TUNISNEWS  
 8 ème année, N°  2900 du         01.05.2008
AISPP: :la police politique a enlevé trois prisonniers politiques libérés AISPP: la garde nationale de la région de Borj Ghammaz ont encerclé le domicile d’Achraf Mzaïdi CAUMED (Cercle d’Amitié de l’Union Méditerranéenne) :COMMUNIQUE DE PRESSE Luiza Toscane:Libération d’Amel Ben Amor AFP:Sarkozy persiste sur les Droits de l’homme en Tunisie ?Larbi Guesmi: Sarkozy : « La liberté a progressé en Tunisie »! Mensonge ou ignorance Bayrem Zitouni: Témoignage sur la Tunisie de Ben Ali : Episode 1
Xinhua:La Tunisie et la France signent un accord de coopération touristique
 Liberté pour tous les       prisonniers politiques       Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays               Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques       43 Rue Eldjazira, Tunis       e-mail :          aispptunisie@yahoo.fr  
la police politique a enlevé trois prisonniers politiques libérés
         Tunis, le 29 avril 2008               Pour le deuxième jour d’affilée, des agents de la police       politique de la cité Mellaha à Ariana Supérieur, ont enlevé trois       prisonniers politiques libérés, Lassaad Mermech et les frères Ibrahim et       Ali Herzi. Les agents en civil se sont contentés d’alléguer qu’il       s’agissait d’ « une mesure de routine… à l’occasion de la visite du       président français « ! Leur enfermement a duré de 8 h 45 du matin à 13       H40. Ces trois jeunes gens avaient déjà été enfermés arbitrairement hier       pendant 9 heures. L’association a dénoté une escalade dans la répression       de nombreux jeunes gens récemment libérés, entre autres : des convocations       à répétition des frères Herzi et de Lassaad Mermech (L’Ariana), d’Achraf       Mzaïdi et Nizar Jemaï, Taoufik Zaïri (à Bou Salem) Hafedh Mezhoudi et Sami       Belgacem (Menzel Bourguiba) Anis Benaïssa (Tunis) […] Pour l’association       Le vice Président       Maître Abdelwahab Maatar (traduction d’extraits ni revue       ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)    
 Liberté pour tous les       prisonniers politiques       Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays       Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques       43 Rue Eldjazira, Tunis       e-mail :        aispptunisie@yahoo.fr        Tunis, le 29 avril 2008
la garde nationale de la région de Borj Ghammaz ont encerclé le domicile d’Achraf Mzaïdi
 * Des agents de la garde nationale de la       région de Borj Ghammaz dans la banlieue de Bizerte ont encerclé dans       l’après midi du dimanche 27 avril 2008 le domicile d’Achraf Mzaïdi, et ont       tenté d’y pénétrer au prétexte de vérifier l’identité d’une personne à       l’intérieur. Face à la mobilisation de nombreux militants de la région,       notamment Ali Ben Salem et Khaled Boujemaa, qui s’étaient rassemblés       devant la maison, le chef de la brigade de la garde nationale a fait       machine arrière et justifié sa présence par des « considérations       sécuritaires » !       * La fille d’un prisonnier politique ne peut obtenir son passeport !       Le chef du poste de la Sûreté de Raouabi à Bizerte, Salem Ben Belgacem, a       refusé de délivrer un passeport à la fille de l’ex prisonnier politique       Fethi Fouchali si cette dernière ne signait pas un engagement à enlever       son voile !       […]       Pour la section de Bizerte       Othman Jmili       (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les       auteurs de la version en arabe, LT)  
 
 CAUMED (Cercle d’Amitié de l’Union Méditerranéenne)  
 COMMUNIQUE DE PRESSE       VISITE D’ETAT DU PRESIDENT NICOLAS SARKOZY EN TUNISIE
 Lyès Ben Chédli       Président du CAUMED (Cercle d’Amitié de l’Union Méditerranéenne), ayant       pour but de favoriser le dialogue des cultures, le rapprochement des       civilisations, la gestion concertée des flux migratoires ainsi que les       échanges économiques et commerciaux entre l’Europe et les pays de la rive       Sud de la Méditerranée, se félicite de la présence sur le sol national       Tunisien du Président de La République Française Monsieur Nicolas Sarkozy       accompagné de son épouse Madame Carla Sarkozy.              Au cours de cette visite, Le Président français a pu constater les       prouesses économiques de la Tunisie réalisées durant cette dernière       décennie.               En effet, le Président Zine-El-Abidine Ben Ali a reçu en ami le Président       Sarkozy et ceci dans la continuité des relations fraternels et de       coopération qui existent entre les deux pays depuis l’époque du Président       Habib Bourguiba.              Lyès Ben Chédli se réjouit de la proposition de l’installation du futur       siège à Tunis du Secrétariat Exécutif de l’Union Pour la Méditerranée.       Notre association œuvre dans le sens de cette initiative accueillie avec       joie et fierté par les tunisiennes et les tunisiens.              Le CAUMED encourage le dialogue entre les tunisiens ainsi que l’entreprise       d’ouverture démocratique plus vaste annoncée par le Président tunisien.  
       Sarkozy persiste sur les Droits de l’homme en Tunisie J.B. (lefigaro.fr) Avec AFP       et AP       30/04/2008 | Mise à jour : 16:22 | Commentaires 47  
 .Zine El Abidine Ben Ali       embrasse son homologue français, Nicolas Sarkozy, mercredi à Tunis.       Crédits photo : AFP        «Tout n’est pas parfait en Tunisie mais en France non plus» a simplement       expliqué le chef de l’État après la polémique suscitée par ses premières       déclarations sur le sujet.       » Nicolas Sarkozy vante à Tunis l’Union pour la Méditerranée        » Carla, la première dame en visite de bienfaisance        Les critiques de l’opposition comme des ONG n’y ont rien changé. Nicolas       Sarkozy a une nouvelle fois salué mercredi les progrès accomplis par la       Tunisie en matière de liberté et de tolérance, au cours d’un discours       prononcé à l’Institut national des sciences appliquées et de technologie (Insat)       de Tunis. «Tout n’est pas parfait en Tunisie, certes. Tout n’est pas       parfait en France non plus (…) mais je veux le dire aussi parce que je       le pense, quel pays peut s’enorgueillir d’avoir autant avancé en un demi       siècle sur la voie du progrès, sur la voie de la tolérance, et sur la voie       de la raison ?», s’est exclamé Nicolas Sarkozy au dernier jour de sa       visite d’État.       En arrivant lundi soir en Tunisie, le chef de l’État avait déjà affirmé       que «l’espace des libertés progressait» en Tunisie, suscitant un tollé de       la part des défenseurs des droits de l’Homme mais aussi du Parti       socialiste et du Parti communiste. «C’est une contre-vérité absolue que de       prétendre cela», a affirmé mercredi Pierre Moscovici. Mercredi toujours,       Amnesty international France a dénoncé une «triste continuité de la       politique française en Tunisie». L’organisation se demande si «la liberté       progresse quand les associations qui déplaisent ne peuvent se faire       enregistrer, quand les avocats aux dossiers sensibles sont sous constante       pression policière et s’il existe une télévision libre en Tunisie?»       Les droits de l’homme, obsession pour Sarkozy        Autant de critiques qui ont fait monter au créneau plusieurs membres de la       majorité, désireux de soutenir l’engagement du chef de l’État. Ainsi, le       secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, a       affirmé mercredi sur Canal + que les droits de l’homme sont «une obsession»       pour Nicolas Sarkozy qui est «totalement pénétré» par cette question. Il «n’a       pas besoin de le faire devant des caméras», a-t-il ajouté. «Pendant que       certains censeurs parlent très fort sans écouter personne ni rien faire       avancer, la diplomatie française, elle, dialogue, espère et progresse à       petits pas», a également expliqué Patrick Devedjian. «La Tunisie n’est pas       la Corée du Nord», a ajouté le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes       Jean-Pierre Jouyet, en réponse à Pierre Moscovici. «Nous n’avons jamais       caché que la France souhaitait qu’une évolution politique accompagne       maintenant les succès du développement économique st social», mais «cette       ouverture, c’est aux Tunisiens eux-mêmes d’en fixer le rythme, le contenu,       les modalités», a-t-il ajouté. Et «ce n’est pas en s’érigeant en donneur       de leçons que l’on fait avancer les choses».        L’attitude de Nicolas Sarkozy lui a également attiré les railleries du       président du Front national, Jean-Marie Le Pen. Sur France Inter mercredi,       ce dernier a affirmé à propos de Nicolas Sarkozy : «ça le change des       habitudes» de ne pas «donner de leçons au reste du monde». Il a aussi       ajouté «Et s’il fallait ne serrer la main qu’aux démocrates dans le monde,       on n’aurait pas souvent l’occasion de sortir sa main de sa poche».       Mardi, Nicolas Sarkozy avait annoncé, lors d’une rencontre avec la presse,       avoir obtenu du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali la libération       d’une Franco-Tunisienne, détenue en Tunisie pour un délit de droit commun.       Le cas de cette femme qui souffre de dépression et qui a eu un       comportement exemplaire en prison, lui a été signalé par sa famille, a       expliqué l’ambassadeur de France à Tunis. Le président Français a en outre       eu des assurances de son hôte pour qu’il se penche sur «les cas très       douloureux» d’une vingtaine de Françaises mariées à des Tunisiens et qui       sont privées de voir leurs enfants en Tunisie, a-t-il précisé.
Libération d’Amel Ben Amor
  « Mardi, Nicolas         Sarkozy avait annoncé, lors d’une rencontre avec la presse, avoir obtenu         du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali la libération d’une         Franco-Tunisienne, détenue en Tunisie pour un délit de droit commun. Le         cas de cette femme qui souffre de dépression et qui a eu un comportement         exemplaire en prison, lui a été signalé par sa famille, a expliqué         l’ambassadeur de France à Tunis. » (1)         N’eussent été ces quelques lignes dans Le Figaro, la libération d’Amel         Ben Amor serait passée inaperçue.          Amel Ben Amor avait été arrêtée le 30 décembre 1997. Lors de son procès         en appel, le 19 novembre 1998, elle a été condamnée à vingt ans         d’emprisonnement. La cour de cassation a accepté son pourvoi sur la         forme un an plus tard, mais l’a refusé sur le fonds, confirmant son         maintien en prison pour vingt longues années. Amel Ben Amor avait         trente-trois ans quand elle a été arrêtée. Elle était célibataire,         vivait chez ses parents dans un quartier aisé de Tunis, travaillait à         Tunis Air et n’avait aucun antécédent judiciaire.          Sa libération, survenue au bout de dix années passées à la prison pour         femmes de La Mannouba, répond aux espoirs formulés par les siens, par         tous celles et ceux qui se sont relayés parfois de façon invisible pour         lui assurer une solidarité constante, par les associations qui sont         intervenues depuis de longues années, au premier rang desquelles l’ACAT         France.          Luiza Toscane (1) « Sarkozy persiste sur les droits de l’homme en Tunisie », Le         Figaro, 30 avril 2008
Sarkozy : « La liberté a progressé en Tunisie »! Mensonge ou ignorance ?
         M. Sarkozy ! La Tunisie n’est pas votre pâturage et le peuple tunisien n’est     pas votre staffe de serveurs et d’esclaves. Vous venez faire affaire en     Tunisie faites-le tant que la Tunisie n’est pas encore indépendante,     moquez-vous du gouvernement tunisien et non du peuple tunisien et     taisez-vous !!! Surtout taisez-vous, ne parlez pas des Droits de l’Homme. Si     le silence est complice de la dictature, l’éloge de celle-ci est pire que la     dictature elle-même.            Vous vous êtes mobilisés, en tant que président, pour libérer quelques     trafiquants de bébés, prétendant le bénévolat au Tchad (l’Arche de Zoé) et     vous venez prétendre que la liberté a progressé en Tunisie alors que ni     liberté d’organisation, ni liberté d’expression, ni dignité de la personne     humaine ne sont respectées en Tunisie. Des prisonniers politiques     croupissent encore en prison depuis plus de 17 ans dans des conditions     lamentables. Les ex-prisonniers politiques, qui comptent par milliers, sont     confrontés à toutes les difficultés pour pouvoir intégrer la société civile.     Ils sont privés de tous leurs droits civiques tels le travail, le soins et     le déplacement et souffrent de nombreuses maladies amassées de la torture et     des longues années d’emprisonnement. De nombreux ex-prisonniers politiques     sont soumis au contrôle administratif et certains sont même assignés à     résidence surveillée le plus souvent loin de leurs lieux de domicile.     Plusieurs milliers de jeunes sont arrêtés, torturés et condamnés sous le     faux prétexte de « lutte contre le terrorisme », prétention faussaire des     forces impériales et coloniales pour mater nos peuples et les écraser sous     les bottes des dictatures que vous et vos semblables imposaient et     soutenaient depuis toujours par tous les moyens. Des témoignages     d’ex-prisonniers décrivent la prison comme étant « une exécution lente » du     prisonnier politique. Plusieurs prisonniers ont succombé à la torture, aux     mauvais traitements et à la privation des soins tels Abderraouf Laaribi,     Hechmi Makki, Mabrouk Zran, Souhnoun Jouhri… d’autres, encore en prison,     tel Ridha Boukadi, Dr. Sadok Chourou … attendent une mort lente certaine.                                M. Sarkozy, croyez-vous que le peuple tunisien n’est pas digne de liberté et     de démocratie autant que le peuple français et tous les autres peuples du     monde ? Croyez-vous que les 6 trafiquants de bébés méritent mieux que le     peuple tunisien qui a lutté contre la colonisation française pendant     plusieurs décennies pour arracher sa liberté des mains de tes ancêtres     sanguinaires ? Vous venez reprendre ce que le peuple tunisien a payé cher,     très cher ! Vous pouvez rêver, le temps du colonialisme est en voie de     disparition et à jamais.     Vous rendez-vous compte M. Sarkozy de l’horreur de la maladresse et de     l’insulte que vous avez adressé au peuple tunisien alors que vous êtes en     territoire tunisien?           Si vous ne vous préoccupez pas de la périlleuse situation des Droits de     l’Homme en Tunisie faites vos affaires et taisez-vous.           APPRENEZ enfin M. Sarkozy, que les Droits de l’Homme sont des conditions     vitales  à chaque humain. Ils sont universels, inaliénables et     indissociables. Les efforts déployés à ce propos tout au long de l’histoire     ont aboutit à des résultats précieux et adéquats dans la matière, comme la     déclaration universelle des Droits de l’Homme en 1948 à l‘ONU. Le régime     dictatorial tunisien, pourtant signataire de cette déclaration universelle,     n’a cessé de bafouer et violer systématiquement les Droits de l’Homme à     l’encontre à la fois des législations tunisiennes, et des lois et instances     internationales tout en prônant leur respect. Votre devoir, s’il y a devoir,     serait donc autre que de lui faire l’éloge.           On ne veut plus de vous en Tunisie.           Vive la Tunisie libre et démocrate.                                                                                                             Larbi Guesmi     Neuchâtel – La Suisse le 1 mai 2008  
Témoignage sur la Tunisie de Ben Ali : Episode 1
 Ces derniers jours, un     groupe de touristes français a visité la Tunisie tout en étant médiatisé.     Mes deux présidents se sont enfin rencontrés en Tunisie sous un beau soleil     et leur entente fait plaisir à voir : Sarkozy tombe sous le charme de Ben     Ali et va jusqu’à déclarer qu’il est venu « en ami ». Un ami ne peut pas     critiquer son hôte qui lui a offert le gîte et le couvert ! On reconnaît là     une certaine vision :     exactement pareil, je ne peux me permettre en tant qu’immigré tunisien, reçu     en  « ami », de critiquer la France…          Trêve de plaisanterie, il est venu le moment pour moi de faire mon coming     out de Tunisien ayant vécu sous une dictature. Depuis que j’ai appris à     écrire, je n’ai cessé de penser à ce témoignage que je voulais     partager. Il était impossible pour moi de l’écrire en Tunisie bien     évidemment puisqu’il ne pouvait être publié ni sur le net ni sur un     quelconque journal.          Je suis en France depuis 7 ans : pourquoi alors ne pas avoir présenté ce     témoignage dès mon arrivée ?          D’abord pour des raisons purement financières : je suis boursier du     gouvernement tunisien à 50% (je suis passé à 100% pour des raisons qui     seront expliquées plu tard …). Je ne pouvais me permettre de perdre     cette bourse vis-à-vis de ma famille qui n’avait pas les moyens de financer     mes études à l’étranger. Car, il ne faut pas se faire d’illusion, critiquer     le régime vous vaut la suspension de votre bourse. Aujourd’hui, je vais     acquérir mon indépendance financière et je peux enfin « acheter » ma liberté     d’expression en tant que tunisien…          Ensuite, tout simplement la peur : la peur de ne plus pouvoir rentrer en     Tunisie, la peur de décevoir des amis Tunisiens qui préfèrent ne pas en     parler en public, la peur de trahir la Tunisie et les tunisiens     en exposant publiquement cette critique… Cela peut paraître comme étant de     la lâcheté mais je vais me racheter avec ce témoignage.          Un matin de 1987…          J’avais 5 ans à l’époque. J’étais dans la chambre de mes parents quand notre     oncle a déboulé avec la nouvelle : « ça y est, Bourguiba a été destitué ».     Je n’ai pas compris ce que ça voulait dire sur le moment     mais je sentais que c’était un événement historique. J’ai commencé alors à     crier ma fidélité à Bourguiba, puis cinq minutes plu tard à Ben Ali : le     cheminement logique de tout tunisien en somme !          Bref, j’étais content de cette nouvelle même si je ne savais pas ce qu’elle     voulait dire !          Je me rappelle vaguement de ma mère qui a versé des larmes et de mon père     qui la rassurait en lui disant que c’était plutôt une bonne nouvelle.          Mon père est ingénieur centralien qui a fait ses études en France dans les     années 70 (il a même fait partie de Mai 68). Il est revenu en Tunisie à la     fin de ses études pour des raisons familiales et a occupé     des postes dignes de sa formation au départ. Il était directeur à la SNT (société     Nationale des transports). Il pouvait gravir les échelons comme il l’aurait     souhaité s’il avait pris la carte du parti unique au     pouvoir. Ainsi, il aurait assuré son confort financier pendant des années en     étant un PDG d’une grande entreprise nationale. Ou même ministre pour trois     de ses collègues de la même promotion de Centrale Paris.          Il a même fait pire : en 1982, lors des émeutes du pain, il a pris parti     pour les ouvriers et s’est fait condamné lors du procès des militants de la     gauche tunisienne. Depuis, ses rapports avec les autorités étaient     conflictuels. Il a toujours critiqué la façon dont était menée la politique     économique dans la Tunisie de Bourguiba.          Peut-être, qu’il a vraiment cru en Novembre 1987, comme tous les tunisiens,     qu’il pouvait exprimer ses idées politiques sans que cela n’interfère avec     sa vie professionnelle comme cela a été le cas dans la     Tunisie des années 80.          A la radio, notre nouveau président nous promettait démocratie, pluralisme     et liberté !          Les années se succèdent et se ressemblent          Les jours qui suivirent, je n’arrêtais pas de découper toutes les photos des     journaux de l’époque de notre nouveau président et de les coller aux murs de     ma chambre. J’étais vraiment heureux comme un enfant de 5     ans qui voulait s’approprier un événement qui lui échappe.          A l’école, j’avais participé à tous les concours de dessin qui mettaient en     gloire le 7 Novembre 1987. Le summum a été atteint quand j’avais 10 ans et     quand j’avais appris par cœur le fameux discours de notre     président ! Quand je le récitais, je le faisais même en imitant la voie du     président devant ma mère morte de rire ! Ce dont je me gardais de faire à     l’école inconsciemment.                    Durant ce temps là, mon père continuait à travailler et espérait être     reconnu à sa juste valeur par les autorités. Car durant cette époque, les     plus grandes entreprises était publiques et le gouvernement décidait des     nominations …          Il voulait être reconnu pour son travail (il a quand même construit 15.000     logements sociaux). Une nouvelle proposition lui a été faite d’intégrer le     parti mais il a refusé. Il n’acceptait de sacrifier ses idées ni     de se mettre en veilleuse pour passer sous silence des affaires de     corruption …          Entre temps, ses collègues de promotion furent récompensés puisqu’ils ont     juré fidélité au nouveau président. Mon père avait un salaire correct, nous     vivions dans un quartier très huppé de la capitale (El     Manzah) et nous avons une belle et grande maison que mon père a finit de     rembourser au bout de 20 ans. Tout cela pour dire, que malgré tout, mon père     a réussit     son début de carrière malgré les ennuis.           La traversée du désert de mon père          A partir de 1994, le régime se crispe. Ben Ali a organisé des élections où     il était le seul candidat. C’était pour moi l’heure de vérité et de la     grande déception : je me rappelle qu’on venait juste d’installer la parabole     et qu’en plus d’Antenne 2 et Rai Uno, on pouvait accéder à des informations     libres ! Le premier reportage qui avait mis la puce à l’oreille au préado     que j’étais devenu est celui de la chaîne Euronews. Sur le ton de l’ironie,     elle présentait ces élections « démocratiques » dans laquelle se présentait     un seul candidat et qui a été élu à 99%…          Mon père commence à pointer du doigt des disfonctionnements qui était liés à     la corruption au sein de la SPROLS (Société de Promotion des logements     sociaux : la société qui gère les HLM tunisiennes).          Il n’a cessé de les dénoncer auprès de son PDG qui s’avère être un proche du     régime et organisateur de ce grand mic mac !          A cause de ses gesticulations, mon père se fait muter à l’Office Nationale     de l’Huile. Là aussi, il n’a pas les promotions qu’il mérite pour un     centralien. Un certain Tlili (candidat à la présidentielle de 1999)     était alors PDG et a tout fait pour bloquer l’ascension de mon père. Je me     rappelle de cette anecdote. Une fois, lors d’une confrontation, mon père lui     a dit que quoi qu’il décide, « le destin sera du     côté des bons ». Tlili lui a répondu : « Tu peux garder le destin de ton     côté, moi j’ai Ben Ali avec moi ! ». Aujourd’hui, il est en train de croupir     en prison après que « son ami Ben Ali » ait décidé de se     débarrasser de lui …          C’est tout ce système mis en place par les proches du régime et avec la     bénédiction du président qui a coûté à mon père sa carrière d’ingénieur et     grand cadre du pays.          Il a été bloqué dans sa carrière et sa traversée du désert commença pour     durer jusqu’à sa retraite en 2002.               Même si au niveau financier, notre famille n’a pas eu le confort d’un cadre     centralien, on avait bien vécu et ses ressources financières nous ont permis     de manger à notre faim (Oh le couscous de ma mère !). Ma     mère en a souffert même si elle travaillait de son côté en éduquant les     petits bambins au jardin d’enfant. En fait, elle ne pouvait accepter qu’à     compétences égales, on n’avaient pas le même train de     vie que les collègues de mon père. Ceux là même qui accumulait voitures et     chauffeurs ainsi que des vacances aux hôtels les plus huppés du pays. On     n’avait pas les moyens de se les payer. Elle a reproché à mon père sa     décision de ne pas rejoindre le parti mais elle l’a toujours soutenu dans sa     démarche. Surdiplômé     sous employé      Du coup, quelle carrière a eu mon père ? Un     poste de directeur « conseiller » au sein de la SPROLS. En fait, les     autorités voulaient que mon père lâche prise et laisse tomber ses idées pour     qu’il rentre dans le     rang. Mais il n’a pas lâché et a tenu le coup pendant 10 ans.          Alors, que faisait mon père durant toutes ces années au boulot ? Quasiment     rien ! Il partait au boulot à 10h et revenait à midi. L’après midi, il n’y     restait qu’une heure au plus !          Quel gâchis ! Une fois il m’a raconté que comme on ne le laissait pas     travailler, la SPROLS patinait et des projets prenaient du retard à cause     des personnes « encartées » incompétentes, pourtant haut placées dans     l’entreprise.  
 Un exemple frappant était celui     d’erreurs de conception d’appartement de HLM qui faisait perdre des semaines     au projet. Il s’y est penché en une après midi et a fini de résoudre ce     problème alors que les     autres y ont passés des semaines !          Le plus grand perdant dans cette histoire n’est pas mon père mais la Tunisie.     Car en l’empêchant de travailler, le pays ne progresse pas. Et je suis sûr     que le cas de mon père n’est pas isolé. Si tous ceux     qui ont des responsabilités dans ce pays doivent être encartés, ça laisse de     côté de nombreuses personnes surdiplômées et qui auraient fait passer la     croissance du pays de 6 points par an (officiellement) à 10 !          Car, avec toutes les affaires de corruption, de vol, de censure de tous les     talents de ce pays, la Tunisie réussit quand même à s’en sortir     économiquement (du moins officiellement).          Quand à la Tunisie de Ben Ali, elle te met au banc de la société si tu n’es     pas un fervent supporter du président et que tu ne fermes pas ta gueule. Les     journaux se sont mis au pas. Personne ne critique le     président. Le quotidien La Presse met toujours notre président sur sa une.     Tous ces gens n’arrêtaient pas de nous expliquer que nous vivions dans une     démocratie formidable, que le président faisait progresser     l’espace des libertés alors que je voyais le contre exemple de mon père !          Ma mère m’a transmis son humour, mon père son amour de la liberté     d’expression et du débat.          Cette soif de débat, de liberté d’expression, d’idées, je l’ai assouvie en     suivant la vie politique … française ! Comme de nombreux tunisiens, j’ai     déplacé cette envie de liberté et ce vide démocratique vers la     France. Je ne comprenais pas pourquoi la Tunisie ne pouvait m’offrir une     émission des guignols comme celle de Canal plus !          Jacques Chirac, le président français aux guignols ! Cela me paraissait le     summum de la liberté d’expression !          Et pourquoi nous, on ne peut pas mettre Ben Ali dans nos guignols à nous ?          Bien évidemment, la liberté d’expression ne s’arrête pas là. Car quand     j’ouvrais le journal La Presse, il n’y avait que la propagande officielle.     J’ai alors noyé mon chagrin dans le football où l’espace     d’expression était plus large …          Pour conclure cet épisode, j’ai énormément appris de mon père : quel     meilleur exemple d’intégrité que celui d’une personne qui refuse de fermer     les yeux au prix de son confort personnel ? De sa carrière     professionnelle ? Je suis fier de mon père et de sa grande gueule !          Alors, quand Sarkozy débarque en Tunisie pour nous dire que tout va bien     dans le meilleur du monde tunisien …               La suite dans le     prochain épisode …     Bayrem Zitouni  
La Tunisie et la France signent un accord de coopération touristique
 TUNIS, 30 avril (Xinhua) —    La Tunisie et la France ont signé  mercredi un accord     de coopération dans le domaine touristique ( 2008-2012), axé principalement     sur la formation professionnelle,  la qualité, le thermalisme et la     thalassothérapie.       Cet accord signé dans le cadre de la visite d’Etat du président Nicolas     Sarkozy en Tunisie, a été paraphé par Khélil Lajimi,  ministre tunisien du     Tourisme et Hervé Novelli, secrétaire d’Etat  français, chargé du commerce,     de l’artisanat, des PME, du tourisme et des services.       « Le secteur touristique peut constituer une locomotive pour le  projet de     l’Union pour la Méditerranée (UPM) », a souligné le  ministre tunisien du     Tourisme lors d’une conférence de presse  tenue à cette occasion.       Le secrétaire d’Etat français Hervé Novelli a précisé de son  coté que cet     accord s’intéressera à de nouveaux domaines, à savoir le tourisme culturel,     nautique et de croisière.       Il a annoncé aussi que la 2éme conférence des ministres du  Tourisme des     pays du groupe 5+5 qui se tiendra les 15 et 16 mai à  Ajaccio (Corse),     constituera une occasion pour l’élaboration d’une stratégie dans le domaine     touristique qui revêtira une importance  particulière dans le cadre du     projet de l’UMP

