14 octobre 2011

TUNISNEWS
11 ème année, N°4124 du 14.10.2011


AP: Une ONG dénonce la poursuite de la torture en Tunisie

Reporters sans frontières condamne les attaques contre la chaîne Nessma TV suite à la projection du film Persepolis

Reporters Without Borders: After broadcasting Persepolis, TV station attacked, owner and staff threatened

Challenges: Le secrétaire général de RSF inquiet de la campagne contre Nessma TV

Kapitalis: Tunisie. Nabil Karoui ou l’arroseur arrosé

L’expression: Les raisons de la volte-face du patron de Nessma TV

20 minutes.fr: l’instance des réformes clôt l’acte I de la revolution

Le Monde.fr: Tunisie : la folie a fleuri pendant le « printemps arabe »

Kapitalis: La Tunisie: un Etat laïc, religieux, ou civil ?

Business News: Le bureau de l’avocat tête de liste du PDP à Jendouba cible d’une tentative d’incendie

Business News: Rached Ghannouchi devant le juge d’instruction

Jeune Afrique: Tunisie : il faut sauver la STB

Une ONG dénonce la poursuite de la torture en Tunisie


Publié le 12-10-11 à 22:10 Modifié à 23:50
TUNIS (AP) — L’Organisation contre la torture en Tunisie (OCTT) a dénoncé mercredi la poursuite des sévices et de la violence policière après le changement de régime en Tunisie.
« Nous pensions que le fléau dont les Tunisiens ont beaucoup souffert par le passé allait disparaître après le départ de (l’ancien président) Ben Ali, mais nous sommes choqués de voir qu’il se poursuit dans plusieurs espaces et plusieurs régions », a déclaré la présidente de cette ONG, l’avocate Radhia Nasraoui, lors d’une conférence de presse.
Cette militante des droits de l’Homme a lancé « un cri d’alarme », car elle considère que « la torture et les pratiques répréhensibles de la police ne peuvent pas continuer après le 14 janvier », date de la chute du régime répressif de Ben Ali chassé par un soulèvement populaire.
Pour le représentant du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (Euromed), Me Ridha Raddaoui, « l’un des échecs de la révolution tunisienne est qu’elle ne soit pas parvenue à extirper ce mal ».
Le secrétaire général de l’OCTT, Me Mondher Charni, a présenté un rapport préliminaire faisant état de centaines de victimes de « l’usage abusif de la force, de violences et de mauvais traitements dans les postes de police et les prisons ».
Fouad Badrouchi, 14 ans, a témoigné devant la presse des violences policières qu’elle affirme avoir subies avec de nombreux enfants de son âge dans un centre de détention à Tunis où ils ont été incarcérés après une manifestation.
Radhia Nasraoui a déploré « l’absence de volonté politique » pour mettre un terme à ces pratiques et réclamé l’ouverture « d’enquêtes indépendantes sur les actes de torture pour que les responsables » soient « jugés et sanctionnés et les victimes dédommagées ». AP

Reporters sans frontières condamne les attaques contre la chaîne Nessma TV suite à la projection du film Persepolis


 
 
Reporters sans frontières condamne l’attaque des locaux de la chaîne Nessma, le 10 octobre 2011,et l’intimidation de ses salariés et de son directeur. « Rien ne justifie ces attaques. Je comprends que la diffusion de Persepolis ait pu heurter certaines sensibilités, mais cela ne donne pas le droit de menacer de la sorte le directeur d’une chaîne de télévision. La liberté d’expression passe aussi par la tolérance à des idées qui choquent. Nessma TV avait le droit de diffuser Persepolis », a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de l’organisation.
 
Reporters sans frontières rappelle que seules les autorités judiciaires sont habilitées à arbitrer d’éventuels abus de la liberté de la presse. L’organisation demande aux autorités tunisiennes de condamner les actes de vandalisme et d’intimidation contre la chaîne Nessma TV et d’ouvrir une enquête afin de dégager les responsabilités et arrêter les auteurs de ces violences.
 
Ces événements démontrent la nécessité d’adopter un nouveau code de la presse ainsi qu’une loi sur l’audiovisuel, respectueux des standards internationaux, notamment de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme ratifiée par la Tunisie. Ces dispositions doivent notamment supprimer les délits d’offense aux religions ainsi que les peines de prison.
 
Le 9 octobre dernier, près de 300 personnes ont tenté d’attaquer les bureaux de la chaîne Nessma TV, situés dans le quartier de Montplaisir et sur l’avenue Mohamed V. Cette attaque fait suite à la projection deux jours plus tôt du film d’animation franco-iranien Persepolis de Marjane Sartrapi, qui décrit le régime iranien de Khomeiny à travers les yeux d’une petite fille, dans lequel la réalisatrice montre la représentation que cette enfant se faisait de Dieu. La projection a été suivie d’un débat sur l’intégrisme religieux.
 
Les forces de l’ordre sont intervenues rapidement et ont dispersé les manifestants, interpellant une centaine de personnes. Sept personnes seraient actuellement poursuivies.
 
Le 10 octobre au matin, 144 avocats ont déposé plainte contre le représentant légal de la chaîne et un de ses actionnaires (Nabil Karoui), sur le fondement des articles 44 et 48 du code de la presse (toujours en vigueur dans la mesure où les décrets loi relatifs au nouveau code de la presse et code de l’audiovisuel n’ont pas été promulgués) et des articles 226 et 226 bis du code pénal qui répriment « l’offense envers les cultes », « l’outrage public à la pudeur » et « l’atteinte aux bonnes mœurs et à la morale publique ». Le procureur a immédiatement ouvert une enquête préliminaire. Nabil Karoui, qui a été auditionné le 12 octobre à 14 heures, risque jusqu’à trois ans de prison ferme.
 
La vague de violence et d’intimidation s’est poursuivie. Le 11 octobre, deux individus se sont introduits dans les bureaux de la chaîne, en menaçant de mort les salariés. Deux véhicules garés devant le domicile de Nabil Karoui ont été incendiés.
 
La projection de cette œuvre artistique et l’attaque de la chaîne ont provoqué une vive polémique à l’approche de l’échéance électorale du 23 octobre prochain. Le Syndicat national des journalistes tunisiens a dénoncé l’agression contre la chaîne, ainsi que l’Association tunisienne des directeurs de journaux, qui a exprimé son soutien total à Nessma TV. L’Instance nationale pour la Réforme de l’Information et de la Communication (INRIC) a quant à elle condamné toute forme de violence et tentative de terroriser les professionnels des médias. Si des partis politiques ont dénoncé l’attaque, la majorité d’entre eux ont condamné ce qu’ils qualifient de provocation en période pré-électorale.

After broadcasting Persepolis, TV station attacked, owner and staff threatened


 
 
Reporters Without Borders condemns an angry crowd’s attempt to storm Nessma TV’s Tunis headquarters and subsequent threats against the head of the station and its staff. The violence was prompted by its broadcasting of the Franco-Iranian animated film Persepolis, which some conservative Muslims regard as offensive.
 
“There is no justification for these attacks,” Reporters Without Borders secretary-general Jean-François Julliard said. “I understand how some people may have been offended by the broadcasting of Persepolis but that does not give them the right to threaten the head of the station. Freedom of expression requires tolerance for ideas that shock. Nessma TV had the right to broadcast Persepolis.”
 
Pointing out that only the courts have the power to decide whether media freedom has been abused, Reporters Without Borders calls on the authorities to condemn the acts of vandalism and intimidation against Nessma TV and to carry out an investigation with the aim of identifying and arresting those responsible
 
These events highlight the need to adopt new print and broadcast media laws that respect international standards including article 19 of the Universal Declaration of Human Rights, which Tunisia has ratified. The new laws should eliminate the crime of offence against religions as well as prison sentences for media personnel.
 
Around 300 people participated in the attempt to storm Nessma TV, located on Mohamed V Avenue in the Tunis district of Montplaisir, on 9 October. The security forces intervened quickly, dispersing the protesters and briefly detaining about 100 of them. Charges have been brought against seven of them.
 
The attack came two days after the station broadcast Persepolis, a film by Iranian-born French novelist and filmmaker Marjane Sartrapi that portrays Ayatollah Khomeini’s revolution through the eyes of a young girl and shows the girl’s depiction of God. The screening was followed by a debate on religious fundamentalism.
 
On the morning of 10 October, 144 lawyers filed a complaint against Nabil Karoui, who is the head of Nessma TV and one of its shareholders, under articles 44 and 48 of the media law (still in effect because the new print and broadcast media laws have yet to be promulgated) and under articles 226 and 226 (b) of the criminal code concerning offences against religions and affronts to public decency.
 
The public prosecutor immediately began an investigation and Karoui, who is facing a possible three-year jail sentence, was questioned yesterday afternoon.
 
The violence and intimidation has continued. Two individuals entered the TV station’s offices on 11 October and threatened to kill employees, while two cars parked outside Karoui’s home were torched.
 
The screening of this award-winning film and the attack on the station have triggered an impassioned debate in the final days before elections scheduled for 23 October. The National Union of Tunisian Journalists has condemned the attack on the station. So has the Tunisian Association of Newspaper Publishers, which has voiced total support for Nessma TV.
 
The National Council for the Reform of Information and Communication (INRIC) has condemned all forms of violence and attempts to terrorize media personnel. The political parties have condemned the attack but most of them also criticized the screening of the film in the run-up to the election as provocative.
 
Karoui issued a public apology on 11 October.


Le secrétaire général de RSF inquiet de la campagne contre Nessma TV


 

Le secrétaire général de l’organisation Reporters sans frontières (RSF) Jean-François Julliard s’est dit inquiet mercredi de la campagne lancée contre la chaîne privée tunisienne Nessma à la suite de la diffusion du film franco-iranien « Persepolis » de Marjane Satrapi.

La projection du film d’animation dont une séquence comportait une incarnation de Dieu, proscrite en islam, a soulevé un tollé en Tunisie. Des salafistes ont tenté d’attaquer les locaux de la station et des heurts violents ont opposé des protestataires barbus aux forces de l’ordre.

« Nous comprenons que le film ait touché des sensibilités religieuses, mais de là à passer aux actes de violence, c’est inquiétant et nous condamnons les menaces dont Nessma a été en butte », a déclaré Jean-François Julliard à la presse lors de la cérémonie d’inauguration du bureau de RSF à Tunis.

Il s’est dit « extrêmement heureux » d’ouvrir aujourd’hui une représentation dans la capitale tunisienne après « les relations tendues » que son organisation avait avec l’ancien régime tunisien qu’il a qualifié de « répressif ».

Selon lui, l’ouverture du bureau de RSF à la veille des élections prévues le 23 octobre en Tunisie est « symbolique ».

« C’est pour faire savoir aux journalistes, à l’opinion publique et aux partis politiques que nous sommes là pour exercer notre devoir de vigilance et veiller à ce que les vieux réflexes ne reviennent pas », a-t-il souligné.

Parmi les objectifs assignés au nouveau bureau de RSF, il a cité le « soutien à l’indépendance des journalistes par rapport aux pouvoirs politique, économique et religieux ».

« Car la liberté d’expression n’est pas encore totalement garantie eu égard à ce qui s’est passé avec Nessma », a-t-il expliqué.

Le patron de RSF s’est néanmoins déclaré « optimiste » en dépit de « la fragilité » du secteur. Il s’est félicité de voir « qu’aujourd’hui, il y a une liberté de la presse qui n’a rien à voir avec celle qui existait auparavant et qui était plutôt un instrument de propagande ».

« Le Printemps arabe, dont la Tunisie a été l’initiatrice, a apporté d’incroyables changements dans toute la région. Cependant, beaucoup reste à faire pour préserver les acquis de ces révolutions », note par ailleurs l’organisation dans un communiqué.

Source: “Challenges.fr” le 13-10-2011

Lien: http://www.challenges.fr/monde/20111012.FAP6566/tunisie-le-secretaire-general-de-rsf-inquiet-de-la-campagne-contre-nessma-tv.html

 


Tunisie. Nabil Karoui ou l’arroseur arrosé


 

Par Zohra Abid

Dimanche, la tension était à son comble. Le tout Tunis ne parlait que de ‘‘Persepolis’’, film franco-iranien diffusé vendredi sur Nessma TV, la chaîne privée dirigée par Nabil Karoui. Les Tunisiens étaient pratiquement divisés. Surtout après la tentative d’attaque des locaux de la chaîne par un groupe de salafistes.

La France s’invite dans la polémique

Ceux qui défendent la liberté d’expression sans condition sont vite montés sur leurs grands chevaux. Ils ont stigmatisé les ennemis de la liberté, de l’art et de la culture, les méchants islamistes, salafistes, partisans d’Ennahdha et autres orphelins de Ben Laden, tous mis dans le même sac. Les condamnations fusaient de toute part. Les médias français ont sauté sur l’occasion pour en faire toute une montagne et voler au secours d’une Tunisie livrée à l’extrémisme. Les autorités françaises, qui n’ont pas beaucoup soutenu la liberté de la presse sous Ben Ali (et qui ont trainé les pieds avant de soutenir, du bout des lèvres, la révolution du peuple tunisien), ont cru devoir déplorer la tentative d’attaque contre la chaîne Nessma par des salafistes et condamner «l’usage de la violence par des manifestants à l’encontre du siège de la chaîne de télévision», selon les mots du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.

De son côté, l’Association tunisienne des directeurs de journaux (Atdj), qui, elle aussi, n’a jamais défendu la liberté d’expression sous le règne de Ben Ali – qu’elle avait d’ailleurs exhorté à rester président à vie, afin qu’il maltraite davantage les journalistes tunisiens –, a cru devoir dénoncer, elle aussi, dans un communiqué, «avec la plus grande fermeté, la tentative d’agression contre la chaîne Nessma TV». Tout en affirmant «sa condamnation absolue de la violence comme forme d’expression politique, religieuse ou sociale», l’organisation a exprimé «son soutien total à la chaîne Nessma TV, de même que sa solidarité avec tous les organes de presse».

Ouf, la liberté d’expression a enfin de farouches défenseurs dans le pays !

Mon islam, pas touche !

 

En face, dans le camp adverse, plus nombreux, on a aussi crié au scandale. Dans le film, il y a une séquence où on a vu une atteinte à l’islam. Deux jours durant, les marches d’indignation se sont succédées dans plusieurs villes du pays. Ce qui semble avoir impressionné le ministère public, qui a décidé de porter plainte contre Nabil Karoui. Plus d’une centaine d’avocats et des représentants de la société civile lui ont emboîté le pas.

Un malaise s’est donc installé. Des partis et des ministères ont essayé de tenir le bâton par le milieu. Ils ont condamné tout acte de violence, mais en même temps, appelé les médias à éviter toute forme de provocation ou de partialité. Pour d’autres, il n’est pas question que Nessma, qui n’a pas respecté la loi interdisant la publicité politique, continue à heurter les convictions religieuses des Tunisiens. Selon eux, il est grand temps pour que cette chaîne respecte le devoir de neutralité dans la couverture de la campagne électorale et cesse de rouler pour les partis de tendance laïque et de s’opposer ouvertement à Ennahdha.

Devant l’ampleur des réactions, Nabil Karoui a dû faire marche arrière en demandant pardon aux Tunisiens, dans une interview en direct sur les ondes de radio Monastir, et en avouant avoir commis une faute.

L’Iran entre en ligne

Il n’en fallait pas tant pour que le service d’information de l’Ambassade iranienne à Tunis entre en ligne, en affirmant, dans un communiqué diffusé mercredi, être entré en contact avec des autorités tunisiennes pour faire interdire la diffusion du film de Satrapi. L’ambassade de l’Iran affirme avoir même adressé une demande écrite aux responsables de la chaîne privée tunisienne les invitant à reconsidérer leur décision de diffuser ‘‘Persepolis’’ et à prendre en considération les croyances des téléspectateurs musulmans. Sa requête ne semble pas avoir été entendue.

Le même jour, Nabil Karoui a été convoqué au Tribunal de première instance de Tunis pour s’expliquer sur les motivations et les circonstances ayant présidé à la diffusion de ‘‘Persepolis’’, alors que Slim Riahi, président de l’Union patriotique libre (Upl) a cru devoir s’immiscer dans l’affaire en portant plainte, lui aussi, contre Nessma TV, et pas seulement pour avoir écorché les sentiments religieux des Tunisiens. M. Riahi accuse M. Karoui et sa chaîne d’avoir diffusé, quelques jours auparavant, de faux témoignages à leur sujet.

Sur Facebook, la tempête est loin d’être calmée. Certains internautes appellent même à une manifestation vendredi contre la chaîne maghrébine. Les plus sages estiment cependant que la situation dans le pays ne supporte plus de pareilles surenchères et qu’il convient de calmer les esprits et d’éviter le piège des confrontations. Aussi inutiles que dangereuses et contre-productives à quelques jours d’un scrutin décisif pour l’avenir du pays.

Source: “Kapitalis” Le13-10-2011

Lien: http://kapitalis.com/kanal/61-medias/6294-tunisie-nabil-karoui-ou-larroseur-arrose.html


Les raisons de la volte-face du patron de Nessma TV


 

«La faute du troupeau vient du berger» Proverbe arabe

Moins de soixante-douze heures après la violente controverse suite à la diffusion du film franco-iranien Persepolis et ses déclarations politiques sur les chaînes françaises, le patron de la chaîne privée tunisienne Nessma TV, Nabil Karoui, a présenté ses excuses pour la séquence qui a provoqué la colère des islamistes et relancé le débat sensible sur l’identité arabo-musulmane en Tunisie. Nebil Karoui a préféré s’exprimer sur la radio locale Monastir alors qu’il aurait été plus judicieux de présenter ses excuses sur la chaîne qui a été derrière toute cette polémique. Il a déclaré notamment: «Je m’excuse. Je suis désolé pour tous les gens qui ont été dérangés par cette séquence, qui me heurte moi-même». Le président de Nessma TV a reconnu qu’avoir diffusé cette séquence était une faute et qu’ils n’avaient jamais eu l’intention de porter atteinte aux valeurs du «sacré». M. Karoui a précisé sur radio Monastir qu’il n’aurait jamais imaginé que cela entraînerait un tel tollé, relevant que Persepolis avait déjà été projeté intégralement dans plusieurs salles en Tunisie sans susciter de remous. Qu’est-ce qui a fait tourner la veste à Nabil Karoui? Il y a selon certaines sources, trois raisons essentielles à cette volte-face du patron de Nessma TV. Il y a eu d’abord la peur de l’extrémisme religieux, des voitures appartenant aux voisins de M. Karoui ont été brûlées, constituant un nouvel indice de menace directe sur le patron de la chaîne, après que des islamistes eurent tenté de brûler les locaux de la chaîne. La deuxième raison est politique: la diffusion du film a relancé un débat sur l’identité arabo-musulmane de la Tunisie alors que le pays est appelé aux urnes le 23 octobre pour les premières élections depuis la chute du régime de Ben Ali. La troisième raison et sans doute celle qui a pesé lourd sur la décision de Nabil Karoui: les islamistes d’Ennahda, que Nabil Karoui a accusé à tort ou à raison d’attaquer sa chaîne, sont présentés comme les favoris du scrutin et leur arrivée au pouvoir risquerait de constituer un danger pour la survie de la chaîne. Nessma TV est sans doute la télévision maghrébine qui ne possède aucun programme religieux. Même durant le Ramadhan, le patron de la chaîne a préféré opter pour des films et des feuilletons qui ne font pas la promotion de l’islam sunnite, (Courant majoritaire dans le Maghreb). Cet incident provoqué par Nessma TV a surtout fait monter la température et donné un indice sur le degré de la religiosité des Tunisiens. Le courant islamiste a même pris de la hauteur, puisque même le gouvernement tunisien a appelé «au respect de la chose sacrée». D’ailleurs ça s’est retourné contre Nessma TV puisqu’une centaine de personnes avaient pris le relais des salafistes et manifesté devant Nessma TV en criant: «Nous ne sommes pas des barbus mais nous défendons l’islam». Un collectif d’une centaine d’avocats, relayant une pétition de citoyens, a déposé plainte lundi contre la chaîne, accusée «d’avoir porté atteinte aux valeurs du sacré», et le procureur de Tunis a ouvert une enquête préliminaire. Nessma TV devra désormais faire attention à ses programmes et visionner avant diffusion, au risque de provoquer une nouvelle fois la colère des Tunisiens et celle des Maghrébins en général.

Source: “L’expression” Le 13-10-2011

Lien: http://www.lexpressiondz.com/culture/lecran_libre/140994-les-raisons-de-la-volte-face-du-patron-de-nessma-tv.html


l’instance des réformes clôt l’acte I de la revolution


 

Le président tunisien intérimaire, Foued Mebazaa, a salué jeudi la « mission réussie » de la Haute instance chargée de piloter les réformes politiques de l’après-Ben Ali, soulignant que la continuité de l’Etat avait été assurée en dépit de crises durant toute la période révolutionnaire.

La commission de réformes, créée peu après la chute du président Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier, a clôturé ses travaux dix jours avant l’élection d’une assemblée constituante, un scrutin historique qui referme le premier chapitre de la révolution tunisienne.

« La Haute instance a réussi dans sa mission, notamment avec la création de l’Isie (commission électorale), l’adoption d’un code électoral, la proposition de lois relatives au financement des partis politiques, au fonctionnement des associations », a déclaré M. Mebazaa lors d’une cérémonie officielle au palais du Bardo à Tunis.

Il a aussi relevé l’adoption d’un « pacte républicain » qui doit servir de socle à la future constitution. Ce pacte affirme notamment « la séparation entre les domaines politique et religieux » et refuse « toute forme de normalisation avec l’Etat sioniste ».

Créée fin février pour dessiner les contours des futures institutions de laTunisie, la Haute instance, indépendante de l’exécutif, « a toujours eu un dialogue sérieux, parfois difficile, avec les membres du gouvernement », a encore relevé M. Mebazaa, rendant hommage à son président, le juriste Yadh Ben Achour.

Une fois l’euphorie des premiers jours de la révolution retombée, les autorités de transition ont dû gérer grogne sociale, flambées de violence et crise économique dans un climat de défiance entretenant lui-même l’instabilité.

La « Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique » n’a pas échappé aux critiques.

Au départ une commission purement technique de juristes chargés de toiletter les lois de l’ancien régime, elle s’était élargie fin février pour intégrer un conseil, composé de représentants de toutes les forces politiques et de la société civile.

Elle a essentiellement bataillé avec les deux principales formations politiques, les islamistes d’Ennahda, donnés favoris pour le scrutin, et le Parti démocratique progressiste (PDP, centre-gauche).

Ennahda a plusieurs fois claqué la porte de la Haute instance, l’accusant de prendre des décisions sans consulter tous ses membres. Néjib Chebbi du PDP a souhaité la voir disparaître « le plus tôt possible », lui reprochant de se comporter « comme un parlement élu alors que ses membres ont été désignés ».

De son côté, Yadh Ben Achour a toujours affirmé qu’il poursuivrait sa mission jusqu’au bout, parvenant généralement à arracher un accord par consensus.

Jeudi, il a rendu hommage au « peuple tunisien qui a montré une capacité extraordinaire à se protéger lui-même », saluant le rôle de l’armée, en présence de son chef. Le général Rachid Amar, alors chef de l’armée de terre, avait refusé de donner l’ordre de tirer sur la foule quelques jours avant la chute de Ben Ali.

« Nous sommes arrivés à l’approche d’un rendez-vous historique, décidé par les Tunisiens » après une « révolution contre le régime le plus corrompu de l’histoire de la Tunisie », a-t-il ajouté.

« Nous voulons aujourd’hui rassurer le peuple. Les institutions de l’Etat n’ont connu aucune vacance. Le gouvernement remettra ses pouvoirs entre les mains du prochain gouvernement », qui sera issu de l’assemblée constituante, a de son côté insisté le président intérimaire.

Arrivé à la tête de l’Etat après la fuite de Ben Ali, Foued Mebazaa, 78 ans, s’était porté garant de « l’autorité publique » et avait promis de tout faire pour sauvegarder les acquis de la révolution. Son mandat prendra fin après les élections et la remise du pouvoir au nouvel exécutif.

Source: ”20 minutes.fr” Le 13-10-2011

Lien: http://www.20minutes.fr/monde/tunisie/805252-tunisie-instance-reformes-clot-acte-i-revolution

 


 

Tunisie : la folie a fleuri pendant le « printemps arabe »


 

Par Catherine Simon

En Tunisie, l’effondrement du régime, marqué par la fuite du pays du président Zine El-Abidine Ben Ali, le 14 janvier, a ouvert la brèche : celle de la première révolution du monde arabe. Avec son mélange d’euphorie et d’angoisse. Les gens biens portants ont parfois perdu la tête, tandis que des malades patentés entraient en crise. « La révolution est un traumatisme qui soigne des traumatismes infligés par les tyrans », relève le psychanalyste Fethi Benslama, installé à Paris et auteur de Soudain la révolution (Denoël, 128 p., 10 €).

A l’hôpital Razi, souvent appelé Manouba (du nom du gouvernorat où il est situé), équivalent tunisois de l’hôpital Sainte-Anne à Paris, des membres du personnel ont découvert, un beau matin, à la « une » des journaux et sur Internet, la photo d’un ancien patient. Cigarette aux lèvres, l’homme est agenouillé au milieu de l’avenue Bourguiba, menaçant d’une baguette de pain, tenue comme un fusil, les policiers casqués, qui s’avancent, matraque à la main.

Stress post-traumatique

« C’est un de nos anciens malades, un schizophrène. L’ambiance était tout à fait à son goût… », commente le docteur Majda Cheour-Ellouze, professeur de psychiatrie à la faculté de médecine de Tunis et chef de service à l’hôpital Razi. Quelques jours auparavant, l’homme avait tenté demettrele feu dans le métro et commis, dans son quartier, des « méfaits encore plus graves », raconte la psychiatre. Ramené à l’hôpital, le manifestant de l’avenue Bourguiba se trouvait « dans un tel état d’excitation »qu’il a dû être« placé en chambre de haute sécurité »,ajoute le docteur Cheour-Ellouze. L’homme à la baguette est aujourd’hui sorti de l’hôpital et fait l’objet d’un« suivi médical rigoureux ».

Passés les premiers dix jours chaotiques de l’après-14 janvier, les cas de stress post-traumatique se sont multipliés. « Sous l’effet de l’anxiété »,les personnes « les plus fragiles, les schizophrènes et les bipolaires (maniaco-dépressifs, selon l’ancien terme) », ont fait des « décompensations délirantes », explique le docteur Cheour-Ellouze. Des délires sur le thème de l’apocalypse, pour beaucoup.« Certains patients se disent investis d’une mission –réglerdes comptes,fairela justice,réparerles souffrances du monde… La révolution, pour eux, c’est la guerre finale. L’ensorcellement revient souvent, aussi. Sansoublierles délires de grandeur et les angoisses de persécution »,note-t-elle.

111 cas de suicide

Le docteur Sarah Benzineb, qui exerce dans le privé depuis la fin 2010, après quinze ans passés à l’hôpital Razi, a observé comment les thématiques varient d’un pays et d’une époque à l’autre. « En France, on se prend pour Napoléon. En Tunisie, sous le règne de Ben Ali, on se prenait souvent pour le « fils caché » du président ou de son épouse Leila Trabelsi. Aujourd’hui, la figure a changé. On ne se prend pas pour Dieu, bien entendu, mais pour l’un de ses prophètes »,explique la praticienne. Durant la première guerre du Golfe, en 1991, les patients« intégraient Saddam Hussein, George Bush ou les Israéliens »dans leurs délires.

Les personnes« les plus fragiles »ne se trouvent pas forcément parmi les hospitalisés. Selon une étude, initiée par le ministère de la santé, cent onze cas de suicides, parmi lesquels plus de la moitié par immolation, ont été enregistrés entre janvier et juin 2011, durant les six premiers mois de la révolution.

Le geste de Mohamed Bouazizi, suicidé par le feu, dix jours avant la chute du « tyran » de Carthage, a donné des ailes, semble-t-il, aux jeunes désespérés, en dépit de l’interdit islamique. « L’image héroïque donnée à Mohamed Bouazizi a faittomberles tabous, facilitant les passages à l’acte », estime la pédopsychiatreFatma Charfi, qui exerce, elle aussi, à l’hôpital Razi. Le phénomène est devenu« particulièrement préoccupant », ont jugé les responsables du ministère, qui ont lancé un plan de prévention de ce que la Tunisie considère désormais – une première dans le monde arabe – comme un« problème de santé publique ».

Source: “Le Monde.fr” le 13-10-2011

Lien: http://www.lemonde.fr/livres/article/2011/10/13/tunisie-la-folie-a-fleuri-pendant-le-printemps-arabe_1586835_3260.html


La Tunisie: un Etat laïc, religieux, ou civil ?


Les Tunisiens sont capables de produire leur propre modèle politique : un Etat civil et démocratique, qui évite les impostures des extrémistes religieux et laïcs ?

Si les laïcs sont en recul aujourd’hui en Tunisie, cela est dû à hier : les erreurs commises durant plus de cinquante ans pendant lesquels on a braqué la laïcité sur une seule religion, l’islam, en Tunisie et ailleurs. En conséquence, la laïcité est devenue suspecte, chez plusieurs Tunisiens.

«Ne regardez pas l’endroit où vous êtes tombés, regardez plutôt l’endroit où vous vous êtes cognés». Pourquoi les Tunisiens ont peur de la laïcité et non pas les autres ? Quelle est votre part dans cette confusion ? Comment peut-on corriger ces erreurs ? Comment remettre les choses dans l’ordre afin de rassurer les musulmans en Tunisie ou ailleurs sur leur liberté de croire et de penser ?

Laïcité et islamophobie

Ce n’est jamais l’essence de la laïcité française de 1905 qui brimait les Tunisiens mais c’est celle de Ben Ali et Sarkozy. Les Tunisiens font bien la différence entre la laïcité et l’islamophobie. Ils soutiennent le Parti communiste tunisien alors qu’il est laïc. En revanche, ils ne soutiennent pas d’autres partis de gauche tel qu’Ettajdid, car ils sont islamophobes. Aussi les Tunisiens font-ils la différence entre un parti islamiste non démocrate tel que Hizb Ettahrir, non soutenu par la majorité des Tunisiens, et un parti islamiste modéré et démocrate tel qu’Ennahdha soutenu par la majorité des Tunisiens.

Peut-on croire qu’une figure de proue de l’opposition tunisienne telle que Dr Moncef Marzouki, qui connait bien les arcanes de la politique en Tunisie, pourrait collaborer avec un parti politique ancestral ?

Nous n’étions jamais contre l’essence de la laïcité mais contre l’islamophobie qui se cache derrière.

Il peut sembler paradoxal que la laïcité puisse être islamophobe et il en est pourtant ainsi. Une laïcité qui a privé beaucoup d’enfants musulmans d’aller à l’école, beaucoup de femmes musulmanes d’aller au travail, d’aller faire leur course, de conduire une voiture.

Le lexique utilisé par les laïques tunisiens et français, à chaque fois qu’on aborde le sujet de la laïcité est le suivant : voile, voile intégral, mosquée, minaret, prière dans la rue, barbe, loi de l’héritage, islamisme, ramadan… En bref, on a atteint l’apogée de la manipulation de la laïcité pour des fins islamophobes, et ce, via une laïcité de l’Etat.

Ni islamiste, ni laïque, mais patriote

Le dénigrement des islamistes afin de préparer le terrain pour les extrémistes laïques, la distorsion de l’identité, le torrent d’information qui vise à implanter une idée mensongère : «Pas de démocratie sans laïcité», n’ont fait que pousser les gens encore plus vers le parti islamiste Ennahdha.

Le Tunisien est assez intelligent pour choisir son camp: le camp patriote démocrate. Ce n’est pas ce que les extrémistes laïques disent maintenant qui est intéressant, c’est ce qu’ils ont dit et fait auparavant durant la gouvernance de Ben Ali, et après son départ, afin de voler la révolution commise par tous les Tunisiens sans exception.

La laïcité, dont parlent certains laïques tunisiens et français, ne saurait se parer de neutralité.

Chacun l’a bien compris, elle n’a plus rien à voir avec un principe universel. On est parti de la séparation du politique et du religieux pour appliquer la règle aux personnes, alors que le principe de laïcité (en France) s’applique à l’Etat et non pas à tout le monde (l’Etat ne s’occupe pas des religions et les religions ne s’occupent pas de l’Etat). Il est évident que ce principe de laïcité ne s’applique pas aux personnes.

En Tunisie, la laïcité s’est réduite à une islamophobie assez semblable à la laïcité sarkozienne, un cancer profond a atteint le corps de la laïcité. Quel parti politique aura le courage, maintenant, d’évoquer en Tunisie le mot laïcité sans commettre un suicide politique ?

Condamné à vivre ensemble

L’erreur que l’on commet assez couramment est de croire que seuls les extrémistes religieux sont un danger pour la démocratie et qu’une fois que ceux-ci sont affaiblis, sinon écrasés, la révolution peut suivre son cours en toute tranquillité. En effet le danger nous vient aussi des extrémistes laïques, des ex-Rcdistes et de l’intervention étrangère en Tunisie qui ne cesse de freiner notre révolution.

Ben Ali a bien écrasé les islamistes mais on n’a pas fait une démocratie. Le régime iranien a bien écrasé les laïques sans établir une démocratie non plus. On est condamné à vivre ensemble et à chacun sa place dans notre pays. Laissez le peuple tunisien, pour la première fois durant son histoire, dire son mo; que cela plaise ou pas, c’est la règle du jeu démocrate. Ne gâchez pas sa fête! On ne sait jamais s’il changera un jour et votera pour vous. Les partisans de l’exclusion, les extrémistes laïques et religieux représentent un grand danger pour notre Tunisie. Ne les laissez pas faire !

Voilées ou non, barbus ou glabres, laïques et islamistes, musulmans, chrétiens, juifs… peut-on vivre ensemble? Quelles leçons peut-on dégager après cinquante ans de dictature? On a choisi d’éviter les termes (religieux/laïque) pour notre prochain régime politique. L’effet a été rapide, tant mieux.

Le peuple tunisien n’est-il pas capable de donner des leçons ? De produire son propre modèle politique ? N’est-il pas capable d’édifier un Etat civil et démocratique tout en évitant les impostures des extrémistes religieux et laïques ?

Source: ”Kapitalis” Le 13-10-2011

Lien: http://www.kapitalis.com/afkar/68-tribune/6297-la-tunisie-un-etat-laic-religieux-ou-civil.html


Le bureau de l’avocat tête de liste du PDP à Jendouba cible d’une tentative d’incendie


Le bureau de Me Rabeh Khrayefi, tête de liste du Parti Démocrate Progressiste (PDP), à Jendouba, a été la cible d’une tentative d’incendie, mercredi 12 octobre 2011 vers 10h du soir, selon une déclaration de l’avocat à Shems Fm. M. khrayefi a expliqué dans son témoignage que des inconnus avaient essayé d’entrer par effraction dans son bureau. Ils ont enfoncé la porte en bois, mais ils ont été stoppés par la porte en fer. Immobilisés, ils jettent des objets enflammés pour incendier le bureau. Prévenu par des amis, l’avocat, trouve la salle d’attente en feu, mais son bureau personnel, où se trouvent les dossiers des clients, est épargné. Notons que Rabeh Khayefi affirme que cet acte est prémédité et qu’il est directement relié à son activité politique : pour lui c’est la tête de liste qui a été visé et non pas l’avocat ! Cependant, il ne porte ses soupçons contre personne en particulier qu’il soit individu ou parti politique.

Source: “Business News” Le 13-10-2011

Lien: http://www.businessnews.com.tn/Tunisie—Le-bureau-de-l%E2%80%99avocat-t%C3%AAte-de-liste-du-PDP-%C3%A0-Jendouba-cible-dune-tentative-d%E2%80%99incendie,520,27076,3


 

Rached Ghannouchi devant le juge d’instruction


Le juge d’instruction du 12ème bureau interroge en ce moment même, depuis 14h00 exactement, le leader d’Ennahdha Rached Ghannouchi. On ignore si M. Ghannouchi est interrogé en qualité de témoin ou d’accusé, mais on sait que c’est en rapport avec le dossier de l’ATCE. Nous y reviendrons à la sortie du leader d’Ennahdha du bureau du juge.

Source: ”Business news” Le 13-10-2011

Lien: http://www.businessnews.com.tn/Tunisie—Rached-Ghannouchi-devant-le-juge-d%E2%80%99instruction,520,27077,3


Tunisie : il faut sauver la STB


 

Très affaiblie par les mauvaises pratiques, la Société tunisienne de banque voit sa rentabilité s’effondrer. Mais son poids est tel que l’État devrait tout faire pour l’aider à surmonter ses difficultés.

En 2011, la Société tunisienne de banque (STB) a annoncé une provision record de 107 millions de dinars (55 millions d’euros) pour couvrir ses risques. « Insuffisant. Compte tenu de son exposition, ce montant devrait atteindre 150 millions cette année, 120 millions l’an prochain et 125 millions en 2013 », juge Lilia Mzoughi, analyste du cabinet AlphaMena. Preuve du manque de prudence de la STB, le taux de provision pour ses créances douteuses (environ 30,2 % de ses actifs) est de 50,1 %, quand la Banque centrale de Tunisie impose théoriquement un seuil de 70 %.

Première banque publique du pays, la STB paie au prix fort les dérives de l’ancien régime. Les engagements liés au clan Ben Ali sont estimés à 509 millions de dinars, dont seuls 5 % sont provisionnés. Près de 90 sociétés appartenant à 20 groupes ont profité des largesses de la banque pour se financer, d’après un état des lieux réalisé en février. La STB doit aussi assumer les conséquences de sa forte implication dans le secteur touristique, dont l’activité a reculé de 40 % depuis la révolution.

Résultat : la banque devrait enregistrer, d’après AlphaMena, une perte de 6 millions de dinars pour l’exercice 2011, sans compter le redressement fiscal de 31,7 millions de dinars pour la période 2005-2010, ni les mauvais résultats de sa filiale, la Banque franco-tunisienne (BFT). Au premier semestre, elle affichait une baisse de 7,6 % de son produit net bancaire (102,9 millions de dinars) par rapport à la même période en 2010.

La faible qualité des actifs de la STB remonte en partie à sa fusion, en 2000, avec la Banque de développement économique de Tunisie (BDET) et la Banque nationale de développement touristique (BNDT).En 2010, le rendement de ces actifs n’était que de 0,3 %, quand la filiale d’Attijariwafa Bank en Tunisie atteignait 1,2 %. « L’État s’est appuyé sur les banques publiques pour financer l’économie. Un investisseur pouvait obtenir jusqu’à 90 % du montant de son projet auprès de la STB, qui, en plus de l’octroi d’un crédit, pouvait prendre une participation d’environ 20 % dans le capital », explique Karim Mimita, analyste chez Axis, filiale de BMCE Capital à Tunis.

Menace de faillite

Principale menace pour l’avenir de la banque : les résultats de la BFT, qui en 2010 a accusé une perte de 170 millions de dinars. « Jusqu’à présent, ses comptes ne sont pas consolidés dans le périmètre de la STB, bien que cette dernière possède 78,18 % du capital. Mais cela pourrait changer en 2011, car cette année le commissaire aux comptes a émis des réserves », prévient Lilia Mzoughi. « Avec la BFT, on assistera peut-être à la première faillite d’une banque en Tunisie, mais il est très probable que l’État viendra à sa rescousse compte tenu des conséquences prévisibles sur les autres établissements », estime Karim Mimita.

Conscient de la fragilité de la STB, l’ancien régime avait en 2010 annoncé sa fusion avec la Banque de l’habitat pour constituer un champion national. Gelée après la révolution, l’opération pourrait voir le jour à moyen terme, une fois la situation des banques assainie. L’hypothèse n’est en tout cas pas exclue par le ministre des Finances, Jalloul Ayed. « Nous pouvons baliser le terrain, en commençant par harmoniser les grands principes de gouvernance et de gestion des risques, les systèmes d’information et la gestion bilantielle, qu’il y ait rapprochement ou pas », estimait-il, début septembre, dans une interview donnée au site webmanagercenter.com.

Passer l’orage

Reste qu’à court terme il convient de trouver une solution pour aider la STB à passer l’orage. D’autant qu’elle reste un des principaux acteurs bancaires tunisiens, détenant 14,6 % du marché du crédit et 14,1 % des dépôts. « La banque a besoin d’être recapitalisée à hauteur d’au moins 198 millions de dinars, selon mes estimations », insiste Lilia Mzoughi. Pour Karim Mimita, il s’agit en premier lieu de vendre les participations détenues dans de nombreuses entreprises pour redresser les comptes : « La STB n’est pas une société d’investissement, elle doit se concentrer sur son cœur de métier : la banque de détail. Une augmentation de capital devra suivre, qui gagnerait à être réservée au secteur privé de manière à ce que la gestion passe à ce dernier. »

Car, outre la qualité des actifs, la banque pâtit d’un manque global d’efficacité dans son fonctionnement. « Aujourd’hui, son image se dégrade, et la STB risque de perdre beaucoup de clients », prévoit Karim Mimita. Si son avenir apparaît plutôt sombre, la STB (dont la part du capital flottant à la Bourse de Tunis est estimée entre 40 % et 45 %) reste cependant une valeur à suivre, d’après AlphaMena. « Notre modèle indique qu’elle est actuellement sous-évaluée [environ 10 dinars, NDLR]. C’est la raison pour laquelle nous invitons nos clients à acheter », explique Lilia Mzoughi. Un avis semble-t-il partagé sur la place financière : depuis juillet, l’action a regagné plus de 20 %.

Source: “Jeune Afrique” Le 13-10-2011

Lien: http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2647p118-119.xml0/tunisie-ben-ali-banque-societe-tunisienne-de-banquetunisie-il-faut-sauver-la-stb.html

 


Tunisie : revoilà Jouini !


 

Mohamed Nouri Jouini, ancien ministre de Ben Ali était présent avec le premier ministre tunisien lors de sa visite officielle aux États-Unis, le 9 septembre dernier.

Mohamed Nouri Jouini, ancien ministre de Ben Ali, a fait sa première apparition publique depuis la révolution en Tunisie lors de la visite à Washington du Premier ministre provisoire Béji Caïd Essebsi, qui a été reçu par Barack Obama le 7 octobre. L’ex-ministre du Développement économique et de la Coopération internationale était assis à la droite de Caïd Essebsi lors de la rencontre avec Robert Zoellick, le président de la Banque mondiale. Sous la pression populaire, le technocrate, et néanmoins ardent supporteur de Ben Ali, avait démissionné en même temps que l’ex-Premier ministre Mohamed Ghannouchi, le 27 février. Caïd Essebsi l’a toutefois maintenu dans son cabinet pour assurer la continuité des dossiers. Formé aux États-Unis, parfait anglophone, Jouini, qui est apprécié de Washington pour sa souplesse, supervise la coopération avec la Banque mondiale et les États-Unis à travers son collègue Abdelhamid Triki, qui lui a succédé à la tête du ministère.

Source: “Jeune Afrique” Le 13-10-2011

Lien: http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2648p008-009.xml10/usa-diplomatie-barack-obama-banque-mondialetunisie-revoila-jouini.html

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