TUNISNEWS
8 ème année, N° 2698 du 11.10.2007
Lettre ouverte au president Ben Ali CCTE: Jusqu’à quand le pouvoir tunisien s’obstinera-t-il dans l’irresponsabilité ? ATF-Paris: Solidarité avec les dirigeants et les militants du PDP Bulletin d’information de la grève de la faim de Mme Maya Jribi et de Me Ahmed Néjib Chebbi (20e jour de la grève de la faim pour la liberté)
Belga: Tunisie: un tribunal supprime l’interdiction du port du voile AFP: Les prix du pétrole montent, montent… à 100 dollars ?
AFP:La Turquie fustige le vote au Congrès US sur le « génocide » arménien
Appel de détresse de Tunisie (*)
Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux,
Appel à toute âme charitable
A nos frères en Dieu dans le monde entier
A toute conscience vive et humanitaire
Nous sommes sur la terre de la Zeitouna et de Kairouan et nous sommes submergés par le malheur et le dénuement.
Les difficultés de vos frères et sœurs sont démesurées et il ne nous reste plus aucun espoir après Dieu et vous.
Chers frères, une fois sortis de prison, nos frères se sont trouvés dans une nouvelle grande prison, ils se sont heurtés à la dure réalité à laquelle ils ne s’attendaient pas.
Leur séjour a été si long qu’ils doivent non seulement surmonter des obstacles matériels mais aussi psychologiques notamment au sein de leurs familles.
Ils ont frappé à toutes les portes recherchant du travail peu importe le salaire ; peu d’entre eux ont subvenu à leur besoin. Par contre la majorité d’entre eux se trouvent au seuil de la pauvreté alors qu’ils avaient promis à leur famille richesse et aisance et une vie en rose ; d’autant plus que les enfants ont grandi entre temps et que leurs demandes et leurs besoins ont grandi aussi.
Tous les rêves et les espoirs se sont envolés, le travail se fait rare et les proches et les amis ont tournés le dos ; certains d’entre eux ont même vu partir leurs épouses et leurs enfants.
Il y a, certes, des frères comme ceux cités par Allah : «… que l’ignorant croit riches parce qu’ils ont honte de mendier – tu les reconnaîtras à leur aspects – Ils n’importunent personne en mendiant.. » La vache/273 . Nous nous soucions d’eux et nous ressentons ce qu’ils ressentent.
Il y en a d’autres qui, par pudeur, n’ose pas sortir de chez eux refusant tout contact extérieur ; craignant le regard des autres en raison de leur pauvreté.
D’autres sollicitent Allah avant d’aller affronter les gens et leur dire « donnez moi à manger j’ai faim », et les cas similaires sont nombreux.
Chers frères, cette crise qui a longtemps duré a engendré des conséquences et des situations néfastes.
Nos frères qui sont restés en prison parfois plus de quatorze ans se sont retrouvés dans des situations alarmantes :
Certains ont atteint la cinquantaine et sont toujours célibataires, ajouté à cela de nombreuses maladies de l’estomac, du rein, le phénomène d’impuissance sexuelle, le cancer entraînant la mort dans de nombreux cas.
Le pire c’est que la majorité de ces frères sont privés de cartes de soins et certains d’entres eux sont au chômage ou en invalidité.
La situation de leurs enfants est parfois plus alarmante. De nombreux sont ceux qui présentent des maladies psychologiques du fait du stress permanent entraînant des perturbations graves, et comme vous le savez, ces cas nécessitent de l’attention, de la prévention et une prise en charge permanente qui est coûteuse.
Tout cela n’est qu’un aperçu de la réalité, une goutte dans un océan.
Chers frères, la lecture de cette lettre ne doit pas vous laisser indifférents, nous sommes persuadés qu’après sa lecture votre cœur sera touché.
Notre espoir en Dieu est grand ainsi qu’en votre générosité devant pareil cas de dénuement et de pauvreté.
Nous ne souhaitions à personne de vivre cette situation. Nous prions Dieu pour qu’Il vous protège et vous donne la paix.
Nous n’avons pas voulu vous importuner avec nos souffrances mais si nous faisons appel à vous après Dieu, c’est que la situation a atteint un seuil critique.
Nous demandons à toute âme charitable de nous aider afin que nos frères puissent retrouver et garder leur dignité.
Grâce à votre aide généreuse et votre main tendue, vous pouvez empêcher le désespoir de s’emparer de vos frères qui n’ont pour tort que d’avoir souhaiter vivre dans leur pays en harmonie avec leur religion.
Nous gardons espoir en Dieu qui, inchallah, nous unira sur la voie de la foi et l’amour de Dieu.
Le prophète psl dit : « celui qui soulage le fardeau d’un croyant, Dieu le soulagera d’un fardeau le jour du jugement dernier »
Qu’Allah vous vienne en aide et vous protège !
Wassalem alaikom wa rahmatoullah wa barakatouhou.
(*) Cette lettre est parvenue récemment de la Tunisie à l’Association « TAKAFUL » pour le secours et la solidarité, et nous la transmettons à l’opinion publique pour l’alerter sur l’inquiétante situation matérielle, sociale et psychologique d’un grand nombre de tunisiens victimes de la politique répressive du régime durant les deux dernières décennies.
Vu l’ampleur du drame et le nombre important des victimes qui sont dans le besoin et la précarité ; l’Association TAKAFUL fait appel à votre générosité pour nous aider à secourir vos frères et les aider à sauvegarder leur dignité.
« Et toute dépense que vous faites dans le bien, Il la remplace, et c’est Lui le meilleur des donateurs » (34 Saba /verset 39.)
« Quiconque prête à Allah de bonne grâce, Il le lui rendra multiplié plusieurs fois. Allah restreint ou étend (ses faveurs).Et c’est à lui que vous retournerez » (la vache, verset 245)
Vous pouvez faire parvenir vos dons:
* directement en donnant vos dons à des gens de confiance en contact avec l’association TAKAFUL (enregistrée en France)
* en envoyant vos dons à cette adresse :
TAKAFUL 16, cité vert – 94370 Sucy en Brie.
France
Tél: 06 09 17 22 88 / 06 80 85 92 98
e-mail :contact@hotmail.fr
* par virement bancaire à l’adresse suivante :
la Banque Postale. / France
Etablissement guichet n° compte clé RIP
30041 00001 5173100R020 42
Identifiant International de Compte IBAN
FR54 3004 1000 0151 7310 0R02 042
Montréal, le 11 octobre 2007
Monsieur Zine El Abidine Ben Ali
Président de la République Tunisienne
Tunis
Monsieur le Président,
La décision de la secrétaire générale du Parti démocrate progressiste (PDP), Madame Maya Jribi, et du directeur du journal Al Mawquef., Monsieur Ahmed Nejib Chebbi, d’entreprendre une grève de la faim, le 20 septembre dernier, est un signal inquiétant qui nous préoccupe au plus haut point: celui qui conduit des Tunisiens à recourir à cette méthode désespérée pour se faire entendre de votre gouvernement.
Nous saluons le courage et la détermination de Madame Jribi et de Monsieur Chebbi qui, tous deux, mettent leur santé en danger pour attirer votre attention sur une injustice qui menace les libertés et le pluralisme en Tunisie.
Au cours des années et tout récemment encore, vous avez réitéré votre volonté d’assurer aux associations de la société civile tunisienne et les partis politiques de l’opposition, la liberté d’association et d’expression. Or, les institutions judiciaires et policières, créées pour protéger les citoyens et leurs libertés fondamentales, persistent à faire mentir vos promesses.
Les responsables du PDP et du journal Al Mawquef veulent par leur grève de la faim dénoncer l’ingérence politique dans le processus judiciaire qui s’est, dans les faits, traduite par l’expulsion du PDP et du journal Al Mawquef des locaux qu’ils occupaient depuis plus de treize ans. Le prétendu différend avec le propriétaire des locaux nous apparaît cousu de fils blancs et son traitement par la justice indigne d’une société ouverte et pluraliste.
Par leur geste désespéré, Madame Jribi et Monsieur Chebbi demandent que le PDP et le journal Al Mawquef ainsi que tous les partis et toutes les associations en Tunisie puissent exercer leurs activités dans leurs locaux et avoir la liberté d’accès aux espaces publiques.
Nous vous demandons respectueusement, en votre qualité de Président de la République et dans le cadre de vos prérogatives d’intervenir afin que les libertés civiles et politiques fondamentales soient effectivement traduites dans la réalité, conformément à vos déclarations et aux conventions internationales pertinentes ratifiées par la Tunisie.
Nous signataires, amis du peuple tunisien, syndicats, ONG, élus-es et citoyens-nes, de la région arabe, Européens-nes, et Nord-Américains-nes, vous adressons cet appel urgent en espérant que vous y donnerez une suite favorable.
Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’assurance de notre haute considération.
M. Henri Massé, Président
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
Mme. Claudette Carbonneau, Présidente Confédération des syndicats nationaux (CSN)
M. Réjean Parent, Président
Centrale des syndicats du Québec (SCQ)
Mme. Francine Lalonde, Députée fédérale
de La Pointe-de-l’Île
Porte-parole du Bloc Québécois en matière d’Affaires étrangères
Mme. Meili Faille, Députée fédérale
de Vaudreuil–Soulanges
Porte-parole du Bloc Québécois en matière de Citoyenneté et d’Immigration
Mme. Peggy Nash, Députée fédéral du Canada
de Parkdale High-Park
Porte-parole du Nouveau parti démocratique du Canada (NPD) en matière de L’industrie et responsable des questions de Toronto
M. Razmik Panossian, Directeur des Politiques, Programmes et de la planification
Droits et Démocratie
(Centre international des droits de la personne et du développement démocratique)
Mme. Michèle Asselin, présidente
Fédération des femmes du Québec (FFQ)
Mme. Béatrice Vaugrante, directrice générale
Amnistie internationale section canadienne-francophone
Mme. Marie-Hélène Bonin, directrice générale
Alternatives
M. Roger Paul Gilbert, Vice président
Centre Québécois du P.E.N international
Mme. Gwendolyn Schulman, présidente
Groupe de la recherche et d’initiative pour la libération de l’Afrique (GRILA)
M. Jamel Jani, Porte-parole
Association des droits de la personne au Maghreb (ADPM)
Collectif de la Communauté Tunisienne en Europe
1 rue Cassini – 75014 Paris – Tél. : 01 43 29 68 98
Grève de la faim de Mme Maya Jribi et Me Ahmed-Néjib Chebbi
Jusqu’à quand le pouvoir tunisien s’obstinera-t-il dans l’irresponsabilité ?
Après deux semaines de grève de la faim des leaders du Parti Démocratique Progressiste le pouvoir sort du trou où il s’est – toujours – confiné quand il fallait prendre ses respnsabilités. Attitude qui en dit long sur le courage des décideurs et leur attachement au respect de l’autre.
Pourtant, au lieu de recourir aux réflexes aussi vains que stupides comme la langue de bois et les accusations ridicules, ne fallait-il pas plutôt penser et réfléchir et envisager une solution qui sauve la face après le tollé international provoqué par un tel comportement puéril ?
Le temps n’est-il pas venu d’envisager simplement de défaire ce qu’il a fait et de permettre au PDP de continuer ses activités politiques qu’il n’a cessé d’avoir jusqu’ici malgré les tracasseries habituelles ?
Est-ce là une solution qui représenterait vraiment une « atteinte à l’image de la Tunisie », ou un acte de «haute trahison » ou un appel à l’insurrection générale ?
Il est temps que le régime fasse pour une fois preuve de bon sens depuis bientôt vingt ans de dictature idiote et sanguinaire.
A moins qu’il ne veuille fêter le dernier des anniversaires de son coup d’Etat.
Paris, le 11 octobre 2007
Le Bureau
ATF-Paris SOLIDARITE AVEC LES DIRIGEANTS ET LES MILITANTS DU PDP
L’ATF-Paris réaffirme sa solidarité avec Maya Jribi, secrétaire générale du Parti Démocratique Progressiste et Ahmed Néjib Chebbi directeur de l’hebdomadaire – Al Mawquif – qui ont entamé depuis le 20 septembre 2007 une grève de la faim illimitée pour protester contre la procédure engagée par le pouvoir tunisien contre le PDP pour l’expulser de son siège central à Tunis et de ses différents locaux régionaux. Ce simulacre de procédure judiciaire à caractère immobilier confirme la volonté du pouvoir tunisien d’en finir et de supprimer ce qui subsiste encore des espaces de liberté, animés de façon autonome face à la toute puissance du pouvoir et de son parti dominant et qui servaient de rares lieus de réunions et de liberté d’action pour l’opposition et les forces démocratiques et progressistes tunisiennes. Alerté par Le communiqué des médecins du 5 Octobre 2007 sur la dégradation de l’état de santé des grévistes de la faim et les risques qu’encourent à leur santé et à leur vie. L’ATF-Paris réaffirme son soutien total aux deux grévistes de la faim et au droit du PDP, des autres partis d’opposition et associations indépendantes d’exercer leurs activités dans des locaux et dans les espaces publics. Nous exprimons au PDP, à ses dirigeants et militants notre soutien et notre solidarité et nous appelons à défendre les droits politiques et les libertés en Tunisie.
RASSEMBLEMENT LE JEUDI 11 OCTOBRE 2007 AU PARVIS DE MONTPARNASSE, EN FACE DE LA GARE (Métro 4, 6, 12,13) DE 18H A 20H
ATF-Paris le 09/10/2007
9/10/2007 (19e jour de la grève de la faim pour la liberté) Bulletin d’information de la grève de la faim de Mme Maya Jribi et de Me Ahmed Néjib Chebbi
Les gouverneurs refusent d’écouter les préoccupations de la société civile Dans la plupart des régions de la Tunisie, les gouverneurs ont refusé de recevoir les délégations de la société civile qui se sont dirigées, le 8 octobre 2007, en après-midi, vers les bureaux des gouvernorats. Ces derniers ainsi que les rues qui y mènent ont été encerclés par un énorme dispositif des forces de l’ordre pour repousser, et même agresser, dans certains cas, les délégués de la grève, des associations et des militants soutenant la grève de la faim observée par Mme Maya Jribi et Ahmed Nejib Chebbi depuis le 20 septembre 2007. Les délégations, qui voulaient rencontrer les gouverneurs, tiennent à leurs droits constitutionnels de faire du travail politique et civil indépendant et annoncent leur soutien aux grévistes de la faim exigeant l’arrêt de toutes procédures visant à déloger le Parti démocrate progressiste et son journal « Al Mawkif » de leur bureau central de Tunis. Elles exigent également l’arrêt de la campagne de fermeture des bureaux des autres partis et associations à travers le pays. L’Ariana et Sfax franchissent les barrières Les délégations de l’Ariana et de Sfax ont réussi à franchir les barrières des forces de l’ordre et d’accéder à l’intérieur des bâtiments des deux gouvernorats avant que les forces de l’ordre ne les rattrapent et les expulsent de force et les éloignent des lieux. Agression à Sidi Bouzid Les membres de la délégation, qui se dirigeait vers les locaux du gouvernorat de Sidi Bouzid, ont été l’objet d’agression extrême par les forces de l’ordre qui les ont traînés à même le sol, ce qui a fait qu’on les (Oualid Adbesslem, Kamel Laabidi et Lassad Bouazizi) transporte à l’hôpital pour qu’ils reçoivent les soins nécessaires. Le « conflit immobilier » atteint Mednine La section du PDP à Mednine a reçu hier après-midi un avis portant une ordonnance de référé de déloger le parti de son local régional. Ainsi, se poursuit le « conflit immobilier », qui n’a rien à voir avec le gouvernement, pour atteindre Mednine après Kairouan, Gabès, Tataouine et Tunis pour ne citer que ceux-là afin de faire taire la voix du parti et fermer ce qui reste des carrés de liberté dans le pays à la veille des célébrations du 20e anniversaire du changement « démocratique » !!
10/10/2007 (20e jour de la grève de la faim pour la liberté) Bulletin d’information de la grève de la faim de Mme Maya Jribi et de Me Ahmed Néjib Chebbi
L’état de santé L’état de santé des deux grévistes de la faim, après 20 jours de grève se détériore de plus en plus. Après que Nejib Chebbi a été mis sous perfusion, voilà que Maya Jribi subit le même sort à cause de la diminution du taux de potassium, du calcium et du magnésium. Les médecins décideront, après les analyses médicales s’il sera nécessaire de l’ablation de la vésicule biliaire en ce qui concerne Nejib Chebbi. Solidarité La solidarité des grévistes de la faim s’élargit de plus en plus. Nous avons noté la formation de nouveaux groupes qui soutiennent Mme Maya Jribi et M. Nejib Chebbi dans leurs revendications. Il y a eu plusieurs rassemblements de solidarité, entre autres, à Sfax, à Sousse et à l’Ariana. L’interdiction se poursuit au 20e jour Le Bureau central du PDP continue à faire l’objet du siège de l’imposant dispositif des agents des forces de l’ordre en civil. Ceux-ci poursuivent d’interdire l’accès au bureau à certaines personnalités nationales à l’instar de M. Samir Dilou qui a pu y entrer auparavant. Le siège a dépassé le bureau central du PDP pour atteindre la maison de Me Ayachi Hammami, le porte-parole du comité national de soutien à Mme Jribi et M. Chebbi, avec un nombre important des agents des forces de l’ordre. Les diplomates visitent La responsable des affaires politiques, Mme Trina D. Saha a visité les grévistes et a exprimé sa préoccupation de l’état de santé grave de Mme Maya Jribi et M. Nejib Chebbi. Elle également exprimé l’intérêt de son pays de la nécessité de l’amélioration de l’état des libertés en Tunisie. Campagne tendancieuse Les membres du bureau politique du parti du pouvoir poursuivent leur campagne tendancieuse envers les grévistes, le Parti démocrate progressiste et ses orientations libérales et sa démocratie indépendante. Visites et appels téléphoniques Le 20e jour de la grève a été marqué par l’intensification des visites ; nous citons, entre autres, M. Tahar Cheib, M. Mokhtar Trifi, M. Hamma Hammami et l’homme de théâtre M. Habib Belhadi. Par ailleurs, plusieurs appels téléphoniques ont été reçus de la part de Messieurs Khemaïs Chammari, Kamel Jendoubi, Moncef Marzouki et Idriss Yazmi le secrétaire général adjoint de la Ligue internationale des droits de l’Homme.
Chers lecteurs,
Le numéro 31 de Mouwatinoun est en ligne sur
Cordialement, Le webmaster du FDTL (www.fdtl.org)
Tunisie: un tribunal supprime l’interdiction du port du voile
11/10/2007 12:26 (Belga) Un tribunal tunisien a annulé une loi de 1986 interdisant aux femmes le port du voile islamique, a appris jeudi l’agence de presse allemande DPA. Les femmes n’étaient pas autorisées à porter le voile sur leur lieu de travail et dans les écoles car il était considéré comme un « accessoire sectaire » et une signe d’extrémisme religieux et politique. La cour a considéré que la loi « interférait dans les libertés individuelles » et menaçait la liberté de culte. Certains intellectuels ont exprimé leur inquiétude, considérant cette décision comme un signe d’acceptation de la part des autorités de la propagation du voile parmi les femmes tunisiennes. (NLE)
Les prix du pétrole montent, montent… à 100 dollars ?
AFP, le 11 octobre 2007 à 06h58 Par Luc OLINGA NEW YORK, 11 oct 2007 (AFP) – En quatre ans, les prix du pétrole ont plus que doublé. Passé de 30 dollars en 2003, à 50 dollars en 2004, à 70 dollars en 2005, et 80 dollars en 2007, le baril d’or noir pourrait atteindre 100 dollars en 2008, selon un scénario avancé par certains analystes. L’augmentation rapide de la consommation de pétrole dans les pays producteurs favorise la flambée des prix du brut, en réduisant leur capacité exportatrice, souligne la banque CIBC dans une étude récente. Intitulé « Pétrole à 100 dollars en 2008 », ce document rappelle qu’en 2006 la consommation quotidienne des pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), plus celle des grands pays pétroliers que sont le Mexique et la Russie, a dépassé 12 millions de barils par jour. Leurs exportations, qui représentent 60% de la production pétrolière mondiale, s’élèvent à 35,5 millions de barils par jour. Mais par la faute du manque d’investissement et de la poussée de la consommation, leur capacité d’exportation va se réduire de 2,5 mbj d’ici la fin de la décennie. Au rythme actuel de croissance de la demande intérieure, « la capacité d’exportation future des pays membres de l’OPEP, de la Russie et du Mexique soulève de plus en plus de doutes. Il est plus que probable que la situation entraîne une forte hausse des prix du pétrole au cours des prochaines années », estime la banque canadienne. Pour elle, il est « évident que les prix du pétrole franchiront le seuil de 100 dollars le baril et y resteront ». En France, le Centre d’analyse stratégique (CAS) prévoit aussi, dans un rapport récent, un baril à ce niveau, mais pas avant 2015, sous l’effet de la « raréfaction progressive des ressources » dans le monde. Notant que l’OPEP se montre désormais « très vigilante » pour empêcher les prix de repartir à la baisse, il émet trois hypothèses « hautes » sur les prix des énergies: un baril de brut entre 50 et 80 dollars jusqu’en 2015, entre 100 et 150 dollars de 2015 à 2030 et d’environ 100 dollars au-delà. A l’exception des pays d’Europe de l’Ouest, où la volonté de freiner les émissions de carbone a permis de maîtriser la consommation de pétrole, la demande se maintient à des niveaux records dans le monde entier. La CIBC pointe le décollage fulgurant des importations des pays émergents, au premier rang desquels la Chine, qui produit 3,5 millions de barils par jour mais en consomme le double. Son boom économique, tout comme celui de l’Inde, de la Malaisie et de la Thaïlande contribue à fouetter les cours du brut. Ben Tscocanos, analyste chez Standard and Poor’s, juge qu’un baril à 80 dollars, comme actuellement, est la dernière étape avant les 100 dollars, car l’OPEP n’a pas les capacités nécessaires pour augmenter sa production. Une crise avec l’Iran (quatrième exportateur mondial), dont le programme nucléaire essuie les réprobations de l’Occident, ou une perturbation de l’offre suffirait pour porter le baril au niveau du seuil fatidique des 100 dollars. S’il reconnaît qu’un facteur comme l’instabilité au Moyen-Orient peut contribuer à une poussée des cours du brut, Bart Melek (BMO Capital) ne voit pas le seuil fatidique des 100 dollars franchi dès 2008. M. Melek estime pour sa part que les prix devraient fluctuer autour des 90 dollars l’an prochain. Les analystes s’accordent pour dire que les facteurs qui empêchaient jusqu’ici l’envolée des cours s’estompent peu à peu: les commentaires mettant en avant les percées technologiques – supposées permettre l’exploitation de champs pétrolifères difficiles – ou la stabilisation de la demande sous l’effet de prix élevés « font maintenant place à des mises en garde concernant un éventuel épuisement », relève M. Tscocanos. AFP
La Turquie fustige le vote au Congrès US sur le « génocide » arménien
AFP, le 11 octobre 2007 à 11h32 Par Burak AKINCI ANKARA, 11 oct 2007 (AFP) – La Turquie a fermement dénoncé jeudi l’adoption par une commission du Congrès américain d’un texte qui reconnaît le « génocide » arménien sous l’empire ottoman, susceptible de porter atteinte aux liens bilatéraux déjà mis à mal par l’Irak. La Turquie nie catégoriquement l’étiquette de « génocide » pour la mort de centaines de milliers d’Arméniens après 1915 sous l’Empire ottoman auquel à succédé la Turquie en 1923 et parle de représailles contre un peuple qui s’est allié avec l’ennemi russe en pleine première Guerre mondiale. Le texte, adopté mercredi par 27 voix contre 21, doit à présent être envoyé à la Chambre pour un possible vote en séance plénière. Le président turc Abdullah Gul a qualifié d' »inacceptable » ce texte, qui fait fi des avertissements d’Ankara et de ceux du président George W. Bush qui, inquiet de représailles turques, avait mobilisé tout son gouvernement contre la résolution. Ce vote tombe à un très mauvais moment alors que les Turcs font des plans pour intervenir militairement en Irak contre les rebelles séparatistes kurdes de Turquie (PKK) qui utilisent le nord de ce pays pour mener des attaques contre les forces turques. L’intervention en 2003 des troupes américaines en Irak voisin et musulman avait provoqué des sentiments anti-américains en Turquie, dont le Parlement avait refusé d’autoriser le passage des unités américaines par son sol pour envahir le nord de ce pays. Les Américains n’ont pas oublié ce camouflet venant d’un pays allié de l’Otan et ont depuis noué de proches relations avec les factions kurdes qui administrent le nord de l’Irak. Dans cette zone le PKK a établi des sanctuaires sous l’oeil bienveillant de Washington et des Kurdes d’Irak, selon Ankara. La recrudescence des activités du PKK, organisation terroriste pour Ankara et Washington, et les pertes dans les rangs de l’armée turque ont exaspéré le gouvernement d’Ankara. Ce dernier, pressé par une opinion publique en émoi, a finalement décidé d’écouter ses généraux qui veulent anéantir ces bases implantées dans la montagne irakienne malgré l’opposition affichée de Washington et de Bagdad. M. Erdogan a expliqué mercredi soir sur une chaîne de télévision qu’un texte autorisant l’envoi pour un an de soldats à l’étranger, en l’occurrence l’Irak, devait être remis dès jeudi au Parlement pour un vote qui interviendrait la semaine prochaine. Il a cependant indiqué qu’aucune opération militaire n’était prévue dans l’immédiat, les Turcs voulant d’abord utiliser l’arme de la dissuasion. Par la voix de ses dirigeants, le Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir), a mis en garde Washington sur les conséquences de l’adoption de la résolution controversée. Egemen Bagis, vice-président de l’AKP actuellement à Washington pour faire du lobbying contre ce texte, a menacé de ne plus mettre à la disposition des Etats-unis la base aérienne d’Incirlik (sud). Cette base est la plaque tournante des matériels américains vers l’Irak et l’Afghanistan. Par elle transitent 70% du ravitaillement aérien destiné à l’Irak, un tiers du carburant et 95% des engins blindés. Mais Ankara veut espérer encore que le texte n’ira pas plus loin. « Nous espérons encore que la Chambre des représentants aura assez de bon sens pour ne pas faire avancer davantage cette résolution », a déclaré le gouvernement dans un communiqué. « Faire avancer cette résolution qui mettra en péril dans une période extrêmement sensible un partenariat stratégique (…) sera une attitude irresponsable », estime Ankara qui ajoute qu' »il est inacceptable que la nation turque soit accusée d’un crime qu’elle n’a jamais commis au cours de son histoire ». La presse turque ne mâche pas ses mots jeudi à l’égard des élus américains qui ont voté le texte: « 27 imbéciles américains », écrit le journal Vatan.