15 février 2011

TUNISNEWS 10 ème année, N° 3920 du 15 .02 . 2011 archives : www.tunisnews.net


Initiative en faveur du conseil national  pour  la protection de la révolution

Le Temps d’Alagerie:La Tunisie souhaite régler le problème de ses réfugiés en Algérie

Rue89: Moncef Marzouki : « La Tunisie n’attend plus de sauveur »

Jeune Afrique:Moncef Marzouki : « En Tunisie, on a fait la moitié du chemin »

Tunivisions;Sofiene Chourabi présente l’Association Conscience politique

CIDT: Un mois après, protéger la révolution est un impératif national,

L’express.fr:Comment va la Tunisie, un mois après la chute de Ben Ali?

Jeune Afrique:Tunisie : RCD, c’est fini !

Le Temps:« Hezeb Tahrir », groupuscule salafiste sort à découvert

Le Temps:Déclaration d’Ali Araiedh, Président du comité organisationnel du mouvement « Ennahda »

Le Figaro:Tunisie: la communauté juive inquiète

Jeune Afrique:Tunisie : faut-il avoir peur des islamistes ?

novopres:Tunisie, Egypte : le pas de deux des Etats-Unis avec les islamistes

 Badreddine Ben Henda:Le livre « explosif » de Mahmoud Ben Romdhane sur l’état autoritaire en Tunisie

courrierinternational:Zarzis, le port de l’exil

 Taoufik Ben Brik: »Bon anniversaire Chichi »

AFP:Tunisie: les parents de MAM ont racheté les parts d’une société d’Aziz Miled

TF1NEWS:Après la polémique MAM, la polémique sur les parents de MAM ?

Ahmed BEN AMOR:MONSIEUR VEDRINE SE TROMPE

Slim Ben Ammar:La révolution tunisienne et l’entreprise

Jeune Afrique:Tunisie : les vrais chiffres du malaise des jeunes

Arret sur images:Nicolas Beau blogue depuis la Tunisie

AFP:Ces quelques touristes qui osent la Tunisie pour le soleil ou la Révolution

Les Echos:Emergence démocratique en Tunisie et en Egypte, arbitraire en Côte d’Ivoire?

Liberation:La libération égyptienne vue de la Tunisie

Le Nouvel Observateur:La contestation au Moyen Orient et au Maghreb ne feblit pas

Ghassan Michel Rubeiz:Arabs celebrate the end of an era


Initiative en faveur du conseil national  pour  la protection de la révolution


Nous  membres du conseil national pour  les  libertés,  nous   approuvons   la  création  et  les objectifs  du conseil national  pour  la protection de la révolution :  Nejib hosni –  Hachemi  jgham  – Moncef  marzouki –  zakia  difaoui –   Tahar labidi – lotfi hidouri – saida akremi  ( la list e est ouverte)  Contacter   Maitre Nejib Hosni ( 00216) 98  344  762 jihed hosni [jihedh@yahoo.fr]


La Tunisie souhaite régler le problème de ses réfugiés en Algérie


Les autorités tunisiennes tentent de cerner le problème des réfugiés tunisiens se trouvant actuellement sur la frontière terrestre algérienne depuis la chute du régime de Benali. 
L’information a été donnée par un diplomate tunisien, lequel affirme que le gouvernement de son pays travaille en collaboration avec les autorités algériennes pour maîtriser le nombre des citoyens tunisiens se trouvant au niveau des frontières ainsi que les familles qui se sont réfugiées en Algérie durant tout le mois où se sont déroulés les évènements qui se sont soldés par la fuite du président Zine El Abidine Benali le 14 janvier dernier,
en raison de la dégradation de la situation sécuritaire dans plusieurs régions de Tunisie ou pour fuir les régions frontalières où sévissent le chômage et la pauvreté. Le même responsable affirme que le trafic au niveau de la frontière entre l’Algérie et la Tunisie a bel et bien repris son rythme normal comme il l’a été avant la chute du président Benali. Ce trafic est marqué par le déplacement en masse des Tunisiens vers l’Algérie et vice- versa.
Le responsable diplomatique a mis l’accent sur les bonnes relations entre les algériens et les tunisiens basés sur les principes de fraternité et espère trouver un appui de la part des Algériens pour organiser le trafic et la circulation des personnes entre les deux pays, notamment durant la saison estivale marquée par un afflux important des estivants algériens vers la Tunisie . Dans le même contexte, les gardes-frontières ont accentué le contrôle sur cette partie des frontières algériennes pour éviter un flux important de Tunisiens. Le renforcement du contrôle concerne les postes de Tabarka, dans la commune de Kouif, de Oum Tboul, dans la wilaya de Tébessa et la région de Taleb Larbi à El Oued et ce, après l’arrivée de 10 000 Tunisiens à travers plusieurs postes frontaliers.
Les familles démunies et les chômeurs sont les principales catégories ayant gagné la terre algérienne à la recherche de nourriture et d’emploi, parmi eux des commerçants. Les autorités algériennes gardent des réserves et affichent une inquiétude sur la poursuite de cette situation caractérisée par la résidence illégale de ces réfugiés même après la chute du régime tunisien.
Source: ”Le Temps d’Alagerie” Le 15-02-2011 Lien:http://www.letempsdz.com/content/view/53309/1/

 

Moncef Marzouki : « La Tunisie n’attend plus de sauveur »


By Pierre Haski Created 02/15/2011 – 11:24  
Moncef Marzouki est l’un des tous premiers à avoir fait connaître son intention de se présenter à la future présidentielle en Tunisie post-Ben Ali. Normal, il était déjà l’un des rares à avoir voulu se présenter contre le dictateur déchu, et l’a payé de plusieurs années d’exil en France. De passage à Paris après son retour dans son pays, il donne sa vision à Rue89.
Ce médecin, ancien président de la Ligue des droits de l’homme, a subi la prison, a été chassé de son travail, placé en résidence surveillée, exilé. Il en a conçu une vision de la dictature et de l’action politique qu’il avait développée dans un livre prémonitoire paru en 2009, « Dictateurs en sursis » (éd. de l’Atelier), un livre d’entretiens avec le chercheur Vincent Geisser [1] auquel les experts du Quai d’Orsay auraient dû prêter attention. Il leur aurait évité la surprise des derniers événements, car Marzouki expliquait :
« Il n’y a pas de fatalité de la dictature dans le monde arabe, mais un processus historique complexe qui est en train de se dérouler. » De retour de Tunis après un retour dans son pays natal pour se plonger dans l’ambiance post-Ben Ali avec son parti, le Congrès pour la République, il s’émerveille de la « vigilance » populaire qui reste forte :
« Au cours des dernières semaines, il y a eu des manifestations contre la nomination du Premier ministre, ensuite on a obtenu le départ des ministres RCD [le parti de Ben Ali, ndlr] des postes-clés, la rue a continué à faire pression pour la dissolution du RCD et l’a obtenue, le gouvernement a continué à essayer de placer ses sbires comme gouverneurs, mais là encore le peuple a réagi.
Le peuple est toujours vigilant à ne pas se faire voler sa révolution, alors que le gouvernement cherche à perpétuer les vieilles habitudes. » (Moncef Marzouki poursuit :
« C’est une vraie révolution, les gens ont opéré un changement complet et radical de paradigme. Ils n’ont plus peur, ils parlent, ils s’organisent, ils n’attendent plus de sauveur, ils ne sont pas derrière la bannière d’une idéologie quelconque. C’est prometteur.
Ce qui est magnifique, c’est que des poussières d’individus se sont enfin constituées en peuple. Evidemment, pour le moment, l’intendance ne suit pas, l’administration traîne des pieds, mais le peuple reste mobilisé ».
 
Quel paysage politique sortira de ce bouillonnement ?
 
 Moncef Marzouki explique :
« Il existe une grande unité dans la diversité. Tous les Tunisiens ne veulent plus de la dictature. Tous les partis politiques sont décidés à ce qu’il y ait une démocratie. Est-ce que ce sera une démocratie parlementaire, ou un régime présidentiel, ou mixte ? Là, il y aura des divergences, et elles sont normales.
Souvenez-vous qu’à la fin de la dictature au Japon, il y a eu 400 partis politiques, au Portugal 80 partis ! Chez nous aussi, après la chute de la dictature, il va y avoir une efflorescence de partis, d’associations, un débat d’idées, tout cela est sain et normal, je ne le crains pas. D’autant plus qu’effectivement, les éléments d’unité en Tunisie sont très importants : homogénéité de la population, absence de parti extrémiste, accord quasi total sur le fait de ne plus jamais avoir de dictature. »
 
Rue89 : A quoi ressemblera l’échiquier politique de l’après-Ben Ali ?
Moncef Marzouki : Une des raisons pour lesquelles nous réclamons des élections rapides, c’est justement pour comprendre le poids des uns et des autres. Il y a quatre familles politiques en Tunisie :  
la gauche et l’extrême gauche ; le parti Ennahda [islamiste, ndlr] les séquelles de l’ancien parti bourguibien ; le courant démocratique et laïque, dont mon parti est un des représentants. Pour l’instant nous ne savons pas combien pèse chaque tendance.
Etes-vous prêt à travailler avec tous les partis ou courants ?
Le Congrès pour la République est au centre de l’échiquier politique. Nous avons de bons rapports avec le parti Ennahda, nous n’avons rien contre le fait que la Tunisie soit dite arabo-musulmane, et nous avons de bons rapports avec la gauche, car moi, en tant que médecin, j’ai travaillé dans les quartiers pauvres, et nous avons donc une forte sensibilité aux droits sociaux.
J’espère que nous pourrons rassembler autour d’un Front démocratique, et peut-être que l’un des candidats d’union générale à l’élection présidentielle sera moi. J’ai exprimé mon intention de me présenter, mais j’attends la loi électorale. Mais il faut d’abord réunir les conditions réelles pour que ce soit un moment fondateur dans l’histoire de la Tunisie. Si elles ne sont pas réunies je ne participerai pas.
Quid des islamistes ? J’ai toujours considéré qu’on surestimait le péril islamiste et qu’on instrumentalisait cette peur de l’islamisme. Le régime justifiait la dictature par la peur de l’islamisme, et l’Occident justifiait son soutien à la dictature par la même peur. C’était un fantasme. En Tunisie, nous avons la chance d’avoir un islamisme modéré, plus proche de l’AKP à la turque. Les événements ont montré que cette analyse était juste, non seulement en Tunisie, mais aussi en Egypte.
Les forces politiques porteuses d’avenir ne sont pas celles que l’on a toujours cru. Le modèle de référence aujourd’hui n’est plus celui de la République islamique d’Iran, mais plutôt celui de l’AKP en Turquie. Et en Tunisie comme en Egypte, nous avons des armées républicaines qui jouent le rôle de garant de l’évolution du pays. Les peurs sur l’islamisme sont un peu rancies, qu’on arrête.
Pourquoi cette vague de révoltes a-t-elle commencé en Tunisie ?
A cause de la bêtise du dictateur, des excès de la corruption, de la répression, des mensonges. Tout cela a exaspéré les Tunisiens et a fait exploser la Tunisie. Ailleurs, il y avait des soupapes de sécurité, pas en Tunisie, et la cocotte minute a fini par exploser.
Il existe les mêmes données partout : le pouvoir absolu d’un homme, le droit à la prédation de sa famille, le règne de la police politique par la terreur, et la falsification démocratique. Ces systèmes de dictature médiocres se sont retrouvés dans des impasses. C’était une question de temps pour que ce système se casse la figure et c’est ce qui se passe.
Les hommes politiques occidentaux n’ont rien compris, et je me demande s’ils ont les outils intellectuels pour comprendre. Ils sont restés bloqués au fait que les Arabes ne sont pas prêts à la démocratie, ils ne comprennent pas l’appropriation des outils de communication par la jeunesse. De plus, ils sont toujours dans le court terme, je me demande à quoi leurs servent leurs services de renseignement et leurs think tanks s’ils ne sont pas capables d’anticiper.  

Published on Rue89 (http://www.rue89.com)

Moncef Marzouki : « En Tunisie, on a fait la moitié du chemin »


Une des images les plus fortes de la révolution tunisienne aura sans doute été l’arrivée de l’opposant Moncef Marzouki à l’aéroport de Tunis-Carthage, après plusieurs années d’exil en France. Encore sous l’effet de l’euphorie, il raconte à jeuneafrique.com son retour, ses projets et esquisse un état des lieux de la Tunisie révolutionnaire. Interview.
Quel est votre sentiment après votre retour en Tunisie ?
Moi, le réfugié politique, celui qui n’avait ni moyens ni argent, je suis rentré triomphalement dans mon pays alors qu’eux, les puissants, les indéboulonnables l’ont quittée. C’est une belle leçon de moralité ; à savoir qu’en politique aussi, le bien fini par triompher du mal. C’est un sentiment de bonheur et de revanche que je ressens aujourd’hui. Je suis déterminé à travailler avec mon peuple pour que nous n’ayons plus jamais d’individus comme Ben Ali au pouvoir et que nous puissions protéger les générations futures contre de tels individus.
Qu’avez-vous fait dès votre arrivée ?
D’abord, j’ai entrepris une tournée sur la route de la révolution. Je suis passé par les villages de Thala, Kasserine et Sidi Bouzid. Là où la révolution a fait des morts. Ça a été ma première rencontre avec le peuple et maintenant nous allons travailler de façon organisée sur la mise en place des structures du parti [Congrès pour la République (CPR), NDLR] pour ensuite, commencer à présenter notre programme.
Comment se porte le pays aujourd’hui ?
Nous sommes débarrassés du dictateur mais pas de la dictature. Nous avons fait la moitié du chemin et nous allons entreprendre la suite, c’est-à-dire, liquider les restes de la dictature, les sbires de l’appareil politique du RCD. L’objectif aujourd’hui est d’organiser de vraies élections démocratiques. J’espère que nous y parviendrons dans les six mois. Nous verrons enfin la révolution s’achever et pourrons mettre en place des institutions dignes de ce pays.
Les jeunes générations vous connaissent-elles ?
Les jeunes me connaissent. La preuve, ils m’arrêtent dans la rue. Grâce à Facebook, les jeunes ont fait un excellent travail et c’est justement sur eux que nous comptons pour relever la Tunisie des abysses où elle est tombée avec le criminel qu’est Ben Ali.
Quel est votre projet et envisagez vous des alliances ?
Notre projet est de mettre en place un vrai gouvernement démocratique, de vraies institutions transparentes pour surveiller les biens publics, de ne plus autoriser la torture, la prédation et le pouvoir personnel. Ce sont toutes ces dérives qui ont mené la Tunisie à sa ruine et à la révolution. Alors que pendant des années, on a raconté que c’était un pays stable et magnifique, la réalité est que la Tunisie est un pays en souffrance, en déliquescence et en révolte. Pour le moment, le grand parti d’opposition, c’est le peuple. C’est avec lui que nous travaillons. Les questions électorales et de stratégie viendront après.

Sofiene Chourabi présente l’Association Conscience politique Tout le monde parle politique mais, qui est-ce qui s’y connait ?


Sofiene Chourabi, journaliste, a eu l’idée de fonder, avec d’autres amis, une association à qui il a été attribué le nom de Conscience politique, chose essentielle  en ces temps de doute et de construction du pays. ‘’Après avoir arraché la liberté, il faudra savoir s’en servir et l’exercer’’,  nous dit-il. Propager la conscience politique, offrir des formations, provoquer des débats avec des professionnels du domaine juridique, sociologique, historique et autre, telle sera la mission de cette nouvelle association. Dans cette vidéo, M. Chourabi donne un aperçu de son expérience au sein du parti Ettajdid pour ensuite nous expliquer les motivations qui l’ont poussé à créer cette association. Il nous parlera également de son rôle, sa cible, ainsi que le processus de construction de « Conscience politique » qui nécessitera indéniablement de l’aide de la part des investisseurs pour pouvoir survivre. Bon visionnage ! Source: ”Tunivisions” Le 15-02-2011 Lien:http://www.tunivisions.net/sofiene-chourabi-presente-l-association-conscience-politique,11432.html

CENTRE D’INFORMATION ET DE DOCUMENTATION SUR LA TORTURE (CIDT-TUNISIE) Association de citoyens du monde pour le droit des Tunisiens à ne pas être torturés Membre du Réseau SOS-Torture de l’OMCT-Genève         Comité d’honneur :       M. Jacques  FRANÇOIS            Mgr. Jacques  GAILLOT        
             Dr. Hélène  JAFFÉ                                                         M. Gilles PERRAULT                                                M. François DE  VARGAS   Président : Jean-Marc METIN                                            

Un mois après, protéger la révolution est un impératif national,

AVERTISSEMENT


Comme en novembre 1987, des vaincus de l’Ancien régime s’agitent frénétiquement pour faire oublier leur servitude passée et/ou leur ralliement tardif au pouvoir du général déchu Zine Ben Ali. Ce sont ces gens qui ont retiré leur confiance à leur peuple pour la transférer gratuitement à leur tortionnaire. Ils ont joué (leur vie politique) et ils l’ont perdue…   Nombre de ces individus se reconnaîtront très facilement. Ils savent ce qu’il en est et devront se montrer assez petits pour nous éviter de les étaler sur la place publique.   Autant nous comprenons parfaitement que des ex-opposants déposent les armes après des années de lutte et se retirent de la vie publique sur la pointe des pieds, autant nous méprisons profondément les retournements de veste subits et effrontément intéressés, au point de se déclarer, sans rire, candidat à la présidence de la Deuxième République en chantier.   Nous avons mieux à faire : travailler à mettre au jour les responsabilités dans l’établissement et la consolidation de la tortiocratie en Tunisie entre 1987 et 2011. C’est une affaire qui concerne les justices tunisienne et supranationale, pour que plus jamais la menace tortiocratique ne soit envisageable au Pays proche.   Avec l’aide de tous leurs amis, les Tunisiens devront remonter les filières quasi- mafieuses et les circuits de corruption par lesquels une part importante des ressources du peuple tunisien a été dilapidée. Ils leur faudra porter devant la justice tunisienne certaines menées pédophiles et perverses que l’Ancien Régime encourageait ou couvrait. Ils devront également démasquer et poursuivre les individus et les groupes institutionnels en France et ailleurs, qui ont puisé dans la maigre cassette des Tunisiens pour leurs plaisirs coupables et insatiables…   Toute démarche qui ne s’inscrira pas dans cette optique de justice et de prévention sera vouée à l’échec. L’exemple du sieur Ounaïs, fou de Mam, est à méditer.   Cette étape de l’œuvre révolutionnaire est d’autant plus nécessaire qu’elle sera un impératif pour dépasser les errements, souvent criminels et bassement opportunistes, qui ont permis au général Ben Ali de maintenir le peuple tunisien sous sa botte toutes ces années. Pour l’instant, nous nous abstenons de donner des noms…   Nous appelons tous les Tunisiens ayant des informations sur la corruption sous toutes ses formes en Tunisie et/ou en lien avec des milieux étrangers, à nous les communiquer. Il sera veillé scrupuleusement à leur anonymat. Toutes les familles victimes de tortures, de divorce forcé, de licenciement politique et de bannissement arbitraire devront porter leur cas devant les institutions ad-hoc issues de la Révolution.   Cette thérapie de groupe ne fait que commencer. Elle sera longue et douloureuse. Mais la liberté est là. Le reste viendra.                                      Khaled BEN M’BAREK, Coordinateur 
 
Centre d’information et de documentation sur la Torture (CIDT-TUNISIE) Association Loi 1901 5A, rue Scaremberg –  F25000 Besançon. France. Tél. : (33 3) 81 82 23 49 – Mail : cidtunisie@free.fr CCP N° : 6 458 94 X DIJON
 

Comment va la Tunisie, un mois après la chute de Ben Ali?


Un mois s’est écoulé depuis le départ de l’ancien président tunisien. Pourtant la situation du pays reste fragile. LEXPRESS.fr fait le point sur les défis qui persistent en Tunisie. Un paysage politique en reconstruction   Sur le plan politique, le gouvernement de transition, avec à sa tête Mohammed Ghannouchi, tente de renforcer son assise. Parachevé fin janvier après de nombreux remaniements, il a cependant à nouveau été fragilisé le 13 février par la démission du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Ounaïes. Cet indépendant avait en effet été chahuté le 7 février par des fonctionnaires des Affaires étrangères qui réclamaient son départ immédiat après ses propos tenus à Paris. « J’aime écouter Michèle Alliot-Marie [aujourd’hui critiquée pour ses propos et ses agissements en pleine crise tunisienne, ndlr] en toutes circonstances et dans toutes les tribunes », avait-il déclaré.  
Cet événement intervient alors que le pays traverse sa première crise diplomatique de l’ère post-Ben Ali, avec l’Italie, en proie à un exode massif de Tunisiens à la recherche d’un emploi en Europe.   
Autre point d’interrogation dans la politique tunisienne, le retour du leader du parti islamique Rached Ghannouchi, le 30 janvier dernier. S’il a assuré dernièrement qu’aucun candidat du Ennahda ne sera présenté aux prochaines élections, les analystes craignent tout de même une récupération du mouvement démocratique par les islamistes. D’autant qu’il n’est pas exclu que le parti soit présent pour des échéances électorales plus lointaines: « Gouverner n’est pas notre priorité. Nous serons représentés mais il n’y aura pas de ras-de-marée islamiste, cela ne serait pas souhaitable », a précisé un porte-parole du parti.  Quant à l’ancien parti au pouvoir RCD (Rassemblement Constitutionnel Démocratique), il s’est autodissous le 6 février, et ses activités ont été suspendues. Mais « l’épuration » politique du pays est allée plus loin: 24 gouverneurs de régions, considérés comme d’anciens proches de Ben Ali, ont été remplacés; 42 hauts responsables du ministère de l’Intérieur ont été relevés de leurs fonctions; les entreprises publiques ont presque toutes été « décapitées » selon le site JeuneAfrique.com; et les PDG de la Société tunisienne d’assurance et de réassurance (Star), Abdelkarim Merdassi, et de la Banque de Tunisie, Alia Abdallah, ont dû démissionner sous la pression, tout comme le chef de la compagnie aérienne Tunisair.  
Reste que de nombreux ex-caciques sont encore présents au sein du nouveau gouvernement, ce qui fait craindre à certains opposants une confiscation de leur révolution: « Il n’y a pas de volonté politique claire de trancher avec le passé. Les décisions du gouvernement sont arrivées avec un décalage qui atteint sa légitimité et entraîne une crise de confiance », estime ainsi l’opposant Mustapha Ben Jaafar, leader du Forum démocratique pour le travail et la liberté (FDTL). 
La communauté internationale se mobilise face à l’exode des Tunisiens Si les pays européens se félicitaient en début de mois de l’envie démocratique des citoyens tunisiens, aujourd’hui, les conséquences de la révolte les font pâlir. Depuis quelques jours, l’exode de près de 5000 Tunisiens clandestins, arrivés sur l’île de Lampedusa (138 km des côtes tunisiennes), fait resurgir en Europe la peur de l’immigration massive.   Ainsi, l’Italie, premier des pays visés par les immigrés, se mobilise et compte débloquer une aide d’urgence de 5 millions d’euros, et annoncera prochainement une ligne de crédit de 100 millions, d’après le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, à l’issue d’un entretien ce lundi avec le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi.   Cette annonce vient d’ailleurs apaiser les relations entre les deux pays, à la suite d’une montée des tensions due à la proposition faite ce week-end par le ministre de l’Intérieur italien, Roberto Maroni, d’envoyer un soutien policier en Tunisie. 
Priée par l’Italie de l’aider sur le plan humanitaire, l’Union européenne compte également accorder « immédiatement » 17 millions d’euros pour aider le gouvernement tunisien de transition, et « impulser les projets des petites et moyennes entreprises et des projets d’infrastructure. » « Mais il y aura 258 millions d’euros de l’UE d’ici 2013 », a assuré la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, en visite dans la capitale tunisienne ce lundi. Et d’ajouter qu’elle espérait que le « statut avancé » serait prêt à être ratifié par le gouvernement tunisien, issu des élections prévues dans six mois. La Tunisie tient particulièrement à obtenir de l’UE ce statut qui ouvre la voie à un traitement douanier préférentiel.  
De son côté, la Banque africaine de développement (BAD) est aussi « prête » à assurer 500 millions à un milliard de dollars de crédits d’aide aux projets si le gouvernement de transition définit ses priorités, a déclaré ce lundi à Tunis son président Donald Kaberuka.    
Afin de soutenir cette nouvelle aide apportée à la Tunisie, et appeler d’autres pays à faire de même, une conférence internationale se tiendra en mars prochain à Carthage. La France a déjà annoncé qu’elle débloquerait plus de 300 000 euros pour une aide sociale d’urgence. Et Christine Lagarde se rendra en Tunisie le 22 février prochain.  La police et l’armée dépassées?
Des soldats veillent sur l’école primaire Claude Bernard, à Tunis. Les attaques de plusieurs écoles dans la banlieue aisée de la capitale tunisienne et celle d’une synagogue à Gabès renforcent les craintes d’un basculement dans la violence après la « révolution de jasmin ».    
Depuis le 4 février, cinq personnes au moins ont été tuées dans des incidents en Tunisie, dont deux tombées sous les balles à El Kef (nord) où des policiers tentaient de disperser des manifestants, encore présents pour réclamer des réformes. Le 10 février, une jeune femme avait par ailleurs tenté de s’immoler par le feu. Ainsi, depuis la mi-décembre, date où la révolte tunisienne a débuté, 234 morts et 510 blessés ont été enregistrés par le gouvernement à travers tout le pays, maintenu sous état d’urgence depuis le 14 janvier.  Outre les manifestations qui durent, et les scènes de pillages imputées par certains au sbires de l’ancien président Ben Ali, les forces de l’ordre tunisiennes semblent aussi dépassées par l’exode de ces Tunisiens tentés par une nouvelle vie en Europe. Le gouvernement italien avait d’ailleurs proposé un soutien policier dans les ports du pays.  La police tunisienne, dont plusieurs postes ont été attaqués entre le 5 et le 6 février, accuse de nombreuses désertions et un absentéisme continu. Le 1er février, une trentaine de gradés de la police ont également été mis en retraite anticipée. L’armée a pour sa part appellé, le 7 février, les réservistes de l’armée de terre, de la marine et de l’aviation à « rejoindre les centres régionaux de conscription et de mobilisation les plus proches de leurs lieux de résidence ». Objectif: renforcer la sécurité sur la côte, déjà assurée par les forces de la garde maritime, à l’heure où le couvre-feu nocturne vient d’être levé.  
L’emploi toujours au point mort
Ce que révèle avant tout cette forte émigration tunisienne, c’est l’état toujours catastrophique du chômage en Tunisie, qui avait déjà conduit à la chute de l’ancien président Ben Ali.  Avant le départ du président Ben Ali, le taux de chômage était de 15%, et il s’élèvait à 30% parmi les jeunes qui ont fait des études. L’économie restait dominée par des secteurs qui emploient de la main-d’oeuvre peu qualifiée. Les jeunes diplômés se retrouvaient donc sur un marché du travail qui ne leur offrait que des emplois dans les calls centers, les hôtels et les usines textiles. « Plus on est diplômé, moins on a de chance de trouver du travail », résumait Karim Bitar, économiste à l’IRIS. 
La révolution tunisienne, ce n’est que du blabla, rien n’a changé et rien ne changera 
Sauf qu’après un mois sans Ben Ali, la situation semble être encore au même point. « Je voulais partir pour trouver un emploi. A cause des troubles, la situation est difficile, des sociétés ont fermé et j’ai voulu tenter ma chance en Europe », raconte un candidat à l’exode de ces derniers jours, Abdelhamid Betaib, 18 ans, diplômé en mécanique. Muhamed Handoula, 29 ans, va plus loin: « Il n’y a pas de place pour moi en Tunisie. La révolution tunisienne, ce n’est que du blabla, rien n’a changé et rien ne changera. »   
Au total, il s’agirait donc de créer 80 000 emplois par an pour absorber la main d’oeuvre sans emploi. Dans ce cadre, Foued Mebazaa, président de la République, a annoncé le 9 février l’ouverture « prochainement » de « négociations sociales à l’échelle nationale », mais toujours pas de plan massif de création d’emplois. 
L’économie tunisienne mise sur une reprise touristique
Avant la révolte tunisienne, « les Tunisiens n’osaient pas investir à cause de la mauvaise qualité du climat des affaires et par peur que les groupes proches du clan Ben Ali ne mettent la main sur leurs parts », explique Radhi Meddeb, président de l’IPEMED. « Du petit restaurant à la grande banque, toute l’économie était ponctionnée par Ben Ali et la famille Trabelsi », confirme Karim Bitar, économiste à l’IRIS. Ainsi, selon la Banque mondiale, sans cette emprise familiale, le taux de croissance de la Tunisie, aujourd’hui de 4% par an, pourrait même atteindre 6 à 7%, autant que l’Inde.   La liste des biens du clan Ben Ali (ici, une propriété d’un des neveux) avait déjà été dressée voilà quinze ans.   En ce qui concerne les avoirs de la famille Ben Ali, l’Union Européenne a décidé de les geler le 20 janvier dernier. Un immeuble en plein coeur de Paris, estimé à 37 millions d’euros selon Europe 1, serait dans le colimateur des observateurs européens. 
Principalement basée sur le tourisme, l’économie tunisienne tente aujourd’hui de se relever, non sans mal. Le ministre tunisien du Développement régional Néjib Chebbi, a évalué à 5 milliards de dinars (2,58 milliards d’euros) à terme les pertes pour l’économie enregistrées lors de la Révolution du jasmin, soit 4% du PIB, avec une baisse de 40% des recettes touristiques par rapport à la même période de 2009.  
Pour permettre de sauver la saison touristique qui doit commencer dans quelques jours en Tunisie, Paris a donc levé les restrictions de voyage sur des villes côtières tunisiennes et l’île de Djerba. De son côté, la Tunisie a lancé ce lundi une campagne de publicité – « Enfin libre de bronzer » – pour faire revenir les touristes français, en utilisant les slogans de la Révolution du jasmin. « La côte et nos infrastructures touristiques n’ont pas été touchées par les événements et sont opérationnelles pour accueillir les Français dans les meilleures conditions », a assuré Mehdi Houas, le ministre tunisien du Tourisme.
 

Tunisie : RCD, c’est fini !


Dominateur et omnipotent vingt-trois ans durant, le RCD, l’ancien parti tunisien au pouvoir qui a été suspendu, ressemble aujourd’hui à une coquille vide. Mais certains ne désespèrent pas de le « reconstruire ». Désormais passé à la postérité, le slogan « dégage ! » s’adressait à Ben Ali et à ses clans, mais aussi au parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Dominateur et omnipotent vingt-trois ans durant, le seul parti de masse « légal » ressemble désormais à une coquille vide. Reconnaissable à sa façade de verre, sur l’avenue Mohammed-V, à Tunis, son imposant et rutilant siège de dix-sept étages, d’une valeur estimée à 20 millions de dinars (environ 10 millions d’euros), est désert depuis que des manifestants ont tenté de le prendre d’assaut, le 15 janvier, au lendemain de la fuite du président déchu. Dans la foulée, le portrait géant de « l’homme du changement » a été retiré de la façade, et l’immense banderole à sa gloire qui lui jurait fidélité « à vie » a disparu. Protégé par des blindés arrivés juste à temps, il n’a pas été incendié, contrairement au siège du PND égyptien. Symboliquement, les manifestants se sont contentés de décrocher les lettres dorées de son enseigne.
Aussitôt Ben Ali parti, les deux quotidiens du RCD ont cessé de paraître. Le président déchu ayant été radié du parti, Mohamed Ghannouchi a dû démissionner du poste de vice-­président pour pouvoir se maintenir à la tête du gouvernement provisoire. Le bureau politique, la supposée instance suprême, dont les membres étaient nommés par Ben Ali, s’est autodissous. À l’image du siège, les 9 000 sections de base, 360 fédérations et 28 comités de coordination régionaux ont été fermés, quand ils n’ont pas été incendiés par les manifestants. Les dirigeants des organisations professionnelles satellites, comme l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica, patronat) ou l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap), ont collectivement démissionné du parti et proclamé leur indépendance à son égard. Les directions pro-RCD des syndicats de la magistrature et de la presse ont été déposées au profit de celles, légitimes, écartées sur décision de juges aux ordres du régime. L’Internationale socialiste a exclu le RCD, et c’est un parti d’opposition, le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), qui en reste le seul membre tunisien.
En annonçant la suspension du RCD, Fahrat Rajhi n’a donc fait que lui donner le coup de grâce. Requiem donc pour l’ex-parti au pouvoir ? Voire. Dans l’ombre, au moins cinq groupes s’activent pour le « reconstruire » sur de nouvelles bases. À la tête de l’un d’eux, Kamel Morjane, ancien ministre des Affaires étrangères et homme politique respecté, qui est le seul à faire publiquement état de ses intentions. Mais ses liens avec la famille Ben Ali – il est cousin par alliance de l’ex-président – pourraient lui compliquer la tâche. M’Hamed Chaker, ministre de la Justice de 1980 à 1984, a pour sa part été approché pour coiffer le mouvement, mais l’intéressé, âgé de 77 ans, n’est guère enthousiaste.
Le seul point commun entre ces groupes aux motivations diverses et parfois inavouables est le choix de revenir à l’appellation historique du parti, le Néo-Destour, et de prendre comme référence Habib Bourguiba. Hédi Baccouche, qui fut le Premier ministre de Ben Ali, de 1987 à 1989, serait, dit-on, mêlé aux consultations politiques actuelles, mais l’intéressé dément catégoriquement qu’il soit en train de tirer les ficelles. « J’ai été consulté, nous a-t-il déclaré, mais je n’ai pas de projet politique. Cela dit, si les diverses initiatives aboutissent à l’élaboration d’une plateforme commune, je souhaiterais qu’il y ait un Néo-Destour rénové qui défende un “bourguibisme” ouvert et démocratique. » Ce qui est cocasse, c’est que tout ce petit monde avait adulé Bourguiba avant de le vouer aux gémonies au profit de Ben Ali. Ironique retournement de ­l’Histoire. À supposer que ces groupes réussissent à « reconstruire » le RCD sous une nouvelle appellation, ses chances de redevenir un parti de masse sont extrêmement réduites. À cela une raison simple : si la séparation du parti et de l’État décidée par le gouvernement provisoire est effective et totale, le RCD perd ipso facto son caractère de « parti clientéliste », qui lui permettait de revendiquer plus de deux millions d’adhérents alors qu’il n’en comptait que le quart. En outre, il ne disposera plus de la manne financière que lui assurait sa position privilégiée et qui était gérée d’une façon opaque par le trésorier du parti, Abdallah Kallel. Le RCD ne pourra plus, par ailleurs, racketter les grandes entreprises, qui lui fournissaient la plus grande partie de ses ressources occultes.
Fini le 1,6 million de dinars de subvention budgétaire annuelle dont il disposait sur la base d’une loi « sur mesure » relative au financement des partis et de leur presse. Exit les six cents fonctionnaires (dont deux cents au siège) mis à sa disposition et rétribués par l’administration et les sociétés publiques. Exit aussi les innombrables véhicules du domaine de l’État octroyés aux membres du parti, et les biens immobiliers publics et municipaux abritant la plupart de ses structures pour des loyers symboliques.
Le RCD, rebaptisé Néo-Destour à la faveur du pluralisme politique et de la liberté d’association, qui sont désormais la règle, deviendrait alors un parti comme les autres, estiment les plus favorables à cette hypothèse. Et pour rassurer, ils estiment son poids électoral, sans falsification, à « au moins 10 % des voix », comme nous l’a confié l’un des promoteurs du futur Néo-­Destour. « Au moins » ? Si tel était le cas, cela voudrait dire, vu l’impopularité criante du parti, qu’on sera tout bonnement revenu aux bonnes vieilles habitudes de la fraude électorale et du pouvoir de l’argent.
 

« Hezeb Tahrir », groupuscule salafiste sort à découvert


Quelques dizaines de jeunes se sont rassemblés vendredi dernier devant la synagogue de Tunis pour manifester. Leurs revendications ? Surtout des cris de haine envers des « assassins et des criminels ». Les drapeaux, écrits en noir et relatant un « Il n’y a de Dieu que Dieu et Mohamed est son prophète » ont flotté à l’Avenue de la Liberté où sis la synagogue.   Ce fut un paysage glaçant, qui n’a peut-être jamais eu lieu depuis la guerre des six jours. Si les manifestants ont voulu justement crier leur désaccord avec l’Etat d’Israël vendredi dernier, il est clair qu’ils se sont trompés d’endroit, et ils se sont également trompés de personnes envers qui ils criaient leur haine. Cette dernière a été par cet acte ciblé vers les juifs tunisiens, qui ont par ailleurs été sidérés par cette manifestation, surtout que nombreux d’entre eux, avaient exprimé, comme le reste du peuple tunisien leur joie après la libération du pays de l’emprise du joug du dictateur déchu. La photo prise de cette manifestation a aussitôt été publiée et propagée sur Internet. Suscitant une grande panique, les internautes ont exprimé leur refus de pareille incitation à la haine. Seulement, on lisait également des commentaires louant l’action. Ce groupe aura-t-il déjà des sympathisants ? Les mêmes drapeaux flottaient par ailleurs quelques jours auparavant dans une vidéo représentant des manifestants appelant à l’instauration du Kalifat. Un Kalifat universel dont les limites ne s’arrêtent pas à la Tunisie, ainsi s’exprimait l’un des manifestants. Les lois doivent être tirées de la Chariâ et le Jihad s’étendra pour libérer la Palestine. Nous avons entendu parler du parti d’Ennahdha qui s’est jusque là montré modéré et tolérant, mais qui est ce groupe qui passe déjà à l’action avant de se présenter sur la scène politique ? Il paraît qu’il se nomme « Hezeb Tahrir », parti de la libération… Est-ce l’oppression longtemps vécue sous le régime de Ben Ali qui nous a donné lieu à ce courant salafiste ou alors il y a bien quelqu’un derrière et dont l’intérêt est de ne pas laisser la stabilité s’installer en Tunisie ? Certes, ils ne sont encore pas nombreux par rapport à la population tunisienne et certes, la société que nous constituons ne laissera pas facilement s’installer pareille doctrine. Seulement, ce n’est point une raison pour laisser une partie de notre population, voire les juifs tunisiens subir pareille humiliation ou haine. La panique que leurs mouvements suscitent et la nuisance que cela apporte à l’image de la Tunisie sont également des raisons pour que l’on soit vigilant. La Tunisie est le pays de la tolérance et de la liberté du culte. Source: ”Le Temps” Le 15-02-2011 Lien:http://www.letemps.com.tn/article-52985.html
 

Déclaration d’Ali Araiedh, Président du comité organisationnel du mouvement « Ennahda »


« nous refusons ces actes d’intolérance vis-à-vis des minorités religieuses »
« Nous sommes pour une Tunisie qui respecte toutes les religions. Les minorités religieuses sont les bienvenus, lesquelles devraient vivre en paix dans notre pays. Tout comme l’Islam et les spécificités de notre religion sont  respectés en tant que tels dans les pays démocratiques. On réfute ces actes d’intolérance vis-à-vis des minorités religieuses commis au nom de l’Islam. Certaines personnes peuvent refuser l’ingérence de pays étrangers. Et c’est une autre pair de manche. »
Source : «  Le Temps » Le 15-02-2011 Lien :http://www.letemps.com.tn/article-52986.html

Tunisie: la communauté juive inquiète


La communauté juive de Tunisie a exprimé son inquiétude au gouvernement de transition après des incidents antisémites devant la grande synagogue de Tunis que le gouvernement a condamné aujourd’hui, ont indiqué le chef de la communauté et le ministère de l’Intérieur. « J’ai rencontré samedi le premier ministre Mohamed Ghannouchi et lui ai fait part de cet incident », a déclaré à l’AFP le président de la communauté juive de Tunisie Roger Bismuth. « Je pense que c’est un incident qui peut se reproduire », a-t-il ajouté. Le premier ministre était au courant et a appelé la communauté à la vigilance, a-t-il poursuivi. M. Bismuth a raconté à l’AFP que des islamistes radicaux avaient proféré des slogans antisémites devant la grande synagogue de Tunis vendredi matin à quelques heures du début du shabbat. « Une quarantaine de religieux se sont rassemblés vendredi devant la grande synagogue de Tunis et ont commencé à scander des slogans anti-juifs et à proférer des mots inadaptés. L’incident s’est produit en fin de matinée », a-t-il dit. Le ministère de l’Intérieur a condamné aujourd’hui les agissements d’extrêmistes devant des lieux de culte et les slogans hostiles aux religions incitant à la violence, a rapporté l’agence officielle TAP. « Ces personnes n’ont d’autre objectif que de porter atteinte aux valeurs du régime républicain fondé sur le respect des libertés et des croyances, la tolérance, la co-existence pacifique entre tous les courants et la garantie de l’exercice des droits civiques », dit-il. Le ministère affirme qu’il « n’épargnera aucun effort pour la sauvegarde de ses valeurs et s’opposer à tous ceux qui incitent à la violence ou à la discorde entre les membres du peuple tunisien et à troubler la sécurité publique ». La communauté juive en Tunisie compte 1.600 personnes (contre 100.000 en 1956) qui vivent pour la majorité à Djerba (sud). C’est l’une des plus importantes du monde arabe.
 

Tunisie : faut-il avoir peur des islamistes ?


 
Ils ont beau multiplier les déclarations rassurantes et jurer leur attachement à la démocratie, rien n’y fait : le retour sur la scène politique des islamistes d’Ennahdha inquiète les partisans d’une Tunisie libre et laïque. Conséquence directe de la révolution, la fin de la clandestinité pour toute une série de mouvements politiques interdits, au premier rang desquels les islamistes d’Ennahdha (« La Renaissance »), qui ont réservé un accueil triomphal, le 30 janvier, à leur chef de file, Rached Ghannouchi, exilé depuis plus de vingt ans au Royaume­-Uni. Massés à l’intérieur et aux abords de l’aéroport Tunis-Carthage, des milliers de sympathisants, venus de toute la Tunisie et issus de toutes les classes sociales, ont manifesté leur joie en scandant des slogans politiques et religieux. Femmes voilées, en hijab ou en niqab, et hommes barbus flanqués d’une calotte blanche ont entonné tour à tour l’hymne national et des chants sacrés, agitant au-dessus de la foule des étendards verts et des drapeaux tunisiens dans une ambiance survoltée. L’engouement suscité par le retour du leader d’Ennahdha a révélé la réalité et l’ampleur de la popularité du mouvement islamiste tunisien. « C’est un grand jour, je n’ai plus à cacher mes opinions ni à craindre de représailles. Fini la “démoncratie”, c’est la démocratie ! » s’enthousiasme Raouf, un commerçant, tandis qu’un groupe d’opposants revendique « une Tunisie libre et laïque ». Très entouré, Rached Ghannouchi, 70 ans, visiblement fatigué, a été peu loquace, se contentant de reprendre en quelques phrases les propos qu’il avait déjà tenus aux médias et qu’il réitérera ultérieurement lors d’une conférence de presse. « Notre rôle consiste à participer à la réalisation des objectifs de cette révolution : ancrer un système démocratique et la justice sociale, et lutter contre les discriminations. […] Je n’ai pas l’intention de me présenter à l’élection présidentielle. Il n’y aura aucun candidat membre d’Ennahdha. » En clair, les islamistes, dans un premier temps, entendent occuper la scène parlementaire et briguer des sièges aux municipales. Le mouvement se défend de vouloir entrer au gouvernement, mais s’il est représenté à l’Assemblée, ce qui est fort probable, il aura de fait un rôle politique.
30 000 militants
Aux élections de 1989, les 30 % d’intentions de vote en faveur des islamistes avaient alarmé le régime de Ben Ali, qui avait aussitôt décidé de neutraliser Ennahdha. D’abord par une répression féroce, ensuite par la mise en place de garde-fous comme le développement d’une classe moyenne consumériste et la séparation entre enseignement coranique et instruction civique. Cependant, au cours de la dernière décennie, un rapport ambigu avec le fait religieux s’est insidieusement établi. Tout en brandissant l’épouvantail intégriste sur la scène internationale, prétexte à toutes les brimades et atteintes aux libertés fondamentales, le pouvoir a parallèlement orchestré une lente islamisation de la société : radio religieuse, développement de la finance islamique, création de petites écoles coraniques (kottab) dans les quartiers. Les signes d’un regain de religiosité sont d’ailleurs patents, comme l’engouement grandissant pour les chaînes satellitaires arabes, la fréquentation assidue des mosquées et la nette extension du port du voile. En l’absence d’études quantifiant le phénomène islamiste, personne n’en connaît véritablement l’ampleur ni la nature. Opposant aux régimes de Bourguiba et de Ben Ali, Rached Ghannouchi, qui a longtemps incarné la ligne dure du mouvement, se dit aujourd’hui proche des islamo-conservateurs de l’AKP turc et affirme vouloir céder la direction du parti aux plus jeunes. Mais cela fait vingt ans qu’Ennahdha, qui a déposé sa demande de légalisation officielle, n’a plus ni structure, ni journal, ni local. Elle ne disposait que d’une chaîne satellitaire, Al-Hiwar, et d’un cercle de sympathisants. S’il est difficile d’évaluer son poids politique, nul doute qu’elle a développé ses réseaux en toute discrétion dans les zones rurales et les campus.« Nous représentons une force potentielle, affirme Hamadi Jebali, secrétaire général et porte-parole du mouvement. Nous n’avons plus de parti, plus de structure, mais les 30 000 cadres et militants victimes de la répression sont là. Nous sommes présents dans toutes les classes sociales comme une partie intégrante du peuple tunisien. » Jebali a multiplié les déclarations aux médias, esquivant les questions sur la place de la charia dans le programme d’Ennahdha tout en se montrant rassurant quant à la préservation des acquis des femmes, sans toutefois être explicite. « C’est par étapes que nous atteindrons nos objectifs, souligne-t-il, mais nous sommes d’abord les défenseurs de l’islam. » « Notre priorité n’est pas de gouverner le pays, précise Rached Ghannouchi. Notre priorité est de contribuer à l’avènement de la démocratie. Il est indispensable que toutes les sensibilités, sans exception ni exclusion, puissent apporter leur pierre à un processus qui doit nous permettre de construire un vrai système démocratique. » Mais l’homme de la rue demeure circonspect. « Je demande à voir, j’ai désormais du mal à faire confiance sur parole, tempère Farès, un jeune chômeur. Tout le monde n’a que le mot démocratie à la bouche sans en spécifier le contenu ! Que signifie l’islam politique ? Nous sommes musulmans, mais la religion est une affaire privée. »
Jeune garde
Le chef historique du mouvement, que les Tunisiens de moins de 30 ans ne connaissent pas, peut s’appuyer sur deux fidèles de toujours, Hamadi Jebali et Sadok Chourou, mais aussi sur la jeune garde, et notamment Ajmi ­Lourimi, ex-chef de l’Union générale tunisienne des étudiants (UGTE) à Tunis, qui apparaît comme une des figures clés du renouveau d’Ennahdha. Philosophe de formation, Lourimi planche sur la ligne politique du parti. « Nous ne représentons pas une menace, mais nous serons une force d’opposition, déclare-t-il. Nous sommes favorables à toutes les libertés démocratiques. Nous sommes le produit de la culture tunisienne, du système éducatif tunisien, nous sommes le prolongement du mouvement réformiste. »
Sur la question de la libération de la femme, Rached Ghannouchi affiche, dans son discours, une position claire. « Nous avons toujours dit que nous acceptions le code du statut personnel, ainsi que toutes les dispositions sur l’égalité homme-femme. Nous nous y sommes de nouveau engagés dans le cadre de la plateforme du Collectif du 18 octobre [accord signé en 2005 par plusieurs partis de l’opposition]. » Mais ces propos modérés de nature à rassurer les plus sceptiques sont contredits par certains slogans qui exigent l’instauration de la charia comme base du corpus juridique. Car si Ennahdha représente la mouvance islamique majoritaire, « il existe dans la jeunesse tunisienne des tendances islamistes radicales qui sont encore mal connues », note le politologue Vincent Geisser. Une observation confirmée par l’apparition de tendances marginales, telles que celle du Hazb at-Tahrir (« Parti de la libération ») – issu d’une scission au sein des Frères musulmans – et celle des salafistes.
Perplexité
Face au retour des islamistes sur le devant de la scène, de nombreux Tunisiens s’indignent. « Ils n’ont pas du tout participé à la révolution du peuple ! Ils veulent aujourd’hui la récupérer par la manipulation ! » Tandis que d’autres réclament la consolidation de la laïcité et refusent de se voir dépouillés des libertés chèrement acquises. Surtout, ils ne veulent pas avoir comme alternative Ennahdha ou une nouvelle mouture du RCD, d’autant qu’ils s’interrogent sur les rapports de Rached Ghannouchi avec Sakhr el-Materi, gendre du président déchu, les deux hommes s’étant rencontrés à Londres. Avec des partis de l’ancienne opposition qui peinent à se mobiliser, des islamistes qui prennent le train en marche, une région en pleine mutation géopolitique, les Tunisiens sont perplexes. Aussi accordent-ils la plus haute importance aux travaux de la nouvelle Commission supérieure pour la réforme politique présidée par Yadh Ben Achour. S’ils ne peuvent espérer une totale séparation du religieux et de l’État, ils souhaitent à tout le moins une interprétation moderne des textes fondateurs de l’islam, dans la droite ligne d’une tradition amorcée par Bourguiba.
 
 

Tunisie, Egypte : le pas de deux des Etats-Unis avec les islamistes


On avait dit les Américains dépassés par les « révolutions » qui ont renversé le président tunisien Ben Ali et le chef de l’Etat égyptien Moubarak, ce n’est finalement pas leur avis. James Clapper, directeur national du renseignement, a décerné la note B+ (une sorte de 15/20, donc bien) aux services secrets américains pour leur gestion de la crise égyptienne lors de la session annuelle de la commission du renseignement de la Chambre des représentants. Cette commission réunit l’ensemble des services, connus et moins connus : CIA, DIA, DNI, CTC, FBI, etc. Il est vrai que le contenu du premier communiqué officiel après le départ d’Hosni Moubarak a rappelé que l’armée se portait garante du respect du traité de paix égypto-israélien, ce qui était bien ce qu’il fallait préserver. Largement inféodée au pouvoir de Washington, l’armée égyptienne garde encore le contrôle du calendrier et des événements. On l’a vu avec la décision du président Hosni Moubarak, 82 ans, d’abandonner ses pouvoirs au conseil suprême des forces armées, présidé jusqu’à nouvel ordre par le maréchal Hussein Tantawi, 76 ans, ministre de la Défense et fidèle parmi les fidèles de l’ancien président. Moubarak parti, l’armée reste toujours au pouvoir. Dans un pays où même l’eau minérale est produite par les militaires, c’est bien le moins.
Il sera pourtant difficile pour le général Omar Souleyman, ancien chef des services secrets égyptiens, les fameux « Moukhabarat », d’incarner le changement. A 74 ans, le général aux fines moustaches et au regard d’aigle, nommé vice-président, est lui aussi un vieux monsieur usé, qui a subi ces dernières années pas moins de quatre alertes cardiaques. Il est vrai qu’on ne lui demande que de tenir six mois… Sans vouloir minimiser les impressionnantes manifestations de colère qui ont éclos un peu partout en Egypte ces trois dernières semaines, la véritable gérontocratie qui s’est incrustée dans toutes les strates du pouvoir n’est pas pour rien dans la chute de Moubarak.
Les Frères musulmans présentés comme des laïcs !
Tout n’est pas pour autant « sous contrôle » et les signaux envoyés par l’administration Obama n’en finissent pas de dérouter ses plus proches alliés, Israël et les monarchies pétrolières du Golfe en tête. L’appréhension – voire la peur – reste de mise dans les médias israéliens qui redoutent un lâchage en règle du grand frère américain. Relayant le discours catastrophé de ses dirigeants, la presse israélienne a commis quelques unes mémorables comme celle du quotidien Haaretz qui a titré : « Il faut sauver Moubarak ! » C’était trois jours avant qu’il ne parte…
Le toujours très écouté Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité nationale du président Carter, n’a pas versé bien longtemps de larmes sur le président Hosni Moubarak, qui a pourtant été pendant plus de trente ans le pivot de la politique américaine au Moyen-Orient et a servi fidèlement cinq présidents américains. Brzezinski, du haut de son expérience d’octogénaire et de sa maîtrise du Grand Echiquier (Hachette, 1997) qu’est la géopolitique mondiale, a été plus disert, en revanche, sur l’avenir de l’Egypte en tenant ces propos qui n’ont pas eu la publicité qu’ils méritaient : « L’armée est respectée et reçoit l’appui de la population. Il existe une sorte de classe moyenne. Et les Frères musulmans sont toujours sous contrôle. »
Tiens donc ? Zbigniew Brzezinski aurait-il perdu la boule ? Pas du tout. Le théoricien du « tittytainment » (technique consistant à bien maîtriser les conséquences des inéluctables colères des peuples pauvres nées de leurs frustrations…) sait exactement de quoi il parle. Le directeur national du renseignement américain, James Clapper, grand manitou ayant pouvoir sur tous les services de renseignement américains, qu’il a pour charge de coordonner, et rendant compte directement au président des Etats-Unis, a affirmé que la confrérie des Frères musulmans est « une organisation largement laïque » ! Qu’on l’exècre ou qu’on la révère, il y a bien une seule chose qu’on ne peut pas dire à propos de la confrérie, c’est son caractère « laïque ». A moins que…
En accompagnant les révolutions tunisienne et égyptienne de bout en bout, l’Amérique fait le pari de l’islam politique, au grand dam des dirigeants israéliens qui n’en peuvent mais. Il s’agit là d’un tournant capital dans la politique américaine au Moyen-Orient, esquissé en 2009 par le discours du Caire de Barack Obama, un discours prononcé à l’université Al-Azhar, « haut lieu de transmission du savoir dans le monde musulman », en réalité centre de formation de l’élite de l’islam sunnite à la modération toute relative : en janvier dernier, l’université Al-Azhar a gelé le dialogue qu’elle menait avec le Vatican en raison de propos du pape Benoît XVI qui n’avaient pas l’heur de lui plaire.
Des « révolutions » qui n’en sont pas totalement
Dans son discours du Caire, qu’il faut lire et relire, Barack Obama avait lancé : « Je suis venu ici au Caire en quête d’un nouveau départ pour les Etats-Unis et les musulmans du monde entier, un départ fondé sur l’intérêt mutuel et le respect mutuel, et reposant sur la proposition vraie que l’Amérique et l’islam ne s’excluent pas et qu’ils n’ont pas lieu de se faire concurrence. Bien au contraire, l’Amérique et l’islam se recoupent et se nourrissent de principes communs, à savoir la justice et le progrès, la tolérance et la dignité de chaque être humain. » Il avait ajouté : « Nous devons consentir un effort soutenu afin de nous mettre à l’écoute et d’apprendre les uns des autres ; de nous respecter mutuellement et de rechercher un terrain d’entente. Comme le dit le Saint Coran : “Crains Dieu et dis toujours la vérité.“ » Les applaudissements avaient été nourris.
Ils le furent plus encore quand le président des Etats-Unis, assurant qu’il ne se résoudrait jamais au « choc des civilisations », affirma sa « conviction que le partenariat entre l’Amérique et l’islam doit se fonder […]
 

Interdit de publication sous Ben Ali, « Tunisie, Etat, économie et société »*

Le livre « explosif » de Mahmoud Ben Romdhane sur l’état autoritaire en Tunisie


Par Badreddine Ben Henda
Il paraît, d’après ses éditeurs, que le dernier ouvrage de Mahmoud Ben Romdhane, « Tunisie : Etat, économie et société », fut l’objet d’une interdiction de publication sous Ben Ali. A la lecture du livre, nous avons compris dès son introduction les raisons de cette censure. En effet, l’une des questions essentielles auxquelles l’auteur tente d’apporter réponse est de savoir pourquoi la Tunisie continue de vivre sous le régime autoritaire, plus d’un demi-siècle après son indépendance.   Mahmoud Ben Romdhane s’interroge également sur l’origine des richesses tunisiennes et si les revenus de ces richesses sont répartis avec équité entre l’ensemble de la population ou seulement entre une minorité de privilégiés.
Pourquoi encore le régime autoritaire ?
Dans la première partie consacrée à la compréhension de la permanence du régime autoritaire depuis l’ère bourguibienne jusqu’à la fin du règne de Ben Ali, l’ouvrage passe d’abord en revue et critique les thèses susceptibles de justifier l’autoritarisme qui a prévalu durant toute cette période de l’histoire de la Tunisie. Il s’agit pour l’auteur de dévoiler la nature et la réalité du pouvoir, l’effectivité de ses ressources politiques, d’identifier les forces qui l’animent et les mobiles de celles-ci. Examinant dans un premier temps les thèses à portée générale qui pourraient justifier l’autoritarisme tunisien, en particulier celle qui soutient que c’est un facteur de développement économique et social et de modernisation et celle qui met en avant l’imperméabilité des sociétés arabo-musulmanes à la démocratie, Mahmoud Ben Romdhane bat en brèche les deux postulats et démontre que la Tunisie était et est « mûre » pour une transition démocratique. Il prouve ensuite la faiblesse sinon le non-fondé de l’argument selon lequel la majorité des Tunisiens avaient fini par s’accommoder du pouvoir autoritaire, par l’accepter et même par le désirer. Dans le troisième chapitre du livre, l’auteur revient plutôt sur les conditions historiques et politiques qui ont entravé l’évolution du pays vers la démocratie : entre autres les tendances autoritaires du Néo-Destour, la mise en place et le renforcement de l’Etat-Parti unique aussi bien sous Bourguiba que sous Ben Ali, l’argument sécuritaire pour soi-disant combattre l’avancée des Islamistes,  la répression policière, la domestication des institutions de la société, les appareils coercitifs omnipotents, la création d’une nouvelle classe de profiteurs déterminée à empêcher toute velléité démocratique et égalitaire afin de bénéficier, dans l’impunité totale, de ses privilèges multiples.
Processus bancal de la croissance
La deuxième partie de l’ouvrage se penche sur les politiques économiques suivies en Tunisie, sur la croissance du pays et les différents obstacles auxquels elle s’est heurtée depuis l’indépendance jusqu’à nos jours. Tout en reconnaissant les acquis réalisés tant à l’époque de Bourguiba que sous Ben Ali, Mahmoud Ben Romdhane souligne également les échecs essuyés par les politiques économiques des deux règnes. En évaluant l’ère libérale, il retient surtout que durant le dernier quart de siècle et en dépit d’une croissance apparente, le taux de chômage est resté très élevé et qu’une nouvelle catégorie de sans emploi était née parmi les diplômés du Supérieur. Nos exportations sont restées pour l’essentiel confinées dans des secteurs en déclin et de bout de chaîne. De plus, l’investissement s’est ralenti depuis le milieu des années 1990 en raison surtout, affirme l’auteur, de l’affaiblissement de l’état de confiance, de la diffusion de pratiques économiques illicites, du traitement spécial réservé à des « individus bien connectés ». L’érosion du capital humain dans les écoles et les universités et la baisse manifeste du niveau de la formation des élèves et des étudiants ont parachevé l’ébranlement du processus de croissance.
Un régime sourd aux inquiétudes et aux préoccupations du peuple
Dans la dernière partie de l’ouvrage, intitulée « Les politiques sociales : une perspective politique », Mahmoud Ben Romdhane tente d’expliquer l’importance de transferts des revenus, leur évolution et leur contenu l’histoire depuis l’indépendance de notre pays. Il dégage pour cela quatre grandes phases correspondant à des politiques économiques et sociales distinctes. Cependant, il étudie distinctement les politiques sociales adoptées de 1987 à nos jours pour remarquer que durant l’ère Ben Ali, les progrès sont plutôt faibles et parfois inexistants, que ce soit au niveau de la santé publique, la couverture sociale ou la résorption de la pauvreté. Durant ces années-là, l’exclusion sociale et régionale a été érigée en système et les revenus sont de plus en plus mal répartis. Mahmoud Ben Romdhane dénonce par ailleurs l’aspect clientéliste de l’assistance sociale, clientélisme qui s’est renforcé sous Ben Ali au point de devenir le pivot du système de l’Etat-Parti. L’auteur termine en constatant que l’ordre autoritaire et sécuritaire imposé par le régime était trop sûr de lui, suffisant et indifférent aux inquiétudes et aux préoccupations des gens. « L’ordre-contrôle, ajoute-t-il, qui se maintient pendant trop longtemps ne génère pas seulement l’inefficience ; parce que détaché de la société, sourd aux angoisses des gens, accumulant et aggravant, des problèmes d’une extrême importance. La vitesse quasi astronomique du chômage des diplômés continuera inexorablement d’augmenter au cours des quatre ou cinq prochaines années, jetant des dizaines de milliers de jeunes chaque année dans le désespoir, est l’illustration de ce phénomène. Education, santé, emploi, éradication de la pauvreté, qu’est-ce que, autrement, le développement social ?» L’auteur
Puissent donc notre gouvernement provisoire et tous nos prochains gouvernements de l’après-révolution retenir la leçon de ce livre très instructif et très courageux, écrit –rappelons-le, avant la chute de Ben Ali. Son auteur, Mahmoud Ben Romdhane, est professeur des Universités en économie ; il a dirigé ou participé à une quinzaine d’ouvrages et publié des dizaines d’articles sur la Tunisie, l’Afrique, le monde arabe et l’Euro méditerranée. Il est également consultant, notamment auprès des institutions internationales du système des Nations Unies. M. Ben Romdhane est un acteur de la société civile et de l’opposition démocratique en Tunisie et défenseur des droits humains : il fut Président de la Section tunisienne, membre puis Président du Comité Exécutif d’Amnesty International.  
Source: “Le Temps”  Le 15-02-2011 Lien:http://www.letemps.com.tn/article-52988.html

Zarzis, le port de l’exil


Environ 5000 Tunisiens ont débarqué ces derniers jours sur l’île italienne de Lampedusa, au large de la Sicile. La plupart sont partis de cette petite cité portuaire tunisienne où s’organise le trafic de clandestins. Trois cents soldats y ont été déployés pour tenter d’enrayer l’exode. 14.02.2011 | Giuseppe Sarcina | Corriere della Sera Le pêcheur – que nous appellerons Farhat, un prénom qu’il partage avec des milliers de concitoyens – se cache depuis trois jours dans une petite remise à Zarzis. Depuis jeudi dernier, Farhat a 20 morts sur la conscience. Après une vie passée à hisser seiches, calamars et poulpes à bord de son bateau, il a cédé à la tentation de devenir riche en une nuit. Une seule « cargaison » de quelques dizaines de candidats à l’exil désespérés, peut lui rapporter 30 000 euros, l’équivalent de quatre à cinq années de travail avec des filets de pêche. Le 13 février au soir, un fort mistral gonflait les parasols solitaires sur les plages et mettait en désordre les tenues d’environ 300 soldats déployés par le gouvernement “révolutionnaire” (et provisoire de Tunis) pour rendre la brèche moins voyante. D’ici, depuis une étendue d’eau miroitante, large de quelques kilomètres qui sépare le port de la zone des grands hôtels, ces derniers jours, au moins 3 000 (mais d’aucuns avancent même le chiffre de 5 000) hommes, femmes, dont de nombreux célibataires, mais aussi de jeunes enfants, auraient pris la mer. Tous n’ont pas vu l’aube se lever sur les côtes italiennes. Samedi dernier, les vedettes tunisiennes ont éperonné une barge avec à bord 120 immigrés, à quelque miles des eaux italiennes. L’embarcation s’est cassée : 25 occupants ont été sauvés, 7 personnes sont mortes. Tous les autres passagers ont été portés disparus. Maintenant, sur le petit promontoire, seule brille la tour d’une petite raffinerie, propriété de l’entreprise d’Etat Sitep. La nuit du désert semble encore plus froide, avec les soldats en ordre de combat, les gardes armés de bâtons, les chevaux-de-frise protégeant le siège du gouvernement local et la place centrale. Zarzis est une petite ville de 500 000 habitants, l’âme de la Tunisie méridionale, appuyée contre un promontoire juste au-dessous des plages légendaires de Djerba, et située à 75 kilomètres de la Libye. La qualité de l’huile produite localement, au goût dense et robuste, et la saveur de la Besissa, une variante hyper-protéinée du couscous national, font l’orgueil de la région. Parce que ici aussi, depuis toujours, le sud aime se présenter sous le signe de la chaleur, de l‘énergie, en opposition avec le nord calculateur, méfiant et un peu snob de Tunis ou de Hammamet. Mais quelques temps Zarzis la lumineuse est devenue la zone la plus sombre de la nouvelle ère tunisienne. Le long des rues bordées de maisons blanches et basses, au moins 10 autres “Farhat” ont rangé lignes et appâts pour partir à la « pêche » aux pélerins qui affluent de toute la Tunisie. Ils arrivent de villages ruraux ou de petites villes, foyers actifs de la révolte qui a renversé le président Ben Ali (désormais qualifié de tyran) il y a quelques semaines à peine. Ils sont journaliers payés 80 euros par mois ; trentenaires diplômés qui n’ont pas travaillé plus de six mois au cours des dix dernières années (le taux de chômage officiel atteint 25 %) ; coiffeurs qui n’ont jamais effectué de mise en plis ; ouvriers, petits employés, artisans, manutentionnaires, etc. Autant de victimes collatérales de la ruine d’un système économique fondamentalement criminel, verrouillé par la famille Trabelsi, le clan affariste et parasite à la solde de Leila, la deuxième femme de Ben Ali. Ce fleuve humain charrie de vieilles colères auxquelles se mélangent les désillusions plus récentes (et peut-être trop hâtives) d’une révolution qui a nécessairement besoin de temps pour s’installer. Ce n’est pas une seule génération, mais une frange entière du peuple qui cherche chaque jour à fuir par les ports tunisiens éparpillés dans le Golfe de Gabès : Nagra, Manrès, Skhira, Midoun, et surtout Zarzis. Il est sans doute encore tôt pour comparer la Tunisie d’aujourd’hui à l’Albanie de 1991 [après la chute du communisme, plusieurs dizaines de milliers d’Albanais ont débarqué sur les côtes italiennes, côté Adriatique, à bord de boat people]. Difficile de savoir si la métamorphose de quelques pêcheurs de Zarzis donne le signal d’un écroulement général, capable d’ensevelir le pays aux cris d’ « enfin libres ! ». Pour le moment les militaires patrouillent sur les quais, les enquêteurs cherchent à reconstituer les mouvements des trafiquants, et le gouvernement de Tunis juge « inacceptable » le déploiement de policiers italiens sur le territoire national. Le monde politique et la presse, à nouveau libres, s’efforcent de tuer dans l’oeuf le modèle clandestin de Zarzis. Un bateau de 10 mètres s’achète 15 000 euros, mais peut transporter de 40 à 50 passagers. Une traversée vers l’Italie coûte 1500 euros par passager. Bénéfice total : entre 60 000 et 75 000 euros. Même si le bateau est séquestré, le retour sur « investissement » a de quoi faire rêver le plus accompli des traders de Wall Street. Et les propriétaires de simples coques de noix peuvent eux aussi avoir leur part. Pour rejoindre les grandes embarcations, qui ne peuvent pas s’approcher de la plage, des dizaines voire des centaines de barques artisanales se déploient sur la mer. Celui qui ramène cinq « clients » jusqu’au rafiot amarré au large reçoit 100 euros. Et les “Farhat” savent récompenser les plus assidus d’entre eux : ils auront l’honneur de donner l’ultime coup de pied à la barque avant de sauter à bord de ce morceau de Tunisie qui part à la dérive.        Pour le moment les militaires patrouillent sur les quais, les enquêteurs cherchent à reconstituer les mouvements des trafiquants, et le gouvernement de Tunis juge « inacceptable » le déploiement de policiers italiens sur le territoire national. Le monde politique et la presse, à nouveau libres, s’efforcent de tuer dans l’oeuf le modèle clandestin de Zarzis. Un bateau de 10 mètres s’achète 15 000 euros, mais peut transporter de 40 à 50 passagers. Une traversée vers l’Italie coûte 1500 euros par passager. Bénéfice total : entre 60 000 et 75 000 euros. Même si le bateau est séquestré, le retour sur « investissement » a de quoi faire rêver le plus accompli des traders de Wall Street. Et les propriétaires de simples coques de noix peuvent eux aussi avoir leur part. Pour rejoindre les grandes embarcations, qui ne peuvent pas s’approcher de la plage, des dizaines voire des centaines de barques artisanales se déploient sur la mer. Celui qui ramène cinq « clients » jusqu’au rafiot amarré au large reçoit 100 euros. Et les “Farhat” savent récompenser les plus assidus d’entre eux : ils auront l’honneur de donner l’ultime coup de pied à la barque avant de sauter à bord de ce morceau de Tunisie qui part à la dérive. http://www.courrierinternational.com/article/2011/02/14/zarzis-le-port-de-l-exil  


                                                                        

« Bon anniversaire Chichi »


« Il nage dans le costume de premier vizir », estime Taoufik Ben Brik à propos du Premier ministre Tunisien Mohamed Ganouchi, dont il dresse un portrait critique. Taoufik Ben Brik (AFP)
Président le temps d’un embarquement et d’un débarquement d’un tyran, et Premier ministre entre deux mi-temps. La révolution fût pour qu’il soit balayé comme une ordure. Comme tous les excréments du Zabatisme. Mais, il s’agrippe comme un poux parmi les poux. Ganou-Chichi est la façade, la faccia de la garde blanche, cette vermine qui ne veut pas se saborder.
En  pourchassant Chichi jusqu’aux confins du désert, c’est le pouvoir qui se terre dans l’ombre qu’on cherche à dératiser. Qui tire les ficelles de ce Karakouz ? L’armée ? La police ?  Le RCD ? La classe affairiste ? Les boîtes de renseignements américaines et françaises ? L’argent libyen et algérien ? Tout ça et plus. Le plus, c’est la compromission de la classe politique (Opposition comprise), cette classe moyenne de l’humanité. Hédi Baccouche, l’artisan du Zabatisme, Kamel Morjene, l’homme des Amériques, les Karoui, franc-maçons d’antan, tous ces sahéliens, ces orphelins du zabatisme et du bourguibisme, veulent que le pouvoir reste ancré à jamais dans leur région, entonnoir des commis serviles. Mr.Chichi, le premier ministre, était quelqu’un dont la mine rébarbative ne s’éclairait jamais d’un sourire. Froid, rare et gêné dans la conversation, réservé dans le sentiment, maigre et petit, triste et terne, et pourtant antipathique, on ne sait trop pourquoi. Ceux qui l’ont côtoyé disent qu’ « il ne dit rien sur son existence. Pourquoi, il est là ? « .
La révolution n’a-t-elle pas été faite contre lui et ses comparses ? Khobz wa ma wa ghanouchi lé, pain et eau et non à Ganouchi. Hélène Flautre, cette égérie européenne, n’est pas allée de main morte, en le confondant : « De deux choses l’une : soit vous étiez aveugle et impuissant du temps de Ben Ali et vous n’êtes pas l’homme de la transition, soit vous n’étiez ni aveugle ni impuissant et vous n’êtes pas l’homme de la situation. Donc, pourquoi vous êtes ici ? Quelle est votre position ? « .
Chichi, livide, essuie le camouflet : « C’est plus compliqué que cela ! C’est pour empêcher que des choses encore pire se fassent ». Ça crève les yeux : l’homme, n’est ni un politique, ni un expert. Il me rappelle l’imposteur du film Kagemucha d’Akira Kurosawa qui répond au pif : « La montagne ne bouge ». Une naissance non voulue
Je me penche sur mon maigre butin de la nuit. Ce n’était pas varié : des coupures de presse, une bio express, un encart à Wikipedia, des entrefilets qui décrivent sur 70 ans la carrière plate du Premier ministre Chichi, qui porte en son nom le mot gâchis. Sa naissance en 1941 à Sousse, naissance non voulue par une mère déjà accablée par d’autres choses de la vie. Ses états de service comme commis servile dans l’administration, puis la chance d’avoir été au bon moment du côté de ZABA qui le nomme ministre desflous. Homme sans visage, sans parole, petit, toujours anonyme, sans histoire, presque sans filiation. C’est juste le Pinocchio qu’il faut pour le Gepetto maghrébin. ZABA, le zèbre, le voulait à l’image de ses cents et un ministres, ces dalmatiens asexués (tarres), ni mâles, ni femelles, des créatures faibles et débiles. Des avortons d’une race de bestioles pitoyables. Des faces aveugles. Absents. Des gâteux qui font dans leurs pantalons. Que du vide. Pas de cœur pour pomper, pas de veine, pas de cervelle. Ils puent le cadavre.
Chichi a fait de même avec son gouvernement intérimaire : Chebbi, Jallali, Baccouche et autres Chaouch…tous des vizirs bien jolis-jolis, proprets et qui sentent le bonbon. A peine ont-ils un nom. Ils ne se fâchent pas. Ils le suivent comme des oies. Des Dracula qui viennent de ressusciter. La moyenne d’âge est de quatre-vingt ans. Tous ont une prothèse, au cœur, dans les hanches, sur la bouche. La morgue est juste à côté. Un gouvernement qui dit toujours : « présent ». Personne ne boit, ni ne fume, ni ne chie. Qui rit, qui lit et qui écrit ? Qui fait le pitre ? On ne copule plus, on n’engendre plus. Viagra ou pas. Pleurer ? Se moucher ou Peter ? Se masturber ? Roter ? Que des moutons modèles et des temps modernes. Une Houkouma d’Ouled Ahmed, le poète du vin et de l’amour :
Heureux de notre sort Heureux de nos gouvernants Ils ravalent les paroles de la gorge Pour qu’ils s’en étranglent… Heureux d’un siècle qui luit Et de l’autre qui s’éclipse Me voilà avec mes deux cornes de cocu. Chichi et ses chaouchs Chichi est un majordome très british qui se préoccupe comme il se doit de la bonne marche du chalet. Sous ses ordres, une cohorte de valets. Des domestiques dans leur esprit, dans leur comportement, dans leur réputation. Lorsque Ounaies, ministre des Affaires Etrangères fait des courbettes à son vis-à-vis français, on se demande où est-ce que Chichi nous a dégoté ce repris de la mort et de la honte. Au fait, la démission de ce ministre anachronique, qui ne peut en aucun cas être l’ambassadeur d’une jeune révolution fière et orgueilleuse, est le seul acte valable de ce gouvernement qui ne gouvernera guère. Ounaies a été à l’écoute de la rue qui demande sans cesse à ce gouvernement : D E G A G E. Néjib Chebbi, ministre du Développement et des Régions avoue avoir la trouille d’aller à la rencontre des gens de l’intérieur. « Je ne me sens pas en sécurité », pleurniche t-il. Rajhi, le tout nouveau régent de la Dakhilia( ministère de l’intérieur), se la joue jovial et décontracté et lance une campagne de popularité sur Facebook pour nous faire oublier son faux premier pas de gorille à la Kasbah. Canarder, matraquer et gazer les manifestants est un détail peu important à ses beaux yeux. Taieb Jallali, le ministre des fellahs, se plaint du manque de tact et de civilité des petites gens qui ne comprennent pas son désarroi face à la gabegie. Il veut travailler dans l’ordre, la volupté et le calme. Il oublie qu’on est au temps de la Révolution. Je crois qu’il doit regretter le temps de ZABA où il était député et où il ne foutait rien. Que dire des trois barbiers de Chichille ! Taoufik Bouderbala, président du comité presque des martyrs, est cette manche de balai qui n’a jamais servi à rien depuis qu’il était président de la Ligue des Droits de l’Homme. Il reste célèbre pour sa boutade : « Si vous êtes démocrate, taisez-vous ». Abdelfattah Amor, ce faux monnayeur que j’aime, ce partisan du RCD, cet universitaire quelconque, ce membre du conseil constitutionnel et autres blablabla dit comprendre « ceux qui ne veulent pas collaborer avec lui ». Paroles de collabo. Reste messires Iyadh Ben Achour, le très honorable fils du cheikh Tahar Ben Achour et le frère ainée de Sana Ben Achour. Lui, il me fait marrer, lorsqu’il dit qu’il est respectable. Hum…Qu’est-ce qu’on a à foutre de son intégrité. La rue ne veut pas de lui. Un bourge ne peut en aucun cas parler au nom de la révolution des enfants de la balle. Chez les Chichi       Chichi est un trésor en or. Un premier ministre inégalé qui applaudit et dort. Une langue-de-chat trempée dans un bol de lait. Un premier ministre contre- façon qui nous aime à sa façon. Un premier ministre de oum Traki Nas mleh, bon enfant et con. Il est pareil à une vieille horloge qui n’indique plus l’heure, mais qui ne s’arrête pas non plus. Une horloge aux aiguilles faussées, aux cadrans aveugles, dont la sonnerie rouillée reste silencieuse, une vieille horloge continuant d’émettre son tic-tac et à coucouler sans que cela ne veuille rien dire. Il est de ceux qui s’abaissent toujours, flattent toujours, se trahissent toujours. Il est de ceux qui ne jalousent jamais un sort meilleur, pour se raccrocher au koursi, la chaise, le poste. Il a le look du métier : un moulage peint. Impassible, avec un sourire découpé dans de la cire rouge, un front lisse d’oisillon et des yeux de lapin qui s’auto-flagellent : « Cessez d’être indigne ». Il est effacé. Il ne remplit pas sa place. Il nage dans le costume de premier vizir. Livide, servile, rien ne peut le toucher, il n’y a pas d’insulte qui peut le faire sortir de ses gants ou le mettre en rogne. Ses reculs ne le font pas perdre. Vos avancées ne l’inquiètent pas. A-t-il une vie privée ? Des enfants ? Une maison ? Se saoule t-il la gueule ? Bat-il sa femme ? Arnaque t-il l’épicier du coin ? Caresse t-il la petite bonne de Kasserine ? Ses petits enfants, le moquent-ils ? J’aimerais bien entrer chez lui, dans sa grande villa sis Menzah V, villa hétéroclite cachée derrière d’horribles murs de cimetière. Ceux qui ont fait la visite m’en parlent : on entre chez les Chichi, par un grand portail en bois vert, comme chez nous dans les douars qui donnent sur le garage. Une grosse Mercédès six portes, puis un espace vaste avec des rideaux multicolores de préfecture et une bibliothèque pleine de livres peu respectés. On monte vers les lieux familiers par un escalier étroit. Là, la porte s’ouvre sur la cuisine, la cuisine s’ouvre sur le salon, le salon sur la terrasse, la terrasse sur une chambre et la chambre sur le couloir et le couloir sur la cuisine. Des fauteuils de brocante qui, une heure après les avoir essayé, te donnent des gaz. La famille est bizarre. L’homme porte un pantalon mauve et des chaussettes bon marché de tabal. Il est peu bavard. La femme est muette. Elle se cache de je ne sais quel regard. Serait-elle laide ? Lui, un mélange de Tijani Abid, ce secrétaire général félon  de la centrale syndicale du temps de l’embastillement de Habib Achour et d’un mouchard de mon quartier dont j’ai oublié le nom. Mais, il a aussi cet air d’un chinois qui roule les ’l’ au lieu des ‘r’. Que dire de plus pour que la vie de ce mortel vaille la peine d’être vécue ? Il a subi un effaçage chirurgical des rides, un pansage de la peau, une injection d’extrait de fœtus humain. Mais, on ne peut rien contre le vieillissement des os, la désagrégation des cartilages, la transmutation du sang en eau et le squelette qui commence à se contracter sous son enveloppe de chair. Une peau ridée, un crâne chauve et recouvert de tâches brunes semblables à des tâches de nicotine. Le cou ridée, la peau squameuse, le dos large et courbée comme les parois d’un vase. La poitrine étroite.  Les jambes chétives. Ses deux genoux fléchissent. Il commence à souffler. Il reste au milieu du chemin. Il est tenu à la vie par le fil  de la convoitise. Il se nourrit  de sa propre nullité, médiocrité. Ni pain, ni vin. Au creux de sa main, sa main tremblotante, le pouvoir s’effrite et fuit. Il a pour seul horizon le zéro. Faut-il encore tenir courbée sur scène face au Rhinocéros ? Rien qu’à l’odeur des aisselles des jeunes de Kasserine, de Tala ou de Sidi Bouzid, il risque de tomber dans les pommes. Il sent le départ.  Mais, le bougre rechigne à s’éliminer. Comment contenir cette rue qu’il ne peut gouverner ? Comment acheter la façon de vivre d’un homme libre ? Combien payer pour ce qu’est un homme ? Ça coûte combien de ne pas laisser un homme se balader à sa guise ? Pour Chichi : pas question d’avoir le droit d’être des hommes. Surtout  lorsque ces hommes le somment de dégager. Ne sait-il pas qu’il est bien tard et que dans sa nuit le soleil ne brille plus. Et dans cette Tunisie peuplée d’étoiles il n’y a plus de place pour lui. Pour un sixième doigt qui pousse comme une menace rachitique. Mais, ce n’est pas terrible, cher Chichi. Tout passera. Les souffrances, les tourments, le sang, la faim et la peste. Le glaive disparaitra et seules les étoiles demeureront, quand il n’y aura plus de  trace sur la terre de nos corps et de nos efforts. Il n’est personne au monde qui ne sache cela. C’est la leçon de Tunis, janvier 2011… Tunis le sait et se tait : c’est terrible. Taoufik Ben Brik
 Le Nouvel Observateur  

Tunisie: les parents de MAM ont racheté les parts d’une société d’Aziz Miled


Les parents de Michèle Alliot-Marie ont racheté le 30 décembre, en plein voyage controversé de la ministre des Affaires étrangères en Tunisie, des parts appartenant à l’homme d’affaires Aziz Miled dans une société, a révélé mardi l’hebdomadaire Le Canard enchaîné.
Selon le journal, Bernard Marie et son épouse étaient déjà associés minoritaires (avec environ 13% du capital) dans la société civile immobilière (SCI) Ikram dont étaient propriétaires Aziz Miled et son fils Karim. Selon Le Canard enchaîné, les Miled ont vendu, le 30 décembre, à l’hôtel Sentido Beach à Tabarka, toutes leurs parts de cette SCI à Bernard et Renée Marie, qui sont âgés de 94 et de 92 ans, en présence d’employés de la commune de Tabarka. La ministre était alors présente dans l’hôtel, selon le journal.
« Les éventuelles transactions de ses parents ne concernent en rien Michèle Alliot-Marie et elle n’a pas à les commenter », a déclaré à l’AFP son conseiller de communication, Guillaume Didier. Selon le journal, qui est à l’origine des précédentes révélations sur les vols de la ministre et de sa famille à bord de l’avion privé de M. Miled, le montant exact de la transaction des époux Marie n’est pas connu. L’acte reçu par ceux-ci ne mentionne, selon les usages locaux, que la valeur nominale des parts, soit 755.000 dinars, environ 325.000 euros, relève l’hebdomadaire.
C’était une transaction, selon le journal, appelée à rester secrète mais qui était « forcément préparée de longue date », car il fallait l’accord du gouverneur du secteur, lui-même sous tutelle du ministère de l’Intérieur. Michèle Alliot-Marie a dû faire face à des appels à sa démission pour avoir utilisé par deux fois, durant ses vacances de Noël en Tunisie, l’avion de son ami tunisien Aziz Miled, présenté comme un proche du beau-frère du président déchu, alors que la révolution de jasmin avait débuté.
Le président Nicolas Sarkozy avait pris la défense de sa ministre, affirmant que « pas un centime d’argent public n’a été détourné », mais reconnu que « ce n’était pas la meilleure idée que d’aller en Tunisie » à cette période.
 

Après la polémique MAM, la polémique sur les parents de MAM ?


Les parents de Michèle Alliot-Marie ont acheté les parts d’une société civile immobilière à l’homme d’affaires Aziz Miled pendant les vacances tunisiennes de leur fille, écrit Le Canard enchaîné. L’entourage de MAM précise que « cela concerne ses parents exclusivement ». Pendant que MAM était en vacances en Tunisie, ses parents ont acheté les parts d’une société civile immobilière à l’homme d’affaires Aziz Miled écrit Le Canard enchaîné. Pour l’hebdomadaire satirique, à paraître mercredi, la famille Alliot-Marie faisait ainsi « des affaires » avec un proche de l’ex-président Ben Ali « en pleine révolution tunisienne ». L’entourage de la ministre des Affaires étrangères a répondu que cette éventuelle transaction « ne concerne en rien Michèle Alliot-Marie. » « Cela concerne ses parents exclusivement », a-t-on dit. Mise en cause pour ses vacances tunisiennes, trois semaines avant la chute du régime, Michèle Alliot-Marie avait elle-même indiqué avoir voyagé avec ses parents, âgés de 92 et 94 ans, lors de la trêve de fin d’année. Elle a également reconnu avoir pris place à deux reprises à bord d’un jet privé d’Aziz Miled pour se rendre dans une station balnéaire et faire une excursion avec sa famille. Elle a cependant affirmé que l’homme d’affaires tunisien n’était pas proche du clan Ben Ali mais « une victime » de l’entourage de l’ancien président, qui aurait capté des parts de certaines de ses sociétés.   Fillon le « récidiviste »   Selon le Canard enchaîné, les parents de Michèle Alliot-Marie ont profité du séjour de la ministre pour racheter la totalité des parts d’une société civile immobilière appartenant à Aziz Miled et dans laquelle ils possédaient déjà 13%. Compte tenu des procédures en vigueur en Tunisie, cette opération immobilière a été « forcément préparée de longue date », avance l’hebdomadaire. Le montant exact de la transaction inscrite dans le registre municipal de Tabarka et dont il publie des extraits n’est pas connu, car seule la valeur nominale des parts y figure, ajoute-t-il. Celle-ci se monte à 755.000 dinars, soit 325.000 euros, mais la somme réellement payée peut-être supérieure, écrit-il. Le Premier ministre, François Fillon, avait réaffirmé le 8 février son soutien à Michèle Alliot-Marie avant de révéler lui-même avoir séjourné en Egypte aux frais des autorités lors de son séjour de fin d’année dans ce pays. Selon le Canard enchaîné, François Fillon est un « récidiviste » car il avait déjà effectué un séjour privé  prolongeant une visite officielle – avec sa famille en Egypte, aux frais du gouvernement, en 2008. Depuis la répétition de polémiques liées aux invitations par des autorités étrangères, le président Nicolas Sarkozy a demandé à ses ministres de privilégier désormais la France pour passer leurs vacances. Tout voyage à l’invitation d’autorités étrangères devra obtenir l’aval de l’Elysée.
 
 

MONSIEUR VEDRINE SE TROMPE


L’ancien ministre français des affaires étrangères  Hubert VEDRINE se trompe en déclarant que le régime du président tunisien déchu n’a connu de dérive policière que durant la dernière décennie.  Il loue au pouvoir déchu d’avoir jugulé l’islamisme et assuré la prospérité du pays. Le régime porte en lui-même dés le début le virus du totalitarisme. Au moment de signer la fameuse charte nationale   en 1988  «  almithaq alwatani » le président en fuite a demandé de rayer le passage imposant l’alternative politique. D’autre part les conseillers de Ben Ali ont averti les négociateurs de Nahdha en 1988 qu’on n’impose pas au président. A eux de proposer et au président de décider : c’est la règle de  la négociation. Les élections de 1989 ont avorté l’espoir soulevé par la déclaration du coup de 7 novembre.  La suite  c’est une répression implacable pour « juguler », selon Vedrine,  l’islamisme. A cette époque  Hubert Vedrine était conseiller diplomatique du président Mettirand puis secrétaire général de l’Elysée. Il était bien placé pour savoir la réalité politique tunisienne. Les crédits financiers européen et américain ont  permis à l’économie tunisienne de réaliser un taux de croissance à la « chinoise ». Car avec l’Algérie en crise et l’instabilité au moyen orient ( l’Irak et la Palestine) les occidentaux cherchent à sécuriser leurs alliés. Possédant des compétences économiques et financières, le pays a été géré correctement avant la main mise du clan mafieux sur tout ce qui est fiable en Tunisie. L’économie tunisienne est essentiellement une économie de services tournée vers l’extérieur. La libéralisation des échanges avec l’Europe a fragilisée les équilibres macroéconomiques et a mis à nu la corruption qui gangrène les rouages de l’Etat. Un régime policier, une presse muselée et  une corruption à tous  les étages, l’immolation du jeune de Sidi Bouzid était la goutte de trop. C’est une révolte sociale avec un fond  politique. C’est une révolte pour la dignité «  alkarama » D’habitude Monsieur Vedrine est loué pour sa sagesse et la pertinence de ses analyses !.
Ahmed BEN AMOR      Paris le 15/02/2011     
 

La révolution tunisienne et l’entreprise

Par Slim Ben Ammar
La révolution tunisienne est la plus noble qui soit, sans leader, sans manipulation politique, sans coloration religieuse ou idéologique. Une révolution endogène porteuse d’un message spontané d’une telle intensité qu’il a cristallisé les tunisiens de tout bord.  C’est au nom de ces valeurs transcendantes de liberté, de dignité et de citoyenneté que des millions de tunisiens ont collectivement exprimé leur ferme volonté qui a infléchi de manière irréversible le cours du temps.   Un tournant historique à préserver Aujourd’hui, il est crucial de veiller à ce que le combat qui a été mené contre la tyrannie ne puisse  donner naissance à de nouvelles formes de dictature. Or, il est triste de constater que cette révolution dont la première étincelle fut le droit au travail soit précisément en train de détruire tous les jours des centaines d’emplois. L’entreprise en est la première victime, victime de cette inconscience et de cette irresponsabilité qui animent ces milliers de personnes et ces syndicats qui revendiquent tout, ici et maintenant, comme si la liberté et la démocratie allaient leur être subitement confisquées. Ce qui est d’autant plus grave et qui ressort de certains agissements, c’est la piètre image dont jouit, dans l’inconscient collectif, l’entreprise et par conséquent l’entrepreneur.  Cette entreprise qui a pu exister et réussir sous un régime corrompu et voleur devient-elle aujourd’hui fatalement suspecte, siège de tous les maux ? Il est vrai que cela devrait interpeller certaines entreprises sur leurs pratiques, mais en même temps, n’oublions pas que la plupart d’entre elles ont été les premiers souffre-douleur de ce régime immoral et pervers. S’attaquer aujourd’hui à l’entreprise ou la mettre au banc des accusés c’est oublier qu’elle est le moteur du progrès social, une instance de socialisation à part entière et qu’elle constitue le garant de notre richesse et de nos emplois. Aussi est-il urgent de redonner à l’entreprise sa place dans l’échiquier socio-économique actuel, de valoriser l’entrepreneur et de susciter aujourd’hui plus que jamais son désir d’entreprendre et d’innover.   Une révolution pour les valeurs Faisons de cette révolution une révolution pour les valeurs et rebâtissons les fondamentaux de notre société sur la base de règlementations, d’institutions et de mécanismes porteurs de sens, ayant un pouvoir organisateur et structurant à même de générer des comportements individuels et collectifs plus confiants, plus constructifs, plus citoyens, plus responsables. Faisons que désormais plus rien ne soit plus comme avant : l’employé ne sera plus exploité par son patron, l’entreprise ne sera plus autorisée à créer de la valeur au dépend des autres. Plus jamais de marchés parallèles, plus jamais de passe-droit, plus jamais de pollution incontrôlée, plus jamais d’injustice, plus jamais d’impunité. Faisons que le droit à la grève soit l’ultime mode d’expression après avoir épuisé toutes les voies du dialogue, que le management participatif devienne la règle et non l’exception, que la culture d’assistés soit bannie et que la démocratie et le respect de l’avis contraire soient élevés au rang du sacré. Et comme disait Gandhi, commençons à changer en nous ce que nous voulons changer autour de nous.   Une entreprise libre et responsable Dans cette Tunisie nouvelle, l’entreprise aura un rôle majeur à jouer qui dépasse sa seule vocation économique. A ce titre, le CJD Tunisie, à l’instar du CJD international, a toujours eu une vision audacieuse de l’entreprise. Une vision porteuse de valeur humaine bâtie autour d’un concept fort,  désormais universel, celui de la «performance globale» qui allie à la performance économique, une performance sociale, sociétale et environnementale. Un véritable état d’esprit à faire entendre sans modération, une démarche structurante du dirigeant et de l’entrepreneur qui l’oblige, d’une part, à définir des principes de gouvernance en termes de valeurs, stratégie, processus de décision et de concertation et d’autre part, à prendre en compte les intérêts de toutes les parties prenantes de l’entreprise, ses clients, ses salariés, ses fournisseurs, ses actionnaires, l’Etat, l’environnement naturel, l’environnement sociétal. Partager le fruit de la réussite avec ses employés, payer ses impôts, se soucier du traitement de ses déchets, respecter ses fournisseurs, passer d’un modèle directif à un modèle collaboratif, etc… seront les atouts des entreprises de demain, celles qui dureront. C’est d’ailleurs sur quoi travaillent aujourd’hui plusieurs économistes tel que Stiglitz ou Sen, qui à l’issue de la crise économique mondiale qui a montré les limites du modèle idéologique ultra libéral et a marqué la fin du mythe de l’autorégulation des marchés, sont désormais en quête d’un modèle économique plus viable qui justement confèrerait à la conscience, la responsabilité et à la vision globale de l’entreprise une place prépondérante.  Ce concept de « performance globale » sera également un atout majeur pour un discours patronal convainquant, un socle pour le dialogue social et un pouvoir de légitimité accordé aux interlocuteurs patronaux dans leurs négociations avec les décideurs politiques et les représentants syndicaux. Il n’est pas trop tard. La simple évocation d’une perspective de prospérité future est en soit porteuse d’enthousiasme et de confiance en l’avenir,  soyons nombreux à y croire ! Anticipons les voies d’un vrai progrès, provoquons-les ! Ensemble, mettons l’économie au service de l’Homme, ensemble, mettons l’économie au service de la Vie.
 

Tunisie : les vrais chiffres du malaise des jeunes


À l’heure où des milliers de migrants tunisiens viennent tenter leur chance en Europe, il est évident que les problèmes de la jeunesse – à l’origine de la révolution – ne sont pas résolus. Mais des chiffres permettant d’évaluer l’ampleur du malaise apparaissent enfin au grand jour. L’Observatoire national de la jeunesse (ONJ) tunisien peut enfin rendre publics les résultats de quatre enquêtes réalisées entre 2005 et 2010, mais censurées par le défunt régime Ben Ali. Un sondage de 2005 révèle par exemple que 41 % des jeunes Tunisiens (15-19 ans) souhaitaient émigrer, fût-ce clandestinement (pour 15 % d’entre eux). Motif le plus fréquemment invoqué : « l’absence d’avenir ». Par ailleurs, 58 % des personnes interrogées considéraient que le piston constituait le plus sûr moyen de s’insérer professionnellement. Sonnette d’alarme En 2006, 2009 et 2010, des enquêtes consacrées aux comportements des jeunes Tunisiens, au pays comme en France, sont, de la même façon, restées dans les tiroirs. « On nous a demandé de falsifier des chiffres, raconte Brahim Oueslati, le directeur général de l’ONJ. Nous avons donc préféré enterrer les rapports. Parfois, c’est l’analyse des résultats qu’il fallait distordre. À plusieurs reprises, nous avons tiré la sonnette d’alarme sur la situation de la jeunesse, mais on a refusé de nous entendre. » D’autres organismes ont été confrontés à des problèmes du même ordre. L’Institut national de la statistique, par exemple, avait calculé que 44 % des diplômés étaient au chômage en 2010. Or le régime a publiquement avancé le chiffre de 22 %… Au ministère de l’Enseignement supérieur, des chercheurs avaient estimé que 40 % de ces mêmes diplômés n’avaient pas le niveau requis, et que 30 % d’entre eux étaient « irrécupérables »…


Nicolas Beau blogue depuis la Tunisie

Et revoilà Nicolas Beau. L’ancien directeur de la rédaction de Bakchich, co-auteur de deux ouvrages sur la Tunisie, a ouvert un blog consacré à ce pays début février. Jusqu’à présent, il commentait l’actualité depuis Paris, des rebondissements du feuilleton MAM à la fortune cachée des Ben Ali. Mais changement de décor depuis lundi 14 février : Nicolas Beau est arrivé en Tunisie, pays dans lequel il n’était pas retourné depuis 20 ans. « Quel bonheur de revenir ici écrit-il. Dès l’aéroport, des sourires de Tunisiens qui m’avaient vu à l’émission de Ruquier ou lu « la Régente de Carthage », dont des photocopies sont vendues au souk pour cinq dinards (…) Après vingt ans d’absence, on découvre une ville de Tunis moderne, élégante, magnifique vitrine, qui baigne dans une douce lumière. La ville est active, industrieuse. « L’ancien régime » aimait faire valoir ses acquis et soignait les apparences ». L’étranger de passage pouvait en effet, s’il n’était pas trop curieux et restait dans les enclaves touristiques autour de Tunis, d’un pays développé et prospère. Le trompe l’œil était parfait… Et les MAM, Frédéric Mitterrand, Delanoë et autres amis du régime, puisqu’ils ne connaissaient rien du pays réel et de la Tunisie de l’Intérieur, pouvaient revenir à Paris en vantant « le miracle économique tunisien », pour reprendre les termes de Jacques Chirac, cet autre grand pote de Ben Ali et néanmoins présenté encore aujourd’hui, y compris par un Hollande à gauche, comme un grand humaniste. Disons que les Tunisiens ont une vue plus réaliste du personnage ».   Le soir de son arrivée, Beau a rencontré des avocats et des magistrats de Tunis, plutôt inquiets quant à l’avenir du pays : « Tous autour de la table sont hostiles aux islamistes, explique-t-il. Mais tous reconnaissent qu’il n’y a pas vraiment de figure qui s’impose entre les islamistes et la machine du RCD, l’ancien parti au pouvoir et successeur du Destour de Bourguiba, encore en place ». Quelle place laisser au courant islamiste ? « On sent un certain flou. Après tout, Ben Ali en éradiquant par la torture et la prison l’essentiel des islamistes du mouvement Nahda avait facilité la tache des démocrates ». Le débat ne fait que commencer. Source : « Arret sur images » Le 15-02-2011 Lien :http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=10368

Ces quelques touristes qui osent la Tunisie pour le soleil ou la Révolution


Ils sont quelques-uns, déterminés à partir au soleil, curieux de voir la Révolution de leurs propres yeux, contents d’aider à la relance de l’activité économique, quelques touristes qui ont osé partir en vacances en Tunisie malgré l’instabilité et les appels à la prudence.
Françoise Huet a pris son billet exprès. Deux jours seule à Tunis pour être une fois dans sa vie au coeur d’une révolution, « pas pour faire du tourisme mais pour vivre l’histoire ». « Tous les jours, mon coeur battait pendant la contestation contre Ben Ali. A un moment, j’ai décidé d’y aller. C’est admirable ce que ce peuple a fait, je viens leur dire que je les ai trouvés courageux », dit cette orthophoniste française de 49 ans.
Nicole et Richard Champagne, Canadiens de 77 et 63 ans, eux préparent leur voyage depuis l’automne, 10 jours à Djerba (sud) puis Sousse (est), plage et excursions dans le désert. Alors pas question de repousser: « On ne s’est jamais dit qu’il ne fallait pas y aller », affirme le mari.
Leur famille, leurs amis, leur gouvernement, leur agence de voyage ont tout fait pour les décourager. Jusqu’à la dernière minute, ils se sont renseignés mais rien de quoi effaroucher ce couple de retraités alors que l’instabilité règne encore, un mois après la fuite du président Zine El Abidine Ben Ali.
« Il y a de petits foyers de violence mais ce n’est pas général », assure Nicole. Pour rassurer leurs proches, ils vont tenir un carnet de bord sur internet. Dans les avions ou sur l’avenue Habib Bourguiba dans le centre colonial de Tunis, haut lieu de la contestation qui a provoqué la chute du régime, ils restent encore marginaux. Les capitales occidentales commencent à lever leurs restrictions touristiques, Londres il y a dix jours, Paris ce week-end pour les villes côtières et Djerba.
Mais les appels à la prudence restent précis voire rebutants. « Les voyageurs sont invités à faire preuve de vigilance quand ils quittent leur hôtel et il convient en tout état de cause d’adopter la plus grande réserve, d’éviter de se mêler à toute sorte de rassemblement et de respecter le couvre-feu », conseille aux voyageurs le site du ministère français des Affaires étrangères. Ali Ramzi n’ira « bien sûr pas » dans les manifestations, dit-il. Mais cet entrepreneur franco-irakien de 53 ans voulait voir Carthage avec le piment de « respirer cette ambiance, cette fierté de voir un peuple arabe se libérer tout seul ».
Il reconnaît avoir « un petit sentiment de voyeurisme » alors que des milliers de Tunisiens continuent de crier quotidiennement leur détresse en manifestant ou en émigrant clandestinement vers l’Europe. « Mais ce peuple a besoin du tourisme », dit-il.
Premier pourvoyeur de devises, le secteur touristique représente 6,5% du PIB et plus de 350.000 emplois.
La reprise semble incertaine même si Fram, 2e tour opérateur français, prône une « rapide action de promotion » pour convaincre les Français de revenir ou que les voyagistes TUI et Thomas Cook en Allemagne ont annoncé lundi la reprise des voyages.
Walid Hached, patron d’une agence de tourisme à Tunis, encaisse le coup: tout a été annulé depuis janvier et aucune réservation pour les quatre prochains mois, pas de nouveaux clients et sans doute du chômage technique pour certains de ses 15 employés.
« 2010 a été une bonne année et 2011 augurait bien, c’était le début de la sortie de crise, on avait un maximum de réservations », dit ce Franco-Tunisien de 35 ans, partagé entre dépit et bonheur de voir son pays libéré. « Si le prix à payer pour être libre est de ne pas travailler quelques mois, ça va », dit-il. Mais l’activité économique doit reprendre, c’est « la meilleure façon » de préserver la démocratie.

Emergence démocratique en Tunisie et en Egypte, arbitraire en Côte d’Ivoire?

Alors que la Tunisie et l’Egypte sont en pleine transition politique et doivent encore concrétiser le changement, l’évolution démocratique de la Côte d’Ivoire est déterminante pour tout le continent africain. Pour un régime corrompu, le pouvoir est une rente. Les despotes pillent sans vergogne les ressources de leur pays et récompensent leurs affidés en partageant les prébendes. Ils font taire la dissidence par la prison et la torture ; ils font régner délation et terreur. En cercles concentriques, les clans de soutien aux prédateurs publics intègrent les milieux industriels, commerciaux et financiers qui font affaires en fermant les yeux, tout comme les gouvernements étrangers qui préfèrent encore la stabilité, fut-elle adossée à la répression, à l’inconnu du « choc des civilisations ». Mais en Tunisie hier, en Egypte sans doute demain, la révolte populaire a eu raison de dictatures que l’on croyait indéracinables. Elle illustre les rendements décroissants de la répression. Un mélange d’audace et de désespoir a renversé des régimes minés par l’arbitraire. La jeunesse du Maghreb montre qu’il n’y a pas de fatalité à l’oppression. Sans aucune de ces médiations sociales qui constituent autant de contre-pouvoirs, partis, syndicats, associations… les jeunes sans emploi ni avenir ont reconstruit un futur pour leur pays. Que se passe-t-il alors en Côte d’Ivoire ? L’indignation internationale face au coup d’état de Laurent Gbagbo qui refuse le verdict des urnes et qui use de tous les moyens répressifs pour maintenir son clan au pouvoir est retombée, ou plutôt elle a rebondi au nord de l’Afrique, sur les régimes de Ben Ali, Moubarak et Bouteflika. Dure loi de l’actualité qui reporte à l’arrière-plan le scandale d’hier ! Combien de morts faut-il alors pour réveiller la « conscience internationale » et lui rappeler qu’un despote continue à sévir à Abidjan ? A la suite du coup d’Etat de décembre 1999, Laurent Gbagbo gagnait des élections très contestées, en usant de tous les moyens pour éliminer son principal rival. Des élections maintes fois reportées lui ont permis de gagner du temps et de consolider son pouvoir, face à une opposition divisée et à une opinion internationale trop passive. Aujourd’hui, un véritable putsch au lendemain des élections présidentielles de décembre 2010 confirme la confiscation du pouvoir par un clan aux dépens d’une population harassée par dix ans d’arbitraire. La Côte d’Ivoire a reculé sur presque tous les fronts. Le caractère structurel de la corruption est illustré par son classement international qui a chuté de moitié entre 2002 et 2010, passant de 71° à 146, pire que le Zimbabwe. Les dépôts privés ivoiriens expatriés dans les banques internationales atteignent plus d’1,1 milliard de dollars, autant que toutes les créances des banques sur le pays, un ratio que seuls quelques pays en déshérence politique et économique connaissent. Les flux d’investissement direct étranger stagnent depuis dix ans au niveau que l’île Maurice vient de dépasser. Le revenu par tête est d’à peine €3/jour avec des écarts de richesse considérables. Au total, l’indice de développement humain de l’ONU a reculé dans les tous derniers rangs, avec une espérance de vie de 58 ans, pratiquement à son niveau de 1980. La Côte d’Ivoire a donc perdu une décennie de développement. Cela n’a rien à voir avec les méfaits de «la globalisation ». Le prix des matières premières exportées a été très favorable. Celui du cacao a quadruplé pendant la décennie Gbagbo ! Le pays n’a pas su, d’ailleurs, diversifier ses exportations pour diminuer la dépendance des matières premières, trop souvent exportées sans valeur ajoutée. Le cacao représente 30% des recettes annuelles du pays même si les planteurs ne reçoivent que moins de la moitié du prix du marché, selon le FMI.  La Côte d’Ivoire a aussi bénéficié du soutien exceptionnel des créanciers du Club de Paris qui, avec une myopie complaisante, lui ont accordé une réduction de dette en mai 2009 réservée aux seuls pays les plus performants. En vérité, la raison profonde du marasme ivoirien tient plus à la corruption qu’à l’incompétence. Le clan au pouvoir parasite le pays et empêche toute redistribution équitable. Ceci n’est pas nouveau en Afrique sub-saharienne, à part quelques exceptions notables, tels le Botswana, Maurice, Cap Vert, Afrique du Sud, Namibie et Ghana, qui prouvent bien qu’il n’y a pas de « fatalité africaine ». Le régime ivoirien représente en 2011 «l’ancienne Afrique », avec un mélange caricatural de cynisme et de mépris du droit, le dos tourné à un développement durable. Pour que la Côte d’Ivoire se relève enfin, il faut que la communauté internationale fasse preuve de la même exigence envers Abidjan qu’elle ne l’a fait en encourageant l’entrée du Maghreb dans la démocratie. Ce qui se joue aujourd’hui en Côte d’Ivoire est crucial pour l’avenir de toute future élection en Afrique. Une victoire du droit en Tunisie et en Egypte ne compensera jamais celle de l’arbitraire en Côte d’Ivoire. Source : « Les Echos » Le 15-02-2011 Lien : http://lecercle.lesechos.fr/node/33417

La libération égyptienne vue de la Tunisie


Il aura fallu dix-huit jours au peuple égyptien pour chasser Moubarak. Dix-huit jours que nous avons vécu avec empathie envers nos amis égyptiens. Nous avons ressenti leur tristesse, leur colère, leur peur, leur passion. Nous avons pleuré en comptant leurs morts, nous avons hurlé en découvrant ces milices lâchées sur Tahrir Square, écrasant, à bord de camionnettes, les manifestants en toute impunité. Nous avons été révoltés face aux innombrables arrestations et à la coupure d’Internet. Nous avons attendu avec la même impatience les interventions de Moubarak et nous avons nourri les mêmes espoirs qu’il présente sa démission et s’excuse auprès de son peuple. Nous avons eu les mêmes déceptions face à ses discours qui faisaient écho à ceux de Ben Ali, à tel point que nous en étions arrivés à la conclusion qu’il existait, en définitive, une vraie psychologie du dictateur. Comme Ben Ali, Moubarak était impassible et menaçant, déterminé de la même manière à rester au pouvoir malgré les morts, la contestation populaire et la pression internationale. Ils semblaient, tous les deux, ignorer totalement qu’ils devaient tirer leur légitimité du peuple et brandissaient les mêmes excuses sur ces ennemis minoritaires, à l’origine des révoltes et agissant contre les intérêts du pays. Oui, nous découvrions effarés que les dictateurs avaient tous été à la même école ! Nous avons résisté de la même manière, malgré les morts, malgré les menaces, au delà de l’épuisement. Nous avons encouragé le peuple égyptien à travers Twitter et Facebook. Nous avons relayé l’information tout comme ils l’avaient fait pendant notre Révolution. Nous nous sommes réunis devant l’ambassade d’Egypte en Tunisie et nous avons crié, d’une même voix. Solidaires, jusqu’au bout pour une seule chose: la liberté.  Le départ de Ben Ali marqué par la peur… Le 14 janvier, l’état d’urgence était déjà décrété en Tunisie. Nous avions donc appris le départ du président, cloîtrés dans nos maisons, sous la peur de ces milices du parti qui s’étaient déployées sur tout le pays avec pour but de terroriser la population et de semer le chaos. S’en suivirent plusieurs jours de tension extrême où les enfants des quartiers mobilisés avec les militaires défendaient les maisons des casseurs et des miliciens enragés. Chaque soir, nous entendions des échanges de tirs, et des hélicoptères qui survolaient la capitale. La télévision nationale relayait les messages d’urgence et les réseaux sociaux faisaient l’état des lieux des quartiers «chauds». Nous ne sortions pas et mangions peu. En parallèle avec ce climat d’insécurité, le gouvernement de transition, tenu par des membres du parti du président déchu et désigné par le Premier ministre, suscitait beaucoup de mécontentement. Le peuple réclamait la chute de ce nouveau gouvernement et la nomination de ministres indépendants, ce qu’il finit par obtenir. Le départ de Moubarak, une joie par procuration… La situation sécuritaire s’est pratiquement rétablie en Tunisie depuis quelques jours. Malgré les protestations sociales qui continuent, la vie reprend peu à peu son cours. C’est donc tout naturellement que l’annonce du départ de Moubarak a provoqué un état de liesse dans tout le pays. La libération du peuple égyptien du joug de la dictature a été l’occasion, jamais eue jusqu’à présent, de célébrer la Révolution tunisienne. Nous avons pu, sans inquiétude, laisser exploser notre bonheur et notre joie. Dans les cafés, les gens applaudissaient en regardant les images de Tahrir Square retransmises sur Aljazeera. Dans la rue, un peu partout, des klaxons se faisaient entendre. Des sourires se voyaient sur tous les visages, nous n’avions plus honte de rire. On célébrait non seulement le départ de Moubarak mais aussi la libération du monde arabe qui commençait à prendre forme. …Mais aussi, une grande fierté ! Notre première pensée fut pour le martyr Mohamed Bouazizi qui avait initié la Révolution tunisienne. A travers son acte symbolique, ce jeune homme façonnait, incontestablement, un nouveau monde arabe. La Révolution égyptienne, en faisant écho à la nôtre, ne lui en donnait que plus d’importance et de grandeur. Nous avons pu voir nos slogans repris par les manifestants, nous les avons vus se nourrir de notre courage. Quelle fierté pour nous autres Tunisiens, souvent traités de lâches par les pays arabes, d’avoir donné l’exemple à l’Egypte, surnommée la mère du monde (Oum al-dounia). Quelle fierté d’être aujourd’hui le berceau de la liberté. Quelle fierté d’avoir provoqué cette onde de choc dans tout le monde arabe. Certes, aujourd’hui, la démocratie est loin d’être une réalité et le chemin est encore long avant que ces Révolutions ne débouchent sur de véritables démocraties sur le modèle occidental. Mais il ne peut y avoir de démocratie sans départ de dictateur, alors on savoure et on respire à pleins poumons cet air de liberté. En se libérant de la dictature, les Tunisiens se sont également libérés de leurs complexes. Ils sont, incontestablement, aujourd’hui, plus épanouis et plus fiers. Ils sont également plus unis et plus solidaires avec les autres pays arabes. Ils sont surtout plus aimants pour leur patrie, et c’est, sans nul doute, cet élan de patriotisme qui sera nécessaire à la reconstruction du pays

La contestation au Moyen Orient et au Maghreb ne feblit pas


Yemen, Barheïn, Iran… plusieurs pays du Moyen-Orient et du Maghreb sont toujours en ébullition, malgré les signes d’apaisement envoyés par les régimes en place.  Nouvelobs.com fait le point. Si la Tunisie et l’Egypte ont entamé un processus de transition post-révolution, si le sursaut algérien n’a pas encore provoqué l’étincelle attendue, ailleurs dans le monde arabe, les pays grondent toujours et attendent des changements démocratiques. Le Yemen, l’Iran, le Bahrein et l’Irak notamment, sont les théâtres de manifestations régulières contre les régimes en place. Le point sur la situation pays par pays, mardi 15 février :   YEMEN : Plusieurs personnes ont été blessées lors des mobilisations, en particulier celles de lundi. Mardi 15 février, des affrontements ont de nouveau éclaté entre des manifestants qui tentaient de se diriger vers le palais présidentiel à Sanaa et des partisans du parti au pouvoir, selon un correspondant de l’AFP sur place. »Le peuple veut la chute du régime », répétaient les manifestants, reprenant le principal slogan du soulèvement en Egypte. L’opposition parlementaire, qui a décidé de reprendre le dialogue avec le régime, ne s’est pas associée à ces manifestations. Lundi déjà dans la capitale yéménite, des milliers d’étudiants et d’avocats ont scandé « Après Moubarak, Ali », en référence au président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. A Taëz, au sud de la capitale, plusieurs milliers de personnes ont également réclamé un changement de régime, et huit personnes ont été blessées lorsque la police a dispersé cette manifestation, selon des témoins. Le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978, a été élu pour la première fois en 1999 au suffrage universel direct, puis réélu en 2006. Sous la pression de la rue, Ali Abdallah Saleh vient de renoncer à briguer un nouveau mandat en 2013.   IRAN : L’opposition réformatrice est parvenue à organiser, lundi, sa première manifestation anti-gouvernementale depuis un an à Téhéran, malgré les avertissements des autorités qui avaient interdit tout rassemblement et massivement déployé les forces de l’ordre. Alors que ces rassemblements étaient silencieux au départ, certains manifestants ont commencé à crier des slogans anti-gouvernementaux, comme « mort au dictateur » ou « Ya Hossein, Mir Hossein » (allusion au leader d’opposition Mir Hossein Moussavi) et ont incendié des poubelles, selon des témoignages rapportés par des sites d’opposition. Des incidents ont éclaté en plusieurs endroits de Téhéran entre des milliers de manifestants et les forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes. « Plusieurs centaines de personnes » auraient été arrêtées, selon le site Kaleme.com de Hossein Moussavi, qui cite des « témoignages non confirmés ».   BARHEIN: Deux manifestants chiites ont été tués à Bahreïn dans la répression de protestations antigouvernementales qui se poursuivaient mardi 15 février dans ce petit royaume du Golfe gouverné par une dynastie sunnite. Les manifestations ont éclaté lundi dans les villages chiites à l’initiative d’internautes qui ont appelé sur Facebook à manifester pour réclamer des réformes politiques et sociales. Malgré l’interdiction, quelques centaines de personnes ont défiles. En conséquence, le bloc chiite au Parlement, le mouvement al-Wefaq qui compte 18 élus sur 40 sièges, a annoncé mardi avoir suspendu sa participation à l’assemblée en raison de la répression « sauvage ». Bahreïn, pays à majorité chiite, fait figure de parent pauvre à côté des autres monarchies pétrolières de la région, ses réserves de pétrole s’étant pratiquement taries. Entre 1994 et 1999, Bahreïn avait été le théâtre de violences animées par des chiites qui avaient fait une quarantaine de morts. Les chiites s’estiment discriminés au niveau de l’emploi, des services sociaux comme l’habitat et des services publics fournis à leurs villages.   JORDANIE : La Jordanie est en proie à un mouvement de contestation sociale et politique qui s’est traduit par plusieurs manifestations. L’opposition, et en particulier les islamistes, réclament en premier lieu une révision de la loi électorale et des lois sur les libertés publiques. Face à ce mouvement, le roi Abdallah II a limogé le 2 février son Premier ministre Samir Rifaï et chargé Maarouf Bakhit de former un nouveau gouvernement le 9 février incluant des personnalités proches de l’opposition et de proposer un vaste programme de réformes politiques et économiques.   IRAK : La manifestation de lundi se voulait romantique, à l’occasion de la Saint-Valentin. Quelques centaines de jeunes se sont rassemblées, avec des roses et des ballons rouges, dans le centre de Bagdad, pour exprimer « l’amour de leur pays » et critiquer la cupidité des dirigeants. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a affirmé que les demandes des manifestants étaient « légitimes » et qu’il fallait que les ministres agissent pour les satisfaire.   LYBIE : Des appels à manifester jeudi contre la corruption et le népotisme en Libye ont été lancés depuis quelques semaines sur Facebook. Le colonel Mouammar Kadhafi est le doyen des chefs d’Etat arabes et africains: il est au pouvoir depuis le coup d’Etat des « Officiers libres » contre le régime du roi Mohammed Idriss al-Senoussi le 1er septembre 1969.   SYRIE : Malgré plusieurs appels à manifester, les Syriens n’ont pas encore connu le succès des grandes marches. Une blogueuse de 19 ans a été condamnée à cinq ans de prison après avoir été reconnue coupable de divulgation d’information aux Etats-Unis, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Le président Bachar al-Assad a succédé en 2000 à son père, Hafez al-Assad -qui avait pris le pouvoir en 1970-, créant le précédent d’une république monarchique dans le monde arabe.   MAROC : Le 3 février, un groupe de jeunes Marocains a appelé sur le réseau social Facebook à « manifester pacifiquement » le 20 février pour une « large réforme politique » dans le pays. Devancer la protestation, le Premier ministre marocain, Abbas El Fassi, a appelé les chefs des partis politique à le retrouver lundi 14 février pour des discussions qui porteront sur les prochaines élections prévues dans un an, et sur les événements récents en Tunisie et en Egypte. Source : « Le Nouvel Observateur » Le 15-02-2011 Lien :http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110215.OBS8067/la-contestation-au-moyen-orient-et-au-maghreb-ne-faiblit-pas.html
 

Arabs celebrate the end of an era

By Ghassan Michel Rubeiz Feb, 14, 20011  
Palm Beach Gardens After Tunisia and Egypt, it is time to celebrate. For decades, the Arabs have been on a course of misguided politics. It is high time to allow talent to lead, privilege to spread and freedom to shine. Millions of young people dream of a better future. Citizens are no longer scared to think, to ask pivotal questions and imagine the unimaginable. We must affirm dreams, reinforce new found courage and embrace an epic movement. This is not the time for observers to be cynical and suspicious of change. The people are proud and the despots are shamed. This is how it should be. So much has happened, so fast. Two tyrants were swiftly deposed. Twenty regimes internally tremble. All rulers review their bets on the future. Some relax freedoms and others make compromising promises. A few introduce cosmetic change. Overdue elections suddenly surface.  Citizens receive money and the hungry receive bread to keep quiet. And of course, there are those “perfect” regimes who remind us of how privileged it is to be their citizens, and how wise of others to think of change. This new Middle East era beckons many “firsts”. Political overthrow is peaceful. The youth organize and lead the uprising. Resistance does not project all the blame for grievances on agents beyond national borders. Women play an active role – is this the start of a gender revolution? And finally, mobilized crowds do not exploit religious symbols in addressing injustice. Is God being rightfully taken out of divisive politics? It is too early to second guess these brave revolutionaries. The agents of change are mindful that the military should be the next layer of authority to be challenged. It seems wise of this fragile movement to have targeted the ruler and his security apparatus first. The time for shaming the military would have to come sooner or later, especially if men with decorated uniforms show the arrogance of deposed rulers. The process of empowerment should be monitored closely. The awakenings have been largely spontaneous. People had been morally and politically buried alive for decades. The opposition needs time and skill to order priorities, chose leaders and to inhibit opportunists. With inspiration, new leaders will sober the fanatics who would rush with simplistic solutions. With patience they will overcome a deep-rooted mindset of paternalism and sexism. They will stay sensitive to local culture and respectful of faith and tradition. The fundamental, i.e. what makes real difference and benefits all, will have to be liberated from the fundamentalist. State building takes decades to fully mature; its pattern, direction and pace are not predictable or guaranteed. The Middle East will never be the same. Desired change is taking place without terror from the inside or surgical wars from the outside. * Ghassan Michel Rubeiz is an Arab American commentator. The writer is a former Middle East representative at the Geneva-based World Council of Churches. grubeiz@comcast.net
 

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