1 mars 2007

Home – Accueil الرئيسية

TUNISNEWS
7 ème année, N° 2474 du 01.03.2007

 archives : www.tunisnews.net


C.R.L.D.H. Tunisie:Pour la libération  immédiate et inconditionnelle de Me MOHAMED

ABBOU

Reporters sans frontières: Mohammed Abbou entame sa troisieme annee de prison – Reporters sans frontieres manifeste devant l’office du tourisme tunisien
International Press Institute Calls On Tunisian Government to Release Mohammad Abbou

LE site du CPJ : Tunisian Internet writer still jailed after two years

C.R.L.D.H. Tunisie: Pour le droit de Maître Jalel Zoghlami d’exercer sa profession

Strategy Page: Al Qaeda Smuggling Operation Busted
Libération: Libe.fr censuré en Tunisie
L’Audace: Violence d’Etat et violence de la rue
Taoufik BEN BRIK: En 2009, je «vote» pour Ben Ali
Mokhtar Trifi: Mise au point
Ridha KEFI : Tunisie : le syndrome du parti-Etat

Webmanagercenter: Tunisie-Iran: Mission d’hommes d’affaires iraniens à Tunis Webmanagercenter: Le Maghreb «des petits» fonctionne bien 

Le Monde: Liban : la fracture entre chiites et sunnites


URGENT … A NOS ABONNES ET LECTEURS

Les comptes e-mail tunis.news@hotmail.com, tunis.news2@hotmail.com, tunis.news2@hotmail.com, tunis.news3@hotmail.com et tunis.news4@hotmail.com  à partir desquels nous envoyons chaque jour notre newsletter à une partie de nos abonnés  viennent d’être fermés. Nous appelons tous nos abonnés et lecteurs à ne plus envoyer de mails sur les adresses en question et d´envoyer uniquement aux adresses électroniques suivante : tunisnews@yahoo.fr et redaction@tunisnews.net

La rédaction d eTUNISNEWS Le 1er mars 2007


C.R.L.D.H. Tunisie Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme  21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34 contact@crldht.org / www.crldht.org              

Pour la libération  immédiate et inconditionnelle de Me MOHAMED ABBOU

 
  A l’occasion du 2ème anniversaire de l’incarcération de Me Mohamed ABBOU, Reporters sans frontières (RSF) a organisé, le jeudi 1er mars 2007 à 10h30, un rassemblement devant l’Office tunisien du tourisme à Paris pour dénoncer son maintien arbitraire en détention depuis 24 mois pour avoir publié sur Internet deux articles critiquant la politique sécuritaire et répressive du président Ben Ali.   Les manifestants  ont affiché le portrait de la victime sur les vitres de l’office et brandi des banderoles réclamant sa libération.   Le CRLDHT a participé au rassemblement aux côtés de M. Robert Ménard et des militants du RSF en la personne de son président M.Kamel Jendoubi et sa secrétaire générale Mme Fatma Bouamaied Ksila. Le CRLDHT s’associe à RSF pour dénoncer l’injustice qui frappe un défenseur des droits humains connu pour son intégrité et son dévouement en faveur des victimes de la  répression et pour exiger sa libération immédiate et l’arrêt de toute politique de harcèlement qui vise la famille Abbou et notamment son épouse, Mme Samia Abbou.    Maître Mohamed Abbou a été condamné pour avoir exprimé librement ses opinions.  Sa condamnation à trois ans et demi de prison ferme illustre l’absence d’une justice indépendante. Son procès a été, selon tous les observateurs présents, une parodie de justice, sans interrogatoire ni plaidoiries et où les droits de la défense ont été violés systématiquement. Le cas de Me Mohamed ABBOU cristallise les principales violations des droits humains que connaît la Tunisie aujourd’hui. En exigeant sa libération, nous exigeons en même temps la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinions détenus arbitrairement dans les prisons tunisiennes et qui se comptent par centaines, dont certains vivent l’isolement  depuis plus de seize ans ; nous exigeons aussi  la levée de toute forme de censure sur la liberté d’expression et celle de la presse ainsi que la levée de toute tutelle de l’exécutif sur la Justice. Rappelons qu’en novembre 2005, le Groupe de travail sur les détentions arbitraires des Nations Unies a conclu que la détention de Mohammed Abbou était effectivement arbitraire et constituait une violation de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme ainsi que de l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le Groupe a également engagé le gouvernement tunisien à respecter les normes internationales concernant le cas de Mohammed Abbou.                                   Paris, le 1er mars 2007.

 
1er mars 2007 Reporters sans frontières TUNISIE

MOHAMMED ABBOU ENTAME SA TROISIEME ANNEE DE PRISON : REPORTERS SANS FRONTIERES MANIFESTE DEVANT L’OFFICE DU TOURISME TUNISIEN

Des militants de Reporters sans frontières se sont rassemblés, le 1er mars à 10h30, devant l’office du tourisme de Tunisie à Paris, pour dénoncer le maintien en détention de l’avocat Mohammed Abbou, emprisonné depuis exactement deux ans pour avoir critiqué le président Ben Ali dans des articles publiés sur Internet. Une vingtaine de membres de l’organisation, suivis de journalistes, ont collé des affiches à l’effigie du cyberdissident sur les vitres de l’agence et brandis des banderoles réclamant sa libération. « Mohammed Abbou est un prisonnier personnel du président tunisien, dont il dénonçait la politique répressive et la corruption. Son emprisonnement, et le harcèlement permanent dont est victime sa famille, n’a que trop duré. Il faut montrer aux touristes le vrai visage du régime tunisien. Car l’envers de la carte postale, c’est un Etat policier qui n’hésite pas à emprisonner les internautes qui s’opposent à lui. L’anniversaire de l’arrestation de Mohammed Abbou doit être l’occasion pour les diplomates de hausser le ton envers la Tunisie et notamment de demander la levée des mesures de filtrages mises en place contre les sites d’informations indépendants », a déclaré Reporters sans frontières. La façade de l’office du tourisme a été entièrement recouverte d’affiches portant des inscriptions telles que « Tunisie, terre de répression » ou « Mohammed Abbou, deux ans ça suffit ». Les militants de l’organisation, accompagnés de membres d’associations de défense des droits de l’homme tunisiennes, ont scandé « Libérez Abbou » pendant près d’une heure devant le bâtiment. Mohammed Abbou L’avocat Mohammed Abbou été arrêté il y a deux ans, le 1er mars 2005, puis  condamné, quelques semaines plus tard, à trois ans et six mois de prison. Il est accusé d’avoir publié sur le site Tunisnews, en août 2004, un article dans lequel il comparait les tortures infligées à des prisonniers politiques en Tunisie aux exactions de soldats américains à Abou Ghraib. Toutefois, selon de nombreux observateurs présents au procès, sa condamnation serait due en réalité à un autre article, publié sur Internet quelques jours avant son arrestation, dans lequel il critiquait l’invitation faite à Ariel Sharon d’assister à un sommet de l’ONU organisé à Tunis et dénonçait, sur un ton ironique, la corruption de la famille du Président. Pour alourdir la sentence, le dossier d’accusation a été étoffé, quelques jours avant l’audience, d’une prétendue « agression » à l’encontre de l’une de ses consoeurs, un incident qui se serait produit près de deux ans avant son arrestation. Depuis l’incarcération de Mohammed Abbou, sa femme, Samia, et ses trois enfants sont l’objet d’un harcèlement permanent de la part de la police. Ils sont suivis dans tous leurs déplacements et sont régulièrement victimes d’insultes et de menaces. Chaque fois qu’ils tentent de rendre visite à l’avocat, détenu à 170 kilomètres de leur domicile, ils sont interpellés sur le chemin menant à la prison et parfois molestés. La Tunisie, 148e sur 168 du classement mondial de la liberté de la presse Les engagements du président de la République Zine el-Abidine Ben Ali en faveur d’une plus grande liberté de la presse ne sont que de la poudre aux yeux. Le pluralisme de l’information n’existe pas et les sites Internet dénonçant la politique du gouvernement tunisien sont systématiquement censurés. La libéralisation de l’audiovisuel est un mensonge et la censure administrative est toujours utilisée pour empêcher la création de médias indépendants. Pour plus d’informations sur la liberté de la presse en Tunisie, consultez le rapport publié en 2005 par Reporters sans frontières : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=14253  

Tunisian Internet writer still jailed after two years

New York, February 28, 2007—The Committee to Protect to Journalists today called on Tunisia to free an Internet writer jailed two years ago for Web articles that criticized President Zine El Abidine Ben Ali and described torture in Tunisian prisons. Secret police in Tunis arrested Mohamed Abbou, a human rights lawyer and contributor to the Tunisnews Web site, on March 1, 2005, just hours after the site posted his article about Ben Ali. The piece denounced Ben Ali for inviting Israeli Prime Minister Ariel Sharon to the World Summit on Information Society, a U.N.-sponsored forum on Internet governance, and compared the Tunisian leader to his Israeli counterpart. In the Arab world, such a comparison is highly negative. Authorities had already been angered by Abbou’s earlier work, which included a piece in which he compared torture in Tunisia’s prisons to that committed by U.S. military guards at Iraq’s infamous Abu Ghraib, according to human rights lawyers and advocates. On April 28, 2005, a Tunisian court sentenced Abbou to three and a half years in prison for « defaming the judicial process » and for an assault allegation that was directly contradicted by eyewitnesses. An appellate court upheld the sentence in June 2005. Tunisia’s executive branch exerts great influence over the judiciary, using the court system as a tool to punish critics, CPJ research shows. “Mohamed Abbou’s continued imprisonment is an outrage that highlights Tunisia’s awful press freedom record,” said CPJ Executive Director Joel Simon. “If Tunisia supports human rights, as it likes to tell the world, then it should abide by international standards of justice.” Abbou is currently imprisoned in El-Kef, about 125 miles (200 kilometers) from his home in Tunis, making family visits difficult. His wife, Samia, his lawyers, and friends have been harassed by Tunisian police and assaulted by men thought to be affiliated with the government. Since his imprisonment, Abbou has gone on several hunger strikes to protest his imprisonment, his harassment by prison guards, and the intimidation of his family, lawyers, and friends. In November 2005, the Working Group on Arbitrary Detention of the United Nations concluded that the detention of Mohammed Abbou was arbitrary and in violation of Article 19 of the International Covenant on Civil and Political Rights. It reminded the Tunisian government of the need to abide by international standards of free expression and due process. Despite this record, Tunisia was named a member of the U.N. Human Rights Council when the panel was established in June 2006. A December 2006 CPJ analysis found that Internet journalists are being jailed in increasing numbers worldwide. CPJ outlined widespread repression of the Tunisian news media in a December 2005 special report and in the new edition of its book, Attacks on the Press. (Source: LE site du CPJ 28 fevrier 2007) Lien:  http://www.cpj.org/news/2007/mideast/tunisia28feb07na.html


IPI Calls On Tunisian Government to Release Mohammad Abbou

PRESS RELEASE

 
Vienna, 1 March 2007 On the Second Anniversary of His Imprisonment, IPI Calls on the Tunisian Government to Release Mohamed Abbou The International Press Institute (IPI), the global network of editors, leading journalists and media executives in over 120 countries, strongly condemns the continued imprisonment of Internet writer and human rights lawyer Mohamed Abbou, who has been jailed for exercising his right to freedom of expression. IPI joins with the National Council for Liberties in Tunisia (CNLT) and with other members of the IFEX Tunisia Monitoring Group (TMG) in calling on Tunisian President Zine El Abidine Ben Ali to authorize Abbou’s immediate release. Arrested on 1 March 2005, Abbou is currently serving a three and a half year prison sentence in connection to articles posted online in which he criticised Tunisian authorities. One of the articles in question, which compared torture committed against political prisoners in Tunisia to abuses carried out by U.S. soldiers in Iraq’s Abu Ghraib prison, was published on the Tunisnews Web site in August 2004. On 28 February 2005, Abbou posted another article on the same site, in which he voiced criticism of President Ben Ali. Abbou was charged under both the press and penal codes for « publishing false reports inclined to disturb the public order, » « insult to the judiciary » and « inciting the population to break the country’s laws ». His sentencing was announced on 29 April 2005 and later upheld by an appeals court in a 10 June 2005 hearing that international observers deplored as a « sham trial » during which neither Abbou, nor his lawyers, were allowed to contest the charges against him. Abbou has been jailed under harsh conditions at El Kef prison. According to reports from family members who have visited him, guards have beaten Abbou and prison administration have incited other prisoners to harass him. Since his imprisonment, Abbou’s wife and family have been repeatedly harassed and threatened by security forces. Commenting on Abbou’s incarceration, IPI Director Johann P. Fritz said: « The imprisonment of Abbou and other opposition voices in Tunisia demonstrates that President Ben Ali remains committed to muzzling voices of dissent and to keeping his critics behind bars. » « The Tunisian authorities are seeking to bolster the country’s international image by espousing a commitment to human rights reform, but on the ground, little change is being seen and press freedom violations occur with alarming frequency. We call on President Ben Ali to demonstrate his commitment to reform by authorizing the immediate and unconditional release of Mohammed Abbou. » For more information please contact IPI Middle East and North Africa Coordinator, Catherine Power at cpower@freemedia.at ________________________________ International Press Institute (IPI) Spiegelgasse 2/29 A-1010 Vienna Austria Tel:  + 431-512 90 11 Fax: + 431-512 90 14 E-mail: ipi@freemedia.at http://www.freemedia.at IPI, the global network of editors, media executives and leading journalists, is dedicated to the furtherance and safeguarding of press freedom, the protection of freedom of opinion and expression, the promotion of the free flow of news and information, and the improvement of the practices of journalism.  


C.R.L.D.H. Tunisie Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme  21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34 contact@crldht.org / www.crldht.org

              Pour le droit de Maître Jalel Zoghlami d’exercer sa profession

 
Opposant politique et dirigeant politique de l’Organisation Communiste Révolutionnaire (OCR) de longue date,  Jalel Zoghlami a connu à maintes reprises les emprisonnements, les arrestations, les agressions de tout genre et la clandestinité. Il a été depuis des années victime d’une grande machination politique et judiciaire qui n’en finit pas. Cette fois, c’est son droit d’exercer sa  profession d’avocat qui est bafoué.    Après avoir rempli toutes les conditions requises, et après s’être inscrit au barreau de Tunis le 25 novembre 2005 par le Conseil National de l’Ordre des avocats, Maître Jalel Zoghlami devait bénéficier  de son droit à exercer sa profession comme tout avocat tunisien . Or, le Procureur Général auprès de la Cour d’Appel de Tunis, sur ordre du pouvoir politique tunisien,  a fait appel de cette décision afin d’empêcher Maître Zoghlami d’exercer son métier et le priver ainsi de son gagne pain.   Cette nouvelle affaire survient dans un climat d’étouffement politique sans précédent et notamment au niveau de l’état des droits et des libertés dans le pays; une grave dégradation enregistrée le lendemain des confrontations armées que la pays a connu depuis moins de deux mois.    Dans ce cas précis, comme dans tant d’autres, la justice est de nouveau utilisée par le pouvoir de Ben Ali pour régler ses différends politiques et faire taire toute voix dissidente. Pour Jalel Zoghlami, le cauchemar dure depuis longtemps puisqu’il a été arbitrairement emprisonné à plusieurs reprises  au cours de ces dernières années  afin de le sanctionner pour ses opinions et ses activités politiques. Le CRLDHT condamne la décision politique du ministère de la justice de punir Maître Jalel Zoghlami  et de le priver de son droit d’exercer.   Le CRLDHT s’élève contre l’arbitraire qui s’abat depuis plusieurs années contre Jalel et sa famille et exige  l’intégration sans condition de maître jalel Zoghlami au barreau de Tunis. 
 
Le CRLDHT Le : 01/03/07

Al Qaeda Smuggling Operation Busted

February 26, 2007: Tunisian police believe that al Qaeda has moved its headquarters from Algeria to Tunisia. There have been more arrests of Islamic terrorists in Tunisia lately, and the Tunisian population is not as alert to, and hostile towards, Islamic terrorists as most Algerians are. Terrorists are finding another danger in Algeria, the growing use of cell phones. While seemingly a boost for terrorists, in practice, cell phones make it much easier for a hostile population to turn in terrorists, and to alert police to terrorist operations in progress. Two years ago, there were only 50,000 cell phone users in Algeria, now there are 21 million. Cell phones have figured in several recent successful counter-terror operations.  February 25, 2007: Algerian police have rounded up 27 men responsible for a cache of weapons (165 shotguns, 995 rounds of ammo, and $36,000 in cash) found in the port of Constantine on February 11. The weapons were, as suspected, brought into the country by al Qaeda. While 24 of those arrested were Algerians, it was a Tunisian man who financed the operation. A Frenchman drove the weapons into the country, hidden inside his recreational vehicle. Police have identified another 14 members of the smuggling ring, who are still at large. The weapons smuggling operations earlier brought bomb making materials into the country. (Source: le site “StrategyPage, (USA), consulté le 28 février 2007) Lien : http://www.strategypage.com/qnd/algeria/articles/20070226.aspx Présentation du site : StrategyPage provides quick, easy access to what is going on in military affairs. We cover armed forces world wide, as well as up to date reporting on wars and hotspots wherever they may be. All the news you need, written so that it fits into the time you have for it. The information is organized logically, with categories for different weapons systems (armor, artillery, naval aviation, etc.). We also cover the software of war, often ignored items like leadership, peacetime operations, intelligence, information warfare and the like. And we keep the information online, with archives going back to the early 1980s. A search capability gives you quick access to whatever you need. We put it all in context with military history, maps, country background and useful links. Editor in Chief Jim Dunnigan Contributing Editor Quick & Dirty Guide to War and On Point columnist Austin Bay Senior Editor and CIC columnist Al Nofi Publisher and StrategyWorld.com President Dan Masterson NOTE ON SOURCES: StrategyPage makes use of a wide variety of news and information sources. Even in this age of the internet wire services remain the frontline of reporting. Reuters, AP, and UPI are key sources for breaking news. Agence France Press (AFP) does a particularly fine job covering Africa (and given France’s deep involvement in west and central Africa, that focus should follow). StrategyPage also draws on several web-based sources. For example, the Institute for War and Peace Reporting (IWPR)does a bang up job on the Balkans. Radio Free Europe’s (RFE) various web updates (which cover stories RFE broadcasts) do the same for eastern Europe and the former Soviet Union. The Economist definitely leads the news magazines on quality of international coverage. StrategyPage mines the « defense and military » press, Janes, Army, Parameters, Armed Forces Journal – that list goes on to include several nation-specific publications from non-NATO states. When it comes to air and missile tech, Aviation Week is still Aviation Leak. The Wall Street Journal, New York Times, The Sunday London Times, and other major international newspapers occasionally provide good leads on military issues. The Washington Times military reporting is very useful, as is the Stars and Stripes. The Miami Herald’s beat is the Caribbean and South America. The South China Morning Post is a window on China. The « information net » can draw even finer. For example, The San Antonio-Express News is a regional U.S. newspaper particularly valuable for coverage of Mexico and Central America. The proliferation of websites -from terrorist groups to NGOs to news networks- offers the analyst a wealth of information. Even when the info is contradictory it can still be a useful guide to evaluating aims and strategies of participants in conflicts. Finally, there’s « our gang. » Over the years we have assembled an interesting cadre of friends and acquaintances. A number of them have military or foreign service experience. Many of these people started out as wargamers- an excellent background for getting a handle on a developing crisis. These sources are quick with advice and quick with critique. They’ve also proven to be reliable. When they miss, they don’t miss by much. And with the proliferation of internet access and cell phones, we often get reports from our gang while the bullets are still flying. Lien: http://www.strategypage.com/aboutus/default.asp


Libe.fr censuré en Tunisie

Le site est bloqué depuis le 21 février, date de la publication dans Libération d’une tribune par le journaliste Taoufik Ben Brik, qui dressait en pages rebonds un portrait acerbe du président tunisien Ben Ali • Par Fabrice Rousselot   Libération.fr est censuré en Tunisie. C’est ce qu’a révélé mardi Reporters sans Frontières, qui précise que le site est bloqué depuis le 21 février, date de la publication dans Libération d’une tribune par le journaliste Taoufik Ben Brik, qui dressait en pages rebonds un portrait acerbe du président tunisien Ben Ali. Une édition du Monde et deux numéros du Nouvel Observateur ont également été récemment interdits de diffusion en Tunisie, eux aussi pour avoir publié des articles de Taoufik Ben Brik.    C’est Ben Brik lui même qui a prévenu RSF. Opposant déclaré au régime de Ben Ali, il avait fait une grève de la faim en 2000 pour demander la restitution de son passeport qui lui avait été confisqué. L’association a ensuite vérifié les informations avec ses correspondants sur le terrain. Les internautes tunisiens qui veulent consulter le site de Libération depuis le 21 février voient ainsi apparaître le message «erreur 404»    «Après trois ans de silence, Taoufik Ben Brik s’est remis à écrire et, visiblement, cela n’est pas du goût des autorités tunisiennes. Aucun de ses articles n’a pu être diffusé dans le pays», souligne RSF. «Il faut dire que le régime du président Ben Ali est passé maître dans l’art de filtrer l’information et d’empêcher la circulation de toute critique à son égard», ajoute l’organisation.    Selon RSF, douze éditions du Monde ont été censurées en 2006, la plupart du temps parce qu’elles contenaient des articles sur la Tunisie, et depuis le début de l’année 2007, sa distribution est très irrégulière.    Libération s’élève formellement contre cette censure et demande de nouveau un accès libre à son site d’information. (Source : LIBERATION.FR, le mercredi 28 février 2007) Lien : http://www.liberation.fr/actualite/medias/237727.FR.php

Violence d’Etat et violence de la rue

 
par Slim Bagga Parmi les reproches adressés à « L’Audace » tout au long de ces quatorze années, son ton cinglant, ses critiques acerbes et sans ménagement, sans dénonciation sans mesure des clans mafieux, et notamment celui de Leïla Trabelsi, l’épouse du Général. Nous ne comptons plus les gens « bien intentionnées » qui ont pris langue avec le journal pour nous conseiller de ménager le Président et son épouse et de mettre de l’eau dans notre…encre. Certains sont allés même jusqu’à nous proposer de nous alimenter en dossiers et informations compromettants pour des ministres et des personnalités dites influentes. Ce que, bien sûr, nous avons refusé car nous considérons que l’origine du mal se situe à Carthage, au sein du couple présidentiel qui a permis à la gangrène de se nourrir et de s’élargir. Signe patent de la schyzophrénie régnante au pouvoir, ce dernier lâche ses serviteurs pour tenter de nous amadouer en même temps qu’il use de toute son influence au plan diplomatique pour faire interdire « L’Audace » en France. L’accusation d’être un journal à la solde des islamistes d’Ennahdha qui le financerait et celle selon laquelle je serais moi-même membre de la branche européenne d’El Qaïda ayant fait long feu, le voilà qui nous accuse de subversion et d’appel à la violence. Alors, la violence parlons-en! Si nous avons toujours condamné de la manière la plus ferme tout acte et toute forme de violence, il nous est arrivé de nous interroger sur sa légitimité dans certains cas bien définis. Que peut-on attendre, en effet, d’une dictature sanguinaire et sourde à toutes les sonnettes d’alarme tirées par la société civile tunisienne et de nombreuses Organisations internationales de défense des droits de l’homme? La torture, les abus de droit, l’arbitraire étant érigés en système de gouvernement et pratiqués dans l’impunité la plus totale, nous croyons par conséquent que la violence et la désobeïssance de la rue pourraient balayer la dictature. D’ailleurs, qu’avait entrepris Ben Ali lui-même à l’aube du 7 novembre 1987 sinon un acte violent contre le président en exercice Bourguiba, acte que tout un peuple a légitimé croyant naïvement que l’Etat de droit pouvait être rétabli par un imposteur? Conséquence: deux décennies de dictature avec leur lot de morts sous la torture, de femmes violées et humiliées, d’enfants terrorisés, de familles entières déchirées. Les privations de passeports se comptent par milliers, des exilés éparpillés dans 70 pays, un racket institutionnalisé menaçant quotidiennement les producteurs de richesses. Avec l’opposition et la presse que l’on sait, qui donc sinon la rue pourrait mettre fin à ce cauchemar? On l’a vu dans l’Indonésie de Suharto, en Ukraine………………………………….. et même autrement en Mauritanie: aucun régime militaire ni policier ne résiste longtemps à la colère de la rue lorsqu’on n’en contrôle plus les mouvements. Par sa politique aveugle de répression et du fait du pillage systématique des richesses du pays par le clan de son épouse principalement, Ben Ali a jeté lui même les fondements d’une telle issue et écrit le scénario de sa propre chute. La Tunisie est une sorte de cocotte-minute qui explosera à la face de la dictature. Seuls Ben Ali et ses thuriféraires refusent de voir la vérité…   (Source : L’Audace (Mensuel tunisien d’opposition – Paris), numéro 145, mars 2007, La plume déchainée page 32)


 
Je vote pour Ben Ali parce qu’il gère le pays sans accroc. A coups de pied.

En 2009, je «vote» pour Ben Ali

Par Taoufik BEN BRIK (*) «Est ce que Ben Ali est partant en 2009 ?­ Oui… il est partant pour un autre mandat.»Par les temps qui courent, la frustration accumulée, la dignité bafouée, les Tunisiens n’ont que le sarcasme pour précipiter ce qui sera dit plus tard. Le regard de la rue, ce moulin à rumeurs, se révèle toujours pénétrant, et c’est pourquoi, si souvent, il tape en plein dans le mille.                       Grâce à la nouvelle Constitution, refondée en mai 2002, «le président de la République est rééligible». Résultat, Ben Ali, dont le troisième mandat se terminait en 2004, pourrait se présenter au moins encore deux fois. Ainsi, Ben Ali nous condamne à supporter son Olympe. Il s’est muré vif, et nous avec, dans ce sarcophage qui lui donne les suprêmes pouvoirs et une immunité intemporelle. Un superprésident. El Président. L’immortalité au bout. Ben Ali est maître d’un pouvoir au-delà de toute Constitution. Et c’est ce qui anime ma passion. Je suis fan. C’est mon Maradona. Mon Marlon Brando. Ma Maria Callas. Je ne sais pas pourquoi, on en fait des histoires de ses scores de mutant (99,99 %). On oublie toujours que Ben Ali a la structure mentale d’un athlète de haut niveau. D’un recordman. Un Bubka. Un Carl Lewis. A chaque rendez-vous, il se doit de battre son propre record. Il ne se disperse pas. Il n’a pas mille et une destinations. Sa seule ambition (son dream ) est de tendre comme un arc son pouvoir, qui est déjà absolu, jusqu’à atteindre l’au-delà du Reich. Je «vote» pour Ben Ali parce qu’il est le Tunisien le plus cohérent. Il ne s’est jamais départi de ses positions. Il orchestre depuis son accession, avec la même baguette. Voici votre part : la vie à crédit. Je me contente du reste. Il a gardé pour lui la liberté d’expression, la liberté d’organisation, l’indépendance de la justice, l’alternance. La vie comme une créance enfermée à double tour. Ben Ali se meut à l’aise. Tunis est restée tout entière entre ses mains. Il n’a pas de crampes. Le pays marche. Sans gazole. Je vote pour Ben Ali, parce que, excepté les mois de liesse où des enfoirés remontent la presse étrangère contre lui, il a su remettre à leur place les commerçants, les imams et la petite bourgeoisie scolarisée. Il s’est aperçu que mieux vaut s’allier avec les grandes fortunes que de les voler. Ce qui l’intéresse chez les bourgeois, ce ne sont pas leurs bonnes manières mais leurs facultés à transformer le pouvoir en argent. Je vote pour Ben Ali, parce qu’il gère le pays sans accroc. A coups de pied. Il a affaire à une ménagerie docile : des islamistes timorés, des staliniens préhistoriques, des trotskistes alcooliques, des nationalistes qui ont le Livre vert de Kadhafi sur la commode, un ramassis de régionalistes et des petits chefs de bande sans passion ni patience. Ils se bourrent d’amphétamines. Ils montent des plans foireux, créent des partis sans partis, rêvent d’une invitation au palais et veulent léguer à leurs petits-enfants le titre de vizir. Ces collabos de la première heure et opposants de la vingt-cinquième heure ont besoin d’une bonne cuite. Tu ne peux rien tirer d’eux tellement ils sont lisses, sauf peut-être une photo de groupe bien retouchée. Il suffit de vociférer à leur encontre : «Rentre» pour avoir la paix. Je vote pour Ben Ali, par manque d’êtres qui vibrent, qui bravent le danger, la cruauté, la haine, le malheur, et ramènent le pays au pays. Je vote pour Ben Ali. C’est ma crapule, l’ignoble père Karamazov, cette canaille raffinée. Et, nous tous, nous sommes ses fils, Aliocha, Ivan et Dimitri ses victimes et ses parricides. Tyrannicides ? Pauvres Gens de Dostoïevski… (*) Auteur de « Ben Brik président » suivi de « Ben Avi la momie » . Exils (2003). (Source : LIBERATION (Quotidien – France, le 21 février 2007) Lien : http://www.liberation.fr/rebonds/236349.FR.php

توضيـــح
نشـرت جريـدة « الواشنطن بوست » الأمريكية يوم 13 فيفري 2007 مقالا بإمضاء الصحفية آن آبلبـوم استهلته بسؤال نسبته إليّ ويفهم منه دعوة للتدخل الأمريكي في تونس لفرض الديمقراطية، وقد وجهت التكذيب التالي( والأصل كان باللغة الفرنسية) للصحفية المذكورة وذلك بتاريخ 23 فيفري2006.فأجابت السيدة آبلبـوم  يوم 25 فيفري 2006 برسالة يوجد نصها مرفقا(الأصل بالانقليزية) وقد تولى الصديق مسعود الرمضاني ،مشكورا ،الترجمة من والى الانقليزية.  

المختار الطريفي

Dear Madam: First, I would like to thank you for giving me the opportunity to express my opinion concerning the problems of democracy and human rights in my country, Tunisia . Also, I am thankful for the publication of most of our conversation in the “ Washington post” – the February 13, 2007 issue – However, I would like to draw your attention to an unintentional misunderstanding which has twisted my remarks. In fact, your article begins with a question which could be interpreted as a request or a call for an American intervention to support democracy in Tunisia . However, the gist of our conversation was totally the opposite. Moreover, I insisted on the double standard policy followed by the American Administration, citing the examples of Iraq and Palestine . I said that the use of terms such as “freedom”, “democracy”, “human rights” and “fight against terrorism” to justify the occupation of Iraq and the unconditional support to the Israeli aggressions against the Palestinians spoil these noble ideals and discredit the American Administration in the eyes of people in the region. Furthermore, I insisted on the fact that this American double standard policy is also conspicuous when dealing with different regimes: it threatens and sometimes pulls the sword in face of regimes which are not allied to its policy, denouncing the lack of democracy in their countries but, it continues to support unconditionally the allied regimes even if they have no respect for democratic ideals, and no belief in human rights. The only condition is that these regimes preserve the American interests. Nonetheless, like all the democrats in the world, I do hope that democracy and human rights become the most important components of the American Interior and Foreign Policy and that they would not be used as arms serving only the US interests and those of its allies at the expense of peoples and states that refuse the US domination. Ultimately, I would be grateful should you clarify the above points to your readers and rectify what could otherwise be misunderstood. Looking forward to hearing from you, Yours sincerely, Mokhtar Trifi. (Ci dessous le texte en français) Chère  Madame, Tout d’abord permettez moi de vous remercier de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer sur les problèmes de la démocratie et des droits de l’homme dans mon pays, La Tunisie , et d’avoir publier l’essentiel de notre conversation dans le  « Washington Post » du 13 Février 2007, néanmoins je voudrais attirer votre attention sur un contre sens, certainement involontaire, qui a dénaturé mes propos. En effet votre article commence par une question qui pourrait être comprise comme étant une demande ou un appel de ma part à l’intervention américaine en Tunisie pour soutenir la démocratie. Or toute le teneur de notre conversation allait dans le sens contraire , et j’avais insisté sur la politique  » du double standard  » utilisée par l’administration américaine en matière de politique étrangère et j’avais cité plusieurs exemples comme l’Irak, la Palestine pour dire que l’utilisation de termes comme  » liberté »,  » démocratie », »droits de l’Homme « , « lutte contre la terrorisme « … de la part l’administration américaine pour justifier l’occupation de l’Irak  et le soutien sans faille de l’agression israélienne contre le peuple palestinien , dessert ces nobles idéaux et décrédibilise cette administration aux yeux des peuples de notre région . Aussi avait-je insister sur le fait que l’administration américaine, et toujours dans le cadre de sa politique des  » deux poids deux mesures  » lève la voix et parfois l’épée contre les régimes qui ne sont pas ses alliés en argument du manque démocratie dans leurs pays, mais continue à apporter un soutien sans faille à des régimes  alliés qui ne respectent nullement les principes démocratiques et de droits humains pourvus qu’ils continuent à veuillez   sur les  » intérêts américains « . Et j’espère toujours, comme tous les démocrates de ce monde, que la démocratie et les droits de l’Homme deviennent des éléments déterminants dans la politique intérieure et étrangère des États Unis et qu’ils ne soient pas utilisés comme armes pour servir les seuls intérêts des États Unis et de leurs alliés  au détriment des peuples et des États qui refusent la domination américaine. Je vous prie de bien vouloir apporter ces précisions à vos lecteurs et rectifier ce qui m’a été prêté comme propos. Veuillez agréer Chère Madame mes salutations distinguées.                                            Mokhtar Trifi  Ci dessous la réponse de Mme Applebaum en date du 25 .02.2007
Dear Mr Trifi, Many thanks for your letter. I am glad you saw the article, which I sent to you but was not absolutely sure you received. I am also sorry that you didn’t agree with it, but I think in fact there has been a misunderstanding on your part: In fact I was not arguing for « intervention » in Tunisia . And I do agree with you, that American democracy rhetoric sounds very hypocritical in the Arab world, as I have written many times before. What I was saying is that we should have long ago interested ourselves in democrats like yourself, rather than thinking we could create democracy in places like Iraq by invading it. I think most Americans would read the article in that light, as being critical of the « democracy promotion » rhetoric coming from  the United States ; that was certainly my intention. If you would like, however, to write a short letter for publication in the Washington Post, I will certainly try to get it printed. But I really don’t think we disagree, and I really don’t think that anyone in  Washington  would have interpreted that article as you did.  Many thanks, Anne Applebaum   (La traduction en français) Cher monsieur Trifi, Je vous remercie de  votre lettre .Je suis contente que vous ayez  lu l’article. Je vous l’ai envoyé mais je n’étais pas sûre que vous l’avez  reçu. Je suis désolé que vous ne soyez pas d’accord sur le contenu de l’article, mais il y a une petite confusion  de votre part. En fait, je n’étais pas en train de plaider pour une intervention américaine en Tunisie. D’autant que, je suis d’accord avec vous que la rhétorique de l’administration américaine concernant la démocratie parait plutôt hypocrite dans le monde arabe, comme je l’ai écris à  maintes reprises avant. Ce que je voulais dire c’est qu’on aurait pu  porter plus d’intérêt à  des démocrates comme vous-mêmes, plutôt qu’imaginer qu’on pourrait bâtir une démocratie dans des pays comme  L’Irak. Je pense que les américains liraient mon article dans ce sens : critique envers la rhétorique de « promouvoir la démocratie », et c’était sûrement mon intention. Toutefois, si vous désirez écrire une courte lettre d’explication, j’essaierai de la publier dans le Washington Post. Mais, je pense que vous et moi sommes du même avis et personne à  Washington n’aurait interprété le contenu de l’article comme vous l’avez fait. Merci beaucoup Anne Applebaum


Tunisie : le syndrome du parti-Etat

Par : Ridha KEFI

Problèmes idéologiques ou manque de leadership, raisons pour lesquelles la scène politique est contrôlée, derrière une façade de pluralisme, par le parti du gouvernement.
La scène politique tunisienne est dominée depuis l’indépendance du pays, en 1956, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), un parti-Etat, autour duquel pivotent des partis satellites, sans réelle envergure, dont le rôle semble être de compléter le décor démocratique.
Par-delà ses spécificités, qui tiennent de l’histoire et de la géographie, la scène politique tunisienne est souvent comparée, toutes proportions gardées, à celle du Mexique, qui fut dominée, elle aussi, entre 1929 et 2000, par le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI).
Tout comme le PRI, le RCD s’est maintenu longtemps au pouvoir – soit 50 ans jusqu’aujourd’hui – grâce à la répression des opposants, les tripatouillages électoraux et la mainmise sur l’Etat, l’économie et les medias. Mais la comparaison s’arrête là. Car, si le PRI, malgré sa domination ou à cause d’elle, a permis l’émergence d’autres grands partis, qui ont fini par le vaincre, le RCD continue de contrôler directement, sous couvert d’un pluralisme de façade, les partis existants ou, à défaut, de les affaiblir, en suscitant en leur sein divisions, dissidences et scissions, de manière à les empêcher de se développer, d’agrandir leur base et de constituer un pôle d’opposition capable de mobiliser les foules autour d’un nouveau projet national.
Le drame de l’élite politique tunisienne réside, d’ailleurs, dans son incapacité à offrir à ses compatriotes d’autres perspectives que cette pérennisation d’un système de parti unique – ou quasi-unique – à la soviétique, dans un emballage de pluralisme arithmétique et de pur apparat, destiné à contenter les partenaires – et bailleurs de fonds – occidentaux. Qui sont d’autant plus disposés à fermer les yeux sur les manquements de leur partenaire en matière de libertés et des droits de l’homme que celui-ci coopère de façon satisfaisante dans la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine et parvient à préserver la stabilité dans ses frontières, tout en poursuivant ses programmes de libéralisation économique.
Le RCD, qui a pris sa dénomination actuelle en 1988, est l’héritier direct du Néo-Destour (Nouvelle Constitution), fondé en 1934 par Habib Bourguiba, leader du mouvement national et premier président de la république, et du Parti socialiste destourien (PSD), qui a succédé à ce dernier en 1964 (toujours sous la direction de Bourguiba). Il est le parti de la majorité depuis un demi siècle. Son président, Zine El-Abidine Ben Ali, qui a succédé à Bourguiba en 1987, a été réélu pour un quatrième mandat successif, en octobre 2004, par plus de 94% des suffrages. Le RCD, qui a été crédité de 87,7% des voix aux législatives de 2004, contrôle actuellement 152 des 189 sièges de la Chambre des députés. En fait, il a la mainmise sur toutes les institutions de l’Etat : outre la Chambre des députés, la Chambre des conseillers, seconde chambre parlementaire créée en juillet 2005, le gouvernement, où les technocrates indépendants se font de plus en plus rares, et les grandes organisations nationales, notamment l’UTICA (syndicat patronal), l’UNFT (principale organisation féminine), l’UNAT (syndicat agricole) et, à un degré moindre, l’UGTT (syndicat ouvrier).
La direction du RCD avance souvent le chiffre de 2 millions de membres encartés (sur une population totale de 10 millions d’habitants), mais ce chiffre nous emble exagéré, même si on pourrait comprendre qu’une grande partie de la population trouve dans la possession d’une carte du parti de la majorité une manière de protection pour ses intérêts, sinon un atout pour faire valoir ses droits ou bénéficier de certains avantages.
A côté du RCD, la scène tunisienne compte six partis dits de «l’opposition parlementaire». Il s’agit plutôt de partis satellites dont les programmes et les discours ne sont guère différents de ceux du parti de la majorité. Appelés aussi « partis administratifs », ils jouent essentiellement un rôle de comparses et bénéficient des prébendes associées à ce rôle. Signe de leur inféodation : leurs leaders et représentants au parlement se hasardent rarement à critiquer le gouvernement et encore moins le président de la république, dont ils ont toujours soutenu la candidature à la magistrature suprême, même lorsqu’ils avaient eux-mêmes leurs propres candidats, comme en 1999 et 2004.
Ces partis sont :
– le Mouvement des démocrates socialistes (MDS), fondé en 1978 et reconnu en 1983 (14 sièges au parlement). – le Parti de l’unité populaire (PUP, socialiste), fondé en 1981 et reconnu en 1983 (11 sièges). Son secrétaire général, Mohamed Bouchiha a été crédité de 3,78% des suffrages à la  présidentielle de 2004, contre 0,31% pour son prédécesseur Mohamed Belhaj Amor, en 1999. – l’Union démocratique unioniste (UDU, nationaliste arabe), fondé et reconnu en 1988 (7 sièges). Son ex-secrétaire général, Abderrahmane Tlili, qui a été crédité de 0,23% des suffrages à la présidentielle de 1999, purge, depuis 2003, une peine de 9 ans de prison pour… malversations commises dans ses fonctions de PDG de l’Office des ports aériens tunisiens (OPAT). Pas très glorieux… – Ettajdid (Renouveau, ex-Parti communiste tunisien), fondé en 1920, à l’époque du protectorat français, interdit en 1963, autorisé de nouveau en 1981, puis refondé et reconnu en 1993 (3 députés). Son candidat à la présidentielle de 2004, Mohamed Ali Halouani, a été crédité de 0,95% des voix. – le Parti social libéral (PSL, libéral), fondé et reconnu en 1983 (1 siège). Son fondateur et ex-secrétaire général Mounir Béji a remporté 0,79% des suffrages à la présidentielle de 2004. – le Parti des verts pour le progrès (PVP, écologiste), fondé en 2005 et reconnu en 2006 (1 siège, remporté par son fondateur Mongi Khammassi sous les couleurs du PSL).
A côtés de ces partis satellites qui profitent des largesses financières du régime et de ses coups de pousse électoraux, le pays compte deux autres partis d’opposition, reconnus mais non inféodés au régime. C’est peut-être pour cette raison qu’ils ne sont pas représentés au parlement et ne bénéficient pas des financements publics prévus par la loi, qui sont pourtant  généreusement accordés aux partis plus accommodants. Ces partis, dont les dirigeants se plaignent du harcèlement constant des autorités, qui les empêchent d’organiser des réunions publiques, sont :
– le Parti démocrate progressiste (PDP, démocrate progressiste), fondé en 1983 et reconnu en 1988 sous le nom de Rassemblement socialiste progressiste (PSP). Le parti, qui compte quelques centaines d’adhérents, vit grâce à la vente de son journal, l’hebdomadaire Al Mawqif (5 000 exemplaires), l’une des rares publications où l’on puisse lire encore des critiques du gouvernement. Son leader, l’avocat Ahmed Néjib Chebbi, a participé à la grève de la faim de 8 personnalités de la société civile tunisienne en octobre-novembre 2005, pour protester contre les atteintes à la liberté. – le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL, démocrate socialiste), fondé en 1994 par un dissident du MDS, Dr Mustapha Ben Jaâfar, et légalisé en 2002, il ne compte aucun représentant à la Chambre des députés.
A côtés de ces partis légaux, dont la plupart sont des coquilles vides, privées de véritables bases, le pays compte plusieurs partis dit «illégaux», car non autorisés par le gouvernement, mais qui disposent d’une audience certaine parmi la population. C’est le cas, notamment, de :
– Ennahdha (Renaissance), héritier du Mouvement de la tendance islamiste (MTI), fondé en 1981, ce parti a adopté son nom actuel en 1989. Dirigé par Rached Ghannouchi, proche des Frères musulmans égyptiens, Ennahdha a fait beaucoup de concessions dans l’espoir de se voir accepter par les autres forces politiques, mais ses demandes successives de légalisation  ont toutes été refusées, la loi ne reconnaissant pas de partis fondés sur une base religieuse. Les législatives de 1989, qui ont vu la participation de listes indépendantes soutenues par Ennahdha, ont permis au mouvement de remporter près de 15% des suffrages. Cette démonstration de force a alerté le régime, qui a décidé de sévir. Certains dirigeants du mouvement ont donc dû fuir à l’étranger, comme Ghannouchi, exilé à Londres depuis la fin des années 1980. Ceux d’entre eux qui n’ont pu fuir à temps ont tous été arrêtés et condamnés à de lourdes peines de prison pour complot contre l’Etat. Beaucoup sont encore incarcérés. Mais Ennahdha n’a pas été démantelé pour autant. Il a repris ses activités clandestines, malgré la surveillance étroite dont font l’objet ses membres.
A côté d’Ennahdha, il y a d’autres partis non reconnus, comme le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT, communiste révolutionnaire), assez actif dans les milieux universitaire et syndical, le Congrès pour la république (CPR, libéral démocrate), fondé par Dr Moncef Marzouki, ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, et Tunisie verte (TV, écologiste de gauche), pour ne citer que les plus représentatifs.
Ce foisonnement de «boutiques politiques» se traduit par un certain éparpillement qui n’est pas pour déplaire au régime. D’autant que les nombreuses tentatives pour créer un important pôle d’opposition face à l’Etat-RCD ont toutes échoué. Les raisons de ces échecs sont souvent idéologiques (la difficulté de s’entendre sur une position commune vis-à-vis des islamistes). Elles tiennent aussi de considérations de leadership. La plupart des dirigeants, qui ont soixante ans et plus, semblent pressés de cueillir les fruits de décennies de combat. Or, le pouvoir n’est pas à prendre. Et pour cause : l’écrasante domination du RCD, qui prive ses adversaires de tout espace d’expression, ne laisse aucun espoir pour une alternance prochaine.    
Ridha Kéfi (Source :Afkar/Idées (revue espagnole publiée à Madrid en espagnol et en français), N° 11, automne 2006 )


 
Tunisie-Iran

Mission d’hommes d’affaires iraniens à Tunis

Une délégation d’hommes d’affaires iraniens séjourne actuellement en Tunisie, à la recherche d’opportunités dans les secteurs de l’ingénierie, de l’agroalimentaire et du tourisme. Une délégation d’hommes d’affaires iraniens effectue une visite de prospection de trois jours (28 février – 2 mars). Conduite par M. Ali Houshmandimanesh, vice- président du Centre iranien de Promotion des Exportations, la mission est composée de 27 entreprises appartenant principalement aux secteurs de l’Ingénierie, de l’industrie agroalimentaire et du tourisme.  L’échange de visites d’hommes d’affaires et de responsables gouvernementaux entre les deux pays s’est particulièrement intensifié au cours des dernières années. L’actuelle mission iranienne est d’ailleurs la troisième qu’organise la Chambre de commerce et d’Industrie de Tunis (CCIT), que préside M. Jilani Ben M’barek, depuis 2006.  De plus, une mission d’hommes d’affaires tunisiens a également été organisée par la CCIT au cours de l’année écoulée. D’autres organisations tunisiennes, comme l’UTICA et le Club des Exportateurs en ont fait de même.  Après un premier accord commercial de type «NPF» (clause de la Nation la plus favorisée), signé en avril 2001, la Tunisie et l’Iran ont conclu, en janvier 2007 -à l’occasion d’une visite de M. Mondher Zenaïdi, ministre du Commerce et de l’Artisanat, à Téhéran-, un accord commercial préférentiel stipulant notamment la réduction des droits de douane pour deux listes de produits manufacturés d’origine tunisienne et iranienne (à hauteur de 30% pour les produits finis, 40% pour les produits semi-finis  et 50% pour les matières premières) et l’application de la règle d’origine à concurrence de 50% de la valeur ajoutée. L’Iran est le troisième client de la Tunisie en Asie, avec 81,2 millions de dinars en 2006 (derrière l’Inde -174,3 millions de dinars-, et la Turquie -161, 3 millions de dinars), et son 18ème fournisseur dans la même région, avec (3,5 millions de dinars au cours de l’année écoulée). M.M. (Source : Webmanagercenter.com, le portail des entreprises (Tunis), le 01/03/2007) Lien : http://www.webmanagercenter.com/management/article.php?id=25983


 

Le Maghreb «des petits» fonctionne bien

 

Par Abou Sarra   Les Tunisiens et les Libyens seraient-ils plus Maghrébins que les autres ? Loin de toute polémique, la question mérite d’être légitimement posée au regard des réalisations et des engagements des uns et des autres. La Tunisie et la Libye, deux petits pays (16 millions d’habitants ensemble) se sont particulièrement distinguées en franchissant d’importants pas sur la voie de l’intégration et de la complémentarité. En témoignent les récentes mesures prises en vue d’éliminer les obstacles tarifaires et non tarifaires pouvant entraver la libre circulation des biens et personnes entre les deux pays. Il s’agit de toute évidence d’une avancée majeure sur la voie de l’édification de l’union du Maghreb Arabe (UMA).  Est-ce nécessaire de rappeler, ici, qu’en toute logique stratégique, l’édification de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) est tributaire du degré de détermination de l’Algérie et du Maroc, les deux plus grands pays du Maghreb, à stimuler ce processus. Au vu de leur poids démographique, trente millions d’habitants pour chaque pays, c’est à ces deux pays que revient historiquement la lourde tâche de booster la mise en place de cet édifice et de l’inscrire dans la durée, tout comme l’avait fait le couple France – Allemagne pour la construction de l’actuelle Union européenne.  Pour le cas de l’UMA, cette règle est loin d’être respectée. Les deux principaux acteurs, voire les «deux prussiens du Maghreb», semblent traîner les pieds et même nourrir des ambitions extra-maghrébines.   Le Maroc lorgne, de plus en plus, du côté de l’axe Rabat–Nouakchott-Dakar tandis que l’Algérie est surtout préoccupée par la construction de la route transsaharienne (4800 km : Alger-Bamako-N’djamena-Lagos) autour de laquelle elle œuvre à impulser la création d’ une grande zone économique intégrant les pays du Sahara. Parallèlement à ces manœuvres, de tous petits pays comme la Tunisie et la Libye s’attèlent à créer, avec les moyens de bord, un noyau d’espace économique maghrébin intégré. Tunis et Tripoli ont mis à profit la tenue de la 20ème session de la haute commission mixte tuniso-libyenne (Tripoli, 16-17 février 2007) pour affirmer, à la grande surprise générale, «la spécificité des relations tuniso-libyennes», selon les termes du Premier ministre libyen, M. Baghdadi Mahmoudi.  Dans la même optique, M. Mohamed Ghannouchi, le Premier ministre tunisien, s’est déclaré convaincu que «les relations tuniso-libyennes sont appelées à connaître une mutation qualitative à même d’en faire un modèle à suivre dans toute la région».  Un mot sur le timing. Cette session a coïncidé avec la célébration du 18ème anniversaire de la fondation de l’Union du Maghreb arabe (UMA). La recherche d’une symbolique n’est pas à écarter.  Concrètement, Tunisiens et Libyens ont décidé d’adopter, à compter du 20 mars 2007, les deux monnaies nationales, les dinars tunisien et libyen, comme monnaies d’échange pour régler en liquide les transactions dans les deux pays.  Les trois millions touristes libyens et tunisiens (1,500 million de chaque côté) qui traversent, chaque année, la frontière sont les bénéficiaires directs de cette mesure populaire.  En vertu de l’accord conclu, les billets de dinars tunisiens et libyens pourront être échangés auprès des banques et bureaux de change agréés dans les deux pays. Par contre, les centaines de cambistes informels qui, des années durant, ont fait fortune sur l’axe routier reliant Ben Guerdane au poste frontalier Ras Jedir, seront les principaux lésés par cette nouvelle mesure.  Autre décision qui va toucher directement les citoyens moyens tunisiens et libyens : elle consiste en la reconnaissance mutuelle des permis de conduire des deux pays. Last but not least, les deux pays sont convenus d’éliminer, à partir du 1er mars 2007, les obstacles et entraves tarifaires et non tarifaires. Finalité : garantir la fluidité de la circulation des biens échangés entre les deux pays et l’application de la règle de «la préférence nationale». Pour mémoire, les Tunisiens sont les seuls Maghrébins autorisés à visiter la Libye sans avoir à demander un visa.  Cette mesure permettra d’intensifier et de diversifier les échanges commerciaux entre les deux pays. L’objectif fixé est de porter le volume d’échanges estimé, actuellement, à 1,5 milliard de dinars en 2006 à 2 milliards de dinars tunisiens en 2007. Par-delà ces décisions qui viennent améliorer le quotidien et le confort des touristes des deux pays, les dirigeants tunisiens et libyens sont conscients de la nécessité de hisser le partenariat à des paliers supérieurs et de réaliser des mégaprojets structurants d’une nouvelle génération. Le Premier ministre libyen a évoqué la construction d’une centrale électrique mixte, d’une zone touristique frontalière, de l’aménagement de méga-zones industrielles et d’importants ouvrages énergétiques (gazoducs et autres). Pour la Tunisie, l’accent doit être mis sur le renforcement de l’interdépendance et la complémentarité des deux pays dans des secteurs stratégiques tels que l’agriculture, l’industrie, la santé, la recherche scientifique, les communications, le développement des ressources humaines et l’infrastructure. A ce propos, la construction, dans les meilleurs délais, de deux méga projets -le tronçon autoroutier Sfax–Ras Jedir et l’entrée en fonction de l’interconnexion électrique entre les deux pays- ne manqueront pas d’accroître les échanges économiques et humains entre les deux pays. Une fois réalisés, ces deux projets amélioreront sensiblement la visibilité du partenariat tuniso-libyen.  (Source: www.webmanagercenter.com, (portail- Tunis), le 1er Mars 2007 à 06h00) Lien : http://www.webmanagercenter.com/management/article.php?id=25984


 
Analyse

Liban : la fracture entre chiites et sunnites

par Mouna Naïm Officiellement, le conflit entre la majorité et l’opposition au Liban porte sur des questions politiques. Il n’en longe pas moins des lignes de fracture intercommunautaires. Davantage encore qu’au Liban, la gestation d’une nouvelle république en Irak passe par des divisions entre groupes confessionnels et ethniques. Ici et là, la crise a de multiples facettes et implique différents protagonistes, mais les tensions minent surtout la communauté musulmane elle-même : sunnites contre chiites. Les monarchies pétrolières du Golfe à dominante sunnite, où la rumeur fait état de prosélytisme chiite, ne sont pas à l’abri de ce souffle de fitna (discorde), considéré comme l’un des pires malheurs qui puissent frapper la Oumma, la communauté des musulmans. Au pays du Cèdre comme dans l’ancienne Mésopotamie, le conflit n’a pas pour origine une rivalité de type religieux. Lorsque les milieux sunnites libanais dénoncent un présumé projet chiite de s’emparer de Beyrouth, ou que les dirigeants sunnites irakiens accusent leurs concitoyens chiites de chercher à faire de Bagdad une ville chiite, le danger qu’ils croient percevoir est démographique et politique. Car, dans les deux pays, ce qui est en jeu c’est le projet de reconstruction d’un Etat, dont l’un – le libanais – se dégage à peine d’une trentaine d’années de tutelle syrienne, tandis que l’autre – l’irakien – s’est enfin débarrassé d’une tout aussi longue dictature baasiste. Ici et là, c’est l’étranger proche et/ou lointain que certains accusent de semer les germes de la discorde. Comme pour conjurer par le verbe toute responsabilité autochtone, les dénonciateurs pointent du doigt tantôt séparément et tantôt collectivement Israël, la Syrie, l’Iran et les Etats-Unis. Tous ces pays sont indiscutablement mêlés, d’une manière ou d’une autre, aux turbulences locales. Mais compte tenu du fait que, tant au Liban qu’en Irak, les communautés ont toujours été le lieu de référence et de recours de citoyens privés de leurs droits en tant que tels, les germes de division, quels que soient les semeurs, trouvent un terreau favorable à leur épanouissement. Le communautarisme est institutionnalisé au Liban depuis l’indépendance. Le pouvoir y est réparti entre les groupes confessionnels – chrétiens et musulmans – à presque tous les niveaux. Cette répartition s’est traduite au fil des ans par un partage du gâteau entre les groupes numériquement les plus importants et des familles politiques dynastiques – à de récentes exceptions près. Les partis politiques, eux aussi, se sont constitués sur des bases confessionnelles. Au fil des crises et des affinités, de nombreuses régions se sont singularisées par une grande homogénéité communautaire. Dès lors que, dans le Liban d’aujourd’hui, le courant politique majoritaire chiite (Amal et surtout Hezbollah) est la colonne vertébrale de l’opposition et que le gouvernement – dont le chef est institutionnellement sunnite – est soutenu par une majorité parlementaire dont le principal pilier est sunnite (le Courant du futur), les tensions politiques se doublent d’une rivalité entre familles spirituelles musulmanes, alors qu’elles sont strictement politiques côté chrétien. Des hommes de religion musulmans s’étant mis de la partie en volant au secours des politiques de « leur » camp, la confusion est totale. A égalité avec les griefs politiques et socio-économiques, le passé refoulé de la discorde communautaire remonte à la surface, qui plonge ses racines dans les premiers temps de l’islam. Pour l’heure, et hormis deux face-à-face violents dans la rue, les divisions n’ont toutefois pas dégénéré en conflit armé à grande échelle. En Irak, le divorce entre Arabes sunnites et chiites est pratiquement consommé. Paradoxalement, l’ancienne dictature baasiste qui, d’une certaine manière, est à l’origine des aversions réciproques, en était aussi en son temps le censeur, par l’exercice généralisé de la terreur. La communauté arabe chiite n’était pas son unique victime. Les Kurdes n’ont pas été épargnés, pas plus d’ailleurs que les Arabes sunnites jugés mal pensants. Mais les chiites, communauté majoritaire, ont payé l’un des prix les plus lourds de sa poigne de fer. L’HEURE DE LA VENGEANCE Dans un pays où la notion d’Etat de droit n’a jamais eu de sens, la fin de la dictature a sonné pour les chiites – ou au moins pour une partie d’entre eux – l’heure de la vengeance. Le pari du libérateur-occupant américain sur eux pour la construction du nouvel Irak a achevé de les affranchir des chaînes d’un pouvoir sunnite minoritaire qui leur était imposé depuis l’indépendance. La boîte de Pandore était ainsi ouverte pour le déclenchement du conflit, aggravé par l’implantation des réseaux djihadistes sunnites d’Al-Qaida et de ses affidés, qui frappent d’un même anathème chiites jugés déviants (de l’islam originel) et ressortissants non musulmans. L’adoption d’un système fédéral pour le nouvel Irak dont le découpage prive les sunnites des richesses naturelles, singulièrement le pétrole, a amplifié les divisions. Depuis trois ans, les tueries succèdent aux tueries dans les deux sens ; les lieux de culte des deux communautés sont visés par des attentats en tout genre ; des déplacements massifs de population sur une base communautaire sont à l’origine de milliers de tragédies. Ceux qui en ont les moyens prennent le chemin de l’exil. L’Irak et le Liban ne sont pas les seuls pays arabes à population mixte. Minoritaires en Arabie saoudite (près de 10 % de la population) et au Koweït (entre 30 % et 35 %), les chiites constituent environ 70 % de la population du royaume de Bahreïn. Depuis trois ans, les autorités sunnites de ces pays redoutent les répercussions des troubles en Irak au sein de ces communautés, qui, dans les années 1980, enhardies par la victoire de la révolution islamique iranienne, s’étaient révoltées contre leurs conditions de citoyens de seconde zone. Le chaos irakien n’a certes rien d’encourageant à leurs yeux, mais les accents enflammés de certains oulémas saoudiens jetant l’opprobre sur elles ne sont pas non plus de nature à les rassurer. Certains journaux ont fait état de cas de prosélytisme chiite inspiré par l’Iran, y compris dans des pays où cette famille spirituelle n’a pas à ce jour de fidèles. « Nous suivons cette affaire de près », a récemment déclaré le monarque saoudien, Abdallah Ben Abdel Aziz, dont le titre le plus prestigieux est celui de « serviteur » des Lieux saints de La Mecque et Médine. Il s’est néanmoins déclaré convaincu que la grande famille sunnite, majoritaire au sein du monde musulman, demeurerait immune. (Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 1er mars 2007)

Home – Accueil الرئيسية

أعداد أخرى مُتاحة

Langue / لغة

Sélectionnez la langue dans laquelle vous souhaitez lire les articles du site.

حدد اللغة التي تريد قراءة المنشورات بها على موقع الويب.