14 février 2010

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TUNISNEWS
9 ème année, N° 3554 du 14.02.2010
 archives : www.tunisnews.net   

Reuters: Tunisia says World Bank to lend $280 mln in 2010 Yahyaoui Mokhtar: Réduction de l’aide militaire américaine au régime du président Ben Ali Abdel Wahab Hani: Aïd / Retornado Khaled Riahi rentre au pays après 20 ans d’exil Prof. Taoufik BACHROUCH: Démocratie. La tête et les jambes. Baccar Gherib: En marge de Tunisie 2040:  – Le projet moderniste tunisien en perspective Taïeb Moalla: Avatar en Cisjordanie! AFP: Affaire Hannibal: 188 responsables libyens interdits d’entrée en Suisse Reuters: Le chef de cabinet d’Abbas suspendu sur fond de scandale sexuel AFP: Une loi sur le voile intégral serait « une erreur politique », selon Yazid Sabeg

La Liberté: La colonisation jamais digérée  


Tunisia says World Bank to lend $280 mln in 2010


Sun Feb 14, 2010 1:00pm GMT TUNIS (Reuters) – The World Bank will lend Tunisia $280 milion in 2010 to help the North African country promote growth and increase job opportunities, the TAP state-run news agency reported on Sunday. The bank will make the loan under its Country Partnership Strategy with Tunisia, TAP quoted officials at the Ministry for Development and International Cooperation as saying. Tunisia’s unemployment rate is 14.7 percent, according to official figures, and its gross domestic product growth last year was 3 percent, down from 4.8 percent in 2008. The country of 10 million people relies on tourism and exporting manufactured goods and services, mostly to the European Union. The World Bank’s total lending value to Tunisia stood at $335 milion in 2009, according to the bank’s figures.  


Réduction de l’aide militaire américaine au régime du président Ben Ali

 


Les Etats-Unis on décidé de procéder à une sévère réduction de leur aide militaire destinée à la Tunisie au titre de l’année 2010 « Le département d’Etat a recommandé une réduction de l’aide militaire américaine pour la Jordanie, le Liban et la Tunisie… La plus grande diminution proportionnelle de l’aide militaire américaine a touché la Tunisie. L’administration a demandé 4,9 millions de dollars en aide militaire à Tunis, une baisse de plus de 10 millions de dollars depuis 2010. » Rapporte les médias américains en comparaison avec les budgets d’aide militaire américaine prévus pour les autre pays du Moyen-Orient. L’administration du président Barack Obama a proposé une augmentation de l’aide militaire américaine pour plusieurs états de la Ligue arabe.   Le projet de budget pour l’exercice 2011 comprenait des augmentations de l’aide militaire pour le Bahreïn, Libye, Maroc, Oman et le Yémen. L’Egypte avec 1,3 milliards de dollars en 2011 et Israël avec 3 milliards de dollars, contre 2,775 milliards de dollars en 2010 restent les plus grands bénéficiaires de cette aide. Les fonctionnaires ont déclaré que plusieurs pays du Moyen-Orient ont également reçu des avances de financement au cours de l’année dernière dans le cadre du programme Financement extérieur militaire. Notes: FMF: Foreign Military Financing; ESF: Economic Support Funds, IMET: International Military Education and Training funds, INCLE: International Narcotics Control and Law Enforcement Funds, NADR: Nonproliferation, Anti-Terrorism, Demining, and Related Programs funds. P.L. 109-163, the National Defense Authorization Act, FY2006, Section 1206 authorizes the Secretary of Defense to train and equip foreign military and foreign maritime security forces. Section 1206 funding for Tunisia has supported counterterrorism programs. La réduction de la subvention américaine à la Tunisie au titre de financement extérieur militaire semble s’expliquer par la mauvaise passe à laquelle ont aboutit les relations diplomatiques entre les deux pays depuis la tenue des dernières élections en octobre 2009 en Tunisie. La réélection du président tunisien sortant « nous préoccupe» avait déclaré alors Ian Kelly porte-parole du département d’Etat, ajoutant que « le gouvernement tunisien n’a autorisé aucun observateur  à contrôler le bon déroulement du scrutin à notre connaissance, aucun observateur indépendant crédible n’a obtenu l’autorisation  de contrôler le vote» En mars 2009 lors de l’examen du budget d’aide alloué à la Tunisie le chef de la commission du Congrès David Obey a déclaré, concernant les 12 millions de dollars dans la FMF, que «les restrictions à la liberté politique, l’usage de la torture, l’emprisonnement des dissidents, et la persécution des journalistes et des défenseurs des droits humains suscitent des préoccupations et des progrès sur ces questions est nécessaire pour le partenariat entre les États-Unis et la Tunisie de renforcer davantage. » Plus récemment, en janvier 2010, la secrétaire d’Etat américaine Hilary Clinton, dans son discours sur la liberté d’Internet, avait cité la Tunisie à deux reprise en exemple des pays pratiquant la censure et empêchant la libre circulation de l’information au même titre que la Chine « Au cours de l’année écoulée, nous avons observé une recrudescence des menaces contre la libre circulation de l’information. La Chine, la Tunisie et l’Ouzbékistan ont renforcé leur censure d’Internet. » L’engagement des Etats-Unis dans la défense de la démocratie et des droits de l’homme a été jusqu’à présent perçu avec beaucoup de suscitions à cause de l’ambivalence de ses positions au gré de ses intérêts immédiats et ses rapports avec le pays dont il est question. Pour la Tunisie, son aide militaire à la dictature et son silence sur la répression politique et les graves atteintes aux droits de l’homme sous couvert de lutte contre le terrorisme envoyait des signes contradictoires aux tunisiens et a gravement entamé sa crédibilité. Aujourd’hui, alors que la stratégie choisie par le président Ben Ali semble s’inscrire clairement dans la perpétuation de sa main mise sur le pouvoir en Tunisie et son allergie à l’émergence de toute autre alternative politique pour le pays, la décision américaine d’amputé l’aide accordé à son régime vient confirmer les différentes signes contraires que cette stratégie est en tarin de rencontrer. Yahyaoui Mokhtar – Tunis le 12 février 2010  
(Source: « Tunisia Watch » le 12 fevrier 2010)  


Aïd / Retornado Khaled Riahi rentre au pays après 20 ans d’exil

 


  Par: Abdel Wahab Hani Notre ami Aïd / Retornado Khaled Riahi est rentré ce dimanche 14 février 2010 au pays après une vingtaine d’années d’exil. Militant (et non pas star frère de star) de la gorieuse Union générale tunisienne des étudiants (UGTE), Khaled a été membre de la section d’Alger où il poursuivait ses études de Droit à la Faculté de Droit de Ben Âknoun, du temps de l’existence légale du Syndicat. Après la décision arbitraire du Ministre de l’Intérieur du gel des activités de l’UGTE et de sa dissolution par décision de justice, en première instance, Khaled a continué l’action syndicale de défense des droits matériaux et moraux de nos étudiants tunisiens expatriés à Alger, toujours avec la même verve légaliste et synidcaliste. Il a oevuré à la compagne de sensibilisation des syndicats étudiants algériens sur la situation de leurs camarades tunisiens. Une belle épopée tuniso-algéroise de Syndicalisme étudiant aunomone et indépendant à laquelle ont participé Ridha Fékih, Sami Ghannouchi, Ismaïl Saïdi et d’autres… Cette campagne et la résistance syndicale à l’intérieur du pays, autour notamment des Grands militants Adel Thabti, Jamila Chemlali et Samir Ben Amor a permis de casser la décision judiciaire en Appel et de préserver un temps soit peu l’Indépendance de l’UGTE. Ce qui est d’une grande importance pour l’Histoire. Mais le contexte était à l’affrontement et l’aile idéologique a pris le dessus sur l’aile syndicale, autonomiste et indépendiste du Syndicat. Les événements ont pris une tournure d’affrontements violents et d’une répression féroce, entre le mouvement Ennahdha et le régime en place. De nombreuses structures de la société civile tunisienne ont été prises dans l’étau et avaient vécus  un grand dilème face à cet affrontement et à cette répression, autour de l’impératif d’AUTONOMIE de la Société civile. L’UGTE fut la première à en faire les fraits, suivi de quasiment toutes les autres structures de la Société civile, puis d’un grand nombre des partis politiques. A Alger où nous nous étions retrouvés de nouveu au début des années 1991, puis à Paris où nos chemins se sont de nouveau croisés, j’ai connu en Khaled Riahi le militant humble, modeste et bosseur, dans le Paris dure et xénophobe des années Pasqua. Alors que d’autres se levaient à midi et tournaient les Billets d’énormes sommes d’argents à faire tourner la tête sans travailler!, Khaled, l’enfant du peuple, le militant, l’anti-star, travaillait dure pour gagner sa vie et vivre Dignement son Exil, entre le désir de poursuivre les études, fonder une famille et subvenir à ses besoins, tout en vivant la « Double présence », comme pour inverser ce que Abdelmalak Sayayd appelait la « Double absence » des immigrés ordinaires. Félicitations pour ce Retour et surtout pour ton Courage cher Khaled, malgré l’intimidation ambiante et la violence inoüe de certains ex-comapgnos de route à l’égard de la détermination des AÏDOUN / Retornados de prendre le chemin du Retour à la Mère Patrie. Que Allah, le Tout Puissant, te donnes, cher Khaled, la force et la foi pour continuer ton chemin et rattraper les deux décennies qui viennet de s’écouler dans l’errance de l’Exil. Paris, le 14 février 2010 Aïd / Retornado Bi Idhni Allah, Ahabba Al Mohibboun Wa Kariha Al Karihoun Abdel Wahab Hani awhani@yahoo.fr +33617960037 (injoignable depuis les lignes Tunisie Télécom, depuis l’injuste décision décennale d’un responsable zélé)  

Démocratie. La tête et les jambes.

 


Prof. Taoufik BACHROUCH Décidément, les jambes inspirent infiniment plus de désillusions et déchaînent considérablement plus de passions que la tête. La disproportion est flagrante, elle ne peut être qu’un signe des temps. Côté tête d’abord. Que la Tunisie n’ait pu faire partie des cinq cents premières universités du monde  passe. Notre ambition n’a jamais été de jouer dans la cour des grands, et il en sera du reste ainsi pour longtemps encore, aussi longtemps que nous ne disposerons pas des ressources humaines adéquates, surtout aujourd’hui. Même notre élimination des Top cent concernant les meilleurs établissements d’enseignement supérieur du continent africain laisse notre opinion de marbre et nos élites de glace. …., comme si nous avions perdu le sens de l’indignation. Notre amour propre collectif s’en est accommodé comme d’une évidence. L’état de notre système d’enseignement ne nous apostrophe plus…. L’état de notre recherche ne nous fait pas sourciller. L’honneur de la patrie a été placé au niveau des jambes. A défaut de nous comparer au Maroc et à l’Algérie, dont les performances sont meilleures que les nôtres, nous trouverons toujours à nous consoler en cherchant bien un terme de comparaison qui nous soit avantageux, la Somalie par exemple qui a au moins l’excuse de la guerre civile, elle. Par notre mutisme coupable, nous administrons la preuve que les choses de la tête nous indiffèrent dans les faits. Mieux vaut se taire. On a fait en sorte que notre système universitaire soit dépourvu d’enjeux qui vaillent. La sanction a coulé de source. A défaut de mettre notre honneur dans la tête, en fait nous avons placé notre orgueil dans nos jambes. Celles-ci sont perçues comme productrices de symboles plus prégnants aux yeux du plus grand nombre. Parle-t-on de culture ? Juste assez pour signifier qu’elle existe encore (cf. Hannabal, Bilamoujamala). Mais de quoi parle-t-on le plus ? De football, comme si il n’y a que ça, comme pour ne pas parler d’autre chose, de politique par exemple. J’ai entendu … des ministres tenir une conversation soutenue et non moins animée sur al mkachakh et consort. … Mais depuis que la sélection de Tunisie a été éliminée, ce fut le coup de massue, le ciel tombé sur la tête des berbères. Depuis que Hannabal est parti en croisade contre le mode de gestion des affaires sportives, le dossier instruit à charge présageait de l’issue. Aucune fédération ne trouve grâce aux yeux de Bilmakchouf, tant l’handicap est grand et les mauvaises pratiques accablantes. Notre sport n’est plus le lieu de prédilection où s’exalte la vigueur physique et morale de la nation, mais une foire d’empoigne. Le ton de l’émission est juste et donne la mesure du sinistre (bravo captain Khaled le plus rationnel du groupe). Mais au fur et à mesure que les discussions fleuves se prolongent, on sent le levain patriotique monter. La patrie, c’est le sport et rien d’autre. On espère la victoire sans y croire ; alors le mot de Dieu est dans toutes les bouches ; on l’invoque à tout bout de champ pour qu’il nous vienne en aide, comme si les équipes adverses n’ont pas les leurs. A défaut d’Afrique du Sud, il reste toujours la consolation de l’Angola. Un entraîneur, nommé à la hâte, avec une belle unanimité, devient le responsable de notre déconfiture. Plus aucun héros n’est capable de modifier le cours de l’histoire. C’est que nos joueurs ne sont plus prestigieux…. Qu’est ce qui fait que la Tunisie n’a plus d’avant-centre Alors qu’en une seule rencontre un sélectionné gagne à lui seul plus d’argent (120 mille dinars)  qu’un smigard pendant toute une existence laborieuse et misérable. On est en droit de s’interroger. Lorsque la télévision met en scène le sport, le discute à n’en plus finir, on se demande s’il n’y pas d’autres centres d’intérêts qui puissent retenir l’attention. Rares sont qui admettent que notre sport n’est pas de rang international, comme nos têtes. D’où la tentation de l’exil des graines de champions qui se sentent à l’étroit parmi les leurs. Grandeurs esquissées à peine et décadences démontrées de la tête et des jambes. Point de finish. J’admets le fait que les spectacles sportifs se rapprochent des fêtes populaires et qu’il en fallait. Mais que les codes de l’idéal olympique soient à ce point mis à mal, ou que l’ordre social menace de se défaire le temps d’une rencontre, cela illustre la faille de notre éducation morale : obtenir par la violence et la main de Dieu ce qui ne peut être réalisé par la qualité de jeu et la technique. Les Dieux des nos stades vivent un moment crépusculaire. Il fut un temps où des sportifs, en défendant rien que le maillot à force de sudation, deviennent des héros, et leurs aventures une épopée dont on parle encore. J’ai assisté autrefois de visu devant la Porte de Bab Jedid à une scène où des jeunes, tenant des espadrilles attribuées à Attouga …, en parlaient avec déférence et envie, comme d’une relique sacrée. Attouga était devenu une référence connue et reconnue. Ils savaient reconnaître si jeunes les valeurs sûres, en un temps où leur héros était un gardien de but dont la renommée devait être bien plus grande que la bourse. Ce fut en ces temps primordiaux que de grands sportifs avaient été rétrospectivement des géants moraux de notre société, à leur manière. Mais aujourd’hui,…. légions sont ceux qui déçoivent nos attentes et mutilent nos espoirs. Nos dirigeants sont coupables de nos illusions perdues. … Ah cette cochonne de grinta qui n’a pas suppléé avantageusement à la technicité de nos joueurs, à un moment où Dieu si ardemment invoqué, n’a pas cru devoir se ranger de notre côté, ce qui en dit long sur la mentalité primitive et magique des joueurs, des dirigeants et de certains commentateurs ?  Les plus avisés ont annoncé à demi-mot une défaite programmée. Le public a besoin qu’on lui tienne le langage de l’espoir, si illusoire qu’il soit. Nous avons perdu parce que nous sommes simplement mauvais. Et parce que nous sommes mauvais, nous avons été éliminés coup sur coup de la coupe du monde et de la coupe d’Afrique. Qui est responsable de cet état de choses ? Un climat délétère. Le sport a perdu sa neutralité. Les idéaux qui l’ont fait naître se sont évanouis dans le marigot des arrivistes. Au nom de quoi est-il devenu un instrument de légitimation d’un ordre dominant discutable. Alors même qu’il s’est transformé en un agent de démobilisation des consciences. Comble de mélange des genres, le football s’est transformé curieusement en un lieu où le religieux s’est donné libre cours. Si notre mufti avait eu l’idée fulgurante d’ordonner une prière de qualification dans toutes nos mosquées, nous aurions gagné sans peine et sans tension. …. L’opium du peuple a fait sa mue. On semble oublier que les adversaires ont leur dieu eux aussi, et qui est parfois le même. Ce n’est plus le choc des Titans qu’on invoque, mais celui des Dieux par pousseurs de ballons interposés. Aide toi Dieu t’aidera est devenu Dieu aide moi parce que je doute de pouvoir m’aider. Alors quels sont les enjeux de nos jambes et ceux de nos têtes ? Les rapports de l’enfant tunisien avec la tête et les jambes pose aujourd’hui problème. Les modèles qu’on lui présente ne subliment point. Si nos jambes ne nous conduisent pas aux finales internationales et nos têtes ne nous placent pas en haut des palmarès internationaux, alors à quoi bon grenouiller pour nous faire aussi gros que le bœuf ? La culture selon laquelle : tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, a la vie dure …. Ses ravages commencent à se faire sentir, douloureusement.  Lorsque les jambes vacillent et la tête chancelle, il ne reste plus qu’un tube digestif en nous, enjeu majeur de notre glorieuse destinée. Nous avions brigué la coupe du monde et à tout le moins la coupe d’Afrique et nous avons été éliminés. Nous avions prêché l’excellence cérébrale et nous avons été relégués comme les cancres du continent africain. Le moment n’est-il pas venu de tirer un grand trait et de solder honnêtement nos comptes, en attendant de réamorcer la pompe pour mieux assurer les valeurs fondatrices de la nouvelle étape, avec d’autres hommes bien entendu, compétents de préférence, s’il en reste encore bien sûr, et honnêtes de surcroît, il doit s’en trouver. (Source: Le journal « Mouatinoun » – Organe du FDTL- NR 129 fevrier 2010)  

En marge de Tunisie 2040:

Le projet moderniste tunisien en perspective  


Baccar Gherib Le Centre Mohamed Ali de Recherches, d’Etudes et de Formation (CEMAREF) et son animateur Habib Guiza ont eu l’excellente initiative de réunir un groupe d’universitaires et d’intellectuels en vue de penser le renouvellement du projet moderniste tunisien. Il s’agit, en l’occurrence, de se pencher sur le bilan de la mise en œuvre de ce projet depuis l’indépendance et, dans un deuxième temps, de réfléchir aux modalités de sa relance pour qu’il prospère et s’affirme à l’orée de 2040! La réflexion qui nous a été présentée les 22 et 23 janvier derniers à Tunis avait donc deux moments: la rétrospective et la prospective. L’initiative est excellente, avions-nous dit, car tout en montrant que ce projet moderniste a aujourd’hui des héritiers et des défenseurs, elle répond à un besoin profond des élites tunisiennes attachées aux valeurs de la modernité qui voient dans certaines récentes évolutions de la société et – fait nouveau – du pouvoir politique de réels motifs d’inquiétude… Elle part donc du constat, partagé par tous les intervenants, de l’essoufflement de ce projet ou des lourdes menaces qui le guettent pour mieux penser les voies de son renforcement. Il était dès lors de bonne méthode de commencer par définir le concept de modernité et d’identifier les principales étapes du processus historique qui a été couronné, en Tunisie, par les réformes modernistes de l’indépendance. C’est ce dont s’acquitta fort bien Professeur A. Zghal. Une généalogie de la modernité tunisienne Celui-ci commença, d’abord, par rappeler que la modernité est une création de l’Occident, qui émergea grâce à la substitution des théories du droit divin par des théories du droit naturel prônant l’autonomie de l’individu et fondant les relations sociales sur le contrat. Elle se concrétisa ainsi autour de quatre principes qui ont parfois des relations conflictuelles: l’Etat Nation, la citoyenneté, le peuple (égalité sociale) et l’identité (culture nationale). Il passa, ensuite, à la présentation des moments clés du processus historique menant à la modernité tunisienne. Des dates, des hommes et des groupes sociaux ont été ainsi identifiés en vue d’illustrer ce long cheminement: 1) Ahmed Bey et la réforme de l’Etat; 2) le congrès du Destour en 1919 qui, en regroupant notables musulmans et juifs, esquissa le principe de citoyenneté; 3) l’alliance au milieu des années 20 entre l’intellectuel organique Haddad et le syndicaliste révolutionnaire Hammi; 4) le congrès du néo-destour à Ksar Hellal qui donna à une élite francophone une base sociale et 5) le congrès de Sfax en 1955 qui, scellant l’alliance du politique et du syndical, fit pencher la balance en faveur du camp moderniste. Cet exercice de généalogie appliqué à notre modernité a un intérêt certain car non seulement il donne à voir l’accumulation sur un siècle environ d’apports divers à la construction de l’édifice de la modernité, mais il donne aussi tout son poids à la volonté et à l’engagement d’hommes et de femmes qui ont cru en ces valeurs dans des contextes sociaux et mentaux qui ne leur étaient nullement favorables[1]. Cependant, ces différents moments clés du processus moderniste ne sont justement que des jalons. Selon A. Zghal, le couronnement du processus ou le basculement vers l’hégémonie du projet moderniste a eu lieu quand les élites tunisiennes qui ont conquis l’indépendance optèrent clairement pour le principe de l’Etat territorial, c’est-à-dire quand elles prirent leurs distances avec les utopies arabistes et islamistes qui sont, par définition, porteuses de principes trans-territoriaux, voire impériaux. L’identité culturelle de la nation ayant fraîchement acquis son indépendance a été donc définie, souligne A. Zghal, de façon à ce que la Tunisie soit appréhendée comme appartenant au Monde arabo-musulman et ouverte sur le reste du monde et non pas comme société arabe ou islamique tout court. Et c’est logiquement que ces élites popularisèrent alors la notion de tunisianité ancrée dans l’histoire plurimillénaire du pays et dans ses milieux géographiques et culturels : maghrébin, méditerranéen, arabe, islamique et africain. La problématique modernité/identité Cette question n’est pas anodine, on s’en doute. Car, c’est autour d’elle que se sont cristallisées, dans le passé, et se cristallisent, aujourd’hui encore, toutes les résistances au projet moderniste tunisien. Celui-ci a certes réussi à devenir hégémonique, grâce à la foi des élites de l’indépendance, à un contexte historique éminemment favorable et à l’efficacité de sa pédagogie qui n’était pas le moindre des talents d’un Bourguiba. Mais les adversaires de la modernité qui estiment, à tort ou à raison, en avoir fait les frais, sont toujours là et ne désespèrent pas, à la faveur de cet essoufflement, de pouvoir infléchir le sens du projet, voire de le remettre en cause. Or, cet essoufflement a essentiellement trois causes qui sont forcément en partie liées. Il y a, d’abord, le fait que le pouvoir actuel, pourtant héritier des élites destouriennes de l’indépendance, ne porte plus avec la même conviction le discours moderniste et, comme l’a noté le sociologue R. Boukraâ, il lui préfère plutôt le discours économique. Mais «cette attitude favorise le développement du mouvement intégriste qui profite du vide idéologique ambiant»[2]. Ensuite, il est clair que le projet moderniste subit les contrecoups du repli identitaire des Tunisiens qui sont de plus en plus nombreux à considérer les progrès de la modernité comme les signes d’une occidentalisation – honnie, cela va sans dire – de leur société et, par conséquent d’une perte d’identité (arabe et, surtout, islamique)! Mais il ne faut pas se leurrer: ce à quoi nous assistons aujourd’hui est moins un retour de la religion (on y aurait gagné en spiritualité, en vertu et en moralité) que la manifestation d’une profonde crise identitaire (c’est pourquoi on tient à ce que ce retour du « religieux » soit visible, affiché voire exhibé). Ce point est important et mérite que l’on s’y arrête. Il faut d’abord affirmer clairement que la modernisation n’est pas une occidentalisation. La modernité est, certes, née en Occident mais, comme la révolution néolithique il y a dix mille ans, elle a une portée universelle. Et qui mieux que Hichem Djaït, spécialiste de la question de la personnalité arabe et islamique, peut nous éclairer sur le danger potentiel que la modernité ferait peser sur notre identité? Ecoutons ce qu’il nous dit à ce propos: «Toute la problématique de l’identité, de la modernité, du patrimoine, du nationalisme et de l’islam politique n’est d’aucune valeur du point de vue intellectuel». Et, plus loin, «Quant à l’identité, elle ne pose aucun problème, car elle est bien ancrée, quoiqu’elle puisse évoluer dans sa composition, mais le fait de l’envisager comme une notion problématique, ou l’accent exagéré mis sur elle sont l’indice de sa faiblesse dans la sphère de l’imaginaire»[3]. Cette mise au point est importante pour prévenir les hésitations des modernistes et leurs doutes devant le mouvement identitaire qui leur fait face. Car ces doutes (ou mieux cette mauvaise conscience) étaient tangibles lors de la présentation des travaux de l’équipe de Tunisie 2040 et du débat qui a suivi et ils se sont exprimés surtout à travers un appel réitéré à «rompre avec l’imaginaire social français». Entendez par là avec le modèle d’une sécularisation abrupte et d’une approche conflictuelle avec la religion! Or, cet appel est tout à fait étonnant. Tout simplement, parce que la méthode de la réforme moderniste telle qu’elle a été fondée par Haddad, en 1929, reprise et appliquée par Bourguiba en 1956 et poursuivie et approfondie par Charfi dans Islam et liberté en 1999 est celle d’une lecture historiciste du texte coranique. Elle part clairement d’une réinterprétation du texte sacré et certainement pas d’une coupure avec lui!! On l’a dit avant[4], on le répète: la méthode mise au point par Haddad – homme de religion, faut-il le rappeler – est la bonne. On n’en a pas trouvé d’autre! Cependant – et nous abordons là la troisième cause de l’essoufflement du projet moderniste tunisien –, s’il est souhaité que les modernistes d’aujourd’hui affichent haut leurs convictions et défendent les acquis décrochés par les élites de l’indépendance, ils doivent tout aussi bien pointer du doigt le péché originel de celles-ci: la poursuite de la démarche autoritaire bien au delà de ce que l’on pouvait justifier… Et ici, on doit poser la question fondamentale du lien (absent jusque-là) entre modernité et démocratie. Modernité et démocratie En effet, les intervenants au débat ont souligné que, pour Bourguiba, la démarche était claire: «l’Etat, d’abord! Les libertés, on verra par la suite»… Et cette démarche pouvait, à la limite, se justifier pendant un certain temps. Toutefois, il est assez rapidement apparu que les initiateurs du projet moderniste étaient, dans le même temps, les tenants d’un gouvernement autoritaire. La nature anti-démocratique du pouvoir destourien se révéla clairement dans les années 70: abrogation du congrès de Monastir en 71, présidence à vie en 75 et répression sanglante du mouvement syndical – pourtant allié stratégique dans la défense de l’option moderniste – en 78. Mais ce sont surtout les élections de 1981 qui mirent définitivement à nu l’incapacité du régime destourien à négocier le tournant démocratique que les Tunisiens appelaient de leurs vœux et pour lequel ils avaient montré assez de maturité! Depuis, nous vivons dans un double paradoxe: l’Etat qui se dit gardien des acquis de la modernité est incapable de mettre en œuvre une des composantes fondamentales de celle-ci: la démocratie. Une incapacité qui s’avère porteuse de dangers réels sur ces mêmes acquis! Et des adversaires de la modernité appellent à une consultation démocratique du peuple en vue de revenir sur ces acquis! Ce n’est donc pas par hasard que la gauche démocratique renvoie dos à dos ces deux adversaires en choisissant une troisième voie exprimée par le slogan «Pas de modernité sans démocratie! Et pas de démocratie sans modernité!». Au moment où les héritiers du néo-destour avalent des couleuvres de plus en plus grosses et où des signaux sont lancés pour brouiller le message moderniste et installer une certaine ambiguïté dans le discours du pouvoir en vue de laisser la voie ouverte à divers scénarios futurs possibles, il est clair que c’est la gauche démocratique qui porte aujourd’hui avec le plus de cohérence le projet moderniste tunisien. Ce rappel n’est pas fortuit. Car, pour défendre ce projet, il est très bien que des intellectuels montent au créneau, mais il est aussi fortement recommandé que des forces politiques et sociales le prennent en charge avec honnêteté et conviction. [1] Ainsi que l’a très bien montré le film Thalâthoun de Fadhel Jaziri. [2] R. Boukraâ, Acteurs sociaux et changements sociaux en Tunisie, in Amri L. (dir), Les changements sociaux en Tunisie (1950-2000), L’Harmattan, 2007, 186. [3] H. Djaït, La crise de la culture islamique, Cérès, 2005, 39 et 40. [4] Baccar Gherib, T. Haddad ou la méthode de la réforme en islam, Attariq Aljadid, 15 mars 2009. (Source: le blog  « Amis d’Attariq », le 10 février 2010) Lien :http://amisattariq.blogspot.com/2010/02/en-marge-de-tunisie-2040-le-projet.html  

Avatar en Cisjordanie!

 


Taïeb Moalla – 14 février 2010 Depuis cinq ans, le village de Bil’in, en Cisjordanie, symbolise la lutte des Palestiniens contre le mur de séparation. Souvent appuyés par des militants du monde entier (y compris des Israéliens), les habitants du village manifestent chaque vendredi. Un résumé de leurs actions et de leurs motivations peut être lu ici : http://www.bilin-village.org/francais/activites-et-soutien/fevrier-2010-grande-manifestation-a-Bil-in-pour-celebrer-cinq-annees-de-resistance-La-lutte-ne-prendra-fin-que-lorsque-le-mur-tombera et là http://qc.news.yahoo.com/s/capress/100211/monde/israel_palestiniens_barr À l’occasion de la marche du vendredi 12 février, le village a choisi une façon plutôt originale pour faire passer son message. « Cinq militants palestiniens, israéliens et internationaux se sont déguisés comme les personnages du film (Avatar), peinturés en bleu et avec des oreilles pointues et des queues. A l’instar des Palestiniens et bien que les colonisateurs soient différent, les Na’vi de Pandora combattent l’impérialisme. Les Na’vi symbolisent aujourd’hui à Bil’in, la résistance unie face à toutes formes d’impérialisme », écrit le site France-Palestine. http://www.france-palestine.org/article13954.html En moins de 48 heures, la vidéo postée sur YouTube (http://www.youtube.com/watch?v=Chw32qG-M7E) a été vue par 25 000 personnes environ. Sur le site de partage de vidéos, la section des commentaires est, comment dire, très animée. PS : Lien vu sur Twitter grâce au journaliste français Vincent Glad. Merci.  
(Source: « Le blogue Couscous et poutine » de Taïeb Moalla le 14 fevrier 2010) Lien:http://blogues.canoe.ca/taiebmoalla/non-classe/avatar-en-cisjordanie/

Affaire Hannibal: 188 responsables libyens interdits d’entrée en Suisse

 


AFP / 14 février 2010 13h43 TRIPOLI – La Suisse interdit à 188 responsables libyens, dont le numéro un libyen Mouammar Kadhafi et sa famille, d’entrer en Suisse, avec en toile de fond la crise diplomatique entre Tripoli et Berne, a rapporté dimanche le journal Oea. « Les autorités de l’entité suisse ont émis une décision interdisant à 188 personnalités libyennes d’entrer sur les territoires de cette entité », a indiqué le journal, très proche de Seif Al-Islam, un des fils du colonel Kadhafi, sur son site internet. Selon Oea, qui cite un « responsable libyen de haut niveau », la liste suisse comprend le colonel Kadhafi et sa famille, des responsables du Congrès général du peuple (Parlement), du gouvernement, ainsi que des « responsables économiques et des dirigeants militaires et des services de sécurité ». « Cette décision porterait préjudice aux intérêts de la Suisse en premier lieu », a estimé le responsable libyen. « Si elle n’est pas annulée, (Tripoli) y répondra par des mesures de dissuasion fondées sur le principe de réciprocité », a-t-il encore indiqué. Oea ne précise pas la date d’entrée en vigueur de la décision suisse. Mais la Libye proteste depuis le mois de novembre contre une politique européenne limitant l’octroi de visas Schengen aux Libyens, dénonçant une « solidarité systématique et programmée » avec Berne. Elle a menacé plus récemment de durcir sa politique de visas à l’encontre des Européens. « L’escalade suisse intervient malgré la visite du président suisse l’an dernier ainsi que ses excuses pour les abus subis par le diplomate libyen Hannibal Kadhafi et sa famille dans le canton de Genève », a ajouté le journal. La crise entre Berne et Tripoli avait éclaté après l’interpellation musclée en juillet 2008 à Genève d’un fils de M. Kadhafi, Hannibal, et de son épouse, sur une plainte de deux domestiques accusant leur employeur de mauvais traitements. « L’affaire Hannibal » a envenimé les relations entre Tripoli et Berne qui ont pris des mesures de rétorsion: retrait d’avoirs bancaires des banques suisses et départ des sociétés helvétiques du côté libyen, politique restrictive de visas Schengen envers les ressortissants libyens côté suisse. Citant des observateurs, le journal estime que la décision suisse « sera le facteur principal dans l’échec des efforts régionaux et internationaux pour contenir le conflit et combler le fossé entre les deux pays ». Tripoli retient toujours deux ressortissants suisses qu’elle avait accusés de « séjour illégal » et d' »exercice d’activités économiques illégales ». L’un d’eux, Rachid Hamdani, a été blanchi la semaine dernière de toutes les accusations mais attend toujours qu’on lui rende son passeport confisqué par les autorités pour pouvoir quitter le pays. Le second Suisse, Max Göldi, a été quant à lui condamné jeudi en appel à quatre mois de prison ferme pour « séjour illégal » et a écopé d’une amende de 800 dollars dans la deuxième affaire. Il n’a pas été toutefois emprisonné et il est toujours réfugié à l’ambassade helvétique à Tripoli comme son compatriote Rachid Hamdani.  

Le chef de cabinet d’Abbas suspendu sur fond de scandale sexuel


Reuters, le 14 février 2010 à 15h46     RAMALLAH, Cisjordanie, 14 février (Reuters) – Le président palestinien Mahmoud Abbas a suspendu dimanche de ses fonctions son chef de cabinet Rafik al Husseini, soupçonné d’être impliqué dans un scandale sexuel, rapporte l’agence de presse palestinienne Wafa. Le chef de l’Autorité palestinienne a ordonné l’ouverture d’une enquête sur cette affaire, dont les conclusions devront lui être rendues d’ici trois semaines. Il y a quelques jours, la chaîne de télévision israélienne Channel 10 a diffusé un reportage dans lequel un ancien officier des services de renseignement palestiniens, Fahmy Chabaneh, affirme que Husseini avait offert un emploi à une femme en échange de faveurs sexuelles. Dans ce reportage, des images filmées il y a environ deux ans avec une caméra cachée montrent Husseini se coucher nu dans un lit, tout en parlant à une femme qui se trouve dans une pièce voisine. On voit ensuite un groupe d’agents des services de renseignement entrer dans la chambre. Chabaneh a expliqué à Channel 10 qu’il avait voulu faire éclater le scandale mais que l’affaire avait été enterrée. Husseini n’a pu être joint pour donner sa version de l’affaire. Dans le film, la femme demande à Husseini ce qu’il pense de Mahmoud Abbas. « Il n’aime pas les gens et les gens ne l’aiment pas », répond-il. Chabaneh affirme également détenir des preuves de la corruption de plusieurs dirigeants importants de l’Autorité palestinienne. Tayyeb Abdel-Rahim, l’un des conseillers d’Abbas, a décrit Chabaneh comme un ancien officier des services de renseignement chassé il y a plus de deux ans pour avoir eu des liens avec Israël et avoir commis des fautes « contre l’intégrité et l’honneur ».  

Une loi sur le voile intégral serait « une erreur politique », selon Yazid Sabeg

 


Associated Press, le 14 février 2010 à 09h23 PARIS (AP) — Une loi interdisant le voile intégral serait « une erreur politique », estime Yazid Sabeg, commissaire à la Diversité et à l’égalité des chances, dans un entretien publié dimanche dans « Le Parisien/Aujourd’hui en France ».  « Mobiliser le Parlement en faveur d’une loi, du reste difficile à appliquer, sera vécu comme une initiative stigmatisante et de circonstance parce que le télescopage entre burqa et islam est mécanique », déclare M. Sabeg. « Ce serait une erreur politique ».  Le commissaire à la Diversité se déclare toutefois opposé au port du voile intégral.  « La posture signifiée par ce vêtement est régressive et transgressive. Elle mystifie l’opinion sur l’islam et stigmatise la population musulmane dans son ensemble », explique-t-il. « C’est une provocation et c’est aussi un piège tendu à l’opinion ».  Yazid Sabeg indique également que le président Nicolas Sarkozy va se rendre en banlieue, sans préciser la date de cette visite. « Je lui ai dit qu’il fallait qu’il se déplace plus souvent en banlieue. Il est d’accord pour s’y rendre ». Associated Press  

La colonisation jamais digérée

 


France/algérie ● Alger songe à juger des responsables de crimes coloniaux. Emoi à Paris où cette nouvelle tension s’ajoute à la liste des irritations mutuelles. Bernard Delattre, Paris Nouvelle crispation entre la France et l’Algérie, dont les relations ont toujours connu des hauts et des bas. Et, une fois encore, c’est d’Histoire et précisément de la colonisation française (1830-1962) dont il s’agit. Comme cela avait été le cas en 2005, quand Alger avait dénoncé le vote par le Parlement français d’une loi rendant hommage au «rôle positif de la présence (coloniale) française outre-mer, notamment en Afrique du Nord» – loi finalement abrogée par le président Chirac. Cinq ans après, c’est à nouveau une initiative législative qui sème le trouble, mais elle émane cette fois du Parlement algérien. Signée par 125 députés, dont certains issus des partis au pouvoir, une proposition de loi «criminalisant le colonialisme français» veut «créer des tribunaux spéciaux pour juger les responsables de crimes coloniaux, ou les poursuivre devant les tribunaux internationaux». Fortes réactions en France Mardi, cette initiative des députés algériens a fait sensation auprès de leurs homologues français, au moment où ceux-ci ratifiaient une convention relançant la coopération technique, culturelle et éducative entre les deux pays. «Insultant!», «inacceptable!», ont tonné plusieurs élus de la majorité, furieux notamment que «des tribunaux d’exception» puissent juger des Français. «Je regrette cette proposition», a réagi le ministre de l’Immigration, Eric Besson. C’est «une initiative particulièrement inquiétante et incompréhensible», s’est insurgé son collègue responsable des Anciens combattants. Qui a parlé de «charge antifrançaise outrancière, profondément blessante, insultante pour nos compatriotes rapatriés et pour notre mémoire nationale». Après le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner mardi, hier, le porte-parole du gouvernement a tenté de calmer le jeu, en notant que l’exécutif algérien ne s’était pas encore prononcé sur ce texte «qui a suscité de l’émotion dans notre pays». Il n’empêche, à Paris hier, l’on glosait sur les raisons du report de la visite de Bernard Kouchner à Alger, qui était prévue en février. Il faut dire que, récemment déjà, ses collègues de l’Intérieur et de l’Immigration avaient reporté de pareils déplacements. Et qu’à la demande de l’Algérie, la création de la Commission parlementaire algéro-française vient d’être gelée. Les raisons de la colère En visite en Algérie à la fin 2007, le président Sarkozy, s’il y avait dénoncé le système colonial «injuste par nature», avait quelque peu crispé ses hôtes en se refusant à toute repentance sur le sujet. Mais la résurgence présente du contentieux colonial entre les deux pays a peut-être, en coulisses, des explications moins liées au passé qu’à l’actualité. Alger n’a pas apprécié que la France inscrive l’Algérie sur la liste des pays à risque pour les transports aériens, en raison du terrorisme (voir notre édition du 5 février). Et le régime Bouteflika a pu être gêné par la levée en France du secret-défense sur l’assassinat, en 1996, des moines français de Tibéhirine. Levée qui a relancé l’enquête judiciaire sur ce drame à l’époque attribué aux islamistes du GIA, mais dont on s’est toujours demandé s’il n’avait pas été une macabre mise en scène des services militaires algériens – dont nombre de responsables de l’époque sont, aujourd’hui encore, proches du pouvoir à Alger.  
(Source : « La Liberté » (Quotidien – Suisse), le 11 février 2010)

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