La police a arrêté pendant de longues heures mardi 30
décembre 2008 l’ex prisonnier politique Lassaad Mermech. Il a été interpellé sur
son lieu de travail à l’Ariana et conduit à l’administration de la Sûreté de
l’Etat au ministère de l’Intérieur au prétexte d’actualiser sa fiche de
renseignements et d’ajouter une photo dans son dossier. L’ex prisonnier
politique Lassaad Mermech est le gendre de madame Jamila Ayad, membre du bureau
exécutif de l’Organisation Liberté et Equité. Il a passé quatre mois en prison.
Madame Jamila Ayad a dénoncé le harcèlement des membres de sa famille. Elle qui
a perdu son fils Marouane à Fallouja en Irak, dont le fils Maher est incarcéré à
Borj Er Roumi et la fille Safa est décédée des suites du harcèlement et des
pressions exercées sur sa famille, a lancé un cri : « ne touchez pas à ma
famille, mes gendres et laissez nous vivre en paix ».
Pour le bureau exécutif
de l’Organisation
Le Président
Maître Mohammed
Nouri
(traduction ni revue ni corrigée
par les auteurs de la version en arabe, LT)
Gaza : Les manifestations
très autorisées de Carthage
1er janvier à 13h36
À Tunis,
il y a les bonnes et les mauvaises manifestations. Les citoyens du pays du
jasmin qui désirent montrer leur solidarité avec le peuple palestinien meurtri
par les attaques d’Israël contre Gaza doivent impérativement défiler aux côtés
du tout puissant parti au pouvoir, le RCD.
« La violente agression
sauvage qui se déroule depuis quelques jours contre la ville de Gaza assiégée
(…) doit inciter la conscience universelle à agir vigoureusement (…). La tenue
d’un sommet arabe extraordinaire doit aller au-delà de simples résolutions de
dénonciation. »
Ce n’est pas un vulgaire gauchiste qui a prononcé
ces fortes paroles, mais bien le président tunisien Ben Ali (Ben à vie pour les
intimes) qui s’attardait, mercredi, sur la situation à Gaza lors de ses vœux du
« nouvel an administratif » (en passant, ce terme est une jolie trouvaille
tunisienne, pays où on excelle dans le politiquement correct. Mais ne nous
égarons pas…).
Côté cour, Carthage condamne fermement les
agressions israéliennes et appelle à une manifestation ce jeudi 1er janvier dans
les rues de Tunis. Comme cela a été le cas lors de rassemblements semblables, en
2002, tout le monde s’attend à ce que la « manif’ officielle » compte plus de
flics que de protestataires. « Quand on arrivait en retard de cinq minutes, il
n’était plus permis d’entrer dans la manifestation. Il voulait une manif’ sans
manifestants », se rappelle un naïf qui pensait, à l’époque, pouvoir protester
librement contre les tueries du camp de réfugiés de Jénine.
Côté
jardin, Tunis a systématiquement réprimé toutes les tentatives indépendantes du
pouvoir de marquer la solidarité du peuple tunisien avec ses frères et ses
camarades de Gaza.
« A l’appel de leur conseil de l’ordre, des
centaines d’avocats, selon les organisateurs, sont sortis (mardi) du palais de
Justice de Tunis et parcouru quelques centaines de mètres avant d’être contenus
par les forces de l’ordre », rapporte l’Agence France Presse. Même issue pour
une marche initiée, le même jour, par le Parti démocratique progressiste (PDP)
et enterrée dans l’œuf par les vigilants pandores.
Refusant
d’avaler la même couleuvre qu’en 2002, Maya Jribi, leader du PDP, a refusé cette
fois la proposition du pouvoir de participer jeudi à « une marche de
protestation administrative (qui aura lieu) dans une ville morte, où il n’y aura
personne ».
Tant pis pour cette extrémiste. Tous les partis de
l’opposition de Sa Majesté ont d’ores et déjà confirmé leur présence jeudi. Ces
gens civilisés adorent « manifester » sous les banderoles de la
dictature…
Mohamed Ettaieb
Source : le blog « CHAKCHOUKA TUNISIENNE, UN BLOG
PARFUMÉ AU JASMIN » hébergé par « Bakchich » (Hebdomadaire satirique – France),
le 1er janvier 2009)
LE MIRACLE DU SIECLE -
Meutres prémédités
perpétrés par le sionisme et prétendus comme légitime
défense
Ecrit par Amor
Harouni-Tunisie
Tunis le 1er Janvier
2009
Comment peut-on croire qu’un
occupant dont la férocité n’a pas de limite s’arroge le droit à la légitime
defense sous pretexte qu’il s’agit de réactions aux attaques de roquettes de la
résistance de HAMAS sur les colonies. Il faut comprendre que durant la trève de
6 mois, Israel n’a pas honoré ses engagements (comme de coutume), raids par
intermitance, assassinats de résistants, bombardements de gens sans défense,
interpellations de citoyens …etc, fermeture du terminal de Rafah, blocage des
autres et le malheur, ceci a été accompli avec la complicité des gouvernants
d’Egypte . La seule ouverture tolérée est l’évacuation des malades et blessés
par humanisme laissent-ils entendre, quant aux Ghazaouis ils sont condamnés à
mourir de faim et ce par manque d’éléctricité, de carburant alors que l’Egypte
approvisionne Israel en gaz avec des prix insignifiants, manque de matériel
sanitaire dans les hopitaux, médicaments, denrées alimentaires essentielles et
j’en passe car de ce côté-là, l’humanisme n’a plus raison d’être. Donc, c’est la
punition de tout un peuple.
D’autre part, comment justifier cette rencontre
presque intime de la vipère livni avec l’arrière petit fils qui se prend pou
l’héritier de Ramses. Cette dame si l’on ose l’appeler ainsi, a osé défier voire
insulter le monde Arabo-Musulman en les traitant de terroristes au Caire – même
et l’on parle encore de la souveraineté nationale . Il n’empêche qu’un accord
sous la table a été obtenu par les sionistes en vue de l’encouragement aux
offensives chirurgicales pour exterminer le HAMAS avançant des arguments
mensongers que du fait que la résistance du HAMAS est islamiste cela nuirait à
l’interret des décideurs de l’Egypte qui ont une peur bleue des Frères Musulmans
ainsi que dans certains autres pays Arabes et Musulmans et Européens qui les
traitent également d’êxtremistes et de terroristes en vue de s’en débarrasser en
les accusants de tous les maux de la planète et même responsables des
catastrophes écologiques naturelles. A cet égard, il ne faut pas oublier qu’à
l’avenir l’Islamisme tel Tsunami se chargera de faire la différence et rendra à
César ce qu’il lui appartient .
Par ailleurs, n’oublions pas également que la
politique de la terre brûlée ne mènera qu’à la catastrophe.
L’histoire
retiendra que seul le langage est de mise et comme prétendu que la loi du plus
fort est toujours la meilleure, on se pose la question, comment un pays comme
les USA malgré son arsenal militaire sophistiqué unique au monde et sa
prospérité économique est incapable de gérer quoi que se soit dans sa domination
de l’univers (guerre en Iraq , Afghanistan , entre autre l’appui à la Géorgie
qui s’est avéré un fiasco total et la défaite cuisante au Viêtnam semant ainsi
la pagaille).
Maintenant, on connait le résultat de la crise financière
mondiale semée par les USA et moissonnée par les autres riches et pauvres. Il ne
reste plus qu’à attendre cette fin qui s’annonce déroutante pour l’oncle Sam en
Iraq et en Afghanistan et autres coins du globe. Le seul remède est le
changement de sa politique étrangère haineuse envers les pays Arabo-musulmans et
le Moyen Orient, alors peut être là tout le monde y trouverait son compte dans
la légalité et la justice et non à la simple transmission des ordres à la
vassalité uniquement pour préserver ses interrets capitalistes.
Un dernier conseil, il est préférable d’en tenir compte car certains
traitres espèrent obliger HAMAS à se soumettre mais c’est du domaine de
l’utopie.
Pour conclure, malgré les sacrifices consentis le peuple
Palestinien sortira tôt ou tard vainqueur dans l’épreuve grâce à sa volonté
inébranlable et à sa résistance sacrée. Gloire aux Héros et le Paradis aux
Martyrs incha ALLAH .
Une campagne de
protestation contre la censure en ligne entraîne un débat au sein de la
blogosphère tunisienne
31/12/2008
Les Tunisiens ont organisé une nouvelle campagne de
protestation en ligne le 25 décembre, invitant les bloggeurs à publier un post
vierge représentant la censure. Les critiques affirment que le sujet méritent
une action plus directe.
Par Jamel Arfaoui pour Magharebia à Tunis
– 31/12/08
Une journée nationale de protestation
contre la censure en Tunisie, organisée le 25 décembre, a suscité la critique de
certains bloggeurs, qui estiment que cette campagne ne répond pas aux objectifs.
Bien qu'il y ait participé, le bloggeur Anis considère
cette "Campagne Blog Blanc 2008" – durant laquelle les bloggeurs ont publié un
post vierge censé illustrer la censure – comme une perte de temps. Il s'est dit
déçu de voir les bloggeurs se mobiliser "pour de telles futilités" et non "pour
les personnes injustement emprisonnées".
Saloua, une autre bloggeuse, a raillé cette
idée, affirmant que les Tunisiens devraient plutôt multiplier les messages sur
leurs blogs à cette occasion ; "en fait, c'est une manière de censurer nos
propres blogs, alors que nous sommes exposés quotidiennement à la censure".
Achour Neji, ou exmouslem, a appelé à un
élargissement de cette initiative. "Alors que nous préparons le journée des
blogs contre la censure", écrit-il, "je crois que nous devons aussi nous
opposer... aux fausses allégations de parler au nom de Dieu et des gens, et
lorsqu'il existe des menaces de violence explicites."
Selon Neji, les demandes de retrait des articles ou des
posts et les menaces qui les accompagnent sont purement "la pointe de l'iceberg
de la violence qui s'est répandue dans les veines de l'idéologie islamiste".
Depuis 2006, les bloggeurs tunisiens utilisent la
journée du 25 décembre pour sensibiliser à l'interdiction et à la manipulation
des écrits en ligne. On estime que cent soixante bloggeurs ont participé à la
campagne de cette année.
De nombreux bloggeurs se sont plaints en 2008
d'intrusions et de blocages de sites web par l'Agence Tunisienne de l'Internet
(ATI). Ils accusent également l'ATI d'être derrière le blocage de plusieurs
sites très populaires. C'est cette question qui a incité le journaliste Ziad El
Heni à intenter un procès
contre l'agence, l'accusant de bloquer le site web de rencontres Facebook avant
sa réouverture en août dernier, sur ordre du Président. El Heni a perdu son
procès en première instance, mais se prépare à faire appel.
De nombreux Tunisiens considèrent le blogging comme
leur ultime lieu d'expression de leurs opinions et réactions.
"Personne ne peut nier que la fermeture des sites
traditionnels d'expression pour les Tunisiens les a conduits à avoir recours aux
blogs", écrit
la bloggeuse Monia Ferjani. "Mais je pense toutefois que les Tunisiens
n'auraient pas utilisé les blogs s'ils ne s'étaient pas intéressés aux
technologies et s'ils n'avaient pas été convaincus de l'efficacité de la
méthode."
L'augmentation du nombre de bloggeurs, poursuit-elle,
"est un phénomène sain pour la culture tunisienne et la conscience politique...
les citoyens conservent une distance par rapport aux médias [traditionnels]
parce qu'ils estiment que cette alternative est meilleure."
L'universitaire Adel Hadj Salem estime que la
prévalence des blogs en Tunisie est une chose normale. "Dans les pays où
existent des médias multiples et objectifs, nous notons un accroissement des
blogs ; que dire alors d'un pays comme le nôtre, où les autorités politiques
monopolisent tous les canaux d'expression de masse ?"
Lotfi Azzouz, directeur de la branche tunisienne
d'Amnesty International, estime pour sa part que la propagation des blogs est
une bonne chose, au vu de leur contenu et de la réalité de la censure dans le
pays. Le site web d'Amnesty International en Tunisie a été bloqué,
explique-t-il, après qu'un membre eut publié un article controversé.
"Il existe un blog de notre branche sur lequel je
m'empresse de publier tout ce qui a trait à la Tunisie", explique-t-il. "Nous
n'avons pas le droit de défendre les prisonniers en Tunisie, mais nous avons le
droit de diffuser des rapports ou des articles de presse publiés par notre
organisation sur la Tunisie. Par conséquent, vous ne trouverez sur notre blog
aucune information sur les évènements dans le bassin minier, bien que notre
organisation ait publié de nombreux communiqués et articles sur le sujet ; nous
ne publions pas non plus d'informations sur la torture."
Des bloggeurs d'Egypte se sont joints à leurs camarades
tunisiens cette année à l'occasion de cette Campagne Blog Blanc. Marwa Rakha a
appelé à soutenir la cause tunisienne, et condamné la censure en ligne. "Les
jeunes Tunisiens maîtrisent la technologie et transcendent les médias
traditionnels", écrit-elle, "créant un média de libre expresson qui se
caractérise par l'honnêteté, la transparence et la spontanéité, et qui attire un
public qui en a assez des discours officiels."
"Le succès des blogs arabes n'est pas resté impuni dans
les pays où n'existe aucune liberté d'expression – de nombreux blogs y ont été
bloqués... [et] l'Egypte, l'Arabie Saoudite et le Maroc ont enregistré des cas
d'emprisonnement de bloggeurs", poursuit-elle.
"J'invite donc tous les blogs arabes à participer à
notre action pacifique pour protester contre le blocage de blogs et le
harcèlement à l'encontre des bloggeurs dans leurs pays respectifs."
(Source :
«Magharebia » (site financé par le pentagone US), le 31 décembre
2008)
Lien : http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/blog/2008/12/31/feature-02
Caricatures de fin
d'année
Posté par
__z__
Vous
connaissez sûrement cette odeur nauséabonde de lait cramé qui persiste dans une
cuisine. 2008 fuit ses responsabilités en nous laissant cette odeur nommée crise
et qui ne nous a pas encore montré toute sa puanteur. S'ajoute à la liste cette
horrible odeur que vient de causer le feu du gouvernement Israélien en chauffant
encore plus la casserole bouillante nommée Gaza. Malgré cette sombre actualité
qui ne nous promet pas un parfum de rose pour 2009, je voudrai terminer 2008 sur
une note humoristique en souhaitant la bonne année respectivement à:
Notre saint patron national Sidi
Belhassen (ou
Sidi Boubou pour les intimes)
lui qui
nous a éclairé en 2008 par son érudition et sa vision mystique concernant les
conséquences négatives de la crise financière sur l'Humanité, lui qui nous a
permit de toucher à sa science grâce à ses articles de La Presse( ici ou encore ici ), lui qui maraboute tout ce
qu'il touche, à lui je souhaite une année plus riche et plus faste encore. Ce
serait bien qu'il use de sa sagesse pour nous éclairer un peu plus sur la crise
du bassin minier mais n'abusons pas de sa baraka trop précieuse pour servir
d'aussi basses besognes...
A notre nouveau Blogueur premier de
sa classe: Naoufel Masri
Il vient
d'être diplômé de la prestigieuse Académie du RCD, appelée aussi l'Académie du
Mauve. La blogosphère lui a d'ailleurs unanimement rendu hommage et je me joins
à elle pour lui présenter à mon tour mes félicitations et mes voeux de bonheur
pour l'année qui suit. Ce que je trouve intéressant par le témoignage de ce
jeune homme, c'est qu'il vient de nous donner la preuve de ce que l'on savait
déjà: l'idéologie mauve ne va pas plus loin que la surface, elle est habillage
du vide et gesticulation. De fait le RCD n'a pas eu besoin de faire appel à des
universitaires ni de construire des amphis pour enseigner la science du
Changement. Il s'est contenté d'une boutique de fringues au centre ville. Vous y
reconnaîtrez des têtes bien connues comme celle de notre Ammar national, ancien
client qui voudrait transmettre à sa descendance son goût affirmé pour le
mauve. Vous y verrez aussi sortir des jeunes tout frais à l'image de ce
Naoufel fier de porter les couleurs du Changement.
Le seul
ennui avec cette marque, autant elle nous vante la mode et le changement autant
ses stylistes peinent à nous créer de nouvelles tendances. Il paraît même que
pour la saison printemps - hiver 2009, ils nous ressortent la même collection
d'il y a vingt ans...
Mes
sincères voeux, et là point d'ironie, je les adresse à toute la blogosphère:
A elle
qui a su faire preuve d'indépendance et qui a su se mettre en bloc contre le
Tunisian Blog Awards une sorte d'OVNI qui dans sa sélection a exclu les blogs
contestataires sous prétexte qu'ils étaient racistes et haineux. Meilleurs voeux
pour cette même blogosphére qui s'est montrée solidaire contre la censure de
Ammar par sa dernière mobilisation dite "Note Blanche".
Cette
dernière action a était mentionnée par Bakchich.info (ici) qui par la même occasion rapporte la censure de
mon blog. A propos, les ciseaux de Ammar ont été bien efficaces puisque j'ai
perdu plus de la moitié de mon lectorat et toute la raison d'être de ce travail
que je tente de mener depuis septembre 2007. Cependant je ne perds pas cette
volonté de continuer mais je réfléchis à nouveau mode opératoire.
Bonne année
donc à tous ceux qui méritent et même à ceux qui ne méritent pas et gardons
espoir...
(Source : le
blog « Débat Tunisie », le 31 décembre 2008 à 17h56)
Lien : http://debatunisie.canalblog.com/archives/2008/12/31/11918981.html
Pour
apprécier toutes les caricatures de _z_ , cliquez sur ce lien :
http://debatunisie.canalblog.com/albums/caricatures/index.html
Le réveillon dans un
quartier populaire
C'est en compagnie de la tante Khira
qu'un soir de réveillon, nous avons visité cette cité populaire dont la vieille
dame connaît sur le bout des doigts chaque parcelle et chaque habitant.
Elle
nous emmena dans toutes ses ruelles, impasses et maisons pour nous montrer
comment la population prépare et fête, chaque 31 décembre, l'avènement du nouvel
an. Nous nous sommes rendus sur les lieux vers 10 heures trente du matin ; parce
qu'en général ce qui se fait comme commissions avant cette heure n'entre pas
dans les préparatifs du réveillon. Lorsque nous avons quitté la cité, minuit
avait sonné depuis une demi-heure !
Commandes pour la soirée
!
Ce sont les femmes de tous âges qui font le marché, comme à
l'accoutumée. Un peu plus que les jours précédents, les boutiques des marchands
de volaille sont prises d'assaut par les clientes qui commandent
exceptionnellement soit un poulet entier soit davantage d'abats que pendant la
semaine. Le boucher, lui, accueille toujours la clientèle snob du quartier, en
apparence plus aisée que le reste des habitants.
Au marché, on s'offre ce
jour-là des fruits et de la salade ; oui mais les moins chers de préférence. On
rentre aussi avec des boissons gazeuses et des jus. Ne jamais oublier en
pareille circonstance les fruits secs pour la soirée et plutôt autre chose que
les glibettes si les moyens le permettent ! Pour le pain, il faut s'en
approvisionner dès avant-midi si vous ne voulez pas faire le tour des autres
quartiers après et rentrer les mains vides !
L'essentiel étant d'acheter du
gâteau, en galette ou en morceaux, presque tous les commerçants du coin se
convertissent en pâtissiers l'espace d'un jour ou de deux : pour un peu vous
feriez votre commande chez le boucher ou le cordonnier ! La marchandise est
exposée sur les comptoirs, les étals, les vitrines ensoleillées et aussi dans
les cageots à même le trottoir ! On propose des pièces de gâteau généreusement
nappées de chocolat et de colorants multiples. Pour le détail de la garniture,
il ne faut jamais en demander le secret au revendeur ; seul le fournisseur qui
livre lui-même ses gâteaux à mobylette ou à bord d'une guimbarde jamais
nettoyée, peut vous le révéler ! En tout cas et quelle qu'en soit la taille et
le prix, les clients n'en laisseront rien. Avant 16 heures, il n'y en aura plus
une miette!
Les snobs rentrent avec une galette achetée en ville, chez un
pâtissier «de renom» s'il vous plaît à 50 ou 60 dinars ! Prix excessif,
vous vous en doutez bien, pour une galette garnie aux cacahuètes et noyaux
d'abricots !
Intenses activités
Les enfants sont plus bruyants ce jour-là
et ne parlent entre eux que de ce que leurs parents ont acheté pour le réveillon
et chacun d'y mettre de son bobard afin de ne pas paraître ridicule devant les
autres mythomanes en herbe.
Les hommes que vous rencontrez au café abondent
en commentaires virulents à l'encontre de cette fête intruse et jettent
l'anathème sur ceux qui la célèbrent qu'ils traitent d'hérétiques parfois, tout
cela au même moment où l'un ou l'une des leurs a déjà fini ses achats pour le
réveillon, achats dont du reste ces hommes ont été informés à leur sortie de la
maison !
L'après-midi, les mouvements des « mâles » deviennent plus fébriles
: jeunes et moins jeunes s'activent intensément pour s'approvisionner en vin et
en bière. On se répartit les tâches et les courses ; mais il n'y a rien à
craindre de ce côté ; ce ne sont pas les fournisseurs clandestins qui manquent
dans les parages. Encore faut-il trouver le bon endroit et la meilleure
compagnie pour la beuverie de tout à l'heure !
Dans les salons de coiffure,
des adolescentes et des jeunes femmes se font bichonner en prévision peut-être
d'une sortie nocturne ou d'une soirée exceptionnellement torride et animée. Les
garçons qui en ont les moyens louent à l'heure des mobylettes ou des motos de
troisième main pour offrir à la petite amie une virée pas comme les autres, le
soir ! Il en est qui préfèrent louer des films égyptiens en CD (du genre
autorisé ou interdit) pour une fête very hard.
A flots
!
Sinon, la plupart des familles passent la soirée chez elles à
suivre les variétés télévisées autour d'un canoun qu'on n'oubliera pas tout au
long de la veillée d'alimenter en charbon. On chantera, dansera, papotera
jusqu'à ce que fatigue et sommeil s'ensuivent ! Dehors, des mouvements plus ou
moins discrets animent encore le quartier ; les bagarres habituelles sont à
l'occasion plus nombreuses et plus violentes sous l'effet de l'alcool ou
d'animosités anciennes qui remontent à propos de rien ce soir-là ! Les rondes de
police calment les esprits pendant leur passage, mais qui sait si une fois les
agents partis, le vin et le sang ne couleront pas à flots en même temps et à des
endroits différents de la cité !
Badreddine BEN HENDA
(Source : «
Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 1er janvier
2009)