1 juillet 2001

البداية

 

 

 

 
TUNISNEWS

Nr 410 du 01/07/2001

 

 .
  • LES TITRES DE CE JOUR:

  1. Vérité-Action :

    A l’ambassade de la Tunisie à Berne

    On refuse de recevoir la délégation de la manifestation du 29 juin

  2. A.V.T.T: DRAME D’UNE FAMILLE EN QUETE DE PROTECTION DEPUIS 13 ANS

  3. Moncef Marzouki:La rencontre 

  4. Moncef Marzouki:

    Ils ont encagé la lionne

  5. LE CONGRES DU RAID-ATTAC-TUNISIE A PU S’OUVRIR « NORMALEMENT ».

  6. Sadri Khiari:

    Communiqué de presse


 

 

Veuillez visitez le site du Mouvement Des Démocrates Socialistes

 

Vérité-Action

A l’ambassade de la Tunisie à Berne

On refuse de recevoir la délégation de la manifestation du 29 juin

  

NB:

Vous Trouvez ci-joint le texte de la lettre destinée au Président Tunisien et signée par dix organisations défendant les droits de l’Homme ainsi que celle adressée au Président de la Confédération Suisse Monsieur Moritz Leunberger.

Vérité-Action verite_action@hotmail.com


Communiqué:

A l’ambassade de la Tunisie à Berne

On refuse de recevoir la délégation de la manifestation du 29 juin

Une fois encore, le gouvernement tunisien à travers son ambassadeur en Suisse montre son mépris aux appels à la raison. La porte était fermée devant la délégation de la manifestation du 29 juin 2001 organisée à Berne par Vérité-Action et soutenue par l’ACAT-Suisse, Amnesty International-section suisse, l’Organisation Mondiale Contre la Torture OMCT- Genève, le Centre Europe-Tiers Monde CETIM-Suisse, la Commission arabe des Droits humains-Paris, le mouvement ATTAC-Genève, Droits pour tous- Genève, Forum Tuniso-Suisse des libertés-Suisse et le Programme arabe pour les activistes des Droits humains APA-Egypte.

Nous avons appris que personne ne peut recevoir la lettre destinée au Président tunisien. Les volets des fenêtres de la demeure diplomatique sont baissés à l’exception du dernier étage où nous avons pu constater l’existence des fonctionnaires de l’ambassade qui se cachaient les visages, regardant la foule en toute discrétion derrière les volets. La seule et unique chose qu’ils ont pu faire était de filmer la foule ! ! !. Une pratique policière qui marque le gouvernement tunisien.

Malgré cet accueil, la délégation des manifestants à pu remettre la lettre dans la boîte aux lettres située à la porte d’entrée. Cette lettre signée par les dix organisations sera envoyée par courrier postal enregistré, par fax et par e-mail. Nous ferons tout pour faire passer la voix des manifestants.

En Tunisie, les autorités tunisiennes ont recouru et comme d’habitude à la police. Selon la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme LTDH « d’importantes forces de polices ont encerclé le siège du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT)et a interdit l’accès aux participants et aux invités venus participer et assister au rassemblement et a la réunion qui devait être tenue dans le cadre de la journée nationale et internationale pour l’amnistie générale en Tunisie (29juin2001) », l’accès au domicile de Mme Sihem Ben Sedrine(4 rue abou dhabi) a été interdit aux membres du CNLT qui devaient tenir une réunion. M. Sadri Khiari, en grève de la faim depuis le 14 juin, ne fait pas l’exception. Sa demeure a été, également encerclée et des personnalités se sont vues malmené par la police et interdits de lui apporter soutien.

Vérité-Action proteste contre cette manière de répondre aux appels des différentes composantes de la société civile et des organisations nationales et internationales à mettre fin aux pressions et aux attaques contre les défenseurs des Droits de l’homme et les acteurs de la société civile, et leur permettre de mener à bien leurs activités sans interférence ni menace. Elle appelle le gouvernement tunisien à la promulgation d’une loi d’amnistie générale garantissant à chacun ses Droits et au rétablissement de l’Etat des libertés.

Fribourg, le 30 juin 2001

Pour Vérité-Action

Elafif GHANMI, Président


Lettre signée par dix organisations et adressée au Président tunisien


A l’attention de Monsieur Zine-Al-Abidine BEN ALI

Président de la République

Palais Présidentiel

Tunis / TUNISIE

Berne, le 29 juin 2001 

Concerne : Pour une amnistie générale en Tunisie.

Monsieur le Président,

Nous, les soussignées, organisations défendant les Droits de l’Homme, exprimons notre forte préoccupation quant au sort des prisonniers politiques et d’opinion, actuellement, en grève de la faim. Leur état de santé se dégrade et le pire est à craindre.

De sources concordantes, nous venons d’apprendre qu’un vaste mouvement de grève de la faim se déroule dans les prisons tunisiennes notamment la prison de 9 avril de Tunis pour protester contre la dégradation de ses conditions de détention et réclamer la promulgation d’une loi d’amnistie générale qui mettra fin à leur calvaire. Un soutien sans précédent de la part de la société civile tunisienne et des organisations indépendantes vient de se créer autour des mêmes revendications.

D’autres ex-prisonniers ont entamé de leur part des actions de protestation contre le régime spécial de contrôle administratif qui les prive de tous leurs droits de citoyen pour les plonger dans la misère et le harcèlement. Le cas de M.Hédi Bejaoui est illustrant. En grève de la faim depuis le 8 mai 2001, il réclame ses droits aux soins médicaux, au travail, à la libre circulation et à vivre en sécurité dans son pays.

Nous protestons solennellement contre de tels agissements, qui sont contraires à loi tunisienne même, et qui heurtent les principes démocratiques fondamentaux et les traités internationaux auxquels la Tunisie est partie.

Nous vous prions instamment d’exercer vos pouvoirs constitutionnels pour :

  1. Libérer les grévistes de la faim et tous les prisonniers d’opinion.

  2. Promulguer une loi d’amnistie générale et rétablir à chacun ses droits aux soins, au travail et au déplacement à l’intérieur du pays comme à l’étranger.

  3. Mettre fin instamment aux pressions et attaques contre les défenseurs des Droits de l’homme et les militantes et militants de la société civile, et leur permettre de mener à bien leurs activités sans interférence ni menace.

  4. Garantir la liberté d’association, d’expression et d’opinion

  5. Garantir le respect des traités internationaux auxquels la Tunisie est partie.

Nous vous prions, Monsieur le Président, de bien vouloir agréer nos salutations distinguées.

Organisations signataires :

  1. Centre Europe-Tiers Monde CETIM, Suisse

  2. ACAT-Suisse, Berne

  3. Amnesty international, Section Suisse

  4. Organisation Mondiale Contre la Torture OMCT, Genève

  5. Vérité-Action, Fribourg, Suisse

  6. Commission arabe des Droits Humains, Paris

  7. ATTAC-Genève

  8. Droits pour Tous, Genève

  9. Forum Tuniso-Suisse des libertés, Etoy, Suisse

  10. Programme arabe pour les activistes des Droits Humains APA, Egypte


Lettre signée par dix organisations et adressée au Président de la Confédération Suisse, le 29 juin 2001


A l’attention de Monsieur

Moritz Luenberger

Président de la confédération

Palais fédéral

3003 Berne

Berne, le 29 juin 2001

Concerne : Pour une amnistie générale en Tunisie.

Monsieur le Président,

Nous, les soussignées, organisations défendant les Droits de l’Homme, exprimons notre forte préoccupation quant au sort des prisonniers politiques et d’opinion, actuellement, en grève de la faim. Leur état de santé se dégrade de jour en jour et le pire est à craindre.

De sources concordantes, nous venons d’apprendre qu’un vaste mouvement de grève de la faim se déroule dans les prisons tunisiennes notamment la prison de 9 avril de Tunis pour protester contre la dégradation de leurs conditions de détention et réclamer la promulgation d’une loi d’amnistie générale qui mettra fin à leur calvaire.

En ce moment même, les différents lieux d’incarcération à travers le pays regorgent d’un peu plus d’un millier de prisonniers d’opinion condamnées lors des procès politiques qui ne respectent pas les moindres règles internationales de justice et d’équité. Dans des cellules surpeuplées, ces prisonniers privés de soins vitaux souffrent de plusieurs maladies très graves qui menacent leur vie notamment les cas de MM. Ali Layaraidh en isolement total depuis 10 ans et Dr Sadok Chourou.

Selon M. Hussein Abid, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression et d’opinion, un peu plus de 9000 opposants ont subi des peines de prison ferme ces douze dernières années. Le calvaire des prisonniers d’opinion ne s’arrête malheureusement pas après leur libération. De nouvelles contraintes viennent prolonger leur souffrance. Des ex-prisonniers ont entamé ces derniers jours des actions de protestation contre le régime spécial de contrôle administratif qui les prive de tous leurs droits de citoyen pour les plonger dans la misère et le harcèlement. Le cas de M.Hédi Bejaoui est illustrant. En grève de la faim depuis le 8 mai 2001, il réclame ses droits aux soins médicaux, au travail, à la libre circulation et à vivre en sécurité dans son propre pays.

En réalité, les autorités tunisiennes qui se vantent d’avoir signé la majorité des conventions et des traités internationaux relatifs aux libertés et aux droits fondamentaux ne cessent de les bafouer constamment. Plusieurs acteurs de la scène internationale notamment le Parlement Européen et la France ont manifesté récemment leur préoccupation face à la détérioration de la situation des libertés dans ce pays.

De tels agissements qui ne respectent en rien la dignité de la personne humaine ne laisseront certainement pas la Suisse qui considère la défense des droits de l’homme et la promotion des libertés fondamentales comme un objectif de sa politique extérieure indifférente.

Ainsi, nous vous sollicitons afin de bien vouloir intervenir auprès des hautes autorités tunisiennes pour :

  1. Libérer les grévistes de la faim et tous les prisonniers d’opinion

  2. Promulguer une loi d’amnistie générale et rétablir à chacun ses droits aux soins, au travail et au déplacement à l’intérieur du pays comme à l’étranger.

  3. Mettre fin aux pressions et aux attaques contre les défenseurs des droits de l’homme et les acteurs de la société civile, et leur permettre de mener à bien leurs activités sans interférence ni menace.

  4. Garantir la liberté d’association, d’expression et d’opinion

  5. Garantir le respect des traités internationaux auxquels la Tunisie est partie.

Nous vous prions, Monsieur le Président, de bien vouloir agréer notre profond respect.

Organisations signataires :

  1. Centre Europe-Tiers Monde CETIM, Suisse

  2. ACAT-Suisse, Berne

  3. Amnesty international, Section Suisse

  4. Organisation Mondiale Contre la Torture OMCT, Genève

  5. Vérité-Action, Fribourg, Suisse

  6. Commission arabe des Droits Humains, Paris

  7. ATTAC-Genève

  8. Droits pour Tous, Genève

  9. Forum Tuniso-Suisse des libertés, Etoy, Suisse

  10. Programme arabe pour les activistes des Droits Humains APA, Egypte

 

 

AVTT

Association des Victimes de la Torture en Tunisie

DRAME D’UNE FAMILLE EN QUETE DE PROTECTION DEPUIS 13 ANS

   

   »Il n’existe pas de plus grande douleur au monde que la perte de sa terre natale »

Euripide, 431 av. J-C

  Genève le 1er juillet 2001

 

LE DECES DE Mme BALTI:

DRAME D’UNE FAMILLE EN QUETE DE PROTECTION DEPUIS 13 ANS

   C’est avec regret que nous annonçons la nouvelle du décès de notre compatriote Jamila BOUALI, épouse BALTI, dans l’après midi du 30 juin 200, à l’Hôpital cantonal de Zurich, suite à une grave  maladie.

 Mme BALTI, âgée de 34 ans et originaire de Tunis, mariée et mère de 4 enfants a quitté la Tunisie  en 1988, pour rejoindre son mari Sahbi BALTI, recherché par les autorités, pour fuire les représailles de la police tunisienne. Ils ont pu rejoindre Valencia en Espagne en 1988 pour s’y réfugier. Le mari a été débouté du droit d’asile, les autorités tunisiennes n’ont pas cessé d’utiliser de divers moyens de pression pour faire débouter les requérants d’asile tunisien dans les quatre points de la planète. Mme BALTI, a obtenu l’asile en 1998, au terme de 10 longues années d’attente.

 Le drame des BALTI s’aggrave lorsque les autorités espagnoles ordonnent au mari de quitter le pays. M. BALTI est alors contraint de trouver une autre terre d’asile. Il vint s’installer en Suisse où son dossier est instruit par l’Office Fédéral des Réfugiés (ODR) depuis Août 2000. Les enfants ont rejoint leur père, sans leur mère, qui n’a pu faire le voyage qu’en février 2001, vu son état de santé. Elle fut tout  de suite admise à l’hôpital cantonal de Zurich, pour le traitement d’une leucémie.

 L’ODR, jugeant la situation grave, décide d’accepter Mme BALTI pour des raisons humanitaires, tout en accélérant la procédure de traitement de sa demande d’asile. Cette décision n’est pas encore prise, la mort était plus rapide que le système de protection des réfugiés.

 Bien que la mort fait partie des lois de la nature, ce drame illustre bien le calvaire quotidien des  centaines de tunisiens et des centaines de milliers d’humains de par le monde, qui errent pour trouver une terre d’asile, une protection pour eux et pour leurs enfants. Les BALTI ont attendu cette protection 13 années durant, sans pour autant en l’avoir, une longue attente dans la détresse et l’angoisse au quotidien, la peur d’être livré à leurs bourreaux.

 La défunte a été privé de son pays, vivante, elle ne peu l’être après sa mort. L’AVTT souligne l’importance de la réalisation du souhait de la défunte et de ses proches, d’être enterrée en Tunisie, sa terre natale, près des siens.

 L’AVTT appelle le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies, les Gouvernements Suisse, Espagnol et Tunisien d’œuvrer pour réaliser ce testament. L’AVTT souligne avec beaucoup de satisfaction le fait que la Tunisie prenne en charge le rapatriement de ses nationaux.

 L’AVTT urge le Haut Commissaire aux Réfugiés des Nations Unies d’user de son pouvoir et ses prorogatives pour permettre au mari et aux enfants d’assister aux funérailles à Tunis, sous la protection internationale.

 L’AVTT demande à l’ODR de donner, incessamment, une issue humaine à ce drame, en accordant l’asile à M. BALTI et à ses enfants, pour leur permettre de jouir de la protection de la convention de Genève sur les réfugiés.

 -L’AVTT exprime ses condoléances aux familles BALTI et BOUALI et à toutes les victimes de la torture en Tunisie, tout en exigent des autorités tunisiennes de respecter la coutume internationale qui donne le droit à tout un chacun de faire le deuil et d’assister aux funérailles des siens.

  

 »Nous sommes tous à Dieu et à lui nous retournons »

Le saint Coran

Genève le 1er juillet 2001 

AVTT

 

P.S.:

M. Sahbi BALTI: +41-(0)78 795 21 64

Dossier HCR suivi par Mme RETCHILELLI, +41-(0)22-739 83 29

M. Paul BUSSINGER, Freiplatz aktion: +41-(0)1-241 54 11

Dossier AVTT suivi par Abdennacer NAIT-LIMAN: +41-(0)79 683 07 12

 

Moncef Marzouki

La rencontre 

                     

Vendredi 28 juin 2001.

C’est le  jour national pour  l’amnistie générale  en Tunisie .

 Ils vont être un peu plus collants , un peu plus nerveux ,un peu plus nombreux ,  me suis –je dit  en me préparant à une dure journée .

Ils , ce sont les policiers en civil que je traîne avec moi comme un boulet depuis une décennie

Ils  m’ont filé  dans les ruelles de la médina , accompagné chez l’épicier du coin,  poursuivi sur des centaines de kilomètres dans leurs voitures banalisées , talonné dans les couloirs des cliniques , encadré dans les trains , campé devant chez moi pendant des semaines . Je les ai vu assister à mes cours , aux soutenances de thèse , noter  religieusement ce que je dis dans les conférences internationales dans tout pays  ou la Tunisie a un consulat .

Que de fois m’ont –ils arrêté aussi :   chez moi , à ma descente d’avion , en sortant de la faculté ,  d’une cérémonie funèbre .  Ils  m’ont même kidnappé une fois selon les scénario des plus mauvais films de série B.

 Je ne mesurais pas encore à quel point ils allaient être Nerveux , collants , et innombrables , ce jour que la société civile voulait dédier à ma concorde civile .

Les deux flics qui montent avec moi dans le train  Sousse-Tunis respirent bruyamment dans mon dos . A la gare de Tunis c’est la foule .Trois motos avec des gamins bruyants et excités ne me lâcheront plus  d’une semelle toute le journée , roulant bruyamment sur le trottoir ou je marche , fendant à contre-sens  une foule inquiète et perplexe .

Le barrage autour du siège  de la ligue, ou devait se tenir la première réunion de la journée  ,  est incroyablement dense .  ils ont beau être tous en civil , j’en  reconnais la plupart . On me laisse passer  pour rejoindre ceux qui ont pu se faufiler , mais les anonymes sont brutalement refoulés .

 la conférence de presse démarre dans le bruit des cris qui montent de la rue , ou les fiers à bras continuent de repousser  les arrivants 

 La conférence terminée , je redescends au pas du course . Tant de choses à faire , de gens à voir , par cette canicule et avec ces trois motos dans le dos ! quelle perspective peu réjouissante  .

 En bas de l’immeuble , il y plus de policiers que de passants .c’est fou , c’est démentiel , c’est insensé , et c’est partout pareil : devant l’immeuble du Conseil , les maisons des militants  connus , dans toutes les rues sensibles . Tunis est en état de siège policier .

Je fends cette masse compacte de visages hostiles , regardant droit devant moi .

Brusquement un grand gaillard  me fait face , vrille son regard dans le mien et me dit d’une voix presque plaintive .

-Docteur , nous ne faisons qu’exécuter des ordres .

 Rien peut plus m’agacer  davantage que cette excuse . Croyant l’homme libre , je le crois aussi responsable . Mais je n’ai pas le temps de débattre .

          je sais mais allez –y doucement .

L’homme s’enhardit .

-vous Docteur , vous êtes un homme raisonnable , vous ne nous insultez jamais , mais certains de vos amis

la situation ne manque pas de sel . L’homme qui traque pour son maître tous ceux qui commettent le délit de dignité , se plaint à l’un d’eux qu’on ait attenté à la sienne

– Docteur après tout nous sommes  aussi des ….

 Je continue mentalement la phrase suspendue: Des humains , oui des humains Que pourriez –vous être d’autre ,  sinon des humains à  que la malchance et les circonstances font jouer le rôle de vilains , exprimant ces ‘’gênes ‘’ de violence et de méchanceté  que nous portons tous en nous  quiescents , fortement bridés mais prêts à exploser si les conditions l’exigent ou le permettent  .

Je n’ignore rien de l’état d’âme de cette police qui se sait pléthorique sans raison , crainte et méprisée , surtout  inutile ,tournant en rond et à vide car  dressée à courir derrière  le secret dans un pays transparent ,  à mater les révoltes dans une  société  pacifique , qui plus est secrètement habitée par la peur de l’arrivée au pouvoir de ceux qu’elle traque . Intenable  situation . Mais qu’ y puis-je ?

L’homme renchérit en toute vitesse comme s’il voulait me dire quelque chose d’important avant que je file .

– Certains de vos amis ne veulent rien comprendre à notre situation . ils nous insultent . Il y en a même qui …. Il y a quelques mois , une femme m’a craché sur le visage .

l’homme porte la main à sa joue droite et me regarde d’une étrange façon .

C’est à ce moment là qu’eut lieu ce que j’appelle la rencontre .

Rien n’est plus précieux que cette sorte de ‘’Satori  ‘’ psychologique , à la fois banale et sans prix  . Comme pour cette expérience ce l’éveil si chère aux bouddhistes  , il est inutile d’essayer de le provoquer . la rencontre. Que ce soit  avec le partenaire , l’enfant , l’ami ou l’ennemi , elle est  un acte fortuit,  aléatoire , arrivant quand il arrive au moment où on l’attend le moins  .

Les humains sont la plupart du temps opaques les uns aux autres . ils tiennent à le rester et pour ce faire ,  ils ont mille ruses dont la plus affectée des franchises . Encombrés de masques , jouant le rôle  de leur propre personnage,  plus celui d’un nombre incalculables de ‘’je ‘’ parasite , ils sont toujours dans un ailleurs flou et incertain ou ils se perdent pour eux-mêmes et pour les autres .

Quand se produit  le miracle  de la rencontre , tout se passe comme si les deux êtres ont abandonné les masques empilés , le jeu des statuts et des rôles . Les deux consciences sont nues .elles se font face et sont parfaitement synchronisées .On plonge le regard dans l’autre conscience  comme  on regarde le fond  une piscine à l’eau claire . cette plongée du regard ne s’apparente à aucune forme de viol , puisque l’autre se donne  pleinement à vous et ne se fuit plus lui-même  .

En fait , est-ce bien dans l’autre qu’on plonge ce  regard qui ne rencontre point  d’obstacle ou  le plonge-t-on dans un soi devenu aussi par le miracle de la rencontre tout aussi transparent ?

En réalité la magie de la rencontre tient dans cette expérience extraordinaire , ou l’espace d’un temps infinitésimal on devient l’autre tout en restant soi . Alors on comprend tout car  entre les deux êtres il n’y a plus de fracture , mais la  continuité. 

Le terrible crachat ravine maintenant ma joue gauche comme une coulée de lave brûlante d’humiliation .

Quand la rencontre a lieu , la réponse   ne se commande pas . Elle  est ample , aisée  spontanée et parfaitement adaptée .

Ma main sait toute seule  ce qu’il faut faire et le fait  . Elle se tend doucement  , cherche la joue du policier  et l’effleure  .

-voilà , maintenant  il est essuyé .

La salive qui coule depuis des mois , voire des années s’assèche brusquement . la plaie purulente se referme tout aussi brusquement .

 l’homme sourit , l’âme enfin en paix   .

je lui tourne le dos et je fonce vers mes rendez-vous incertains

Toute la scène aura duré moins de trente seconde .

Derrière moi vombrissent les motos . Bientôt fuseront les quolibets et les insultes .

Mais qu’importe . Quelle magnifique journée : Une   dictature discréditée et  affolée étalant sa brutalité impuissante ,  une société civile plus que jamais unie dans  sa détermination à tourner la page d’une décennie de répression aveugle  , et puis une rencontre , qui plus est avec un policier .Que veut le peuple ?

 

Moncef Marzouki

Ils ont encagé la lionne

   Sousse le 27/06/2001 

Le 26 juin, Sihem Ben Sedrine, journaliste et militante de la première heure pour la Démocratie et les droits de l’homme en Tunisie, a été Interpellée à sa descente d’avion, et jetée à la prison de  »la Manouba » pour  »diffusion de fausses nouvelles » à l’étranger. Nous étions un certain nombre d’amis venus à l’attendre à l’aéroport de Tunis -carthage, le bruit ayant couru qu’elle pourrait être arrêtée pares avoir stigmatisé crûment la corruption et la dictature, les deux plaies béantes de la Tunisie de Ben Ali. 
L’arrestation confirmée, je vis autour de moi, l’humeur génerale basculer dans la colère, l’indignation, le dégout, la révolte. Moi, par contre j’étais tout simplement amusé. Il faut dire qu’avec la longue pratique de ce régime, peut-être aussi l’âge, voire même le début de ce que d’aucuns nomment sagesse, je ne réagis plus aux travers des humains -les miens compris- que par deux modes affectifs: l’agacement et l’amusement. 
Le même événement sera vécu sur un mode plutôt que l’autre en fonction d’infimes facteurs positionnant l’aiguille de l’humeur tantôt dans le vert de l’amusement, tantôt dans l’orange de l’agacement . 
Ce matin le détail infime, était l’accoutrement de mes anges gardiens qui ne me lâchent pas d’une semelle, et qui sont montés avec moi dans le train en m’encadrant soigneusement, au cas ou j’aurais l’idée de sauter en marche. Lunettes de soleil,casquettes de base-balle, short bouffants, chemises bariolées, on aurait dit des touristes Hawaiens. Je n’ai pas arrêt le long du trajet de rire dans ma barbe. La caractéristique fondamentale, l’essence comme diraient les philosophes d’une dictature est ce coté à la fois sinistre et ridicule si difficile à rendre dans le cinéma et la littérature, mais qui signe quand il est bien rendu à la fois la réussite de l’œuvre et la mise à nu du noyau dur de toute dictature. L’arrestation de Sihem porte mon amusement à son comble. Ils ont encagé la lionne. Elle, va s’amuser, mais eux… les pauvres. Cette femme intrépide, inflexible, non -intimidable, va leur en faire voir de toutes les couleurs. 
La connaissant depuis vingt ans, c’est comme si je la voyais dompter ses gardiennes, en faire ses subordonnés. Journaliste jusqu’au sang, avant même d’être militante des droits de l’homme, je la vois s’atteler au travail. Une telle occasion ne se perd pas. Il faut dire que nous manquions singulièrement d’informations sur les prisons de femmes. le long des années, et avec le nombre de Tunisiens embastillés dont la plupart des militants des droits de l’homme, nous avions fini par faire le tour des horreurs du système pénitentiaire de la dictature -encombrement épouvantable, auto-mutilation de protestation, viols de mineurs, drogue, sévices etc. La moisson était si considérable que nous en avions fait un rapport publié en Octobre 1999 au nom du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT) dont sihem est aujourd’hui la porte-parole. Par contre sur les prisons de femmes, nous ne savions rien ou quelques vagues rumeurs plus inquiétantes les unes que les autres et tout aussi invérifiables. En 1986 Sihem avait déjà fait un bref séjour à la prison de la Manouba. 
A sa sortie, elle a fait un compte-rendu au bureau directeur de la ligue des droits de l’homme, dont nous étions tous les deux membres. Deux choses l’avaient particulièrement révoltée. Le plus endurci des criminels hommes recevra la visite de sa femme, de ses enfants. Par contre une femme en prison est une honte qu’on s’empresse d’effacer de son souvenir. Le plus souvent, elle ne verra ni mari, ni enfants, ni parents et ce pendant des années. 
L’autre différence est que dans les prisons de femmes, les journaux étaient tout simplement interdits. Depuis quand des femmes et de surcroit des criminelles ont-elles besoin de lire? Sihem, lectrice enragée, passionnée de Borgnes et de Kundera doit subtiliser les journaux d’emballage pour rester en contact avec l’écrit. 
Voilà donc l’occasion révée pour voir ou en est la situation, vérifier surtout comment se perd l’humanité, dans ces lieux de cauchemar que sont les prisons tunisiennes, quand on est un humain de sexe féminin. Mais sihem, va les rendre fous à tous les niveaux ou se joue le combat entre une société civile développée et un régime digne de l’Amérique latine ou du moyen-orient des années 50. 
Je songe déjà à la tête du juge d’instruction quand la lionne se déchainera contre lui et contre toute cette parodie de justice, ou l’appareil policier essaye de cacher l’arbitraire dans lequel il fait vivre le pays, derrière une feuille de vigne qu’il appelle la loi. Mon amusement frise la jubilation quand je  »vois » la tête du pouvoir devant le tollé géneral, la montée d’un nouveau cran de l’hostilité de l’opinion nationale lasse de ce régime ou seuls fonctionnent les réflexes et plus spécialement le réflexe de la répression, la mobilisation de la plus puissante armée au monde, celle des journalistes pour une des leurs. Je  »vois » sa tête devant l’exaspération croissante de la société civile car jamais le divorce n’aura été aussi grand entre elle et le pouvoir. D’un côté une mobilisation sans précédent pour l’amnistie générale, de l’autre la poursuite du remplissage des prisons. 
Quelle absurde fuite en avant dans une politique contre-productive et sans perspective!! Contre cette folie répressive, il y’a la résistance démocratique de l’intérieur dont Sihem est l’une des figures emblématiques. De l’extérieur, c’est la solidarité démocratique des sociétés civiles sœurs qui doit jouer à plein. la française qui fête dans l’allégresse la loi de 1901, en oubliant parfois ce que sa promulgation a coûté hier au français, ne doit pas fermer les yeux sur ce qu’elle coûte aujourd’hui aux Algériens ou aux Tunisiens. 
L’un de mes amis Belges m’a appris une très belle phrase ou il est dit  »ce qui est le plus dangereux au monde ce n’est pas le bruit des bottes, mais le silence des pantoufles ». 

Puisse ce silence se faire clameur montant de toute part: 
Libérez la lionne.

 

MARSEILLE: MANIF DEVANT LE CONSULAT

 

TUNIS: NOUVELLES REJOUISSANTES..LE CONGRES DU RAID-ATTAC-TUNISIE A PU S’OUVRIR « NORMALEMENT ».

Chers amis,pari réussi!
Samedi matin grâce aux efforts de tous, nous étions une cinquantaine devant le consulat de Tunisie à Marseille. Le consul a refusé, une fois de plus de nous recevoir. Nous sommes restés sous ses fenêtres, pour lui dire notre façon de penser et pour informer la population marseillaise sur la réalité de la dictature de Ben Ali.
Les journalistes s’étaient déplacés, dont un caméramen de FR3. Nous avons expliqué tout le mal que nous pensions des compromissions du gouvernement français avec un régime liberticide et corrompu; et nous avons dénoncé l’hypocrisie des accords de partenariat, mis en place par l’Union Européenne, qui permettent aux multinationales européennes d’un côté et à une clique mafieuse de l’autre de faire des affaires sur le dos des peuples.
Nous avons eu la bonne surprise de constater qu’une partie des tunisiens de Marseille n’hésitaient plus à se joindre à nous pour dénoncer ce qui dans
leur pays doit changer d’urgence. Pendant ce temps à Tunis, à partir de 13h, la police levait le siège du local du RAID et permettait enfin aux nombreuses délégations étrangères d’arriver et de tenir une conférence de presse.
A cette conférence ont participé non seulement nos camarades du RAID et d’ATTAC, des représentants des organisations démocratiques tunisiennes, des députés français du parlement européen, un sénateur italien, un représentant de la FSU, mais aussi le président d’ATTAC MAROC et des représentants du mouvement syndical algérien…
A l’heure qu’il est le congrés du RAID se tient normalement, si l’on peut dire. Car le régime maitient sa menace, en annonçant que le procés en appel des dirigeants du Raid, aura lieu le 9 Juillet. Nous ferons tout pour maintenir la pression.
Paul et Jean-Paul rentrent à Marseille, Lundi 2/07. Nous les accueillerons à 11h, à l’aéroport de Marseille-Marignane et nous invitons tous leurs amis à se joindre à nous; ils aurons pas mal de choses à raconter, qui interessent les attacants et tous les démocrates.
LA SOLIDARITÉ PAIE, RESTONS SOLIDAIRES.
Jean-Louis MARCHETTI
Président d’Attac Marseille
26, bd. des Dames
13002 MARSEILLE
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تونس في 01-07-‏2001‏

مؤتمر « راد » ٌRAID ونصر جديد في طريق الحسم مع نظام بن علي

أنجز المؤتمرون وبعد رفع الحصار المظروب على مقر الجمعية وهو في نفس الوقت مسكن الرفيق صدري الخياري المضرب عن الطعام منذ 14-07-2001 المؤتمر التأسيسي  لجمعية « التجمع من أجل بديل عالمي للتنمية » RAID وكان ذلك بمثابة نصر حققه مناضلات مناضلي الحرية الذين بإصرارهم واستعدادهم للتضحية تمكنوا من رفع الحصار وباشروا أشغال مؤتمرهم التأسيسي وانتخاب لجنة تنسيقية جديدة تتركب من :

         فتحي الشامخي (ناطق رسمي)

         سامي السويحلي

         فتحي بن علي – الدبكّ

         نزار عمامي

         صدري الخياري

         محمد الشورابي

         فوزي بن مراد

         نبيل عكاشة

         مختار بن حفصة

… والى الأمام والكفاح الثوري مستمر… 

Le congre de RAID

Source

liste@maghreb-ddh.sgdg.org:

« Mohseni Loumamba » <loumambamohseni@hotmail.com>

Date:  Mon, 02 Jul 2001 09:41:18 -0000

 

 

Sadri Khiari

Communiqué de presse

Après consultation de mes amis du RAID (Attac-Tunisie) et du CNLT, et sur leurs recommandations, j’ai décidé, ce samedi 30 juin 2001, de mettre un terme à la grève de la faim que j’ai entamée le 14 juin dernier pour exiger la reconnaissance de mon droit à circuler et voyager librement.
L’arrestation de Sihem Ben Sedrine et les graves événements d’hier :
– l’interdiction des initiatives prévues au CNLT et à la LTDH à l’occasion la Journée internationale pour l’amnistie générale,
– le refoulement sans ménagement de toutes les personnes venues, hier et aujourd’hui jusqu’au environ de 13h30 m’exprimer leur solidarité, les brutalités dont a été victime mon ami Néjib el Hosni qui venait
me rendre visite, l’interdiction faite à Paul Renty (80 ans), pendant deux heures, de regagner mon domicile,
– les menaces d’empêcher par la force la conférence de presse prévue aujourd’hui chez moi (ainsi que le Congrès de fondation du RAID, prévu demain) en présence des eurodéputés Hélène Flautre et Roselyne
Vachetta, du sénateur italien Tommaso Sodana, en présence également de Mohamed Lazizi, président d’Attac-Maroc, Kaddour Chouicha, coordinateur national adjoint du Conseil national de l’enseignement
supérieur (Algérie), Jean Paul Lainé, membre du BE du SNESup chargé des relations extérieures (France), Jean Luc Cipière et Paul Renty pour Attac France et Jean Paul Garagnon pour le réseau méditerranéen MedBadil,

Ces graves événements, qui attestent de la volonté du pouvoir tunisien de casser brutalement l’élan de la résistance démocratique, m’incitent à joindre mes efforts à ceux de mes amis autour de la revendication
centrale de l’heure : l’amnistie générale.

Je ne renonce pas pour autant à défendre ma liberté de circulation et l’interruption des poursuites judiciaires dont on m’a révélé récemment l’existence. D’autres formes d’action sont envisagées. Un Comité
international de parrainage s’est constitué, dans ce cadre, composé de près de 200 universitaires et artistes parmi lesquels les universitaires Larbi Chouikha, Ilhem Marzouki, Salah Hamzaoui, Ahmed Maaroufi, Sana Ben Achour, Khédija Cherif, Ferjani Cherif, Habib Malakh, le metteur en scène Ariane Mnouchkine, l’écrivain Hélène Cixous, le sociologue Alain Touraine, la réalisatrice Anspach Solveig, l’historienne Madeleine Reberioux, le philosophe Daniel Bensaid, les sociologues Vincent Geisser, Michel Camau, Michael Lowy, les polititologues Jeannette Habel, Catherine Samary, le journaliste Zouheir Latif, les militants Khemais Chamari et Oumeyya Seddik et beaucoup d’autres encore que je remercie vivement au passage. La liste complète sera publiée dans les jours qui viennent. Je remercie de même tous les militants, les défenseurs des droits humains, les nombreux syndicalistes ainsi que les associations tunisiennes indépendantes et toutes les organisations démocratiques qui m’ont apporté leur soutien de par le monde. Je remercie tout particulièrement mon médecin et militant Tahar Mestiri.

Sadri Khiari
Tunis, le 30 juin 2001

Post-scriptum : Je soupçonnais depuis un certain temps que l’appartement  situé sur le même palier que le mien était occupé par des individus étranges. J’en ai eu la confirmation ce matin, en voyant le commissaire de police du quartier et l’un de ses adjoints y pénétrer comme s’ils étaient chez eux…

  

 

Liste publiée grâce à l’aide exquise de l’association :
Freedoms Friends  FrihetsVنnner Fِreningen  Box 62 127 22 Skنrholmen  Sweden
Tel/:(46) 8- 4648308 e-mail: fvf@swipnet.se



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