvellement indépendant, à sa perte. Beaucoup d’eau coulera sous les ponts avant qu’on en arrive à la date butoir, délimitée dans la présente étude, effectuée par Amel Moussa, dans ce nouveau-né des éditions Céres : «Bourguiba et la question religieuse ». A savoir l’année 1987. La présente analyse brosse, en quelque sorte, le tableau des mutations accomplies, à la faveur des discours prononcés par Bourguiba, entre 1956 et 1984, en vue d’amener le peuple tunisien à considérer la religion, non comme la somme de contraintes, qui entravent la marche vers le développement, mais comme une force spirituelle, qui ne doit pas empêcher d’aller de l’avant, d’être au diapason de son siècle, de plain-pied avec une modernité dans ses composantes les plus positives. Pour ce faire, pour ne pas traîner, comme un boulet, des archaïsmes rédhibitoires, le saut vers la laïcité, qui a pu paraître brutal pour certains, rétifs à tout changement qui puisse faire basculer leurs vielles certitudes, et chambouler ainsi leurs habitudes, était nécessaire pour pouvoir mener à bien la mission républicaine dans un pays indépendant, laïc, et dont la religion est l’Islam. On ne peut pas dire que ce fût une tâche facile, ni que toutes ces réformes-là furent menées, sans fracas ni tapage. Loin s’en faut… Car toucher à une institution aussi prestigieuse que la Zeitouna et à ses fondements, pour ce qui concerne l’enseignement par exemple, ou encore séparer le législatif du religieux, et créer la fonction de «Mufti de la République», ne pouvait se faire sans heurts. Sauf que le Président Bourguiba, comme tend à le montrer le livre de Amel Moussa, en tant qu’admirateur des réformes de Mustapha Kamel Ataturk, n’a jamais eu peur, au risque de se voir accusé d’athéisme, d’encourager le peuple tunisien à concevoir la religion comme une manière de mieux vivre sa vie, et non comme une somme de contraintes, la rendant encore plus difficile qu’elle ne pourrait l’être. C’est en ce sens qu’il a fait scandale en incitant à interrompre le jeûne au mois de ramadan, pour relever le niveau de la rentabilité, en baisse pendant cette période. Ce que le livre montre également, c’est que le Président Bourguiba, en d’autres circonstances, n’hésitait pas à se servir de la religion, comme manière d’argumenter ses propos, lors des fêtes religieuses, histoire de montrer qu’il n’en fait pas abstraction, quand les circonstances l’exigent, et que cela ne dessert pas sa politique de modernisation, et de développement de son pays. Mais on a tendance à croire, au fil des années, que sur certains s’était appliqué le proverbe chinois : «Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt…» (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1111 du 12 avril 2007)


Erdogan, de l’islamisme radical au « conservatisme démocratique »

AFP, le 16 avril 2007 à 14h17

 

ANKARA, 15 avr 2007 (AFP) – Ancien militant islamiste, ancien  prisonnier politique, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan  se définit aujourd’hui comme un « démocrate conservateur », sans  convaincre les défenseurs les plus intransigeants de la laïcité, qui  craignent de le voir accéder à la présidence.

    M. Erdogan, 53 ans, n’a pas encore annoncé s’il allait oui ou  non se porter candidat -le dépôt des candidatures débute lundi et il  a jusqu’au 25 avril à minuit pour déposer la sienne.

    L’hypothèse n’en a pas moins fait sortir dans les rues d’Ankara  samedi plus de 300.000 manifestants convaincus qu’une fois installé  dans le palais présidentiel, l’ancien islamiste allait jeter bas son  masque démocratique et mettre en oeuvre un projet supposé  d’islamisation de la société turque.

    Dirigeant charismatique, connu pour son franc-parler et ses  sorties inattendues, M. Erdogan a mis en oeuvre de profondes  réformes visant à démocratiser la société turque, qui ont convaincu  nombre d’observateurs de la sincérité de sa « conversion » au  conservatisme démocratique.

    Il est également l’homme qui a arrimé la Turquie à l’Europe, en  obtenant octobre 2005 le lancement de négociations d’adhésion avec  le bloc européen.

    Pour ses détracteurs, le politicien – qui ne parle aucune autre  langue que son turc natal- demeure néanmoins le rejeton d’un  quartier pauvre d’Istanbul, pétri de préjugés conservateurs, qui  vendait des bonbons pour se payer ses études coraniques.

    M. Erdogan est devenu Premier ministre en mars 2003, plusieurs  mois après que son Parti de la Justice et du Développement (AKP)  accède au pouvoir et amende les lois qui bannissaient son dirigeant  de la vie politique depuis 1997.

    Le responsable politique, alors maire d’Istanbul, avait récité  au cours d’un meeting un poème aux connotations islamistes -« les  mosquées sont nos casernes, les minarets nos baïonnettes, les dômes  nos casques et les croyants nos soldats »- qui lui avait valu quatre  mois d’emprisonnement et la perte de ses droits politiques.

    Les débuts de M. Erdogan dans le militantisme islamiste  remontent à ses années d’université, quand il a rejoint le mouvement  de Necmettin Erbakan, son mentor politique, qui deviendra en 1996 le  premier chef de gouvernement islamiste de Turquie.

    Elu maire d’Istanbul en 1994, M. Erdogan s’est acquis une forte  popularité grâce à l’efficacité de sa gestion des services  municipaux.

    Le vent a cependant tourné pour lui en 1997 avec la démission  forcée de M. Erbakan sous la pression d’une armée gardienne des  valeurs laïques du pays.

    Le parti de M. Erbakan a été fermé et son successeur a subi le  même sort en 2001, obligeant M. Erdogan et ses supporters  « modernistes » à revoir leur politique.

    A sa sortie de prison, il a renié son passé islamiste et clamé  son attachement aux valeurs pro-occidentales turques et à la  laïcité, préférant se faire appeler « musulman démocrate », à l’instar  des chrétiens-démocrates, puis démocrate conservateur ».

    Il demeure néanmoins un musulman pratiquant, qui ne boit pas  d’alcool et dont l’épouse Emine et les filles portent le voile – ses  deux filles étudient d’ailleurs aux Etats-Unis où elle peuvent

librement porter le voile, interdit dans les universités turques.

    Pour de nombreux défenseurs de la laïcité, le fait que la  Turquie, un pays à la population majoritairement musulmane mais au  régime strictement laïque, puisse être représentée par un première  dame voilée est inconcevable.


Wolfowitz doit partir de la Banque mondiale, selon le New York Times

 
AFP, le 16 avril 2007 à 16h24 NEW YORK, 16 avr 2007 (AFP) – Le New York Times a appelé lundi le président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, à démissionner de ses fonctions après la polémique liée aux augmentations de salaire qu’il a octroyées en 2005 à sa compagne, qui travaillait également pour l’institution. Le quotidien rappelle que Paul Wolfowitz avait placé « la bonne gouvernance », notamment dans les pays pauvres, en tête de ses priorités et qu’il n’a « pas été à la hauteur de ses propres objectifs ». « Que dirait M. Wolfowitz lui même s’il avait découvert qu’un gouvernement recevant des prêts de la Banque mondiale avait réalisé des arrangements similaires en faveur des amis personnels du président ? », interroge le journal. « Il est impossible que M. Wolfowitz retrouve sa crédibilité et continue à être efficace à la Banque », poursuit l’article. Si le président de la Banque mondiale s’est refusé à quitter l’institution financière suite à ces révélations par la presse américaine, les ministres représentant les 185 pays membres l’ont sèchement rappelé à l’ordre dimanche à l’issue de leur assemblée, jugeant dans un communiqué « très préoccupante » la polémique en cours. Les ministres des pays membres sont divisés sur le sort de M. Wolfowitz et ont indiqué attendre les résultats de l’enquête conduite par le conseil d’administration de la Banque. Le président Bush a réaffirmé son soutien à M. Wolfowitz, ancien numéro deux du Pentagone et un des artisans de la guerre en Irak. A son arrivée à la tête de la Banque mondiale en 2005, Paul Wolfowitz a octroyé d’autorité une augmentation de 200.000 dollars à sa compagne Shaha Riza. Ex-responsable de la communication de la BM pour le Moyen-Orient, celle-ci avait été détachée de l’institution en septembre 2005 pour rejoindre le département d’Etat, après la prise de fonctions de M. Wolfowitz. Il a d’abord nié être intervenu dans cette augmentation, avant d’admettre avoir agi « de bonne foi » pour résoudre un problème personnel.  


Edito du Monde

Le départ de Wolfowitz

 

La crédibilité de Paul Wolfowitz à la tête de la Banque mondiale est maintenant trop abîmée pour qu’il reste. Il doit démissionner et, s’il refuse, le conseil d’administration doit le remplacer. Il est de tradition que les Etats-Unis nomment un Nord-Américain à la présidence, tandis que le poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI), l’organisation soeur, revient à un Européen. Mais les Européens, qui détiennent 32 % du capital de la Banque contre 16 % aux Américains, ont des armes pour agir.

 

Paul Wolfowitz est un des néoconservateurs arrivés au pouvoir, à Washington, dans les bagages de George Bush. Numéro deux du Pentagone, il a été l’un des plus influents conseillers du président en faveur du déclenchement de la guerre d’Irak. En 2005, M. Bush l’a nommé à la tête de la Banque mondiale, décision qui a surpris parce que M. Wolfowitz était plus connu comme spécialiste de la stratégie militaire que comme expert en matière de développement économique du tiers-monde, l’objet de cette institution créée en 1945.

 

A la Banque, depuis deux ans, M. Wolfowitz ne s’est pas acquis une bonne réputation. On l’accuse de s’être entouré d’une garde rapprochée de personnalités qui sont intellectuellement proches de lui, mais qui sont venues de l’extérieur. On lui reproche un comportement solitaire et rigide. On critique sa volonté d’axer trop exclusivement la politique de la Banque mondiale sur l’Afrique et sur la lutte anticorruption.

 

Cette dernière exigence se retourne aujourd’hui contre M. Wolfowitz. En 2005, à son arrivée, il a demandé à ce que sa compagne, qui travaille au département Moyen-Orient de la Banque, soit déplacée pour éviter tout conflit d’intérêts. Le principe était bon. Mais la mise en oeuvre, non, car M. Wolfowitz a dicté ensuite, autoritairement, les conditions du transfert de sa compagne au département d’Etat et le montant de l’augmentation salariale dont elle a été gratifiée au passage. Il dit en avoir prévenu son conseil, mais celui-ci a indiqué qu’il n’en avait jamais discuté.

 

M. Wolfowitz est aujourd’hui isolé, à l’exception de M. Bush qui lui conserve « sa confiance ». L’association des employés lui demande de démissionner. Thierry Breton, le ministre français, estime que la Banque doit avoir « une gouvernance irréprochable ». Le ministre brésilien s’interroge pour savoir si M. Wolfowitz peut conserver « l’autorité morale » pour diriger cette institution.

 

La réponse est négative. Certains reproches adressés à l’ancien numéro deux du Pentagone sont mal placés. La lutte contre la corruption doit rester une priorité de la Banque parce qu’elle ruine le développement de beaucoup de pays. Mais c’est précisément pour cette raison que M. Wolfowitz doit partir. Il a perdu la crédibilité nécessaire dans la mission qu’il revendique.

 

(Source : « Le Monde » (Quotidien – France), édition du 15 avril 2007)


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