15 octobre 2004

البداية

TUNISNEWS

  5 ème année, N° 1609 du 15.10.2004

 archives : www.tunisnews.net


جمعية التضامن التونسي: رسالة مفتوحة إلى كل المرشحين للانتخابات الرئاسية والتشريعية التكتل الديمقراطي من أجل العمل و الحريات: بيان

الشروق:حصص الأحزاب في الاذاعة والتلفزة…لماذا يشتكي البعض من « خلل وهمي » و »هيمنة » غير موجودة؟!

عبدالله  الزواري: الغرفة التونسية في أبو غريب أحمد القلعي: من أجل مقاطعة الانتخابات المقبلة أبو سليم بوخذير: حكاية مدرسة بوعبدلّي للتعليم الخاص  لطفي حيدوري:  تقريرالرابطة الجديد عن سنة 2003تونس لم تشهد أي تحسن إن على مستوى التشريع أو الممارسة  المنجي بن صالح: المنتدى الاجتماعي التونسي – هل تنعقد الدورة الأولى قبل موفّى 2004؟


Abdelbaki Fathi:  Appel urgent pour sauver la vie de Mohammed Hédi Fathi

Vérité-Action: Campagne de Violations des droits de l’homme en pleine compagne électorale
ATS: Tunisie L’opposition appelle au boycott de l’élection présidentielle
AFP: Tunisie: le chef d’un parti d’opposition dénonce « les entraves » de l’administration
AP: Three facing execution on suspicion of heading Singapore cocaine ring back in court; investigation widens Reuters: “35-year-old Tunisian Guiga Lyes Ben Laroussi” Three may escape gallows in Singapore cocaine raids
Kalima: Le candidat Mohamed Ali Halouani dérange Omar Mestiri: Briser le cercle vicieux
Kahina:  « Campagne électorale Ahmed Manaï: Rackets en tout genre

Al Khadra: interview de monsieur ahmed manaï Al Khadra: foire du livre de francfort Derbali:l’infamie des exclusions Hammadi Ben Salem: Le désarroi en Tunisie; terreau du terrorisme
Réalités: Les grands magistrats tunisiens (III):L’Imam Mezri (1061-1141): Un savant dans la tourmente Réalités: “Ulysse au pays des merguez” de Tahar Fazaâ : «Auto-psy» tunisienne Le Quotidien: Le Professeur Sami Aouadi : “L’émigration, une contrainte pour l’U.E.


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Rassemblement devant le parlement européen

Le 21 octobre 2004 de 15h30 à 18h

 
A l’occasion des élections présidentielle et législative en Tunisie le 24 octobre 2004, La société civile tunisienne exilée, en Europe se rassemble devant le parlement européen à Bruxelles. Le 21 octobre 2004 de 15h30 à 18h, afin d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la tragédie des prisonniers politiques en Tunisie. Tous les amis de la Tunisie, les militants et les défenseurs des Droits de l’Homme sont invités à nous joindre. Voici une adresse E-mail pour nous communiquer votre signature ou votre présence.rassemblementparlement@yahoo.fr   Les Initiateurs: Solidarité tunisienne, Association Tunisie Liberté(ATL)


Les prisonniers à « caractère spécial »

Ou

La tragédie des prisonniers politiques en Tunisie

Un livre contre la violence du déni

Douzieme partie

Des héros !

Mais ils sont criminels  

 

   Le décret daté du 10/12/1992 a instauré la médaille du président de la république pour les droits de l’homme, elle est discernée aux personnalités, aux organisations distinguées pour leurs efforts dans l’instauration et l’approfondissement des droits de l’homme.    

   Personne ne la mérite autant que les suivants :    

   – Ahmed Haji : il a dirigé la prison civile de Tunis, il est responsable de tous les crimes qui s’y sont déroulés de 1990 à la fin 1992. Il a dirigé ensuite l’administration générale des prisons et c’est lui qui était à l’origine de la généralisation de la politique des sanctions et de destruction contre les prisonniers islamistes.    

   – Belhassen Kilani : il est le tortionnaire principal responsable de la mort du prisonnier Mouldi Ben Amor, il est le maître artificier des complots contre les prisonniers, Abdallah Zouari, Slah Kammoun, Arbi Oueslati, Ali Larayedh…    

   – Fouad mustapha : réputé pour son “amour” de torturer les prisonniers. C’est l’artiste.    

   – Nabil Idani : Réputé pour la pratique de la torture collective des prisonniers.   

   – Fayçal Rommani : réputé pour la torture et l’affamation des prisonniers.   

       Imed Ajmi : réputé pour la chasse aux prieurs et la négligence de la santé des prisonniers. Si Fayçal Rammani instrumentalise la faim, Imed Ajmi instrumentalise la maladie et la souffrance.    

    Slim Ghnia : réputé pour ses sanctions gratuites contre les prisonniers et leurs familles.    

   – Adel Abdelhamid : réputé pour interdire le Coran dans les prisons. Il est impliqué dans la mort d’un prisonnier suite à sa torture.    

   – Ridha Belhaj : réputé pour l’organisation de réception sanguinaire des nouveaux prisonniers, et c’est lui qui est le concepteur de ce “bizutage” sauvage.    

   – Chokri Bousrih : réputé pour sa politique de terreur contre les prisonniers et leurs familles.   

   – Toumi Sghaeir : réputé pour ses sanctions gratuites contre les prisonniers, il saisissait l’occasion des fouilles périodiques pour leur infliger les pires humiliations.    

   – Mourad Hannachi : passe maître dans l’imagination de nouvelles sanctions pour les prisonniers.   

   – Sahbi Kifaji : a pratiqué la torture quotidienne dans les prisons qu’il a dirigé.   

   – Hichem Ouni : il a rendu les conditions de détention invivables pour les prisonniers.   

   – Hédi Zitouni : a pratiqué la torture et l’affamation collective.    

   – Mohamed Zoghlami : a pratiqué la torture collective contre les prisonniers dans la prison de Tunis et était   l’un des principaux tortionnaires des nouveaux arrivants lors de la cérémonie d’accueil.    

   Ce n’est là qu’un échantillon de hauts fonctionnaires qui ont pratiqués la torture contre les prisonniers. Ils se sont faits aidés par des agents et des gardiens tortionnaires qui ont causé blessures et parfois la mort à des prisonniers. Parmi ces agents, nous citons :    

   Á Bourj Erroumi    

   Ammar, Omar Jedidi, Omar Habibi (surnommé : Akka), Neji Niimi, Abdelmajid Tissaoui, Belgacem Chikhaoui (surnommé Mloukhia), Karim Ben Hajjala, Abid, Chokri Jouini, Sadok (surnommé Casse-Croûte), Omar Dhahak, Belgacem (surnommé “Bghal” c-a-d la mule), Samir Ayari, Salah Dalou, Omar Saouef, Habib Alouia, Boubaker Dridi, Mohsen Jridi, H’ssan Sahraoui, Helmi Chérif, Maher Smirani,…    

   Á la Prison de Nadhour    

  Ali Arbaoui, Abderraouf.   

   Á la Prison de Mahdia    

  Mohammed Quioui, Hassan Baati, Sadok Zemmel, Mohammed Ajmi, Nejib Aouni, Taher Chaïeb.    

   Á la Prison de Houarab    

  Mohammed Idoudi, Abdellaziz Sellemi, Abdelaltif Chermiti, Ali (Surnommé “Kanoun” c-à-d la loi).    

   Á la Prison de Sfax    

  Ameur Houcine, Arbi Arbi Zaghdan.    

  Á la Prison de Messadine    

  Mustapha Sboui, Habib Haoula, Mohammed Kacem.    

   Á la Prison de Kasserine    

  Ahmed Baazouzi (Surnommé ringo) Ibrahim Chniti.    

   Á la Priosn de Gafsa    

  Ibrahim Abdelli.    

   Á la Prison de Régime Maatoug    

  Kilani Héni.    

   Et la liste continue… 


 

Appel urgent pour sauver la vie de Mohammed Hédi Fathi, étudiant incarcéré depuis dix ans et condamné à vingt ans d’emprisonnement

 

Paris, le 13/10/2004   Nous avons appris que l’état de santé de l’étudiant incarcéré Mohammed Hédi Ben Salah Fathi s’était fatalement dégradé. Il souffre de plusieurs pathologies graves pouvant mettre en jeu son pronostic vital si les autorités n’interviennent pas pour donner l’ordre de le faire soigner et de le faire opérer avant qu’il ne soit trop tard. Mohammed Hédi Fathi est atteint de maladie rénale, de constipation, d’asthme et de céphalées. Il a une fracture à la mâchoire due à la torture subie lors de son arrestation en 1994. Le prisonnier Mohammed Hédi Ben Salah Fathi était étudiant en troisième année à l’université de la Zitouna. Il est originaire de Sidi Bourouis, dans le gouvernorat de Siliana et provient d’une famille misérable (probablement l’une des plus pauvres de la Tunisie). Il a été arrêté, torturé et un jugement sévère l’a condamné en  1994 à vingt ans d’emprisonnement pour appartenance au mouvement de la Nahdha. Il a été incarcéré dans plusieurs prisons et est actuellement à la prison du Kef. J’adresse un appel depuis mon exil au Président de la République, à messieurs les ministres de l’Intérieur et de la Justice pour qu’ils interviennent et sauvent sa vie, le fassent soigner et que ce procès soit révisé pour qu’il soit libéré. Je demande également aux associations des droits de l’homme de l’inscrire dans leurs préoccupations et leurs priorités. Pour rappel, le CNLT avait publié le 3/11/03 un communiqué, reproduit par Tunisnews le 8/11/03, relatant la tragédie du prisonnier Mohammed Hédi Ben Salah Fathi. Abdelbaki Fathi Paris   (traduction ni revue ni corrigée par l’auteur de l’original en arabe, LT)

Vérité-Action

Campagne de Violations des droits de l’homme en pleine campagne électorale

 La compagne électorale pour les élections législatives et présidentielles en Tunisie a commencé sur un fond  de violation des droits les plus élémentaires des droits de l’homme. Dr Moncef Marzouki, ancien président de la ligue tunisienne des droits de l’homme, ancien porte-parole  du Conseil National des Libertés en Tunisie et le président du parti politique Le Congrès pour la République (CPR) a été  empêché hier mardi 13 octobre 2004 de prendre le vol de 11 heures à destination de Paris et a été conduit au poste de police de l’aéroport et interrogé durant trois heures.  Suite à cet interrogatoire, il a été informé qu’il sera jugé pour les motifs d’inculpation suivants : le maintien d’un parti non reconnu; la participation à une réunion non autorisée et l’utilisation de propos constituant une «atteinte au moral de la nation». Quelques heures après Dr Marzouki a été autorisé à voyager, il est arrivé en France le jour même. Dr Marzouki et d’autres membres de son parti font ces jours l’objet d’un harcèlement et d’une surveillance policière rapprochée c’est notamment le cas de Mme Naziha Rjiba et Maître Abdelwahweb Maatar.   L’opposant tunisien Hamma Hammami, porte-parole du parti communiste des ouvriers de Tunisie a été agressé lundi 12 octobre sur la voie publique par un policier qui lui aurait asséné des coups sur le cou et le dos à l’aide de menottes. L’incident s’est produit à Ben Arous (banlieue sud de Tunis) en plein jour et sous le regard des passants. M. Ali Ben Mohammed Neffati, prisonnier politique condamné à 21 ans de prison en 1995, a été transporté à l’hôpital régional de Bizerte suite à une grève de la faim menée depuis la fin du mois de septembre dernier à la prison de Nadhour (Bizerte). M. Neffati a entamé sa grève de la faim pour protester  contre le refus de l’administration pénitentiaire de l’autoriser à contracter de nouveau un mariage avec son épouse Kaoukab Arifa que la Sûreté avait contrainte à divorcer lors de l’incarcération de son mari. A l’instar de M. Naffati, et à quelques jours d’une élection que le gouvernement veut  présenter comme un modèle de transparence et de respect des droits de l’homme, plus de 600 prisonniers d’opinion croupissent depuis plus de 13 ans dans des geôles sous des conditions ne respectant en aucun cas les droits du détenu politique, c’est notamment le cas de Sadok Chourou ancien président du parti Ennahadha, Hammadi Jebali, journaliste et  Ali  Larayadh qui vit dans l’isolement total depuis son incarcération en 1991. Suite à ces violations très alarmantes des droits humains, Vérité-Action apporte son soutien aux Dr. Marzouki, M. Hammami, M. Ali Naffati et Me. Maatar et appelle les autorités tunisiennes à l’occasion du début de la campagne électorale à : 1. Respecter les libertés d’_expression des opposants politiques notamment ceux qui se sont exprimés contre les élections législatives et présidentielles. 2. Mettre fin à la politique d’intimidation et de harcèlement des acteurs de la société civile et les activistes politiques. 3. Promulguer une loi d’amnistie générale qui permettra de mettre fin au calvaire de centaines de prisonniers d’opinion et de leurs familles.      Fribourg, le 15 octobre 2004      Abdellatif Fakhafakh, Président


 SOLIDARITE TUNISIENNE 40 rue du Landy 93300 Aubervilliers Tél/ Fax: 01 43 52 09 86     soltunis@hotmail.com Aubervilliers le 15 octobre 2004 بسم الله الرحمن الرحيم
جمعية التضامن التونسي بفرنسا(باريس)

رسالة مفتوحة إلى كل المرشحين للانتخابات الرئاسية والتشريعية

السيد المحترم، السيدة المحترمة: تعيش تونس هذه الأيام أجواء الحملة الانتخابية الرئاسية والتشريعية. وبهذه المناسبة، تتوجه إليكم جمعية التضامن التونسي بفرنسا – بصفتكم أحد المترشحين لمنصب الرئاسة أو عضوية البرلمان- من أجل إحاطتكم علما بواقع حقوق الإنسان في بلادنا. فالخطاب الرسمي يصر على أن البلاد تعيش حالة من الاستقرار السياسي والاجتماعي. ولكن الحقائق تبين أن المئات من مساجين الرأي- وعلى رأسهم قيادة حركة النهضة المحظورة – مازالوا يقبعون   في السجون، منذ سنوات عديدة ويلجأ ون في كثير من الحالات إلى الإضراب عن الطعام، باعتباره السلاح الوحيد الذي يمكن به التعريف بقضيتهم العادلة التي تريد العديد من الجيهات تناسيها. وقد مر على سجنهم أكثر من 13 سنة ذاقوا خلالها أصناف التعذيب والتنكيل، أودت حتى الآن بحياة العشرات منهم، وتركت البقية في حالة إعاقات بفعل التقتير عليهم في الغذاء والدواء وحتى الهواء. وفي السنوات الأخيرة،  عمدت السلطات إلى نقل مجموعة منهم إلى سجن برج العامري وسلطت عليهم عقوبات قاسية مثل وضعهم في زنزانات انفرادية ضيقة. كما تكررت خارج السجن حالات انتهاك حقوق الإنسان والاعتداء على المساجين السياسيين المسرّحين الذين حُرموا من الشغل، وسلطت عليهم رقابة بوليسية منعتهم حتى من التنقل داخل البلاد. وذاقت عائلات المساجين جراء هذا الوضع، معاناة تعجز الكلمات عن وصفها، تتمثل أبسط مظاهرها في حرمان الأبناء من الترعرع في أحضان والديهم لما يزيد الآن عن 13سنة. كما وقع الاعتداء على نشطاء حقوق الإنسان والمحامين. من ناحية أخرى، اتسمت هذه العشرية باغتراب المئات من أبناء تونس الذين توزعوا في أصقاع العالم وحُرموا من حقهم في العودة إلى أرض الوطن، إلا في صناديق الموتى، كان آخرهم المناضل مولدي حمادي الذي وافاه الأجل في سويسرا في شهر سبتمبر الماضي بعد أن عانى من مرض السرطان جراء أيام المحنة وسياسة التنكيل التي عاشها في البلاد أثناء فترة السجن وما بعدها. السيد المحترم، السيدة المحترمة،  ونحن نحيطكم علما بهذه المأساة، فإننا نناشدكم أن تتبنوا – خلال حملتكم الانتخابية- قضية هؤلاء المضلومين أبناء تونس المضطهدة حقوقهم، وجعل مسألة العفو التشريعي العام على رأس القضايا التي تركزون عليها حملتكم، ورفع المظلمة المسلّطة على مساجين الرأي ممن هم داخل السجن أو خارجه، وممن هم داخل الوطن أو في المنفى. لقد شهدت الجزائر في العشرية الماضية موجة من العنف ذهب ضحيتها عشرات الآلاف، ورغم ذلك استطاعت –من خلال رفع شعار المصالحة الوطنية الجادة- التغلب على جراحها، فتمت إعادة الحقوق للعديد من المظلومين، وترسيخ الحوار بين كل الفرقاء. أما في بلادنا فمازالت السلطة القائمة تمارس عقلية الحزب الواحد وتحتكر مؤسسات الدولة كما لم تتفاعل إيجابيا مع دعوة أبناء حركة النهضة إلى المصالحة الوطنية الشاملة وطي صفحة الماضي رغم ما تعرضوا إليه من اضطهاد وسجن. إن المسؤولية الملقاة على عاتقكم كبيرة من أجل وضع حدّ لهذا الاستبداد والعمل على ترسيخ المصالحة الشاملة بين أبناء الشعب التونسي.   جمعية التضامن التونسي بفرنسا(باريس)

 


التكتل الديمقراطي من أجل العمل والحريات

 

بــيــان

 

الأحد 10 أكتوبر 2004

 

إنّ الانتخابات احتكام لإرادة الشعب وتعبير عن سيادته بالاختيار الحرّ إزاء ما تطرح عليه الأحزاب السياسية المتنافسة من توجهات وبرامج وبدائل تتعلّق بحاضره ومستقبله على شتى مستويات حياته. ولن يتسنى  ذلك إلاّ من خلال متابعة الشعب عن كثب لتصرف السلطة و لمواقف المعارضة ومكوّنات المجتمع عبر وسائل الإعلام المختلفة مجالا لها، وخاصة منها الوسائل السمعية والبصرية التي هي ملك للشعب.

 

وإن واقعنا السياسي في تونس ليناقض من الأساس هذا المعنى الذي ينبغي أن تكتسيه انتخابات حقيقية، وذلك نتيجة استفراد الحزب الحاكم بوسائل الإعلام الرسمية ونتيجة ما رسّخه في واقع الشعب من دولة متحزّبة.

 

لقد كان من المفروض أن يشكل موعد 2004 منعرجا سياسيا تاريخيا لو لم تقدم السلطة على التلاعب  بالدستور وتنظيم استفتاء صوري حوله في ماي 2002، ولم يكن الهدف من وراء ذلك إلاّ فتح الباب مرّة أخرى أمام رئاسة مدى الحياة تفرغ سيادة الشعب من كلّ مضمون، وإقصاء المعارضين الحقيقيين من المنافسة على منصب رئاسة الجمهورية ومنح رئيس الدولة نفوذا مطلقا لا يخضعه لأية مساءلة أو مراقبة أو محاسبة.

 

وهكذا فإنّ كلّ الدلائل تشير إلى أنّ الانتخابات المبرمجة ليوم 24 أكتوبر 2004  لن تكون – نتيجة إصرار السلطة على الاستفراد بالحكم وتماديها في الانغلاق –بكلّ المعايير الديمقراطية انتخابات حقيقية، بل مجرّد مشهد مسرحيّ بديكور ديمقراطي؛ هذا في حين تسعى السلطة بشتى الوسائل إلى إقناع الرأي العام في الداخل وفي الخارج بأنّ تونس في مقدّمة الدول المبادرة بإصلاح نظامها السياسي وتكريس الديمقراطية.

 

وقد سبق للتكتّل الديمقراطي من أجل العمل والحريات في ندوة إطاراته يوم 25 جانفي 2004 أن أكّد مرّة أخرى على ضرورة توفّر الظروف التي من شأنها أن تضفي على المنافسة الانتخابية حدّا أدنى من المصداقية،، ومن أهمّها :

 

* تنقية المناخ العام باتخاذ التدابير الكفيلة بذلك وفي مقدّمتها سنّ العفو التشريعي العام.

* إحداث لجنة وطنية مستقلّة للسهر على نزاهة العملية الانتخابية في كلّ مراحلها.

* الفصل بين موعدي الانتخابات الرئاسية والانتخابات التشريعية.

* رفع القيود والوصاية على الإعلام نصا وممارسة.

* ضمان استقلال القضاء وحياد الإدارة.

 

إلاّ أنّ السلطة لم تحرك ساكنا في هذا الاتجاه، بل تعدّدت – على عكس ذلك – المؤشرات التي تؤكّد مواصلة التشدّد والانغلاق.

ولمزيد الإيهام بأنّها تعمل على تنظيم انتخابات شفافة لا لبس فيها أعلنت السلطة على التركيبة الجديدة للمجلس الدستوري، إلاّ أن  أعضائه التسعة معيّنون بصفة مباشرة أو غير مباشرة من طرف رئس الدولة، كما أعلنت السلطة في نفس التوجّه عن بعث مرصد لمتابعة سير الانتخابات إلاّ أنّه هو الآخر متكوّن من شخصيات معروفة بولائها للسلطة.

إنّ الانخراط في هذه العملية في هذه الظروف وهذه الأرضية السياسية لا نتيجة له سوى إضفاء الشرعية على تحوير دستوري رفضته القوى الديمقراطية و إضفاء مسحة من المصداقية على  هذا الديكور الديمقراطي الذي رسمت السلطة الحاكمة كل ملامحه.

 

وأمام تواصل الانغلاق والهيمنة ممّا يجعل المنافسة لا تجري مع حزب حاكم بل مع دولة متحزّبة.

وإزاء يأس المواطن من أن يفرز صندوق الاقتراع إرادته،

وفي غياب الآليات الضرورية التي تِؤمّن الانتخاب الحرّ  وتضمن معاقبة من يقدم على التزييف.

 

فإنّ مجلس الإطارات المنعقد  يوم الأحد 10 أكتوبر 2004 قرر :

 

* مقاطعة الانتخابات الرئاسية والتشريعية ليوم 24 أكتوبر 2004 الفاقدة لأي معنى وجدوى.

* التعبير عن تمسّك الحزب والتزام مناضليه بالمبادئ السامية للفكر الجمهوري وإصرارهم على مواصلة النضال من أجل فرضها على أرض الواقع وتجسيمها في الحياة السياسية في بلادنا.

* دعوة الديمقراطيين الصادقين – كيفما تفاعلوا مع هاته المحطة- إلى التفكير الجماعى والعمل المشترك  لمقاومة الإحباط والاستقالة ومواصلة النضال من أجل إصلاح النظام السياسي للبلاد ومقاومة الفساد الذي ينخر جسمها ومن أجل بناء البديل الديمقراطي في إطار القطع الواضح مع نظام الدولة المتحزبة والديكور التعددي.

 

الأمين العام
مصطفى بن جعفر


Tunisie L’opposition appelle au boycott de l’élection présidentielle

 

 

ATS, le 15.10.2004 à 07h26

    Genève (ats) Plusieurs partis de l’opposition appellent au  boycott de l’élection présidentielle en Tunisie, le 24 octobre  prochain. Il s’agit selon eux d’un scrutin truqué qui ne débouchera  une nouvelle fois sur aucun changement à la tête du pouvoir.

 

   «C’est une non-élection», a dénoncé Mustapha Ben Jafaar,  secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les  libertés (FDTL) lors d’une conférence de presse jeudi à Genève. «Le  résultat est connu d’avance, selon lui, puisque le président Zine  El Abidine Ben Ali se succèdera à lui-même».

 

   Ben Ali se présente aux côtés de trois autres candidats issus de  petits partis d’opposition qui n’ont aucune chance face au  président sortant. L’opposition dénonce en outre les règles  restrictives qui limitent l’accès à la course à la présidentielle.

 

   Il faut en effet avoir dirigé depuis au moins cinq ans un parti  pour autant que ce dernier soit représenté au parlement. En outre,  la loi électorale exige que les électeurs soient inscrits sur des  listes mais, pour Hamma Hammani, représentant du Parti communiste  des ouvriers tunisien (PCOT – interdit), deux des six millions  d’électeurs potentiels seraient privés de leurs droits.

 

   Ce parti appelle d’ailleurs non seulement au boycott de la  présidentielle mais aussi à celui des élections législatives qui se  dérouleront le même jour. 189 sièges seront à repourvoir cette  année, 37 étant réservés à l’opposition. Le parti au pouvoir, le  Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), occupe  aujourd’hui 148 sièges, les 34 restants étant répartis entre cinq  formations de l’opposition.

 

   Ben Ali a pris le pouvoir en 1987 quand le président à vie Habib  Bourguiba, le fondateur de la Tunisie moderne, a été déclaré  sénile. En 2003, 99 % des Tunisiens avaient accepté le référendum  permettant à M. Ben Ali, de rester au pouvoir jusqu’en 2014, s’il  était réélu.

 

   Les partisans de M. Ben Ali saluent la stabilité sociale et  politique ainsi que la croissance économique de la Tunisie. Ses  détracteurs lui reprochent en revanche d’avoir muselé l’opposition  politique et de porter atteinte à la liberté de la presse.

 

(Source: www.romandie.com, le 15 octobre 2004)


 

Tunisie: le chef d’un parti d’opposition dénonce « les entraves » de l’administration

 

           

Associated Press, le 14.10.2004 à 20h03

            TUNIS (AP) — Le chef du parti démocratique progressiste (PDP), une formation de l’opposition en Tunisie, Ahmed Néjib Chebbi, a dénoncé jeudi « les entraves » que rencontre son parti auprès de l’administration depuis le lancement de la campagne électorale.

 

            Des élections présidentielle et législatives sont prévues le 24 octobre en Tunisie avec la participation de quatre candidats à la magistrature suprême et de sept partis en plus de sept listes indépendantes qui briguent les 182 sièges du parlement.

 

            Lors d’une conférence de presse, Me Chebbi s’est plaint notamment de la saisie du manifeste électoral du PDP dont certains passages ont été considérés par l’administration comme étant de nature à « semer la discorde entre les citoyens ou diffamatoire à l’endroit

d’institutions constitutionnelles ».

 

            « Nous avons fait preuve de souplesse et accepté une reformulation des expressions incriminées, mais en vain », a-t-il regretté en envisageant de porter l’affaire devant la justice.

 

            En revanche, le chef d’un autre parti d’opposition, Mohamed Bouchiha, candidat à la présidence sous les couleurs du parti de l’unité populaire (PUP), a fait état d’une attitude « totalement neutre » des pouvoirs publics. Il s’est félicité de la « bonne atmosphère » qui règne pendant la campagne électorale, réfutant l’étiquette qui lui est collée par certaines parties de

l’opposition qui le taxent d’être proche du pouvoir.

 


“35-year-old Tunisian Guiga Lyes Ben Laroussi”

Three may escape gallows in Singapore cocaine raids

 

By Fayen Wong

           

Reuter 3 – 15.10.2004 11:09

SINGAPORE, Oct 15 (Reuters) – Three people, including a foreigner, facing possible execution in Singapore in a crackdown on a high-society cocaine ring may escape the gallows pending a laboratory test of the seized drugs, their lawyers said on Friday.

            Government chemists will extract impurities from the drugs such as chemicals added to cocaine before it sells on the street, possibly reducing the weight to below the limit that warrants a death penalty in cases of trafficking, the lawyers said.

            « If they wash it and they find that it is below the capital amount, the charge will be non-capital, » said Subhas Anandan, the defence counsel.

 

            The three — 35-year-old Tunisian Guiga Lyes Ben Laroussi, his 24-year-old Singaporean girlfriend Mariana Abdullah and 31-year-old Singaporean Marx Oh Chee Wee — were arrested and charged with trafficking in raids that exposed a high-society world of drugs amid celebrities in tightly controlled Singapore.

 

            A high-profile television news anchorwoman was also arrested, along with the son of a former High Court judge, the British-born editor of high-society magazine « Tatler », an award-winning French chef and a rapper-actor.

 

            Police have detained 23 people since Oct. 7, including five expatriates. All but three face lesser charges of possession that carry sentences of up to 10 years in jail and fines.

            Singapore’s drug laws are among the world’s harshest.

 

            Anyone aged 18 or over convicted of carrying more than 15 grammes (0.5 ounce) of heroin, or 30 grammes (1.1 ounces) of cocaine, 500 grammes (17.6 ounces) of cannabis or 250 grammes (8.8 ounces) of methamphetamines faces mandatory execution by hanging.

            Police found 61.2 grammes of cocaine at the home of Laroussi, a restaurant marketing manager, in a wealthy area of Singapore. Abdullah, who was in with Laroussi at the time, faces a joint possession charge while Oh was identified as the alleged Singaporean syndicate leader.

            Cocaine is frequently « cut » with various powdery fillers to increase its volume, often with baking soda, or sugars such as lactose and anaesthetics.

            About 400 people have been hanged in Singapore since 1991, mostly for drug trafficking, giving the wealthy city-state of 4 million people possibly the highest execution rate in the world relative to its population, rights group Amnesty International said in a report this year.

            But laboratory tests on seized drugs have sometimes led authorities to impose lighter sentences than expected. In some cases, it has defused controversy and diplomatic protests by leading to reduced penalties.

            German Julia Suzanne Bohl escaped the gallows in June 2002 after laboratory tests showed cannabis found in her rented flat was less than the limit warranting the death penalty. She was sentenced to 5 years in jail.

            Singapore stirred up a diplomatic storm in 1994 when it ignored appeals to make an exception to its tough rules and hanged a Dutch man for trafficking heroin.

            Singapore has staunchly defended its use of the death penalty and maintained that foreigners will not be exempted from its execution laws.

 

($1=1.682 Singapore Dollar) 


Three facing execution on suspicion of heading Singapore cocaine ring back in court; investigation widens

 

Associated Press, le 15.10.2004 à 09h07

            SINGAPORE (AP) _ A Tunisian and two others who faceexecution if convicted on narcotics trafficking charges appeared in a Singapore court Friday as authorities widened

an investigation into what they described as one of the largest drug rings uncovered in the city-state.

            Singaporean Marx Oh, Tunisian Guiga Lyes Ben Laroussi and his Singaporean girlfriend, Mariana Abdullah, appeared in court and were held for another week to be investigated further.

            «They are cooperating with authorities, they are first offenders and they have good backgrounds,» said the trio’s lawyer, Subhas Anandan. No pleas were recorded from the trio Friday.

            Already, the Central Narcotics Bureau has arrested 20 of the defendants’ alleged clients and questioned a number of their acquaintances. The 20 include two Britons, a Frenchman, a Sri Lankan, a Malaysian and a Dutchman.

            Last Thursday, authorities seized 64 grams (2.2 ounces) of cocaine, 5.1 grams (0.2 ounces) of methamphetamine, 29.1 grams (one ounce) of marijuana and 52 ecstasy pills from some of those arrested.

            Local newspapers have said the alleged clientele include a number of members of Singapore’s high society. Anandan said he believes it is the first time authorities have gone after such high-profile drug suspects.

            Award-winning French chef Francois Mermilliod, Sri Lankan businessman Jeremy Mahen Chanmugam, and British magazine editor Nigel Bruce Simmonds were all charged last week with purchasing amphetamines from Laroussi.

            Simmonds was the editor of Singapore Tatler magazine and a former South China Morning Post reporter, the Hong Kong daily said Thursday.

            The Straits Times newspaper said Channel NewsAsia presenter Cheryl Fox and actor-comedian Sheikh Haikel were also questioned about alleged connections to Oh, an events-management company owner.

            Chanmugam also appeared in Subordinate Court on Friday but was released on bail until his next court date in November.

            Singapore has some of the world’s strictest _ and most thoroughly enforced _ drug laws, including a mandatory death penalty by hanging for anyone caught with more than 15 grams (0.5 ounce) of heroin or more than 500 grams (17.6 ounces) of marijuana.

 


خـــاص بتونس نيوز:

 
 

جزارون … معارضون؟؟؟

 

خلال الأسبوع الماضي وفي عدة ولايات قام الجزارون بإضراب عن العمل . فقد أغلقوا دكاكينهم لمدة يوم كامل  وذلك احتجاجا على فرض سعر اللحم إذ أن السلطة ( رفقا بالمواطن كعادتها …) حددت سعر كيلو الضأن بـ 10 دنانير. لذلك أراد الجزارون بإضرابهم هذا إبلاغ السلطة رفضهم لهذا الإجراء  خاصة وأن سعر الكبش مرتفع أصلا .

 

قام أحد الولاة باستدعاء بعض الجزارين إلى مكتبه . ظن المساكين أن المسؤول سيحاول التحادث معهم ليجدوا حلا وسطا . ولكن ما كان من الوالي إلا التهديد . هددهم بأنهم إن لم يفتحوا دكاكينهم وإن لم يبيعوا بالسعر المقرر من السلطة سوف يواجهون  » تهمة  » الانتماء للمعارضة و توزيع مناشير لها.

مع العلم بأن القانون الجديد ينص  في حال ضبط جزار يبيع بسعر مخالف لما هو محدد  ينص على فرض غرامة مالية بـ 3 آلاف دينار … وغلق المحل في الحين بما فيه من لحم … لمدة 6 أشهر …

 

هــات فـلـوسـك …

 

أرسلت لجان التنسيق التابعة للحزب الحاكم رسائل لعدة شخصيات  تطالبهم فيها مد يد العون والمساعدة المادية لتمويل حملة الانتخابات الرئاسية و ذلك لضمان نجاح حاكم تونس في بقاءه بقصر قرطاج . الغريب في الأمر هو أنهم لم يطلبوا المساعدة لإنجاح قائمة الحزب الحاكم في الانتخابات التشريعية. وكأن حاكم تونس خائف من عدم نجاحه أو أن المنافسين له لهم حظوظ في زحزحته من على كرسيه .. فهو يحتاج إلى مزيد من المال  .. المال .. المال …

 


 

مركز دعم الديمقراطية في العالم العربي – لاهاي

إعـــــــــــــــــلان

 

يتقدم مركز دعم الديمقراطية في العالم العربي، ومقره مدينة لاهاي الهولندية، بأطيب التنميات وأجمل التهاني للأمة العربية والإسلامية بمناسبة حلول شهر رمضان المبارك.

 

كما يهم المركز أن يعلم كافة المهتمين بمشروع « قناة العفو » بكل أسف، أن البث التجريبي سينطلق متأخرا عن موعده المعلن سابقا بعض الوقت، بالنظر إلى صعوبات تقنية طارئة ورغبة كبيرة لدى الإدارة في أن تكون الانطلاقة في أحسن مستوى من ناحيتي الشكل والمضمون.

 

مدير المركز

د.خالد شوكات


نهاية الجدل حول البيان الانتخابي للحزب الديمقراطي التقدمي

تونس ـ الشروق : علمت «الشروق» أن الجدل الذي قام حول البيان الانتخابي للحزب الديمقراطي التقدمي قد عرف نهاية سعيدة.. ذلك أنه في اطار حملة الانتخابات التشريعية تقدم الحزب المذكور بنص بيانه الانتخابي الى الادارة لغرض الايداع القانوني والحصول على وصل طباعته وتوزيعه. وحيث تبين للإدارة أن النص المقدم يتضمن معطيات وبيانات مخالفة للقانون، تمت دعوته الى ضرورة مراعاة بيانه الانتخابي للاجراءات التي نصت عليها الأحكام القانونية. وبعد الحصول على جواب الحزب المذكور يوم 2004/10/13 عن طريق السيد رشيد خشانة عضو المكتب السياسي للحزب، تم اشعاره شفاهيا صباح أمس الخميس 14 أكتوبر 2004 وكذلك اشعار المطبعة بعدم الاعتراض على توزيع البيان في صيغته المنقحة. وتم ابلاغ هذا الاشعار كتابيا الى المطبعة والى أمانة الحزب الديمقراطي التقدمي بالطرق القانونية في نفس اليوم.

 

**مؤتمر شارك رئيس المعهد العربي لحقوق الانسان الدكتور الطيب البكوش في اعمال المؤتمر العالمي الثاني حول عقوبة الاعدام الذي التأم في مونتريال بكندا من 6 الى 9/10/2004 وقد كانت لرئيس المعهد خلال المؤتمر مساهمة ابرز من خلالها انشطة المعهد العربي المتصلة بموضوع الحق في الحياة وعقوبة الاعدام كالندوة الدولية التي نظمها سابقا في تونس، واصدار طبعتين لكتاب حول عقوبة الاعدام باللغتين العربية الانقليزية. كما كان المؤتمر مناسبة للدكتور البكوش لاجراء لقاءات عمل مع عدد من ممثلي المؤسسات الحقوقية حول سبل تعزيز علاقات الشراكة والتعاون مع المعهد العربي.

 

(المصدر: صحيفة الشروق التونسية الصادرة يوم 15 أكتوبر 2004)

 


 

حصص الأحزاب في الاذاعة والتلفزة…لماذا يشتكي البعض من « خلل وهمي » و »هيمنة » غير موجودة؟!

عبد الحميد الرياحي  

هل جبلت بعض أحزاب المعارضة على الشكوى والتباكي في كل الظروف والأحوال؟ وهل أن المعارضة في قاموس البعض تعني نفي كل شيء والاصرار على الهتاف ضد الظلام حتى والشمس في كبد السماء؟ وهل تعني المعارضة التقوقع والتنكر لكل شيء بما يحولها الى نوع من جلد الذات؟ أسئلة تطرحها بإلحاح مواقف البعض ممن يمكن نعتهم بـ»محترفي المعارضة» الذين «لا يعجبهم العجب ولا الصيام في رجب» ويجدون لذة في التباكي بدون موجب وفي الصراخ بدون سبب… هؤلاء وجدوافي انطلاق الحملة الانتخابية مجالا خصبا لإطلاق العنان لنزعاتهم ـ البكائية ـ التي تجعلهم يصورون الأمور على غير حقيقتها وتجعلنا نتساءل ان كانوا فعلا يملكون عقولا يميزون بها وآذانا يسمعون بها.. وان كانوا أصلا يعيشون الواقع كما يجب ان ينظر اليه بموضوعية وليس كما تصوره أنفسهم المريضة أو حساباتهم السياسوية الضيقة.. والضيقة جدا. فقد تعالت بعض الأصوات، في مسعى لا يفسّره الا اصرار مبيت على محاولة إفساد أجواء العرس الديمقراطي الذي تعيشه بلادنا، وذلك من خلال الشكوى من «الحيف» المسجل في تعاطي الاذاعة والتلفزة مع الحصص الممنوحة للأحزاب.. بحيث يتباكى هولاء على «ضعف حصتهم» مقارنة بتلك الممنوحة لمرشحي التجمع في الانتخابات التشريعية.. وهو ما يعني حسب هؤلاء وجود اختلال في الميزان لفائدة التجمع وعلى حساب مرشحي أحزاب المعارضة… ولأن الأرقام تبقى سيدة الأدلة فإنها تغرينا باستنطاقها والغوص في مدلولاتها.. وبلغة الأرقام فإن مجمل الوقت المخصص لحملات كل القوائم في الاذاعة والتلفزة يبلغ 840 دقيقة بمعدل 5 دقائق لكل قائمة من الـ168 قائمة المتقدمة للتشريعية.. وبعملية حسابية بسيطة نجد أن التجمع الدستوري الديمقراطي سوف يتمتع بـ130 دقيقة (26 قائمة * 5 دقائق) وهو ما يعني تخصيص نسبة 15.47 فقط من الوقت المخصص لكامل القائمات فيما ستحظى قوائم أحزاب المعارضة مجتمعة نسبة الـ84.53 المتبقية والتي تمثل الأغلبية الساحقة من الوقت المخصص للحملات الدعائية.. فلماذا يشتكي هؤلاء؟ وأين يرى محترفو البكاء السياسي انخرام الميزان لفائدة التجمع؟ ولماذا لا يحاولون اشعال الشموع بدل التمادي في لعن الظلام حتى وان لم يكن موجودا الا في عيونهم؟ نقول هذا مع يقيننا بأن كل نظام انتخابي في العالم مهما بدا مكتملا فإنه يبقى قابلا للتحسين ولمزيد التطوير… ويكفي أن نذكر تجربة بعض البلدان العريقة في المجال والتي تحدد نسبة الحصص لكل حزب على ضوء عدد المقاعد التي يحوز عليها في البرلمان، لندرك أن النظام المعمول به في تونس لتحديد الحصص الاذاعية والتلفزية هو نظام أكثر تطورا وأكثر عدلا لأنه يساوي بين الجميع ويمنح الكل نفس الحظوظ ويسمح بأن يظفر الحزب الحاكم بـ15 فقط من الوقت المخصص للحملات الدعائية، في حين تظفر أحزاب المعارضة بنسبة الـ85 المتبقية.. وهي أرقام ذات دلالة وتنصف التجربة التونسية في هذا المجال وإن كره البعض ممن يحترفون المعارضة العمياء والذين يبقون قلة قليلة والحمد لله مقارنة مع أغلبية أحزاب المعارضة التي تقبض على هذه الفرصة لمحاولة التعريف ببرامجها وكسب المزيد من المؤيدين دعما للتجربة الديمقراطية التونسية وتكريسا لعقلية التعدد والاختلاف النزيه والبناء.. وهو الدرس الذي يريد رئيس الدولة تمريره من خلال هذا العرس الديمقراطي وصولا لإرساء حياة سياسية أرقى.

 

(المصدر: صحيفة الشروق التونسية الصادرة يوم 15 أكتوبر 2004)


أضواء على الأنباء

 إضاءة أمّ زياد

 

الغرب راعي الدساتير وعنان معه

ما إن أعلن اللبنانيون عن عزمهم على تحوير الدستور اللبناني للتمديد في مدّة الرئيس لحود الرئاسية حتى ارتفع صراخ أمريكا وفرنسا للاحتجاج على العبث بدستور الشعب اللبناني ودعوة السلطة اللبنانية إلى الامتناع عن ذلك. وقد انظم المنتظم الأممي إلى هذه الجوقة الصارخة فأصدر قرارا في الموضوع يلزم حكومة لحود باحترام ديمقراطية لنان ويأمر سورية بسحب قواتها منه والكف عن التدخل في شؤونه في إشارة من هذا القرار إلى أنّ تحوير الدستور اللبناني كان نتيجة إملاء سوري.

أمّا نحن في تونس فقد وقع الاعتداء بالفاحشة على ماتبقى من أشلاء دستورنا أو مانسميه دستورا على الأصح ولم يتحرك أي من هذا الجمع الكريم إذا استثنينا نصّا يتيما وعامّا صدر عن السيد كوفي عنان يقول فيه تقريبا « إنّ تحوير الدساتير من أجل بقاء أشخاص في السلطة عيب ومايجيش منّو« ، فلماذا هذه المحقرانية ياترى ؟

صحيح أنّنا في تونس لانملك مقاومة باسلة تقف كالشوكة في حلق إسرائيل وأنّ جارتنا ليست سورية أين تقيم قيادات المقاومة الفلسطينية… وخلاصة الدرس الغربي والأممي، أنّه إذا لم تشكّل خطرا على المصالح الغربية وكنت صديقا لإسرائيل ولو في السرّ ( المفضوح ) فأَهن شعبك العربي واعبث بمكاسبه كما تشاء. و »طزْ » في ديمقراطية العرب.

 

جسم غريب

حزب من الأحزاب المشاركة في المهزلة الانتخابية عيّن على رأس قائمة القيروان مرشحا شابا من سيدي بوزيد عاش ودرس في القيروان وعرف الناس وعرفوه. ولكن في الحظات قبل الأخيرة فوجئ هذا المترشح برفاقه من مناضلي حزبه في القيروان يرفضون ترأسه قائمة جهتهم ويعلّلون ذلك بأنه « جسم غريب » عن المنطقة… لن تفهم عزيزي القارئ غرابة هذا الخبر إلاّ متى علمت أنّ الحزب المذكور حزب وحدوي أي إنّه يناضل من أجل أمّة عربية واحدة.

 

قوائم قواعد

الزحام على القوائم الانتخابية زحام شديد يستعمل فيه اللكم والركل والعرقلة وكل ما ينمكن تصوره من الضربات الممنوعة : في « المعارضة » يتزاحم « نواب الشعب » المقبلون على رئاسة القوائم لأنّها المسلك الوحيد الذي… يمكن أن يفضيإلى « بيت الشعب » بباردو، أمّا في « التجمع » فالوجود ضمن القائمة هو عبارة عن إعلان نتيجة « الفوز »، لهذا هناك مرشحون يقيمون الاحتفالات بنجاحهم حال تأكدهم من أن أسماءهم أدرجت في القوائم ولذلك يتخذ الصراع على التواجد ضمن هذه القائمات أشكالا أشد ضراوة مما نراه في المعارضة باديا للعيان تفضحه عيون صحافتنا « المستقلة« .

 

من عراك التجمعيّين من أجل المقاعد البرلمانية

التجمع الدستوري الديمقراطي عانى من الحرج والهرج والمرج في تكوين قوائمه أضعاف ما عانته أحزاب المعارضة. فبعد أن أعلن عن إجراء استشارة واسعة لدى قواعده في الشأن اضطر في النهاية إلى مخالفة ما أشارت به القواعد نتيجة اكثرة الضغوط والتدخلات واحتجاجات آخر لحظة. ومع ذلك لم يستطع إرضاء الجميع فكان الغاضبون أكثر من الراضين ولكن لم يؤل الأمر بهؤلاء الغاضبين إلى الاستقالة من التجمع… وقد علت درجات سخط هؤلاء الغاضبين حتى رشح خارج الكواليس التجمعية ووقع في آذان المعارضين شجب من لم يسعفهم الحظ لرفاقهم المحظوظين وتعريضهم بتدني مستواهم السياسي والأخلاقي. وهو مايوحي بأنّ التجمع قد يكون اختار في هذه الانتخابات أن يكون انتقاؤه لممثليه في البرلمان خاضعا لقاعدة « البقاء للأسوأ » متراجعا بذلك عن استراتيجية انتقاء وجوه مثقفة وذات حد أدنى من المصداقية والإشعاع والحس الوطني كان قد استقطبها في بداية العهد الجديد ليتزيّن بها ويسكتها ويُسكت عليها… كل دولة « تخدمها رجالها » والدولة الحالية لم تعد تحتاج سياسيّين ولامثقفين بل تحتاج مرتزقة يطبّلون للنظام البوليسي. 

 

(المصدر: مجلة « كلمة تونس » الإلكترونية، العدد 29 بتاريخ 15 أكتوبر 2004)  

 


دهاليز

 

إعداد عمر المستيري

 

مفارقات « المعجزة » التونسية

في الوقت الذي يطالعنا الإعلام الرسمي منذ أسابيع وفي حملة دعائية تافهة عن « الإنجازات » العظيمة في شتى الميادين و لاسيما في المجال الاقتصادي، توجهت الحكومة برسائل إلى بعض شركائها المقربين ترسم فيها لوحة سوداء عن الوضع الاقتصادي وتعبر عن خشيتها من التطورات الاجتماعية الوخيمة التي قد تنجم عنه كما تطالب مخاطبيها بالاستظهار بكل إمكانيات التفهم والتضامن.

 

قائمات وحوافز

يبدو أنّ قيادة أحد الأحزاب المساندة لترشّح بن علي لجأت إلى كسب المترشّحين ضمن قائماتها بمنحهم بدلة ومبلغ مالي متواضع (خمسون دينارا) ومع توفير وجبات الطعام المجانية طيلة أيام الحملة الانتخابية.

 

خدمة الصالح العام

عشية العودة المدرسية، أقدمت إدارة ديوان الخدمات الجامعية للشمال على فسخ عقد كراء مبنى مبيت لإيواء الطالبات موجود بمركز العاصمة – « لا فايات » – لكراء محلّ جديد مكانه بثمن أرفع بـ30 ألف دينار سنويا وبمنطقة بعيدة نسبيا عن المركز و تشكو من نقص فادح في المواصلات مما دفع الطالبات إلى التعبير عن تذمّر ملحوظ. وتجدر الإشارة إلى أنّ عقد المحل السابق كان ساري المفعول إلى غاية سنة 2007 كما لم تعرض الصفقة الجديدة على لجنة الصفقات العمومية، خلافا لما يقتضيه القانون.

ما هي دوافع التي تكمن وراء هذا القرار الفجئي الذي تسبّب في مصاعب شتّى للطابات كما أثقل كاهل المصاريف العمومية بمبلغ ليس بالهيّن؟ يبدو أن المبنى السابق على ملك أسرة محامي معروف بجرأته وبتجنده لقضايا الحريات. التعليمات جاءت « أكيدة » لقطع جميع المعاملات مع الأسرة…

 

قمع مطّرد 1

السيد منير شقير قضى 4 سنوات ونصف من حكم بـ5 سنوات صدر في شأنه بعد أن سلّمته السلطات الليبية سنة 1997 مع مجموعة أخرى من اللاجئين السياسيين. أطلق سراحه في نوفمبر 2001 ليوقف من جديد في 8 جويلية 2004 بتعلّة وجود حكم غيابي ضدّه (!) راجع إلى سنة 1992 وصادر عن المحكمة العسكرية بتونس. مثُل يوم الاربعاء 6 أكتوبر الجاري إلاّ أنّ المحكمة قرّرت تأجيل المرافعات إلى ما بعد الانتخابات، إلى يوم 8 ديسمبر 2004.

 

قمع مطّرد 2

        بالرغبة ذاتها في تجنّب كل ما من شأنه التشويش – مثل محاكمات الرأي – على المهرجان الانتخابي إلى أجل لاحق، قررت محكمة أريانة تأجيل محاكمة السيد جلال الزغلامي، شقيق الصحفي توفيق بن بريك، إلى جلسة 2 نوفمبر 2004. وكان السيد جلال الزغلامي، إثر عودته من فرنسا حيث أقام للدراسة، قد اعترض على حكم غيابي قضى بسجنه مدّة أربعة أشهر من أجل « الإضرار بملك الغير » صدر في شأنه إثر شكاية تقدّم بها أحد أجواره، مو؟ف بوزارة الداخلية، بتعلة أن جلال تسبب في كسر زجاج الإنارة الخلفية لسيارته (!) مع العلم أنّ جلال الزغلامي تمّ إيقافه رفقة شقيقه نجيب يوم 22 سبتمبر 2004 بعد أن كانوا محل استفزاز من أعوان الشرطة داخل مقهى بالعاصمة ثم إحالتهم على المحكمة الابتدائية بتونس (جلسة 28 أكتوبر للدئرة الرابعة) بتهم عدة مثل « العنف » و »التشويش » و »السكر » و »الاعتداء على الأخلاق الحميدة » و »الإضرار بملك الغير »… فيما يبدو حلقة جديدة أعدّتها السلطة للتشفي من الصحفي توفيق بن بريك وأسرته.

 

(المصدر: مجلة « كلمة تونس » الإلكترونية، العدد 29 بتاريخ 15 أكتوبر 2004)  

 


تعاليق

 

لطفي حيدوري

 

قرود

كتب سليم دولة قصيدة جديدة حيّة، منها هذه الأسطر:

 

وملاك القول

وشيطان الحكاية : أن الشعب التونسي

« رقّاد في الخط »

« دوّار في الحلّة »

مع الذين « يرقدون له كما الحلفاء » أيضا.

بيّاع للقردة ضحّاك من شاريها.

الشعب التونسي يغري أقصر قرد وأسخف قرد بتسلّق

أعلى شجرة :

شجرة « الحب »

و »العدل »

و »الحرية »

و »حقوق الإنسان » ليضحك هو قليلا، قليلا..

« كلما أمعن القرد في التسلّق

 بانت مؤخرته أكثر.. »

 

بدون تعليق

( الفصل 32) يحجر على كل عون من أعوان السلطة العمومية أن يوزّع أوراق التصويت أوبرامج المترشحين. ( المجلة الانتخابية)

( الفصل 59 ) كل مخالفة لأحكام الفصل 32 يعاقب مرتكبها بخطية تتراوح بين 12 عشر دينارا و120 دينارا علاوة على حجز الأوراق وغيرها من الوثائق الموزّعة. ( المجلة الانتخابية)

 

أغنية البصاصين

على جانبي الطريق المؤدية إلى رابطة حقوق الإنسان تنتشر زمر من البوليس السياسي ملتصقة بالحيطان عند كلّ تظاهرة في ذلك المقر. ولأنّ يوم الخميس 7 أكتوبر يوم تقديم تقارير الرابطة كان أوّل تظاهرة تعقد بعد المهرجانات الصيفية انتبهنا إلى الحس الثقافي لدى هؤلاء الحيطيّين كانوا يردّدون أغنية نانسي عجرم المتغزّلة بالبوليس… » حبيبي.. بُصْ ونُصْ » ( التسمية التراثية للمخبر أو الواشي هي البصاص )

 

مصيدة في المحطة

ضربت الحواجز الأمنية في كل محطات النقل العمومي وفي زوايا الأنهج بدعوى تطهير مدن البلاد من المشبوهين والفارين من العدالة. وقد تفاقمت بشكل مزعج للمواطنين. فقد تمرّ بالمحطّة سالما في هذا اليوم ولكن في اليوم الموالي تصير مشبوها وتطلب هويتك على أن تسْلم يوما آخر… ولكن أكثر الناس عرضة للشبهة هم الفقراء والعمال العائدين منهكين إلى بيوتهم أو الذين لم يجدوا موسى حلاقة فأهملوا أذقانهم وشواربهم أو من بدا على وجهه أثر الجوع ومشى مثقلا أو الذين أحرقت الشمس بشرتهم… وقد سلم كلّ ذي ربطة عنق.

 

فاتورة ثقيلة تدفعها شركة الكهرباء والغاز

حرصا على حياد الإدارة وبعيدا عن مرصد عبد الوهاب الباهي يعقد في ( الطابق الثالث، البناية أ ) بقاعة اجتماعات الإدارة العامة لشركة الكهرباء والغاز يوم الجمعة 8 سبتمبر العاشر صباحا اجتماع رؤساء شعب الكهرباء والغاز بكامل الجمهورية للنظر في آخر الاستعدادات للحملة الانتخابية الرئاسية. وحتى لايستخدم المكان لأغراض أخرى سيشرف على الاجتماع إلى جانب كاتب عام لجنة التنسيق بتونس المدينة سعيد إبراهمي، السيد المدير العام للشركة عثمان بن عرفة.

 

الستاغ تسدّد فواتيرها لشعب الحزب الحاكم

يبدو أنّ قائمات الحزب الحاكم لن تتحمل نفقات حملاتها طالما أصبحت الانتخابات فرصة للتجمعيين ليفرضوا على المؤسسات والأفراد تأكيد الولاء والتأييد. ففي سياق انتخابي آخر ستتكفل شركة الكهرباء والغاز بتأطير نشاط انتخابي تشرف عليه قائمة تونس 1 التجمعية برئاسة فؤاد المبزع. حيث وجّه رئيس شعبة الكهرباء والغاز مكتوبا إلى رئيس مركز إنتاج الكهرباء برادس ( رئيس الشعبة قد يكون موظفا صغيرا متفانيا حزبيا وهو يغتنم فرصة للتسيّد على رئيسه في العمل ) يعلمه بأنّه « في إطار الحملة الانتخابية الرئاسية والتشريعية تعتزم شعبة المقرّ الاجتماعي بالاشتراك مع الجامعة التونسية للدراجات النارية ( شريك آخر مغلوب على أمره ) تنظيم دورة تحت شعار « دورة الولاء والتأييد لبن علي رئيس جمهورية الغد » يوم 11 أكتوبر 2004 … وسيكون استقبال المتسابقين بمركز إنتاج الكهرباء برادس بداية من الساعة الواحد إلاّ الربع حيث سيتم استقبالهم لفترة استراحة وتناول الفطور ليتجهوا إلى مركز إنتاج الكهرباء ببئر مشارقة… » وهكذا يدفع المواطن التونسي مقابل استهلاكه طاقة كهربائية ليستثمره التجمع الدستوري الحزب الفقير إلى المداخيل لتمويل نشاطاته السياسية الدعائيّة  !!

 

مقاطعة

تدافع الشبان التونسيّون نحو السواحل المؤدية إلى شمال المتوسط خلال هذا الشهر وقد ربطت كل التحليلات ذلك بالمسألة الاجتماعية وربّما يكون ذلك صائبا غير أن الانتهاء من توزيع بطاقات الانتخاب وقرب موعد 24 أكتوبر مع تواتر أخبار الغرقى والناجين يرجّح احتمال اندراج ما يحدث في سياق المقاطعة الشعبية للعرس الانتخابي التقليدي. وفضّل هؤلاء صناديق الموت على صناديق الاقتراع.

 

(المصدر: مجلة « كلمة تونس » الإلكترونية، العدد 29 بتاريخ 15 أكتوبر 2004)  

 


 

الغرفة التونسية في أبو غريب

 

عبدالله  الزواري

 

إثر  نشر وسائل الإعلام العالمية على مختلف مشاربها و محاملها صورا تظهر مجندة أمريكية تسحب سجينا عراقيا عاريا من طوق عنقه. ارتفعت عديد الأصوات في بلدنا منددة بتلك الممارسات ووصفتها بنعوت مختلفة فهي وحشية و مروعة و فظيعة و سادية و لاإنسانية، و محتجة على ممارسيها مبرزة زيف دعواهم التي أوهموا السذج بأنهم من أجلها قدموا إلى العراق،مطالبة بمحاسبة من مارسها و من غض الطرف عليها و من أمر بها أو حث عليها ومن غفل عنها و لم يتفطن لها كذلك… ولم يترددوا في إدانة مختلف الرتب العسكرية والسياسية بدءا من المجندة إلى قائد الجيوش بل إلى وزير الدفاع ذاته…

 

تقاليد غريبة عنّا

ككل نظام ديمقراطي يحترم مواطنيه و يحترم حقهم في الإعلام تكونت لجان التحقيق و التقصي في صلب الإدارة العسكرية والمجالس المنتخبة وأصدرت تقاريرها واطلع عليها الرأي العام.. وقامت وسائل الإعلام  بدورها في إنارة الشعب فأخضعت تلك التقارير للتمحيص والنقد ولم تتردد في التعبير عن خيبة أملها في نتائج التحقيقات وعدم رضاها عنها، ولم يتهم مسؤولوها ومحرروها في وطنيتهم ولم يمثلوا أمام النيابة العامة ولم يقدم أحدهم استقالته محافظة منه على حياة الصحيفة ولم تصادر أعدادها، فهذه « الواشنطن بوست » و »نيويورك تايمز » تعنونان افتتاحيتهما يوم 24 جويلية 2004 بنفس الكلمة ( تبرئة ) وتبرز الأولى خبث النية في إصدار التقرير الخاص بتعذيب المساجين في نفس يوم صدور تفرير11 سبتمبر، وهذه الإذاعات المسموعة والمرئية تتسابق للظفر بتصريحات الجنود والمسؤولين دون أن يذكٌروا بضرورة الامتثال إلى واجب التحفظ…

ونحن إن حاولنا تحديد هذه الانتهاكات و التجاوزات نقول:

_ عزل بعض المساجين مدة لا تتجاوز شهرا.

_ عزل بعضهم في غرف باردة أو مرتفعة الحرارة.

_ ضربهم و الدوس على أصابع أيديهم و أرجلهم.

_ تعريتهم.

_ إجبارهم على الاستمناء أمام بعضهم البعض.

_ إجبار سجين على تمثيل عملية رضع العضو الذكري لسجين آخر.

_ سحب سجين من رباط في عنقه.

_ منعهم من الماء والطعام و الذهاب إلى المراحيض.

_ سبهم و شتمهم واستخدام نعوت غير لائقة .

_ تركهم في أوضاع مرهقة لساعات طويلة و منعهم من النوم.

_ تحريـض الكلاب عليهم أثناء االتحقيقات.

_ وضعهم في غرف مظلمة أو شديدة الإضاءة…

 

ماوراء جدراننا

ونحن نذكر أن هذه الانتهاكات كانت تمارس أثناء التحقيقات مع الموقوفين لا مع مساجين صدرت الأحكام في شأنهم لا سعيا إلى تبريرها و لا بحثا عن أعذار لممارستها تخفيفا من فظاعتها بل لنقول لمن غاضتهم تلك التجاوزات ـ وهي تغيض حقا ـ في حق إخواننا في  العراق فهبوا منددين، محتجين، مستنكرين، مطالبين بمقاضاة كل من ثبت تورطه في هذه الجرائم… نقول لهؤلاء جميعا إن مثل هذه المخازي و أقبح منها و أشنع كانت – و لا يزال بعضها- تمارس بين أظهركم و عرفناها في سجوننا تمارس على الأطباء و الجامعيين و المهندسين و الأئمة و الطلبة و… تمارس عليهم وقد انتهى التحقيق معهم وصدرت الأحكام في شأنهم بل ظلت تمارس سنوات و سنوات بعد صدور تلك الأحكام و ارتفعت أصواتهم و أصوات عائلاتهم مستغيثة لكن لا مجيب… فأين كنتم يا سادتي؟ إن لم تكونوا سمعتم بها فهذه تقارير منظمة العفو  الدولية بين أيديكم وهذه بيانات الرابطة التونسية للدفاع عن حقوق الإنسان  و المجلس الوطني للحريات والجمعية الدولية لمساندة المساجين السياسيين بتونس كلها بين أيديكم.

 

إننا لن نتحدث عن السب و الشتم و استخدام النعوت غير اللائقة فلا شئ في الواقع السجني يشير إلى إمكانية التخلص منها،بل تعتبر عند الكثيرين « ماعون صنعة » ضرورية  للنجاح في التعامل مع المساجين ،و لا غرابة أن يستمرئ كثير من المساجين هذه المغالطة، و لن نتحدث عن وضع سجين في غرفة باردة أو حارة بل نقول إن السجين المعاقب و لسنوات طويلة وفي برد الشتاء القارس كان يمكن من « زاورة » واحدة كغطاء وفراش معا يتسلمها عند انتهاء التعداد المسائي (ساعة سادسة مساء ) وتسحب منه في الثامنة صباحا من اليوم الموالي، بل كان بعضهم يعمد إلى سكب الماء في الزنزانة ليقضي السجين يومه واقفا وهو حافي القدمين. أما الضرب بمختلف أنواعه  من لكم ودهس و ركل و صفع فحدث عن البحر ولا حرج، بل كانت « الولائم » تنظم تحت إشراف مدير السجن و ضباطه، و تستعمل فيها الهراوات و « الفلقة » … و الكل يعلم بذلك. أما تعرية المساجين فالحالات كثيرة واكتفي هنا بما عمد إليه ذلك الاختصاصي النفساني و تحت أعين مدير السجن عندما أجبر 5 مساجين على نزع ثيابهم كلها…بل لم يتورع عن دعوة السجناء في دروس التأهيل إلى ممارسة اللواط قائلا إنه ممارسة سوية لا يستقذرها إلا الفكر الديني الرجعي المتخلف، كما أجبر  آخر سجينا على التجرد تماما من ثيابه و المرور  أمام بقية زملائه…

 

و لا بأس هنا من إضافة نماذج أخرى من العقوبات اعتمده آخرون « لإصلاح » المساجين مثل وضع سجين في برميل من ماء الجير بل تغطيسه فيه تماما،كما وقع تغطيس سجين آخر في بالوعة مياه مستعملة، و حقن آخر سجينا بكمية من الحليب الساخن أثناء إضرابه عن الطعام مما سبب تعفنا في المستقيم ،كما وقع تعرية مجموعة أخرى وتزحيفهم مسافة طويلة و هم عراة أكثر من مرة… و القائمة طويلة جدا، بل تكاد الانتهاكات تعادل عدد المساجين،كما يكاد عدد المنتهكين لحقوق السجين يعادل عدد ضباط السجون و أعوانها… لكن المفجع حقا ،والمزري كذلك، أن لا يجد المرء في أي من سلط المجتمع و من جمعياته- على كثرتها- من ينصفه ،بل من يستمع إلى شكواه فحسب… ولعل البعض يذكر يوم وقف العقيد عبد الفتاح القلال أمام المحكمة العسكرية ببوشوشة مستعرضا أصناف العذاب  التي سلطها عليها مدير سجن برج الرومي ومطالبته بمقاضاة من اعتدى عليه، و اكتفى رئيس المحكمة بتسجيل طلبه في محضر الجلسة دون أن يسفر ذلك عن شيء يذكر، بل تواصلت تلك التجاوزات بشكل أوسع  و بصورة أفظع… وبقيت « ولائم » الاستقبال تنظم إلى حدود 1995 بل بعد ذلك … و لا زلت أذكر يوم زار رئيس الهيئة العليا لحقوق الإنسان والحريات الأساسية سجن تونس العاصمة في صائفة 1991 وارتأى دعوة بعض المساجين  وكان من بينهم المهندس  ع. ج. المقيم بغرفة  17بالجناح المضيق و لم يتردد قي نقل ما رآه من تعذيب ممارس على بعض السجناء في رواق الجناح فكان جزاؤه أن  أودع مباشرة غرفة المعاقبين…

 

أما العزلة التي اعتبرت-وهي كذلك- انتهاكا لحقوق الإنسان، بل تجريدا له من آدميته رغم أنها لا تتجاوز شهرا في العراق، فاعلموا يا سادتي، يا من أرقكم ما حصل هناك،أنه يوجد من أبناء بلدكم من لم يقتل جنديا أمريكيا أو عراقيا و لم يفجر طائرة « أباتشي » أو سيارة » هامفي » و لم يحجز  يوما رهينة…لكنه مع ذلك يقبع في أجنحة العزلة المغلظة منذ ما يقارب 14 سنة! فهل تراها كافية لا لتنددوا بها بل لتهمسوا:  » كفى ما حدث »، فما قولكم؟ وما رأبكم؟

 

سادتي: أي شعور تراه يتملك ذلك الشاب الدانماركي مثلا عندما يرى المسؤولين في بلده يوقفون أحد الضباط و يحققون معه وقد تسلٌط عليه عقوبة تصل خمسا وعشرين سنة إن ثبت تورطه فيما اتهم به من الاعتداء على أسرى عراقيين بعيدين عنه آلاف الكيلومترات و يخالفونه في العقيدة و العرق و غير ذلك…؟ إنه الشعور  بالنخوة و الاعتزاز و حب الوطن و الغيرة عليه! أليس هو على يقين من انه لن يعتدي أبدا على حرمته الجسدية و أن لا وجود لأحد فوق القانون في بلده كما يستطيع مقاضاة أيا كان فيه… و أي شعور يتملك أحدنا عندما يجرع العذاب ألوانا في بلده و مع ذلك قد مجت آذاننا الحديث عن حقوق الإنسان و احترامها والمقاربات الفذة للزعماء و القادة العرب؟!

 

(المصدر: مجلة « كلمة تونس » الإلكترونية، العدد 29 بتاريخ 15 أكتوبر 2004)  


من أجل مقاطعة الانتخابات المقبلة

 

 بقلم أحمد القلعي

 

استعدّت السلطة مبكّرا لإعداد الإطار التشريعي الذي يخوّل لها « قانونيّا » الالتفاف على مطالب الحركة الديمقراطية وتأبيد الحكم الفردي وتعميق الاختلالات بين السلطات الثلاثة وتقنين الإفلات من العقاب. فأعلنت بتعديل الدستور عن أغراضها الحقيقية للسطو مجددا على الإرادة الشعبية خلال الانتخابات الرئاسية والتشريعية في أكتوبر 2004 .

 

احتكار المبادرة

بدل أن تفسح المجال لحوار مجتمعي حرّ ومتعدد بين مختلف الفاعلين في الحقل السياسي والمدني وتعلن عن مبادرات إيجابية لتنقية مناخ سياسي موغل في الركود والتأزم، ألقت السلطة بظلالها الثقيلة مكبّلة كل حراك لايتفق مع رؤاها الأحادية. وبالرغم من أنّ هذا التعديل شمل ما يقرب عن نصف فصول الدستور لم يسمح للأصوات المخالفة بالتعبير عن مواقفها النقدية والرافضة. واستكملت السلطة استعدادها لانتخابات 2004 بتحوير للمجلة الانتخابية لم يشمل سوى بعض الجوانب التقنية متغافلا عن أولويات الحركة الديمقراطية في ما يتعلق بالنظام الانتخابي والتسجيل في القائمات والمناخ السياسي والإعلامي للحملة الانتخابية ومراقبة عملية الاقتراع وتجريم التزوير.

وبالتوازي مع هذا الإعداد التشريعي لنتخابات على القياس، واصلت السلطة سياستها القمعية تجاه المجتمع المدني محاولة عزل الحركة الديمقراطية وتكبيل الإعلام وضرب حق الاجتماع والتنظم ومصادرة الحريات الفردية والعامة.

 

رهان المقاطعة

إنّ هذه السياسة المنهجية للانفراد بالسلطة وإقصاء كل اختلاف تسدّ الباب أمام مشاركة فاعلة في الانتخابات الرئاسية والتشريعية المقبلة تضاهي في النهاية إضفاء الشرعية على عملية مزيفة معروفة النتائج مسبقا. وحتى حجّة المنبر السياسي المتاح بمناسبة الحملة الانتخابية خاوية إذا نظرنا إلى ظروف هذه الحملة وانخرام توازن القوى بين آلة الحزب الحاكم وأحزاب المعارضة الأخرى.

على الحركة الديمقراطية أن تجرّب شكلا من أشكال العصيان المدني وتدعو لمقاطعة الانتخابات المقبلة بشقّيها الرئاسي والتشريعي وأن تترك السحر ينقلب على الساحر.

 

(المصدر: مجلة « كلمة تونس » الإلكترونية، العدد 29 بتاريخ 15 أكتوبر 2004)  

 


حكاية مدرسة بوعبدلّي للتعليم الخاص

 

بقلم أبو سليم بوخذير

 

أسئلة مشروعة

يطرح ملف ما يعرف بـ« مؤسسة بوعبدلي للتعليم الخاص » المنتصبة بموقع بارز بوسط العاصمة التونسية نقاط استفهام عديدة أوّلها ما يخص عملية التعاطي مع هذه المدرسة من قبل الإدارة التونسية قبل موعد 16 سبتمبر تاريخ إعلان وزير التربية والتكوين سحب الترخيص منها. وقد ظلت هذه المؤسسة على مدار السنوات العشر الفارطة السابقة لقرار سحب الترخيص متميّزة عن جدارة في اقتراف تجاوزات خطيرة للغاية لقوانين التعليم وحتى لقوانين أخرى مدنيّة.

 

تجاوزات بالجملة :

عرفت هذه المدرسة بإصرارها على سياسة انتقائية للتلاميذ بأن يكونوا أساسا أبناء أولياء ينتمون إلى الطبقة المرفهة من المجتمع والطبقة القريبة من دوائر الإدارة. واعتمدت لتحقيق هذا الهدف على افتكاك حق الدراسة من عديد التلاميذ الذين لم يكبر أولياؤهم في عيون إدارة هذه المدرسة حتى وإن دفعوا التزاماتهم المالية بانضباط وحتى إن كان أبناؤهم من أصحاب المعدلات العالية خرقا لحقوق الطفولة وحقوق الإنسان وقوانين التربية والتعليم.

كما عرفت هذه المدرسة بترفيعات عالية أقدمت عليها على صعيد أسعارها، فمعلوم دراسة التلميذ الواحد للسنة الواحدة بالابتدائي أو الإعدادي لايقل عن ألفي دينار ويصل 2500 دينار وهي مبالغ عالية تدر أرباحا خيالية على صاحب المؤسسة تصل مليارات، ونحن لانحسده عليها، ولكن مع هذه المبالغ تشترط المدرسة على التلاميذ معاليم غريبة لانعتقد أنّها تتوافق مع القانون. مثلا هناك معاليم كبيرة بعنوان بقاء التلميذ في الساحة. ومعاليم أخرى مقابل عشر دقائق أو تكاد التي ينتظر فيها التلميذ وليّه بعد إتمام وقت الدراسة… وقد ارتفع أكثر من صوت على مدار السنوات الأخيرة يشتكي هذه المدرسة لوزارة الإشراف،  ومع ذلك لم يقع إستصدار أي عقاب ضدّها.

 

قضيّة سوّيت في السرّية :

وهكذا فقد كان واضحا أكثر أن قرار سحب الترخيص ولئن اتخذ من التجاوزات الحاصلة بهذه المؤسسة مبررا لها مثل ما جاء في البلاغ الرسمي. إلاّ أنّه كان قرارا لأسباب أخرى قد تكون شخصية. فمن غير المعقول أن ترتكب المؤسسة هذه التجاوزات على مدار 10 سنوات لتعاقب الآن فقط. ومن غير المعقول أن يرى التونسيون كل ذلك الحرص من الوزارة على نشر خبر سحب الترخيص في مجمل الصحف ولا يتصورون أن في الأمر سرّا ما.

أمّا نقاط الاستفهام الأكبر التي يطرحها ملف هذه المؤسسة فهو العجلة الكبيرة التي اتصف بها قرار الإدارة التونسية في إعادة الترخيص إلى صاحب هذه المدرسة فقد وقع اتخاذ خطوة إلغاء قرار سحب الترخيص في أقل من 5 أيام بعد إعلانه ومن المستحيل طبعا أن نصدق أن الأسباب  التي اتخذ من أجلها القرار الأوّل زالت بقدرة قدير وبين عشية وضحاها بكل هذه السرعة. وهو ما يجعل التأويل يسير في اتجاه واحد وهو أن القرار وراءه مسائل خفية وأمور من خلف الستار.

وما يثر استفهامات هو ما ذكره خبر غير موقّع بجريدة يومية عن اتخاذ الوزارة لخطوة إعادة الترخيص بأنّ التبرير واضح وهو أنّ إدارة المدرسة « اعتذرت ووعدت بعدم العودة إلى التجاوزات ». هل يجوز أصلا أن يرفع العقاب فورا عن متجاوز للقانون لمجرّد أنّه اعتذر أو وعد بأنّه لن يكرّر تجاوزه ؟ هل هذا ما نعلّمه لأبنائنا ؟

ومن هنا فصاعدا : فإنّه على كل من تجاوز القانون أو ارتكب جريمة حق عام… فإنّ عليه الاعتذار. تعاطي الإدارة مع هذا الملف محفوف بكمّ وافر من الغموض رغم ما بدا من وضوح. وهو تعاط يطرح استفهامات كبيرة وتأويلات لايمكن أن نقول إزاءها سوى أنّه تبقى خفايا أخرى.

 

(المصدر: مجلة « كلمة تونس » الإلكترونية، العدد 29 بتاريخ 15 أكتوبر 2004)  

 


تقريرالرابطة الجديد عن سنة 2003

تونس لم تشهد أي تحسن إن على مستوى التشريع أو الممارسة

 

 متابعة لطفي حيدوري

 

عبّرت الرابطة التونسية للدفاع عن حقوق الإنسان عن قلقها بشأن وضعية السجناء وقالت إنّها تزداد سوءا وأن السجون تشهد انتهاكات واسعة لحقوق الإنسان وأن التعذيب يمارس بشكل واسع مما أدّى إلى وفاة عدد من المساجين. بحيث إنّ الاستهتار بالقانون وخرقه هو القاعدة داخل السجون. وجاء في تقرير الرابطة الذي عرضه الأستاذ مختار الطريفي في لقائه بالصحفيين صبيحة الخميس 7 أكتوبر 2004 أنّ المعطيات المتعلقة بالسجون والسجناء تعامل في مختلف مستويات الإدارة كأسرار يمنع إفشاؤها ممّا جعل الفضاء السجني فضاء مغلقا ومتضخما وبدون حقوق ويفتقر إلى المواصفات الإنسانية. وقد تناول التقرير بالتفصيل المعطيات المتعلّقة بالمسألة الإدارية والتشريعية كما خصص فصلا مهمّا لأوضاع الإقامة في السجون التونسية فيما يتعلّق بالظروف الصحية والتغذية والنظافة وقضية الاكتظاظ والترفيه… كما خصص التقرير فصلا عن المحكومين بالإعدام وذكر أنهم يخضعون لإجراءات تمييزية قاسية فهم محل عزلة تامة داخل السجن وفي سيلونات تضم أعدادا محدودة منهم ويمنع هؤلاء من تلقي أي شيء من عائلاتهم ومحرومون نهائيا من الزيارة. وتشكّل الأمراض العصبية والحالات النفسية ظروفا مميزة لهذا الصنف من السجناء.

 

حالة مساجين الرأي

اهتمّت الرابطة في قسم كبير من تقريرها بأوضاع مساجين الرأي وقالت إنهم يتعرضون إلى معاملة قاسية أسوأ من تلك التي يتعرض لها سجناء الحق العام. بل يمكن القول إنّ هناك سياسة تشفي منهم إذ يحرمون من الحقوق البسيطة التي جاء بها قانون السجون المؤرخ في 14 ماي 2001 وأنّه يتمّ معاقبة بعضهم بصورة دائمة خلافا لمقتضيات هذا القانون. وقام التقرير بجرد طويل مفصل بالأحداث والأسماء عما يتعرض له هؤلاء الذين يقارب عددهم 600 سجين حسب التقرير ينتمون إلى حركة النهضة ومجموعات إسلامية أخرى مثل ما عرف بمجموعة الأنصار ومجموعة أهل السنة والجماعة وكذلك مجموعة شبان جرجيس ومجموعة أريانة وذك في ما يتعلق بظروف التمييز والمعاملات الانتقامية والإبعاد والعزلة والعزلة المطوّلة والعزل والتعذيب والإهانة والإيذاء النفسي وانتهاك حق مقابلة المحامي والإهمال الصحي والتضييق على ممارسة الشعائر الدينية…إلخ

وقد خلص التقرير إلى عدد من التوصيات على رأسها إصدار قانون العفو التشريعي العام حتى يتم إفراغ السجون من الذين حوكموا في قضايا سياسية وقضايا رأي. وإنهاء حالة العزلة المفروضة على عدد من المساجين السياسيين وسجناء الرأي وتطبيق القانون بخصوص حقوق السجناء وتطبيق القواعد القانونية بصورة حيادية وضرورة التحقيق في كل المزاعم بشأن التعذيب وسوء المعاملة وإحالة الجناة دون أي حصانة على القضاء. 

وبصورة عامة تطالب الرابطة بسنّ قانون للمواصفات السجنية وأن يكون كل ذلك في إطار خطة وطنية للإصلاح الجنائي.

 

هذا وأشار رئيس الرابطة مختار الطريفي إلى أنّ تأخّر تقديم التقرير يعود إلى أسباب مالية وتقنية وأنه إلى حد الآن لم تجهز الترجمة النهائية للتقريرين  وأن إرجاء ذلك أكثر ربما يتزامن مع الانتخابات لذلك كان هذا الوقت مناسبا لتنبيه جميع الأطراف في هذه المرحلة السياسية التي تمر بها البلاد إلى أوضاع الحريات ومناشدة جميع الأطراف الانتخابية بجعل مطلب العفو التشريعي العام وإطلاق سراح المساجين السياسيين من أهم أولويات البرامج الانتخابية وأن يرفع في كل المناسبات التي تتيحها الحملة الانتخابية.

 

التقرير السنوي

واظبت الرابطة على إصدار تقريرها السنوي منذ ثلاث سنوات. وقد أكدت في تقريرها الجديد عن سنة 2003 أن حقوق الإنسان في تونس لم تشهد أي تحسن إن على مستوى التشريع أو الممارسة، بدءا بقانون مكافحة الإرهاب وافتتاح عهد محاكمات الانترنيت ومزيد التضييق على العمل الجمعياتي… وضرب حرية التعبير والاجتماع وانتهاك حرية التنقل وحرية اللباس وحرية ممارسة الشعائر الدينية وغياب ظروف المحاكمة العادلة ومضايقة نشطاء حقوق الإنسان بما فيها هرسلة الرابطة ومنع الحصول على التمويل..                                  

 

(المصدر: مجلة « كلمة تونس » الإلكترونية، العدد 29 بتاريخ 15 أكتوبر 2004)  

 


المنتدى الاجتماعي التونسي

هل تنعقد الدورة الأولى قبل موفّى 2004؟

 

 بقلم المنجي بن صالح

  

تفاعلا مع الواقع العالمي، وتلك الحركيّة الهادفة إلى تجديد آليات النضال الاجتماعي والجماهيري، ومن أجل تفعيل الرفض الشعبي للعولمة المتوحّشة وردّا على الانسياق الرسمي لتكريس خياراتها  وتنفيذ برامج منظريها وإملاءاتهم، وتبعا لما ولّده هذا التمشي من تدمير للاقتصاد التونسي في عدّة مستويات حيث:

–       تضاعفت المديونيّة ما بين 1986 و2004 حوالي أربعة مرات.

–       تضاعفت نسبة خدمة الدّين لتصل إلى ما بين 25% و30% من صادرات السلع.

–       تعمّقت نسبة التبعيّة (نسبة الواردات في تغطيّة الطلب الداخلي) حيث مرّت من 31% إلى 42% سنة 2000.

–       تفاقمت البطالة وتكاثرت أنماط التشغيل الهشّ والجزئي مقابل تراجع فرص التشغيل في القطاع المهيكل، و تراجعت نسبة الأجور من الدخل الخام.

–       اقترنت العولمة في تونس بتخفيض أعباء الجباية على رأس المال والشركات (من حوالي 40% سنة 1987 إلى حوالي 30% حاليّا) وألقيت الفوارق على كاهل الأجراء الذين ارتفعت مساهمتهم في الجباية المباشرة من 43% إلى 46% في ما بين سنتي 1997 و2000

–       تقلّصت الميزانيّة المخصّصة لصندوق التعويض من 3,8% إلى 0,8% من الناتج الداخلي الخام ما بين سنتي 1985و1999

 

تفاعلا مع كل هذه المعطيات، ومحاولة للانخراط في المجهود العالمي لتطوير أشكال النضال، ومساهمة في ما يتطلّبه هذا التوجّه من تصوّرات بديلة وابتكار لأدوات نضاليّة حديثة وفعّالة، بادرت مجموعة من المناضلين بالتحرّك من أجل منتدى اجتماعي تونسي حيث دفعوا باتجاه تنظيم مجموعة من الندوات واللقاءات لتعميق التشاور حول بعض القضايا الاجتماعيّة ولّدتها خيارات العولمة، ولتنشيط الحوار بهدف إنضاج فكرة المنتدى الاجتماعي وتنزيلها ضمن الاهتمامات المباشرة لمنظمات المجتمع المدني. تجاوبت بالفعل العديد من الجهات مع هذا التوّجه، حيث جمّع النداء الصادر عن ندوة  المنستير المنعقدة بتاريخ 11 و12 أكتوبر 2003 أكثر من ألف إمضاء لنخبة من المناضلين الذين عبّروا عن تحمّسهم لإنجاح هذا المسعى واستعدادهم لتحويل النداء من فكرة نظريّة ونداء مجرّد إلى ممارسة فعليّة وعمل ملموس.

 

وفي هذا الإطار تندرج الندوة التي عقدتها مؤخّرا (يوم 3 أكتوبر الجاري) فرع الرابطة التونسيّة للدفاع عن حقوق الإنسان بكلّ من القيروان وسوسة والمنستير والمهديّة تحت شعار « حقّ الشغل: العولمة وانعكاساتها على واقع التشغيل » حيث مثّلت هذه الندوة لبنة أخرى على درب إنضاج فكرة المنتدى وتهيئة الظروف الملائمة لعقد دورته الأولى.

 

ولعلّ من أهم الإنجازات التي حقّقتها هذه الندوة، ذاك المستوى الرّاقي في تعامل الاتحاد الجهوي للشغل بالقيروان مع هذه الندوة واحتضانه لفعالياتها وتلك الرؤية التي قدّمها الأستاذ مختار الطريفي حول ماهيّة المنتدى الاجتماعي باعتباره فضاء للحوار وتعميق التصوّرات حول مختلف القضايا المطروحة وبوصفه إطارا للتفكير لا يمكن أن يعوّض أي منظمة وأي جمعيّة ولا يتدخّل في الشؤون الخاصة بها، ولا تلزم التصوّرات التي يبلورها المنتدى وأشكال الحركة والفعل التي يمكن أن يقرّها –أي جهة أو أي شخص- إلاّ بالقدر الذي تتلاءم فيه هذه التصوّرات مع القناعات الخاصة لهذا الشخص وهذه الجهة. كما لا يمكن أن يفرض على أي كان أن ينخرط في أشكال الحركة والفعل التي يقرّها المنتدى إلاّ بمستوى تحمّسه لتجسيم هذه الحركة وتكريس هذا الفعل.

 

لقد بدأ المشروع يتقدّم وتبدّدت عديد المخاوف والاحترازات المشروعة التي قدّمتها عديد الجهات والأشخاص مع انطلاق النقاشات الأولى حول ضرورة العمل على بعث منتدى اجتماعي تونسي ولم يعد مستبعدا أن تنعقد الدورة الأولى قبل نهاية السنة الجارية.

 

(المصدر: مجلة « كلمة تونس » الإلكترونية، العدد 29 بتاريخ 15 أكتوبر 2004)


Briser le cercle vicieux

 

Omar Mestiri

 

Genève, le 14 octobre, puis Paris, le 16, abritent deux rencontres des principaux acteurs du mouvement démocratique tunisien. Divisés sur l’attitude face au scrutin du 24 octobre, entre partis participationnistes et autres appelant au boycott, les différents protagonistes à ces rencontres tenteront d’afficher un consensus formel, à défaut d’avoir pu développer quelque action unitaire tangible sur le terrain, face à un régime engagé dans une fuite en avant éperdue.

 

Ce genre d’événement est en lui-même positif, dans la mesure où il se prête souvent à quelques échanges fructueux et permet parfois de purger certains des futiles contentieux relationnels qui minent le milieu. Sa principale utilité consiste, surtout,  à casser médiatiquement l’image hégémonique d’un pouvoir inébranlable et, par-là, à relever le moral des militants.

 

L’impact demeure cependant assez circonscrit. Depuis 2002, ces joutes se sont multipliées sans arriver à édifier de solides entraves face à l’offensive du pouvoir, les partenaires ayant toujours échoué à en transformer les belles résolutions en agenda précis et contraignant. Il est aussi arrivé que ces conclaves donnent lieu à des déchirements douloureux, comme ce fut le cas à la réunion d’Aix-en-provence en mai 2003.

 

Par le passé récent, trois facteurs ont bridé les regroupements des démocrates tunisiens : les relations avec les islamistes et les questions de préséance entre les dirigeants. Le premier clivage, de loin le plus sérieux, commence à perdre son acuité, la majorité des formations optant pour une approche pragmatique au cas par cas, plus réaliste qu’un accord formel et favorisée par la souplesse des dirigeants islamistes. L’approche doctrinaire qui pose le problème en termes d’alliance et de projet de société est, ainsi, momentanément mise de côté.

 

Restent les querelles de personnes : biais privilégié d’interférence du pouvoir par un passé récent, elles restent tout aussi vives. Le mois dernier, un des chefs de parti, invité à animer une réunion sur les élections d’octobre dans une grande ville française, avait récusé la présence à cette même réunion d’un autre dirigeant politique censé pourtant partager la même position par rapport au scrutin du 24. Son désir de monopoliser l’espace prenant le dessus, quel crédit peut-on accorder aux assurances qu’il a délivrées à profusion les jours suivants sur sa disposition à dépasser les contentieux subjectifs ?

 

Quoiqu’il en soit, une rupture est nécessaire avec le discours présidant jusqu’alors : les généralités ne rencontrent qu’un écho extrêmement faible auprès du commun des citoyens. Surtout les objectifs abstraits ne suscitent aucun enthousiasme de sa part. Et si l’on s’assignait des objectifs moins ambitieux mais plus précis et concrets ? L’appel à la participation d’observateurs étrangers à la mise en place d’un organisme indépendant de surveillance des élections, est l’une des pistes possibles. Ce genre de démarche, pour peser sur le cours des évènements et recueillir le soutien le plus large, ne peut se réduire à une gesticulation rhétorique. La mise en place de mécanismes simples mais efficaces de suivi constituerait, indubitablement, le franchissement d’un nouveau palier.

 

(Source : l’e-mag tunisien « Kalima Tunisie », N° 29 du 15 octobre 2004)


 

BREVES

 

Audition au Parlement européen

 

A la veille des élections générales tunisiennes, la Présidente de la Sous-Commission des Droits de l’Homme du Parlement Européen, Hélène Flautre a invité des représentants de la société civile tunisienne à une audition au Parlement le 12 octobre 2004.

 

Sihem Bensedrine, porte-parole du CNLT, Kamel Jendoubi, Président du CRLDHT et Ezzaouia Khalil, membre du comité directeur de la LTDH, ont exposé lors de cette audition la situation des libertés en Tunisie et dénoncé l’instrumentalisation de la lutte contre le terrorisme pour justifier les violations accrues des droits de l’homme et regretté la baisse du niveau des exigences de l’UE à l’égard du gouvernement tunisien.

 

A l’issue de cette audition, la sous-commission a publié un communiqué où elle s’est déclarée  « extrêmement préoccupée par les conditions de déroulement de ces élections, en particulier par la discrimination légale à la candidature, les entraves à la liberté de réunion, à l’accès aux médias audiovisuels publics pour les candidats et à l’incapacité permanente de la société civile de faire valoir ses points de vue. Les citoyens se voient ainsi privés du droit de choisir librement leurs représentants…Ce processus électoral mal engagé hypothèque la crédibilité du plan d’action négocié dans le cadre de la politique de voisinage et de l’article 2 de l’accord d’association. »

 

La sous commission DDH a décidé de suivre « avec une grande vigilance l’évolution de la situation des libertés fondamentales en Tunisie et prendra toute initiative utile au respect des droits de l’homme et de la démocratie ».

 

L’opposition à Paris

Le 24 octobre 2004, Le CRLDH (Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie), organise avec la participation des principales ONG tunisiennes de droits de l’homme, LTDH (Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme), le CNLT (Conseil national des libertés en Tunisie) et l’ATFD (Association tunisienne des femmes démocrates), une rencontre le 16 octobre à Paris sous le thème : « Non à  un quatrième mandat à  Ben Ali, Pour des élections libres, démocratiques et pluralistes en Tunisie ». L’ensemble des représentants de l’opposition seront présents à cette rencontre qui sera suivie par de nombreux médias.

 

Revirement

Les militants tunisiens de Genève se sont dépensés sans compter pour faire réussir ce qu’ils considèrent comme leur contribution à l’effort national pour faire échec à la farce du 24 octobre. Mobilisant leurs modestes ressources et leurs relations, ils ont tout mis en œuvre pour donner aux dirigeants de l’opposition des conditions de travail adéquates qui leur font souvent défaut à Tunis.

 

A cette rencontre organisée à l’initiative de la C U A E avec le soutien de l’Union des Tunisiens de Suisse et le Comité Tunisie en Suisse sous le thème : « Démocratie et alternance politique en Tunisie : Quelles alternatives ? », les participants conviés depuis plus de trois semaines étaient  Hamma Hammami, porte-parole du Parti Communiste ouvrier de Tunisie (PCOT) ; Mustapha Ben Jaafar, secrétaire général du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL) ; Moncef Marzouki, Président du Congrès Pour la République (CPR) ; Ahmed Nejib Chabbi, secrétaire général du Parti Démocratique Progressiste (PDP). La veille de la rencontre du 14 octobre, les organisateurs apprennent, par un site Internet, le retrait du CPR, annoncé en ces termes : « fidèle à ses principes, le CPR a décidé de ne pas participer à la rencontre du 14 octobre qui aura lieu à Genève pour dénoncer l’exclusion d’un parti politique écarté pour ses idées. » !

 

Cette explication peut paraître un peu courte lorsque l’on sait que le CPR avait été tenu au courant des menus détails depuis plusieurs semaines ; Plus, à sa demande, des aménagements avaient été prévus à l’organisation initiale. Les dirigeants du CPR avaient même informé leurs interlocuteurs à Tunis, quelques jours auparavant, de leur intention de se rendre avec une forte délégation, à cette même rencontre sans que la liste des participants n’ait été modifiée.

 

Selon nos sources à Tunis, la vraie raison de ce revirement semble plutôt liée au peu d’enthousiasme manifesté par les autres participants pour une proposition faite par Marzouki de se rendre à Genève avec un projet de déclaration commune. Une rencontre entre les 4 partis susmentionnés avait même été prévue à Tunis, le 9 octobre, pour en débattre mais la proposition n’a trouvé aucun écho auprès des autres partis.

 

Pour la Tunisie et le « président de demain » du RCD

La liste du RCD de Tunis 1 organise le 11 octobre dans le cadre de sa campagne électorale une course de motocyclettes ; la manifestation sportive est ainsi intitulée « compétition d’allégeance et d’appui à la candidature de Ben Ali, le président de demain ». Son tort ne tient pas seulement à son intitulé peu imaginatif, mais surtout au fait qu’elle réquisitionne la société nationale d’électricité (STEG) pour financer cette activité. Si les prochaines notes d’électricité seront plus salées que d’habitude, le citoyen tunisien doit savoir que, par ce sacrifice, il est en train de contribuer à l’effort national d’élection du candidat du RCD « président de demain » !

 

L’initiative démocratique fait l’événement à Gafsa et Sidi Bouzid

Il semble que les adhérents du parti au pouvoir dans plusieurs régions de l’intérieur du pays ne soient pas du tout satisfaits du choix des candidats locaux aux législatives du 24 octobre. Lors de son passage à Gafsa et Sidi Bouzid, le candidat de l’initiative démocratique a été accueilli avec enthousiasme y compris par des membres du parti au pouvoir  qui voulaient ainsi manifester leur mécontentement.

 

Campagne silencieuse

Non satisfait d’interdire de façon abusive les passages aux médias audiovisuels publics des candidats de l’opposition aux présidentielles, passages prévu par l’article 29 du code électoral, les autorités ont censuré les manifestes électoraux de l’initiative démocratique et du PDP ; Ce dernier s’est vu censurer une seconde fois son manifeste malgré son amendement dans une version plus light. L’affiche électorale du candidat de l’Initiative démocratique ainsi que son manifeste, qu’ils ont refusé de modifier, sont toujours retenus par le ministère de l’intérieur après cinq jours du démarrage de la campagne électorale. Le candidat Ben Ali n’aime pas la nuisance sonore. Le silence est d’or !

 

Candidats « motivés »

Certains partis de l’opposition de décor ont réussi à boucler leurs listes électorales grâce à des motivations sonnantes et trébuchantes. Ainsi à Sfax – et le cas n’est pas unique en son genre -, la liste législative de l’UDU, qui a soutenu le candidat du RCD pour les présidentielles, a dû motiver des candidats de fortune en leur assurant gîte et couvert ainsi qu’une compensation matérielle pour figurer sur leurs listes, le temps d’une campagne. A ceux-là, l’administration n’a trouvé aucune faille justifiant le rejet de leurs listes.

 

(Source : l’e-mag tunisien « Kalima Tunisie », N° 29 du 15 octobre 2004)

 


Le candidat Mohamed Ali Halouani dérange

 

Omar Mestiri et Sihem Bensedrine

 

 Incontestablement, la candidature de Mohamed Ali Halouani à la présidentielle du 24 octobre dérange le pouvoir. Elle a déjà amené Ben Ali à accumuler les fautes, la campagne électorale sitôt entamée. Après l’interdiction illégale de faire sa campagne sur les médias audiovisuels, le candidat de l’initiative démocratique s’est vu notifier la saisie de son manifeste électoral et de son affiche. Habilement, il a aussi convié le général-président à un face-à-face public ; ce dernier, avec les dispositions en communication qu’on lui connaît, ne peut que se débiner face à de pareils défis.

 

Le discours de Halouani, tel que révélé par son manifeste électoral, se situe certainement, aux antipodes de la complaisance propre aux candidatures factices. Dénonçant vigoureusement « les conditions déplorables » que vit la Tunisie, il déplore la fonction de « légitimation de la politique du pouvoir en place » assignée aux consultations électorales qui privent « des dirigeants de partis politiques et des personnalités indépendantes du droit à la candidature ». Tout en stigmatisant « un pouvoir personnel absolu », la fusion du parti avec l’appareil d’Etat et la monopolisation de l’ensemble des moyens d’information, il cloue au pilori un système qui « dépouille les Tunisiens de leurs citoyenneté » et qui génère « des centres de pouvoir parallèle ».

 

Au-delà des divergences tactiques sur la pertinence du choix du boycott ou de la participation au scrutin du 24 octobre, tout démocrate sincère ne peut que souscrire à la plate-forme défendue par le candidat Halouani. Elle cristallise une évolution heureuse de la démarche de l’initiative qui souligne de plus en plus son ancrage à une ligne de rupture franche avec le pouvoir, qui était, il est vrai plus timide au départ ; comme elle met en évidence une changement du mouvement « Ettajdid » qui avait soutenu la candidature de Ben Ali lors des scrutins de 1989, 1994 et 1999. Elle reflète, surtout, la réussite d’un pari assez fou engagé par les promoteurs de l’initiative démocratique comme son porte-parole, Ayachi Hammami ou sa bonne fée Sana Ben Achour. Obstinément, malgré le scepticisme et les défections, ils ont secoué le cocotier et apporté la preuve qu’un créneau était exploitable, qu’un public était mobilisable.

 

Certes, Mohamed Ali Halouani est un peu le candidat du hasard, celui qui a pu passer au travers des multiples entraves destinées à éliminer les indésirables… néanmoins, il a su porter avec courage les aspirations des démocrates tunisiens.

 

Le succès que rencontre l’initiative aujourd’hui en Tunisie démontre que ce ne sont pas toujours les discours les plus radicaux qui sont les plus porteurs et que dans un système aussi verrouillé que le système politique tunisien, une initiative semblable peut mettre en difficulté un pouvoir autoritaire, peu habitué à une opposition modérée mais non moins ferme.

Il est vrai qu’à son démarrage cette initiative s’est heurtée à la défiance de nombreux militants, dont nous sommes, à cause précisément de ses contours qui n’étaient pas aussi clairs qu’ils ne le sont aujourd’hui et surtout à cause de la méfiance, somme toute légitime, qu’on pouvait nourrir à l’égard de la direction du mouvement Ettajdid.

 

Même si l’aventure ID devait s’arrêter là, elle aura déjà réussi à apporter à sa manière, sa part de contestation d’un pouvoir absolu et apporté la preuve que l’imagination est toujours porteuse en politique et que l’on ne peut se satisfaire de slogans au lieu d’actes, seraient-ils les plus incendiaires. Nous attendons cependant qu’elle contribue efficacement aussi à la dénonciation de la fraude électorale. La voie de la contestation n’est pas unique, il faut savoir accepter la pluralité des démarches qui contribuent chacune à sa façon à combattre la dictature.

 

(Source : l’e-mag tunisien « Kalima Tunisie », N° 29 du 15 octobre 2004)

 


« Campagne électorale »

 

Kahina, citoyenne tunisienne.  

 

Je croyais être au courant de tout ! Pauvre de moi !

 

C’est une période électorale en Tunisie, il y a trois candidats ‘opposants’ dont deux se présentent ‘uniquement pour consolider les acquis en terme de démocratie’ selon leurs dires!!

 

Le troisième candidat opposant se présente au nom d’une ‘initiative démocratique’ qui regroupe des opposants indépendants et un parti de l’opposition ‘reconnue’ : Ettajdid (Le Renouveau). Un candidat honnête, qui ne mâche pas ses mots pour critiquer le régime et ses violations pour les droits de l’Homme et les libertés individuelles, le népotisme qui règne dans le pays et les injustices de tout genre.

 

Je croyais que, vivant en France, j’avais accès à une information complète sur ce qui se passait en Tunisie, surtout en cette période électorale.

 

J’avais tout simplement tort.

 

Et il a suffi d’un coup de fil à ma famille pour comprendre qu’il fallait être sur place si on voulait prendre conscience de l’ampleur de ce qui s’y passait.

 

Alors voici le récit de deux de mes proches, dépassés, dégoûtés, révoltés, choqués, par ce qu’ils vivent ces jours-ci :

 

Malgré toutes les mascarades électorales qui nous ont déjà été imposées dans ce pays, cette campagne est de loin la pire que nous ayons jamais connue.

 

Il s’agit, entre autres malheurs, de ceux endurés par le candidat de l’Initiative Démocratique, M. Mohamed Ali Halouani. Ses affiches ont d’abord été bloquées à l’imprimerie, sans raison valable, avant d’apprendre qu’il n’avait pas le droit de les afficher, car le format n’était pas ‘conforme’ ; je traduis : les affiches de ce candidat étaient de la même taille que celles du président, ce qui semble être un tort !! Il a donc fallu réduire la taille des affiches au quart, pour qu’elles deviennent…conformes !!

 

Elles ont ainsi pu être affichées. Une de mes proches m’affirme avoir vu les affiches de ce candidat vers 8h du matin ; vers 10h, il n’y en avait plus une seule ! Le peuple tunisien (ou du moins les tunisois, d’après le témoignage de la même personne) n’aura donc même pas eu le temps de remarquer le visage de ce candidat.

 

Peut-être aurait-il pu le remarquer dans les spots télévisés ; sauf que ceux-ci sont diffusés uniquement à…17h ! Je précise qu’en Tunisie (comme un peu partout dans le monde, d’ailleurs), il ne s’agit absolument pas d’une heure de grande écoute !

 

Encore une occasion ratée pour faire connaître ce candidat.

Reste le journal de 20h, où la campagne électorale est quand même évoquée. On parle évidemment – et longuement- du président Ben Ali, on consacre quelques instants aux deux candidats figurants, et M. Halouani……n’existe tout simplement pas ! Oui ! On ne parle ni de lui, ni de l’Initiative Démocratique, ni du Parti Ettajdid. C’est ce qui s’appelle un boycott, de la part de la télévision publique.

 

Encore une occasion ratée.

 

Après, comment voulez-vous que le peuple vote pour quelqu’un dont il n’a jamais entendu parler ??

 

Même son manifeste électoral a été interdit. Pourquoi ?……

Sans parler des listes non validées pour les législatives.

 

Quant au président, lui, il a tous les droits : propagande dans les lieux publiques, hauts parleurs (interdits aux opposants), médias à son service, moyens financiers,…

 

Encore une plus belle : à l’intérieur de certaines institutions publiques d’enseignement supérieur, les étudiants ont droit aux affiches du président collées partout sur les murs, par le soin des gardiens à qui on exige d’applaudir après en avoir collée chacune !

 

Et les affiches en question présentent le président comme un ange venu du ciel.…ça me rappelle une affiche de Mobutu, élaborée à partir du même principe.

 

Les entreprises, elles, n’hésitent pas à afficher leur soutien total pour le président candidat. Elles n’économisent ni leur force ni leur argent : écrans géants dans la rue, propagandes…

Le citoyen moyen est écoeuré.

 

Pour lui, cet argent serait bien plus utile aux pauvres et aux laissés pour compte………puisque les résultats sont de toutes façons connus à l’avance. Nul besoin de faire campagne ! Mais à qui ose-t-il le dire ? Lui qui a peur de tout, même de son ombre, dans un pays où le nombre d’adhérents au Parti par rapport au nombre d’électeurs est probablement le plus élevé au monde : 2,5 millions d’adhérents/ 4,5 millions d’électeurs.

 

Le tunisien ne connaît pas ses droits, puisqu’on ne lui en parle jamais ; il voit l’injustice de ses propres yeux, et il n’a pas le droit de la dénoncer, sinon c’est un traître. Ce genre de notions est complètement intégré dans la culture des tunisiens : ne parlez de rien, à personne, ne contestez rien, vous avez tout, donc vous n’avez rien à demander de plus ; votre président est votre sauveur. Sans lui, le pays sera foutu. Il est tout pour vous…..

 

Le Mufti, annonçant le mois de ramadan à la télévision publique, n’oublie pas de féliciter le président Ben Ali, « protecteur du peuple tunisien », et de prier « Dieu, pour qu’il le protège et le garde pour la Tunisie, qui a besoin de sa politique bienveillante….. »

 

Le vote aura lieu en Tunisie le 24 octobre. Les tunisien vivant en France voteront entre le 16 et le 22 octobre. Le résultat, je vous le donne dès maintenant si vous voulez : 99,..% pour Ben Ali, et les quelques miettes qui restent seront partagées entre 3 candidats, insultant ainsi le peuple et son intelligence, et lui reniant son droit le plus élémentaire, qui n’est évidemment pas de « manger, se soigner et avoir une éducation », mais  d’être libre.


 

Cette note, vieille de 10 ans, concernant le cas de Abdel Magid Bouden, récemment mis en cause par un de vos lecteurs et bien défendu aussi par Abdellatif Bensalem et Maherbaal.

 

Rackets en tout genre

 

Les plus nantis parmi les suspects se voient réduits à la misère par d’autres moyens. Ils subissent les offensives conjointes ou successives des racketteurs de la présidence, organisés en véritables clans mafieux, des agents du fisc et de la brigade financière. Qu’ils se mettent à contester le montant ou le procédé et la machine infernale s’ébranle. Et si les tirs de semonce n’ébranlent pas la résistance de l’intéressé, plus rien n’arrêtera le processus de destruction.

 

On ne nationalise plus dans l’Etat libéral de Ben Ali, c’est mauvais pour l’investissement étranger. On rackette. C’est à la limite compréhensible dans le cas d’un Mohamed Chamli, prospère homme d’affaires et notoirement connu pour être un Nahdhaoui, qu’on envoya croupir en prison en 1991 pour vingt ans, faisant main basse sur sa fortune. Mais un Abdelmagid Bouden est tout sauf cela.

 

Avocat d’affaires, ce dernier a su tirer parti de ses relations moyen-orientales et du flux des pétrodollars des années soixante-dix. Il rentre à Tunis au début des années quatre-vingts avec une grosse fortune et de grands projets. L’un d’eux lui tenait tout particulièrement à cœur : reprendre la Banque franco-tunisienne qui battait de l’aile. Il y engagea quinze millions de livres sterling et le nom d’une société britannique. On ne peut être mieux défendu contre d’éventuels racketteurs que par sa Majesté Elisabeth II.

 

Cinq ans de conflits, de contentieux, de procédures judiciaires, de procès, de condamnations, de chantage, de harcèlement et d’intimidations finirent par le contraindre à fuir le pays et à chercher refuge à l’étranger avec…30 dinars en poche.

 

Il aurait pu pourtant avoir tout, la gloire et la fortune, la banque et l’amitié de carthage. Cela ne lui aurait coûté qu’un petit million de dollars, versés à l’étranger, au profit des œuvres sociales du président. L’intermédiaire qui lui proposa le marché, un notoire homme de main d’un des clans de Carthage, ne lui laissait d’autre alternative que payer ou moisir le restant de sa vie au mouroir de Borj Erroumi.

 

Ahmed Manaï

Supplice Tunisien/ Le jardin secret du général Ben Ali

pp : 228-229

La Découverte- Paris : mars 1995

INTERVIEW DE MONSIEUR AHMED MANAi

 

Cet entretien avec un défenseur des droits de l’homme , un patriote et un résistant Tunisien est d’une lucidité dramatique , néanmoins c’est aussi un cri d’espoir et une méthode de réflexion dont doivent s’inspirer les anciennes et jeunes générations qui prétendent libérer la Tunisie de la mortelle dictature de Ben Ali

 

Question 1 :

Quelle est votre position personnelle, ou celle de votre parti ou mouvement, en ce qui concerne les élections d’octobre ?

 

A.M. :

 

Je n’ai pas de parti et je ne suis dans aucun parti ou mouvement politique.  Mon parti, c’est la Tunisie, que je souhaite demeurer rivée à son arabité et à son islamité et devenir démocratique, plus égalitaire et plus fraternelle.

Depuis le début de mon exil, il y a près de quatorze ans, je milite dans des associations. C’est le cadre qui me semble convenir le mieux à ma situation d’exilé. Ceci dit, il ne faut pas exagérer le rôle et le poids des partis de l’opposition en Tunisie qui sont tout au plus des clubs politiques. Ils ne drainent pas des foules et leur action est parfois plus modeste que celles de certaines associations.

Actuellement j’agis avec mes amis, au sein du Comité Tunisien d’Appel à la Démission de Ben Ali,  fondé en janvier 1993 et que nous avons réactivé depuis six mois. Une action toute symbolique d’ailleurs !

A propos des « élections » du mois d’octobre, nous n’avons pas appelé au boycott populaire pour les raisons suivantes :

– Quant on appelle au boycott, il faut pouvoir mener une campagne dans ce sens, sur le terrain, dans le pays (ou au sein de l’émigration), à visage découvert et non de l’étranger, sur Internet et parfois sous des pseudonymes. Il faut assumer les conséquences d’un tel choix et prendre les mêmes risques que les citoyens qu’on appelle au boycott. Ceux-ci risquent leur liberté et même davantage s’ils choisissaient délibérément le boycott.

– L’appel au boycott exige de ses initiateurs qu’ils soient en mesure d’exercer un minimum de contrôle sur le déroulement et les résultats des élections, de disposer donc d’observateurs dans les bureaux de vote et lors du dépouillement des voix, ce qui est impossible dans la situation actuelle.

– Pour appeler au boycott, il faudrait disposer d’une base électorale plus ou moins fidèle, suffisamment importante pour influer sur les résultats du scrutin, ce qu’aucun parti politique de l’opposition ne peut s’en prévaloir.

Nous avons une certaine expérience dans le domaine. J’étais personnellement candidat sur une liste indépendante lors des élections législatives de 1989. Mes amis et moi, avions mené une campagne intense pendant plus d’un mois, pour constituer notre liste et élaborer un plan d’action et un programme électoral. Puis la campagne elle-même, pendant quinze jours.  Je sais à peu près, comment se passent les choses, les gens qu’on fait amener par cars et camions entiers, l’intervention des diverses autorités lors du vote, du dépouillement et de l’annonce des résultats.

Au cours des dix dernières années et alors que les activistes en Tunisie étaient engagés dans la défense des droits humains, nous avons été actifs au plan politique et longtemps avant chaque rendez- vous électoral.

Ainsi par exemple, j’ai annoncé ma candidature à l’élection présidentielle de 1994 dans une interview au journal Le Progrès de Lyon, en date du 25 août 1993. Je savais pertinemment que cela serait sans lendemain, mais il fallait en finir avec un tabou.

Nous avons appelé au boycott des législatives de 1994 et des municipales de 1995 (AL HAYAT du 25 mai). En 1998, nous avons appelé, dans un communiqué qui a été repris par le journal AL HAYAT (02/ 11/98), « à créer les conditions d’une véritable consultation électorale- libération des prisonniers politiques, liberté d’_expression et d’association… etc- avant de s’engager dans des élections » !

Lors du référendum de 2002, beaucoup de gens ont appelé au boycott. Je ne me souviens pas que quelqu’un ait pris la peine de nous faire un bilan de son action et nous dire, combien d’électeurs ont répondu à l’appel et combien se sont abstenus de voter par habitude ? N’est-ce pas là une question légitime à laquelle ils auraient dû répondre au lendemain du scrutin ?

En fait les tunisiens se s’étaient massivement abstenus lors de ce référendum, comme dans toutes les élections, mais le pouvoir avait fait « le nécessaire » à leur place, et c’est ainsi que nous avons eu officiellement un taux de participation avoisinant les 100%.

Je crois qu’il en sera de même au mois d’octobre, avec cette fois-ci, une participation effective plus importante que d’habitude, parce que la pression du pouvoir sera plus grande avec l’appel au boycott lancé par certains opposants. Les partis qui participent à cette mascarade électorale, agissent aussi dans ce sens.

Un autre boycott, celui des candidatures aurait gêné le pouvoir !

Imaginez des partis légaux qui renoncent aux 37 sièges que leur offre le pouvoir et s’abstiennent de présenter des candidats ? Imaginez des « candidats à la présidentielle» qui renoncent à jouer cette comédie et laissent Ben Ali seul dans la compétition à sa propre réélection ? On aurait eu un parlement franchement monocolore et, à la tête de l’exécutif, un Monarque « plébiscité par  son peuple ». Cela aurait beaucoup gêné le pouvoir, sûrement pas aux yeux des tunisiens, mais auprès de ses partenaires étrangers.

Seul le Forum Démocratique pour les Libertés et le Développement, le dernier des partis légalisés mais aussi celui qui a participé avec le plus de constance aux combats des dix dernières années, a fait le choix courageux de renoncer à présenter ses candidats aux législatives et d’appeler au boycott.

Tant pis pour son secrétaire général, le Docteur Mustafa Ben Jâafar et ses deux ou trois autres amis du FDTL, qui auraient pu être désignés comme députés s’ils avaient joué le jeu. Aucun d’eux n’aura la prime de 80.000 D, destinée à changer de garde robe « Minhat Al Hindam », comme si les pauvres étaient en haillons, ni les 2000 D de prime mensuelle et leur parti n’aura pas de financement public. Parce qu’un député, c’est aussi les avantages et les privilèges liés à la charge, ce qui explique que les gens se massacrent pour occuper la tête de liste, seule position susceptible d’éligibilité pour les partis d’opposition.

Il nous faut tirer les leçons des appels au boycott du passé qui se sont révélés sans effet et proposer quelque chose de plus concret, même si c’est hautement symbolique, comme l’Appel à la démission de Ben Ali, le retrait du Pacte national, devenu caduc depuis sa signature, ou le renvoi des décorations, distinctions et titres honorifiques qui bardent les poitrines de nombreux opposants. Quand on dénonce le coup d’Etat du 7 novembre, même avec beaucoup de retard, il faut renoncer à porter la décoration qui le consacre.

 

2) Croyez-vous qu’une position commune à l’opposition tunisienne concernant la question tunisienne dans son ensemble, sera plus efficace contre le système dictatorial ?

 

A.M.

 

En principe, toute action unitaire et même une simple position commune à tous les partis politiques, les organisations syndicales, les associations et autres, seraient d’un grand poids pour arracher quelques concessions. Mais les choses se passent autrement dans la réalité, parce que s’il n’y a aucune pression populaire qui accompagne ces revendications élitistes. Le régime connaît très bien les capacités de mobilisation de tous ses opposants. Elles sont pratiquement nulles, ce qui explique qu’il ait toujours dédaigné prendre en compte leurs doléances. Et pour cause. L’opposition revendique exclusivement la liberté d’_expression, d’association, des élections libres et un minimum de démocratie, mais les premières préoccupations du tunisien moyen touchent à l’amélioration de sa vie quotidienne : la menace du chômage pour ceux qui ont un travail, le travail pour les chômeurs, le coût de la vie, le transport, l’accès aux soins et à l’éducation, ce mal de vivre qui ronge nos citoyens. Tout cela n’est pas repris, ou très peu, par l’opposition, ce qui explique le gouffre qui la sépare des simples citoyens.

Il y a depuis quelques années un consensus entre toutes les composantes de l’opposition sur la nécessité d’ouvrir le champ politique et d’en finir avec le problème des prisonniers politiques. Le pouvoir n’a jamais pris en compte ces revendications parce qu’aucune action ou manifestation populaire n’est venue l’appuyer. Une opposition ne compte pas par le nombre de partis qui la composent mais par ses capacités à mobiliser les citoyens pour faire avancer ses revendications.

Mais avant d’envisager une position commune à l’opposition face à la dictature, espérons que celle-ci se mette d’accord sur une analyse commune de la situation du pays et sur  le même diagnostic. Ce qui n’est pas sûr, au vu de la multitude des positions par rapport aux élections.

 

3) Le boycott des élections comme la participation, ont-ils un sens dans la réalité du système tunisien et aux yeux de l’opinion internationale ?

 

A.M.

C’est quoi au juste l’opinion internationale ?

S’il s’agit des médias, des Ong et de ce qu’on appelle généralement la société civile, je crois que depuis de nombreuses années, tout ce monde s’est fait sa petite idée de la Tunisie et de son régime. Les élections, le boycott ou la participation n’y ajouteront pas grand-chose. C’est un non événement qui fera la Une des seuls journaux tunisiens.

Quant aux gouvernements des pays du nord, partenaires de la Tunisie et aux décideurs économiques et financiers internationaux, impliqués en Tunisie, et qui eux font l’opinion internationale, je n’ai pas l’impression que la dictature les gêne beaucoup. A lire les déclarations de certains chefs d’Etat étrangers, le système tunisien est un modèle qu’ils aimeraient bien généraliser au sud de la méditerranée : un super- flic à la tête de l’Etat, des partis marionnettes pour le décor et des parodies électorales régulières pour faire politiquement correct.

Il faut reconnaître que d’une façon générale, la Tunisie n’intéresse pas grand monde. C’est un petit pays, sans grandes ressources naturelles et surtout sans pétrole. Tunis n’est pas, non plus, une place financière internationale ni un laboratoire des nouvelles technologies de pointe. Notre pays intéresse tout au plus les voyagistes pour le tourisme bon marché et les quelques groupes et promoteurs de projets, traditionnellement présents sur le marché tunisien ou qui y ont investi ces derniers temps. Par elle-même, la Tunisie n’a pas d’atouts majeurs qui en font un objet de convoitise et de concurrence internationale.

Mais les grandes puissances, les Usa et l’Europe principalement, qui ont des stratégies globales, ne sont pas indifférentes à la petite Tunisie et à son devenir. Chacun de ces deux ensembles s’emploie à y prendre pied ou à y consolider ses positions traditionnelles et ce, en soutenant le plus possible son régime.

Il en aurait été autrement si les tunisiens étaient un peu moins dociles et si leur classe politique était plus imaginative. Un appel au boycott, lancé par divers courants et partis politiques, dans un esprit unitaire et accompagné d’un travail sur le terrain, d’actions de protestations, de manifestations et de confrontations avec la police, aurait posé de sérieux problèmes à la dictature.

Il y a quelque chose de vraiment surréaliste en Tunisie. Les gens appellent à la chute de la dictature, donc à la fin des intérêts et des privilèges considérables qui lui sont liés, et à l’instauration d’un régime démocratique, par des tracts et des pétitions, croyant que cela suffirait à amener le dictateur à s’excuser et à céder le pouvoir à l’un de ses adversaires. De préférence l’anonyme qui l’aurait malmené le plus sur Internet !

Trêve de plaisanterie et d’hypocrisie. La démocratie est une conquête qui se paye au prix fort. Les peuples qui en jouissent aujourd’hui l’ont payée de leur sang et de leurs larmes et ceux qui l’ambitionnent doivent en faire autant. Nous n’obtiendrons que ce que nous aurons accepté de payer par nos sacrifices.

Alors je crains que dans les conditions actuelles, c’est à dire en l’absence d’un minimum d’action sur le terrain, ni l’appel au boycott, ni la participation n’aurait le moindre impact politique.

 

4) Le retour des leaders politiques de l’opposition en Tunisie, fera-t-il bouger les choses dans le bon sens ?

 

A.M.

 

Avant de répondre à cette question, il faudrait se demander si, oui ou non, nous avons des leaders politiques, dans lesquels les gens se reconnaissent plus ou moins ? Un leader politique est à mon sens une sorte d’entrepreneur qui réussit à réunir et à faire travailler ensemble, des gens venant d’horizons divers, avec des spécialités différentes, appartenant aux divers corps de métier, pour la réalisation d’un objectif déterminé. J’ai l’impression que ce type d’hommes, qui a existé tout au long de la lutte pour l’indépendance, n’existe plus aujourd’hui en Tunisie.

Pour illustrer mes propos, j’évoquerai quelques souvenirs d’enfance qui remontent aux années 1952- 55. Les enfants de mon âge, ceux que je connaissais à cette époque, dans mon village et à l’école, avaient l’habitude de scander les noms des leaders nationalistes, emprisonnés ou en exil et, de les inscrire à la craie colorée, sur les portes et toutes les surfaces lisses des murs. Nous entonnions des chants populaires à leur gloire et, dans nos rares manifestations, leurs noms étaient inséparables des slogans en faveur de l’indépendance.

A l’époque, les Tunisiens avaient un ennemi commun, une cause commune et des leaders unis dans la lutte pour l’indépendance. Le Destour – en tant que structure d’organisation- et la lutte pour l’indépendance- en tant qu’idée de mobilisation- constituaient le cadre de formation des leaders, grands ou petits. C’était il y a un demi siècle, presque un autre monde, en tout cas, sans commune mesure avec la situation que nous vivons depuis l’indépendance et surtout depuis une quinzaine d’années.

Dans les années quatre vingt, un autre terreau de formation de leaders politiques est né avec le mouvement islamiste qui a réussi à mobiliser de larges couches de la population autour d’une « certaine idée de l’islam », et de certaines de ses figures. Mais ces dernières ont fini dans l’oubli de la démission, de la prison ou de l’exil et cette « idée de l’islam » a été dévoyée.

La dictature n’est pas la seule responsable de cette situation. Il y a des gens qui perdent en une nuit le capital amassé durant toute une vie, parce qu’ils ont fait le mauvais choix au mauvais moment. Quand cela se produit, ils s’enferment dans leur ghetto idéologique et leur logique partisane et n’arrivent plus à s’en libérer. Ce faisant, ils se condamnent à demeurer des chefs de « mouvements politiques en formation » que la répression réduit, au fil des années, à des groupuscules, défendant jalousement leur « territoire » mais sans la moindre impact sur la vie du pays.

Il y aussi l’action du temps. La génération des tunisiens des 20- 30 ans, ne connaît pas des gens qui ont disparu de la scène publique depuis 15 ans et dont les noms sont bannis d’usage même dans le champ familial.

Le syndicat ouvrier a été aussi, pendant longtemps, un vivier de leaders. Il se trouve maintenant réduit à  un groupe d’accompagnement de la politique économique et sociale ultra libérale du gouvernement.

Les autres formations d’obédience marxiste ou nationaliste arabe n’ont jamais eu de base populaire et donc de leaders d’envergure nationale. Ils ont produit par contre quelques intellectuels et des commis de l’Etat.

Actuellement, la Tunisie n’a plus de leaders charismatiques d’envergure nationale, capables de fédérer et de réunir les gens autour d’un objectif politique. En face des apparatchiks du Rcd, connus et reconnus tant qu’ils sont sous le feu de la rampe, il y a des chefs de petites formations politiques ou de groupuscules idéologiques.

Depuis l’indépendance, de nombreux dirigeants et de leaders ont choisi de rompre avec le système. Salah Ben Youssef, Brahim Ben Tobbal et le groupe de Alamana Alamma, en 1955 ; Al Moustari Ben Saïd et ses amis dans la conspiration de 1963 ; Mohamed Masmoudi, Béchir Ben Yahmed, Ahmed Tlili, et d’autres moins connus, au milieu des années 60. Certains rêvaient de faire de leur retour une réédition du 1er juin 1955(Retour de Bourguiba). Tous ont fini leur vie dans l’anonymat de l’exil ou sont rentrés au pays sur la pointe des pieds. L’exil tue un homme politique qui ne dispose pas de troupes qui relayent son action sur le terrain et entretiennent son souvenir dans le pays.

Au cours des quinze dernières années, de nombreux chefs de partis, dirigeants politiques ou militants des droits humains, ont aussi choisi l’exil, puis, au bout de quelques années, ils sont rentrés au pays sur la pointe des pieds, sans que l’on sache vraiment pourquoi ils sont partis et pourquoi ils sont rentrés.

Ainsi, on a enregistré le retour de : Moncef Sliti, qui a été très discret pendant ses années d’exil, mais qui fut chef de la liste indépendante de Ben Arous, aux élections législatives de 1989, avec près de 33% des voix ;  Mezri Haddad, qui a changé de camp, effaçant ainsi toute son action précédente ; Ali Saïdi- assassiné un an plus tard dans des conditions obscures-, l’ancien premier ministre Mohamed Mzali et des anciens ministres Ahmed Ben Salah( Président du MUP) et S. Zmerli( ce dernier était aussi ancien président de la Ltdh et vice- président de la Fidh), des anciens députés Ahmed Kedidi et Khemais Chammari (ancien vice-président de la Fidh) et de nombreux militants d’Ennahdha et l’on annonce le retour de Moncef Merzouki à la fin du mois de septembre et d’autres plus tard… ?

Beaucoup de ces gens ont travaillé ensemble pendant des années, mais chacun d’eux avait son propre projet et négociait les termes de son propre retour, comme si quelque chose avait réellement changé dans le pays ou que les motifs qui les ont contraint à l’exil, avaient disparu.

 

Alors, le retour des exilés ferait-il bouger les choses ?

Je vous avoue que je me suis laissé bercer par cet espoir pendant toute l’année 2002, au point que j’ai écrit à l’Ofpra pour renoncer à mon statut de réfugié et récupérer mon passeport. J’ai pensé qu’un retour collectif, négocié et préparé des mois à l’avance entre les différents partenaires, avec une mobilisation médiatique et une déclaration politique commune, mais sans l’escorte et la protection humiliante de députés Européens ou autres protecteurs étrangers, constituerait un acte politique majeur. Au moins il réhabiliterait des gens, jugés avoir fui le combat, auprès de leurs compatriotes et permettrait à ces derniers de reprendre confiance.

Les intérêts personnels, que je ne conteste pas, l’ont emporté sur tout le reste et aucun de ces retours n’a constitué vraiment un événement politique.

Un dernier mot concernant Salah Karkar, Rached Ghannouchi et Habib Mokni, les plus anciens exilés.  Condamnés à de lourdes peines de prison, leur retour au pays- pratiquement impossible au plan administratif sans l’accord préalable des autorités tunisiennes- ne serait d’aucune utilité et compliquerait même les choses. Mais je pense que Rached  Ghannouchi au moins, pourrait faire beaucoup pour la libération des centaines de prisonniers de son mouvement, ce qui, du même coup, décrisperait la situation générale dans le pays.

D’ailleurs il ne faut, ni exagérer le rôle et le poids des exilés, ni surtout minimiser les capacités d’une société en crise à produire ses leaders. Il faut méditer un peu ce qui s’est passé avec les exilés Irakiens -même si ce n’est pas le bon exemple- qui, revenus au pays sur les chars américains, ont été complètement rejetés par leur peuple. AL HAKIM, le chef du Conseil de la Révolution Islamique et de la division BADR, longtemps considéré comme le chef du Chiisme en Iraq, ne s’est pas retrouvé face au jeune Moktada Sadr, dont personne n’avait entendu parler avant l’occupation américaine. Les Iraquiens avaient formé et préparé leurs propres leaders au cours des années noires de la dictature et ce sont ces derniers qui occupent actuellement le terrain du combat politique et celui de la résistance à l’occupation.

J’ai le souvenir d’un vrai leader, très estimé à Sousse, où il a été chef de service de chirurgie à l’hôpital Farhat Hached. Le Docteur Mohamed Farhat ou plutôt Si Hammadi, n’est pas un intellectuel ni un homme politique, mais tout simplement un patriote aux convictions profondes et un humaniste d’une extrême générosité, aimant son travail, se vouant à ses patients et militant dans la section de la LTDH à Sousse. En 1985, au bout de près de trente années de bons et loyaux services, il eût un problème avec l’administration de la santé et décida de démissionner de son poste. La démission fut acceptée par le premier ministre de l’époque et, le même jour, spontanément, tout le personnel de l’hôpital Farhat Hached, plus de huit cents personnes, médecins, agents administratifs et ouvriers, s’est mis en grève pour le soutenir et protester contre l’acceptation de sa démission ! Ce sont ces gens, indifférents aux feux de la rampe et aux manipulations des médias, qui construisent patiemment avec le peuple, s’investissent à son service, sans autre ambition que de s’acquitter de leur devoir et de faire œuvre utile qui sont les véritables leaders. Ils deviennent les références et les repères qui font terriblement défaut à notre société. Le leader n’est pas celui qui se considère comme tel ou que désigne ainsi le tapage médiatique, mais celui que les siens, dans un quartier, un village, ou un pays se reconnaissent en lui et lui font confiance. On peut méditer à l’inverse, ce qu’il est advenu d’un contestataire tunisien sans consistance, que les médias avaient hissé aux nues, l’espace d’un mois !

 

Un jour viendra où chaque exilé fera son propre bilan. Avec un peu d’honnêteté, tous se rendront compte que la véritable action politique se mène sur le terrain et avec les gens, dans le pays, même modestement et dans les conditions les plus difficiles. Quant à celle qu’ils auraient menée à l’étranger, elle n’était qu’une action d’information, destinée à l’étranger et de peu d’impact sur les réalités du pays. 

 

5) Existe-il un problème latent de démocratisation par la base des ONG et des partis tunisiens constitués ?

 

Des changements politiques à la tête de l’Etat et même une simple ouverture peuvent faciliter les choses et donner une certaine impulsion aux constructions démocratiques. Mais attention, ce qui est octroyé par le Prince, par opportunisme ou sous la pression étrangère, peut être vite retiré. Nous avons vu comment les quelques avancées réalisées au cours des dix huit mois qui ont suivi le coup d’Etat de 1987, ont été laminées au fil des mois suivants. Il y a un précédent historique : la Constitution de 1861, octroyée par le Bey à ses sujets, sous la pression étrangère, a été suspendue au bout de trois ans, sans que personne ne vole à son secours.

Je pense que la véritable démocratisation d’une société, est celle qui se fait à la base, par le travail de tous les instants, des individus et des organisations politiques et associatives. Les changements par le sommet ont souvent conduit à des ententes et à des alliances dangereuses, entre le pouvoir et des « élites » prêtes à tout sacrifier pour des miettes.

A son arrivée au pouvoir, Ben Ali n’avait plus d’autre objectif que de le conserver, à vie et, si possible, de le donner en héritage à sa progéniture. « Je ne sortirais d’ici que mort » aurait-il confié à un de ses confidents, le jour où il prit possession du palais de Carthage.

La démocratisation de la vie politique lui importait peu, tant il se savait incapable gérer une démocratie. Son pouvoir étant encore fragile et dépourvu de légitimité populaire, il choisit très tôt d’aller vers des élections générales, alors que le pays n’y était pas encore prêt.  Je me souviens avoir exprimé au début de 1988, dans le journal du MDS, une position qui avait déplu à beaucoup de gens : j’estimais qu’il fallait commencer par des élections municipales qui permettraient de rôder, dans les faits et sur le terrain, le nouveau code électoral et les comportements des électeurs et, surtout, de faire apparaître un nouveau personnel politique. Puis au bout d’un an ou plus, des élections législatives et, finalement, une élection présidentielle. Il me semblait important que le nouveau chef de l’Etat, demeure ainsi dépourvu de légitimité populaire tant qu’un processus de démocratisation ne se soit pas irrémédiablement engagé.

Pour revenir à votre question, je pense qu’il est difficile, après 17 ans de dictature, dans laquelle ont trempé partis et Ong, de compter sur ces derniers pour une démocratisation du pays. En Tunisie, il ne s’agit pas de rétablir une démocratie, qui n’a jamais existé, mais de la construire, entre autres, au sein des partis d’opposition et des Ong qui s’en réclament. Il faudrait connaître un peu ce qui se passe au sein de toutes ces organisations et surtout comment y sont prises les décisions, pour mesurer leur déficit démocratique. Ces derniers  ne me semblent pas plus démocratiques que le Rcd du pouvoir.

A mon sens, le pire est à venir pour la Tunisie, parce que le pouvoir est en train d’échapper à un Ben Ali vieillissant et malade, au profit du pire des clans familiaux. Il faut donc faire vite, mais pas n’importe quoi.

Le Ben Ali du 25 Octobre 2004, « réélu » à la quasi unanimité des électeurs, ne sera que plus illégitime, plus fragile et plus méprisé par son peuple qu’auparavant. C’est le maillon faible de son système et c’est sur lui seul que les opposants doivent dorénavant concentrer leurs flèches.

Mais les opposants seuls ne peuvent que servir de catalyseur. Les forces susceptibles d’entreprendre un éventuel changement sont à l’intérieur du système et habitent le cœur du pouvoir. Déjà à la veille du référendum, j’ai appelé à demeurer «  à l’écoute de cette contestation qui gronde à l’intérieur du pouvoir » et j’ai appelé à « l’accompagner, à l’encourager et à la soutenir, parce qu’elle est la mieux placée, le moment venu et à l’instar de ce qui s’est passé un peu partout dans le monde, à assurer une transition démocratique, sans trop de bouleversements ».

Nombre de pays de l’Europe du sud n’ont commencé à sortir de la dictature qu’il y a à peine 30 ans. Les pays de l’Est, à peine 15 ans. La transition démocratique y a été assurée partout par des courants et des forces modérées du pouvoir. Mais j’ai l’impression que chez nous, certains veulent réaliser l’exception miraculeuse, en voulant passer « l’opposition » de la marginalité aux commandes de l’Etat !

Ma position rend aussi justice au peuple Tunisien, qu’on offense en faisant croire qu’il n’y aurait en son sein, «  de patriotes, de démocrates et d’hommes libres » que les quelques deux cents activistes plus ou moins déclarés. J’estime que si la Tunisie continue à vivre, à produire, à construire, à éduquer…, dans la situation que nous connaissons tous, c’est parce qu’il y a dans ce pays, des millions d’hommes et de femmes, qui font leur devoir en silence et dans l’anonymat et qui méritent l’hommage de tous.

 

 

6) Le problème des prisonniers politiques demandera à l’avenir un traitement radical dont la justice et les institutions devront s’occuper en priorité afin d’apaiser les esprits et tout simplement pour instaurer une société nouvelle basée sur la justice, l’égalité et la démocratie. Quel est votre sentiment, la position de votre parti ou celle de votre mouvement à ce sujet ?

 

A.M.

Merci de m’offrir par cette question l’occasion de vous livrer le fond de ma pensée et aussi quelques vérités sur le problème des prisonniers politiques.

J’ai travaillé ces dernières années, avec mes amis, sur les procès politiques et d’opinion qui se sont déroulés en Tunisie depuis le début de l’indépendance et nous avons réussi à réunir beaucoup d’archives les concernant. Il reste aussi beaucoup à faire sur ce plan.

Des dizaines de milliers de tunisiens ont connu la prison et les mauvais traitements à la suite de lourdes condamnations dans des procès iniques tout au long de près d’un demi siècle d’indépendance. Un certain nombre d’entre eux ont été jugés et condamnés pour avoir exprimé simplement des opinions contraires à celle du pouvoir, sans violence ni volonté de nuire à l’Etat. Ces procès sont classés par les juristes et les organisations des droits humains, procès d’opinion et, leurs victimes, des prisonniers d’opinion. On peut en citer, à titre d’exemple, depuis le coup d’Etat de 1987, le procès de Hichem Djaït pour son article sur le régime présidentiel, publié sur Réalités en 1988 ou celui de Mohamed Nouri pour son article sur la justice militaire publié sur Al Fajr en 1990.

Au début des années quatre vingt dix, il y avait en Tunisie autour de 10.000 prisonniers politiques. Actuellement, il y en a près de six cents. Quelques condamnés ont été libérés prématurément, avant la fin de leur peine. Il s’agit de jeunes de double nationalité ou de tunisiens pour lesquels il y a eu des interventions étrangères : Masmoudi, Rajhi, Nizar Châari, Adel Selmi et quelques autres. Près de 600 autres ont été libérés en 1999, à la suite de la médiation de Al Hamdi.

Tous les autres, c’est-à-dire plus de 9000, ont été libérés après avoir purgé la totalité de leur peine et ce malgré toutes les actions menées de l’étranger en leur faveur depuis le début des années 90. Cela dément les prévisions de Cheikh Ghannouchi à l’époque, qui déclarait à Arabies en novembre 1991 «  de par mon expérience, je ne peux imaginer que la Tunisie puisse supporter 3000 prisonniers politiques, sans compter la crise économique aiguë et l’expansion des courants épris de liberté dans le monde ».

Connaissant un peu la logique du régime et la mentalité de son chef, je crains qu’aucune libération ne viendrait par les méthodes utilisées depuis des années. Les motions, les pétitions, les appels à l’opinion publique, nationale et internationale, et les manifestations à l’étranger n’ont rien donné jusqu’ici. Elles ne donneront rien à l’avenir et permettront tout au plus à certains de se donner bonne conscience.

Je crois que le plus urgent est de les faire sortir de là et d’abréger leur calvaire et celui de leurs proches. Plus tard, quand le pays retrouvera sa sérénité et que les esprits s’apaiseront, les anciens prisonniers pourront s’organiser pour demander des compensations et récupérer leurs droits. Mais le plus urgent est d’agir pour la libération des centaines de prisonniers.

Seules des négociations entre le mouvement Nahdha et le régime pourront aboutir à quelque chose. C’est mon avis aujourd’hui. C’était aussi l’avis que j’avais exprimé aux dirigeants de ce mouvement quand ils me l’avaient demandé en juillet 1994 : «  Que le problème des prisonniers politiques soit inscrit à la tête de leurs préoccupations, qu’ils réclament leur libération et engagent si possible des négociations avec le pouvoir dans ce sens », leur avais-je écrit. Il est utile d’évoquer à ce niveau l’exemple Syrien, si proche du nôtre et de rappeler que les libérations récentes de certains prisonniers des Frères musulmans, ont été le résultat de négociations de leurs dirigeants avec le pouvoir Syrien.

Alors avant de penser à ce qu’il faudrait faire pour les prisonniers, une fois libérés, agissons pour leur libération et évitons de les maintenir dans des situations d’assistés. Quand on passe 10 ou 15 ans en prison, on n’a plus besoin de tuteur !

 

7) C’est quoi pour vous la réconciliation  nationale ?

 

A.M.

 

C’est vraiment la grande question et, pour y répondre, rappelons brièvement, les grands événements qui ont marqué le dernier demi siècle de notre histoire.

Au cours de cette période, les gens de ma génération ont été témoins ou ont vécu de nombreux conflits politiques et sociaux, dont certains auraient pu déboucher sur des ruptures, aux conséquences néfastes pour la paix civile, l’équilibre et l’état d’esprit de la société.

Ainsi, après la lutte de libération nationale et la décolonisation, qui a été violente vers sa fin, avec la bataille de Bizerte, elle a vécu le conflit sanglant des chefs, Bourguiba et Ben Youssef au début de l’indépendance, puis une série de conflits « mineurs » : tentative du coup d’Etat de 1963, collectivisation des terres agricoles au cours des années 60, contestation marxiste, nationaliste arabe et syndicaliste au cours des années 70 et enfin l’affaire de Gafsa et la révolte du pain en 1984.

Il me semble que les conséquences des dérives de cette période ont été bien amorties par la société, sans qu’il y ait vraiment une réconciliation nationale. Des mesures d’apaisement et une petite ouverture politique avaient suffi à calmer le jeu.

La naissance du mouvement de la Tendance islamique (MTI), au début des années 80 a inauguré une nouvelle forme de contestation politique et sociale, sur fond religieux. C’est ce conflit, ayant pour objet le contrôle de l’Islam, qui continue depuis un quart de siècle et surtout depuis une quinzaine d’années, à envenimer la vie des tunisiens et à hypothéquer leur avenir.

La répression qui s’en est suivie a été terrible, mais aux normes tunisiennes seulement et sans   aucune comparaison avec ce qui s’est passé dans d’autres pays arabes et musulmans comme le Liban ou l’Algérie par exemple.

Il n’y a pas eu de guerre civile, les crimes de sang, afférents à ce conflit et qui rendent difficiles les réconciliations, dépassent, à ma connaissance, à peine deux cents. Rien n’empêche à mon sens à ce qu’une véritable réconciliation nationale puisse avoir lieu en Tunisie.

Seulement il faut bien comprendre qu’une réconciliation n’est pas une trêve ou un armistice entre deux camps, fatigués de se guerroyer, mais plutôt l’aboutissement d’un cheminement intellectuel et politique des protagonistes, concluant à la nécessité de faire la paix. Une paix totale et durable, dans la société et dans les esprits, centrée sur la reconnaissance par tous, de la nature du rapport de l’Islam à l’Etat- ce qui me semble avoir été réglé convenablement par la constitution de 1959- et à l’exercice de la politique, ce qui n’a jamais été posé convenablement.

Une réconciliation se prépare et doit être précédée par un effort de vérité à faire sur les événements de ces quinze dernières années et sur les responsabilités des uns et des autres. Je suis étonné, en lisant les nombreux témoignages d’anciens responsables politiques des 30 années de Bourguiba et de leurs contestataires, réunis par la Fondation Temimi, combien les uns et les autres fuient toute responsabilité dans les événements qu’a connus la Tunisie. Le responsable c’est toujours l’autre, Bourguiba en l’occurrence, et eux, super ministres ou putschistes, ses innocentes victimes! C’est pour cette raison que j’ai beaucoup apprécié l’acte éminemment courageux de Salah Karkar, qui a récemment défini avec précision, son rôle dans le projet de coup d’Etat du 8 novembre 1987.

 

Ahmed Manaï

Comité Tunisien d’Appel à la Démission de Ben Ali

Fondé en janvier 1993.

E-Mail : démission.benali@laposte.net

 

 

(Source : l’e-mag tunisien « El Fajr- Al Khadra », N° 7 mis en ligne le 14 octobre 2004)

 


L’INFAMIE DES EXCLUSIONS

 

Par: DERBALI

 

Depuis l’indépendance , enfin cette nouvelle dépendance feutrée d’après la période coloniale et qui ne dit pas son nom , un parti politique hégémonique et qui n’était déjà que la simple _expression mégalomaniaque du dictateur mis en place par les tenants de l’empire français. Parce qu’à l’analyse le néo-destour au pouvoir comme le RCD aujourd’hui est une coquille vide , ils ont fonctionné depuis toujours tous les deux  par le clientélisme et la violence brute , aucun débat d’idées digne de ce nom , aucune adhésion de masse , aucune légitimité par les urnes , ni institutions respectables et respectés , et franchement  ,  dans leur seule logique barbare sans aucun détour sans aucune forme ni procès , au vu et au su de tout le monde ,  ces deux partis ont exclus tous les autres courants et sensibilités tunisiennes , quand ils les ont pas dévoyés ,  du débat politique , c’est clair et net.

 

Mais ce qui est aberrant et diabolique aujourd’hui c’est de constater que ces pratiques de l’exclusion et de l’excommunication font de plus en plus leurs apparitions sur la scène de l’opposition démocratique, ou plutôt dans  certains cercles  de cette opposition et pour qui la démocratie reste  un élément dialectique parmi tant d’autres  , du verbiage et une simple donnée tactique .Les résidents tunisiens en Suisse et qui militent  d’après leurs discours contre la dictature de ben Ali appellent à une conférence internationale pour justement dénoncer ces élections bidons et cette honteuse mascarade du 24 octobre que nous mijote encore une fois les doigts dans le nez l’ordure funambule de Carthage .

 

Or dans la composition des conférenciers annoncés à grand renfort de publicité , on ne peut que remarquer avec stupeur et indignation que la sensibilité de l’islam politique tunisien dans son ensemble est mis hors –jeu , je suis réaliste , je ne suis pas le porte-parole ou le défenseur d’ENNAHDA , cette sensibilité plus que représentative et de très loin  que tous les partis invités , est exclue du débat arbitrairement , ce courant structuré qui représente 20% au moins de l’opinion publique tunisienne , qui a payé et qui paye encore le prix fort et le plus lourd tribut à la dictature est tout simplement exclu sans aucune autre forme de procès de la mobilisation contre la tyrannie , par qui ? De quel droit ? Mystère et boules de gomme…barra echki dirait  l’Ubu de Carthage.

 

Nous nous y trompons pas ce genre de magouilles indignes  sont dans la droite ligne de la stupide stratégie de ben Ali et ses commanditaires, il sait bien que tous les autres courants réunis ne feront pas le poids sur la scène politique tunisienne quand à l’engagement populaire toujours possible et qui est la hantise de son  système.

 

Le CPR et M.Marzouki s’est justement élevé contre cela et c’est à son honneur , les autres partis et courants auraient dû faire de même ,  c’est une question de principes et mettre les organisateurs devant  leurs responsabilités , comment ne pas inviter des personnalités représentatives comme M.YAHYAOUI , AHMED MANAد , KARKER, et bien d’autres.

 

Comment exclure la mouvance la plus importante du mouvement patriotique tunisien d’opposition,  quand depuis toujours par hypocrisie et opportunisme on instrumentalise à longueur d’année le calvaire de ses militants et ses martyrs vivants ?ce n’est vraiment pas sérieux et aucun tunisien digne de ce nom ne les prendra jamais honnêtement au sérieux , et ce n’est pas  en formant ce genre de cercle d’initiés de la chose politicienne qu’ils inciteront la masse tunisien à se sacrifier pour eux .

 

Les tunisiens ne sont pas bornés et cons à ce point et ne méritent pas tant de mépris élitiste bon sang , et qu’ils soient pour les islamistes ou pas , savent sans aucun problème faire la part des choses et tracer la ligne de démarcation , la ligne rouge entre les pratiques de figures imposées de ben Ali et une certaine opposition de plus en plus réduite à sa peau de chagrin.

 

En fait c’est à travers ce genre de comportements que les jeux se fassent , que les forces se délient dans la lassitude et l’attentisme , c’est comme cela qu’on désespèrent les bonnes volontés qu’elles soient engagées depuis longtemps  ou celles qui sont prédisposées à l‘être , je dirais même plus , à la longue ,  c’est une source inépuisable et salutaire pour régénérer les assises  du système dictatorial .C’est pourtant très simple en se résignant ainsi et en s’entêtant à accepter de lancer les mêmes dés pipés , nous serons toujours les perdants…et ben Ali que le diable l’emporte il n’a même pas besoin de se gratter sa cervelle de colibri  , certains mâchent le travail pour lui.

 

(Source : l’e-mag tunisien « El Fajr- Al Khadra », N° 7 mis en ligne le 14 octobre 2004)

 


 

FOIRE DU LIVRE DE FRANCFORT

 

Par: NOTRE CORRESPONDANT : TSAR BORIS

 

Invité d’honneur : le monde arabe. Une rencontre entre les civilisations c’est indispensable, seulement voilà, c’est la Ligue Arabe qui a été invitée et cette organisation politique a montré sa haute incompétence pour les affaires culturelles et les choses de l’art. Les Etats arabes ont choisi d’envoyer les représenter seulement des personnes qui sont du côté de l’Etat, c’est-à-dire des poètes de cour, des propagandistes et autres tocards du style Mezri Haddad (qui n’a même pas été invité).

 

Trois pays seulement ne sont pas venus. J’ignore lesquels. J’ai vu pour la premiere fois de ma vie un éditeur mauritanien : un stand minimaliste montrant la photo du dictateur local (Ould Dada? – qui était marié à une française : c’est possible que les mauritaniens l’ait déjà jeté à la poubelle comme tous les dictateurs du monde -) et un seul livre avec une grande photographies du même individu sur la couverture. Et plein de pays arabes que je ne connais pas, des costumes bariolés : sur tous les stands arabes la maison d’édition du Ministère de la Communication – Annexe du Ministère de l’Intérieur -, un peu de bouffe (du whisky pour les indigènes de marque, du jus de pomme pour les autres) et de folklore : j’ai vu des Etats qui ont ramené des mendiants, des diseuses de bonnes aventures et même un prisonnier politique enchaîné dans un cachot et atteint de la gale.

 

La Tunisie est venue… contrainte et forcée… pas tellement de son plein gré et cela se voit… parce que tous les autres pays du monde y étaient et parce que c’est une manifestation cul-turelle et surtout pas politique et donc il n’y a pas d’enjeux. Pour trouver les trois éditeurs tunisiens au milieu de 6500 exposants, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Ceres editions : absent. L’agence tunisienne de communication extérieure : absente. Etc. C’est curieux le fait que l’Etat tunisien distribue généreusement sa propagande à tous les parlementaires de France mais refuse de montrer publiquement sa production au grand public, en particulier aux frères arabes ou musulmans.

 

Un étage plus bas, c’est l’Asie. Les chefs d’Etats, tous démocratiquement élus en apparence, sont de vrais dictateurs. Le record de feuilles des oeuvres de Mao reste à battre : quelle aubaine pour les traducteurs, toute une vie de travail (et pour les utilisateurs toute une année de PQ). Chez les Ben Ali Trabelsi rien de tout cela : monsieur le despote (un vrai dictateur top moumoute) n’a rien dans le cigare. Sur ta table de chevet, La démocratie pour les nuls. Sa devise héraldique pourrait être : Je suis démocrate comme je respire (ou bien Je n’ai pas du tout peur de perdre les érections présidentielles mais extrémement d’un putch, d’un coup d’état médical ou d’une révolution). Aucune publication connue pour Ben Ali le dictateur de la Tunisie : à peine quelques discours qui sentent le réchauffé et encore moins d’interviews, quelle honte pour un chef d’Etat en exercice d’être aussi paresseux! Il pourrait travailler un peu plus pour sortir son pays du sous-développement. Aucune excuse.

 

Qu’est ce qu’ils ont vu de l’Allemagne de l’Ouest nos amis les très rares bénalistes invités? Pas grand chose à vrai dire : le tarmac de l’aéoport, la navette qui les ramème comme du bétail à leur hôtel à 150 dinars la nuit sans les pouboires (le DNT ne vaut rien hors de la Tunisie) dans le très chic quartier de la gare de Frankfort (quoique le salon ait satifsait la plupart des voyeurs, la mode islamique féminine est tendance hammam : on y a vu des femmes qui pour toute tenue portaient un grand foulard transparent tout mouillé), la navette qui les embarque à la foire aux lèches-cul-du-monde-arabe et leur misérable stand ou il n’y a même pas une chaise pour s’asseoir (on pose ses fesses par terre en Tunisie) avec un vendeur de poulet grillé a la harissa et surtout sans une jolie photo du chef de l’état (qui l’a volée?) ni drapeau tunisien : on les a mis à la place de Juda les tunisiens, tout au fond d’une immense halle, à côté d’une voyante aveugle qui lit l’avenir dans les tasses de café. Qui sera le prochain président de la république tunisienne? –Pas de réponse. Je lui glisse un petit bakchiche : Taieb Smati du PDO élu à 100% des suffrages exprimés au premier tour! Ou bien Ben Barique? Jacques Chirac! Le Pen! Staline! Hitler! Pol Pot!

 

Et les vrais opposants dans tout cela? Pas invités? Non, pas officiellement, mais le monde est grand : le grand public et les acheteurs de droits d’éditions savent lire, même entre les lignes, et savent reconnaitre un grand écrivain nobelisable d’un affreux fonctionnaire plumitif (un bourrin aux hormones loukoumisé voire un tocard). Mais si on les invite les Bons Auteurs Tunisiens Opposants au Régime Bénaliste de Merde (contrairement aux conneries de Vincent Geisser qui était probablement complètement bourré au moment de son speech il n’y a que deux catégories d’opposants : les vrais et les faux, pas trois : les trouillards crétins c’est qui? On y reviendra.)! Heureusement qu’il y a encore des vrais éditeurs non subventionnés et donc sérieux! L’événement de la foire du livre c’est la venue remarquée de SBS totalement incognito avec des lunettes noires, qui a présenté une traduction en celte de son dernier bouquin sur l’Iraq : Sihem, reviens! Ta Lettre à la Jeunesse Tunisienne était un pur morceau de génie, mais l’Iraq on en entend un peu trop parler ces derniers temps, le baril de pétrôle à 50 dollars ce n’est pas un sujet amusant. Ecris sur la Tunisie, il y a tant de choses à dire sur ce beau et tendre pays! Zut comment lui parler? C’est toujours elle qui tient le crachoir et impossible d’en placer une… Je vais fumer un bon cigare pour méditer. Les tuniso-africains doivent réapprendre l’art des palabres : on doit prendre le temps d’écouter tout le monde et bien réfléchir! Comme les Suisses…

 

Les Suisse… Ils ont peut être la culture démocratique dana la peau mais ils sont complètement frappés, surtout à Lausanne : en plus de M. Ahmed Bennani il y a la revue Politica Hermetica… A lire absolument avant de tirer la chasse d’eau : Viens dans la Secte! En plus du Jardin des Dragons, des Cahiers de la Tour Saint-Jacques, etc. L’ordre du Temple Solaire n’est pas loin…

 

Mezri Haddad n’est pas venu, ce n’est pas un problème de visa mais plutot que personne ne l’a invité : il ne publiera plus rien avant très longtemps m’a assuré son éditeur monégasque – le seul de ce pays et du salon – qui ne lui pardonne pas la mévente de son dernier ouvrage. La seule évocation de son nom fache.

 

La partie la plus intelligente dans tout ce monde arabe dictatorial de pacotille c’est encore les blagues politiques alors pour mon ami Zouhair qui n’a plus d’adresses électroniques c’est la faute au général Ben Ali qui n’a aucun humour et aucun sens de la politique ni de l’économie : Pourquoi les américains quand ils ont arrêté Saddam Hussein lui ont-ils fouillé minutieusement la bouche? Réponse : pour trouver des armes de destruction massive! (rire).

 

Le seul bouquin sur la Tunisie que l’on a trouvé avec le moteur de recherche de la foire (en plus de Tintin au pays des Tahanas la nouveauté des éditions belges), c’est Salammbô de Flaubert. J’ai bien aimé le personnage (berbère?) de Nass Harass : il se défile au moment du combat et attend comme une femelle de voir qui est le vainqueur avant de prendre une décision.

 

Amesty International et d’autres maisons sérieuses (Index of C… qui connait bien la Tunisie eh eh eh!) ont tenu forum avec d’autres écrivains arabes honnêtes, courageux et beaucoup plus connus que les invités officiels, démocrates et donc tous dans l’opposition. Dans le collimateur la censure d’Etat dans les pays arabes. Il n’y avait qu’a voir le stand tunisien pour constater les degats : un livre de cuisine épicée, un peu de littérature du niveau intellectuel du chef de l’Etat tunisien, qui aime bien les albums de coloriage et déchiffrer, anoner de grosses lettres rondes et rassurantes, et tout un rayon sur les animaux pour les contrebandiers : les anes, les mulets, les onagres, les bouricots, etc.

 

J’ai fait une sélection des meilleurs titres de ce salon ou encore une fois les islamistes ont eu la vedette (lire le bouquin de Viviane Forrester sur un islamiste vivant à Londres) : Ce que Allah pense de l’Europe (sic), Comment réussir son divorce, A diner in Buckingham Pallace (photos et anecdotes sur la famille royale anglaise), Vaincre sa peur (par un médecin), etc. Tous les livres qui n’ont pas été emportés ont servi à réaliser devant un cinéma de la ville un immense autodafé pour faire la promotion d’un film a gros budjet sur les derniers jours d’Adolphe Hitler, un film à voir absolument pour les tres rares benalistes qui croient encore en ce dictateur veneneux.

 

Enfin en marge du salon, les résultats du prix Nobel de littérature : Mme Jelinek (Autriche), une antifasciste notoire : le plus grand malheur pour les autrichiens c’est qu’ils vont devoir la lire maintenant!

 

Qui c’est qu’il y a comme auteur tunisien? Aucune idée. Le néant. Rien. Personne ne psne dans ce pays. Pas d’auteurs, pas d’éditeurs, pas de lecteurs, à peine des consommateurs difficiles qui veulent la satisfaction immédiate à tous leurs besoins particuliers du moment, sans effort, gratuitement. Ben Brick? Oublié, démodé, out. Charfi? Un fasciste opportuniste puant, l’archétype de ceux que l’on ne veut plus voir. La belle soeur de Karker, elle n’a servi qu’une seule fois, après le régime l’a jetée à la poubelle comme la dernière des merdes. Luisa Toscane? Elle se cache tellement bien à Montreuil qu’elle ne sort jamais de son trou. Geisser et Camau? Rien : leur dernier livre a été leur chant du cygne. Sadri Khiari? Rien : il cause mais n’écrit pas. Taieb Smati? Rien. Je propose de traduire les bouquins de Karker dans toutes les langues. Et le Chamsedine ou Omar Khayyam, IT et cie, pourquoi ils ne se trouvent pas un éditeur? J’ai vu dans plusieurs stands que l’on cherche des auteurs… Et Kacem il n’y a que Hollywood qui l’intéresse? Mokhtar Yahyaoui, qui a plein de bonnes idées??? Et Zouhair, il a écris des poèmes qui ne peuvent pas être pires que ceux de Ben Brick… Tous ceux qui se vantent d’avoir une tradition culturelle dans leur famille : écrivez, publiez et démocratisez-vous! L’année prochaine A Jérusalem : pour vous motiver, avec vos droits d’auteur sullitzeriens vous vous acheterez une belle voiture (au salon de Geneve).

 

Thèmes passionants pouvant servir de sujet à un livre : Les petits secrets de NCH (ses protections en Tunisie), Histoire de la police politique tunisienne, la bataille de Carthage, Who is Who in Tunisia, La vie dans les prisons de Tunisie au temps de Ben Ali…, Biographie de Salah Karker, Les Memoires d’une coiffeuse, Les Tunisiens exilés de Paris… Etc.

 

(Source : l’e-mag tunisien « El Fajr- Al Khadra », N° 7 mis en ligne le 14 octobre 2004)

 

EDITION:

“Ulysse au pays des merguez” de Tahar Fazaâ : «Auto-psy» tunisienne

 

Nadia Ayadi   S’arrêter d’écrire, pour lui, c’est sans doute comme s’arrêter de fumer pour d’autres. Une promesse que l’on se fait mais qu’on ne respectera jamais. Tant pis pour les fumeurs et tant mieux pour notre Tahar Fazâa national qui joue de sa langue sans user de celle de bois… Si vous aimez les merguez bien grillées, alors vous les aimez certainement succulentes et, comme les nouvelles, toutes croustillantes, lisez tout simplement : Ulysse au pays des merguez. Dans une transhumance satirique, l’auteur raconte ses “ petits malheurs qui ont déjà commencé avec la télé-couleur et la vidéo en 1982 ”, avec une vision cocasse et drôlement naïve. De nombreux portraits décrivent d’une façon “gentille” l’incongruité qui existe entre la réalité et la façon dont les choses devraient être. Tahar Fazâa s’exprime avec un humour qui ne peut jamais se classer sous la catégorie de la satire destructive et insensible ou d’une senti- mentalité débordante. Quand il décrit la curiosité de sa petite fille regardant un couple s’embrasser et demandant à son père “ pourquoi ils ferment les yeux ”, Tahar Fazâa, qui est dérangé face à la remarque de sa fille, ne nous dérange pas. Car il sait saisir cette subtilité tout en prenant toujours le parti de l’être humain. L’humour de Tahar Fazâa porte sur l’homme de tous les jours, assailli par les innombrables problèmes de la société. C’est cette sympathie pour l’être humain qui rend l’humour de Tahar Fazâa tellement attirant et décapant. Il a l’art de vous transporter dans un monde où il fait bon rire. Nous ne pouvons que rire quand il se demande “ ce qui va se passer le jour où ils vont installer leurs spoutniks et qu’on va tout recevoir par la force des choses ? Emmanuelle à la place de Hnani, Histoire d’O à la place d’Iftah ya Simsim ? ” Lorsqu’il joue avec les mots, c’est une pure cure de “ morts fines ”…. De l’humour noir à l’humour tout court, Tahar Fazâa serait “ un rosier qui a ses fleurs en dedans et ses épines dehors ”. Dans ses calembours et jeux de mots ou de maux il aime évoquer “ la légitime dépense ”, “ les hommes préfèrent les prunes ”, “qui paie ses dattes s’enrichit ”… ou encore raconter l’initiative de Ahmed Bahaeddine Atia, créateur d’un village tunisien pour le cinéma, qui a été nommé par les intimes Hamaida, transformé en ce diminutif: “ H’made in Tunisia! ” Voilà un livre “ décoincé ”, dépourvu de tout sentimenta- lisme et traité en toute liberté sous un angle résolument satirique. Le ton est à la caricature avec un sens aigu de l’observation ce qui donne un ensemble de situations cocasses, absurdes et pourtant réalistes. une antidote dans un monde troublé voire tragique. A lire sans ménagement…

 

(Source : Réalités N° 981 du 14 octobre 2004)


 

Les grands magistrats tunisiens (III):

L’Imam Mezri (1061-1141): Un savant dans la tourmente.

 

Par : Maître Sami Mahbouli   Dans notre évocation des grands magistrats tunisiens , on ne pouvait passer sous silence l’Imam Mezri . Il fut non seulement un grand juriste mais également poète, philosophe et médecin. Si l’Imam Mezri avait vécu durant une période moins tourmentée, nul doute qu’il aurait pu fonder une véritable école juridique et perpétuer de la sorte son enseignement. En effet, c’est une Tunisie éclatée de l’intérieur et menacée de l’extérieur qui constitua le théâtre de sa longue existence. Abou Abdallah Mohamed Ben Ali Temimi El Mezri voit le jour en Sicile quelques années avant le début de la conquête normande (1066). Rappelons que les Aghlabites furent maîtres de la Sicile dès le milieu du 9e siècle et qu’ils y installèrent des populations arabes et berbères. De Charybde en Scylla Les “ Temim ”, auxquels appartient l’Imam Mezri, sont une grande famille arabe ; Mezri indique qu’il est originaire de Mazara Del Vallo, ville portuaire de la Sicile occidentale. Le géographe El Idrissi (1099-1180) nous a fourni une description très attrayante de la ville de Mazara dans un des ouvrages que lui commanda le Roi de Sicile, Roger II. Il est fort probable que la conquête normande de la Sicile a poussé la famille de l’Imam Mezri à l’exil ; En dépit de l’esprit de tolérance des Normands, la christianisation de la Sicile incita de nombreux Musulmans à quitter une terre où ils avaient vécu parfois plus de deux siècles. La famille de l’Imam Mezri s’installa à Kairouan, qui demeurait, malgré l’adversité des temps, le foyer de la science islamique en Tunisie. Mezri avait fui le tumulte de la conquête normande pour se retrouver dans un pays en proie au désordre. La dynastie Ziride installée au pouvoir par les Fatimides vers la fin du 10ème siècle payait en fait le prix de son reniement. Le monarque Moez Ibn Badis souhaitait se défaire de son allégeance envers les Fatimides ; aussi il multiplia les “casus belli ” avec le Caire. Dès 1017, il ferme les yeux sur les massacres des Chiites à Kairouan et à Tunis, ne craignant pas de froisser son suzerain, adepte d’une secte chiite , l’Ismaélisme. En 1047, il franchit le Rubicon en se réclamant des Abassides de Baghdad. Plus qu’un changement d’allégeance, Moez Ibn Badis voulait en finir avec le hiatus existant entre un pays profondément sunnite et la religion d’Etat, chiite. Au Caire , El Yazouri , Grand Vizir depuis 1050 , considéra qu’il était grand temps de donner à ce vassal désobéissant une leçon. Celle-ci prit la forme d’une invasion de l’Ifriquia , dès 1051, par les tribus des Banou Hilal et Banou Souleim. Le Vizir El Yazouri n’eut point de mal à convaincre ces hordes à quitter le désert égyptien pour la verdoyante Tunisie. La bataille de Haidaran, en 1052, que leur livra Moez Ibn Badis tourna à l’avantage des envahisseurs. Le temps du pillage commençait : une à une les villes tombent aux mains des Hilaliens : la vénérable Kairouan n’échappe pas au saccage. Les campagnes ne sont pas épargnées, si bien qu’ Ibn Khaldoun compara les Hilaliens à une nuée de sauterelles qui s’abattait sur notre malheureux pays. Outre l’appauvrissement du pays, on assista au délitement du pouvoir central : les Zirides en sont réduits à lutter pour leur survie derrière les remparts de Mahdia. Toutes les principales villes de Tunisie entrent en sédition et se choisissent de nouveaux chefs : Tunis les Banou Khorassan, Gafsa les Banou Rand, Gabès les Banou Jemmaa, Sfax Hamma Barghouti. Sousse est gérée par un conseil de notables tandis que Tozeur se rallie aux Hammadites. C’est dans cette Tunisie disloquée et en pleine convulsion que l’Imam Mezri va néanmoins poursuivre son initiation scientifique et s’imposer comme un des maîtres du Fiqh malékite. Le médecin du corps et d l’esprit. Les outrages qu’avaient subis Kairouan, livrée à la furie hilalienne, n’avaient pas manqué de la vider de ses plus fins esprits ; parmi eux figurent les maîtres de l’Imam Mezri : Abou Hassan Lakhmi et Ibn Sahegh. Le premier s’installe à Sfax , le second à Sousse. Auprès de ses deux illustres maîtres, l’Imam Mezri se dote d’une solide culture juridique. Mais il ne se contente pas d’être un juriste chevronné ; sa curiosité le pousse à étudier les mathématiques, la philosophie et même la médecine. Ses talents dans la science du “Kalam” se manifeste dans la réponse qu’il fit au philosophe El Ghazali . L’Imam Mezri lui reproche notamment sa propension à oublier que la voie du bonheur terrestre se trouve davantage dans le Coran que dans ses livres. L’ intérêt de Mezri pour la médecine serait dû à une réflexion faite par un médecin juif dépêché à son chevet : “ Ce serait pour ma religion une œuvre pie mais assurément une grande perte pour votre religion de laisser mourir un grand savant de l’Islam ”. Vexé, l’Imam Mezri se plongea dans l’étude de la médecine. Bientôt, les patients afflueront vers celui qui savait guérir autant les maux de l’esprit que ceux du corps. Sa formation achevée, l’Imam Mezri sera désigné comme juge à Mahdia et à Kairouan. On sait en fait très peu de choses sur sa carrière de magistrat. Le système judiciaire durant l’époque Ziride ne semble pas fondamentalement différent de celui instauré par leur prédécesseur fatimide. Il semble néanmoins que le rôle reconnu aux Muftis se soit considérablement affirmé : les juges s’alignent sur les avis juridiques ou fatwas qu’ils délivrent . C’est du reste en tant que mufti que l’Imam Mezri va acquérir une renommée qui a traversé les siècles . Ces fatwas solidement étayées par des Hadiths sont sollicitées même en dehors de nos frontières ; ainsi, interrogé par des Musulmans restés en Sicile sur le point de savoir si les décisions rendues par un juge resté en terre chrétienne étaient valables, il conclut par l’affirmative. Sa réputation grandissante attirait autour de lui des élèves de tout le Maghreb mais également des Andalous en route pour la Mecque. Il comptera de nombreux disciples dont le plus fervent est certainement le célèbre Cadhi Iadh . De nombreux historiens affirment que Mohamed Ibn Toumert , le Mahdi des Almohades, de passage à Mahdia profita de son enseignement. Cette intense activité intellectuelle n’empêcha pas l’Imam Mezri de rédiger une dizaine d’ouvrages en matière juridique. On se prend à imaginer ce qu’il aurait pu nous léguer s’il avait pu vivre dans un pays en paix ; au lieu de cela, il dû assister en témoin impuissant à la décomposition de son pays. Le crépuscule des Zirides Quand l’Imam Mezri foule le sol de la Tunisie , le pouvoir des Zirides est largement entamé. L’éclatement au 11e siècle de leur famille en deux dynasties rivales , les Zirides en Tunisie et les Hammadites en Algérie, les rendait plus vulnérables et devait faire le lit des déconvenues à venir : invasion hilalienne, éclatement du pays en principautés… Cette faiblesse aiguisait les appétits étrangers : les Génois prirent Mahdia en 1088 et ne la quittèrent qu’après que l’Emir Temim Ibn Moez acceptât de payer tribut. Djerba est occupée par les Normands de Sicile en 1121. Avec l’Emir Temim, un sursaut fut esquissé : de nombreuses villes telles que Sousse et Sfax retournaient dans son giron ; grâce à la politique des mariages des enfants de la famille royale avec ceux des chefs hilaliens, le pays retrouvait un semblant de paix . Les Normands de Sicile allaient bientôt anéantir tout espoir de survie pour la dynastie Ziride ; en 1148 , Roger II lance une flotte imposante sur Mahdia et ne tarde pas à l’occuper ; Sfax et Sousse connaissent le même triste sort. Le dernier monarque Ziride Hassen Ibn Ali trouva refuge à Marrakech auprès des Almohades. Ce n’est qu’en 1160 que le souverain almohade Abdelmoumen Ibn Ali se décide à débarrasser l’Ifriquia de l’occupation normande. L’Imam Mezri n’eut pas à vivre la fin des Zirides ; du moins, aura-t-il suivi leur lente agonie. Après près de 200 ans d’un règne mouvementé, les descendants de Ziri Ibn Menad allaient trouver le temps de méditer sur la vanité du pouvoir. l’imam Mezri s’éteint en 1141 à plus de 80 ans ; il sera enterré à Monastir où sa tombe est devenue un lieu de dévotion : L’Imam est hissé au rang de Saint : Sidi El Mezri . Mais combien parmi les personnes qui se pressent autour de son tombeau savent qu’il fut avant tout un rationaliste austère et un juriste rigoureux? (Source : Réalités N° 981 du 14 octobre 2004)

 


Le Professeur Sami Aouadi :

“L’émigration, une contrainte pour l’U.E.”

Tunis-Le Quotidien La 1ère conférence syndicale des capitales de l’Europe du Sud et du Maghreb arabe se tient depuis hier à Tunis. “Le flux migratoire maghrébin en Europe du Sud”, constitue le thème de la rencontre de cette année, au cours de laquelle plusieurs experts et économistes tunisiens et étrangers prennent la parole pour développer plusieurs aspects inhérents à ce thème. M. Sami Aouadi, professeur d’économie et secrétaire adjoint du syndicat général de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique a développé hier le sujet du partenariat Euro-méditerranéen à l’épreuve des faits. Nous l’avons rencontré pour discuter de problèmes se rapportant à ce thème. * Le Quotidien : Quels liens peuvent exister entre le partenariat euroméditerranéen et le flux migratoire? – Sami Aouadi : Il n’y a pas de liens directs entre l’émigration et le partenariat euro-méditerranéen. Ce dernier souffre d’ailleurs de la cruelle absence d’une dimension sociale et c’est ce que ne cessent de réclamer les syndicats et autres composantes de la société civile des pays du sud. Quant à l’approche dominante de l’émigration, elle demeure en dépit de partenariat marqué par le souci sécuritaire. Pour la Commission européenne, l’émigration demeure une contrainte et non un objet de coopération. * Que vous inspire le nouveau concept de voisinage utilisé par les pays de l’U.E. pour désigner le partenariat? – Ce concept annonce une nouvelle approche de la part de l’U.E. concernant sa coopération avec les pays du Tiers-Monde, qui se veut plus que le partenariat et moins que l’adhésion. Elle consiste à offrir à ce pays ce que Prodi appelait les quatre libertés (circulation des capitaux, des personnes, des marchandises et des services). Je pense que tous les pays du sud ainsi que ceux de l’U.E. ne sont pas capables d’assurer réellement la mise en œuvre concrète de ces 4 libertés. En conséquence, ce concept de voisinage me parait beaucoup plus une tentative de débloquer le processus de Barcelone, voire un marketing politique du partenariat euro-méditerranéen. Ce n’est pas une nouvelle politique mais c’est une reformulation du partenariat. * Les pays de l’U.E. qui tirent l’Europe vers l’Est, ont-ils gagné la bataille? – Potentiellement oui, mais il existe au sein du parlement européen des voix qui contestent la marginalisation des pays du sud de la Méditerranée. La Commission européenne même n’envisage pas pour l’heure de se détourner définitivement des pays du Sud à un moment où ceux-ci sont convoités par d’autres projets, notamment américains. * Quelles sont, d’après vous, les conséquences de l’élargissement de l’U.E. vers l’Est, sur les pays de la Rive de la Méditerranée? – Cela exige une investigation détaillée. Théoriquement, cet élargissement élargit à son tour les débouchés pour les produits des pays du Sud mais concrètement, il risque de s’opérer un détournement au détriment des pays du Sud au niveau tant du trafic des marchandises qu’à celui du flux de capitaux et de main-d’œuvre, parce que les pays de l’Est de l’Europe font valoir un potentiel technologique et de productivité autrement élevé que celui dont disposent les pays de la Méditerranée, outre le fait, et non des moindres, que la Commission européenne réserve un traitement plus favorable aux pays de l’Est de l’Europe. * Quelle parade faut-il envisager pour les pays du sud et particulièrement maghrébins pour faire face à cette donne? – Les pays du Sud doivent développer deux types d’actions. D’abord, exiger la renégociation de leur condition d’insertion à l’économie mondiale, notamment la reformulation de la politique de partenariat : fixation d’un calendrier de démantèlement tarifaire, un engagement plus important de l’U.E. au niveau des aides à la restructuration et à la mise à niveau et de l’incitation à des capitaux européens à s’investir dans le sud et au niveau de la facilitation de la circulation des personnes. Sur un autre plan, les pays du Sud sont appelés à renforcer la coopération régionale. Je pense notamment à l’urgence de la redynamisation de la coopération maghrébine dans le cadre de l’U.M.A. Elle est susceptible de créer de nouveaux débouchés intermaghrébins et de renforcer la capacité des négociations internationales dans différents pays de l’U.M.A. Je pense que l’intégration maghrébine est politiquement légitime et surtout économiquement favorable et viable. * Le concept de voisinage est-il finalement un désengagement voilé de l’Europe vis-à-vis des pays du Sud? – Ce concept traduit plutôt l’incapacité de l’U.E. d’offrir aux pays du Sud un partenariat plus juste. Il renforce le déséquilibre commercial avec les partenaires européens. * Dans quelle mesure? – C’est le reflet d’une spécialisation non pertinente des pays du Sud et de leur incapacité d’acquérir de nouveaux avantages comparatifs, dynamiques dans des activités évolutives et porteuses. Dans tous les cas, le gap technologique ne cesse de se creuser comme en témoigne l’émergence de ce nouveau concept de fracture numérique. Il ne faut ménager aucun effort pour réduire ce gap et rapprocher les perspectives de rattrapage. Entretien réalisé par Lotfi TOUATI

(Source : « Le Quotidien » du 15 octobre 2004)


 

 

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