15 avril 2011

TUNISNEWS
10 ème année, N°3979 du 15.04.2011


La F.T.C.R dénonce l’agression raciste dont a été victime un groupe de jeunes tunisiens à Vintimille hier en fin d’après midi.

AFP: Tunisie: 300 personnes réclament l’extradition de Ben Ali

AFP: Tunisie: manifestation devant l’ambassade d’Arabie Saoudite pour réclamer l’extradition de Ben Ali

AFP: Tunisie : un journaliste dénonce « les sales plumes » de la presse

Ahmed Kedidi: Mise au point apropos de la raffinerie de Skhira


REVUE DE PRESSE

COMMUNIQUE DE LA F.T.C.R.
AGRESSION RACISTE
 

La F.T.C.R dénonce l’agression raciste dont a été victime un groupe de jeunes tunisiens à Vintimille hier en fin d’après midi.


Alors qu’ils rentraient au centre d’Hébergement de la croix rouge quelqu’un a tiré d’une fenêtre de maison italienne, à balle réelle. Il a blessé un jeune et une deuxième balle a touché un autre sans le blesser. Le jeune a été transporté à l’ Hôpital .
La police a refusé d’identifier l’origine des tirs, ce qui a crée une situation de colère et une tentative d’incendie du centre.
La police est intervenu en nombre dans la soirée
Le consul de Tunisie à Gènes et à Nice a été avisé par nos soins de cet incident
Le consul de Gènes nous a fait qu’il a contacté les autorités et le préfet de Vintimille qui l’a assuré du retour au calme.
La F.T.C.R. dénonce cet acte raciste et demande aux autorités italiennes de protéger les migrants.
La La F.T.C.R. compte déposer plainte contre X, et appelé les autorités consulaires à suivre cette affaire.
POUR LA PROTECTION DU DROIT DES MIGRANTS A LA VIE DIGNE
Pour la La F.T.C.R.
Le président
Tarek BEN HIBA

Tunisie: 300 personnes réclament l’extradition de Ben Ali


(AFP) – le 15 avril 2011
TUNIS — Quelque trois cents personnes ont réclamé vendredi à Tunis l’extradition de l’ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali devant l’ambassade d’Arabie Saoudite, pays où il a trouvé refuge le 14 janvier, a constaté l’AFP.
La manifestation devant la mission diplomatique, protégée par des policiers et des militaires, a rapidement tourné à une parodie de procès.
« Ben Ali est condamné à la prison à vie », lâche un manifestant habillé en juge, comme s’il annonçait un verdict.
L’accusé est facilement identifiable: un jeune homme qui porte un masque de vampire sur lequel est écrit en arabe « Ben Ali ».
« Laissez-le tranquille », fait faussement mine de s’emporter un quinquagénaire en rigolant, « le pauvre, il est malade et il a servi la Tunisie pendant cinquante ans », singeant le troisième et dernier discours du président tunisien la veille de sa fuite.
Rires et applaudissement fusent.
Plus sérieusement l’un des manifestants, Hichem Majri, a estimé que c’est une erreur d’invoquer une possible condamnation à mort de Ben Ali, comme l’a fait mercredi soir le ministre de la justice, Lazhar Karoui Chebbi.
Selon ce manifestant interrogé par l’AFP, cela pourrait donner l’occasion à l’ancien président de « demander l’asile politique dans des pays qui ne reconnaissent pas cette peine ».
Mercredi soir, le ministre de la justice avait détaillé les charges retenues contre l’ex-président lors d’une intervention à la télévision nationale: « homicides volontaires, complot contre la sûreté de l’Etat et usage et trafic de drogues », charges pour lesquelles il est passible de la peine capitale selon l’article 201 du code pénal.
Durant cette manifestation sans incident, les participants ont scandé le fameux « dégage » de la révolution tunisienne, à l’adresse de l’ambassadeur saoudien.
Vendredi après-midi, l’ambassade était fermée.

Tunisie: manifestation devant l’ambassade d’Arabie Saoudite pour réclamer l’extradition de Ben Ali


De The Associated Press – Le 15 avril 2011
TUNISIA, Tunisia — Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés vendredi devant l’ambassade d’Arabie Saoudite à Tunis pour réclamer l’extradition de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui dans le royaume le 14 janvier dernier chassé par un soulèvement populaire.
La manifestation, organisée par l’intermédiaire du réseau social Facebook, fait suite aux déclarations mercredi du ministre de la justice Lazhar Karoui Chebbi, selon lequel 44 plaintes on été déposées contre le président déchu et ses proches. A lui seul, l’ancien chef d’Etat fait l’objet de 18 affaires pour « complot contre la sûreté de l’Etat, homicides volontaires, détention et écoulement de drogue ».
Des pancartes brandies par les manifestants appelaient les autorités saoudiennes à « respecter la volonté du peuple tunisien » et à « livrer l’ancien président pour qu’il soit traduit devant la justice pour les crimes qu’il a commis ».
« Nous te jugerons Ben Ali, nous en sommes déterminés », pouvait-on lire sur l’une d’elles. Dans un simulacre de procès, un manifestant avait la tête enveloppée d’un portrait du président déchu les mains enchaînées devant un autre faisant office de juge.
Tout au long de la manifestation qui s’est déroulée sans incident, un dispositif militaire veillait à la protection de la mission diplomatique fermée en ce jour férié pour les Saoudiens. AP

 


Tunisie : un journaliste dénonce « les sales plumes » de la presse


AFP: vendredi 15 avril 2011, 22:29

Un journaliste tunisien de la chaîne satellitaire qatari Al-Jazira, Mohamed Krichen, a annoncé vendredi qu’il avait décidé de porter plainte contre un confrère tunisien qu’il accuse de l’avoir sali dans plusieurs articles du temps du président Ben Ali.

Figure connue dans le monde arabe, Mohamed Krichen a fait l’objet d’une campagne de presse et d’attaques personnelles à cause de ses critiques contre les médias tunisiens sous Ben Ali. « Ce n’est pas une affaire personnelle et je n’essaye pas de me faire passer pour un héros. Mon objectif est de donner une leçon à tous les journalistes et surtout de savoir qui étaient derrière ces personnes », a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse à Tunis.

« Ils doivent être punis pour l’exemple et pour hisser le niveau de nos médias en les nettoyant des sales plumes », a-t-il ajouté.

Son avocat Mokhtar Trifi, également président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme, a dénoncé des « sales pratiques de quelques journalistes utilisés par des organes gouvernementaux durant le régime de Ben Ali pour atteindre tous les militants et les plumes libres ». « Cette affaire est un test pour la justice tunisienne pour savoir si elle a vraiment changé et aussi pour faire disparaître une certaine presse », a-t-il lancé.


Mise au point apropos de la raffinerie de Skhira


par Ahmed Kedidi
Il n’est pas de mon éthique, ni de l’intérêt de mon Pays de polémiquer, mais une nécessaire mise au point me parait opportune, en réponse a un article paru dans un bulletin on line et dont je ne doute pas de la bonne foi de son rédacteur a propos du cout réel du projet de la raffinerie de skhira. s’il est vrai que le cout de la première phase du projet n’est que de 2,3 milliards de $ qui couvre uniquement la construction des unités de raffinage, le reste du projet reste l’énorme chaine de pipe-Line qui devrait acheminer le pétrole des pays voisins et de la Tunisie vers Skhira et qui s’appelle (FEEDING) et cela coute environ 4 milliards de $, ce qui donne le chiffre réel mais approximatif de 6,3 milliards de $ a l’ensemble du projet. d’autres révélations m’ont convaincu des manipulations exercées par des membres de la famille de l’ancien président et de quelques autres pour transférer ce gigantesque projet vers une société libyenne contrôlée par saif al islam gaddafi.

Strauss-Kahn: le FMI est « là pour aider » l’Egypte et la Tunisie


AFP / 15 avril 2011 17h04
 
WASHINGTON – Le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a affirmé vendredi que son institution était « là pour aider » les pays arabes, comme l’Egypte et la Tunisie, en leur apportant des financements s’ils les demandent.
 
« Nous avons tiré des enseignements de ce qui s’est passé au Proche et au Moyen-Orient et en Afrique du Nord », a affirmé M. Strauss-Kahn lors d’une conférence sur cette région, au siège du FMI à Washington.
 
Pour l’Egypte et la Tunisie, théâtres de récentes révolutions, a-t-il poursuivi, « certaines sources de revenus, le tourisme par exemple, pourraient être moins élevées qu’elles ne l’étaient l’année dernière ».
 
« Qu’est-ce qui est important pour nous si on se projette dans l’avenir? C’est de voir comment nous pouvons aider » et « nous sommes là pour aider », a-t-il souligné. Et d’ajouter: « Notre rôle est de fournir aux pays l’argent qui n’est pas disponible pour toute sorte de raisons ».
 
« Rien ne peut être accompli, en matière de lutte contre les inégalités, de création d’emplois, sans croissance », a encore estimé le directeur du FMI.
 
« Nous pouvons bâtir ensemble un avenir meilleur pour ces pays. Et ce n’est pas seulement important pour l’Egypte et la Tunisie, c’est important pour le monde entier parce que cet exemple est un exemple qui va avoir beaucoup de répercussions », a-t-il déclaré.
 
Le FMI a été chargé jeudi d’une « évaluation économique » qui doit servir de base à une aide de cinq institutions financières internationales destinée à soutenir les aspirations des peuples arabes à un meilleur avenir économique.
 
M. Strauss-Kahn a insisté sur le fait qu’il n’allait imposer à aucun pays des prêts de son institution: « Nous ne sommes pas des banquiers qui cherchent des clients […]. Nous ne venons pas de l’étranger comme un dictateur économique pour dire: voilà ce que vous devez faire ».
 
Il a également plaidé pour des mesures permettant de retrouver « la stabilité macroéconomique ».
 
« Pour une révolution démocratique, où que ce soit, en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique latine […] il est facile, après coup, de dire: voilà, nous allons dépenser beaucoup d’argent, nous allons subventionner beaucoup de gens », a-t-il souligné.
 
« Si les révolutions arabes doivent être des jalons dans l’histoire, et je pense que cela peut être le cas, alors je crois que la réussite repose sur l’édification d’institutions démocratiques, et aussi d’organisations représentatives des salariés », a-t-il dit.
 
Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Mustapha Nabli, qui participait au même débat, a été évasif sur la question d’une demande de prêt au FMI.
 
« La question n’est pas de savoir si on a besoin d’un financement. Tout financement peut être bon et peut être mauvais. C’est la façon dont on l’utilise. On peut avoir de la corruption, on peut avoir une mauvaise gestion », a-t-il expliqué.
 
« C’est pour cela que le processus démocratique est si important », a-t-il expliqué. « Ce n’est pas un parcours tranquille qui nous attend ».

Tunisie : Ben Ali n’est pas mort, ni comateux, il va très bien !


 

Toute la presse internationale semble avoir oublié l’ancien président tunisien Ben Ali et son épouse Leila Trabelsi, il est vrai que les évènements qui secouent les pays arabes actuellement fait que leurs sorts deviennent un peu secondaires. Cela fait 3 mois aujourd’hui que la famille Ben Ali a quitté la Tunisie pour se réfugier en Arabie Saoudite. Un mandat d’arrêt international a été lancé, depuis 26 janvier 2011, par Interpol contre l’ancien dirigeant tunisien et son épouse, et les révolutionnaires veulent qu’ils soient jugés. Or, depuis leur arrivée le 15 janvier en Arabie Saoudite, il y a eu beaucoup d’intox, mais remontons un peu le cours des évènements : Ben Ali, sa femme Leila Trabesli, leur fille Halima (18 ans), leur petit garçon Mohamed (7 ans) et sa nourrice se sont enfuis de Tunisie le 15 janvier. Ils ont tout d’abord séjourné une semaine dans le palais du roi Faycal à Jeddah. Puis ils ont émigré à Abha qui est une ville de montagne de 230 000 habitants située à 450 km au sud de Jeddah. Ils y résident dans une grande demeure bourgeoise, d’une dizaine de pièces, prêtée par le gouvernement saoudien. La population saoudienne semble ignorer la présence de Ben Ali et de sa famille dans cette prison dorée, le service de sécurité étant très discret. Le 15 février, l’ex-président tunisien a été victime d’un malaise, il a perdu connaissance brièvement. A bord d’un hélicoptère, Ben Ali a été transporté à l’hôpital du roi Faycal à Jeddah pour y subir des examens médicaux. Et c’est sous le nom d’un prince saoudien qu’il a été admis dans cet hôpital. Deux jours plus tard toute la presse mondiale annonce qu’il a été victime d’un AVC est qu’il est dans le coma et que son épouse Leila n’est pas à son chevet, étant réfugiée en Libye. Mais selon des sources recueillies par France Info, ces informations sont fausses, il n’a jamais été victime d’un accident vasculaire cérébral, mais d’une crise d’hypoglycémie due au stress provoqué par les arrestations des membres de sa famille deux jours auparavant et à une violente dispute avec son épouse la veille. D’ailleurs il est sorti de l’hôpital trois jours plus tard. Selon la correspondante à Ryad de cette radio, Clarence Rodriguez, cette rumeur a été orchestrée par un proche de la famille resté à Tunis, dans un seul but, que le peuple tunisien cesse de vouer son « ami »aux gémonies. Quant à Leila Trabelsi, dénommée la « reine de Carthage », elle n’a jamais quitté l’Arabie Saoudite et ne s’est pas non plus rendue en Libye comme cela a été écrit dans la presse internationale. Mais Zine el-Abidine Ben Ali s’ennuierait dans sa prison dorée, de fréquentes disputes avec son épouse rend l’ambiance à la maison très orageuse. Il passe beaucoup de temps devant les chaînes d’information, qui relatent les troubles dans le monde musulman. Espérant quitter l’Arabie Saoudite, il a fait une demande d’asile, en zone flamande, en mars auprès de la Belgique. Il voudrait rejoindre des membres de sa famille qui résident dans ce pays, notamment ses beaux-parents qui sont installés dans un quartier résidentiel à Relegem. Mais la Belgique a catégoriquement refusée de l’accueillir, ce qui est légitime du fait que le couple est sous le coupd’un mandat d’arrêt international pour « acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers » et « transferts illicites de devises à l’étranger ».

La famille Ben Ali réfugiée en Arabie Saoudite, a peu de chance de quitter ce pays, et risque d’y rester jusqu’à la fin de leurs jours. Cependant elle doit-être très inquiète de voir les manifestations gagner ce pays. Car les chiites de l’est de l’Arabie saoudite tentent depuis début mars de faire naître un mouvement de contestation et delancer leur « printemps arabe ». Dans le royaume saoudien, où l’islam sunnite est la religion officielle, les chiites ne sont pas reconnus comme minorité religieuse, alors qu’ils représentent environ 10 % de la population. Ces derniers sont par ailleurs victimes de discriminations sociales et subissent des restrictions dans leurs pratiques religieuses. Ces jeunes chiites sortent chaque semaine pour manifester. Cela se passe souvent le vendredi. Ils sont entre une centaine et un millier, selon les jours. Ci-dessous une vidéo de Euronews qui montre des centaines de personnes qui se sont rassemblées à Al-Qatif pour demander la libération de neuf détenus chiites. D’après des témoins, des soldats ont tiré sur des manifestants plusieurs personnes ont été blessées…..

Je pense que le peuple tunisien ne doit pas être mécontent de ce que leur ex-président et son épouse endurent, mais ils doivent surtout espérer qu’ils soient un jour jugés par la justice tunisienne.

Source: “Le Post” Le 15-04-2011

Tunisie. Ben Ali n’aurait jamais été plongé dans le coma


 

Il aurait fait une simple crise d’hypoglycémie…

Trois mois après sa destitution, comment va Zine Ben Ali? A la mi-février, un de ses proches avait affirmé que le président tunisien déchu avait été plongé dans le coma, à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Or, selon des informations de France Inter, il n’en est rien. D’après la radio, si Ben Ali a bel et bien été hospitalisé, le 15 février dernier, c’est en raison…d’une crise d’hypoglycémie.

L’ex-président, âgé de 75 ans, aurait brièvement perdu connaissance – une défaillance causée par une violente altercation avec son épouse Leïla Trabelsi et par le stress provoqué par l’arrestation de ses proches quelques jours auparavant.

Dissiper la colère du peuple

L’ancien dirigeant, qui a trouvé refuge en Arabie saoudite sitôt après sa destitution, aurait été gardé trois jours à l’hôpital de Jeddah, avant de regagner sa résidence d’Abha – une vaste demeure, d’une dizaine de pièces, prêtée par le gouvernement saoudien.

Dans son reportage, diffusé jeudi dans le journal de 19h, France Inter précise que c’est un proche de l’ancien raïs, resté à Tunis, qui a diffusé la rumeur du coma afin de dissiper la colère du peuple tunisien à son égard.

Ben Ali a quitté la Tunisie le 14 janvier dernier à la suite de la «révolution de Jasmin», après 23 ans de règne sans partage. Un mandat d’arrêt international a été lancé à son encontre.

Source : « ALGERIE-FOCUS » Le 15-04-2011

En Tunisie, la parité s’impose


 

La nouvelle démocratie tunisienne s’affirme comme un modèle de parité : le principe de l’égalité entre hommes et femmes est acquis pour l’élection de l’Assemblée constituante. Un grand pas en avant, et « un modèle d’innovation pour la région et même au-delà », même si la vigilance reste de mise.

Les Tunisiennes vont-elles gagner à la révolution ? Nous posions cette question il y a trois mois, à la chute du régime de Ben Ali. Aujourd’hui, la réponse apparaît positive.

 

La Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique (1) a décidé d’imposer la parité homme-femme pour l’élection de l’Assemblée constituante, le 24 juillet. Sur leurs listes, les partis devront faire figurer en alternance des candidats hommes et femmes. Celles qui ne respecteront pas la parité seront invalidées. Alors que la disposition originale prévoyait une proportion minimale de 25%, les débats ont abouti à ce principe de listes « chabadabada », finalement adopté à une large majorité.

 

Réactions enthousiastes

 

Dans le journal La Presse, Abdelhamid Largueche, historien et membre de la Haute instance, dit son émotion devant cette avancée : « J’ai eu l’intime conviction que nous nous sommes projetés dans le futur en enjambant d’un seul pas une ligne jugée par beaucoup infranchissable. »

 

« Les femmes ont participé à la révolution, sur le même pied d’égalité, elles participeront désormais à forger l’avenir politique de la Tunisie », se réjouit Sophie Bessis, Secrétaire générale adjointe de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH).

 

Un choix salué dans des termes semblables par la représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton : « La Tunisie a aujourd’hui l’occasion de renforcer davantage l’égalité entre les hommes et les femmes et de mettre fin à toutes les formes de discrimination, en droit et dans les faits, à l’encontre des femmes. »

 

Modèle à suivre

 

C’est aussi une responsabilité que prend la Tunisie, au regard de sa place de modèle pour l’égalité dans le monde arabe, souligne Catherine Ashton : « En accordant à ces principes une place centrale dans les réformes politiques en cours, la Tunisie peut véritablement devenir un modèle d’innovation pour la région et même au-delà. »

 

Cette étape importante ne marque pas la fin d’un processus dans le pays, au contraire. « Nous devons maintenant travailler à la participation de toutes les femmes aux élections du 24 juillet. Tout doit être fait pour que la nouvelle constitution tunisienne consacre l’égalité et la non-discrimination entre hommes et femmes », insiste Khadija Chérif, Secrétaire générale de la FIDH. D’autant que, selon certaines critiques, la composition de l’Assemblée constituante ne respectera pas forcément la parité annoncée : la multiplication des petites listes pourrait conduire à ce que beaucoup ne comptent qu’un élu… la tête de liste, qui pourrait bien souvent être un homme.

Source: “Les Nouvelles News” Le 15-04-2011

La Tunisie ausculte son passé pour mieux construire son futur


 

 

«La justice transitionnelle: Aborder le passé, construire le futur», thème d’une conférence internationale qui se tient depuis le 14 et se poursuivra jusqu’au 16 courant.

Les participants aborderont, trois ans durant, plusieurs problématiques, notamment “Comment enquêter et poursuivre en justice les auteurs de crimes et de dépassements liés à la dictature“ et “comment réparer les dégâts matériels et moraux subis par les victimes, tout en honorant les engagements des Etats en matière de droit international et de traités internationaux relatifs aux Droits de l’homme“, indique la TAP

 

Cité par la même source, Taieb Baccouche, ministre de l’Education, a indiqué à l’ouverture des travaux de cette conférence que “pour instaurer la justice transitionnelle, la volonté politique doit aller de pair avec la volonté de la société civile“. Pour lui, il n’y a pas un modèle de justice transitionnelle, toutefois, la Tunisie peut s’inspirer des expériences internationales qui existent. A ce propos, le ministre estime important le «rôle des médias et de la société civile dans la réalisation des objectifs de cette forme de justice».

 

Pour les présidents de l’Institut arabe des Droits de l’homme, du Centre international de la justice transitionnelle (CIJT), et de la Ligue tunisienne des Droits de l’homme (LTDH) et le représentant du Haut commissariat des Nations unies pour les Droits de l’homme, présents à cette conférence, «les Droits de l’homme sont le dénominateur commun entre les expériences du Maroc, de l’Afrique du Sud, de la Roumanie et de l’Amérique latine, en matière de justice transitionnelle».

 

En effet, le président de l’Institut arabe des Droits de l’homme, Abdelbasset Ben Hassan, soulignera dans son intervention que “la transition politique demeure insuffisante si elle ne considère pas les droits humains comme un fondement et un outil majeur pour rompre avec les méthodes de vengeance et d’exclusion“. M. Ben Hassan indique également que son institut va bientôt entamer la mise en œuvre d’un programme, en collaboration avec le ministère de l’Education, visant à répandre la culture des droits humains au sein des établissements éducatifs.

 

Le représentant du Haut commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme, Joseph Chakla, de son côté, pense que “la justice transitionnelle en Tunisie doit naître du génie local, et cette transition historique joint la volonté politique à celle de la société civile“.

 

Pour Ahmed Rahmouni, président de l’Association des magistrats tunisiens, il est nécessaire d’assurer la réforme de l’institution judiciaire parce qu’elle constitue le chemin d’accès pour garantir la réforme de l’institution politique.

 

Abondant dans le sens du thème de cette conférence, le président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme, Mokhtar Trifi, est convaincu que «le mode de traitement des abus et dépassements du passé et de construction de l’avenir passe impérativement par une lecture du présent pour garantir la réussite des composantes de la justice transitionnelle». Il indiquera aussi que «les procès des personnes ayant violé les droits de l’Homme, durant l’ancien régime, doivent passer par les institutions judiciaires et non par des vengeances ou des jugements populaires», écrit la TAP.

Source: “wmc” Le 15-04-2011

Transition économique en Tunisie : L’avis des experts


L’Association des économistes tunisiens (ASECTU) organise un séminaire sous le thème « transition économique en Tunisie ».

 

Cette manifestation, qui se tiendra les 2 et 3 mai 2011 à la Cité des sciences, aura pour objectif d’une part, de confronter les points de vue sur les expériences dans le monde et, d’autre part, de contribuer à définir des pistes pour une transition qui intègre les dimensions politiques, économiques et sociales, et refonder par conséquent les relations de la Tunisie avec le reste du monde.

17 chercheurs, experts et conférenciers de renommée internationale interviendront à ce séminaire afin d’apporter des réponses, à partir de certaines expériences, à des interrogations concernant la définition de la transition démocratique, les conditions nécessaires à toute entreprise de démocratisation et au processus de transition économique.

 

Parmi ces chercheurs nous citons Hakim Ben Hammouda (OMC, Genève), Georges Mink (directeur de recherches au CNRS, enseignant à Sciences Po – Paris et au Collège de l’Europe), Guy Hermet (directeur de recherches émérite à Sciences Po)…

Source: “Business News”

Tunisie: déclaration de Néjib Chebbi à l’issue de sa rencontre avec BCE


 

 

Le Premier ministre du gouvernement provisoire, M. Béji Caïd Essebsi, s’est entretenu, jeudi, au palais du gouvernement à la Kasbah, avec le fondateur du Parti démocrate progressiste (PDP) et ancien ministre du gouvernement provisoire, M. Ahmed Néjib Chebbi.

 

A l’issue de la rencontre, M. Chebbi a déclaré avoir demandé, personnellement, de rencontrer le Premier ministre pour examiner la situation politique en Tunisie, notamment en prévision de l’élection de l’assemblée nationale constituante.

 

Par ailleurs, il s’est déclaré satisfait de l’amélioration de la situation sécuritaire et sociale en Tunisie, grâce à la démarche politique claire adoptée, faisant remarquer que ces performances sont bien le fruit du gouvernement de M. Béji Caïd Essebsi.

 

Au sujet des élections du 24 juillet 2011, le Premier secrétaire du PDP a réaffirmé la participation de son parti à cette échéance, dans toutes les circonscriptions électorales, avec des listes propres au parti.

 

Concernant l’institution du principe de parité dans les listes électorales de l’assemblée nationale constituante, M. Chebbi a fait état de son soutien à cette décision, précisant que « la sanction des listes ne répondant pas à cette condition ne doit pas être appliquée par leur exclusion ou leur interdiction de participer aux élections, mais en se contentant d’une simple amende financière ».

 

Il a, par ailleurs, mis l’accent sur le rôle avant-gardiste de son parti dans le renforcement de la participation de la femme à la vie politique, en témoigne l’accession d’une femme au Secrétariat général du parti et la présidence par des femmes des groupes progressistes dans les régions.

Des femmes, a-t-il précisé, vont prendre les têtes de listes électorales du PDP lors des prochaines élections de l’assemblée constituante, a-t-il précisé.

Evoquant les attributions de l’assemblée nationale constituante après les élections du 24 juillet, M. Ahmed Néjib Chebbi a indiqué que l’assemblée aura toutes les prérogatives pour choisir le processus de réformes qui sera adopté par le pays au cours de la période transitoire, faisant remarquer que ses décisions auront un caractère contraignant, dans la mesure où l’assemblée constituera « la seule instance légitime du pays ».

 

Le fondateur du PDP a, dans le même contexte, plaidé en faveur de « l’organisation conjointe des élections présidentielles et des élections de l’assemblée constituante ».

 

La désignation d’une Constituante et d’un président de la République directement par le peuple, a-t-il relevé, est de nature à créer une situation d’équilibre qui ne manquera pas de contribuer à clarifier la démarche politique et de renforcer les attributs de la stabilité dans le pays.

Source : « Espace Manager » Le 15-04-2011

Tunisie-Justice: Pour qui et par qui?


 

 

«Surtout soyez toujours capable de ressentir au plus profond de votre cœur n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui, où que ce soit dans le monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire», dixit Ernesto Che Guevara, le plus grand révolutionnaire du 20ème siècle.

La justice est-elle une et indivisible? Ou bien en existe-t-il une pour nous, une autre pour nos ennemis et une autre encore pour nos amis? Un Etat de Droit ne commence-t-il pas par l’indépendance des avocats et des magistrats?

Ce qui se passe depuis le 14 janvier dans notre pays, nous pousse à nous interroger sur le rôle de la justice et de ses auxiliaires. Nos juges, nos avocats ont-ils assuré durant cette période prérévolutionnaire délicate? Ont-ils consacré la suprématie de la justice n’en déplaise à la «légitimité révolutionnaire» ?

Les conditions exceptionnelles de la révolution justifieront-elles certains dépassements de la part de la justice? Car si la justice qui, était sous la coupe du 7 Novembre et souffrait d’un interventionnisme poussé de la part de l’Etat-parti, subit aujourd’hui encore la pression de la Rue (précisément celle de Bab Bnet) et agit au nom d’une soi-disant légitimité révolutionnaire ignorant la volonté du législateur, nous sommes «cuits».

«Les Citoyens tunisiens, même antirévolutionnaires, doivent être jugés équitablement et dans la sérénité. Aujourd’hui, nous sommes devant une justice expéditive, ce qui est inacceptable pour moi. Sur les plans juridique, politique et judiciaire, certaines erreurs impardonnables ont été commises dans des jugements rendus dont celui du RCD, et c’est une faute grave pour l’avenir de la Tunisie. Le procès n’a pas respecté les droits de la défense. La justice n’a pas à se mêler de politique, elle doit être neutre», clame haut et fort Me Bochra Belhadj Hamida.

Que l’Association des Juges fasse partie du Conseil de Protection de la Révolution au même titre que l’Union générale des travailleurs tunisiens, le Parti Ouvrier (POCT) ou encore Ennahdha n’a pas de sens. Car à supposer que l’un des adhérents au Conseil soit au centre d’un procès, comment réagiront les juges, ceux-là mêmes qui partagent avec «le présumé innocent» les idées ainsi que l’organisation? Mohamed Nejib Echabbi a été insulté par le Conseil de protection de la Révolution, comment les juges membres du Conseil peuvent-ils protéger ses droits en toute équité et sans aucun parti pris?

La Justice est-elle de la seule responsabilité de la magistrature ou relève-t-elle aujourd’hui de celle de tous les Tunisiens? Pour réussir une transition démocratique, la justice a besoin de temps pour devenir sereine. Rappelons-nous, pour exécuter Ceaucescu, la Roumanie a attendu une année

Il faut laisse à la justice tunisienne le temps de reprendre ses repères, il ne faut pas qu’elle subisse une pression de quelque provenance qu’elle soit, car on ne peut faire confiance dans une justice qui subit et réagit sous le poids de la pression. Le cas de l’agent municipal qui a giflé feu Bouazizi en est une parfaite illustration. A-t-on jamais vu quelqu’un croupir en prison pour une gifle? Fadia Hamdi a le droit d’être traitée en tant que citoyenne avec des droits qui doivent être protégés par la justice, elle qui reste incarcérée au mépris de la législation en vigueur. Que ce soit l’avocat ou le juge, ils sont là pour protéger l’individu dans ses trois dimensions, à savoir son honneur, son intégrité physique et son patrimoine financier. Un juge ne doit pas être populiste, il est le garant de l’application de la justice en se basant sur les faits et les règles de loi. Sa responsabilité est grande car il a l’obligation et le devoir de faire respecter la volonté du législateur.

Que devons-nous faire pour garantir l’indépendance de la justice? Il faut tout d’abord une remise en cause profonde de notre propre attitude par rapport à la loi. Parce que si nous allons entrer dans le jeu des rendements de compte sales, bêtes et méchants, nous ne pourrions pas nous en sortir, et à commencer par les juges eux-mêmes.

Pourquoi aujourd’hui ne juger que les Trabelssi ou les familles proches et alliées, qu’en est-il de tous ces experts qui leur ont facilité la tâche et qui leur ont concocté des plans dignes des plus grands en matière d’arnaques, de vols légalisés et de spoliation des biens de l’Etat et du peuple? Et où sont ces ONG de droits de l’homme qui étaient dans l’opposition et qui font aujourd’hui peu de cas des droits des prévenus quels qu’ils soient? La Ligue tunisienne des Droits de l’Homme, Amnesty international et autres. Pourquoi n’ont-elles pas appelé dans des communiqués officiels juges et avocats à assurer leur mission en toute objectivité et sans prise de parti, à assumer leurs responsabilités dans le respect de la loi?

Que devons-nous faire pour garantir l’indépendance de la justice? Il faut tout d’abord une remise en cause profonde de notre propre attitude par rapport à la loi.Il faut avoir le recul nécessaire par rapport aux affaires que nous traitons, il faut pouvoir et vouloir être impartial.

Est-il normal que, dans cette Tunisie nouvelle que nous voulons juste, les avocats qui ont accepté de défendre la famille de l’ancien chef de l’Etat subissent des intimidations et même des menaces et ont eu peur?

Doit-on accorder la primauté à la légitimité révolutionnaire ou à la suprématie de la loi?

Source : « wmc » Le 15-04-2011

« Dégage: la révolution tunisienne »: un livre-témoignage disponible à partir … .


 

 

Un livre-témoignage intitulé « Dégage: la révolution tunisienne » vient tout juste d’arriver en Tunisie et sera disponible à partir de cet après-midi dans plusieurs librairies de Tunis, apprend l’agence TAP auprès de Mme Ahlem Jami Guesmi, responsable de la communication aux éditions Alif.

 

Publié par les éditions Alif, cet ouvrage « conçu en Tunisie par un collectif de tunisiens et tunisiennes » se veut un témoignage décryptant la période entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011, rassemblent plus de 500 photos et plus de 100 témoignages de jeunes, d’étudiants, de journalistes, d’intellectuels, d’hommes politiques etc sur « la Tunisie oubliée », « les événements au jour le jour, « l’hommage à l’armée tunisienne » et bien d’autres choses.

 

« Enfin libres de témoigner…Enfin libres d’éditer

 

Classé dans la catégorie des beaux livres et dans la série « Patrimoine historique » ce livre, précise Mme Ahlem Jami Guesmi, est co-édité avec les éditions du Layeur et France Info pour assurer sa distribution notamment en France et en Belgique.

 

Sous les signes « Enfin libres de témoigner » et « enfin libres d’éditer », le livre est présenté notamment en ces termes: « en réalisant ce livre, nous avons fait l’un des plus beaux métiers du monde, celui d’éditeur. Depuis plus de 23 ans, nous n’avons pas édité sans peu ou prou de censure. Aujourd’hui « Dégage » n’a subi de censure que celle de nos choix et de nos responsabilités citoyennes ».

 

Dans la capitale, le livre (35 dinars) sera disponible dans les librairies El Kitab, Clairefontaine (Tunis, la Marsa et Mutuelle ville) « Mille feuilles », « l’Annexe »-la Marsa et Caliga El Menzah.

 

L’ouvrage sera également disponible à partir de demain dans des librairies de Sousse (« L’univers du savoir », « Erayes » et Sami Kacem) et du Cap Bon (« Scolaris »-Nabeul et Kélibia, « Mot à Mot » et « Printemps »-Hammamet) dans l’attente d’une plus large diffusion sur tout le territoire.

Source : « Tunisie Soir » Le 15-04-2011

Tunisie: rumeurs infondées sur les incidents du tribunal de Sousse


 

Les rumeurs répandues récemment sur l’irruption de 50 agents de sécurité dans le tribunal de première instance de Sousse pour libérer leur collègue de la salle de détention sont infondées, affirme le ministère de l’intérieur dans un communiqué publié vendredi.

 

Un agent de sécurité, explique le communiqué, s’est présenté, de son propre gré, le 30 mars devant le juge d’instruction près le tribunal de première instance de Sousse qui l’a auditionné à propos des faits qui lui sont reprochés puis a décidé de le placer en détention provisoire.

 

La décision judiciaire a été exécutée par les agents de sécurité du tribunal, précise le communiqué.

 

L’agent de sécurité en question a été relâché le 2 avril après avoir comparu devant la chambre criminelle relevant du même tribunal, indique le communiqué.

Source : « Espace Manager » Le 15-04-2011

La révolution tunisienne mode d’emploi


 

Par Abdallah Rihani*

Le jour de la révolution en Tunisie, le 14 janvier 2011, est un jour mémorable. Voilà les Destouriens surpris par l’effondrement de l’édifice dictatorial qui les abritaient et qu’ils croyaient à l’épreuve de toutes les secousses naturelles ou humaines, éternel pour eux. Ils ont été confondus, et depuis la cinglante révolution du 14 janvier 2011, ils ne cessent de fomenter petites et grandes machinations pour sauver les meubles, autrement dit, pour maintenir le maximum d’anciens du Rcd parmi le personnel bureaucratique dirigeant les institutions nationales et régionales.

 

La déroute des «Dsètras»

Le peuple révolutionnaire a fait échouer ces petites manœuvres méprisables, tant il est vrai que le dégoût qu’inspirent ces gens, les «Dsètras», ne risquerait pas de disparaître du jour au lendemain ni même après de longues années.

Les tentatives destouriennes de faire du neuf avec le vieux n’ont pas été mises en déroute seulement par les révolutionnaires qui ont vaillamment occupé la place de la Kasbah et fait tomber gouvernement et Premier ministre.

Dans les régions, couvrant l’ensemble du pays, le réseau de communication des révolutionnaires a fonctionné à merveille et l’information sur les personnes nommées, leurs compromissions ou les méfaits qu’ils ont pu commettre sous le règne du dictateur ont été rapidement dévoilés et la population a exercé son droit, révolutionnaire et légitime, de chasser ses oppresseurs en attendant le jour de leur traduction en justice.

Beaucoup se sont accrochés au caractère spontané du mouvement de masse à ses débuts pour nier le rôle déterminant joué par les militants révolutionnaires pour mener le mouvement vers sa réussite.

Le déclenchement du soulèvement populaire tunisien, à ses débuts, pour un court laps de temps, fut spontané. Cependant la révolte spontanée, nourrie par l’indignation durant les premiers jours de décembre, s’était rapidement transformée en activité révolutionnaire déterminée à atteindre des objectifs politiques précis par une stratégie qui ne l’était pas moins, misant sur plus de manifestations bien organisées, disciplinées et pacifiques.

Il y avait eu une progression ininterrompue dans la mobilisation qui n’a pas débordé son encadrement malgré le nombre grandissant de martyrs. Les mots d’ordre étaient placés, sans détour et sans ambiguïté, sur le terrain politique. Les masses ont repris les mots d’ordre des groupes minoritaires persécutés, le rejet du dictateur, des familles qu’il protège et de son régime pourri en entier. Du travail de professionnels de la révolution discrets et efficaces, ils ne voulaient pas la gloire mais triompher de la dictature et des appareils de la terreur. C’était nouveau et surprenant, pendant que le peuple établissait la rupture radicale et définitive avec la peur et le recul devant la répression son action devenait bien ciblée, déterminée par des objectifs clairs, plus rien n’était plus spontané.

 

Nulle autre issue que la victoire ou le sacrifice

Le peuple veut faire tomber le régime! Un point de non-retour était franchi car les gens savaient que la dictature est vengeresse, sanguinaire et meurtrière comme une bête sauvage. Ils savaient que la dénonciation du dictateur et de sa famille ne leur sera pas pardonnée, une ligne rouge a été bafouée, de sorte que l’enjeu de la lutte se restreint, devient quitte ou double, sans autres issues que la victoire ou le sacrifice. Ce n’était pas une bonne nouvelle pour le dictateur.

Il est bien connu à travers le monde et tout au long de l’histoire depuis Rome et la lutte désespérée des esclaves, Berlin en 1918, Chili 1973 et Tunisie en 1978, bien des mouvements de révoltes spontanées et puissantes se font réprimer dans le sang et se font étouffer sans changer le cours des choses.

La spontanéité populaire chargée d’indignation, de révolte et de désir d’en finir avec l’état des choses ne suffit pas toujours à elle seule. La présence des militants révolutionnaires est une condition essentielle de réussite. Qu’ils soient en groupe ou même individuellement, ces militants font la différence. Il n’y a qu’à voir ce qui se déroule en ce moment en Libye pour constater qu’un élément essentiel a manqué à l’insurrection spontanée.

 

La jonction entre forces révoltées et forces révolutionnaires

La chance historique de la Tunisie, c’est la jonction parfaitement réalisée entre forces révoltées et forces révolutionnaires à l’œuvre depuis des décennies et qui n’ont jamais cédé devant la dictature. Ce sont des hommes et des femmes de divers horizons politiques, syndicalistes, marxistes révolutionnaires, Nahdaouis, communistes, islamistes, nationalistes arabes, baâthistes, nasséristes ou simples «électrons libres» assoiffés de justice et de liberté qui ont fusionné avec les masses en action.

Ces militants ont été les sources lumineuses qui ont rayonné autour d’elles, leur éclat ne s’est jamais éteint malgré les années de prison, la torture et de toutes les persécutions dont ils ont fait l’objet sous le régime du dictateur.

On peut dire aujourd’hui que si le peuple en révolte constitue la chair de la révolution tunisienne, les militants politiques «professionnels» au sens léniniste de ce mot, ont constitué la colonne vertébrale de la révolution. C’est là la chance de la Tunisie, une indignation généralisée et un travail de résistance politique et d’encadrement discret et efficace ont poussé les forces de la répression au désarroi et à la panique au bout d’une courte période de temps. L’appareil répressif devenait incapable de distinguer le corps de la tête du mouvement.

Incapable d’identifier un groupe particulier de révolutionnaires, de sévir contre une formation spécifique ou un parti politique isolé ou des meneurs qui se seront distingués, la répression a été mise en échec à ce niveau bien précis.

Aujourd’hui, la contre-révolution dit que la révolution tunisienne n’avait pas de dirigeants. Elle fait du déni, car ceux qui aujourd’hui forment les comités de protection de la révolution tunisienne sont ceux qui ont été au cœur du mouvement, soutenant les masses du début jusqu’à la fin, prêts à se sacrifier. Il ne sert à rien d’ignorer ce souffle chaud dans lequel le peuple, qui n’est pas dupe, s’est reconnu. À la fusion parfaite entre les masses et les groupes révolutionnaires tunisiens dans leur diversité s’ajoute la force de l’action simultanée et généralisée à l’ensemble du pays. Les syndicalistes révolutionnaires ont ici joué un rôle clé.

Bien entendu les régions minières Kasserine, Redeyef, Sidi Bouzid ont indéniablement, avant tout le monde, expérimenté le mouvement. Elles étaient en lutte depuis au moins deux longues années. Elles ont payé le prix fort de la révolution. Mais quand le peuple et la jeunesse du pays en entier sont descendus dans les rues, c’est partout et en en même temps. Ceci relève de l’organisation concertée plus que de l’action spontanée. C’est cette action bien menée qui a débordé les capacités répressives de la dictature malgré leur énormité.

Plus efficace par la suite était l’enchaînement des étapes et des revendications qui ont eu pour effet de renforcer le mouvement jour après jour jusqu’à la fuite du chef des truands.

Gloire au peuple, gloire aux révolutionnaires tunisiens qui l’ont animé avec dévouement et humilité.

 

Le parcours sans faute des résistants politiques

Il faut reconnaître aux organisations politiques résistantes un professionnalisme sans failles, une maîtrise incroyable du cours des évènements, une endurance admirable et un aboutissement salué par le monde entier.

La révolution tunisienne a été menée par des moyens pacifiques qui n’ont laissé aucune place à la déviation malgré la provocation des polices et malgré la violence des affrontements. Répétons-le, c’était un travail inventif, inédit, parfaitement adapté aux tactiques de l’ennemi et à ses stratégies de terreur.

De cette épreuve tous doivent reconnaître et saluer la retenue et l’effacement stratégique pertinent des militants du parti Ennahdha. Ils ont coupé l’herbe sous les pieds de ceux qui auraient voulu se présenter comme les protecteurs de l’Occident contre l’islamisme et les talibans.

Mais le courant progressiste, en particulier les marxistes, le Pcot, les militants syndicaux de diverses branches, ces militants qui agissaient au niveau de la base populaire depuis de longues années, tous se sont mis en retrait pour laisser la place à la jeunesse et au peuple.

Voilà qui les honore et leur fait gagner le respect et la reconnaissance de tous les Tunisiens et des Arabes en général.

Lorsque le dictateur paniqué envoie ses tireurs sur les toits, c’était le signe de son impuissance et de sa fin imminente, le peuple se rebelle, devient incontrôlable, c’est lui qui prend le contrôle.

On entend aujourd’hui les complices de l’horrible dictateur, ses anciens serviteurs et ministres, le sang des martyrs n’ayant pas encore séché, réécrire l’histoire et se présenter comme ceux qui ont sauvé le pays d’un bain de sang. Le peuple et les forces révolutionnaires qui ont consolidé son action savent bien que le bain de sang a bien eu lieu contre le peuple, avec près de 300 martyrs. Que les Destouriens aient la décence ou l’indécence de ne plus se présenter en sauveurs de qui que ce soit ou de quoi que ce soit. Ils sont, pour le moins, les complices actifs de la terreur qui a submergé le pays pour une durée de vingt ans sans que cela dérange leur sens du respect des vies humaines dont ils se réclament aujourd’hui.

Les révolutionnaires tunisiens, comme les frères égyptiens, libyens, yéménites et les autres, n’ont pas fini de surprendre tout le monde, ils sauront mettre en place les ressources et les stratégies qui protégeront la révolution et garderont l’initiative aux mains du peuple.

 

* Analyste en politiques publiques vivant au Canada.

rihaniab@yahoo.ca

Source : « Kapitalis » Le 15-04-2011

Ben Jaafar : « L’inéligibilité des responsables du RCD est primordiale pour apaiser l’opinion tunisienne »


 

 

Rencontre avec le Tunisien Mustapha Ben Jaafar, secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés.

Né en 1940,Mustapha Ben Jaafar a fait ses premières armes politiques dès les années 1960, dans les rangs du Néo-Destour. Entré en dissidence en 1970, il est devenu une figure de l’opposition à Bourguiba puis à Ben Ali, militant sans relâche pour la défense des droits de l’homme. En 2009, sa candidature à la dernière élection présidentielle a été invalidée pour vice de forme. Nommé ministre de la Santé publique dans le gouvernement de Mohamed Ghannouchi le 17 janvier 2011, il en démissionne le lendemain pour protester contre la présence de trop nombreux collègues issus du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ancien parti au pouvoir. Le 7 avril dernier, le secrétaire général du FDTL était à Paris pour présenter son projet politique aux Tunisiens de France. Il a exposé à jeuneafrique.com sa vision de la transition démocratique en cours en Tunisie.

Jeuneafrique.com : Le processus de transition se déroule-t-il conformément à vos souhaits ?

Mustapha Ben Jaafar : Après un grand coup de tonnerre dans le pays – que personne ne prévoyait, mais que tout le monde espérait -, certaines attentes ne sont toujours pas satisfaites. Les gens désirent le changement et, après avoir tant patienté, ils veulent des résultats tout de suite. D’où ces cafouillages, cette rébellion quasi permanente qui prend différentes formes et entretient une certaine insécurité. D’un autre côté, il y a des éléments rassurants : la maturité de la classe politique, celle des acteurs de la révolution, et l’établissement d’un agenda précis pour l’élection de la Constituante par legouvernement de M. Caïd Essebsi.

L’existence d’une instance regroupant l’essentiel des forces politiques, associatives, syndicales, des personnalités indépendantes, des représentants des régions, est également de bon augure. Par la suite, la mise en place d’une commission indépendante de supervision des élections permettra que l’organisation du scrutin échappe enfin au ministère de l’Intérieur, aussi habile à respecter les calendriers qu’à falsifier les résultats.

Quelles mesures d’urgence doivent être prises pour remédier à la situation économique et sociale ?

Le premier et le second gouvernement de M. Ghannouchi ont failli dans leurs tâches car ils n’ont pas su rétablir une indispensable confiance. Le retour à la sécurité et à la stabilité est essentiel pour la reprise économique, d’autant plus que nous sommes à la veille de la saison touristique. Le gouvernement a aussi pris un certain nombre de mesures d’urgence en offrant 40 000 emplois qui, répartis dans la transparence et sans clientélisme, pourront réduire les tensions. Pour la suite, c’est tout un programme : le système Ben Ali a laissé une situation tellement catastrophique, que nous allons avoir besoin d’un véritable plan de redressement social et économique pour lutter contre la pauvreté, l’analphabétisme, le chômage des jeunes et la corruption qui est le cancer de notre économie.

Que vous inspire le gouvernement actuel ?

Notre préjugé est favorable. Le gouvernement Essebsi a tout de suite annoncé trois actes majeurs. La dissolution du RCD et celle de la police politique. Il a aussi accepté qu’une instance regroupant toutes les composantes de la société civile pilote cette transition. M. Ghannouchi voulait conduire tout seul la machine : c’était le système Ben Ali maquillé, comme si la parenthèse de la révolution avait été définitivement fermée.

Comment percevez-vous la prolifération de nouveaux partis politiques ?

Le pluripartisme est indispensable, mais il faut pouvoir clairement discerner les partis et leurs projets. Malheureusement, plus il y en a et moins le champ politique a de visibilité. Dans toutes les transitions démocratiques, on assiste à une prolifération semblable : toutes les ambitions, y compris personnelles, s’expriment. Cela m’ennuie, mais ne m’inquiète pas. Le test électoral va mettre de l’ordre en montrant lesquels ont une véritable représentativité.

Certains de ces partis seraient des émanations de feu le RCD…

Il y a des anciens du RCD qui ont, d’une manière très claire, déposé des statuts pour créer des partis et ont obtenu des autorisations. Je le regrette : j’aurai voulu qu’ils aient la décence de se faire oublier quelques temps, mais ils ne l’ont pas fait. Dans d’autres transitions démocratiques, des lois ont fixé des délais d’inéligibilité. C’est primordial pour apaiser l’opinion et pour que la transition démocratique s’engage dans les meilleurs conditions. [Depuis cette interview, les dirigeants du RCD ont été exclus de la future Constituante, NDLR]

Quelles sont les ambitions du FDTL dans ce paysage politique recomposé ?

Le FDTL est un ancien parti dont les fondateurs ont milité contre le système de Bourguiba, puis contre Ben Ali avec encore plus d’énergie. Ils en ont payé le prix. Le FDTL a toujours été intransigeant sur la question des libertés et nous avons été parmi les premiers à prôner la démocratie, quand celle-ci était considérée comme un concept bourgeois et importé. Nous espérons aujourd’hui que les sacrifices faits ces vingt dernières années porteront leurs fruits et que le peuple tunisien suivra le projet social que nous avons toujours défendu : un projet pour une société moderne, ouverte et attachée aux valeurs universelles des droits de l’homme.

Comment voyez-vous le retour des islamistes sur la scène politique ?

Nous avons toujours été intransigeants sur la question des libertés. Nous pensons qu’elles sont indivisibles et, dès les années 1990, nous avons été les premiers à défendre l’idée que les militants d’Ennahdha aient le droit de s’organiser et de s’exprimer exactement comme n’importe quel autre groupe de citoyens, pour peu qu’ils acceptent la règle démocratique et de l’État de droit. Certes, nous ne sommes pas porteurs du même projet, mais les échanges que nous avons eus avec eux nous ont montré qu’ils avaient évolué. Ils ont signé des chartes affirmant leur respect du Code du statut personnel [CSP], un acquis qu’il ne faut à aucun prix remettre en question. Malheureusement un certain nombre de dérapages sur le terrain nous inquiètent : il y a beaucoup d’incidents qui pourraient, par leurs répétitions, nous inciter à croire qu’ils ont un double langage.

En outre, la démocratie, c’est avant tout le respect des droits des minorités et certainement pas la dictature de la majorité. Seule la pratique va nous montrer si les responsables d’Ennahdha vont respecter cette règle. S’ils remettent tout en question une fois majoritaires, ils ne seront pas des démocrates mais des putschistes.

L’UGTT dont vous êtes proche pourrait fonder un parti travailliste, que vous inspire cette perspective ?

L’UGTT n’est pas homogène sur la question politique : elle est très diverse. Chaque membre du syndicat votera pour le parti dont il se sentira le plus proche. En ce qui nous concerne, je suis moi-même un ancien syndicaliste, et parmi les responsables du FDTL, de nombreux camarades l’ont été. Il y a certainement beaucoup de syndicalistes qui nous soutiendront électoralement. Enfin, ce parti travailliste, qui ne représentera pas toute l’UGTT, pourrait intégrer une alliance que nous envisagerons pour les élections.

Quel est votre projet personnel pour la présidentielle ?

Je n’ai pas l’obsession du palais de Carthage : j’aurais pu accéder au gouvernement à l’âge de 30 ans et depuis 40 ans je ne l’ai pas fait ! J’attends de savoir quel sera le mode de scrutin et surtout le système politique qui sera adopté par la Constituante : régime présidentiel, parlementaire ou mixte. J’opterai personnellement pour un régime où les pouvoirs seraient répartis équitablement entre le chef de l’État, le chef du gouvernement et le Parlement. Selon la formule adoptée, nous verrons dans quel créneau inscrire la stratégie du FDTL qui sera bien sûr collectivement discutée et adoptée.

Que vous inspirent les révolutions périphériques ?

Je suis avant tout très fier que ce message de liberté et de dignité soit parti de Tunisie. Mais, en même temps, ce qui se passe en Libye me fait peur : je crains que le prix du changement, déjà très lourd, ne le devienne encore plus. Je crains aussi que l’intervention étrangère, venue dans l’urgence pour soulager ce peuple meurtri, ne se transforme en occupation.

L’exemple égyptien, bien qu’il présente des similitudes avec le cas tunisien, me semble aussi très différent : je ne pense pas que ce soit une vraie révolution. Moubarak est parti, mais l’armée, qui a toujours détenu l’essentiel du pouvoir en Égypte, est toujours là. J’espère qu’elle tirera les leçons de la révolte pour engager de véritables réformes et instaurer un régime démocratique au service du peuple.

Quel est message votre à l’intention de la jeunesse arabe et africaine ?

Qu’elle prenne en main son avenir : l’exemple de la jeunesse tunisienne nous a surpris car on a longtemps pensé qu’elle se désintéressait totalement de la chose publique et n’était avide que de loisirs. Elle a prouvé le contraire. J’espère que la jeunesse arabe et africaine va continuer sur ce même chemin, qu’elle lèvera la tête définitivement et n’aura plus peur des dictateurs. Il faut que cette nouvelle génération extraordinaire accède aux responsabilités et qu’elle s’y prépare.

Source : « Jeune Afrique » Le 15-04-2011

Paysage audiovisuel tunisien: Le vide pour avoir les mains libres


 

 

Le clan des Ben Ali-Trabelsi a fabriqué un audiovisuel bien à lui. En favorisant un vide juridique et institutionnel qui lui a permis d’octroyer les fréquences à qui il souhaite et de signer des “conventions” pour l’édition d’un service de radiodiffusion avec qui il entend. C’est le propos de ce premier article sur le paysage audiovisuel tunisien.

“Je leur souhaite bien du courage”. La réflexion est d’un consultant en audiovisuel. Faite à l’endroit des travaux du récent atelier (9-10 avril 2011) organisé, à Tunis, sur “La réforme des médias audiovisuels” et qui a mis en exergue l’étendue des procédés et manoeuvres entreprises sous l’ancien régime ainsi que les initiatives à prendre, les projets à mener et les changements à apporter au niveau du paysage audiovisuel tunisien. Lequel a souffert, à l’instar de nombreux autres secteurs de la vie nationale, du despotisme tout le long du règne du président déchu, Ben Ali.

L’audiovisuel tunisien a souffert d’un vide juridique orchestré du reste par clan Ben Ali-Trabelsi afin d’avoir les coudées tranches au sens large du terme.

Force est de constater, d’abord, que le monopole a disparu en Tunisie avec la promulgation du Code des télécommunications de janvier 2001. Ce texte dit dans son article 4 que “sont abrogés toutes les dispositions antérieures, contraires aux dispositions” du Code des Télécommunications qui a pour objet l’organisation de cinq activités dont celle de “la fourniture des services de télédiffusion” ( Article 1).

Barrer la route aux candidatures “malvenues”

Une activité qui est définie ainsi: “services des télécommunications assurant la transmission et la diffusion des programmes radiophoniques et télévisuels au moyen des fréquences radioélectriques” (Article 2). Ce qui veut bien dire que le monopole de radiodiffusion sonore et visuelle, institué, le 25 juillet 1957, par le bey de Tunisie, Mohamed Lamine, n’a plus droit de cité.br> Restons au niveau de ce Code pour souligner qu’il institue une nouvelle structure, l’Agence Nationale des Fréquences (ANF) (Article 47) qui a pour tâche notamment d’accorder des fréquences conformément à ”un plan national des fréquences radioélectriques” (Article 46).

Il s’agit là, notent des observateurs, d’un premier verrou institué par l’ancien régime pour barrer la route aux candidatures “malvenues”. Et l’argument est pratiquement le même, notamment lorsqu’il s’agit d’accorder une fréquence pour une chaîne de télévision sur le réseau terrestre: “La Tunisie ne possède pas pour l’heure de fréquence disponible”.

Cela est le côté bâton. Pour la carotte, un autre discours a vu le jour ces dernières années: “Nous verrons mieux avec la TNT (Télévison Numérique Terreste) qui permettra la mise en place de nouvelles fréquences”.

Le second verrou? Aucun décret, arrêté, décision, ni circulaire et ni aucune structure ne sont venus mettre de l’ordre dans cette “transmission et diffusion des programmes radiophoniques et télévisuels au moyen des fréquences radioélectriques”. En somme, un vide juridique et institutionnel qui ne favorise aucun pas en direction de la “libération de l’initiative dans l’audiovisuel tunisien” longtemps présentée comme une réussite par l’ancien régime.

L’amendement du Code des télécommunications en 2008 n’a du reste rien apporté au niveau des “services des télécommunications assurant la transmission et la diffusion des programmes radiophoniques et télévisuels au moyen des fréquences radioélectriques” cités plus haut sinon de permettre à l’ONT (Office National de Télédiffusion) de louer sa capacité excédentaire de transmission” au profit d’opérateurs télécom”. L’ONT ayant bénéficié dans le Code de 2001 d’une concession pour l’exploitation des réseaux et services des télécommunications” (Article 91).

Un vide juridique et institutionnal qui a permis d’avoir les mains libres en matière de création de chaînes radio et télévision. En effet, alors que les demandes s’entassaient sur les bureaux des responsables des ministères et de la Communication et des Technologies de la Communication, entre lesquels les promoteurs faisaient des allers-retours du fait du “ce n’est pas moi, c’est l’autre”, des “conventions” étaient signées avec certains autres promoteurs.

Cinq radios et trois chaînes de télévision ont bénéficié de cette “manoeuvre”. Mosaïque Fm, Radio Ezzitouna du Saint Coran, Jawhara Fm, Shems Fm et Express Fm (pour les stations de radio) et Hannibal Tv et Nessma Tv (pour les chaînes de télévison) depuis novembre 2003, date de la “libération des ondes” en Tunisie.

Inutile de préciser que certains de ces médias sont la propriété de personnes proches du clan Ben Ali-Trabelsi, lorsqu’ils ne sont pas la propriété (en totalité ou en partie) de membres de ce clan.Ce qui n’a pas empêché, toutefois, l’ancien régime de leur imposer des règles de fonctionnement et un contrôle bien stricts.

Source: “wmc” Le 15-04-2011

A Sfax : Le niqab fait son entrée parmi les enseignantes universitaires


 

Une enseignante universitaire à Sfax est allée dispenser ses cours en portant le niqab, rapporte le journal électronique tunisien Tuniscope. Une première en Tunisie où même le voile était interdit dans les enceintes scolaires et universitaires depuis des années. Les étudiants ont cependant refusé ce costume totalement étranger à nos us et coutumes et ont quitté la salle, précise Tuniscope. Il y a lieu de s’interroger, dans cette Tunisie nouvelle, sur les libertés individuelles de certains et notamment les enseignants. Peut-on se présenter nu à l’école sous prétexte de liberté ? Une enseignante portant le niqab cherche-t-elle à choquer ses étudiants ou pense-t-elle sérieusement que ses mains et son visage vont susciter des pulsions sexuelles parmi ses étudiants ? Dans un cas comme dans l’autre, il y a de quoi s’inquiéter pour nos étudiants de cet état d’esprit.

Source: “Business News” Le 15-04-2011

Tunisie/K. Saïd : « Mode de scrutin inapproprié, la femme sera une figurante »


 

Le décret-loi relatif à l’élection de l’Assemblée nationale Constituante, adopté lundi par la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, a été diversement accueilli. Alors que certains le considèrent comme un acquis, voire un grand pas sur la voie de la transition démocratique en Tunisie, d’autres le rejettent partiellement ou totalement. Principal reproche : le texte ne traduit pas la souveraineté populaire, et serait, selon certaines critiques, le produit d’alliances douteuses dictées par les calculs politiciens et partisans. Kaïs Saïd, professeur de droit constitutionnel, nous livre son analyse. Vous avez émis de réserves sur cette nouvelle loi électorale…où résident les insuffisances ? Ce décret-loi est un projet, et non pas une loi définitive. Car, la haute instance n’a qu’un pouvoir consultatif. Mes réserves ont trait à la représentativité du peuple souverain. Actuellement, aucune structure, ni instance n’est représentative du peuple. Le nombre de partis et de personnalités qui ont élaboré ce projet de décret-loi est discutable. C’est d’autant plus discutable, que bon nombre de ces partis n’ont vu le jour qu’après le 14 janvier. Ils doivent donc leur existence au peuple. La révolution n’a été guidée par aucune organisation, ni parti politique. Les choix qui ont été faits, l’ont été en fonction d’une certaine lecture de la carte électorale qui ne correspond nécessairement pas aux choix du peuple, à la réalité de notre pays, et aux spécificités de la révolution tunisienne. Les membres de cette haute instance ont choisi le scrutin de liste par une représentativité proportionnelle. Or, le scrutin de listes ne favorise que les grandes formations politiques, aux dépens des partis moyens et faibles ; n’en parlons pas des indépendants qui trouveront beaucoup de difficultés à se présenter aux différentes circonscriptions électorales. Pourriez-vous nous expliquer le principe du scrutin de liste à la proportionnelle ? Le scrutin de liste repose sur le principe suivant : chaque candidat qui veut se présenter, doit présenter une liste qui comprend de 2 à 4 personnes ou plus, selon le nombre de sièges à pourvoir dans chaque circonscription qui sera décidé après par le haut comité des élections. L’électeur ne peut choisir qu’une liste parmi les listes présentes, une liste bloquée à prendre ou à laisser. Certains affirment que ce mode de scrutin favorise les programmes politiques, ce qui est discutable. Car, la prochaine échéance électorale, n’est pas une élection d’une assemblée législative, ou une élection présidentielle, c’est une élection d’une assemblée constituante. La majorité des partis ont quasiment les mêmes programmes électoraux. Ce mode de scrutin n’est pas approprié à nos réalités, le mieux était de choisir le scrutin uninominal qui permet à un parti de se présenter et d’exposer son programme, comme c’est le cas en France. Certains disent que le scrutin uninominal favorise les riches ou ceux qui tirent avantage de leur position tribale… Cela est vrai, mais il l’est tout autant pour le scrutin de listes. Les têtes de liste, peuvent être des notables locaux, et tirer ainsi profit de leur position socio-économique. Il y a aussi le problème de financement douteux des campagnes électorales, qui peut concerner ces deux modes de scrutin, même s’il représente un plus grand risque pour le scrutin de liste. Etant donné que dans ce mode de scrutin, la circonscription électorale est grande et est difficile à contrôler, alors que pour le scrutin uninominal, il s’agit de petites circonscriptions, ce qui permet aux électeurs de contrôler les candidats, et de se rendre compte s’il y a une quelconque source de financement suspecte. La nouvelle loi a introduit le principe de parité homme/femme sur les listes électorales. Est-ce vraiment à l’avantage de la femme ? Tout d’abord, les partis politiques n’ont pas tous des femmes en leur sein. La femme n’est pas une sous-race, c’est une citoyenne égale à l’homme. C’est une question de principe de ne pas traiter la femme de cette manière touchant sa dignité. Il s’agit aussi d’une question de procédure et d’application, la présence de la femme en 2è, 3è ou 4ème position, lui conférera un rôle de figurante, puisqu’elle n’aura que très peu de chances d’être élue. Et puis, il ne faut pas oublier les régions intérieures. Il faut prendre en considération la culture et l’état d’esprit qui prévalent dans certaines régions de la Tunisie. A mon sens, si la femme mérite d’être élue, elle le sera, on n’a pas besoin de recourir de cette manière à la parité, ou aux quotas. Le texte a aussi décrété l’inéligibilité des responsables du gouvernement de du RCD qui ont servi sous Ben Ali pendant 23 ans, comment vous réagissez à cette mesure ? S’agissant de l’inéligibilité décidée par le décret-loi, interdisant aux membres du gouvernement et du RCD ayant servi sous Ben Ali, de se présenter, le principe est à retenir. Le texte distingue les dirigeants qui ont une responsabilité et ceux qui ne l’ont pas. L’idée dans le projet initial, que nous avons élaboré, était d’écarter ceux qui étaient responsables au cours des dix dernières années du règne du Président déchu. Vous disiez au début que le texte n’est pas définitif, c’est-à-dire que la haute instance peut-être recadrée par le Président par intérim… Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et doit renvoyer le projet de loi à la haute instance pour une seconde lecture. C’est la responsabilité du Président par intérim et du conseil des ministres de délibérer et de prendre cette décision. Le tout est de permettre aux prochaines élections d’être réellement libres et démocratiques et de se dérouler dans la transparence.

Source: ”GlobalNet” Le 15-04-2011

Les perdants du 14 janvier ne baissent pas les bras

Ils attaquent la « cyber révolution » avec une « contre cyber révolution

»


 

Le monde entier l’a souligné : nous avons accompli la première révolution « électronique » de l’histoire. Elle a certes utilisé quelques procédés classiques (grèves et manifestations de rues) pour lutter contre la répression et mobiliser les Tunisiens contre le régime mafieux de Ben Ali et consorts,

mais comme l’information passait mal ou pas du tout à travers les médias officiels ou indépendants, une grande partie de la jeunesse désireuse d’en finir avec l’absolutisme, la corruption et les inégalités recourut à des techniques modernes pour lancer et renforcer un large mouvement social de lutte inédite contre la dictature. Ces réseaux fonctionnèrent à merveille entre lycéens, étudiants et chômeurs de 20 à 35 ans. Les mails et les textos que ces derniers échangeaient quotidiennement (de nuit plus que de jour, il est vrai) ainsi que les longues heures passées à « tchatter » sur Internet ne furent pas vains et créèrent une toile quasi impénétrable pour les services d’écoute des Ministères de l’Intérieur et de l’Information.

La Toile pour tous

Aujourd’hui, trois mois après le 14 janvier, la contre-révolution s’est rendue à l’évidence qu’il lui faut, à elle aussi, utiliser les armes de la Révolution. Les caciques du régime déchu se sont mis eux aussi à l’heure d’Internet et du face-book : ils s’envoient régulièrement des messages, se transmettent une quantité impressionnante d’informations et se concertent sur les moyens susceptibles de la ramener sur la scène politique et sociale. Le sit-in organisé en mars par les directeurs de lycées limogés et leurs censeurs devant le ministère de l’Education a été conçu en partie sur la Toile. C’est un ami proviseur qui nous vendit la mèche ; ses collègues le prirent au début pour l’un des leurs et lui envoyèrent deux mails et un message sur son site électronique. Certains rassemblements auxquels ont appelé d’anciens membres du RCD furent déclenchés à partir de SMS et de messages sur face-book. Les députés qui ont manifesté il y a près de deux mois pour avoir leurs rétributions se sont organisés de la même manière et ce doit être le cas entre les quelques dizaines de RCDistes qui tinrent il y a deux jours, leur sit-in devant le siège du Conseil constitutionnel. Nous avons même appris qu’ils comptaient rallier à leur mouvement un millier de manifestants dans un premier temps, ensuite le double puis le triple de ce nombre jusqu’à (pourquoi pas ?) réunir un million de contestataires comme le veut désormais la mode révolutionnaire en Egypte et dans certains pays du Moyen-Orient.

Revanche dans l’air

Il fallait s’attendre en effet à ce que les perdants du 14 janvier ne baissent pas les bras. Il était certain d’autre part que les centaines de milliers d’hommes de main de Ben Ali qui se sont retrouvés l’espace d’un historique week-end de janvier 2011, sans privilèges, sans protecteur, sans couverture policière ni judiciaire, allaient laisser passer l’orage et attendre quelque temps pour reprendre du poil de la bête. Ministres démis, PDG limogés, parlementaires congédiés, juges révoqués, avocats et professeurs dénoncés et humiliés, directeurs d’entreprises et d’établissements publics ou privés lynchés et renvoyés, étudiants « renversés », milices des cellules du RCD, tout ce beau monde qui sait parfaitement utiliser le face-book n’a qu’une idée en tête : se venger de la Révolution et des « révolutionnaires » qui l’ont réduit à quia. Après s’être éclipsés les premiers jours dela Révolution, et à la faveur de la relative souplesse des deux gouvernements de Mohamed Ghannouchi, ils sortirent la tête de l’eau ; montrèrent le bout du nez sur les colonnes de quelques journaux ; la télévision et la radio leur tendirent le micro plus d’une fois, ils osèrent même s’ériger en juges implacables du régime de Ben Ali et en farouches défenseurs dela Révolution. Mohamed Bouazizi devint leur martyr à eux aussi. Plus tard, ils se constituèrent en petits partis politiques et protestèrent contre le peu de temps dont ils disposaient pour préparer les élections de Juillet. On les entend maintenant s’attaquer à tout le monde, à la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution, à Hamma Hammami et Rached Ghannouchi, à l’UGTT, au gouvernement de Béji Caïd Essebsi, au bourguibisme, aux femmes démocrates et… aux éboueurs en grève. Sur Internet, leurs commentaires de l’actualité nationale dissimulent péniblement leur tuante envie de voir le pays de nouveau entre les mains de la bande à Ben Ali dont ils n’osent pas se réclamer ouvertement. En ce moment, leur ridicule manège nous remet en mémoire cette anecdote sportive fort instructive : un jour, dans les années où l’Espérance sportive de Tunis dominait le hand-ball tunisien, l’une de ses gloires (devenu alors entraîneur de l’équipe) fit ce commentaire très lucide après une défaite surprise de ses poulains face au Club Africain : « En fait, à l’Espérance on a oublié de penser que nos adversaires du jour travaillaient et progressaient pendant que nous régnions sur la compétition. Voilà le résultat quand on dort trop sur ses lauriers. » La contre-révolution travaille et progresse elle aussi ; malheur aux révolutionnaires qui l’oublient !

Source: “Le Temps” Le 15-04-2011

Tunisian Financial Needs ‘In the Billions,’ Nabli Says


 

 

Nabli, speaking to reporters in Washington today, said Tunisia is not in talks with the International Monetary Fund for financing now. He said international financial institutions are bringing “significant” support, citing the World Bank and the African Development Bank.

 

“After this year as we move into a more stable political situation, we expect our economy will get growth and exceed what has been achieved before,” Nabli said. While Tunisia explores funding from financial markets as well as from bilateral contributors, “we need to see a better mix in terms of grants and lending because this is a very costly transition,” he said.

 

Finance ministers from countries including France and the U.S. met yesterday with international financial institutions in Washington to see how they can work together on assisting Middle Eastern and North African countries, “notably Egypt and Tunisia, in their transitions toward more inclusive growth,” the U.S. Treasury said in an e-mailed statement yesterday.

 

Hardship, Corruption

The Arab world and North Africa have been shaken by anti- government demonstrations in which protesters have complained about economic hardship and corruption. Tunisian President Zine el Abidine Ben Ali left office on Jan. 14, followed by Egyptian President Hosni Mubarak, in command for three decades, on Feb. 11.

 

The IMF estimates that financing needs from oil importers in the region will reach $100 billion over the next two years, Managing Director Dominique Strauss-Kahn told a panel in Washington today.

 

“Who’s going to provide the money?” he said. “Hopefully, banks, markets, households in different countries.”

 

“But there will be a gap,” Strauss-Kahn said.

 

IMF had technical teams visit Egypt and Tunisia to assess the economic prospects in recent weeks and Strauss-Kahn said earlier this week the institution stands ready to help if needed.

 

The World Bank is working with Tunisia on a $500 million budget support, coming with measures including improvement in access to information and transparency in public procurement, President Robert Zoellick said earlier this week.

Source: “Bloomberg” Le 15-04-2011

Analysis

Tunisia: A long way to go


 

In the new Tunisia, a store window in the capital displays books that were banned under the former regime. Protesters shout for jobs or justice almost daily on tree-lined streets. And after half a century of one-man rule, Tunisians can choose from more than 50 political parties.

 

Yet the freedom that is intoxicating Tunisia comes with a sense of fragility, a fear that it could spin out of control. So helmeted troops backed by armored vehicles stand guard along the central Avenue Bourguiba in Tunis, and some buildings are ringed with barbed wire. Police have sealed off a plaza where Tunisians held days-long sit-ins not so long ago, and have fired tear gas to prevent new rallies there.

 

The contradictions playing out in Tunisia’s streets show how this tiny country’s burst of freedom is marred by a growing anxiety over the future. With elections coming up, liberals worry that democracy will bring the Islamists, perhaps the best-organized political movement in post-revolt Tunisia, to power. Economists fear that continued turmoil will scare off investors and tourists. And activists who helped drive out dictator Zine el-Abidine Ben Ali in January are concerned his die-hard supporters will try to regroup.

 

At stake is more than Tunisia itself. Just as Tunisia’s overthrow of Ben Ali sparked anti-government uprisings across the Arab world, its success – or failure – in moving toward a stable democracy could once again send a strong signal to its neighbors.

 

« Tunisia has particular symbolic value as the first Arab revolution, » said Shadi Hamid, an analyst at the Brookings Doha Center. « If it (the transition) fails, and you see outbreaks of violence or low-intensity civil conflict, that is going to further the arguments of Arab autocrats that democracy equals chaos and instability. »

 

The eagerness for a free Tunisia is palpable.

 

One morning this week, several dozen activists sipped espressos at a sidewalk cafe on Avenue Bourguiba before their daily protest against the transition government. They said they wanted more drastic change, including swift prosecution of the former oppressors, because they fear Ben Ali’s supporters are plotting to regain power.

 

« We would like to cut with our past, » said Tasnim Dridi, a 22-year-old student of Chinese, her hair covered by a headscarf. Her fellow protesters, drawn together by Facebook, included a woman draped in a red-and-white Tunisian flag, a hairdresser from a provincial town, university students and jobless men in their 20s.

 

The activists then marched across the avenue and shouted through loudspeakers, « Tunisia is for all! »

 

But first, this country of 10.5 million people will need to rebuild a political system from scratch.

 

In coming days, the rules will be finalized for July 24 elections for a national assembly that is to write a new constitution. The assembly will decide, among other things, whether Tunisia gets a presidential or parliamentary system, and whether separation of religion and state becomes part of the law.

 

Ben Ali’s government had nominally permitted some parties and groups to function, but secret police harassed, detained or even tortured activists to squash dissent. The dozens of parties formed or legalized since his ouster cover a wide range of ideologies, including socialist, conservative and Islamic

Source:”Manilla Bulletin Publishing Corporation” Le 15-04-2011

Robert Fisk: ‘The Arab awakening began not in Tunisia this year, but in Lebanon in 2005’


 

Revolutions don’t start with a single dramatic event, such as the destruction of a church or a man’s self-immolation.

First, to reports from the revolutionary front lines in Syria, in the same imperfect, but brave, English in which they were written less than 24 hours ago…

« Yesterday morning I went to the square to demonstrate, I arranged it with guys on Facebook, I don’t know them, but we share the same ambition of freedom, that night I was awake until 6am watching the news, it was horrible what’s happening in Syria, the security forces slaughter people as if aniamals !!!…

« I wore my clothes and went to (the) sq. there was about 150 security service in civilian cloths in street calling for Assad’s life [ie praising Assad] and one taxi car the driver was driving against the cars to stop them moving in street, I am not sure if he was revolutionizing or just empty the street for security service!, it was crazy, I was angry that they are calling for the dictator’s life and want keep him running Syria like he doing.

They were looking around at every man in street if he doesn’t call for president’s life they beat him and arrest him, of course I didn’t call for his life and I took my phone and started taking video to show the world who’s calling for this dictator, his gang! 2 guys were running infront of the demonstration – they are revoluter but they had to run with this gang until freedom seekers arrive from ommayad mosque, those 2 guys told me not to take video and hide my phone.

« I hid it in my pocket but suddenly about 40 men from secutiry came to me, they started shoulting ‘he is taking video, he is taking video!!’ 5 guys hold me (like when they arrest someone) and started beating me…another 7 attacked me, they took my phone, my ID and my money and other 7 guys attack me, they said why are you taking video bastard??

« ‘We will kill you all enemies of assad, Syria belongs to assad not to you bastard people!!’ Immediately I said: ‘I am with you guys!! We all follow president assad even to death!’ they said then why are you taking video?’

« I said ‘because I am happy there is demonstration calling for the greatest leader assad…' »

« There was one man (looks like officer) caught me and slapped me and he was the last one in this fake demonstration which calls for assad life… »

The second report:

« Assad is lying I assure you! There is more than 6000 political prisoner in Syria so what does let 260 free mean?!!…they said the emergency law to be lifted BUT they will create new law against terrorism, which will be worse than emergency law we are sure!

« They said they will fight the corruption, do you think that Assad will arrest his cousin Rami Makhlouf, his brother Maher Assad, his uncle zo al himma shaleesh, will Assad arrest all his family, take their money and give it back to us??…the gang in Lattakia are Alawiyeen gang belong to Assad family we all know them in Syria they are called shapeeha, the people in Lattakia were demonstrating against the government and afterwards the secret service, police and army brought these shapeeha to scare people and kill them.

« In Syria we are not demonstrating for food or money, we want to change the whole system and hang all Assad family… »

This is raw stuff, the voice of popular – and young – fury that will not be quenched by torture rooms and the cosh. Both Syrian men escaped arrest – though one has now had to flee his country – but their accounts tell a grindingly familiar story from Tunisia, Egypt, Yemen, Libya… The fake pro-government demonstration, the promiscuous use of secret police violence, the popular knowledge of corruption and the production of plain-clothes regime thugs – « baltagi » in Cairo, where Mubarak used them, which literally means « thugs » – and the sectarianisation of suppression (the « Alawiyeen » in Lattakia are Alawi (Shia) gangs from the sect to which the Assad family belongs.

And now the regime in Damascus is claiming that Lebanon is one of the outside powers sewing discord in the « Um al-Arabia Wahida », the mother of the Arab nation, specifically the Lebanese March 14 Alliance of the outgoing Lebanese Sunni prime minister Saad Hariri, whose principal opponents are the Lebanese Shia Muslim Hezbollah party and their allies.

See how easy it is to create a « sectarian » war in Syria and then infect your neighbour with the virus?

These are not idle words. Revolutions don’t start with dramatic incidents – the self-immolation of an unemployed Tunisian, the destruction of a Coptic church – however dramatic these tragedies may be.

In reality, the « Arab awakening » began not in Tunisia this year, but in Lebanon in 2005 when, appalled by the assassination of ex-prime minister Rafiq Hariri (Saad’s father), hundreds of thousands of Lebanese of all faiths gathered in central Beirut to demand the withdrawal of Syria’s 20,000 soldiers in the country.

Bachar made a pitiful speech in Damascus, abusing the demonstrators, suggesting that live television cameras were using « zooms » to exaggerate the number of the crowds.

But the UN passed a resolution – a no-soldier zone, rather than a no-fly zone, I suppose – which forced the Syrian military to leave.

This was the first « ousting » of a dictator, albeit from someone else’s country, by the popular Arab « masses » which had hitherto been an institution in the hands of the dictators.

Yet I recall at the time that none of us – including myself, who had lived in Lebanon for decades – realised how deeply the Syrian claws had dug into the red soil of Lebanon over the previous 29 years. Syria’s Lebanese stooges remained in place. Their « mukhabarat » security police simply re-emerged in transmogrified form.

Their political murders continued at whirlwind speed. I spent days chasing from the scene of one car bomb or hit-job to another. This is what terrifies the demonstrators of all the nations struggling to throw off their brutal – and often American-supported – masters. Field Marshal Tantawi, the head of the Egyptian army, for example, is now running Egypt. Yet he is not only a close friend of America but a childhood and lifelong friend of Mubarak, who was allowed to whinge the usual ex-dictator’s self-congratulatory excuses on al-Arabia television (« my reputation, my integrity and my military and political record ») prior to his own questioning – and inevitable emergency entry into hospital. When the latest Tahrir Square crowds also called for Tantawi’s resignation, the field marshal’s mask slipped. He sent in his troops to « cleanse » the square.

When the Iranians, in their millions, demonstrated against Mahmoud Ahmedinejad’s dodgy presidential election results in June of 2009, many members of the « green » movement in Tehran asked me about the 2005 Lebanese revolution against Syria – dubbed the « Cedar Revolution » by the US State Department, a cliché that never really caught on among the Lebanese themselves – and while there was no direct political connection, there was undoubtedly an inspirational junction; two sets of tracks of the same gauge which reinforced the idea that the youth of Tehran and Beirut belonged to the same transport system of humanity and freedom.

Of course, there were many in the Middle East Muslim world who hoped the security forces could be won over to their side. In Cairo, individual soldiers did join the revolution – on a large scale, in Yemen – but wolves do not turn into pussycats. And – despite one obvious historical example in the region – it is unrealistic to expect anyone to save the world by walking towards their own crucifixion. Police chiefs, however personally devout, will do as they are told – even when their orders involve mass murder.

Take, for example, the Saudis. The Independent is in possession of an extraordinary – and outrageous – order from Prince Nayef Biu Abdul al-Saud, the Saudi minister of interior, issued on 11 March, prior to the much-feared « Hunayn Revolution » organised by Shia and Sunni intellectuals last month.

Hunayn was the name of a battle which the Prophet Mohamed won by a virtual miracle against far more powerful armies.

« To all the honourable heads of police in the areas of Riyadh, Mecca and Medina, al-Bahr, Qassim, the northern borders, Tabouq, Sharqiya, Qaseer, Najwan, Jezaan and the head of the emergency Special Forces, » Nayef begins – note how responsibility is neatly spread across the entire network of the « mukhabarat » – « previous to our conversations regarding the so-called ‘Hunayn Revolution’ – if indeed it exists – with its single goal of threatening our national security: this group of stray individuals spreads evil throughout the land. Do not show them mercy. Strike them with iron fists. It is permitted for all officers and personnel to use live rounds. This is your land and this is your religion. If they want to change that or replace it, you must respond. We give thanks to you – and good luck! »

This outrageous order – which, mercifully, did not have to be obeyed – was well-known to the Americans, who have so bitterly condemned the Assad regime’s brutality in Syria but who, in this case of course, uttered not a bleat.

Shia, it seems, are targetable in these revolutions – whether they be of the Saudi, the Bahraini, the Syrian or, indeed, the Lebanese variety.

Prince Nayef’s instruction is worthy of investigation by the International Criminal Court at the Hague – he orders his police chiefs to shoot down unarmed demonstrators – but even if his men had performed their bloody duties (and they have, in the past), he is safe. Saudi Arabia is one kingdom where we in the West will no more tolerate Arab « awakenings » than will the local autocrats. No wonder every Saudi carries an identity card which refers to him not as a citizen but as « al-tabieya » which means, in effect, « serf ».

The odd thing about all these revolutions, of course, is that the dictators – be they the Ben Alis, the Mubaraks, the Salehs, the Assads, even the al-Sauds – spend more time spying on foreigners and amassing documentation of their people’s transgressions than in trying to understand what their own indigenous populations actually want. Eric Rouleau, a Le Monde correspondent in Iran, who subsequently became French ambassador to Tunisia, has recounted how « General » Ben Ali, Tunisian minister of interior between 1985 and 1986, wished to acquire the very latest French communications equipment from Paris. The « pitiless ‘superflic' », as Rouleau cruelly called him, trained by American intelligence in the US, had files on « everyone ».

At one meeting with Rouleau, Ben Ali outlined the greatest threats to the Tunisian regime: social « unrest », tensions with a certain Colonel Gaddafi of Libya (here, one must admit a certain sympathy for Ben Ali) and – most serious of all – « the Islamist threat », whatever that may be. Rouleau remembered how « in a theatrical gesture, he (Ben Ali) pushed the button of a machine, which in an instant unrolled an unending list of names whom he said were under permanent surveillance. An information engineer, obsessed with technology, Mr Ben Ali did not cease to use this science of information gathering ». Rouleau, who was sending back to Paris less than flattering accounts of the regime and its interior minister, was puzzled that his relations with Ben Ali declined steadily – until the day he ended his mission. « On the day of my final departure from Tunisia, when I went to pay my courtesy visit to him, » Rouleau was to recall, « he asked me, in a state of white-hot anger, why I regarded him as a CIA agent possessed of unstoppable ambition. And he started quoting from his files, almost word for word, my own confidential telegrams to the Quai d’Orsay… The ambassador had not escaped from the intricate workings of his spy centre. »

Ben Ali could penetrate the French embassy, but as president he simply failed to learn about his own people. There is an unforgettable photograph of the soon-to-be-deposed president as he rather tardily visits the young suicider-by-fire, Mohamed Bouazizi, as he lies dying in his hospital bed.

Ben Ali is doing his best to look concerned. The boy clearly unable to communicate. But the doctors and paramedics are watching the president rather than their patient and doing so with a tired impatience, which the president obviously does not comprehend. From small kindlings do great fires grow.

Take the first uprising against Bashar al-Assad in Deraa – home to the old steam train station, by the way, in which TE Lawrence was supposedly assaulted by an Ottoman officer in the First World War – where no amount of sophisticated intelligence could have forewarned the regime of what was to come. A place of historical rebellion, some youths had painted anti-Assad graffiti on a wall. The Syrian security police followed their normal practice of dragging the young men to the cop shop, beating and torturing them. But then their mothers arrived to demand their release. They were verbally abused by the police.

Then – much more seriously – a group of tribal elders went to see the Deraa governor to demand an explanation for the behaviour of the police.

Each placed his turban on the governor’s desk, a traditional gesture of negotiation; they would only replace their turbans when the matter had been resolved. But the governor, a crusty old Baathist and regime-loyalist, took the turban of the most prestigious sheikh, threw it on the floor of his office and stamped on it.

The people of Deraa came out in their thousands to protest; the shooting started; Bashar hastily dismissed his governor and replaced him. Too late. The fire had been lit. In Tunisia, an unemployed young man who set himself alight. In Syria, a turban.

These episodes, of course, are not without their foundation of history. Just as the Hauran district, in which Deraa is situated, has always been a place of rebellion, Egypt was always the land of Gamel Abdul Nasser.

And oddly – although Nasser was the originator of the military dictatorships which were to cripple Egypt – his name was spoken of with respect by thousands of the demonstrators in Tahrir Square who successfully demanded Mubarak’s overthrow.

This was not because they forgot his legacy but because, after decades of monarchy and British colonial rule, they regarded Nasser as the first leader who gave Egypt self-respect.

Nasser’s daughter Hoda was undoubtedly right in February, when she said that « the parallel with the people’s power, the spontaneous uprising that brought my father to power, especially heartens me… People thought that the youth of today are apolitical, but they proved their detractors wrong.

« My father would have been ecstatic. He would have been proud of the people who demonstrated in Tahrir Square, chanting slogans urging radical political reform and social change. Nasser remains at the core of revolutionary mythology in Egypt and the Arab world at large. That is why you saw the portraits of Nasser hoisted high in Tahrir Square. » Against all this, the Libyan « revolution » is beginning to stale; its blood congealing along with the words once used about it.

The tribes we once acknowledged as a democratic opposition – namely the Senussis of the old Idriss family – are now called « rebels » by our press and television colleagues, the uprising is now a « civil war », an unpleasant way of reminding ourselves why we must not put « boots on the ground ».

Our Tory masters – especially our odious defence minister of the time – invented the Bosnian « civil war » to delay our intervention in the Balkan ethnic cleansing.

Most Arab nations would be happy to see the end of Gaddafi, but he sits uneasily amid the pantheon of « revolution ». Wasn’t he supposed to be the original revolutionary against the corruption of King Idriss and later scourge of the West and Zionism?

Oddly, there are parallels with Syria which we – and Assad – may not like. For it is Syria’s refusal to bend to the United States’ « peace process », its unwavering support for the Hezbollah « resistance » in Lebanon which broke the Israeli army in 2006, which allows the Assad family – caliphs, I suppose, by definition – to claim that their independence and their refusal to bow down to US-Israeli demands constitute a long-running revolution in Syria of infinitely more importance than the street fighting gangs of Deraa, Lattakia, Banias and Douma.

Hamas maintains its head political office in Damascus. Syria remains the lung through which Iran can breathe in the Middle East; through which Iran’s own president can enter Lebanon and proclaim – to the horror of the Lebanese whom Bachar Assad now blames for his own country’s violence – that southern Lebanon is now Iran’s front line against Israel.

And now let’s go a little further. On 31 March, the Israelis – who have steadfastly opposed the overthrow of the Middle East’s dictators – published a series of photo-reconnaissance pictures of southern Lebanon, supposedly marking the exact locations of 550 Hezbollah bunkers, 300 « monitoring sites » and 100 weapons storage facilities run by Syria’s Lebanese Shia militia allies in the country. They had been built, the Israelis claimed, next to hospitals, schools and public utilities. The documentation was fake. Visits to locations marked on the map uncovered no such bunkers. Indeed, the real Hezbollah bunkers known to the Lebanese are not marked on the map. The Hezbollah quickly understood the meaning.

« They are setting us up for the next war, » a veteran Hezbollah ruffian from the village of Jibchit told me. If Israel had really discovered our positions, the last thing they would have done is inform us they knew the locations – because we’d immediately move them! »

But last week, the Turkish air force forced down an Iranian transport aircraft supposedly flying over Diyarbakir en route to the northern Syrian city of Aleppo with « auto spare parts ». On board the Ilyushin-76, the Turks found 60 Kalashnikov AK-47 assault rifles, 14 BKC machine guns, 8,000 rounds of ammunition, 560 60-mm mortar shells and 1,288 120-mm mortar shells.

Forget Facebook. These were not part of any Arab « reawakening » or « uprising », but further supplies for the Hezbollah to use in their next conflict with Israel. All of which raises a question. Is there a better way of taking your people’s minds off revolution than a new war against an enemy which has resolutely opposed the democratisation of the Arab world?

Source: “ The Independent” Le 15-04-2011

 

 

Les Tunisiens marchent

vers la démocratie

cahin caha

 


 

 

TUNIS

DE L’UN DE NOS ENVOYES SPECIAUX

 

Ce n’est pas vraiment la gueule de bois, mais cela y ressemble. Les lendemains de la révolution du 14 janvier, en Tunisie, se révèlent délicats à gérer. Dès son arrivée à Tunis, le visiteur subit un choc, visuel et olfactif, bien révélateur : de nombreux trottoirs sont souillés par d’imposants tas d’ordures ménagères aux relents nauséabonds. En cause, une grève des éboueurs qui se prolonge depuis trois semaines ; avec l’équivalent de 70 euros par mois, ceux-ci s’estiment fondés à revendiquer pour leurs droits. La population compatit… en maugréant.

L’apprentissage de la liberté ne confère pas ipso facto le sens des responsabilités : de nombreux chefs d’entreprise ou responsables d’administration confrontés à une kyrielle de contestations et de revendications appuyées par des grèves ou des sit-in, en font l’amère expérience. La reprise de l’activité économique s’en ressent, semant le doute dans les esprits. La petite délinquance, que d’aucuns voient monter en flèche, n’arrange rien.

Mais ce tableau tristounet occulte peut-être l’essentiel : la démocratisation avance. Cahin caha, certes, mais elle avance. En atteste la liberté de ton de la presse locale, qui n’en demandait pas plus pour s’en donner à cœur joie. Ainsi, par exemple, le quotidien gouvernemental La Presse, qui diffusa pendant les 23 ans de dictature des articles qui louaient le régime d’une manière délirante sinon débile, s’est transformé en journal où de vraies informations sont disponibles, y compris sous la forme de reportages. Une petite révolution !

Les Tunisiens, dans ce contexte, se font peu à peu à l’usage du débat politique, chose inconnue – proscrite – pendant des décennies. Les chaînes de télévision privées, Nessma et Hannibal, organisent des débats en permanence, presque à l’excès. Les sujets de discussion, voire de dispute, il est vrai, ne manquent pas.

Le scrutin du 24 juillet prochain écrase la concurrence. Qui pourra se présenter à l’élection de la constituante ? Cette question n’a rien d’anodin au sortir d’une longue dictature. Mais d’abord, qui décide, qui tranche ? En cette période transitoire, la Constitution de la dictature Ben Ali est passée à la trappe. Le président intérimaire, secondé par un gouvernement lui-même aussi intérimaire, règne par décrets-lois. Pour l’avenir du pays, il est conseillé par un organe hybride, non élu, coopté, créé dès la chute du tyran en janvier, et qui s’est ensuite étoffé pour porter un nom impossible à retenir : « le conseil de l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique ». On dira l’instance Ben Achour, du nom du prestigieux juriste qui la préside.

A1ors donc, l’instance Ben Achour, qui regroupe des personnalités indépendantes, des représentants de partis politiques, du syndicat UGTT, et d’associations de la société civile, 160 personnes environ, a adopté lundi un projet de code électoral. Très controversé, celui-ci doit encore recevoir l’aval du président pour entrer en vigueur ; et la chose risque de se révéler malaisée…

Deux des points principaux font la fierté de beaucoup de Tunisiens : le mode retenu est le scrutin de listes à la proportionnelle, et la parité homme-femme sera obligatoire (un homme suivi d’une femme – ou l’inverse – sur toute la liste) sous peine d’interdiction de la liste ! Même les islamistes d’Ennahda qui siègent dans l’instance ont voté pour cette réforme. Normal, grincent certains, bien organisés, ils sont les seuls à disposer d’une belle brochette de candidates prêtes à se glisser sur les listes…

Mais le point qui fait débat, et le mot est faible, se rapporte au sort réservé aux membres du RCD, le sinistre Rassemblement constitutionnel démocratique, ex-parti quasi unique sous la tyrannie. Le projet précise que toute personne ayant « exercé des responsabilités au sein du RCD depuis… 1987 » (le coup d’Etat de Ben Ali) sera exclue de la possibilité de se présenter aux élections du 24 juillet. Selon les sources, cette mesure d’exclusion concerne 10.000 personnes ou des centaines de milliers. Difficile de faire moins clair.

En tout cas, si d’innombrables Tunisiens qui ont souffert de la dictature se réjouissent de cette mesure, pas mal d’autres s’en émeuvent et parlent de déni de démocratie puisque des personnes non jugées sont pénalisées. Le président M’Bazâa devra trancher. Risquera-t-il le clash avec l’Instance Ben Achour quitte à ouvrir une période d’instabilité politique grave ?

Les islamistes, eux, attendent leur heure. Pourchassés, torturés, exilés sous la dictature, ils émergent avec leur sens de l’organisation et leur assurance tranquille d’avoir raison. Ils font assaut de modération sans pour autant rassurer tous les laïcs. Leurs meetings remportent un vif succès, tout comme leur organe, El Fajr (l’Aube) qui vient de renaître et dont les 120.000 exemplaires ont été épuisés en quelques heures…

BAUDOUIN LOOS

(Source : « Le Soir » (Quotidien – Belgique)


«

Pas de chasse aux sorcières! »

 


ENTRETIEN DE L’UN DE NOS ENVOYES SPECIAUX 

Dans le prestigieux ancien palais du Bey de Tunis, le Premier ministre tunisien par intérim reçoit Le Soir sans façon. Beji Caïd Essebsi n’est pas né de la dernière pluie. A 84 ans, il a accepté – sans plaisir, confie-t-il -, de remplir ces fonctions ingrates jusqu’à l’élection de la constituante le 24 juillet. Pour cet homme qui a fait toute sa carrière de ministre sous Bourguiba avant de claquer la porte à Ben Ali un an après son coup d’Etat en 1987, il s’agit de réussir un pari osé: lancer son pays sur la voie de la démocratie, ni plus ni moins. Pourquoi le vent de révolte arabe s’est-il d’abord levé en Tunisie alors que personne ne s’y attendait? Mais notre pays s’est toujours situé à l’avant-garde! Dès la libération nationale dans les années 50, nous avons multiplié les efforts pour édifier un Etat moderne. Le statut avancé de la femme, dès cette époque, en atteste. L’ex-président Ben Ali avait trouvé cet héritage important de modernité en arrivant, mais il a mis en place un mode de gouvernance assez répressif, qui a privé le peuple des espaces de liberté. Il a alors suffi d’une crise économique mondiale pour faire exploser la cocotte minute sous intense pression. On a alors assisté à une révolution presque spontanée, sans idéologie, sans structures, sans soutien extérieur, menée essentiellement par la jeunesse. L’onde de choc s’est répandue dans tout le monde arabe, mais ce n’était pas prémédité car notre révolution n’était pas destinée à l’exportation! C’est logique: on trouve les mêmes ingrédients dans bien d’autres pays arabes, en Egypte, en Syrie, en Libye… C’est un nouveau cycle qui s’ouvre chez nous: après la colonisation, la libération nationale commence l’ère de la maturité du peuple. Ben Ali doit-il être jugé, sera-t-il jugé? Il le faut! Par contumace, au besoin. Il doit rendre des comptes. Faut-il exclure des candidats pour la prochaine constituante les hommes et femmes qui avaient des postes de responsabilité au sein du gouvernement et du RCD, le parti quasi unique? Le président par intérim doit se prononcer sur cette proposition adoptée par une instance qui émane de la société civile et qui conseille le gouvernement… Par principe, je suis contre les exclusions, ce n’est pas admissible. J’admets qu’il y a des responsabilités à établir parmi les personnes qui ont géré le pays, mais il n’existe pas de justice collective! Je dirais donc que la proposition de l’instance peut paraître excessive même si nous devons en tenir compte. Nous allons voir avec le gouvernement, avec le président, peut-être n’assumerons-nous pas tout le texte en question. Tout est une question de modération, qualité qui fait partie de celles que cultivent les Tunisiens. Y a-t-il un risque de voir se développer une chasse aux sorcières contre les anciens du régime? Non. Mais il existe en revanche une demande générale de justice par rapport aux responsables de ce régime. Cette aspiration à la justice est à la fois raisonnable et justifiée. La révolte est partie des régions intérieures, délaissées depuis toujours, pourrez-vous commencer à vous occuper de ces zones laissées-pour-compte? Oui, c’est important, nous avons approuvé vendredi dernier un projet de développement destiné à tenter de combler le déficit d’emploi qui est criant dans les régions intérieures, notamment parmi les diplômés. En quelques mois, nous ne pourrons qu’alléger le problème, pas le résoudre. Mais nous avons pris la décision d’inverser les priorités budgétaires pour 2011: avant, 80% du budget était consacré aux régions côtières et 20% à l’intérieur, nous inversons dorénavant ces proportions! Mais nous n’avons pas de baguette magique. La révolution tunisienne a donné lieu à des violences qui ont persisté, à une augmentation de la délinquance. Que pouvez-vous faire à ce sujet? Toutes les révolutions passent par des débordements, d’abord d’enthousiasme. Des citoyens tenus en laisse pendant des décennies veulent en profiter ensuite. Ce n’est pas destiné à durer. Nous en sommes conscients puisque nous avons fait du rétablissement de l’ordre public notre priorité, c’est indispensable pour notre économie En Occident, le prévisible bon comportement électoral de la principale liste islamiste fait peur à certains… La peur est très mauvaise conseillère. Il est certain que ce parti auquel vous faites allusion, Ennahda, apparaît comme mieux organisé, mieux structuré, que les autres formations politiques, ce qui lui confère une impression de force. Il fera d’autant mieux si on exclut tous les anciens membres du RCD de la course électorale! Toutefois, je crois que le bon sens tunisien l’emportera et que toutes les sensibilités pourront s’exprimer et être représentées à l’assemblée à élire cet été. Il faudra que chacun puisse s’exprimer librement, que tous les partis puissent s’organiser. Mais c’est un fait que Ennahda aura des députés, ils seront « dans la citadelle », et cela dans la proportion que le peuple décidera.

Propos recueillis par BAUDOUIN LOOS (Source : « Le Soir » (Quotidien – Belgique)


 

« Nous sommes fiers de notre révolution !


 

LA MANOUBA

DE DEUX DE NOS ENVOYES SPECIAUX

 

Elles et ils s’appellent Bouthaina, Hayfa, Marwa, Khaldi, Khaoula, Meher, Sameh, Marouan, Béchir… Tous élèves de l’IPSI (Institut de presse et de sciences de l’information) à Tunis, qui accueille les journalistes du Soir ce jeudi. C’est peu dire de ces futurs consoeurs et confrères qu’ils se sentent concernés par la révolution qui a bouleversé leur pays le 14 janvier dernier, après des semaines de tumulte dramatique. Dame! ils en furent – aussi – des acteurs… Une petite réunion de rédaction en leur compagnie suffit à évaluer leurs (fortes) motivations.

« Si nous sommes concernés? Et comment! assène Marouan. Les jeunes Tunisiens ont allumé les feux de la révolution. Et d’abord ceux des gouvernorats (provinces) de l’intérieur. Protestations, manifestations, sit-in… Sait-on que même au stade de football nous avions crié notre appel à la liberté?! Cela fut parfois violent. Moi, mon père est policier, cela ne m’a pas empêché de recevoir mon lot d’insultes, de coups, de gifles… »

Marwa enchaîne: « Ce sont surtout nos premiers martyrs qui nous ont poussés à oser sortir. Bon, disons-le, on doit se pincer pour y croire: on se réveille parfois en se disant qu’on va retrouver Ben Ali, comme s’il n’était jamais parti! On n’est pas encore au bout de notre étonnement, de notre émerveillement! »

L’avenir est pavé de bonnes intentions démocratiques. Mais la méfiance règne parmi nos jeunes. « Nous n’avons aucune confiance en nos hommes politiques, explique Khaldi. D’ailleurs, on ne les connaît pas. Nous n’avons aucune culture démocratique, nous n’avons connu que la dictature et la corruption. Jusqu’à ce ras-le-bol populaire… »

Pour ces jeunes Tunisiens, les « acquis de la révolution » sont précieux. « La dignité d’abord!, lance Béchir. La liberté, évidemment. Et puis la fierté. Quand on regarde les événements dans le monde arabe, la révolution en Egypte, les protestations au Yémen, en Syrie, les événements en Libye, eh bien! on est fier, c’est nous qui avons lancé cela. »

Ici, en Tunisie, la prochaine étape se situe le 24 juillet, avec l’élection d’une assemble constituante. Tout le monde cultive bien l’intention de remplir son devoir électoral, de faire, pour la première fois, un choix responsable. Et chacun approuve l’exclusion des anciens cadres du RCD, l’ex-parti quasi unique honni. « Le RCD a semé la corruption dans toute la Tunisie, s’exclame l’un deux. Ils ont abusé les droits des citoyens. »

A la question de savoir si l’islamisme les attire ou les effraie, les réponses se ressemblent. « Il vaut beaucoup mieux avoir un parti islamiste légal qui agit au sein des institutions démocratiques, juge Marouan. Pour Ennahda (le grand parti islamiste interdit, pourchassé, sous la dictature), ces élections représentent un peu un coup de poker, ils ont du revoir leur idéologie, polir leur discours. D’où le risque de double langage… »

Aucune des étudiantes, dans notre salle de rédaction improvisée, ne porte le voile. « C’est une question personnelle, de liberté individuelle, souligne Hayfa. On sait bien que les islamistes ont été victimes d’une impitoyable répression du régime Ben Ali. Mais nous nous souhaitons pas devenir leurs victimes à notre tour. »

Marwa tient à nous raconter une petite expérience personnelle. « Dernièrement, j’ai voulu aller assister un meeting d’Ennahda. Il y avait beaucoup de monde. J’ai hésité avant d’entrer, j’étais la seule non voilée, j’avais peur, en fait! J’ai 23 ans et je n’avais jamais entendu parler d’eux que comme des terroristes. Finalement, je me suis lancée. Je dois dire que je les ai trouvés tolérants, à ma grande surprise. Je crois qu’ils doivent participer aux élections, mais cela ne nous empêchera pas d’être vigilants, certains d’entre eux peuvent abuser de la liberté, comme ceux qui commencent à prier en groupe dans la rue. »

Une heure de discussion s’achève. Sur un constat global impressionnant: ces jeunes Tunisiens manifestent une maturité digne d’éloges. « Nous avons des responsabilités, conclut Marwa comme pour nous persuader. Il faut encore la réussir, cette révolution. »

BEATRICE DELVAUX et BAUDOUIN LOOS

(Source : « Le Soir » (Quotidien – Belgique)


 

 

Kasserine a payé le prix fort pour la révolution


 

 

KASSERINE

DE L’UN DE NOS ENVOYES SPECIAUX

 

Le bout du monde ? Peut-être pas. Un coin reculé de Tunisie, en tout cas, une région délaissée par le pouvoir central, depuis toujours. C’est d’ici qu’est venue l’impulsion révolutionnaire à la fin de 2010 et les habitants n’en sont pas peu fiers. Pour une fois qu’on parle d’eux. Mais ils ont payé le prix fort. Vingt-trois « martyrs » (chiffre officiel) ? Trente-trois ? Plus de cinquante ? Nul ne le sait au juste. Et un quotidien qui est redevenu ce qu’il était : chômage, frustration, ressentiment. La révolution est passée par Kasserine. Pour en récolter ses fruits, il faudra attendre. Inch’Allah.

Nous sommes à quatre heures de route de Tunis. Pas le choix : les infrastructures manquent, pas d’aéroport, pas de trains, des routes en mauvais état. Tout est calme dans cette ville modeste de cent mille habitants. Seul spectacle insolite : des tentes dressées sur la place centrale, où quelques dizaines de diplômés chômeurs ont entamé une grève de la faim. Ils ont étalé leurs diplômes inutiles sur un fil, qui tiennent avec des pinces à linge.

Mokhtar, notre guide, nous emmène à « Ezzouhour », la cité des Fleurs. Un quartier de Kasserine où de nombreux « chouhada » (martyrs) sont tombés pendant la révolution. Depuis longtemps, ici, la poussière a remplacé les fleurs. Les ruelles défoncées se font plus étroites. La misère suinte.

Mme Salha Saadaoui nous reçoit dans son salon, une salle aux murs nus qui furent sans doute un jour blancs. Des chaises en plastique servent de fauteuils. Walid, l’un de ses neuf enfants, a été tué lors d’une manifestation le 9 janvier. Son frère Imed nous montre son portrait encadré, celui d’un jeune homme élancé de 27 ans, petit sourire aux lèvres. Walid avait rejoint son ami Baki à la première manif, le 5. Baki avait été abattu d’une balle dans la tête ; la police avait alors empêché les hommes de l’enterrer, par de nouveaux tirs à balles réelles.

Le 9, nouvelle manif. Fatale pour Walid. Une balle dans le bassin. Un petit trou d’un centimètre de diamètre. L’hôpital n’a pu être atteint qu’après deux heures d’attente car le quartier était bouclé. Trois heures trente d’opération chirurgicale. « Multiples plaies intestinales avec hémorragie interne très abondante », dit le rapport d’autopsie rédigé en français que Salha me tend avec un regard d’une infinie tristesse.

Mais pourquoi ces manifestations ? « Le chômage ! dit Imed, personne ne travaille dans la famille. » Sauf Salha, qui fait des ménages à gauche et à droite. Son mari est décédé en 1993. Depuis, elle s’est débrouillée pour élever ses six garçons et ses trois filles. Son visage grave, entouré d’un voile noir, grimace quand on lui demande si elle pense que les responsables du carnage seront un jour jugés. Une réponse muette et pourtant claire.

Quelques centaines de mètres plus loin, la famille de Mohamed Khadhraoui nous reçoit à son tour. Cinq personnes qui vivent dans quelques mètres carrés. Une ampoule nue pend du plafond, l’électricité a été repiquée à la rue. Tout est propre. Et triste. « Il n’était pas politisé, nous explique Mansour, 70 ans, qui l’a adopté quand il avait cinq ans, au décès de son père. Comme tous les jeunes, il rêvait d’un bon diplôme, d’un bon emploi pour nous aider. Il avait 23 ans. »

Mohammed était à la maison le 10 janvier quand il entendit le vacarme d’une manifestation place des Martyrs. A peine arrivé sur les lieux, il a été abattu d’une balle en pleine tête. Même calibre que Walid : « Orifice d’entrée d’un centimètre de diamètre dans la région frontale, large orifice de sortie au niveau de la région occipitale avec fracas osseux complexe et perte importante de substance cérébrale », a écrit le médecin légiste.

La demi-sœur de Mohammed nous montre sa photo. Un visage avenant, souriant. « C’était un petit gars bien, s’exclame celui qui l’a toujours considéré comme son père. Pas une cigarette, pas d’alcool, pas d’amitiés douteuses. » Mansour cherche un peu de réconfort dans la signification de sa mort : « J’ai perdu mon fils, mais le dictateur et son régime pourri sont partis ! ».

Les familles Saadaoui et Khadhraoui en conviennent, chacune à part, comme Mansour le proclame : « Nous irons voter, le 24 juillet, et comment ! Nous n’avons plus droit à l’erreur. Moi j’ai connu nos deux despotes. Bourguiba voulait le bien du pays, Ben Ali lui a volé les richesses du pays. Ils avaient hélas ! un point commun : ils ont abandonné l’intérieur, vous avez vu Kasserine, n’est-ce pas, vous avez compris ? ».

BAUDOUIN LOOS

 

 

(Source : « Le Soir » (Quotidien – Belgique)


 

Comptes et mécomptes à Tunis…


 

 

TUNIS

DE NOTRE ENVOYE SPECIAL

 

L’heure de la revanche des victimes ? Il y a trois mois, le peuple tunisien a eu raison de la dictature qui l’a enchaîné pendant vingt-trois ans et d’aucuns savourent le moment : voleurs comme bourreaux n’échapperont pas à la justice, espèrent-ils. Pour l’instant, les inculpations sont rares. Cent douze membres du clan Ben Ali – Trabelsi (l’ex-tyran et la famille de sa femme Leila) figurent sur une liste rouge, et un décret-loi signé par le président par intérim Fouad M’Bezaa a mis en place la mise sous séquestre de leurs biens acquis ou hérités depuis le 7 novembre 1987, soit l’arrivée au pouvoir de Zine el-Abidine Ben Ali. Et si des innocents figuraient sur cette liste ?

Lamia Kallel le croit dur comme fer. Cette jeune femme de 35 ans, grastro-entérologue de son état, n’est autre que la fille d’Abdallah Kallel, qui fut ministre de l’Intérieur pendant cinq ans sur deux périodes entre 1991 et 2001. Il a été arrêté le 10 mars dernier. Son nom se trouve sur la liste infamante. Kallel est, en Tunisie, un nom qui, pour beaucoup, restera associé à la pire des répressions et à la torture généralisée qui s’abattirent sur les militants islamistes (ou d’autres pris comme tels) durant les années 90. En atteste son surnom : « le tortionnaire »…

Sa fille Lamia tente de remuer ciel et terre pour prouver l’injustice qu’elle estime commise envers son père. « C’est vrai que durant son passage à l’Intérieur des gens ont été maltraités, mais quand il l’a appris il a ordonné une enquête et des policiers ont été sanctionnés, nous raconte-t-elle. La répression était organisée depuis le palais présidentiel. »

Abdallah Kallel, 69 ans, croupit donc en prison depuis un mois, après une plainte pour abus de pouvoir en faveur du RCD (le parti quasi unique du temps de Ben Ali). Le prisonnier a été pendant de longues années trésorier du parti qui phagocytait l’Etat tunisien, cumulant ce poste avec celui de ministre ou, ces cinq dernières années, président du Sénat. « Mon père n’a jamais effectué le moindre détournement de fonds ou d’enrichissement illicite », insiste Lamia, une version que même la plupart des ennemis de l’ancien ministre ne contestent pas.

Ce que la fille de son père veut prouver, c’est que ce dernier n’avait plus de contact avec le clan présidentiel. « Il avait même quitté le gouvernement volontairement en 2001, se mettant le président à dos, il était alors en résidence surveillée », insiste-t-elle. Mais il avait accepté de prendre la présidence du Sénat quatre ans plus tard…

La famille Kallel subit les événements de plein fouet : la confiscation des biens acquis depuis 1987 devrait l’obliger à abandonner la maison familiale achetée il y a quinze ans. « Nous risquons l’expulsion à tout moment. Pourquoi fait-on porter le chapeau à mon père ? »

La fougueuse défense de Lamia Kallel ne convaincra pas les victimes de la répression. « Il est coupable de complicité avec ce régime criminel, nous dit un avocat. Mais de là à s’en prendre à sa famille… »

BAUDOUIN LOOS

 

(Source : « Le Soir » (Quotidien – Belgique)

أعداد أخرى مُتاحة

Langue / لغة

Sélectionnez la langue dans laquelle vous souhaitez lire les articles du site.

حدد اللغة التي تريد قراءة المنشورات بها على موقع الويب.