13 février 2010

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TUNISNEWS
9 ème année, N° 3553 du 13.02.2010
 archives : www.tunisnews.net 

Liberté  et Equité: Des agents de la prison de Mornaguia cassent le nez du prisonnier d’opinion Mohammed Lafi Kalima: Procès de quatre participants aux protestations populaires de Skhira AFP: Ben Brik: Tunis accuse des « entités étrangères » de « semer la confusion » La militante Ghzala M’hammedi réclame son droit au travail Hend Harouni: La Bonne Nouvelle  de  Libération du Frère Zouheir Makhlouf Le Monde: Mohamed Guelbi Saadeddine Zmerli: LTDH : Vers une sortie de crise souhaitée et longtemps attendue Olfa Amiri et Jalel El Gharbi: Portrait de la jeunesse tunisienne AP: Essais nucléaires en Algérie: La France doit reconnaître ses crimes, selon l’association de défense des victimes

AFP: Obama nomme un émissaire à l’Organisation de la conférence islamique


Liberté  pour le Docteur Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté  pour tous les prisonniers politiques Liberté  et Equité Organisation de droits humains indépendante 33 rue Mokhtar Atya,1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Adresse électronique : liberte.equite@gmail.com Tunis, le 12 février 2010

Des agents de la prison de Mornaguia cassent le nez du prisonnier d’opinion Mohammed Lafi

 


 

Sa famille privée de parloir par l’administration de la prison Des agents de la prison de Mornaguia ont violemment agressé Mohammed Lafi, prisonnier d’opinion, lui occasionnant une fracture du nez, puis ils l’ont mis au cachot en guise de sanction. Sa famille a été privée de parloir vendredi 12 février 2010 au prétexte qu’il était puni. […] Pour le Bureau exécutif de l’Organisation Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)  

 


 

Procès de quatre participants aux protestations populaires de Skhira

 


 

La rédaction, le 11 février 2010 Des milieux des droits humains à Sfax ont affirmé  que quatre manifestants de Skhira le 1er février 2010 seraient déférés en état d’arrestation devant le Tribunal de Première Instance de Sfax le 22 février. Il s’agit de Ruchdy Hamidat, Mohammed Marzouki, Khaled Manaï et Abdelkader M’barek. […] de nombreux avocats du pays ont fait part de leur intention de plaider en leur défense. Source : Kalima (revue électronique quotidienne), le 12 février 2010 (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Ben Brik: Tunis accuse des « entités étrangères » de « semer la confusion »

AFP 13.02.10 | 17h42 Les autorités tunisiennes ont accusé samedi « certains organes de presse et entités étrangères » de « semer la confusion » dans l’affaire du journaliste tunisien Taoufik Ben Brik, dénonçant des « manoeuvres d’instrumentalisation et de manipulation ». « En dépit des faits avérés d’agression violente contre une femme dont s’est rendu coupable M. Taoufik Zoghlami Ben Brik et malgré les précisions de sources judiciaires portées plus d’une fois à la connaissance du public, certains organes de presse et entités étrangères semblent se complaire à semer la confusion au sujet de cette affaire de droit commun », affirme le ministère de la Communication dans un communiqué transmis à l’AFP. Taoufik Ben Brik, 49 ans, a été condamné le 30 janvier en appel à Tunis à six mois de prison pour violences contre une femme, à l’issue d’un procès décrit par plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme comme politique. L’affaire a suscité des tensions diplomatiques entre Tunis et Paris où des organisations de défense de la liberté de la presse et des droits de l’Homme ont réclamé sa libération. Selon le journaliste, correspondant de médias français, cette affaire vise à le punir de ses écrits hostiles au régime du président Zine El Abidine Ben Ali. L’avocat français de Ben Brik, Me William Bourdon, a été reçu le 5 février à la présidence française par un conseiller de Nicolas Sarkozy qui l’a assuré que le dossier était suivi de près, a-t-on appris vendredi de sources concordantes. L’épouse de Taoufik Ben Brik, Azza Zarrad, a de son côté été reçue récemment au ministère français des Affaires étrangères et au Parlement européen à Strasbourg. Tunis a estimé samedi qu' »instrumentaliser une affaire de droit commun pour solliciter des ingérences étrangères dans un pays souverain est indigne de tout défenseur des libertés ».


La militante Ghzala M’hammedi réclame son droit au travail


Une année et quatre mois se sont écoulés depuis mon licenciement abusif de l’association du développement au Ksar (gouvernorat de Gafsa). J’avais alors été victime d’un montage policier, sans fondement. J’avais depuis saisi le bureau régional de la centrale syndicale UGTT, multiplié  les recours auprès de la Ligue tunisienne des droits de l’homme…Sans résultat. Toutes leurs interventions avaient essuyé une fin de non recevoir. Les autorités locales tout aussi que la direction de la garde nationale étaient restées sourdes aux appels désespérés de mon père. Aujourd’hui je constate le caractère politique de mon  renvoi, où l’intention de me faire payer le prix fort de mon engagement pour le droit et la justice est absolument avérée. Le travail est un droit fondamental assurant la dignité de la personne . Il est malheureusement devenu un privilège dont bénéficient ceux qui trahissent leur peuple ou bradent leur conscience. Toutefois, et parce que j’y ai pleinement droit de par la constitution et les lois en vigueur et en raison de ma situation précaire ( je suis l’unique soutien de ma famille), je suis résolue à engager toutes sortes d’action afin de mettre fin à une injustice qui n’a que trop duré. Cette situation est inhumaine et inadmissible, je ne tolèrerai plus qu’elle dure encore. J’espère que mon appel trouve écho chez les citoyens libres de la région afin de m’aider à retrouver mon travail. Ghzala M’hammedi


La Bonne Nouvelle  de  Libération du Frère Zouheir Makhlouf


Hend Harouni – Tunisie (Publié en arabe le 12.02.2010) Au nom d’Allah Le Clément & Le Miséricordieux et la Prière et la Paix Soient sur notre Prophète Loyal et Sincère Mohamed Tunis le 13 Février 2010-28 Safar 1431 Alhamdoulileh – aujourd’hui Vendredi 12 Février 2010, correspondant au 27 Safar 1431 notre  frère Zouheir Makhlouf a été libéré. A cette heureuse occasion, j’ai le plaisir de lui adresser mes sincères félicitations ainsi qu’à son épouse Majda, sa fille Nawress et son fils Yahia. De même que je prie Allah de réunifier cette famille pour toujours et  qu’inchallah nous apprendrons très prochainement la libération du Dr Sadok Chourou et du reste des détenus. Amen !

 

Mohamed Guelbi

Entre le tout ou rien – renoncer au journalisme ou collaborer -,Mohamed Guelbi avait trouvé une troisième voie : frôler et, si possible, repousser chaque jour un peu plus loin les lignes rouges qui entravent la presse étroitement surveillée de Tunisie. « Mon plaisir, c’est de grignoter des espaces de liberté », disait-il, les yeux et le sourire éternellement malicieux.

 
 

Ce journaliste tunisien atypique, unanimement reconnu pour son talent et son humour, est mort, dimanche 31 janvier à Tunis, à l’âge de 69 ans, d’un cancer du poumon qui le rongeait depuis dix ans. Pour beaucoup de ses compatriotes, il était l’honneur du journalisme en Tunisie.

Mohamed Guelbi était réputé pour ses billets quotidiens, en prose rimée, dans les colonnes du journal arabophone Assabah. C’estRobert Escarpit, célèbre billettiste du Monde pendant trente ans, qui lui en avait donné le goût. « De lui, j’ai appris à travailler la chute, le dernier mot. Je veille à ce qu’il y ait un effet de surprise, expliquait-il. J’écris d’ailleurs à l’envers. Je choisis le sujet. Il faut qu’il se prête à l’humour. Ensuite, je commence par la chute, et puis j’écris le billet ! »

Mieux vaut « envoyer de petits messages qui laissent des traces qu’un seul qui ne passera pas », affirmait-il. Mohamed Guelbi pointait, chaque jour, les problèmes de la société tunisienne. La justice sociale et la lutte contre « certaines traditions bêtes » étaient souvent au coeur de ses billets, rédigés au second degré pour contourner la loi ou la censure.

L’observation de la lune pour déterminer le début ou la fin du ramadan, par exemple, lui paraissait dérisoire et anachronique. De même, il s’agaçait que ce mois de jeûne serve de prétexte à beaucoup de ses compatriotes pour ne pas travailler. « Il y a trois tabous dans le monde arabo-musulman : la politique, le sexe et la religion, regrettait-il en souriant. C’est difficile de s’en passer quand on veut écrire sur le mode humoristique ! » Mohamed Guelbi s’était adressé un jour aux Tunisiennes pour souhaiter à chacune d’entre elles de trouver « un homme, un vrai », autrement dit aussi courageux qu’elles. Opposant à Bourguiba Philosophe de formation – il avait étudié cette discipline en France -, Mohamed Guelbi avait commencé sa carrière à l’agence TAP (Tunis-Afrique-Presse), en 1974. Il était entré ensuite à Echaâb, organe de la Centrale syndicale UGTT, opposée au président de l’époque,Habib Bourguiba. Arrêté et torturé pendant le soulèvement populaire de janvier 1978, il était resté très marqué par cette épreuve. D’où, peut-être, chez lui une forme de solitude et de pessimisme. Il s’inquiétait surtout de l’avenir de la Tunisie, « société de consommation à outrance » où le niveau de l’enseignement est « en baisse constante », se désolait-il. Il souffrait également du désintérêt «  pour une presse de qualité » dans son pays. « On a fait en sorte qu’aujourd’hui les jeunes Tunisiens ne s’intéressent à rien sinon aux sports, à l’horoscope et aux faits divers », remarquait-il, navré. 1er novembre 1940 Naissance à Korba (nord-est de la Tunisie) 1974 Devient journaliste Janvier 1978 Emprisonné et torturé à Tunis 31 janvier 2010 Mort à Tunis  

Florence Beaugé
(Source: « Le Monde » (Quotidien – France) le 14 francais)

LTDH : Vers une sortie de crise souhaitée et longtemps attendue

Saadeddine Zmerli

Fondateur et Président de la LTDH, soucieux de sa pérennité, je ne peux que soutenir toute initiative pour en finir avec une crise qui n’a que trop duré. La récente initiative, suscitée au plus haut niveau de l’Etat, ne doit pas faire long feu.

Je rappelle qu’au cinquième et dernier congrès de la LTDH, tenu en 2000, l’élection démocratique de son comité directeur avait laissé espérer le retour de la Ligue à une activité normale. C’était compter sans la réaction partisane de quelques congressistes proches du pouvoir. Ne s’étant pas manifestés durant le Congrès et n’ayant pas cru bon d’utiliser les procédures normales d’intervention, ces plaignants ont attendu la clôture du congrès et le mécontentement suscité du côté officiel par ces résultats, pour s’adresser aux instances judiciaires. Celles-ci, assimilant la LTDH à une société commerciale, l’ont placée sous séquestre puis ont décidé la dissolution du nouveau comité et la tenue d’un autre congrès sous l’égide du comité directeur sortant (celui de 1994). La direction de la Ligue, appuyée par 14 de ses anciens dirigeants, dont les 4 présidents successifs, n’a pas apprécié ce jugement, qui constitue un grave précédent dans les annales judiciaires.

Les autorités judiciaires modifient dès lors leur position et fixent au nouveau comité l’unique tâche de préparer la tenue d’un Congrès dans un délai d’un an.

En réalité, les procès- près d’une trentaine- continuent d’être intentés à la Ligue qui, de surcroît et paradoxalement, se voit empêchée de poursuivre ses activités, notamment celles d’accéder à ses locaux et de tenir son sixième Congrès.

La fusion de certaines sections et le financement externe seraient à l’origine de la crise que traverse la LTDH.

– Or, la fusion de sections, contestée par certains, ni mentionnée ni interdite par le règlement intérieur de la Ligue, avait été décidée par le Comité Directeur et agréée par le Conseil National.

– Quant au financement externe, la Ligue y a eu recours parce qu’actuellement, il n’existe pas de subventions nationales pour les ONG, et les seules cotisations des militants sont insuffisantes pour couvrir les besoins de la Ligue.

Il ne s’agit pas d’une subvention d’un gouvernement ou d’un parti politique étranger, mais d’un financement attribué par l’Union Européenne (U.E.), dans un cadre juridique bien défini et dans la transparence la plus complète. Notre pays est lié à l’Europe par l’accord d’association entre l’Union européenne (U.E.) et le gouvernement tunisien, adopté par le parlement européen, d’une part, et par le parlement tunisien, d’autre part.

Ainsi, la tenue du 6ième Congrès, en septembre 2005, interdit par les autorités judiciaires, n’a pas eu lieu. Depuis, les tentatives de médiation, notamment celle de la commission dite de « bons offices » (mai- août 2006), qui garantissait aux plaignants, à la condition de retirer leur plainte, leur participation au Congrès et leur accès à la tribune pour défendre leur thèse, et celle de la Commission nationale de soutien à la LTDH, composée en particulier de 47 anciens membres du Comité Directeur de la Ligue, ont été récusées par les plaignants. Ceux-ci ont continué à contester la légitimité de l’actuel Comité Directeur.

Aujourd’hui, avec le recul et l’échec des tentatives pour régler les questions relatives à la fusion des sections et au financement de la Ligue, on est en droit de penser que le problème est ailleurs. C’est la prise en main pure et simple de la Ligue qui est envisagée. Néanmoins, sa réalisation s’avère difficile.

D’abord, parce que la Ligue, qui s’est imposée par sa crédibilité, occupe une place importante dans la vie sociale et politique en Tunisie et particulière dans l’imaginaire du Tunisien.

Ensuite, parce que l’existence d’associations indépendantes de défense des droits humains constitue un critère de démocratisation d’un pays dans les évaluations onusiennes du développement humain.

Enfin, parce que la Ligue connaît sur le plan international une réputation bien établie, affirmée depuis 1979, et pendant 27 ans, par la présence d’un vice- président de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme et couronnée par l’élection de Souhaïr Belhassen à la présidence de cette organisation, devenue l’une des plus grandes associations internationales de défense des droits humains.

Ces acquis de la Ligue, d’une Ligue active et soucieuse de la défense des Droits de l’Homme, participent au rayonnement de la Tunisie, dont le Président de la République et le Gouvernement sont grandement bénéficiaires.

Le gel de la Ligue, organisation dont l’indépendance est le socle de sa crédibilité, ne peut nous attirer que des reproches, même de nos amis les plus fidèles, alors que sa restauration contribuerait à la politique du changement et à l’évolution du processus démocratique de la Tunisie.

La solution qui s’impose aujourd’hui ne peut être prise que par une autorité supérieure. Elle passe par le rétablissement de la Ligue dans ses activités pour la préparation du 6ième Congrès et l’élection d’un Comité Directeur pluriel et représentatif.

(Source: le blog  « Amis d’Attariq », le 7 février 2010)

Lien : http://amisattariq.blogspot.com/2010/02/ltdh-vers-une-sortie-de-crise-souhaitee.html


Portrait de la jeunesse tunisienne

 
Olfa Amiri et Jalel El Gharbi
 
Malgré l’augmentation du pourcentage du troisième âge, la Tunisie demeure foncièrement un pays de jeunes. C’est pourquoi

dresser un portrait de cette jeunesse revient à prospecter l’évolution du pays. La Tunisie de demain ressemblera à ses jeunes d’aujourd’hui.

Selon la pyramide des âges établie par l’Institut National des Statistiques de Tunis, le pays compte 54,3 % de personnes âgées de moins de 30 ans (www.ins.nat.tn/indexfr.php). Malgré l’augmentation du pourcentage du troisième âge, la Tunisie demeure foncièrement un pays de jeunes. C’est pourquoi dresser un portrait de cette jeunesse revient à prospecter l’évolution du pays. La Tunisie de demain ressemblera à ses jeunes d’aujourd’hui.

La scolarisation entamée tous azimuts dès l’indépendance du pays en 1956 a des résultats quasiment visibles aujourd’hui. Le jeune Tunisien a au moins une dizaine d’années de scolarité derrière lui. Et le nombre des jeunes qui fréquentent l’université connaît un boom réel. Depuis l’adoption du LMD (Licence Mastère Doctorat) le nombre des étudiants inscrits en 3ème cycle connaît une croissance sans précédent. Une croissance qui s’explique aussi par le manque de débouchés. Le marché du travail est trop exigu pour les diplômés du supérieur. Et le pays n’a pas de politique étrangère capable d’ouvrir des débouchés au Maghreb ou dans les pays du Golfe. Des dizaines de milliers de diplômés attendent un travail ou en trouvent un dans des secteurs pour lesquels ils n’ont pas été formés. C’est ainsi que Mohamed Ali, 24 ans, diplômé en maintenance industrielle, travaille comme infographiste dans l’atelier de son cousin qui fabrique des affiches publicitaires.

Pourtant, contrairement à ce que l’on peut imaginer l’engouement pour l’émigration semble s’être émoussé, du moins parmi la jeunesse. Les candidats à l’émigration se recrutent surtout parmi les jeunes d’un niveau scolaire peu avancé. Quand ils rêvent d’émigration, les diplômés du supérieur choisissent des destinations autres que les destinations classiques: les USA et le Canada remplacent la France, l’Italie ou l’Allemagne. Ces dernières restent très prisées dans les milieux défavorisés où l’Europe continue à faire figure d’Eldorado.

A cela s’ajoute un fait nouveau qui demande à être interprété: les jeunes filles se mettent, elles aussi, à rêver d’émigration. La population aspirant à émigrer est de plus en plus mixte. Dans les milieux défavorisés, l’émigration est pour certains une raison d’être. Le cas de Sebti est exemplaire à cet égard. Il a 27 ans, il est sorti de l’école à l’âge de 10 ans. Il est charretier à Sbeïtla, une des régions les plus défavorisées du pays. Il transporte personnes et marchandises sur une charrette tirée par un âne. Sebti aide ses cinq sœurs et trois frères. L’émigration est son rêve. Il dit qu’il souffre et qu’il est prêt à voler pour réunir la somme de trois mille dinars (environ 1600 euros) exigée par un passeur qui le «ferait sortir en Italie». Sebti ne compte pas s’établir définitivement en Italie ; il compte juste économiser de quoi ouvrir un café à Sbeïtla. Le rêve de Sebti recoupe celui de toute sa génération. La fonction publique ne fait plus rêver les jeunes. Monter sa propre entreprise est l’idéal de toute cette génération élevée dans le libéralisme économique. Par contre, dès qu’il s’agit de structure sociale, cette génération est assez conservatrice : à l’exception de quelques jeunes rêvant d’union libre, tous envisagent de se marier et de fonder une famille. Au libéralisme économique s’ajoute un conservatisme social. Tout semble être à l’image du pays.

Ce conservatisme se voit clairement dans la relation des jeunes avec la famille. Si presque toutes les personnes interviewées reconnaissent avoir de temps en temps des différends avec les parents, toutes s’accordent à dire que les relations avec les parents sont excellentes sinon très bonnes. Plus d’une fois, nous nous sommes vu répondre au sujet des relations familiales «très bonnes, bien sûr», tant il est vrai que la famille n’est pas loin d’être un tabou en Tunisie. Il est bien loin, le temps où les conflits de générations déchiraient la famille tunisienne et opposaient deux visions du monde. Aujourd’hui, il semble qu’on ne se chamaille plus que pour des broutilles. Faut-il attribuer cela à la crise sociale qui, loin d’ébranler l’institution familiale, la consolide ou alors à l’influence de la religion qui pacifie ces contradictions? Difficile de trancher mais le constat est que le jeune Tunisien, souvent interpellé par la mode, par la modernité, est fortement attaché à la tradition qu’il considère comme un vecteur principal de l’identité culturelle. Les jeunes sont moins contestataires que ne l’étaient leurs parents dans les années 1970 et ils sont intraitables sur les questions identitaires. Ces questions constituent d’ailleurs la base de leur engagement politique. Lorsqu’on a interrogé les jeunes Tunisiens sur leur engagement politique, la réponse qui est revenue le plus c’est « la politique ne m’intéresse pas ». Il convient de ne pas en déduire une désaffection totale pour l’engagement politique. La seule personne qui ait répondu «oui» a tout de suite après repris un des slogans de la campagne électorale du RCD (parti au pouvoir depuis l’indépendance): «Tunisien(ne) et fier(e) de l’être». Il semble donc que la réponse «la politique ne m’intéresse pas» soit plutôt dictée par une prudence excessive. Lorsqu’ils s’intéressent à la politique, les jeunes répondent qu’ils regardent les informations (sans préciser sur quelle chaîne) concernant l’Irak et la Palestine, deux sujets brûlants considérés comme des questions touchant l’identité arabe ou musulmane. Toujours est-il qu’on peut relever chez les jeunes Tunisiens un désintéressement pour le collectif, pour les affaires publiques.

Cela explique peut-être pourquoi la mondialisation semble être une fiction à laquelle nombre de jeunes ne comprennent rien ou n’y adhèrent que dans la mesure où elle ne les concerne pas. C’est ce qu’explique Sahar, 20 ans, étudiante en 3ème année anglais: «Je suis pour la mondialisation mais pas dans notre pays, parce que les jeunes ne retiennent malheureusement que ses côtés négatifs». (Encore un paradoxe !). Mais tous semblent unanimes dès lors qu’il s’agit d’informatique ou des nouvelles technologies. L’adhésion est totale sans doute parce que ces moyens sont censés répondre à la priorité nationale : le développement.

Pour une jeunesse si peu téméraire, la drogue n’est pas véritablement une menace. Alcool, drogue, sans constituer un véritable fléau, sont perçus comme des maux sociaux, souvent associés à l’adolescence et pas forcément une affaire de gosses de nouveaux riches. L’explication avancée se rapporte au manque de repères sociaux. Les jeunes, souvent très au fait des moyens de prévention des MST, sont plutôt prudents en matière d’aventures sexuelles: bien qu’ils estiment que l’expérience avant le mariage est très profitable, ils considèrent le mariage comme le cadre idoine d’une vie sexuelle équilibrée. Reste à savoir comment réconcilier expérience sexuelle avant le mariage et culte de la virginité encore vivace en Tunisie où l’on recourt à l’hyménoplastie. Encore un paradoxe mais cela n’empêche pas ces jeunes d’afficher leur meilleur sourire quand on leur demande ce qu’est la jeunesse pour eux. Pour Fadhila, 21 ans, être jeune c’est «pouvoir mener en parallèle études, sorties avec les amis, s’amuser, aller au théâtre. C’est être forcément à Tunis». Et pour tous – tant pis si c’est un truisme – c’est le plus bel âge de la vie.

Si l’on se fie à ce portrait, on peut soutenir qu’il ne laisse pas présager de grands revirements sociopolitiques ou culturels. La Tunisie semble être un pays qui change sans pour autant changer d’identité ni même de profil.

(Source : « Babelmed » (Le site des cultures méditerranéennes – France), février 2010)

Lien: http://www.babelmed.net+portrait_de.php?c=4952&m=34&l=fr


Essais nucléaires en Algérie: La France doit reconnaître ses crimes, selon l’association de défense des victimes


AP 13.02.10 « Pour notre association, l’indemnisation telle que proposée par les autorités françaises ne nous intéresse pas, le plus important est que la France reconnaisse aujourd’hui » que ces essais nucléaires, effectués à Reggane en 1960 dans le cadre de l’opération Gerboise bleue, « constituent un crime contre l’humanité », a déclaré Abderrahmane Lagsassi à l’agence Associated Press. Le projet de loi portant indemnisation des victimes adopté le 5 janvier 2010 par le parlement français irrite au plus haut point le président de « l’Association du 13 février », qui parle de « hiérarchisation » et de discrimination des victimes. « Comment accepter ces indemnisations humiliantes, nos victimes viennent après les vétérans français et la population de Polynésie, alors que c’est notre population qui a souffert, qui a servi de cobaye à la France pour lui permettre d’acquérir l’arme nucléaire », dénonce-t-il. Et de rappeler encore que « 50 ans après les premiers essais, les populations locales de Reggane souffrent de maladies respiratoires, ophtalmiques, de cancer de la peau, de bébés qui continuent à naître avec des malformations congénitales, en plus du massacre de l’environnement ». Pour M. Lagsassi, « ces maladies sont autant de preuves pour le gouvernement français, qui exige des preuves à tout prétendants à l’indemnisation ». Exit donc l’indemnisation telle que proposée par le parlement français. Pour le président de l’association, l’objectif est de « désinfecter et de décontaminer toute la région, et la récupération de tout le matériel irradié ». Son association milite également « pour la construction d’un hôpital spécialisé dans le traitement de toutes les pathologies causées par les essais nucléaires ». L' »Association du 13 février », dont la création remonte à 1997, entend également porter son combat au niveau international. A cet effet, elle travaille « avec des spécialistes pour nous permettre de monter un dossier complet » à présenter « devant les instances internationales », ajoute M. Lagsassi en demandant des responsables algériens « un plus grand soutien politique ». AP


 

Obama nomme un émissaire à l’Organisation de la conférence islamique


AFP / 13 février 2010 18h06 DOHA – Le président américain Barack Obama a annoncé la nomination l’avocat Rashad Hussain comme émissaire à l’Organisation de la conférence islamique (OCI), dans un enregistrement vidéo retransmis samedi à Doha lors du Forum mondial Islam-Etats-Unis. M. Obama a également déclaré à cette occasion qu’il souhaitait renforcer les partenariats avec le monde musulman et en « développer d’autres ». « Je suis fier d’annoncer aujourd’hui que je nomme Rashad Hussain comme mon émissaire à l’OCI », a-t-il dit. « En tant qu’avocat accompli et comme collaborateur proche et estimé de mon équipe à la Maison Blanche, Rashad a joué un rôle clef dans le développement des partenariats que j’avais souhaité mettre en oeuvre au Caire », a ajouté le président américain. Le 4 juin, lors d’un discours prononcé dans la capitale égyptienne, M. Obama avait appelé à un « nouveau départ » dans la relation entre les Etats-Unis et le monde musulman, rompant avec la politique de son prédécesseur George W. Bush.  

 

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