12 octobre 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2334 du 12.10.2006

 archives : www.tunisnews.net


Luiza Toscane: Mauvais traitements, famille épuisée – Khaled Layouni exige son transfert L`Observatoire lyonnais pour la défense des libertés fondamentales en Tunisie:  Lettre à Monsieur Giuliano Amato AFP: Nouvel appel à la tolérance du ministre tunisien des Affaires religieuses AFP: Italie/terrorisme: Un Marocain et deux Tunisiens devront être rejugés L’Audace: Interview exclusive avec Moncef Ben Salem Skander: Nouveau voile en Tunisie Lotfi Ben Ayed : Ramadhan Moubarak, ou Endemol Barak sur TV7 (Suite) AFP: Le Turc Orhan Pamuk, Nobel de littérature entre Orient et Occident AFP: Le ministère turc de la Culture salue l’attribution du Nobel à Orhan Pamuk AP: Des parlementaires turcs débattent d’une loi visant à reconnaître le « génocide algérien » AFP: Projet de loi sur le génocide arménien : nouvel appel de la Turquie

 

Mauvais traitements, famille épuisée – Khaled Layouni exige son transfert

Originaire de Kelibia où il est né en 1977, Khaled Layouni a passé près de deux mois en prison aux Emirats Arabes Unis avant d’être expulsé avec son épouse et ses deux enfants vers la Tunisie. A son arrivée à l’aéroport de Tunis le 18 octobre 2005, il a été interpellé et emmené dans les locaux du ministère de l’Intérieur à Tunis. Pendant des semaines, son épouse, Sarra Lazghab, a eu toutes les peines du monde à obtenir des informations sur son sort et ne l’a revu qu’en prison, au 9 avril, où il est resté incarcéré jusqu’à son transfert en juillet dernier à la prison de Gafsa. Ses conditions d’incarcération se sont nettement détériorées depuis son transfert (1). Khaled Layouni est dans l’attente de son jugement. Il a été accusé en vertu de la loi antiterroriste.
Khaled Layouni est maintenant en isolement. Il ne peut prendre de douche. Il ne reçoit pas le linge de rechange. Le couffin contenant de la nourriture ne lui parvient qu’irrégulièrement et avec du retard. La demande de visite directe n’a pas reçu de réponse. Il a demandé à être transféré à la prison de Tunis et ne l’a pas obtenu. Il a alors décidé de mener une grève de la faim, c’était en septembre.
Sa famille se joint à sa demande et supplie les organisations humanitaires et de défense des droits de l’homme d’exiger son rapprochement d’avec sa famille, le droit à la visite directe et des conditions d’incarcération décentes et que soit mis un terme aux mauvais traitements :
Sa famille, qui vit à Kelibia, pâtit de l’éloignement de la prison. Chaque mardi, ce sont 500 kilomètres à effectuer pour l’aller, et 500 pour le retour. Les enfants de Khaled et Sarra Layouni sont âgés de trois ans et d’un an. La visite dure tout au plus un quart d’heure. Le parloir est équipé d’une vitre en verre et d’un téléphone. Les gardiens écoutent les conversations. Et quand Khaled Layouni a évoqué ses conditions d’incarcération devant son épouse, sa mère, son frère et ses deux enfants, les gardiens l’ont frappé si fort qu’il a hurlé. Il a hurlé si fort que malgré l’épaisseur du verre, ses enfants l’ont entendu… Luiza Toscane, 12 octobre 2006 (1) Se reporter au communiqué de l’AISPP du 5 octobre 2006.

 

Quatre ans d’emprisonnement pour les membres du Parti de la Libération

Suite à l’information que nous avons été les seuls à diffuser, relative au procès des présumés membres du « parti de la libération », nous avons su que le tribunal de première instance de Tunis avait condamné huit personnes à une peine d’emprisonnement de quatre ans et quatre mois pour appartenance. Cinq autres ont été relâchés pour manque de preuves établissant leurs liens avec l’organisation. Maître Abderraouf Ayadi, qui a plaidé en faveur des accusés, a dit qu’ils avaient été accusés d’appartenance à une association non reconnue et de tenue de réunions non autorisées. C’est le quatrième procès de membres de ce parti en Tunisie après les procès de 1982, 1990 et 1994. Parmi les prisonniers, certains ont déjà été condamnés dans les procès précédents. (Source : El Maoukef du 22 septembre 2006) (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 
  OBSERVATOIRE LYONNAIS POUR LA DÉFENSE DES LIBERTÉS FONDAMENTALES EN TUNISIE c/o LDH 5, place Bellecour – 69002 –  Lyon tél. 06 87 86 61 61  
 
Monsieur Giuliano Amato Ministre de l’Intérieur, Palazzo Viminale  –  Rome Fax : +390646549815

Objet : Affaire des Tunisiens menacés d’expulsion d’Italie

Monsieur le Ministre, Plusieurs Tunisiens, et autres ressortissants du Maghreb, ont fait en Italie  l’objet d’arrestations depuis la fin des années 1990,  et surtout après le 11 septembre 2001, pour cause de terrorisme, qualifié de proche d’El-Qaïda. Beaucoup d’entre eux ont été jugés et condamnés à quatre ans et demi de prison, d’autres sont restés en détention pendant des années en attente de leur jugement. En appel, la plupart des accusés ont été innocentés après avoir purgé la totalité de leurs peines. 

En août 2006, au moment où ces victimes de fausses accusations allaient être libérées, elles ont fait l’objet d’une décision ministérielle d’expulsion qui a vu un début d’exécution pour quelques uns d’entre eux (ex. Habib Loubiri, Lazhar Ben Khélifa, expulsés en Tunisie).
Les autres sont, soit en fin de procédure judiciaire devant se  terminer vers le 10 octobre et certainement suivies des mêmes décisions ministérielles d’expulsion, soit en détention dans les centres de Rome, Milan, Palerme, etc., en attente d’être expulsés.
Vu la législation antiterroriste au Maghreb, un certain nombre des personnes menacées d’expulsion sont soit déjà condamnées dans leurs pays d’origine par contumace à dix ans de prison et plus, soit certaines de l’être dès leur arrivée à l’aéroport. Les décisions d’expulsion ont été prises sous prétexte de menace à la sécurité du pays, alors que la justice les a innocentés de tout lien avec le terrorisme. L’Observatoire lyonnais pour la défense des libertés fondamentales en Tunisie prie instamment votre gouvernement  d’abroger ces décisions d’expulsion, ou,  à défaut,  de faciliter à toute personne menacée d’expulsion la recherche d’un pays d’accueil pour elle et pour ses enfants nés Italiens,  et en tout cas de s’engager à ne jamais les rapatrier dans leurs pays d’origine où ils risquent d’être jugés, voire torturés,  pour des faits dont ils ont été innocentés en Italie. Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’_expression de nos sentiments les meilleurs. Lyon, 3 octobre 2006 L’Observatoire lyonnais pour la défense des libertés fondamentales en Tunisie collectif d’associations (Ligue des Droits de l’Homme-Rhône  –  Tunisie-Liberté  –  attac-Rhône  –  RAID/attac-Tunisie, etc …), avec le soutien de l’association  « Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme «

 

Nouvel appel à la tolérance du ministre tunisien des Affaires religieuses

 
AFP, le 12 octobre 2006 à 12h38
TUNIS, 12 oct 2006 (AFP) – Le ministre tunisien des Affaires religieuses, Boubaker El Akhzouri, a lancé jeudi un nouvel appel à la tolérance et au dialogue entre islam, christianisme et judaïsme pour lutter contre l’extrémisme.
 
« Les nobles valeurs prônées par les trois religions monothéistes sont à même de nourrir un dialogue (pour) l’instauration de la paix, de la solidarité et de la fraternité dans le monde », a déclaré M. El Akhzouri lors d’un colloque au siège de l’Amicale des diplômés de l’Ecole nationale d’administration.
 
L’islam, a-t-il ajouté, qui enseigne la « tolérance » et le « respect des croyances d’autrui », considère « le droit à la différence comme une vérité éternelle et le dialogue constructif comme le meilleur outil pour éviter les conflits et les antagonismes ».
 
Insistant sur la « la conjugaison des efforts de tous » pour enrayer « une crise préoccupante, qui a généré un conflit de civilisations », il a souligné « l’appel constant » du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali « à adopter le dialogue entre les cultures, les religions et les peuples (…), unique chemin pouvant sauver la planète des dangers de l’extrémisme ».
 
AFP

Italie/terrorisme: Un Marocain et deux Tunisiens devront être rejugés

 
AFP, le 11 octobre 2006 à 18h21
ROME, 11 oct 2006 (AFP) – La Cour de cassation italienne a ordonné un nouveau procès pour un Marocain et deux Tunisiens acquittés en 2005 de l’accusation de terrorisme international et dont les cas avaient défrayé la chronique dans la Péninsule, a annoncé l’un de leurs avocats.
 
Les trois hommes, accusés de soutien au terrorisme international par le parquet de Milan, avaient été acquittés en première instance et en appel, en janvier et en novembre 2005.
 
Les deux ressortissants Tunisiens, Abdelaziz Bouyahia et Ali Toumi, se trouvent toujours en Italie. Acquittés des faits de terrorisme, ils avaient été condamnés dans la même affaire à trois ans de prison pour « association de malfaiteurs » destinée à l’aide à l’immigration clandestine, selon l’agence Ansa.
 
Mohamed Daki, le ressortissant marocain, avait été expulsé vers son pays par les autorités italiennes qui le considéraient « suffisamment dangereux », malgré les deux décisions judiciaires.
 
« Le procureur de la Cour de cassation avait demandé que l’acquittement soit confirmé, mais les juges ont quand même décidé qu’il y aurait un nouveau procès, je trouve cela plutôt singulier », a déclaré à l’AFP l’avocat de Mohamed Daki, Me Vainer Burani.
 
La Cour de cassation a maintenant trente jours pour déposer les motivations de sa décision.
 
L’acquittement des trois hommes, accusés d’être liés à l’organisation Ansar Al-Islam et d’avoir tenté de recruter des kamikazes pour commettre des attentats en Irak, avait provoqué un tollé en Italie, plusieurs ministres de l’ancien gouvernement Berlusconi fustigeant la décision des juges.
 
La magistrate qui s’était prononcée en première instance avait notamment rejeté l’accusation de terrorisme international, en estimant que les accusés planifiaient des « activités de guérilla » en Irak et non « des activités visant à semer une terreur indiscriminée ».
 
Mohamed Daki avait ensuite été totalement innocenté en appel. Entre sa sortie de prison et son expulsion vers le Maroc, il avait affirmé avoir été interrogé par des agents des services secrets américains dans les bureaux du parquet de Milan, en l’absence de son avocat.
 
AFP

 
POLITIQUE

L’Audace: INTERVIEW EXCLUSIVE AVEC MONCEF BEN SALEM

“Le comportement du régimedu 7 novembre a électrifié la scène politique”  

 
Interview réalisée par Slim Bagga “Je me suis retrouvé avec ma famille dans ma maisonencerclée par la police 24/24. Trois brigades assurentla surveillance, les relèves se passent à 6h, 14h et 22h : une vraie mascarade !” “L’Audace”: Pouvez-vous rap-peler pour nos lecteurs votreaffaire? Que vous reproche lepouvoir en Tunisie? Moncef Ben Salem : Mon affaire avec le régime actuel de Tunis est une affaire pure et simple de liberté. Personnellement je refuset out genre d’esclavage politique, intellectuel et culturel et il manque au régime toute possibilité ou capacité de diriger des gens libres. Il en découle un choix unique :dictature et tyrannie . Jugé par contumace en septembre 1987 (20 ans de prison) pour appartenance à une association non reconnue, en l’occurrence le Mouvement de la Tendance Islamique sans aucune preuve fondée à part la participation à une réunion du M.T.I en 1984, j’ai fait opposition en mars 1988, et la punition est réduite à seulement 6 mois avec sursis. En 1990, et suite à une interview accordée à un journaliste algérien, j’ai été arrêté en avril, 2 jours avant la publication de mes déclarations ;la sentence est rendue le 20 mai avec 3 ans de prison ferme pour diffamation et diffusion de fausses nouvelles. Les conditions de mon séjour en prison ne peuvent pas être décrites dans une pareille interview, mais je tiens à signaler qu’elles étaient lamentables, inhumaines et dégradantes. J’étais traité de manière impitoyable, privé detout moyen d’écrire ou de lire,même le papier qui porte la marque de la bouteille d’eau minéraleest enlevé, les provocations et les intimidations sont quasi quotidiennes. Libéré  » vivant par miracle « , je me suis retrouvé avec m afamille dans ma maison encerclée par la police 24/24. Trois brigades assurent la surveillance, les relèves se passent à 6h, 14h et 22h :une vraie mascarade ! Le rôle des surveillants est d’empêcher tout contact avec toute personne ycompris mes voisins et mes parents, s’ils sont intellectuels outravailleurs à l’étranger ou riches ; ma mère qui habitait à 50 km est décédée en août 1994 sans queje puisse assister à sa maladie ni à son inhumation. Un jour j’ai demandé à un policier :  » si vous appliquez à la lettre les ordres qui me concernent comment je peux vivre ?  » Il a répondu :  » tu manges du sable !!!  » Je laisse au lecteur imaginer une famille de 6 personnes vivant dans la situation suivante : maison encerclée par lapolice pour empêcher toute visite d’amis, sans salaire, sans aucune bourse d’études, sans assurance maladie, sans téléphone (de 1999 au 2003), sans courrier pendant plus d’une décennie. Mes 4 enfants ont perdu 13 ans de leurs colarité. Suite à cette destruction morale, physique et intellectuelle, je ne dis pas « que le ciel tombe sur moi pourvu que je me venge  » mais je dis plutôt à quand la disparition de l’impunité et que justice soit faite Inchallah ! “L’Audace”: Vous êtes universitaire. Comment jugez-vous le système scolaire et universitaire en Tunisie? Peut-on dire qu’il a plutôt régressé ou s’est-il amélioré en 20 ans? Moncef Ben Salem : L’éducation est la colonne vertébrale de toute  société. Notre pays, grâce aux efforts de ses intellectuels et  scientifiques, a pu surmonter  d’énormes difficultés et réaliser un  niveau intellectuel et scientifique remarquable et reconnu à  l’échellemondiale durant le régime de Bourguiba à qui je reproche sondésir exagéré  de rompre avec laculture arabo-musulmane dans les  matières littéraires et de sciences  humaines. Le niveau de la formation  technique et scientifique était jusqu’en 1990 dans les normesdes pays  civilisés. Mais vint l’èrenouvelle avec ses révisions du  dossier éducatif, les acquis qui ontété balayés de manière pure  etsimple, le niveau intellectuel a nettement chuté, les mesures administratives  de recrutement ou des  examens ont dévalué de manière considérable nos diplômes. J’ai demandé à un ancien collègue qui continue  son travail comment les  professeurs que je connais et quej e qualifie de très  compétents acceptent cette dégradation considérable  de l’enseignement supérieur,  sa réponse était: « actuellement  toutes les compétences démissionnent, tu as de la chance  malgré ce qui t’est arrivé, de ne pas assister à un crime pédagogique  et scientifique.  » En suivant de très près les études de mes enfants,  j’ai bien senti la démission dont parlait l’ancien collègue et jene pouvais  que regretter les dégâts considérables et irréversibles  dans la formation des présentes  générations. “L’Audace”: Que pensez -vous des rumeurs insistantes selon lesquelles on vendrait les sujets donnant accès à des diplômes universitaires? -Moncef Ben Salem : Les histoires  qu’on raconte publiquement sont -pèle mêle infos ou intox, moi je dis les deux. Les circonstances politiques  ont favorisé la corruption dans tous les domaines, l’éducation  n’est guère épargnée. Jereçois toujours des informationsqui font mal au  coeur. Si le dixièmede ces histoires est vrai, ce serait  une catastrophe. J’essaye de nepas y croire pour la paix de moncoeur. Enfin, je rappelle ce qu’avait dit Rabelais :  » Science sans  conscience n’est que ruine del’âme.  » “L’Audace”: Parlez nous un peu de la situation politique en Tunisie? Moncef Ben Salem : Un grand politicien tunisien a affirmé :  » l’aspect  original de la dictature estque tout va bien jusqu’au dernierquart  d’heure « ; ce n’est pas le cas malheureusement pour le régimetunisien. Au  début des années 90, seuls les islamistes parlaient de dictature et de régime totalitaire,. A la fin des années 90,. la gauche, touchée par quelques arrestations et mains mises sur ses activités, a suivi le chemin des islamistes. Au début du siècle actuel des personnalités indépendantes ou même du régime ont choisi enfin de défendre les « opprimés « . Actuellement, tout le monde y compris le corps sécuritaire, parle d’une faillite politique.L’ancien régime était certes totalitaire mais c’était un régime à parti unique ; l’actuel est un régime à homme unique ; et toute voix nonconforme à la sienne est anéantie par le gros bâton. Prétendant participer à la campagne internationale de lutte contre le terrorisme, les dirigeants de Tunis mettent dans le même sac toute penséelibre. Les prisons de Tunisie, et cela depuis 1987, n’ont pas vécuune seule minute sans prisonniers politiques, ni de lourdespeine sont infligées à plusieursmilliers de jeunes intellectuelsdont des centaines sont encore derrière les barreaux depuis plusd’une décennie et demie . Les mesures sécuritaires laissent penser que la Tunisie a décrétél’état de siège. D’une manière générale le régime de la dite nouvelle ère a imposé une asphyxie étouffant toute opinion critiquant les abus du pouvoir. Les ONG sont ligotées solidement (UGTT,LTDH, AISPP, AJT,…) Les lois instaurées dans les années 90 visant à limiter les libertés élémentaires n’existent nulle part ailleurs au monde privant le citoyende se comporter comme il veu t(voile, barbes,…) ou de croire et prier à sa guise. En résumé, lerégime impose son emblème :voyez ce que je vois et pensez ceque je pense. Ce comportement aélectrifié la scène politique. “L’Audace”: Par quoi expli-quez-vous ce blocage? Moncef Ben Salem : A mon avis ce blocage politique est du à 2 maux : 1) cas de régime : il manque aux Autorités le courage d’affronter les vrais problèmes politiquesen reconnaissant ses violations des libertés de ses opposants. La faiblesse du régime interdit  l’existence d’une opposition consistante et solide d’où le choix de l’oppression. 2) Cas de l’opposition : la peur de la bi-pôlarité ( Islamistes pouvoir ) a donné lieu à une réticence dans l’évolution de l’opposition laïque ; sa collaboration entre elle et avec les Islamistes  se fait au compte gouttes. Certes,il y a un an cette opposition a commencé à surmonter cette  » peur sans raison « , et une nouvelle coopération fructueuse a puvoir le jour notamment au sein du mouvement du 18 Octobre. Mais elle reste encore limitée. Il faut que le but principal, à savoir une vraie indépendance (liberté d’expression, reconnaissance de par-tis politiques, indépendance de lajustice, annulation des lois répressives, récupération des droitsconfisqués,…) dilue les divergences idéologiques. Ce but présentele dénominateur commun de tous les partis, voire tous les citoyens.Je pense que le régime actuel adépassé le point de non retour, etil est loin d’être capable de débloquer la situation alarmante. Tousles régimes voisins (Maghreb etEgypte) ont rectifié leur tir ; lenotre campe sur ses positionsalors que le temps évolue. La viepolitique a beaucoup régressé parrapport aux années 70. Imagineractuellement les Islamistes avec 3 journaux libres ? On rêve !! ( » ElMaarifa « ,  » El Mojtamaa « , et  » ElHabib  » ). “L’Audace”: L’opposition estdivisée du fait du traitement duproblème d’Ennahdha en parti-culier et des islamistes engénéral ; qu’en pensez-vous? Moncef Ben Salem : Ceux dans l’opposition qui refusent l’existence du courant Islamiste ou plutôt refusent sa reconnaissance rament à contre courant. Ils exercent bel et bien la politique del’autruche qui enfonce sa têtedans le sable pour ne pas voirl’animal féroce, pensant que sielle ne le voit pas elle lui échapperait. Ces politiciens éradicateurs sont naturellement éliminés, ils sont jetés à la poubelle durégime . Parmi ces gens il y a des minus habens qui s’opposentmême à la libération des prisonniers politiques. “L’Audace”: croyez-vous quece pouvoir peut un jour s’amen-der lui-même? Moncef Ben Salem : Il m’est très difficile de croire que le pouvoirpuisse s’amender lui-même ,mais rien n’est impossible. Comme je l’ai dit ultérieurement,je crois que le pouvoir a de loindépassé le point de non retour.Ce point de vue est pessimiste,mais j’ai toujours l’espoir quenotre peuple, qualifié durant touteson histoire de modéré et sage,puisse surmonter cette longuecrise pacifiquement et avec sagesse “L’Audace”: Le phénomène dela corruption fait ravage dans lepays. Quel est votre avis surcette gangrène? Moncef Ben Salem : La corruption est une tumeur cérébrale dans la société. Auparavant,lorsqu’on parlait, on chuchotait ;actuellement, et dans les milieux publics, on en parle à haute voixet même devant la police car les  “Je pense que le régime actuel a dépassé le point de nonretour, et il est loin d’être capable de débloquer la situationalarmante. Tous les régimes voisins (Maghreb et Egypte)ont rectifié leur tir ; le notre campe sur ses positions alors que le temps évolue.” “Le chômage actuel alimenté par des dixaines de milliers d’intellectuels chaque année va avoir des retombées néfastes sur la société. Ajouté aussi au déséquilibre social grandissant, cela l’avenir de la Tunisie en danger… “agents de sécurité sont à leur tourtouchés par cette gangrène. Ils enparlent aussi comme tout autrecitoyen. C’est peut être un pointpositif eu égard à l’évolution ducitoyen tunisien quelle que soit safonction. Je pense que tout est lié àla politique ; les dirigeants de Tunis ont un seul souci: modifier l’Islam et combattre les islamistes quel qu’ensoit le prix . Cette préoccupation arecruté un bataillon de malfaiteurs qui sont devenus intouchables parla loi et peuvent abuser de leur pouvoir à leur guise. Cet état a accéléréla corruption dans l’Administration tunisienne depuis les années 90 . Ily a eu des tentatives très timidespour arrêter cette gangrène, maiselles restent très limitées, l’absence de remède est dû spécialement àune démission générale de ceux quiveulent contribuer à l’évolution de la Nation après avoir été méprisés parles  » hors la loi « . “L’Audace”: Un mot sur l’état del’économie tunisienne. Est -elleen bonne santé comme le pré-tend le pouvoir? Ou catastrophi-que comme nous le rapportentnos concitoyens de l’intérieur dupays? Moncef Ben Salem : Il y a quelques années, j’ai suivi un programme sur RFI, un économiste spécialiste du Maghreb a confirméque les dettes extérieures de la Tunisie en 6 mois (Janvier -juillet1996) avaient dépassé celles de1957 à 1987 (30ans).La fermeture de plusieurs usinessurtout de textiles, les plus de 40 mille maîtrisards chaque année s’ajoutant à l’urne du chômage, les exodes vers l’autre rive de la méditerranée malgré le risque encouru,la vente aux multinationales des cimenteries et d’autres domaines publics , les lourdes dettes extérieures ne peuvent en aucun cas être dissipées par les quelques ponts et chaussées ou même les luxueuses voitures qui circulent entre de très beaux buildings pour dire que tout va bien pour notre économie.Certes, des points positifs ont étéenregistrés, surtout dans le domaine agricole, mais la corruption dont on vient de parler freinetoute évolution de notre économie. Au contraire, les industriels exerçant sous la loi 72 ont fermé leurs établissements et licencié leurs ouvriers par crainte de la dite gangrène administrative. Le chômageactuel alimenté par des dixaines demilliers d’intellectuels chaqueannée va avoir des retombées néfastes sur la société. Ajouté aussiau déséquilibre social grandissant,cela l’avenir de la Tunisie en danger… (Source: L.AUDACE n°139 -140 Septembre – Octobre 2006)


NOUVEAU VOILE EN TUNISIE

Par: SKANDER (Tunisien d’Espagne)
 
Voila, l’été est terminé et le retour à la réalité se ponctue immanquablement de souvenirs de vacances, comme pour essayer de jouer les prolongations de congés toujours trop brefs.
 
Quand on vit loin de son pays, le retour annuel est toujours l’occasion de faire le point d’abord sur les problèmes de famille et ensuite sur la situation du pays. Comme la famille c’est du domaine du privé, je me limiterai à mes impressions sur le pays.
 
J’ai été surpris par plusieurs choses : la prolifération du hijab, la disparition du bikini sur la majorité des plages, la folie de Hammamet Sud et le nombre incroyable de nos chers voisins algériens qui viennent passer l’été chez nous.
 
Mais ce qui m’a le plus frappé c’est l’éloignement de deux partie de la jeunesse : les filles portant le voile et celle qui exhibent fièrement leurs strings dans les boites les plus branchées de cet Ibiza maghrébin qu’est devenu Hammamet Sud.
 
Certains de mes amis, surtout les filles de ma génération, voient la prolifération du voile comme une régression, une menace extrémiste pour notre douce Tunisie. Moi je le vois, somme toute,  comme une réaction tout à fait naturelle face a un occident qui agresse et humilie le monde arabo-musulman. L’Amérique ne fait plus rêver, elle ne représente plus le modèle comme il y a 20 ans. Maintenant elle représente les croisés, les alliés des sionistes, en fin de compte une menace pour l’Islam. Donc beaucoup de jeunes (et de moins jeunes) prennent parti.
 
Ce qui différencie ce phénomène a celui des années 80, c’est qu’il ne s’organise pas autour d’un mouvement politique, ces filles décident, en général, de plein gré de porter le hijab. C’est le fruit d’une réflexion, d’un besoin identitaire face à un modèle occidental qui ne représente plus un idéal de société moderne, mais qui se rapproche plutôt d’une inquisition, d’une croisade contre les musulmans.
 
D’autre part, plusieurs chaînes arabes aident largement ce phénomène et tiennent des discours séduisants qui trouve un large écho à cause des agressions répétitives du monde judéo-chrétien. Voilà le résultat de la guerre des USA & Cie pour instaurer la démocratie dans le monde ! Alors que penser de hijab ? Je dirai juste, sans entrer dans des considérations religieuses, que l’on récolte toujours ce que l’on sème !
 
Ensuite il y a Yasmine Hammamet… que dire… ça fait tourner la tête… Comme un hypermarché de la beauté des tunisiennes. Il faut vraiment dire que nos filles sont de plus en plus belles ! Hammamet c’est Fashion ! Hammamet c’est l’industrie estivale à la mesure d’un petit pays comme le notre. Hammamet ne dort pas ! Hammamet ne désempli pas. Mais surtout Hammamet est pleine d’algériens et de libyens.
 
Ce qui me fait vraiment très plaisir c’est le nombre toujours plus croissant de touristes algériens qui nous visitent. Développer le tourisme intermaghrébin est une idée fascinante ; ne plus dépendre uniquement des touristes européens qui ne dépensent rien et qui viennent juste se dorer la pilule sur nos plages. Les algériens (ainsi que les libyens) dépensent, se mêlent avec la population locale, créent une ambiance et surtout cela nous permet de mieux nous connaître.
 
Voilà un peu tout ce qui m’a marqué de mon séjour tunisien. La Tunisie évolue, mais heureusement toujours de manière douce. Même si les extrêmes on tendance à s’éloigner, il est toujours réconfortant de voir que cela ne se traduit pas par une cassure sociale, les filles voilées se promènent souvent avec leurs copines en jeans super serrés. Enfin je préfère penser que cela n’ira pas plus loin et que cette douceur tunisienne survive à la folie meurtrière de ceux qui propagent, de part et d’autre, le choc des civilisations comme si d’un message prophétique il s’agissait.
 
(Source : le blog Espace Tunisie, le12 Octobre 2006) Lien: http://espace.tunisie.over-blog.com/article-4136899.html
 

Ramadhan Moubarak, ou Endemol Barak sur TV7 (Suite)

par Lotfi Ben Ayed
 
Réponse à l’article Ramadhan Moubarak, ou Endemol Barak sur TV7
 
Bonjour,
 
Je vous remercie d’avoir publié mon papier intitulé « Endemol Barak ». Bien entendu, je m’attendais à un feedback. Mais j’aurais aimé que celui-ci soit plus intellectuel et non gesticulateur. Il est évident que certaines gens veulent vivre comme un « Hani El-Bel » (traduisez : l’esprit tranquille), sans qu’on vienne les perturber dans leur plénitude.
 
Elevons le débat et répondons aux griefs, brièvement.
 
1- L’intérêt porté à TV7 est que c’est une chaîne nationale. La contribution TV « obligatoire » du citoyen tunisien est incluse dans sa facture d’électricité.
 
2- Barak avec la consonne finale un « Kef » diffère de Baraq avec une consonne finale « Qaf ». Le terme Barak (Baraka) a aujourd’hui pénétré plusieurs langues en gardant quasiment le même sens, comme « Toubib, Chouia, etc….
 
Par ailleurs, j’avais clairement annoncé la boutade en introduction. Alors arrêtons de jouer aux roquets et parlons de l’essentiel.
 
3- Al Maysar, Al Q’mar, Halal et Haram. La définition de ces termes est au fondement du droit positif dans les pays musulmans comme ailleurs. Je vous invite même à revoir les conceptions de droit français et anglais sur les jeux d’adresse et de hasard incluant les mises d’argent. Les sociétés de jeux et paris constituent des exceptions au droit commun admises comme des « turpitudes » de la société étroitement surveillées par l’état (Brigades des jeux et des courses).
 
4- Le détournement des vocations des mosquées en territoires palestiniens occupés. De fait, la fondation « Terres d’Israël » se charge bien d’appliquer le projet sioniste d’expansion en vertu de la loi des « biens des absents », Voici des exemples rapportés par « l’institution d’Al-Aqsa » :
 
  mosquée « Al Ahmar » à Safad, utilisée comme Studio de tournage de films pornographiques.   Mosquée Aïn Karam, Aïn Karam, Utilisée comme local et prostitution et de drogue,   Mosquée “Al saksak”, Jaffa, Casino et bar   Mosquée “Aïn Al Haoudde », Haïfa, Restaurant et bar   Nouvelle mosquée de Qissarya, Plage d’Haïfa, Restaurant et bar   Mosquée “Al himma”, Les plateaux du Golan, Depôt de vins   Mosquée “Al majdal”, Asqalane, Musée dont une partie est constitué d’un restaurant et d’un bar.
 
5- Anti-Sioniste : Oui, je le suis et je l’affiche. Et je suis heureux de voir que ça dérange. Et, voyant certains venir, je dis « STOP » aux démagogues qui s’empresseraient de m’accuser d’anti-sémitisme ou d’anti-judaïsme. Je vous renvoie simplement aux résolutions des nations unies et autres sur la question :   Résolution 1904 (XVIII), ONU, du 20 novembre 1963   Résolution 3151 G (XXVIII), ONU, du 14 décembre 1953 – résolution 77 (XII), Kampala, OUA (Organisation de l’Unité Africaine), août 1975   Conférence des Ministres des Affaires Etrangères des Pays Non-alignés, Lima, Août 1975
 
Rappelons que la résolution 1904 a été abrogé par la résolution « Putsch »46/86 de 1991 à un moment « d’hypnose » de l’ONU en pleine guerre du Golfe.
 
5- Par ailleurs , si quelqu’un pense encore que le projet sioniste est un mythe, avec tout ce qui se passe et se dit, de Herztl à Olmert, en passant par Ben gourion , Golda Mayer et Sharon, je lui conseillerai de ne plus se tracasser, de ne plus gesticuler avec le verbe, et de vivre « Heni El-Bel ». (Tranquille ».
 
Avec mes salutaions à tous et mes remerciement à l’équipe de « REVEILTUNISIEN ».
 
Lotfi Ben Ayed – Strasbourg
 
(Source : « Tunisie, Réveille-toi », le 11 octobre 2006)

Le Turc Orhan Pamuk, Nobel de littérature entre Orient et Occident

 
Par Sophie MONGALVY
AFP, le 12 octobre 2006 à 14h56
 
STOCKHOLM, 12 oct 2006 (AFP) –  L’écrivain turc Orhan Pamuk a remporté jeudi  le prix Nobel de littérature pour une oeuvre qui se situe sur la ligne de faille entre monde musulman et Occident. L’Académie suédoise a indiqué dans ses attendus avoir décerné le prix à un auteur « qui, à la recherche de l’âme mélancolique de sa ville natale, a trouvé de nouvelles images spirituelles pour le combat et l’entrelacement des cultures ». Les romans de Pamuk, 54 ans, sont ancrés en Turquie, souvent à Istanbul sa ville natale où il est aujourd’hui installé. Parmi ceux traduits en français, on peut citer « Mon nom est Rouge » (1998), « Neige » (2002), « La maison du silence » (1983) et « Le livre noir » (1990). « Pamuk est devenu connu dans sa création romanesque pour son jeu avec les identités et le thème du double », note encore l’Académie qui s’est limitée à des élements biographiques et bibliographiques, ne faisant quasiment aucun commentaire sur son oeuvre. Premier Nobel de littérature turc, Pamuk, qui projetait pendant sa jeunesse d’être peintre, est né le 7 juin 1952 dans une famille bourgeoise, aisée et séculière. Il a étudié l’architecture puis le journalisme à Istanbul. Il « est connu dans son pays comme un auteur contestataire bien qu’il se considère comme écrivain littéraire sans intentions politiques », note l’académie. Le lauréat a été le premier écrivain du monde musulman à dénoncer la fatwa contre l’auteur britannique d’origine indienne Salman Rushdie et il s’était attiré les foudres des nationalistes pour sa défense des causes arménienne et kurde. « Un million d’Arméniens et 30.000 Kurdes ont été tués sur ces terres, mais personne d’autre que moi n’ose le dire », avait-il affirmé en février 2005 dans un hebdomadaire suisse. Il avait été poursuivi par la justice turque pour « insulte ouverte à la nation turque », un crime passible de six mois à trois ans de prison. Les poursuites avaient finalement été abandonnées début 2006. Dans son oeuvre, Pamuk s’est attaché à décrire les déchirements de la société turque entre Orient et Occident, un thème on ne peut plus actuel à l’heure du difficile processus d’intégration de la Turquie dans l’Union européenne. A Istanbul, son appartement où il écrit ses livres lui offre une vue sur un pont enjambant le Bosphore, lien entre l’Europe et l’Asie. La société turque qu’il ne cesse d’observer, son évolution vers l’occident, est sa source d’inspiration. Dans son premier roman, une chronique familiale intitulée « Cevdet Bey Ve Ogullarin » parue en 1982, Pamuk décrit une famille turque sur trois générations. Avec « Le château blanc » (1985), un roman historique situé dans l’Istanbul du 18e siècle où l’auteur amalgame l’identité des deux personnages, Pamuk a obtenu une renommée internationale, selon l’Académie. « Le livre noir » (1990), l’un des romans les plus lus en Turquie, décrit la recherche effrénée d’une femme par un homme pendant une semaine dans une Istanbul enneigée, boueuse et ambiguë. L’auteur a accumulé les prix littéraires à l’étranger, dont le prestigieux Prix de la Paix des libraires allemands en octobre 2005. Père d’une adolescente, il est divorcé et vit à Istanbul. L’année dernière, le prix avait récompensé le dramaturge britannique Harold Pinter. Le Nobel de littérature est doté comme les autres prix Nobel de 10 millions de couronnes suédoises (environ 1,1 million d’euros). Pour la cuvée 2006, le dernier Nobel, celui de la paix, sera décerné vendredi 13 octobre à Oslo.
 
AFP

Le ministère turc de la Culture salue l’attribution du Nobel à Orhan Pamuk

 
AFP, le 12 octobre 2006 à 15h11
ANKARA, 12 oct 2006 (AFP) – Le ministère turc de la Culture a salué jeudi l’attribution du prix Nobel de littérature à l’écrivain turc Orhan Pamuk, en dépit des controverses que l’auteur a suscitées en Turquie. « Je suis très heureux et je le félicite », a déclaré le sous-secrétaire d’Etat Mustafa Isen sur la chaîne d’information NTV. La récompense « va aussi attirer l’attention internationale sur la littérature turque et sur d’autres auteurs turcs », a-t-il ajouté. Interrogé sur le degré de sincérité de la satisfaction gouvernementale, M. Isen a répondu: « Je ne suis concerné que par Pamuk le romancier. Ses autres actions ne m’intéressent pas. Je pense qu’il est un bon romancier et je pense qu’il a été récompensé pour ses romans ». Pamuk a été poursuivi pour « dénigrement de l’identité nationale turque » après avoir affirmé dans un magazine suisse en février 2005: « Un million d’Arméniens et 30.000 Kurdes ont été tués sur ces terres, mais personne d’autre que moi n’ose le dire ». Ces propos sur le sujet, sensible en Turquie, des massacres d’Arméniens commis sous l’empire ottoman, lui ont valu d’être qualifié de renégat par les milieux nationalistes et de faire l’objet de menaces de morts. Les poursuites ont finalement été abandonnées début 2006.
 
AFP

 

Des parlementaires turcs débattent d’une loi visant à reconnaître le « génocide algérien »

par Susan Fraser
Associated Press, le 12 octobre 2006 à00h37
ANKARA (AP) — Des députés turcs ont débattu mercredi d’un projet de loi visant à reconnaître un « génocide algérien » perpétré par la France, en représailles à une proposition de loi française qui propose de condamner toute négation du génocide arménien.
 
La commission parlementaire turque de la Justice a discuté d’un texte qui interdirait de nier que la France s’est rendue responsable d’un « génocide » en Algérie à l’époque de la colonisation. Le texte instaurerait une journée de commémoration du « génocide algérien » en souvenir des massacres perpétrés dans les localités de Sétif, Guelma et Kherrata le 8 mai 1945.
 
Le projet de loi n’a toutefois pas bénéficié d’un large soutien et les députés ont décidé après trois heures de discussions de former une sous-commission chargée d’approfondir la question.
 
Cette sous-commission devrait également examiner un autre texte visant à punir pénalement tout propos affirmant que les Turcs ont commis un génocide contre les Arméniens. Des Turcs ont déjà été poursuivis pour de telles déclarations en vertu d’une autre loi.
 
Peu d’observateurs estiment que les deux textes ont une chance d’être débattus au Parlement turc. En créant une sous-commission, les députés ont décidé de gagner du temps et de montrer à la France qu’il ne revient pas, selon eux, aux Parlements de se prononcer sur les questions de génocide.
 
Ces mesures sont en tout cas une réponse à la proposition de loi socialiste qui sera examinée jeudi par les députés français et prévoit jusqu’à un an de prison et 45.000 euros d’amende pour toute négation du génocide arménien. Selon les Arméniens, jusqu’à 1,5 million des leurs ont été massacrés entre 1915 et 1923.
 
Le texte a suscité la colère de la Turquie contre la France et l’Union européenne, qui dénoncent l’absence de liberté d’expression dans le pays, notamment sur la question sensible du génocide. Selon la chaîne privée NTV, le député turc Ibrahim Ozden a déclaré à la commission parlementaire que la France « a massacré 1,5 million de personnes en Algérie. Le meurtrier vient maintenant s’asseoir dans le siège du juge ».
 
De nombreux députés turcs se sont toutefois prononcés contre la nouvelle loi sur le « génocide algérien ». « Ne commettons pas la même erreur que la France », a déclaré Mehmet Dulger, chef de la commission parlementaire pour les affaires étrangères. « Ne réécrivons pas l’histoire via une décision parlementaire. »
 
Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Namik Tan, a souligné mercredi que la Turquie espérait l’abandon de la proposition de loi française. Des manifestants, dont des ultra-nationalistes, des employés du service public et des officiers à la retraite, se sont relayés pour protester contre le texte devant l’ambassade de France à Ankara. Certains tenaient des pancartes où l’on pouvait lire: « M. Chirac, ne soyez pas l’esclave des Arméniens », ou encore « Qu’avez-vous donc fait en Algérie? »
 
Associated Press


 

Projet de loi sur le génocide arménien : nouvel appel de la Turquie

AFP, le 11 octobre 2006 à 19h03  
ANKARA, 11 oct 2006 (AFP) – Le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gül, a une nouvelle fois appelé mercredi la France à ne pas adopter un projet de loi controversé qui punirait la négation du génocide arménien pendant la Première Guerre mondiale, à la veille de l’examen du texte. « J’espère que la France, patrie de la liberté où chacun peut librement exprimer ses opinions, ne deviendra pas un pays où des gens sont emprisonnés pour avoir exprimé leurs opinions et publié des documents », a déclaré M. Gül à des journalistes à Ankara. « Si le projet de loi est adopté, la Turquie ne perdra rien, mais la France perdra non seulement la Turquie, mais aussi quelque chose d’elle-même », a affirmé le chef de la diplomatie turque. L’Assemblée nationale française doit voter jeudi sur le projet de loi déposé par le Parti socialiste, qui prévoit que toute personne niant la réalité du génocide arménien sera punie d’un an de prison et d’une amende de 45.000 euros. Les Arméniens estiment que jusqu’à 1,5 million des leurs ont péri dans un génocide orchestré par l’Empire ottoman entre 1915 et 1917. La Turquie déclare qu’il y a eu des massacres de part et d’autre et récuse avec vigueur les accusations de génocide. Si le projet de loi est approuvé par les députés à l’Assemblée nationale, il devra encore, pour entrer en vigueur, être approuvé par le Sénat, un processus qui devrait prendre beaucoup de temps. Ankara, très irrité par le projet de loi socialiste, a averti que son adoption porterait un coup sévère aux relations bilatérales et que les firmes françaises se verraient dans ce cas exclues de marchés potentiellement fructueux.  
Les responsables turcs estiment généralement que le dépôt du projet de loi a été dicté par des considérations de politique intérieure française et constitue un geste à l’adresse de la communauté arménienne avant les élections de 2007. La communauté arménienne de France compte quelque 500.000 personnes, un électorat qui n’est pas négligeable. Le gouvernement français s’est dissocié du projet de loi, déclarant qu’il n’était « pas nécessaire ». Le parti de droite majoritaire, l’Union pour un mouvement populaire (UMP), est embarrassé, certains de ses députés se déclarant prêt à voter pour le texte socialiste. L’unanimité ne règne pas non plus au Parti socialiste, où certains députés sont hostiles au projet de loi. En Turquie, en revanche, toutes les tendances politiques sont unies dans une même condamnation du texte.


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